Le statut des provinces ukrainiennes conquises par la Russie

Publié le 13 avril 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

Signés en septembre 2014 et en février 2015, les accords de Minsk visaient à faire cesser la guerre civile ukrainienne déclenchée précédemment par le coup d’État du 20 février 2014 et, dans sa foulée, par la décision de Kiev de retirer au russe son statut de langue officielle dans les provinces majoritairement peuplées d’Ukrainiens russophones.

Au cours de l’élection présidentielle de 2019, Volodymyr Zelensky n’a pas seulement fait campagne contre la corruption puisqu’il s’agissait d’un thème récurrent en politique ukrainienne auquel plus personne ne croyait.

S’il a été élu, c’est qu’il avait promis de faire respecter les accords de Minsk. En tant qu’Ukrainien russophone, il apparaissait particulièrement crédible pour ce faire. Surtout lorsqu’on sait que la guerre civile ukrainienne se déroulait dans son coin de pays.

Le résultat, c’est qu’il a obtenu le vote massif des électeurs russophones, de même que la grande majorité des électeurs ukrainophones.

Une fois élu, il a été empêché de réaliser cette promesse (à laquelle il croyait sincèrement).

Le mécène qui finançait sa campagne électorale était l’oligarque ukrainien Ihor Kolomoïsky, le 2e ou 3e homme le plus riche du pays. Et Juif comme Zelensky.

Cet oligarque était propriétaire de la chaine de télévision qui avait présenté la populaire série dans laquelle Zelensky s’est fait connaitre en tant qu’acteur.

Mais il était également le financier de la milice Azov, impliquée jusqu’au cou dans le massacre des Ukrainiens russophones dans l’Est de l’Ukraine depuis 2014. Leur haine antirusse était telle qu’il était hors de question pour ces miliciens de céder aux désirs de Zelensky.

Grâce aux pressions de Kolomoïsky, le président ukrainien croyait bien faire en incorporant ces milices dans l’armée ukrainienne.

Mais au lieu de professionnaliser ces brutes, ceux-ci ont plutôt répandu leur idéologie haineuse au sein de l’armée au fur et à mesure de leurs promotions, méritées en raison de leur bravoure.

Le 24 mars 2021, quand Zelensky signe le décret (ci-contre) ordonnant l’assaut contre les provinces séparatistes, Poutine y voit (à juste titre) l’annonce d’un ‘génocide’ contre la population russophone d’Ukraine.

D’où l’accumulation de son armada aux frontières ukrainiennes à partir d’avril 2021, et le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne le 24 février de l’année suivante.

Tout ceci pour dire qu’il n’y a rien à espérer d’une réconciliation nationale en Ukraine; jamais la population des provinces séparatistes d’Ukraine n’acceptera de faire confiance de nouveau à Kyiv.

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Même si la propagande occidentale répète à satiété que la guerre russo-ukrainienne est illégale, cette affirmation ne s’appuie sur aucune résolution du Conseil de sécurité de l’Onu (où la Russie a droit de véto), ni sur la condamnation d’un tribunal international.

Cette accusation repose sur des résolutions non contraignantes de l’Assemblée générale de l’Onu. Or celles-ci ne font pas partie du Droit international.

En tant qu’avocat, Vladimir Poutine est obsédé par la légalité des gestes qu’il pose (à l’exclusion de l’empoisonnement de ses rivaux politiques).

Même si le Droit international est de facto consultatif, il sait que ce droit peut être instrumentalisé pour justifier la confiscation (et non seulement la saisie) des avoirs de la Banque centrale de Russie en Occident.

Dans l’éventualité où un tribunal aurait à juger de la légalité de l’invasion russe en Ukraine, son argumentaire est résumé dans le tableau ci-dessus.

On peut y voir que le statut réservé aux ‘anciennes’ provinces ukrainiennes est celui de Républiques populaires au sein de la Fédération de Russie.

Références :
Ihor Kolomoïsky
L’engrenage ukrainien
Minsk II
Protocole de Minsk
Ukraine : l’histoire secrète de la révolution de Maïdan

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les Ukrainiens et la paix

Publié le 12 avril 2025 | Temps de lecture : 2 minutes


 
Selon la firme de sondage Gallup, le pourcentage des Ukrainiens qui sont favorables à une paix négociée dans les plus brefs délais est passé de 23 % au début de la guerre à 57 % en octobre 2024 (après répartition des indécis).

En raison de la guerre civile qui y régnait déjà depuis 2014, les provinces situées à l’est et au sud du pays étaient déjà lasses des affrontements lorsque la guerre russo-ukrainienne a éclaté.

Trois ans plus tard, le changement de l’opinion publique ukrainienne s’est produit principalement dans les régions éloignées du front. Dans la capitale (Kyiv) et tout l’ouest du pays, le pourcentage de ceux qui veulent la poursuite de la guerre jusqu’à la victoire contre la Russie a chuté de plus du tiers.

Si bien que l’appui à la poursuite de la guerre coute que coute est passé sous la barre de 50 % dans toutes les régions du pays.

De plus, il y a six mois, 57 % des Ukrainiens étaient favorables à des concessions territoriales à la Russie dans le cadre de négociations de paix.

