Comment empêcher des malfaiteurs de se connecter à un blogue à titre d’administrateur ?

Publié le 21 mars 2025 | Temps de lecture : 5 minutes


 
L’administrateur accède à un blogue par le biais de la page d’accès. Avant de permettre cet accès, cette page exige qu’on lui précise deux choses : son nom d’utilisateur et son mot de passe.

Par défaut, la page d’accès porte le même nom pour tous les blogues sous WordPress.

De plus, au sein d’une entreprise, lorsque plusieurs personnes agissent en qualité d’administrateur, il n’est pas rare qu’on choisisse un nom d’administrateur facile à retenir comme ‘admin’ ou ‘wp-admin’.

Lorsqu’on commet cette imprudence, la seule protection du blogue contre les pirates devient le mot de passe.

Contrairement à une carte de crédit ou à un appareil mobile qui est automatiquement inactivé après trois tentatives d’accès infructueuses, ce n’est pas le cas d’un blogue; un pirate peut essayer un nombre illimité de fois. Avec le danger qu’il finisse par trouver par hasard le mot de passe.

Afin de ne pas se faire remarquer, les pirates font rarement plusieurs tentatives successives. Après un échec, ils choisissent de revenir un autre jour.

Depuis plusieurs années, j’utilise le logiciel d’appoint WP Statistics pour analyser l’audience du blogue. Sans y porter attention, j’avais observé que plusieurs internautes consultaient une page intitulée Stranica za prijavu sans savoir de quoi il s’agissait.

L’éditeur de ce logiciel d’appoint est slovaque. Dans cette langue, Stranica za prijavu désigne la page d’accès.


 
Dans la capture d’écran ci-dessus, on peut voir trois tentatives infructueuses.

Il existe d’autres logiciels d’appoint, plus spécialisés, dont le but est de bloquer temporairement ou définitivement l’accès du blogue aux internautes suspects.

Malheureusement, ils ont deux défauts.

Premièrement, ils sont peu efficaces. Du 1er novembre au 3 décembre dernier, les logiciels que j’ai testés m’ont avisé par courriel au sujet de seulement huit des 222 tentatives de connexion dénombrées par WP Statistics, soit une efficacité de 3,6 %.

Deuxièmement, pour réussir, ces logiciels devraient noter l’adresse IP du visiteur afin de la bannir. Or cela est interdit par les règles de confidentialité de l’Union européenne.

La meilleure solution consiste à faire en sorte que la page d’accès porte un autre nom que celui par défaut sous WordPress. Le logiciel que j’utilise à cette fin est WPS Hide Login.


 
La configuration de WPS Hide Login est simple.

La première boite de saisie permet de préciser le nouveau nom de la page d’accès. Il vous faudra retenir ce nom puisque dès lors, c’est elle qui vous permettra d’accéder à votre propre blogue.

La nouvelle page d’accès sera identique à celle que vous utilisiez auparavant (illustrée au début de ce texte).

Toutefois, ceux qui s’adresseront à l’ancienne page d’accès recevront un message d’erreur selon lequel cette page n’existe plus.

Plutôt que de recourir à cette page d’erreur standard, on peut opter pour un message d’erreur personnalisé. Dans mon cas, j’ai choisi de faire croire aux pirates qu’ils avaient été pris en flagrant délit.

Pour ce faire, il faut créer une page personnalisée.

Parmi tous les documents que peuvent consulter les lecteurs d’un blogue, WordPress distingue entre les ‘pages’ et les ‘articles’. Fondamentalement, c’est la même chose.

Les articles sont des documents qui s’ajoutent à la queue leu leu au fur et à mesure de leur publication. Par contre, les pages sont des documents ‘intemporels’ dans le sens qu’ils ne sont pas liés à une date de publication.


 
Les pages sont créées en cliquant sur ‘Pages’, à gauche dans le menu vertical du Tableau de bord, puis en cliquant sur ‘Ajouter une page’.


 
J’ai choisi d’appeler cette page de redirection ‘Interdit’. Tout ce qu’elle affiche, c’est l’image ci-dessus.

Si vous choisissez de créer une page de redirection, son nom pourrait apparaitre dans la liste des articles les plus consultés. Si vous évitez de lui donner un titre, il y aura une entrée vide dans cette liste (ci-contre).


 
Pour éviter cela, dans le menu latéral du Tableau de bord, il faut cliquer ‘Apparence’, ‘ Widgets ’, choisir le module ‘Pages et Articles Phares’ et décocher la case ‘Pages’.

Une fois toutes ces précautions prises, pour pirater votre blogue, un malfaiteur doit connaitre absolument trois choses : le nom de votre page d’accès, votre nom d’utilisateur et votre mot de passe. C’est beaucoup.

Depuis que j’utilise WPS Hide Login, aucun pirate n’a réussi à accéder à ma page d’accès. Cela signifie que personne n’a réussi à franchir ce premier obstacle.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La volonté populaire en Europe soumise à la dictature des juges : le cas de la Roumanie

Publié le 18 mars 2025 | Temps de lecture : 10 minutes
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Introduction

Le 14 février 2025, à l’occasion de la Conférence de Munich sur la sécurité, le vice-président des États-Unis déclarait :

En décembre dernier, la Roumanie a […] annulé les résultats d’une élection présidentielle sur la base des vagues soupçons d’une agence de renseignement [selon lesquels] la désinformation russe avait infecté les élections roumaines.
[…]
Si votre démocratie peut être détruite avec quelques centaines de milliers de dollars de publicité numérique provenant d’un pays étranger, alors c’est qu’elle n’était pas très solide au départ.

À quoi le vice-président américain faisait-il allusion ?

Călin Georgescu

En Roumanie, le parlement est composé d’une chambre basse (la Chambre des députés) et d’une chambre haute (le Sénat). Députés et sénateurs sont élus au suffrage universel pour quatre ans. Le président est également élu au suffrage universel, mais pour cinq ans.

