L’ethnonationalisme ukrainien contemporain

Publié le 26 avril 2025 | Temps de lecture : 1 minute
Cliquez sur l’image pour démarrer

Historienne de formation, Marta Havrychko est une spécialiste ukrainienne de la Shoah et de la violence sexuelle utilisée au cours de la Deuxième Guerre mondiale.

Celle-ci donnait récemment une entrevue à la chaine The Burning Archive au sujet de l’influence extra-parlementaire des groupes néonazis en Ukraine et comment leur idéologie se répand actuellement dans la société de ce pays.

L’entrevue s’est déroulée en anglais. Toutefois, il est possible d’opter pour la piste sonore en français. Dans ce cas, on obtient une traduction approximative où, par exemple, ‘pogrome’ est traduit par ‘programme’. Mais en gros, on en a le sens.

On y apprend une foule de détails à ce sujet. J’invite les lecteurs intéressés à consulter ce document.

Laissez un commentaire »

| Géopolitique, Guerre russo-ukrainienne, Racisme, Sociologie | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La médiocrité journalistique de l’agence Reuters

Publié le 24 avril 2025 | Temps de lecture : 2 minutes


 
Hier, le site de Radio-Canada reproduisait une dépêche de l’agence Reuters qui prétendait que la Commission européenne venait d’infliger des amendes ‘historiques’ à Apple et Meta, respectivement de 500 millions et de 200 millions d’euros.

C’est faux.

Ces amendes sont peut-être les plus importantes qui aient été imposées à ces deux compagnies, mais on ne peut pas les qualifier d’historiques. On en est loin.

En 2013, Microsoft avait été condamnée à payer 561 millions d’euros — ce qui équivaut aujourd’hui à 735 millions d’euros — pour avoir imposé par défaut le navigateur Internet Explorer à tous les utilisateurs de Windows™.

Au total, pour différentes infractions aux lois européennes, Microsoft avait dû payer à l’époque 2,16 milliards d’euros, ce qui équivaut aujourd’hui à 2,83 milliards d’euros.

En novembre dernier, nous avions sévèrement critiqué cette agence de presse pour avoir faussement qualifié de ‘pogrome’ une émeute déclenchée à Amsterdam par des voyous israéliens.

Le fait de qualifier aujourd’hui d’historiques des amendes simplement dissuasives — compte tenu de la taille de ces géants de l’informatique — est une manière pour Reuters d’attiser les tensions commerciales entre les États-Unis et l’Europe et de mettre les mots dans la bouche de Donald Trump, un dirigeant politique déjà porté à l’exagération.

Références :
La Commission européenne inflige des amendes historiques à Apple et Meta
Microsoft (encore) puni par Bruxelles : 561 millions d’euros d’amende
Un ‘pogrome’ à Amsterdam : vraiment ?

Paru depuis : La Maison-Blanche qualifie d’« extorsion » les amendes sur Apple et Meta (2025-04-26)

Un commentaire

| Économie, Informatique, Politique internationale | Mots-clés : , , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Trump et la naissance du nationalisme ‘postnational’

Publié le 22 avril 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Au cours d’une entrevue au New York Times, Justin Trudeau déclarait en 2015 :

Il n’y a pas d’identité fondamentale, pas de courant dominant au Canada. Il y a des valeurs partagées : l’ouverture, le respect, la compassion, la volonté de travailler fort, d’être là les uns pour les autres, de rechercher l’égalité et la justice. Ce sont ces qualités qui font de nous le premier État postnational.

En somme, il n’existe pas de peuple canadien ni de nation canadienne, mais seulement un ensemble de personnes atomisées qui habitent un même territoire et qui partagent des valeurs universelles, c’est-à-dire des valeurs qui n’ont rien de strictement ‘canadiennes’.

Complètement détachées du territoire et de son histoire, ces personnes se regroupent sur les médias sociaux et forment des communautés virtuelles selon leurs affinités ou leurs centres d’intérêt.

La paix universelle

C’est en 1992 que le politicologue américain Francis Fukuyama publiait ‘La Fin de l’histoire et le Dernier Homme’. Dans cet essai, l’auteur prédisait que la fin de la guerre froide mènerait à la suprématie absolue et définitive de l’idéal de la démocratie libérale à travers le monde.

Au fur et à mesure que les pays créent et se soumettent à l’autorité d’institutions supranationales, celles-ci arbitrent les conflits et préviennent les guerres mieux que pourraient le faire les États eux-mêmes. D’où la redondance de ces derniers.

Deux décennies plus tard, quand Justin Trudeau proclame que le Canada est le premier pays postnational, il est parfaitement dans l’air du temps.

Le réveil des ‘ démons identitaires’


 
Dix autres années plus tard, comme les temps ont changé.

La guerre commerciale déclenchée par Donald Trump est illégale parce que contraire à l’esprit et à la lettre de l’ACÉUM. Pour s’en protéger, les travailleurs et les chefs d’entreprises canadiens ne peuvent pas compter sur les tribunaux de l’Organisation mondiale du commerce parce que leur fonctionnement est bloqué par Washington.

Ils ne peuvent compter que sur Ottawa et sur le gouvernement de leur province.

Les États-Unis ont envahi le Canada en 1775 et en 1812. Si l’imprévisible président actuel des États-Unis devait mettre en œuvre ses menaces d’annexion territoriale, il ne faudra pas compter sur l’Onu car seules les résolutions du Conseil de sécurité sont contraignantes. Or les États-Unis y ont droit de véto.