Référence : Half of Ukrainians Want Quick, Negotiated End to War

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le mythe du néonazisme russe

Publié le 15 mars 2025 | Temps de lecture : 6 minutes


 
Introduction

Un tribunal finlandais de première instance condamnait hier le Russe Vojislav Torden (né Ian Petrovski) pour des faits survenus en Ukraine le 5 septembre 2014, c’est-à-dire il a plus d’une décennie.

Ce qui a attiré mon attention, ce sont les titres des articles publiés par des quotidiens francophones — mais, en réalité, écrits par l’Agence France-Presse (AFP) — qui, unanimement, qualifient de ‘néonazis’ l’accusé, de même que la milice Roussitch qu’il dirigeait à l’époque.

En réalité, Roussitch fait partie des milices armées hypernationalistes (et non néonazies) qui servaient de supplétifs à l’armée russe. En Ukraine, ces milices ont commis des crimes de guerre. Comme tous les belligérants dans ce conflit.

Nationalisme russe vs néonazisme

La différence fondamentale entre le nationalisme russe et le néonazisme, c’est que le premier glorifie la Russie (de même que sa culture) et s’oppose aux pays qui la menacent, alors que le second est une idéologie haineuse à l’égard de ‘races’ ou de groupes ethniques.

Autrefois dans l’URSS et aujourd’hui dans la Fédération de Russie, la haine interethnique est une menace à la cohésion sociale. Voilà pourquoi elle y est combattue.

D’où le fait qu’à l’éclatement de l’URSS, une multitude de conflits ethniques (longtemps réprimés) ont éclaté en ex-Yougoslavie, en Ukraine et en Géorgie.

La diabolisation du néonazisme en Russie

Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, entre 22 et 27 millions de Russes ont perdu la vie, soit entre treize et seize pour cent de la population du pays.

Depuis ce temps, le nazisme est diabolisé en Russie. Et toute personne qui se réclamerait de cette idéologie y serait aussitôt considérée comme un traitre et arrêtée.

Le contexte ukrainien en 2014

Le 23 février 2014, le parlement ukrainien annonçait son intention de retirer au russe son statut de langue officielle dans les régions du pays où les Ukrainiens russophones étaient majoritaires.

Si le gouvernement canadien avait le pouvoir de retirer au français son statut de langue officielle au Québec, il provoquerait l’indépendance du Québec.

Pour écraser la révolte dans l’Est de l’Ukraine, Kyiv a secrètement payé des milices néonazies œuvrant dans l’ouest de l’Ukraine pour qu’elles viennent massacrer les insurgés russophones à l’autre extrémité du pays.

Voilà pourquoi, entre 2014 et 2022, cette guerre civile a fait entre quatorze et seize-mille morts, très majoritairement parmi la population russophone de l’Est du pays.

L’accusation contre Vojislav Torden

Le 5 septembre 2014, la milice Roussitch a pris en embuscade un convoi transportant des soldats du bataillon néonazi Aïdar, incorporé dans les forces de défense ukrainienne.

À cette occasion, vingt-deux miliciens sont morts et quatre ont été blessés.

Vojislav Torden a été condamné hier pour avoir exécuté un des prisonniers, fait mutiler un autre (mort depuis de ses blessures), et fait publier sur les médias sociaux des photos sur lesquelles ses miliciens posaient fièrement devant le cadavre d’un de leurs prisonniers (ce qui est interdit par la Convention de Genève).

Une compétence extraterritoriale ?

En Droit international, seule la Cour pénale internationale (située à La Haye, aux Pays-Bas) a autorité pour juger les personnes responsables de crimes de guerre.

Vojislav Torden n’était pas visé par un mandat international de cette cour et les crimes pour lesquels il a été condamné en Finlande n’ont pas été commis dans ce pays. De plus, l’accusé n’est pas Finlandais, et ses victimes ne le sont pas non plus.

Si ce jugement est présenté contre une grande victoire contre l’impunité des criminels de guerre, c’est surtout un précédent en vertu duquel le système judiciaire de n’importe quel pays peut prétendre à l’extraterritorialité de la compétence de ses tribunaux.

Conclusion

Pour justifier la présence avérée de milices néonazies en Ukraine, la propagande occidentale essaie depuis plus de dix ans de nous faire croire que le néonazisme existerait aussi en Russie.

Le message implicite est le suivant : pourquoi la Russie se plaint-elle de la présence de milices néonazies en Ukraine quand elle-même les tolère sur son propre territoire ?

Ce qui étonne, c’est l’unanimité de la presse occidentale — notamment les grands quotidiens alimentés par l’Agence France-Presse (AFP) — à répéter le mensonge grossier qui consiste à confonde le nationalisme russe à du néonazisme alors que les deux sont complètement différents.