Le 24 novembre 2024 s’est tenu le premier tour des élections présidentielles roumaines. Un deuxième tour était prévu le 8 décembre.

À ce premier tour, à la surprise générale, un candidat (Călin Georgescu) est arrivé au premier rang.

Le 4 décembre, les services secrets du pays soumettent à la Cour constitutionnelle un rapport de 28 pages qui fait état de soupçons d’ingérence politique russe sur TikTok pour expliquer la popularité surprise de Călin Georgescu.

Le 6 décembre, à deux jours du second tour, la Cour constitutionnelle invalide les résultats du premier tour, annule le second, et reporte le tout en mai prochain.

L’élection présidentielle roumaine devenait ainsi le premier scrutin démocratique majeur en Europe à voir ses résultats annulés sur la base de simples soupçons d’ingérence étrangère.

Le 16 décembre, Călin Georgescu conteste cette annulation auprès de la Cour européenne des droits de la personne.

D’autre part, le 18 décembre, le parlement européen décide de se doter d’un Bouclier européen pour la démocratie. Celui-ci sera constitué de l’ensemble des mesures législatives qui seront destinées à contrer l’ingérence malveillante dans les processus démocratiques européens, notamment la désinformation en ligne.

Le 9 janvier 2025, un mois après sa démission à titre de commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton déclarait au sujet des élections allemandes :

Attendons de voir ce qui va se passer [en Allemagne]. Gardons notre sang-froid et faisons appliquer nos lois […]. On l’a fait en Roumanie et il faudra évidemment le faire si c’est nécessaire en Allemagne.

Le 4 février, le Service français de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères soumet un rapport de 14 pages au sujet de l’élection présidentielle roumaine. Ce rapport fait état des irrégularités survenues au cours de la campagne électorale.

Le 26 février, Călin Georgescu est inculpé sous six chefs d’accusation, notamment pour fausses déclarations sur les sources de financement de sa campagne électorale, incitation à des actions anticonstitutionnelles, communication de fausses informations, organisation de groupe raciste et apologie de crime de guerre. Les procureurs l’accusent d’avoir préparé un plan de déstabilisation du pays après le deuxième tour de la présidentielle.

Dans l’attente de son procès, on lui interdit d’utiliser ses comptes sur les réseaux sociaux.

En Roumanie, les citoyens ont conservé la méfiance qu’ils éprouvaient au cours de l’époque soviétique à l’égard des médias officiels. Dans ce pays, TikTok compte neuf-millions d’utilisateurs sur une population de dix-neuf-millions d’habitants. Ce qui fait que l’immense majorité de la population adulte du pays utilise TikTok comme source principale d’information au sujet de l’actualité.

En lui interdisant de faire campagne sur TikTok, la justice roumaine l’oblige donc à faire campagne par le biais des médias traditionnels, contrôlés par l’élite politico-médiatique du pays.

Le 6 mars, la Cour européenne des droits de la personne rend finalement son jugement dans l’affaire Georgescu. La Cour estime que le droit à des élections libres et démocratiques n’est pas garanti dans le cas d’une élection présidentielle. Et pourquoi donc ? Parce qu’en Roumanie (tout comme en France), la présidence ne fait pas partie du ‘corps législatif’ du pays.

Selon DeepSeek, l’expression ‘corps législatif’ désigne l’ensemble des institutions ou des organes qui ont pour fonction principale de rédiger, de discuter et de voter les lois. Concrètement, il s’agit du parlement lorsque celui-ci se transforme en législateur, c’est-à-dire lorsque les députés et sénateurs adoptent des lois.

Au Québec, seule l’Assemblée nationale fait partie du ‘corps législatif’. À Ottawa, il est constitué de la Chambre des communes et du Sénat.

Le 9 mars, la Commission électorale de Roumanie — dont le rôle est de s’assurer du bon déroulement des élections — plante le dernier clou dans le cercueil de la candidature de Călin Georgescu; il se voit carrément interdire de se porter candidat à l’élection présidentielle. Une décision confirmée deux jours plus tard par la Cour constitutionnelle.

Les principaux pouvoirs présidentiels

Incarnation de l’État roumain, le président est le garant de l’indépendance nationale, de l’unité et de l’intégrité territoriale du pays en vertu de l’article 80 de la Constitution.

Son rôle est de veiller au respect de la Constitution et au bon fonctionnement des autorités publiques.

Comme la Chambre des députés et le Sénat, le président peut intenter des poursuites pénales à l’encontre de ministres pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions. En pareil cas, le président possède le pouvoir de les suspendre, mais pas de les démettre.

Sur recommandation du Conseil supérieur de la Magistrature, le président nomme les juges et les procureurs du pays. À la Cour constitutionnelle, le président nomme trois juges de son choix sur les neuf que compte ce tribunal.

Avant de promulguer une loi adoptée par le parlement, le président peut demander à la Cour constitutionnelle de se prononcer sur sa constitutionnalité.

Après consultation du parlement, le président peut demander au peuple d’exprimer, par référendum, sa volonté au sujet des problèmes d’intérêt national.

Au nom du pays, le président signe les traités internationaux négociés par le Conseil des ministres et les soumet au parlement pour ratification.

Il est le commandant des forces armées et remplit la fonction de président du Conseil suprême de défense du pays. À ce titre, il promeut les grades de maréchal, de général et d’amiral aux soldats qui le méritent.

En cas d’agression armée dirigée contre le pays, le président prend les mesures nécessaires pour repousser l’agression et en informe immédiatement le parlement (ou le convoque immédiatement s’il n’est pas en session).

Exceptionnellement, le président peut invoquer l’état d’urgence dans tout le pays ou sur une partie de son territoire.