C’est sans doute pour cela que les Canadiens ont réalisé qu’ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes.

Et voilà donc que les ‘démons identitaires’, si longtemps combattus par les libéraux fédéraux et leurs valets québécois, refont surface.

Au cours de la campagne électorale qui s’achève, les chefs des formations politiques fédérales ont pris l’habitude d’annoncer les bonbons qu’ils nous promettent devant un grand drapeau du Canada. Si bien qu’on ne sait plus si on doit retenir l’immensité du drapeau ou la petitesse de ceux devant…

S’il a fallu quelques semaines pour que la notion d’État postnational vole en éclats, c’est qu’elle ne reposait sur pas grand-chose.

Quant à la redécouverte du nationalisme, elle sert bien les intérêts canadiens pour l’instant. Mais il faudra peu de chose pour qu’il se transpose au niveau québécois quand viendra le temps de décider si nous voulons prendre notre avenir en main ou demeurer à la merci d’un gouvernement central majoritairement composé à Ottawa de fonctionnaires unilingues anglais.

Références :
Définition d’un État postnational selon Deepseek
How Trump’s Canada threats dampened Quebec separatist movement – for now
La Fin de l’histoire et le Dernier Homme
Trudeau’s Canada, Again

Laissez un commentaire »

| Politique canadienne | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La régression finlandaise

Publié le 21 avril 2025 | Temps de lecture : 11 minutes
Vue d’Helsinki

Introduction

L’adhésion de la Finlande à l’Otan complète un basculement géostratégique majeur débuté trois décennies plus tôt.

Jusqu’à la réunification de l’Allemagne, la mer Baltique était de facto une mer intérieure soviétique dont seule l’embouchure occidentale était contrôlée par trois membres de l’Otan; l’Allemagne de l’Ouest, le Danemark et la Norvège.

Les autres pays riverains étaient soit des pays neutres (au nord), ou des membres du Pacte Varsovie (de l’Allemagne de l’Est à la Russie).

La réunification de l’Allemagne en 1990, puis l’adhésion des pays baltes à l’Otan en 1999 et enfin celle des deux derniers pays scandinaves qui n’en faisaient pas partie (la Finlande et la Suède), ont fait en sorte que la mer Baltique est maintenant une mer otanienne à laquelle la Russie n’a accès qu’au fond du golfe de Finlande et par l’enclave de Kaliningrad.

En somme, la seule véritable défaite de la Russie occasionnée par la guerre russo-ukrainienne ne s’est pas produite quelque part en Ukraine, mais dans le nord-est de l’Europe, en mer Baltique.

Tout cela est une victoire incontestable pour l’Otan. Mais qu’en est-il des Finlandais ?

Avant 1945

De l’indépendance à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Finlande a entretenu des relations amicales avec l’Allemagne et conflictuelles avec la Russie.

La naissance de la République finlandaise

Au XIXe siècle, la Finlande était un duché russe. Après des années de lutte autonomiste contre le pouvoir impérial, la Finlande profita du renversement du tsar Nicolas II en mars 1917 pour obtenir son indépendance le 6 décembre de la même année.

Aussitôt, une guerre civile éclata en Finlande. Celle-ci dura quatre mois, de janvier à mai 1918.

Tout comme la Révolution russe opposa les Russes blancs (tsaristes) aux les Russes rouges (communistes), la guerre civile finlandaise opposa les Finlandais blancs aux Finlandais rouges.

La partie nouvellement industrialisée de la Finlande, soit l’extrémité sud du pays, fut le fief des Rouges. La population rurale (très majoritaire à l’époque) et la bourgeoisie conservatrice soutinrent les Blancs.

Appuyés par un corps expéditionnaire allemand, les Blancs triomphèrent des Rouges. À l’issue de ce conflit, les Blancs instaurèrent brièvement une monarchie dirigée par un membre de la noblesse allemande (le beau-frère de l’Empereur Guillaume-II).

À la fin de la Première Guerre mondiale, l’effondrement de l’Empire allemand et l’abdication de la dynastie des Hohenzollern entrainèrent la fin du Royaume de Finlande, un mois après sa création.

Si bien que la Finlande adopta finalement un régime républicain, plus acceptable aux yeux des vainqueurs de la Première Guerre mondiale. En dépit de cela, la nouvelle république finlandaise demeura essentiellement pro-allemande, par crainte des tendances hégémoniques de son puissant voisin.

La Deuxième Guerre mondiale

Aussi longtemps que la Finlande faisait partie de l’Empire russe, la proximité de sa frontière, à trente kilomètres de Saint-Pétersbourg, ne causait pas de souci.

Mais après l’invasion de la Pologne par l’Allemagne en septembre 1939, Staline prend conscience que la proximité de frontière de la Finlande (sympathique à l’Allemagne) représente un risque sécuritaire pour Leningrad (le nom de Saint-Pétersbourg à l’époque).

Il tente alors de négocier le recul des frontières finlandaises par le moyen d’un échange de territoire.

Devant l’échec de cette négociation, Staline déclenche une guerre qui durera trois mois et à l’issue de laquelle la Finlande acceptera, par le Traité de Moscou du 12 mars 1940, des clauses de paix qui étaient presque identiques à celles exigées par Staline dès l’origine.

Même si, techniquement, la Finlande avait dû capituler à la Russie, cette guerre avait révélé les faiblesses de l’armée russe.