Références :
Alexeï Miltchakov
Droit international et géopolitique (première partie)
En Ukraine, la milice russe néo-nazie Rusich encourage la torture des prisonniers ukrainiens
Finnish Verdict Due for Russian Accused of Ukraine War Crimes
Finlande : un néonazi russe condamné à la pérpétuité pour des crimes de guerre en Ukraine
Guerre en Ukraine : Qui est ce néonazi russe condamné en Finlande pour crimes de guerre ?
Guerre en Ukraine : un néonazi russe condamné à perpétuité, « une étape-clé dans la lutte contre l’impunité »
Johann Chapoutot, historien : « Ce sont les libéraux autoritaires qui ont porté les nazis au pouvoir »
Groupe Roussitch
Un néonazi russe condamné à la pérpétuité en Finlande pour des crimes de guerre en Ukraine
La condamnation d’un néonazi russe en Finlande pour des crimes de guerre commis en Ukraine, un procès qui pourrait faire jurisprudence
La nostalgie nazie en Ukraine
Pertes humaines pendant la Seconde Guerre mondiale
Russian Neo-Nazi Leader Receives Life Sentence in Finland for War Crimes in Ukraine
Ukraine : la Finlande soupçonne un néonazi russe de crime de guerre en 2014
Ukraine : l’histoire secrète de la révolution de Maïdan
Un néonazi russe condamné à la pérpétuité en Finlande pour des crimes de guerre en Ukraine (L’Express)
Un néonazi russe condamné à la pérpétuité en Finlande pour des crimes de guerre en Ukraine (TV5 Monde)
Un paramilitaire néonazi russe condamné à la perpétuité en Finlande pour des crimes de guerre en Ukraine
24e bataillon d’assaut « Aidar »

Compléments de lecture :
La corruption de la presse occidentale par Washington
Communistes = Nazis ? Entretien et débunk avec Johann Chapoutot, historien (vidéo)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les Français sont-ils prêts à mourir pour l’Ukraine ?

Publié le 13 mars 2025 | Temps de lecture : 2 minutes
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Sous le thème ‘Macron, on ne mourra pas pour l’Ukraine’, plus d’un millier de protestataires ont défilé à Paris samedi dernier contre l’idée d’Emmanuel Macron d’envoyer des troupes françaises en Ukraine.

Et ce, malgré l’assurance donnée par le président de la République que celles-ci ne participeraient pas aux combats.

À l’appel d’un minuscule parti politique français (Les Patriotes), la manifestation a réuni principalement des personnes qui ne sont plus d’âge à être appelées sous les drapeaux.

On peut présumer que les télévisions de la région parisienne ont couvert l’évènement. Toutefois, les agences de presse occidentales n’ont pas jugé que cette nouvelle était digne d’intérêt. Conséquemment, aucun quotidien du Québec (à ma connaissance) n’en a parlé.

C’est par le biais de l’agence de presse Pravda (pro russe), de YouTube et du logiciel de messagerie Telegram que la nouvelle s’est répandue sur l’internet.

Références :
Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron assure que «la France ne s’apprête pas à envoyer des troupes au sol belligérantes»
Guerre en Ukraine : Macron prêt à “envoyer des mecs à Odessa”
Mobilisation contre Macron : Les Français rejettent son soutien à la guerre ! (vidéo)
Manifestation Nationale « MACRON, on ne mourra pas pour l’Ukraine !” (vidéo)
«Pas de Français en Ukraine» : manifestation massive à Paris contre l’ingérence française dans le conflit en Ukraine

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La détermination du Canada à soutenir l’Ukraine

Publié le 9 mars 2025 | Temps de lecture : 7 minutes


 
Introduction

Le 24 février dernier, Ottawa annonçait la fourniture à l’Ukraine de vingt-cinq véhicules de combat LAV III de fabrication canadienne (ci-dessus), de même que quatre simulateurs de vol pour les chasseurs-bombardiers F-16.

De plus, le Canada mettra à la disposition de l’Ukraine cinq-milliards de dollars provenant d’actifs russes saisis.

L’utilité des blindés légers en Ukraine

Ces véhicules d’assaut se distinguent des chars d’assaut par le fait que les premiers sont à roues alors que les seconds roulent habituellement sur chenilles.

Puisque le sable abime les engrenages métalliques, il devient nécessaire de démanteler, de nettoyer et d’assembler les chenilles des chars d’assaut après seulement quelques heures d’utilisation.

Par contre, l’entretien des véhicules sur roues est beaucoup plus facile. Comme c’est le cas de tous les véhicules tout terrain.

Ils sont très utiles pour se déplacer au cours de guerres de type insurrectionnel, comme c’était le cas en Afghanistan.

Au combat, dans le cas d’une guerre entre des États (où l’ennemi dispose de missiles puissants), leur protection est limitée. De plus, ce que la guerre en Ukraine nous a appris, c’est que des engins explosifs légers, largués de drones, suffisent à les rendre inopérants.

En avril 2024, l’Ukraine annonçait qu’à la demande des États-Unis, elle avait retiré du front leurs chars Abrams — les plus puissants au monde — peu de temps après leur déploiement. Pourquoi ? Parce que 5 des 31 chars reçus avaient déjà été détruits par l’armée russe.

Or toute guerre est une vitrine technologique qui permet aux belligérants de démontrer, auprès d’acheteurs potentiels, l’efficacité du matériel militaire qu’ils produisent. Puisque le fiasco des Abrams nuisait à leur promotion, on les a retirés discrètement du front.

Dans l’annonce fédérale du 24 février dernier, on ne précise pas si l’Ukraine recevra des blindés neufs ou d’occasion (choisis parmi les centaines que possède déjà l’armée canadienne).

D’année en année, leur fabricant (General Dynamics) apporte de légères améliorations à ses blindés légers.

Il est probable que l’armée canadienne se départit de ses vieux modèles pour en obtenir des modèles légèrement plus perfectionnés.

Dans tous les cas, le contrat n’est pas conclu entre General Dynamics et l’Ukraine. Ce pays étant de facto en faillite, c’est le gouvernement canadien qui se porte garant de l’Ukraine.