L’article 100 de la Constitution accorde au président le pouvoir d’adopter des décrets qui ont force de loi.

Bref, le président de Roumanie est détenteur de pouvoirs importants.

Conclusion

Pour les fins de la discussion, supposons que Călin Georgescu est coupable de tout ce qu’on lui reproche et qu’effectivement il a bénéficié d’une campagne de soutien de la Russie.

La question fondamentale à se poser est la suivante : est-ce que les résultats du scrutin représentent la volonté du peuple roumain ?

Le reste peut avoir de l’importance. Mais c’est secondaire.

Au Québec, lorsqu’un candidat ou une formation politique enfreint la loi électorale ou la loi concernant le financement des partis politiques, le contrevenant est soumis à l’amende.

Chez nous, le scrutin serait annulé seulement s’il était l’objet d’une fraude massive. Autrement dit, si ses résultats étaient contraires à la volonté populaire. Ce qui n’est jamais arrivé.

En Roumanie, les tribunaux ont le pouvoir d’annuler un scrutin lorsqu’elles estiment que des acteurs étrangers ont eu une ‘mauvaise influence’ sur le peuple. Ce peuple si influençable…

Plus grave encore, dans l’ensemble de l’Union européenne, le droit souverain des peuples à choisir leurs dirigeants — ce qui constitue le fondement même de la Démocratie — n’est pas garanti.

En effet, la justice européenne est dotée du pouvoir absolu de nier aux peuples leur droit à des élections libres et démocratiques. Ce qu’elle n’a pas hésité à faire en Roumanie.

Références :
Algorithmic Influence on Elections: Insights from Romania’s Case Study
Călin Georgescu
Constitution de la Roumanie
Decision: Călin Georgescu against Romania
Décision du Parlement européen sur la constitution, les compétences, la composition numérique et la durée du mandat d’une commission spéciale sur le «bouclier européen de la démocratie»
Décision d’annuler le processus électoral (en roumain)
Digihumanism unveils massive astroturfing on TikTok biaising the Romanian presidential elections
Élection annulée, manifestations : le chaos politique s’intensifie en Roumanie
Élection présidentielle roumaine de 2024
From Underdog to Contender: The Rise of Călin Georgescu in the Polls
La Commission européenne ouvre une procédure formelle à l’encontre de TikTok au titre du règlement sur les services numériques en ce qui concerne les risques liés à l’intégrité des élections
Le Parlement européen approuve la création d’un comité « Bouclier européen pour la démocratie » pour lutter contre la » désinformation » en ligne
L’intégrale du discours de Vance à Munich en anglais et en français !
Manipulation d’algorithmes et instrumentalisation d’influenceurs : enseignements de l’élection présidentielle en Roumanie & risques pour la France
« On l’a fait en Roumanie…»: Thierry Breton réagit aux ingérences de Musk en Allemagne avec l’AfD
Rejet par la Cour européenne des demandes de Călin Georgescu concernant l’annulation de l’élection présidentielle
Roumanie
Roumanie : des vidéos pro-Georgescu liées à une énigmatique « agence d’influenceurs » polonaise
Roumanie : influenceurs, comptes automatisés et publicités illégales au service d’une campagne d’ingérence hors normes

Compléments de lecture :
Élections en Côte d’Ivoire : les candidatures de Gbagbo, Soro, et Blé Goudé sont menacées (2025-03-18)
Turquie : le maire d’Istanbul, principal opposant au président, arrêté (2025-03-19)
Turkey : ‘This is about injustice’. Crowds defy ban to protest over Istanbul mayor’s detention (2025-03-20)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le mythe du néonazisme russe

Publié le 15 mars 2025 | Temps de lecture : 6 minutes


 
Introduction

Un tribunal finlandais de première instance condamnait hier le Russe Vojislav Torden (né Ian Petrovski) pour des faits survenus en Ukraine le 5 septembre 2014, c’est-à-dire il a plus d’une décennie.

Ce qui a attiré mon attention, ce sont les titres des articles publiés par des quotidiens francophones — mais, en réalité, écrits par l’Agence France-Presse (AFP) — qui, unanimement, qualifient de ‘néonazis’ l’accusé, de même que la milice Roussitch qu’il dirigeait à l’époque.

En réalité, Roussitch fait partie des milices armées hypernationalistes (et non néonazies) qui servaient de supplétifs à l’armée russe. En Ukraine, ces milices ont commis des crimes de guerre. Comme tous les belligérants dans ce conflit.

Nationalisme russe vs néonazisme

La différence fondamentale entre le nationalisme russe et le néonazisme, c’est que le premier glorifie la Russie (de même que sa culture) et s’oppose aux pays qui la menacent, alors que le second est une idéologie haineuse à l’égard de ‘races’ ou de groupes ethniques.

Autrefois dans l’URSS et aujourd’hui dans la Fédération de Russie, la haine interethnique est une menace à la cohésion sociale. Voilà pourquoi elle y est combattue.

D’où le fait qu’à l’éclatement de l’URSS, une multitude de conflits ethniques (longtemps réprimés) ont éclaté en ex-Yougoslavie, en Ukraine et en Géorgie.

La diabolisation du néonazisme en Russie

Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, entre 22 et 27 millions de Russes ont perdu la vie, soit entre treize et seize pour cent de la population du pays.

Depuis ce temps, le nazisme est diabolisé en Russie. Et toute personne qui se réclamerait de cette idéologie y serait aussitôt considérée comme un traitre et arrêtée.

Le contexte ukrainien en 2014

Le 23 février 2014, le parlement ukrainien annonçait son intention de retirer au russe son statut de langue officielle dans les régions du pays où les Ukrainiens russophones étaient majoritaires.

Si le gouvernement canadien avait le pouvoir de retirer au français son statut de langue officielle au Québec, il provoquerait l’indépendance du Québec.