Cette dernière possédait du matériel militaire neuf et abondant. Mais les purges staliniennes avaient décimé plus de 80 % des officiers supérieurs, remplacés par des incompétents menés par des ‘commissaires politiques’ fidèles à Staline.

Bref, le fait qu’un petit pays comme la Finlande avait pu résister à l’envahissement russe, cela avait révélé la faiblesse de l’Armée rouge. Ce qui incita Hitler à violer son acte de non-agression avec la Russie et à l’envahir plus tôt qu’il l’avait imaginé.

Profitant de l’invasion allemande en Russie à partir du 22 juin 1941, la Finlande lui déclare à son tour la guerre dans l’espoir de reprendre les territoires qu’elle lui avait cédés un an plus tôt.

À la fin de la guerre, la Finlande consentit définitivement aux pertes territoriales du Traité de Moscou, mais préserva l’essentiel; son indépendance en contrepartie de sa finlandisation.

L’amitié russo-finlandaise : un mariage de raison

Le 6 avril 1948, la Finlande et la Russie signent l’Accord d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle. Ce traité est à l’origine du concept de ‘finlandisation’.

En vertu de ce traité, la Russie s’engageait à respecter l’indépendance de la Finlande, sa démocratie parlementaire et son économie de marché.

En contrepartie, la Finlande s’engageait, en cas de conflit entre l’Occident et l’URSS, à défendre son territoire et son espace aérien des intrusions occidentales.

Pour la Russie, c’était une aubaine. Au lieu d’utiliser des ressources militaires à défendre un territoire — soit une Finlande qui aurait été annexé à l’empire soviétique — la Russie obtenait le même résultat puisque la Finlande s’occupait elle-même de défendre son propre territoire et devenait un État tampon.

La fin des amitiés

De 1948 à 1971, la neutralité militaire de la Finlande a fait en sorte que le pays n’a dépensé presque rien pour sa défense militaire. Ce qui lui a permis d’allouer des sommes considérables à la construction de son filet de protection sociale.

Dans les années 1980, la croissance économique de la Finlande fut parmi les plus élevées des pays industrialisés. Toutefois, en tant que fournisseur de matières premières à la Russie, le pays dépendait encore beaucoup du commerce avec l’URSS. Quand cette dernière s’effondre le 26 décembre 1991, cela entraine une crise économique en Finlande.

L’autre conséquence de cet effondrement, c’est que la Finlande a estimé qu’elle n’était plus liée par le traité d’amitié signé en 1948 puisque, juridiquement, celui-ci avait été conclu avec l’URSS et non avec la Russie.

La Finlande amorce alors une coopération croissante avec l’Otan qui mènera à son adhésion formelle à l’Alliance le 4 avril 2023.


 
Le résultat de cette évolution est que les dépenses militaires annuelles de la Finlande (en dollars américains) sont passées de 178 millions en 1971, à 2,2 milliards en 1991, à 4,8 milliards en 2022, et à 7,3 milliards en 2023.

Plutôt que de hausser les taxes ou de sabrer le filet de protection sociale — ce qui aurait rendu impopulaire l’augmentation des dépenses militaires — les gouvernements finlandais ont préféré s’endetter.

Depuis 1976, l’endettement de la Finlande s’est creusé à quatre occasions :
• de 1991 à 1997, à la suite de l’effondrement de l’URSS,
• à la suite de la Grande Récession de 2007-2008,
• en 2020, lors du confinement sanitaire, et
• à partir de 2023, à la suite de son adhésion à l’Otan.

Chaque fois, la dette finlandaise a fait un saut d’environ dix pour cent. Faisant passer le ratio dette/PIB de 42,4 % en 2000 à 80,5 % en 2024

Ce qui est inférieur à la moyenne européenne. Mais ce qui représente un abandon de la rigueur budgétaire qui a toujours caractérisé les pays de tradition luthérienne, notamment les pays scandinaves.

La paranoïa due à la guerre russo-ukrainienne

En février 2023, la Finlande commençait la construction d’une clôture métallique de trois mètres de hauteur, surmonté de barbelés. Elle s’étirera le long d’un tronçon de 200 km, soit le septième de la frontière qu’elle partage avec la Russie (longue de 1 340 km).

Selon la BBC, cette clôture n’est pas destinée à arrêter l’Armée rouge, mais à empêcher les Russes qui voudraient fuir la conscription dans leur pays. Le tout sera terminé en 2026 ou en 2027.

Si la guerre russo-ukrainienne prend fin d’ici là, cette clôture pourra toujours servir un jour. Qui sait ?

Par crainte d’une invasion russe, le 18 mars dernier, la Lituanie a quitté la convention d’Oslo interdisant les bombes à sous-munitions. De la même manière, la Pologne et les trois pays baltes ont annoncé vouloir se retirer de la convention bannissant les mines antipersonnelles.

Moins de deux semaines plus tard, ces quatre pays ont été suivis par la Finlande.

Une fois balancés dans la nature, les mines antipersonnelles sont des instruments persistants de terreur qui ne font aucune distinction entre civils et militaires, entre les enfants et les adultes, et qui tuent ou handicapent longtemps après que des belligérants ont déposé les armes.

Elles frappent surtout les paysans qui n’ont d’autre choix que de cultiver leur terre dans les zones contaminées. Ou ceux qui s’aventurent dans les bois dans l’espoir de se ressourcer ou d’y admirer la nature.