Les chances que le Canada recouvre cet argent sont à peu près nulles.

L’autorisation nécessaire de Washington

La revente interétatique de matériel militaire américain n’est possible qu’après son autorisation par Washington.

Cela concerne non seulement de l’armement fabriqué aux États-Unis, mais également celui fabriqué ailleurs s’il comporte des composants fabriqués aux États-Unis.

Dans l’éventualité où le Donald Trump signerait un décret qui interdirait toute vente d’armement (même non américain) à l’Ukraine — ce qu’il n’a pas encore fait au moment où ces lignes sont écrites — l’extraterritorialité du droit américain fait en sorte que cela affectera les contrats conclus en dollars américains ou négociés à l’aide de logiciels de messagerie américaine.

Gel, saisie et expropriation

Lorsque des avoirs sont gelés, leur détenteur en perd temporairement l’accès. Mais il en demeure le propriétaire.

Par le biais de pouvoirs conférés par une loi à un ministre — celui de la Justice ou celui de l’Économie, par exemple — l’État peut saisir des biens sans avoir à obtenir l’autorisation préalable d’un tribunal.

Toutefois, la saisie par l’État n’est que la première étape d’une expropriation. L’État doit obligatoirement s’adresser aux tribunaux pour que les biens saisis deviennent des propriétés de l’État et que ce dernier puisse en disposer à sa guise.

La confiscation d’avoirs russes

En décembre 2022, le Canada annonçait fièrement qu’il serait bientôt le premier pays du G7 à confisquer des biens appartenant à un oligarque russe.

Le 24 février dernier, Ottawa annonçait son intention de mettre à la disposition de l’Ukraine la somme de 5 milliards de dollars provenant d’actifs russes saisis dans le cadre des sanctions économiques contre la Russie.

Il y a une semaine, Ottawa annonçait être sur le point de s’adresser enfin aux tribunaux dans le but d’exproprier des biens russes saisis.

Puisque cela fait trois fois qu’Ottawa annonce la même intention, cela signifie qu’Ottawa n’a rien fait depuis vingt-six mois.

Ottawa promet ainsi des milliards de dollars que les tribunaux (indépendants, dit-on, du pouvoir politique) ne lui ont pas encore accordés.

Dans les pays occidentaux, le droit de propriété est sacré. L’idée qu’on peut déposséder quelqu’un de ses biens du simple fait qu’il est ami avec quelqu’un d’autre (Poutine) qu’on déteste, est totalement dépourvue de bases juridiques.

De plus, le droit international permet qu’on gèle les avoirs de la banque centrale d’un pays ennemi, mais leur confiscation est interdite, même en temps de guerre.

Voilà pourquoi, depuis des mois, Washington ne parle plus de financer la reconstruction de l’Ukraine grâce à la vente des avoirs russes saisis.

On parle maintenant de financer cette reconstruction à partir des revenus de l’exploitation des ressources minières de l’Ukraine. En d’autres mots, l’Ukraine paierait sa propre reconstruction.

Conclusion

Selon le recensement de 2021, la diaspora ukrainienne au Canada compte 1,3 million de personnes. Ceux qui sont en âge de voter participeront à l’élection fédérale prévue d’ici quelques mois.

L’annonce d’Ottawa concernant l’Ukraine est évidemment un encouragement pour les soldats ukrainiens qui combattent au front. Mais cette nouvelle a peu de chances de se réaliser.

C’est plutôt un message envoyé aux électeurs canadiens quant à la détermination du Parti libéral canadien de soutenir l’effort de guerre de l’Ukraine.

Références :
Confisquer les avoirs d’un oligarque russe n’est pas sans risque, selon un expert
Guerre en Ukraine : on vous explique le débat sur l’utilisation des avoirs russes gelés dans l’Union européenne pour aider Kiev
La saisie fictive des avoirs d’oligarques russes au Canada
Le Canada entame le premier processus pour bloquer et confisquer les biens d’un oligarque russe sanctionné
L’Occident ne veut pas payer pour reconstruire l’Ukraine
L’oligarque russe Mikhaïl Fridman réclame 14,5 milliards d’euros au Luxembourg
Redistribution en Ukraine des avoirs russes saisis au Canada: un test en droit
Trudeau n’exclut pas l’envoi de troupes en Ukraine, pour y maintenir la paix
VBL III

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Sommet de Londres au sujet de l’Ukraine

Publié le 4 mars 2025 | Temps de lecture : 9 minutes

Une réunion convoquée dans l’urgence

À la suite de la décision de Washington de cesser de financer la guerre en Ukraine, le gouvernement britannique a décidé de convoquer un Sommet destiné à créer une coalition de pays désireux de ‘défendre la paix’ (sic).

Puisqu’on ne peut pas défendre ce qui n’existe pas, cette coalition visait plutôt à trouver le moyen de prolonger la guerre.

Étaient présents hier à Londres : le secrétaire général de l’Otan, la présidente de la Commission européenne, le premier ministre du Canada et les chefs d’État de quinze pays membres de l’Union européenne, de même que Volodymyr Zelensky.