Pour écraser la révolte dans l’Est de l’Ukraine, Kyiv a secrètement payé des milices néonazies œuvrant dans l’ouest de l’Ukraine pour qu’elles viennent massacrer les insurgés russophones à l’autre extrémité du pays.

Voilà pourquoi, entre 2014 et 2022, cette guerre civile a fait entre quatorze et seize-mille morts, très majoritairement parmi la population russophone de l’Est du pays.

L’accusation contre Vojislav Torden

Le 5 septembre 2014, la milice Roussitch a pris en embuscade un convoi transportant des soldats du bataillon néonazi Aïdar, incorporé dans les forces de défense ukrainienne.

À cette occasion, vingt-deux miliciens sont morts et quatre ont été blessés.

Vojislav Torden a été condamné hier pour avoir exécuté un des prisonniers, fait mutiler un autre (mort depuis de ses blessures), et fait publier sur les médias sociaux des photos sur lesquelles ses miliciens posaient fièrement devant le cadavre d’un de leurs prisonniers (ce qui est interdit par la Convention de Genève).

Une compétence extraterritoriale ?

En Droit international, seule la Cour pénale internationale (située à La Haye, aux Pays-Bas) a autorité pour juger les personnes responsables de crimes de guerre.

Vojislav Torden n’était pas visé par un mandat international de cette cour et les crimes pour lesquels il a été condamné en Finlande n’ont pas été commis dans ce pays. De plus, l’accusé n’est pas Finlandais, et ses victimes ne le sont pas non plus.

Si ce jugement est présenté contre une grande victoire contre l’impunité des criminels de guerre, c’est surtout un précédent en vertu duquel le système judiciaire de n’importe quel pays peut prétendre à l’extraterritorialité de la compétence de ses tribunaux.

Conclusion

Pour justifier la présence avérée de milices néonazies en Ukraine, la propagande occidentale essaie depuis plus de dix ans de nous faire croire que le néonazisme existerait aussi en Russie.

Le message implicite est le suivant : pourquoi la Russie se plaint-elle de la présence de milices néonazies en Ukraine quand elle-même les tolère sur son propre territoire ?

Ce qui étonne, c’est l’unanimité de la presse occidentale — notamment les grands quotidiens alimentés par l’Agence France-Presse (AFP) — à répéter le mensonge grossier qui consiste à confonde le nationalisme russe à du néonazisme alors que les deux sont complètement différents.

Références :
Alexeï Miltchakov
Droit international et géopolitique (première partie)
En Ukraine, la milice russe néo-nazie Rusich encourage la torture des prisonniers ukrainiens
Finnish Verdict Due for Russian Accused of Ukraine War Crimes
Finlande : un néonazi russe condamné à la pérpétuité pour des crimes de guerre en Ukraine
Guerre en Ukraine : Qui est ce néonazi russe condamné en Finlande pour crimes de guerre ?
Guerre en Ukraine : un néonazi russe condamné à perpétuité, « une étape-clé dans la lutte contre l’impunité »
Groupe Roussitch
Un néonazi russe condamné à la pérpétuité en Finlande pour des crimes de guerre en Ukraine
La condamnation d’un néonazi russe en Finlande pour des crimes de guerre commis en Ukraine, un procès qui pourrait faire jurisprudence
La nostalgie nazie en Ukraine
Pertes humaines pendant la Seconde Guerre mondiale
Russian Neo-Nazi Leader Receives Life Sentence in Finland for War Crimes in Ukraine
Ukraine : la Finlande soupçonne un néonazi russe de crime de guerre en 2014
Ukraine : l’histoire secrète de la révolution de Maïdan
Un néonazi russe condamné à la pérpétuité en Finlande pour des crimes de guerre en Ukraine (L’Express)
Un néonazi russe condamné à la pérpétuité en Finlande pour des crimes de guerre en Ukraine (TV5 Monde)
Un paramilitaire néonazi russe condamné à la perpétuité en Finlande pour des crimes de guerre en Ukraine
24e bataillon d’assaut « Aidar »

Complément de lecture : La corruption de la presse occidentale par Washington

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Un petit clin d’œil en ce mois du ramadan

Publié le 14 mars 2025 | Temps de lecture : 1 minute
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Depuis déjà plusieurs jours, je cherchais un moyen d’offrir mes salutations aux lecteurs musulmans du blogue en ce mois du ramadan…

…quand je suis tombé sur cette compilation des performances de la troupe de danse Mayyas au télé-crochet America’s Got Talent qui lui ont valu de remporter la première place en 2022.

Fondée à Beyrouth en 2018, cette troupe libanaise féminine est composée de 36 danseuses qui exécutent les chorégraphies de Nadim Cherfan, leur professeur et directeur artistique.

Signalons que le mot ‘mayyas’ est la transcription phonétique d’un mot arabe qui désigne le déhanchement fier des lionnes sur leur territoire.

En 2019, la troupe a remporté le premier prix à Arabs Got Talent et s’est classée jusqu’en demi-finale à Britain’s Got Talent (où elle a été la seule participation provenant du Proche-Orient).

Trois ans plus tard, les Mayyas se lançaient à l’assaut d’America’s Got Talent, avec le résultat qu’on sait.

Référence : La troupe de danse libanaise Mayyas veut remporter la finale de l’émission «America’s got talent»

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les Français sont-ils prêts à mourir pour l’Ukraine ?

Publié le 13 mars 2025 | Temps de lecture : 2 minutes
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Sous le thème ‘Macron, on ne mourra pas pour l’Ukraine’, plus d’un millier de protestataires ont défilé à Paris samedi dernier contre l’idée d’Emmanuel Macron d’envoyer des troupes françaises en Ukraine.

Et ce, malgré l’assurance donnée par le président de la République que celles-ci ne participeraient pas aux combats.