Bref, elles sont en contradiction avec les principes du droit international humanitaire

Conclusion

À partir du moment où la Russie et la Finlande ont signé l’Accord d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle en 1948, Russes et Finlandais ont vécu en paix pendant plus de 75 ans.

Si la Russie avait voulu violer ce traité, elle l’aurait déjà fait, particulièrement à l’époque où la Finlande était littéralement sans défense.

Selon la nouvelle Théorie des dominos, l’Ukraine est le rempart de la Démocratie en Europe; si elle devait capituler à la Russie, cette dernière refera d’abord ses forces, puis se lancera aussitôt à la conquête du reste de l’Europe.

Cela ne s’est pas produit à la suite de la victoire russe en Tchétchénie ni en Georgie. Mais après l’Ukraine, ce serait différent. Sans qu’on sache exactement pourquoi.

Une des leçons de la guerre russo-ukrainienne, c’est que la Russie n’a pas la puissance nécessaire pour conquérir l’ensemble du territoire ukrainien, malgré trois ans d’efforts et la perte de dizaines (ou de centaines) de milliers de soldats.

Et on veut nous faire croire qu’elle pourrait se lancer à la conquête de l’Occident, plus vaste et plus peuplé.

C’est que les Finlandais ont cru.

Peu importe les murs de barbelés, les mines antipersonnelles, et tout l’armement que pourra se payer la Finlande avant d’être endettée jusqu’au cou, la Russie sera encore son pays voisin dans mille ans.

Par le biais des agences de presse qui propagent sa propagande paranoïaque, l’Otan a fait croire aux Finlandais qu’ils pourraient très bien être les prochaines victimes de la Russie s’ils ne s’empressaient pas de rejoindre l’Alliance.

Et c’est ainsi que les Finlandais ont mis fin à des décennies de relations harmonieuses avec la Russie.

Quel gâchis…

Références :
Budget de la dette en Finlande
Économie de la Finlande
Finlandisation
Finland’s colossal underground bunkers a model for anxious Europe
Finland : Military Spending
Finland joins other Russian neighbours exiting from landmine treaty
Finland starts construction of Russia border fence
Grande Trêve
Guerre civile finlandaise
Guerre d’Hiver
Histoire de la Finlande
La corruption de la presse occidentale par Washington
La nouvelle Théorie des dominos
La peur de la guerre pousse plusieurs pays voisins de la Russie à se retirer de deux traités de désarmement
Mines antipersonnel : « Le risque d’un terrible retour en arrière »
Royaume de Finlande (1918)
Traité de Moscou (1940)
Traité finlando-soviétique de 1948

2 commentaires

| Course aux armements, Géopolitique, Guerre russo-ukrainienne | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le cote de crédit du Québec et les cigales caquistes

Publié le 17 avril 2025 | Temps de lecture : 6 minutes

Introduction

On apprenait hier que l’agence de notation S&P Global avait abaissé la cote de crédit du Québec d’un cran, soit de AA− à A+.

Cela n’est pas catastrophique puisque le Québec se retrouve ainsi au niveau de quatre autres provinces canadiennes.

Mais cette décote s’explique; depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2018, la CAQ gaspille.

Le gaspillage des ressources énergétiques

En sol québécois, il y a actuellement 52 centres de données, principalement américains. Ceux-ci emploient peu de main-d’œuvre et n’entrainent presque aucune retombée économique.

Au total, ces centres consomment approximativement 153 MV d’électricité. C’est environ la moitié de l’énergie qu’aurait consommée NorthVolt.

Pour les attirer, la CAQ n’a pas hésité à dézoner nos meilleures terres agricoles et à leur vendre notre électricité pour aussi peu que 3,98 cents du kilowatt-heure.

Quelle est donc l’idée de brader notre électricité en bas de son cout de remplacement quand il existe une pénurie mondiale d’énergie ?

Le gaspillage financier

L’ubérisation du taxi québécois

Grâce à la cure d’austérité libérale, la CAQ est arrivée au pouvoir en 2018 alors que le budget de l’État québécois était excédentaire.

En tant que parti de droite, la CAQ ne pouvait pas faire autrement que d’être séduite par le concept de capitalisme participatif promu par Uber.

Puisque l’industrie du taxi québécois reposait sur un système de permis — ce qui était incompatible avec le modèle d’affaire d’Uber — la CAQ a dépensé un milliard de dollars (sic) afin de racheter les permis déjà émis, de manière à permettre à Uber d’opérer chez nous.

Les maisons des ainés

En 2017, le Québec comptait 1,6 million de citoyens âgés de 65 ans ou plus, suivis par 1,8 million de personnes âgées de 50 à 65 ans.

Plutôt que de préparer notre système de santé à accueillir le grand nombre de personnes en perte d’autonomie qui cogneront aux portes de nos hospices (CHSLD) dans les années à venir, la CAQ a préféré investir 2,8 milliards de dollars dans la création de luxueuses ‘Maisons des ainés’, au cout de 804 000 $ par personne hébergée.

Les 40 résidences construites depuis 2018 accueillent présentement moins de quatre-mille personnes, majoritairement relogées à partir de CHSLD qui ont fermé leurs portes ou qui subissent des rénovations.

Les réductions d’impôts

En dépit du fait que la crise sanitaire a couté 19 milliards $ au Trésor public, la CAQ a réduit en 2023 les deux premiers paliers d’imposition d’un pour cent, privant le fisc québécois de 9,2 milliards de dollars de revenus d’ici 2027-2028.