Le résultat du Sommet

À l’issue de la rencontre, le premier ministre britannique a déclaré que les participants avaient décidé :
• de concevoir un plan de paix destiné à être soumis à Washington,
• de réclamer la présence de l’Ukraine à la table des négociations,
• de maintenir leur aide militaire à l’Ukraine, et
• poursuivre cette fourniture au-delà d’un accord de paix afin de dissuader la Russie d’envahir de nouveau ce pays.

Dans le cas de la Grande-Bretagne, celle-ci a accordé un crédit équivalent à deux-milliards de dollars américains pour permettre à l’Ukraine d’acquérir cinq-mille missiles britanniques.

De son côté, au cours d’une entrevue au Figaro, le président français a fait savoir qu’il aimerait que soit décrétée unilatéralement une trêve destinée à tester la bonne foi de la Russie.

Pour le démontrer, la Russie renoncerait à ce qui fait sa force (les bombardements de missiles sol-sol), tandis que cette trêve n’interdirait pas les combats rapprochés entre les belligérants ni les attaques de drones.

À l’issue de cette trêve, si la Russie se comporte correctement aux yeux de la France, cette dernière souhaite le déploiement d’une force d’interposition, à la manière des Casques bleus de l’Onu.

Les Casques bleu blanc rouge

En 1957, le diplomate Lester-B. Pearson (qui deviendra premier ministre canadien de 1963 à 1968) recevrait le prix Nobel pour avoir convaincu l’Onu de créer une force d’interposition lors de la crise du canal de Suez.

Depuis, chaque fois que l’Onu a déployé des Casques bleus, c’est avec l’assentiment des belligérants, las de guerroyer. Autre condition essentielle : que ces soldats proviennent de pays neutres dans le conflit.

La suggestion d’Emmanuel Macron, c’est que des pays ennemis de la Russie envoient des soldats pour séparer Russes et Ukrainiens.

Jusqu’ici, ces pays ont expédié des quantités colossales d’armement à l’Ukraine. Évidemment, le but était qu’elle s’en serve. Et qu’elle s’en serve comment ? Concrètement, en ‘tuant du Russe’.

La diplomatie française espère donc que l’armée russe accueillera les soldats d’un pays ennemi en faisant pleuvoir sur eux des pétales de roses et en faisant danser autour d’eux des nymphes en déshabillé vaporeux.

Comme c’est charmant…

Mais sérieusement, que fera-t-on après que la Russie aura décimé le premier lot de soldats français ? Eh bien, on enverra un deuxième lot, évidemment plus nombreux. Et s’ils sont éliminés eux aussi ? On en enverra encore davantage.

La Russie ne veut pas de l’Otan en Ukraine. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner qu’elle ne veut pas non plus qu’on amasse des milliers de soldats de l’Otan à 500 km de Moscou.

Pour protéger l’Ukraine, ces soldats devront être déployés non seulement à l’Est, mais également au Nord de ce pays. Et la frontière nord de l’Ukraine est à 500 km de Moscou.

Bref, la suggestion d’Emmanuel Macron mène tout droit à la Troisième Guerre mondiale. Déjà endettée à 114 % de son PIB, on voit mal comment la France financerait son effort de guerre.

L’aigle occidental à deux têtes

À la suite de la rencontre orageuse entre Trump et Zelensky au Bureau ovale, la Haute responsable européenne aux Affaires étrangères déclarait :

Il est maintenant clair que le monde libre a besoin d’un nouveau leadeur. C’est à nous, Européens, de relever ce défi.

On ne sait pas trop à qui Mme Kaja Kallas pense. Mais c’est à Ursula von der Leyen, on doit se rappeler que la présidente de la Commission européenne est simplement désignée par le parlement européen; les peuples d’Europe n’ont jamais coché son nom sur un bulletin de vote. Bref, elle ne possède aucune légitimité populaire.

Si l’Union européenne était à la table des négociations, elle y siègerait avec les États-Unis; la première réclamant la capitulation de la Russie, tandis que les seconds réclamant la capitulation de l’Ukraine.

Quel autre spectacle réjouissant pour la délégation russe…

En réalité, à la table des négociations, l’Occident parlera d’une seule voix. Et cette voix sera celle de Donald Trump. Qu’on le veuille ou non.

Le financement de la guerre en Ukraine

Selon Radio-Canada, les États-Unis ont versé jusqu’ici 140 milliards de dollars US pour aider l’Ukraine, tandis que les pays de l’Union européenne ont versé 145 milliards US. Donc, pour simplifier les choses, disons que c’est moitié-moitié.

Depuis des années, le gouvernement ukrainien est sous le respirateur artificiel occidental. Sans cette aide, l’Ukraine serait incapable de payer la solde de ses soldats, de même que le salaire des enseignants, des fonctionnaires, des policiers, des éboueurs, etc.

Malgré cette aide cumulée de 285 milliards $US, le résultat est que l’Ukraine n’est pas en train de gagner cette guerre. Après trois ans à essayer. En perdant la moitié de ce financement, le ciel s’obscurcit sur l’armée ukrainienne.

On append aujourd’hui, que non seulement l’administration Trump n’entend pas accorder des crédits supplémentaires à l’Ukraine, mais elle interrompt l’expédition des équipements militaires vers l’Ukraine, y compris ceux qui se trouvent tout près, en Pologne, ou qui sont en transit par voie aérienne ou maritime.

De plus, Washington s’apprête à interdire le partage des données de géolocalisation qui sont essentielles pour guider les missiles ukrainiens vers leurs cibles russes.