À l’appel d’un minuscule parti politique français (Les Patriotes), la manifestation a réuni principalement des personnes qui ne sont plus d’âge à être appelées sous les drapeaux.

On peut présumer que les télévisions de la région parisienne ont couvert l’évènement. Toutefois, les agences de presse occidentales n’ont pas jugé que cette nouvelle était digne d’intérêt. Conséquemment, aucun quotidien du Québec (à ma connaissance) n’en a parlé.

C’est par le biais de l’agence de presse Pravda (pro russe), de YouTube et du logiciel de messagerie Telegram que la nouvelle s’est répandue sur l’internet.

Références :
Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron assure que «la France ne s’apprête pas à envoyer des troupes au sol belligérantes»
Guerre en Ukraine : Macron prêt à “envoyer des mecs à Odessa”
Mobilisation contre Macron : Les Français rejettent son soutien à la guerre ! (vidéo)
Manifestation Nationale « MACRON, on ne mourra pas pour l’Ukraine !” (vidéo)
«Pas de Français en Ukraine» : manifestation massive à Paris contre l’ingérence française dans le conflit en Ukraine

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Écrit par Jean-Pierre Martel


En avoir soupé des taxes américaines à l’importation

Publié le 12 mars 2025 | Temps de lecture : 1 minute
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Écrit par Jean-Pierre Martel


La détermination du Canada à soutenir l’Ukraine

Publié le 9 mars 2025 | Temps de lecture : 7 minutes


 
Introduction

Le 24 février dernier, Ottawa annonçait la fourniture à l’Ukraine de vingt-cinq véhicules de combat LAV III de fabrication canadienne (ci-dessus), de même que quatre simulateurs de vol pour les chasseurs-bombardiers F-16.

De plus, le Canada mettra à la disposition de l’Ukraine cinq-milliards de dollars provenant d’actifs russes saisis.

L’utilité des blindés légers en Ukraine

Ces véhicules d’assaut se distinguent des chars d’assaut par le fait que les premiers sont à roues alors que les seconds roulent habituellement sur chenilles.

Puisque le sable abime les engrenages métalliques, il devient nécessaire de démanteler, de nettoyer et d’assembler les chenilles des chars d’assaut après seulement quelques heures d’utilisation.

Par contre, l’entretien des véhicules sur roues est beaucoup plus facile. Comme c’est le cas de tous les véhicules tout terrain.

Ils sont très utiles pour se déplacer au cours de guerres de type insurrectionnel, comme c’était le cas en Afghanistan.

Au combat, dans le cas d’une guerre entre des États (où l’ennemi dispose de missiles puissants), leur protection est limitée. De plus, ce que la guerre en Ukraine nous a appris, c’est que des engins explosifs légers, largués de drones, suffisent à les rendre inopérants.

En avril 2024, l’Ukraine annonçait qu’à la demande des États-Unis, elle avait retiré du front leurs chars Abrams — les plus puissants au monde — peu de temps après leur déploiement. Pourquoi ? Parce que 5 des 31 chars reçus avaient déjà été détruits par l’armée russe.

Or toute guerre est une vitrine technologique qui permet aux belligérants de démontrer, auprès d’acheteurs potentiels, l’efficacité du matériel militaire qu’ils produisent. Puisque le fiasco des Abrams nuisait à leur promotion, on les a retirés discrètement du front.

Dans l’annonce fédérale du 24 février dernier, on ne précise pas si l’Ukraine recevra des blindés neufs ou d’occasion (choisis parmi les centaines que possède déjà l’armée canadienne).

D’année en année, leur fabricant (General Dynamics) apporte de légères améliorations à ses blindés légers.

Il est probable que l’armée canadienne se départit de ses vieux modèles pour en obtenir des modèles légèrement plus perfectionnés.

Dans tous les cas, le contrat n’est pas conclu entre General Dynamics et l’Ukraine. Ce pays étant de facto en faillite, c’est le gouvernement canadien qui se porte garant de l’Ukraine.

Les chances que le Canada recouvre cet argent sont à peu près nulles.

L’autorisation nécessaire de Washington

La revente interétatique de matériel militaire américain n’est possible qu’après son autorisation par Washington.

Cela concerne non seulement de l’armement fabriqué aux États-Unis, mais également celui fabriqué ailleurs s’il comporte des composants fabriqués aux États-Unis.

Dans l’éventualité où le Donald Trump signerait un décret qui interdirait toute vente d’armement (même non américain) à l’Ukraine — ce qu’il n’a pas encore fait au moment où ces lignes sont écrites — l’extraterritorialité du droit américain fait en sorte que cela affectera les contrats conclus en dollars américains ou négociés à l’aide de logiciels de messagerie américaine.

Gel, saisie et expropriation

Lorsque des avoirs sont gelés, leur détenteur en perd temporairement l’accès. Mais il en demeure le propriétaire.

Par le biais de pouvoirs conférés par une loi à un ministre — celui de la Justice ou celui de l’Économie, par exemple — l’État peut saisir des biens sans avoir à obtenir l’autorisation préalable d’un tribunal.

Toutefois, la saisie par l’État n’est que la première étape d’une expropriation. L’État doit obligatoirement s’adresser aux tribunaux pour que les biens saisis deviennent des propriétés de l’État et que ce dernier puisse en disposer à sa guise.

La confiscation d’avoirs russes

En décembre 2022, le Canada annonçait fièrement qu’il serait bientôt le premier pays du G7 à confisquer des biens appartenant à un oligarque russe.

Le 24 février dernier, Ottawa annonçait son intention de mettre à la disposition de l’Ukraine la somme de 5 milliards de dollars provenant d’actifs russes saisis dans le cadre des sanctions économiques contre la Russie.