La réfection du toit du Stade olympique

En mars 2024, la CAQ a préféré la signature d’un contrat de 729 millions $ pour la réfection du toit du Stade olympique. Ce qui est 279 millions$ de plus que le projet rival, à mon avis beaucoup plus sécuritaire.

Le scandale de SAAQclic

Le 20 février 2025, le gouvernement caquiste à été éclaboussé par le rapport dévastateur de la Vérificatrice générale (VG) au sujet de l’explosion des couts de l’informatisation à la Société d’assurance automobile du Québec.

Signé à la fin de l’administration libérale, le contrat originel de 458 millions a connu d’importants dépassements de cout. Au point que la facture finale sera de l’ordre de 1,1 milliard de dollars.

Malgré le scandale, la CAQ a continué d’ajouter de nouvelles dépenses pour cet éléphant blanc.

Le 3e lien

Le 25 février 2025, la CAQ s’engageait à verser 46 millions de dollars au consortium Parsons-Artelia-Hatch pour une étude au sujet du 3e lien autoroutier entre les villes de Québec et de Lévis.

Alors que tout le monde sait que ce projet ne se réalisera jamais.

Les déficits records

Les 5,6 millions de dollars dépensées en 2024 pour inciter une équipe américaine de hockey à venir à Québec jouer deux matchs préparatoires représentent une dépense dérisoire, mais significative. Lorsqu’on ajoute à cette dépense les deux déficits budgétaires records — 11 milliards l’an dernier et 13,6 milliards cette année — tout ceci achève le tableau d’un gouvernement fiscalement irresponsable.

Conclusion

Pour former son cabinet, François Legault s’est entouré d’excellents communicateurs qui, à l’instar de la cigale de La Fontaine, ont chanté tout l’été, mais se retrouvent dépourvus quand la bise fraiche des agences de notation fut venue.

Plutôt que de s’attaquer aux problèmes, le gouvernement caquiste a perdu son temps à changer les structures. Comme si, en éducation et en santé, les problèmes étaient structurels.

Le cas le plus patent est celui de Santé-Québec, une structure inutile insérée artificiellement entre le ministère et les établissements de santé et dont le seul but est de servir de bouc émissaire aux coupes budgétaires décidées par la CAQ.

Pour résoudre la crise du logement, la ‘Marie-Antoinette des pauvres’ s’est contentée d’espérer qu’une croissance importante des loyers motivera les entrepreneurs à construire plus de logements. Ce qui, d’ici une décennie, permettra résoudra cette crise.

En supposant que NorthVolt était simplement un pari financier qui a mal tourné, tout le reste de la gestion des finances publiques par la CAQ démontre l’incroyable médiocrité des beaux parleurs qui entourent le premier ministre.

Références :
Ce n’est pas fini pour les maisons des aînés
Des baisses d’impôts de 9,2G$ pour les Québécois
Et le montant de la facture pour les Kings est…
Fiasco SAAQclic : l’AMP ordonne à la SAAQ de suspendre les contrats
Fitzgibbon veut serrer la vis aux fermes de minage de cryptomonnaies
La cote de crédit du Québec abaissée
La crise sanitaire a coûté 15 milliards de dollars au réseau de la santé du Québec
L’électricité accordée aux centres de données : du gaspillage ?
Le nouveau toit du Stade olympique
Le rapport de la VG sur SAAQclic n’a pas eu l’effet escompté, l’incompétence règne encore
L’ubérisation du taxi québécois : le premier grand gaspillage de la CAQ
Maisons des ainés : un éléphant blanc ?
Pourquoi les maisons des aînés créent-elles moins de places que promis ?
Québec met la main à la poche pour le troisième lien

Paru depuis : Maisons des aînés 1,8 million la « porte » : j’hallucine ou quoi ? (2025-05-09)

Laissez un commentaire »

| 2018-202X (années Legault), Économie, Politique québécoise | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Sacs d’épicerie : l’étude bidon du CIRAIG

Publié le 15 avril 2025 | Temps de lecture : 5 minutes



 
Introduction

Dans un musée allemand de Potsdam, j’ai acheté en 2005 un sac de coton (de 37 cm de large par 39 cm de haut) qui m’a servi pendant des années. Environ une décennie plus tard, j’ai cessé de l’utiliser pour deux raisons.

Premièrement parce qu’il n’était pas suffisamment grand pour m’en servir comme sac d’épicerie. Et deuxièmement, parce qu’à force de le plier et de le déplier toujours de la même manière, il avait fini par se trouer par endroits.

Quelques années plus tard, j’avais été étonné de lire qu’il était préférable d’utiliser des sacs de plastique parce qu’une étude prouvait que ceux-ci étaient meilleurs pour l’environnement.

Je suis de formation scientifique. En dépit de cela, j’ai toujours été méfiant à l’égard des études qui ‘prouvent’ scientifiquement que l’herbe est bleue et que le ciel est vert.

Selon mon expérience, lorsqu’une étude en arrive à une telle conclusion, c’est toujours parce qu’elle est basée sur un protocole expérimental aberrant.

Donc il faut lire la méthodologie de ces études ‘bizarres’ et ne pas se contenter de l’introduction et la conclusion. Ce à quoi se limite l’immense majorité des chroniqueurs scientifiques parce que lire la méthodologie, c’est ennuyant.

L’étude du CIRAIG

En 2017, Recyc-Québec demandait au Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG), basé à l’école Polytechnique de Montréal, d’effectuer une étude comparative de l’impact environnemental des sacs d’emplettes au Québec.