Si l’Union européenne — devenue la nouvelle ‘leadeuse’ du monde libre — doublait son financement afin de compenser le retrait américain, l’Ukraine ne serait pas plus avancée qu’actuellement.

Fin du conflit ou trêve momentanée ?

Habituellement, une guerre s’arrête lorsque le faible capitule au plus fort.

La suggestion européenne de négocier un cessez-le-feu ne servira qu’à prolonger la guerre. Un cessez-le-feu permet d’évacuer les blessées ou les civils menacés par un assaut imminent. Par ailleurs, une trêve permet aux belligérants de refaire leurs forces et de reprendre plus tard les combats avec une vigueur renouvelée.

Lorsqu’une guerre se termine par la simple suspension des hostilités — comme en Corée — on se retrouve devant un volcan prêt à entrer en éruption au moindre incident de frontière.

Ce n’est pas ce que veut Washington. L’administration Trump veut pacifier définitivement l’Europe et se tourner vers le Pacifique.

Il est donc hors de question de laisser les Européens alimenter cette guerre.

La fabrication du consentement

Pour que les pays occidentaux se rangent derrière Washington et cessent eux aussi de fournir des armes à l’Ukraine, l’argument-choc viendra sans doute de la révélation d’un secret de Polichinelle.

Ce secret, c’est qu’une partie de l’aide militaire envoyée en Ukraine — le deuxième pays le plus corrompu d’Europe — ne s’est jamais rendue au front et a été détournée par des mains criminelles.

La plupart des gens ignorent que cela se produit dans toutes les guerres depuis des siècles.

Cette fois-ci, ce qui pourrait frapper l’imagination populaire, c’est la taille colossale de cette fraude; des dizaines de milliards de dollars (avec ou sans exagération) détournés par des gens qui ont vu dans ce conflit un moyen d’enrichissement personnel.

Dès ce scandale révélé, l’opinion publique européenne et canadienne deviendra hostile à ce qu’on continue de jeter aveuglément des milliards$ dans ce grand trou noir qu’est l’aide occidentale à l’Ukraine et exigera que les va-t-en-guerre européens procèdent à une reddition de compte au sujet de l’argent dépensé jusqu’ici.

Références :
France suggests partial one-month truce between Russia and Ukraine
Les pays européens se divisent sur l’envoi des troupes en Ukraine
L’Occident ne veut pas payer pour reconstruire l’Ukraine
Non, les États-Unis n’ont pas dépensé 350 milliards $ US en Ukraine
Russia-Ukraine war: What’s a ‘coalition of the willing’, Europe’s new plan?
Sommet européen sur l’Ukraine : les faits saillants
« Vous n’êtes pas seuls » : des dirigeants européens appuient Zelensky face à Trump
Washington met de la pression sur l’Ukraine en suspendant son aide militaire

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Ukraine : la cruauté de la défaite

Publié le 28 février 2025 | Temps de lecture : 2 minutes

Les fins de guerre sont les plus cruelles; c’est là que sont commis les gestes les plus désespérés.

Pensez à ces gens qui s’accrochaient au fuselage du dernier avion américain qui partait d’Afghanistan. Ou, en 1975 au Vietnam, au dernier hélicoptère qui quittait le toit de l’ambassade américaine à Saigon.

En Ukraine, après avoir vu un grand nombre de ses frères d’armes tomber au combat, le soldat ukrainien apprend que les États-Unis et la Russie s’entendent secrètement pour mettre fin à la guerre.

Pendant ce temps, ce soldat, dehors en plein hiver, doit continuer de guerroyer comme si cela servait encore à quelque chose…

Voilà pourquoi, dès qu’elles sont connues, les négociations de paix doivent se conclure rapidement.

Dans la catégorie des gestes désespérés, on pourrait aussi ranger la tentative de Volodymyr Zelensky de plaider à la Maison-Blanche en faveur du prolongement de l’aide militaire américaine.

Et c’est avec une infinie tristesse que j’ai pris connaissance du désastre diplomatique que cette rencontre avait occasionné plus tôt aujourd’hui. Un désastre qui annonce la fin de Zelensky.

S’il demeure à son poste, l’administration Trump révèlera (pour le discréditer) l’ampleur des détournements de fonds de l’aide occidentale à l’Ukraine. L’aide déjà versée atteint 285 000 000 000 dollars.

De plus, aux yeux de l’Histoire, il sera le signataire de la capitulation de l’Ukraine à la Russie.

S’il quitte son poste dès maintenant, il sera l’agneau mystique sacrifié sur l’autel de la cupidité américaine. On louera (à juste titre) son dévouement inlassable à la défense de son peuple et son incarnation du courage dont ont fait preuve les soldats ukrainiens dans cette guerre.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La première joute diplomatique de Trump à l’Onu

Publié le 26 février 2025 | Temps de lecture : 6 minutes


 
En première période

Il y a quatre jours, l’Ukraine et les États-Unis soumettaient à l’Assemblée générale de l’Onu deux résolutions concurrentes.

Première débattue fut la résolution ukrainienne.

Depuis le début de ce conflit, l’Ukraine fait adopter annuellement une résolution qui condamne l’invasion de la Russie dans ce pays.

Longue de 22 paragraphes, cette résolution reprend l’ensemble des reproches occidentaux contre la Russie à ce sujet.