Il y a une semaine, Ottawa annonçait être sur le point de s’adresser enfin aux tribunaux dans le but d’exproprier des biens russes saisis.

Puisque cela fait trois fois qu’Ottawa annonce la même intention, cela signifie qu’Ottawa n’a rien fait depuis vingt-six mois.

Ottawa promet ainsi des milliards de dollars que les tribunaux (indépendants, dit-on, du pouvoir politique) ne lui ont pas encore accordés.

Dans les pays occidentaux, le droit de propriété est sacré. L’idée qu’on peut déposséder quelqu’un de ses biens du simple fait qu’il est ami avec quelqu’un d’autre (Poutine) qu’on déteste, est totalement dépourvue de bases juridiques.

De plus, le droit international permet qu’on gèle les avoirs de la banque centrale d’un pays ennemi, mais leur confiscation est interdite, même en temps de guerre.

Voilà pourquoi, depuis des mois, Washington ne parle plus de financer la reconstruction de l’Ukraine grâce à la vente des avoirs russes saisis.

On parle maintenant de financer cette reconstruction à partir des revenus de l’exploitation des ressources minières de l’Ukraine. En d’autres mots, l’Ukraine paierait sa propre reconstruction.

Conclusion

Selon le recensement de 2021, la diaspora ukrainienne au Canada compte 1,3 million de personnes. Ceux qui sont en âge de voter participeront à l’élection fédérale prévue d’ici quelques mois.

L’annonce d’Ottawa concernant l’Ukraine est évidemment un encouragement pour les soldats ukrainiens qui combattent au front. Mais cette nouvelle a peu de chances de se réaliser.

C’est plutôt un message envoyé aux électeurs canadiens quant à la détermination du Parti libéral canadien de soutenir l’effort de guerre de l’Ukraine.

Références :
Confisquer les avoirs d’un oligarque russe n’est pas sans risque, selon un expert
Guerre en Ukraine : on vous explique le débat sur l’utilisation des avoirs russes gelés dans l’Union européenne pour aider Kiev
La saisie fictive des avoirs d’oligarques russes au Canada
Le Canada entame le premier processus pour bloquer et confisquer les biens d’un oligarque russe sanctionné
L’Occident ne veut pas payer pour reconstruire l’Ukraine
L’oligarque russe Mikhaïl Fridman réclame 14,5 milliards d’euros au Luxembourg
Redistribution en Ukraine des avoirs russes saisis au Canada: un test en droit
Trudeau n’exclut pas l’envoi de troupes en Ukraine, pour y maintenir la paix
VBL III

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Sommet de Londres au sujet de l’Ukraine

Publié le 4 mars 2025 | Temps de lecture : 9 minutes

Une réunion convoquée dans l’urgence

À la suite de la décision de Washington de cesser de financer la guerre en Ukraine, le gouvernement britannique a décidé de convoquer un Sommet destiné à créer une coalition de pays désireux de ‘défendre la paix’ (sic).

Puisqu’on ne peut pas défendre ce qui n’existe pas, cette coalition visait plutôt à trouver le moyen de prolonger la guerre.

Étaient présents hier à Londres : le secrétaire général de l’Otan, la présidente de la Commission européenne, le premier ministre du Canada et les chefs d’État de quinze pays membres de l’Union européenne, de même que Volodymyr Zelensky.

Le résultat du Sommet

À l’issue de la rencontre, le premier ministre britannique a déclaré que les participants avaient décidé :
• de concevoir un plan de paix destiné à être soumis à Washington,
• de réclamer la présence de l’Ukraine à la table des négociations,
• de maintenir leur aide militaire à l’Ukraine, et
• poursuivre cette fourniture au-delà d’un accord de paix afin de dissuader la Russie d’envahir de nouveau ce pays.

Dans le cas de la Grande-Bretagne, celle-ci a accordé un crédit équivalent à deux-milliards de dollars américains pour permettre à l’Ukraine d’acquérir cinq-mille missiles britanniques.

De son côté, au cours d’une entrevue au Figaro, le président français a fait savoir qu’il aimerait que soit décrétée unilatéralement une trêve destinée à tester la bonne foi de la Russie.

Pour le démontrer, la Russie renoncerait à ce qui fait sa force (les bombardements de missiles sol-sol), tandis que cette trêve n’interdirait pas les combats rapprochés entre les belligérants ni les attaques de drones.

À l’issue de cette trêve, si la Russie se comporte correctement aux yeux de la France, cette dernière souhaite le déploiement d’une force d’interposition, à la manière des Casques bleus de l’Onu.

Les Casques bleu blanc rouge

En 1957, le diplomate Lester-B. Pearson (qui deviendra premier ministre canadien de 1963 à 1968) recevrait le prix Nobel pour avoir convaincu l’Onu de créer une force d’interposition lors de la crise du canal de Suez.

Depuis, chaque fois que l’Onu a déployé des Casques bleus, c’est avec l’assentiment des belligérants, las de guerroyer. Autre condition essentielle : que ces soldats proviennent de pays neutres dans le conflit.

La suggestion d’Emmanuel Macron, c’est que des pays ennemis de la Russie envoient des soldats pour séparer Russes et Ukrainiens.

Jusqu’ici, ces pays ont expédié des quantités colossales d’armement à l’Ukraine. Évidemment, le but était qu’elle s’en serve. Et qu’elle s’en serve comment ? Concrètement, en ‘tuant du Russe’.

La diplomatie française espère donc que l’armée russe accueillera les soldats d’un pays ennemi en faisant pleuvoir sur eux des pétales de roses et en faisant danser autour d’eux des nymphes en déshabillé vaporeux.

Comme c’est charmant…

Mais sérieusement, que fera-t-on après que la Russie aura décimé le premier lot de soldats français ? Eh bien, on enverra un deuxième lot, évidemment plus nombreux. Et s’ils sont éliminés eux aussi ? On en enverra encore davantage.