En résumé, l’étude avait conclu que les sacs minces d’épicerie — ceux bannis depuis un peu partout en Occident — étaient meilleurs pour l’environnement que leurs solutions de remplacement, notamment les sacs en coton.

Pour comprendre comment le CIRAIG en est arrivé à cette conclusion étonnante, il faut savoir que l’étude est basée sur un certain nombre d’aprioris.

Premièrement, les chercheurs ont présumé que les sacs en coton étaient lavés en moyenne à toutes des douze ou treize utilisations. Signalons que je n’ai jamais lavé le mien depuis vingt ans. Pourquoi ? Parce que j’ai évité de le salir.

Évidemment, si j’avais eu à le laver, j’aurais profité d’un brassin pour l’ajouter simplement à ma lessive.

Mais les chercheurs du CIRAIG estiment qu’il faut toujours laver son sac de coton séparément. Et donc faire une brassée spécialement pour lui.

Conséquemment, ils ont calculé le cout environnemental du savon, le cout de l’épuration de l’eau utilisée par la machine, et l’électricité acheminée sur les milliers de kilomètres pour la faire fonctionner.

Finalement, un des postulats majeurs de l’étude, c’est que les gens qui utilisent des sacs de coton ne font jamais leurs emplettes à pied, ni en transport en commun. Ils prennent toujours l’auto. C’est tellement plus pratique.

Or, selon les chercheurs, les utilisateurs de sacs de coton effectuent leurs emplettes dans des marchés d’alimentation situés entre 13 et 126 km de chez eux.

Lorsqu’ils oublient leur sac de coton, ils doivent parcourir un aller-retour qui peut atteindre 252 km (deux fois 126 km) pour aller chercher le sac de coton oublié.

Les silences de l’étude du CIRAIG

Vendredi dernier, une journaliste de La Presse a eu l’idée bizarre de remettre dans l’actualité cette étude qui, de nos jours, n’est plus pertinente; il est hors de question de retourner aux sacs de plastique à usage unique.

L’expert du CIRAIG interviewé par La Presse revient sur l’argument selon lequel il suffit de remplacer les sacs de coton par des sacs de plastique jetables pour prévenir la pollution causée par la culture du coton et son tissage industriel.

En supposant qu’il soit beaucoup plus polluant de cultiver du coton que d’extraire du pétrole pour en faire des sacs de plastique, l’argument selon lequel cesser de cultiver du coton prévient sa pollution n’est valable que si, par la suite, l’ancien champ de coton est laissé en friche.

Mais pour l’agriculteur, la culture du coton est une source de revenus. S’il cessait de faire pousser du coton et décidait de faire pousser du maïs ou du soya transgénique, serait-on plus avancé ?

L’étude du CIRAIG est muette à ce sujet.

Conclusion

Un cabinet d’avocats qui compte de grandes entreprises au sein de sa clientèle a l’obligation déontologique de refuser de plaider en faveur d’un syndicat.

De la même manière, un groupe de recherche comme le CIRAIG — qui a conclu des partenariats avec d’importants groupes industriels, dont la pétrolière française Total et le groupe chimique Solvay — est en conflit d’intérêts lorsqu’il s’agit de comparer l’empreinte environnementale de dérivés du pétrole avec des fibres naturelles.

On pourrait croire qu’il ne s’agit là que d’une apparence de conflit d’intérêts.

Malheureusement, à l’examen minutieux des aprioris très discutables des auteurs, on doit conclure que les chercheurs du CIRAIG — dont la compétence est indiscutable — ont manqué de jugement en acceptant cette commande de Recyc-Québec puisque ses conclusions portent atteinte à leur crédibilité.

Références :
Analyse du cycle de vie des sacs d’emplettes au Québec
Quel sac privilégier pour l’épicerie ?

3 commentaires

| Environnement | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le statut des provinces ukrainiennes conquises par la Russie

Publié le 13 avril 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

Signés en septembre 2014 et en février 2015, les accords de Minsk visaient à faire cesser la guerre civile ukrainienne déclenchée précédemment par le coup d’État du 20 février 2014 et, dans sa foulée, par la décision de Kiev de retirer au russe son statut de langue officielle dans les provinces majoritairement peuplées d’Ukrainiens russophones.

Au cours de l’élection présidentielle de 2019, Volodymyr Zelensky n’a pas seulement fait campagne contre la corruption puisqu’il s’agissait d’un thème récurrent en politique ukrainienne auquel plus personne ne croyait.

S’il a été élu, c’est qu’il avait promis de faire respecter les accords de Minsk. En tant qu’Ukrainien russophone, il apparaissait particulièrement crédible pour ce faire. Surtout lorsqu’on sait que la guerre civile ukrainienne se déroulait dans son coin de pays.

Le résultat, c’est qu’il a obtenu le vote massif des électeurs russophones, de même que la grande majorité des électeurs ukrainophones.

Une fois élu, il a été empêché de réaliser cette promesse (à laquelle il croyait sincèrement).

Le mécène qui finançait sa campagne électorale était l’oligarque ukrainien Ihor Kolomoïsky, le 2e ou 3e homme le plus riche du pays. Et Juif comme Zelensky.

Cet oligarque était propriétaire de la chaine de télévision qui avait présenté la populaire série dans laquelle Zelensky s’est fait connaitre en tant qu’acteur.

Mais il était également le financier de la milice Azov, impliquée jusqu’au cou dans le massacre des Ukrainiens russophones dans l’Est de l’Ukraine depuis 2014. Leur haine antirusse était telle qu’il était hors de question pour ces miliciens de céder aux désirs de Zelensky.