En vain, les États-Unis ont fait pression sur l’Ukraine pour qu’elle retire sa résolution. Aux yeux de Donald Trump, celle-ci reflète l’esprit de confrontation qui caractérisait l’administration de son prédécesseur et de laquelle il désire s’éloigner en vue d’une désescalade du conflit.
 

 
Au final, la résolution ukrainienne a été adoptée par 93 voix pour (dont le Canada et tous les membres de l’Union européenne), 18 voix contre (dont les États-Unis et la Russie) et 65 abstentions (dont la Chine et l’Inde).

En deuxième période

Puis vint le tour de la résolution américaine. Proposée par les États-Unis et appuyée par la Géorgie, cette résolution se lit comme suit :

Le Conseil de sécurité…
– déplorant les tragiques pertes en vies humaines qu’a causées le conflit entre la Fédération de Russie et l’Ukraine,
– réaffirmant que l’Organisation des Nations Unies a pour but premier, comme l’énonce la Charte des Nations Unies, de maintenir la paix et la sécurité internationales et de régler les différends par des moyens pacifiques,

…demande instamment qu’il soit mis fin au conflit dans les plus brefs délais et plaide pour une paix durable entre l’Ukraine et la Fédération de Russie.

Normalement, au sein d’un organisme comme l’Onu, se prononcer en faveur de la paix devrait faire consensus.

Intitulée ‘Une Voie vers la paix’, la nouvelle résolution américaine marque un changement d’époque; Donald Trump veut pacifier l’Europe afin de passer à autre chose.

La toute première étape qui mène à la paix est l’abandon du langage guerrier; ce n’est plus le temps des reproches, des rancœurs et des accusations.

Mais le Canada et les pays européens voient les choses autrement. Pour eux, cesser de battre le tambour de la guerre est un recul. Aussi se sont-ils employés à amender la résolution américaine au point d’en trahir l’esprit.

Les États-Unis, qui s’étaient opposés aux amendements européens, ont fini par s’abstenir de voter en faveur de leur propre texte.

Amendée, celle-ci a finalement été adoptée avec 93 voix pour, 8 voix contre et 73 abstentions. Ce qui constitue un autre revers diplomatique pour l’administration Trump.

En troisième période

Puis, le débat s’est déplacé en après-midi au Conseil de sécurité de l’Onu. Les États-Unis y présentaient le même texte que celui qu’ils avaient introduit plus tôt dans la journée à l’Assemblée générale.

Précisons que les résolutions de l’Assemblée générale sont dites ‘non contraignantes’. En clair, ce sont des vœux pieux. Seules les résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu font partie du Droit international.

Ce qui veut dire que les deux buts comptés lundi dernier dans le filet de Washington ne comptent pas. Ce sont comme des buts comptés lors d’une séance d’entrainement.

Échaudés par leur expérience plus tôt à l’Assemblée générale, les États-Unis avaient savoir qu’ils opposeraient leur droit de véto à tout amendement à leur résolution.

Faisant fi de la menace américaine, les pays européens membres du Conseil (le Danemark, la France, la Grande-Bretagne, la Grèce et la Slovénie) ont proposé les mêmes amendements qui, cette fois-ci, se sont heurtés au véto… russe.

Au Conseil de sécurité, la résolution américaine fut adoptée par 10 voix pour et 5 abstentions (tous alliés européens des États-Unis).

C’est la première fois que le Conseil de sécurité se prononce au sujet de la guerre en Ukraine depuis son déclenchement.

Conclusion

Pour la première résolution américaine de l’ère Trump à l’Onu, la nouvelle administration américaine avait choisi de soumettre une courte résolution qui invitait essentiellement l’Assemblée générale de l’Onu à se prononcer en faveur de la paix en Ukraine.

L’humiliation subie par Washington à l’Assemblée générale est l’œuvre d’alliés militaires menacés par Washington d’une guerre économique.

Ces pays semblent avoir oublié que Donald Trump est jaloux du prix Nobel que Barak Obama a reçu en 2009. Il ambitionne d’en recevoir un pour le récompenser d’avoir mis fin à la guerre en Ukraine et d’avoir pacifié l’Europe.

En cas de réussite, même si la Fondation Nobel devait décider de ne pas le nobéliser, l’Histoire, elle, s’en souviendra.

Donald Trump pardonne facilement à ces ennemis lorsque ceux-ci font amende honorable en lui baisant les mains.

Mais il est probable qu’il se rappellera longtemps de l’humiliation que le Canada et ses alliés européens lui ont fait subir futilement à l’Assemblée générale de l’Onu.

De la part de pays dont le Plan A consiste à tout miser en vue d’une victoire toujours plus lointaine de l’Ukraine et qui n’ont pas prévu de Plan B, on peut se demander à quoi servent ces enfantillages dans les antichambres de l’Onu…

Références :
At UN, Georgia Breaks with EU, Ukraine, Backs Toned Down U.S. Resolution on War
L’ONU rejette la résolution américaine qui demande la fin de la guerre en Ukraine sans mentionner l’agression russe
Résumé de géopolitique mondiale (1re partie)
Résumé de géopolitique mondiale (2e partie et fin)
Ukraine : après trois ans de guerre totale, l’ONU théâtre de divergences dans l’alliance transatlantique
Ukraine : Washington propose à l’ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit
Ukraine: trois ans exactement après l’invasion par la Russie, le Conseil de sécurité adopte une première résolution demandant la fin du conflit dans les plus brefs délais

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Un tournant majeur dans la guerre en Ukraine

Publié le 19 février 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

Le 12 février dernier, lors d’un appel téléphonique, Donald Trump et Vladimir Poutine se sont entendus pour entamer incessamment des pourparlers en vue de mettre fin à la guerre en Ukraine.