La Russie ne veut pas de l’Otan en Ukraine. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner qu’elle ne veut pas non plus qu’on amasse des milliers de soldats de l’Otan à 500 km de Moscou.

Pour protéger l’Ukraine, ces soldats devront être déployés non seulement à l’Est, mais également au Nord de ce pays. Et la frontière nord de l’Ukraine est à 500 km de Moscou.

Bref, la suggestion d’Emmanuel Macron mène tout droit à la Troisième Guerre mondiale. Déjà endettée à 114 % de son PIB, on voit mal comment la France financerait son effort de guerre.

L’aigle occidental à deux têtes

À la suite de la rencontre orageuse entre Trump et Zelensky au Bureau ovale, la Haute responsable européenne aux Affaires étrangères déclarait :

Il est maintenant clair que le monde libre a besoin d’un nouveau leadeur. C’est à nous, Européens, de relever ce défi.

On ne sait pas trop à qui Mme Kaja Kallas pense. Mais c’est à Ursula von der Leyen, on doit se rappeler que la présidente de la Commission européenne est simplement désignée par le parlement européen; les peuples d’Europe n’ont jamais coché son nom sur un bulletin de vote. Bref, elle ne possède aucune légitimité populaire.

Si l’Union européenne était à la table des négociations, elle y siègerait avec les États-Unis; la première réclamant la capitulation de la Russie, tandis que les seconds réclamant la capitulation de l’Ukraine.

Quel autre spectacle réjouissant pour la délégation russe…

En réalité, à la table des négociations, l’Occident parlera d’une seule voix. Et cette voix sera celle de Donald Trump. Qu’on le veuille ou non.

Le financement de la guerre en Ukraine

Selon Radio-Canada, les États-Unis ont versé jusqu’ici 140 milliards de dollars US pour aider l’Ukraine, tandis que les pays de l’Union européenne ont versé 145 milliards US. Donc, pour simplifier les choses, disons que c’est moitié-moitié.

Depuis des années, le gouvernement ukrainien est sous le respirateur artificiel occidental. Sans cette aide, l’Ukraine serait incapable de payer la solde de ses soldats, de même que le salaire des enseignants, des fonctionnaires, des policiers, des éboueurs, etc.

Malgré cette aide cumulée de 285 milliards $US, le résultat est que l’Ukraine n’est pas en train de gagner cette guerre. Après trois ans à essayer. En perdant la moitié de ce financement, le ciel s’obscurcit sur l’armée ukrainienne.

On append aujourd’hui, que non seulement l’administration Trump n’entend pas accorder des crédits supplémentaires à l’Ukraine, mais elle interrompt l’expédition des équipements militaires vers l’Ukraine, y compris ceux qui se trouvent tout près, en Pologne, ou qui sont en transit par voie aérienne ou maritime.

De plus, Washington s’apprête à interdire le partage des données de géolocalisation qui sont essentielles pour guider les missiles ukrainiens vers leurs cibles russes.

Si l’Union européenne — devenue la nouvelle ‘leadeuse’ du monde libre — doublait son financement afin de compenser le retrait américain, l’Ukraine ne serait pas plus avancée qu’actuellement.

Fin du conflit ou trêve momentanée ?

Habituellement, une guerre s’arrête lorsque le faible capitule au plus fort.

La suggestion européenne de négocier un cessez-le-feu ne servira qu’à prolonger la guerre. Un cessez-le-feu permet d’évacuer les blessées ou les civils menacés par un assaut imminent. Par ailleurs, une trêve permet aux belligérants de refaire leurs forces et de reprendre plus tard les combats avec une vigueur renouvelée.

Lorsqu’une guerre se termine par la simple suspension des hostilités — comme en Corée — on se retrouve devant un volcan prêt à entrer en éruption au moindre incident de frontière.

Ce n’est pas ce que veut Washington. L’administration Trump veut pacifier définitivement l’Europe et se tourner vers le Pacifique.

Il est donc hors de question de laisser les Européens alimenter cette guerre.

La fabrication du consentement

Pour que les pays occidentaux se rangent derrière Washington et cessent eux aussi de fournir des armes à l’Ukraine, l’argument-choc viendra sans doute de la révélation d’un secret de Polichinelle.

Ce secret, c’est qu’une partie de l’aide militaire envoyée en Ukraine — le deuxième pays le plus corrompu d’Europe — ne s’est jamais rendue au front et a été détournée par des mains criminelles.

La plupart des gens ignorent que cela se produit dans toutes les guerres depuis des siècles.

Cette fois-ci, ce qui pourrait frapper l’imagination populaire, c’est la taille colossale de cette fraude; des dizaines de milliards de dollars (avec ou sans exagération) détournés par des gens qui ont vu dans ce conflit un moyen d’enrichissement personnel.

Dès ce scandale révélé, l’opinion publique européenne et canadienne deviendra hostile à ce qu’on continue de jeter aveuglément des milliards$ dans ce grand trou noir qu’est l’aide occidentale à l’Ukraine et exigera que les va-t-en-guerre européens procèdent à une reddition de compte au sujet de l’argent dépensé jusqu’ici.

Références :
France suggests partial one-month truce between Russia and Ukraine
Les pays européens se divisent sur l’envoi des troupes en Ukraine
L’Occident ne veut pas payer pour reconstruire l’Ukraine
Non, les États-Unis n’ont pas dépensé 350 milliards $ US en Ukraine
Russia-Ukraine war: What’s a ‘coalition of the willing’, Europe’s new plan?
Sommet européen sur l’Ukraine : les faits saillants
« Vous n’êtes pas seuls » : des dirigeants européens appuient Zelensky face à Trump
Washington met de la pression sur l’Ukraine en suspendant son aide militaire

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Vive la gestion de l’offre !