Grâce aux pressions de Kolomoïsky, le président ukrainien croyait bien faire en incorporant ces milices dans l’armée ukrainienne.

Mais au lieu de professionnaliser ces brutes, ceux-ci ont plutôt répandu leur idéologie haineuse au sein de l’armée au fur et à mesure de leurs promotions, méritées en raison de leur bravoure.

Le 24 mars 2021, quand Zelensky signe le décret (ci-contre) ordonnant l’assaut contre les provinces séparatistes, Poutine y voit (à juste titre) l’annonce d’un ‘génocide’ contre la population russophone d’Ukraine.

D’où l’accumulation de son armada aux frontières ukrainiennes à partir d’avril 2021, et le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne le 24 février de l’année suivante.

Tout ceci pour dire qu’il n’y a rien à espérer d’une réconciliation nationale en Ukraine; jamais la population des provinces séparatistes d’Ukraine n’acceptera de faire confiance de nouveau à Kyiv.

Cliquer sur l’image pour l’agrandir

Même si la propagande occidentale répète à satiété que la guerre russo-ukrainienne est illégale, cette affirmation ne s’appuie sur aucune résolution du Conseil de sécurité de l’Onu (où la Russie a droit de véto), ni sur la condamnation d’un tribunal international.

Cette accusation repose sur des résolutions non contraignantes de l’Assemblée générale de l’Onu. Or celles-ci ne font pas partie du Droit international.

En tant qu’avocat, Vladimir Poutine est obsédé par la légalité des gestes qu’il pose (à l’exclusion de l’empoisonnement de ses rivaux politiques).

Même si le Droit international est de facto consultatif, il sait que ce droit peut être instrumentalisé pour justifier la confiscation (et non seulement la saisie) des avoirs de la Banque centrale de Russie en Occident.

Dans l’éventualité où un tribunal aurait à juger de la légalité de l’invasion russe en Ukraine, son argumentaire est résumé dans le tableau ci-dessus.

On peut y voir que le statut réservé aux ‘anciennes’ provinces ukrainiennes est celui de Républiques populaires au sein de la Fédération de Russie.

Références :
Ihor Kolomoïsky
L’engrenage ukrainien
Minsk II
Protocole de Minsk
Ukraine : l’histoire secrète de la révolution de Maïdan

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à la guerre russo-ukrainienne, veuillez cliquer sur ceci.

3 commentaires

| Géopolitique, Guerre russo-ukrainienne | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Les Ukrainiens et la paix

Publié le 12 avril 2025 | Temps de lecture : 2 minutes


 
Selon la firme de sondage Gallup, le pourcentage des Ukrainiens qui sont favorables à une paix négociée dans les plus brefs délais est passé de 23 % au début de la guerre à 57 % en octobre 2024 (après répartition des indécis).

En raison de la guerre civile qui y régnait déjà depuis 2014, les provinces situées à l’est et au sud du pays étaient déjà lasses des affrontements lorsque la guerre russo-ukrainienne a éclaté.

Trois ans plus tard, le changement de l’opinion publique ukrainienne s’est produit principalement dans les régions éloignées du front. Dans la capitale (Kyiv) et tout l’ouest du pays, le pourcentage de ceux qui veulent la poursuite de la guerre jusqu’à la victoire contre la Russie a chuté de plus du tiers.

Si bien que l’appui à la poursuite de la guerre coute que coute est passé sous la barre de 50 % dans toutes les régions du pays.

De plus, il y a six mois, 57 % des Ukrainiens étaient favorables à des concessions territoriales à la Russie dans le cadre de négociations de paix.

Référence : Half of Ukrainians Want Quick, Negotiated End to War

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à la guerre russo-ukrainienne, veuillez cliquer sur ceci.

4 commentaires

| Géopolitique, Guerre russo-ukrainienne | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Revoir la durée des droits de propriété intellectuelle sur les logiciels

Publié le 8 avril 2025 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Les États-Unis entretiennent avec le Canada une relation qui relève principalement du colonialisme économique.

À l’exception de l’industrie automobile, nos voisins du Sud achètent principalement nos ressources naturelles et nous vendent des services; l’hébergement des données, les services financiers, les appareils médicaux, l’hébergement touristique (chez eux), la vidéo sur demande, la musique en continu, etc.

En 2024, l’excédant commercial avec les autres pays relié au secteur tertiaire (celui des services) a rapporté aux États-Unis près de 300 milliards de dollars, dont 117 milliards de dollars avec l’Europe.

Par manque total d’originalité, nos politiciens préconisent une riposte aux tarifs imposés par Trump en ciblant exclusivement l’importation de certains biens physiques américains et donc, en oubliant complètement ce qui fait la force de l’économie américaine; son secteur tertiaire.

Les logiciels américains

Au Canada, les logiciels sont considérés comme des œuvres littéraires, soumises aux droits d’auteur.

Pour un roman ou une composition musicale, cette protection dure toute la vie de l’auteur ou du compositeur, et s’étend jusqu’à 70 ans après sa mort.

Puisqu’un logiciel est rarement l’œuvre d’une seule personne, ses droits appartiennent généralement à une société. Dans ce cas, ils durent 70 ans à partir de la date à laquelle le logiciel a été rendu public.

Cette durée est excessive si on compare cette protection à celle offerte aux brevets pharmaceutiques, soit vingt ans à compter du dépôt de la demande de brevet.