Depuis, les dirigeants européens ont appris qu’à la table des négociations, l’Occident parlera d’une seule voix. Et cette voix sera celle de Donald Trump.

En clair : les ténors de l’administration Trump excluent toute participation de l’Europe aux pourparlers.

Le grand problème de l’Union européenne (UE), c’est qu’elle s’est peinturée dans le coin. Elle n’a pas anticipé le bouleversement de la politique étrangère qu’occasionnait l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.

Plus précisément, la diplomatie de l’UE a été confiée le 27 novembre dernier à Kaja Kallas. À l’époque où celle-ci était première ministre d’Estonie, elle s’était fait remarquer par sa rhétorique particulièrement belliqueuse à l’égard de la Russie.

Depuis qu’ils ont adhéré à l’Otan, les chihuahuas baltes sont protégés par le bouledogue américain. Enhardis par cette protection, ils n’ont cessé de japper contre la Russie et de réclamer des sanctions de plus en plus sévères contre elle alors qu’eux n’y ont contribué que de manière marginale.

Le basculement de la politique étrangère des États-Unis vers l’Asie, décidé par Donald Trump dès son premier mandat, nécessite que son pays pacifie le continent européen afin de passer à autre chose.

En s’entêtant à poursuivre cette guerre coute que coute, l’Europe s’est disqualifiée comme partenaire des États-Unis en vue de régler le conflit.

En catastrophe, Emmanuel Macron a décidé de réunir de manière informelle à l’Élysée les principaux chefs d’État européens en vue de discuter de la situation en Ukraine.

Malheureusement pour lui, le concert des impuissants n’enterrera jamais la voix des deux grandes puissances qui menaient cette guerre jusqu’ici et qui ont décidé de faire cesser ce carnage.

Au final, Ursula von der Leyen aura peut-être droit à un joli strapontin derrière les vrais négociateurs et Volodymyr Zelinsky signera là où les États-Unis lui diront de signer.

Références :
Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron annonce des nouvelles réunions organisées en France ce mercredi
Guerre en Ukraine : Trump et Poutine lancent les négociations de paix, mais sans les alliés
Kaja Kallas
Lâchés par Trump, les Européens cherchent la parade face à Poutine
L’intégrale du discours de Vance à Munich en anglais et en français !

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Pourquoi la Mongolie n’a-t-elle pas arrêté Vladimir Poutine ?

Publié le 4 septembre 2024 | Temps de lecture : 3 minutes


 
Introduction

En mars 2023, la Cour pénale internationale (CPI) lançait un mandat d’arrestation contre Vladimir Poutine.

Pourtant, lors d’une visite officielle à l’Étranger qui s’est terminée hier, le président russe s’est rendu en Mongolie et en est reparti sain et sauf. Pourquoi ?

Un droit facultatif

Lorsque la CPI lance un mandat d’arrestation, elle compte sur les ressources policières des pays signataires du Statut de Rome pour arrêter la personne visée par ce mandat.

En dépit du fait que la Mongolie a signé et ratifié ce traité, ce pays a pourtant laissé filer Poutine.

Lorsqu’un pays signataire refuse d’obéir à la Cour, ce pays peut être sanctionné par résolution du Conseil de sécurité de l’Onu.

Or, on voit mal comment la Russie — qui possède un droit de véto à l’Onu — pourrait punir la Mongolie pour y avoir été accueillie chaleureusement.

Aparté : Si Benyamin Netenyahou n’a pas fait l’objet d’un mandat d’arrestation de la CPI, c’est en raison de la menace américaine de représailles contre les procureurs de la Cour s’ils osent s’en prendre au premier ministre israélien.

La Mongolie, alliée de Moscou et de Beijing

Pour justifier son refus d’obéir à la CPI, la Mongolie invoque l’immunité diplomatique dont jouit Poutine.

Cela ne tient pas debout : les statuts de la CPI prévoient justement la levée de l’immunité diplomatique des personnes qu’elle accuse.

Les véritables raisons sont simples.

Quel pays aurait pu aller chercher Poutine en Mongolie s’il y avait été arrêté ? La Mongolie est un pays enclavé entre la Russie et la Chine; rien ne peut quitter la Mongolie sans passer par l’un ou l’autre de ces deux voisins.

Peut-on imaginer un avion militaire américain violer l’espace aérien d’un de ces pays pour aller chercher Poutine ? Cet avion ne se serait jamais rendu à destination et, dans le meilleur des cas, serait revenu bredouille.

Les deux tiers des importations mongoles proviennent de Russie et de Chine. Et 93 % des exportations mongoles sont destinées à la Chine.

Cela dit tout.

Références :
Cour pénale internationale
La Cour pénale internationale lance un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine
Mandats d’arrêt demandés par la CPI : quelles conséquences pour Netanyahu ?
Pourquoi la Mongolie n’a-t-elle pas arrêté Vladimir Poutine lors de sa visite?

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Écrit par Jean-Pierre Martel