Publié le 2 mars 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

Le prix des œufs

Chaque année, les Américains consomment 109 milliards d’œufs. Sous forme d’omelettes, de guiches, de mayonnaise, de pâtes, de flan, de pâtisseries, etc.

En dollars canadiens, la douzaine d’œufs se vend actuellement entre 4,09 $ et 5,49 $ dans les épiceries montréalaises. Aux États-Unis, elle coute en moyenne 4,95 $US (7,15 dollars canadiens).

Dans certaines grandes villes comme Chicago, New York et San Francisco, le prix de la douzaine atteint huit à dix dollars américains (soit 11,55 à 14,45 $Can). Dans les marchés d’alimentation où les prix sont encore ‘raisonnables’, les tablettes sont vides.

Pourquoi est-ce si cher aux États-Unis ?

La grippe aviaire

Depuis février 2022, le virus H5N1 fait rage aux États-Unis. Plus de 1 600 fermes avicoles sont atteintes.

L’agriculture américaine reposant sur des bases industrielles, la grande majorité des œufs sont produits dans de gigantesques poulaillers où s’entassent des millions d’oiseaux.

En raison de la contagiosité du virus, dès que l’une d’entre elles est atteinte, toutes ses volailles sont abattues. Jusqu’ici, 160 millions de pondeuses ont été sacrifiées, dont 30 millions depuis deux mois.

La première année de la pandémie, l’administration Biden a dépensé 1,5 milliard pour la combattre.

En raison de l’abattage massif des pondeuses et de la pénurie qui en a résulté, le prix de la douzaine d’œufs est passé de 1,60 $US en février 2021 à 4,10 $US en décembre 2024, puis à 4,95 $US deux mois plus tard.

Le ministère américain de l’Agriculture prévoit que les prix augmenteront encore de 41 pour cent cette année.

Pour combattre la pandémie, l’administration Trump ajoutera encore un milliard de dollars. La moitié sera dépensée pour améliorer la biosécurité des fermes avicoles. Une tranche de 400 millions $US servira à dédommager les exploitations agricoles dont le troupeau à été abattu. Le reste, 100 millions $US, ira à la recherche de nouveaux vaccins.

La gestion de l’offre

Au Canada, la gestion de l’offre prévient l’alternance des épisodes de surproduction et de pénurie qui caractérisent la production agricole lorsqu’elle est totalement libre.

Au cours des phases de surproduction, les prix chutent. Ce qui entraine la faillite des petits producteurs et la concentration de la production aux mains d’un nombre toujours plus restreint d’exploitants.

La stabilité des prix protège donc ‘artificiellement’ les petits producteurs qui, autrement, finiraient par disparaitre au premier effondrement des prix.

Le résultat est que nos fermes avicoles sont de tailles modestes comparativement à celles aux États-Unis et que la propagation de la pandémie est freinée par la distance qui les sépare.

Jusqu’ici, une seule ferme québécoise a été contaminée, grâce à l’effet protecteur indirect de la gestion de l’offre.

Les adversaires de la gestion de l’offre font remarquer (à juste titre) que le marché captif ainsi créé maintient des prix plus élevés qui pénalisent les consommateurs.

Aux États-Unis, où les prix sont habituellement plus bas, c’est l’ensemble des contribuables qui doivent payer pour ‘sauver’ l’industrie à chaque crise.

Finalement, la gestion de l’offre se justifie principalement pour des raisons de sécurité alimentaire; elle nous assure que nos nourrissons ne manqueront pas de lait et que le reste de la population aura accès à des protéines animales de qualité et à bas prix en cas de crise majeure (une guerre mondiale, par exemple).

Référence : What’s in Trump’s $1bn plan to bring egg prices down?

Détails techniques de la photo : Olympus OM-D e-m5 mark II + objectifs M.Zuiko 25 mm F/1,2 — 1/500 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Ukraine : la cruauté de la défaite

Publié le 28 février 2025 | Temps de lecture : 2 minutes

Les fins de guerre sont les plus cruelles; c’est là que sont commis les gestes les plus désespérés.

Pensez à ces gens qui s’accrochaient au fuselage du dernier avion américain qui partait d’Afghanistan. Ou, en 1975 au Vietnam, au dernier hélicoptère qui quittait le toit de l’ambassade américaine à Saigon.

En Ukraine, après avoir vu un grand nombre de ses frères d’armes tomber au combat, le soldat ukrainien apprend que les États-Unis et la Russie s’entendent secrètement pour mettre fin à la guerre.

Pendant ce temps, ce soldat, dehors en plein hiver, doit continuer de guerroyer comme si cela servait encore à quelque chose…

Voilà pourquoi, dès qu’elles sont connues, les négociations de paix doivent se conclure rapidement.

Dans la catégorie des gestes désespérés, on pourrait aussi ranger la tentative de Volodymyr Zelensky de plaider à la Maison-Blanche en faveur du prolongement de l’aide militaire américaine.

Et c’est avec une infinie tristesse que j’ai pris connaissance du désastre diplomatique que cette rencontre avait occasionné plus tôt aujourd’hui. Un désastre qui annonce la fin de Zelensky.

S’il demeure à son poste, l’administration Trump révèlera (pour le discréditer) l’ampleur des détournements de fonds de l’aide occidentale à l’Ukraine. L’aide déjà versée atteint 285 000 000 000 dollars.

De plus, aux yeux de l’Histoire, il sera le signataire de la capitulation de l’Ukraine à la Russie.

S’il quitte son poste dès maintenant, il sera l’agneau mystique sacrifié sur l’autel de la cupidité américaine. On louera (à juste titre) son dévouement inlassable à la défense de son peuple et son incarnation du courage dont ont fait preuve les soldats ukrainiens dans cette guerre.

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Écrit par Jean-Pierre Martel