Lorsqu’on lit le code source d’un logiciel, il est impossible de savoir qui l’a écrit. En d’autres mots, il n’existe pas d’Émile Zola ou de Victor Hugo du code informatique dont le style serait reconnaissable.

S’il est possible de faire preuve de créativité en concevant l’interface d’un logiciel, l’écriture du code derrière cette interface sera bientôt réalisée par intelligence artificielle.

D’où l’intérêt de revoir la durée excessive qui leur est accordée.

De nos jours, les droits d’utilisation d’un logiciel s’obtiennent par abonnement. Ce qui oblige leurs utilisateurs à payer chaque année des frais, même si les améliorations apportées par l’éditeur du logiciel sont minimes.

Et si on veut utiliser les versions antérieures — qu’on pouvait utiliser gratuitement à perpétuité après l’achat — cela est impossible puisque les éditeurs ont sciemment évité de les améliorer (moyennant les frais d’une mise à niveau) de manière à les rendre compatibles avec les systèmes d’exploitation les plus récents.

Évidemment cette obsolescence fait de l’industrie logicielle une grosse vache à lait pour Silicon Valley qui draine des milliards de dollars vers les États-Unis.

D’où l’intérêt, pour le Canada de s’allier avec l’Union européenne afin de raccourcir la protection dont jouit les logiciels et de permettre aux logiciels tombés plus tôt dans le domaine public d’être l’objet d’un processus d’ingénierie inverse destiné à leur permettre de rouler sous les systèmes d’exploitation actuels.

Conclusion

L’idéal face aux taxes douanières de Trump, c’est une riposte d’Ottawa ciblant le secteur tertiaire américain (les logiciels, par exemple), en association avec un boycott spontané du public canadien contre les biens physiques américains. Un boycott que les consommateurs d’ici font déjà très bien et contre lequel Washington est impuissant.

Les oligarques de la nouvelle économie américaine sont les piliers de l’administration Trump. C’est à eux qu’il faut s’attaquer puisqu’ils sont les seuls capables de faire vibrer les colonnes du temple.

Or il n’y a pas lieu de craindre leurs représailles; leurs entreprises sont des colosses aux pieds d’argile dont leur valeur capitalisée fond actuellement comme neige au soleil.

Ils ont donc intérêt à faire profil bas pour ne pas stresser davantage leurs investisseurs et, derrière des portes closes, travailler plutôt à convaincre Trump d’abandonner sa guerre commerciale. Une guerre que les États-Unis perdront de toute manière puisqu’au final, elle jette les amis du peuple américain dans les bras de la Chine.

Références :
Droits de propriété intellectuelle sur les logiciels au Canada
Riposte aux droits de douane : les services américains, une cible potentielle
Trump’s tariffs: how might Europe respond to unleashing of trade war?

Parus depuis :
China may weaponise service trade to hit back against US tariffs (2025-04-09)
China to ‘reduce’ Hollywood movie releases in response to Trump’s tariffs (2025-04-11)
Windows 11 : l’absurde politique de mise à jour de Microsoft (2025-04-14)

Laissez un commentaire »

| Informatique | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le wokisme fédéral à l’université

Publié le 7 avril 2025 | Temps de lecture : 2 minutes

Il y a deux ans, le chef d’orchestre Jonathan Dagenais avait postulé pour devenir professeur adjoint à la faculté de musique de McGill. Appuyée unanimement par un comité de sélection, sa candidature avait finalement été rejetée arbitrairement par doyen de la faculté.

Celui-ci craignait que sa faculté soit privée des subventions accordées par Ottawa et qui sont conditionnelles à l’embauche accrue de personnes appartenant à des minorités raciales, sexuelles et de genre.

La faculté avait donc embauché une candidate autochtone native du Manitoba, sans doute compétente pour le poste, mais moins que le professeur Dagenais.

Le 31 mars dernier, on apprenait le cas de Patanjali Kambhampati (ci-contre). Son cas est antérieur à celui du professeur Dagenais. Mais il refait surface de nos jours grâce à une chronique du Journal de Montréal.

Né en Inde, ce professeur de la faculté de chimie de McGill est une sommité mondiale au sujet du rayonnement au laser. Depuis 2003, ses recherches ont permis la mise au point d’appareils ultraperfectionnés capables de mesurer le mouvement des électrons et des atomes.

Au début de la présente décennie, le Conseil de recherches en Sciences naturelles et en Génie du Canada s’est mis à refuser ses demandes de subvention au motif d’un manque d’appui de sa part aux politiques fédérales d’Équité, de diversité et d’inclusion (ÉDI).

Puisque le professeur Kambhampati ne peut être accusé d’être hostile aux personnes à la peau pigmentée, on doit conclure que les exigences fédérales concernent un manque d’engagement de sa part à former des personnes qui appartiennent à des minorités sexuelles ou des minorités de genre.

Ce qui équivaut à faire pression sur lui pour qu’il s’informe de l’orientation sexuelle de ses étudiants en maitrise ou au doctorat. Contrairement aux dispositions de la Charte québécoise des droits et libertés.

Références :
Équité, diversité et inclusion : la nouvelle discrimination multiculturelle
Professor of color denied funding for cutting-edge laser research due to ‘insufficient’ equity, diversity and inclusion enthusiasm
Woke jusqu’au trognon

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

Laissez un commentaire »

| le prix du fédéralisme, Politique canadienne, Sociologie | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel