Le 75e anniversaire du drapeau québécois

22 janvier 2023


 
Dans les principales villes du Québec, la Société Saint-Jean-Baptise organisait hier les festivités célébrant le soixante-quinzième anniversaire de l’adoption officielle du drapeau québécois (appelé Fleurdelisé).

Au son d’une troupe de percussionnistes, on déroula sur l’esplanade de la Place des Arts le plus grand drapeau québécois jamais conçu, mesurant 18 x 28 mètres.

Rappelons que le Québec adopta le Fleurdelisé en 1948, soit 17 ans avant l’Unifolié canadien.

Compléments de lecture :
Le jour du drapeau
L’histoire de la Fleur de Lys

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/1000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Aux origines du cinéma cubain (1896-1922)

30 octobre 2022

Introduction

C’est en 1895 que les frères Lumières ont inventé un appareil capable d’enregistrer et de projeter un film.

Le 19 mars de cette année-là, les deux frères réalisèrent à Lyon le premier documentaire, intitulé ‘La Sortie d’usine’. Ce court-métrage muet fut projeté à Paris trois jours plus tard.

À l’été de 1895, ils réalisèrent le premier film de fiction, ‘L’Arroseur arrosé’.

Convaincus que le succès de leur invention ne durerait pas, les frères Lumières formèrent rapidement des opérateurs qu’ils s’empressèrent d’envoyer partout autour du globe.

L’un d’eux fut Gabriel Veyre, arrivé à Cuba en 1896.

Et justement parce que l’engouement pour les ‘photos animées’ devait être éphémère, personne ne jugea opportun de créer des lieux qui leur seraient exclusivement consacrés.

Alors on projetait les films en plein air dans des fêtes foraines, parmi les attractions de cirques ambulants ou dans de petits théâtres temporaires en bois érigés dans des lieux publics.

C’est là qu’Atlas Bidel, à seize ans, voit un film pour la première fois.

L’enfance d’Atlas Bidel

Atlas Bidel était issue de la branche la moins prestigieuse d’une dynastie circassienne.

François Bidel, son grand-père, était dompteur de fauves. Il possédait la Grande ménagerie Bidel. Celle-ci comptait des lions, six tigres royaux, quinze panthères noires, dix ours, sept hyènes, trois chameaux, de même que des loups, des singes et des perroquets.

Ce cirque animalier prestigieux parcourait l’Europe et se produisit devant plusieurs têtes couronnées, dont Alphone XII en Espagne.

Le fils de François Bidel (prénommé Atlas, comme le sera son fils) était acrobate et donnait des numéros de foire dans le Languedoc et les Cévennes. Son épouse était charmeuse de serpents.

Il formait un duo avec son frère à lui, Hercule : Atlas-père était porteur et Hercule, voltigeur. Le duo se sépara quand le premier surprit sa femme au lit avec le second.

Alors qu’Hercule et son amante partaient de leur côté, les deux Atlas (le père et le fils) partirent du leur. Mais séparés, les deux couples gagnent difficilement leur vie.

Le village de Saint-Hippolyte-du-Fort est situé à quarante kilomètres de Montpellier. Ses habitants portent le gentilé de Cigalois. C’est de passage dans ce village que les deux Atlas découvrent qu’Hercule Bidel s’est recyclé en cinéaste forain. Ce qui, à l’époque, nécessitait peu d’investissement.

Atlas-fils a seize ans. C’est la première fois qu’il assiste à une représentation cinématographique. Et pour lui, c’est une révélation.

Si les cinéastes forains ont contribué au succès du cinéma, ils en furent les premières victimes puisqu’au tournant du siècle, on commença à projeter les films dans des théâtres et dans des salles paroissiales transformées en salles de cinéma.

Recommencer sa vie

Le Catalan Antonio Rosalès était un ami d’Atlas-fils dont le frère, installé à La Havane, l’implorait de s’expatrier à Cuba pour y faire fortune puisque le cinéma y rencontrait un immense succès.

Tentés par l’aventure, Atlas-fils et son ami s’achètent en 1900 une caméra, quelques films, de même qu’un phonographe Céleste de Pathé (pour l’accompagnement musical) et s’embarquèrent pour La Havane.

Mais ils n’y rencontrèrent pas le succès escompté. Gabriel Veyre, arrivé quatre ans plus tôt, s’était constitué un répertoire typiquement cubain d’actualités cinématographiques. C’est ainsi qu’il a réalisé le premier court-métrage de l’histoire du pays, Un simulacre de bombero (en français, Un exercice d’incendie).

De leur côté, les deux nouveaux venus ont de vieux films européens qu’ils projettent çà et là dans des cafés, des salles de jeux clandestins et dans des entrepôts de tabac.

À Cuba, Atlas Bidel a pris le surnom de Pistelli (le nom de famille à la naissance de sa mère).

La capitale de tous les plaisirs

En 1902, lorsque les États-Unis mettent fin à leur occupation militaire de l’ile, Cuba est sans administration étatique compétente. La Havane est alors une zone de non-droit où règne le crime organisé.

La capitale est partagée en deux groupes mafieux; le clan des Catalans et celui des Basques. Ce n’est que bien plus tard qu’ils seront délogés par la pègre américaine (dont le règne durera jusqu’à la Révolution cubaine).

Le frère d’Antonio Rosalès évolue dans la pègre catalane. Beaucoup de ses ressortissants viennent du département français des Pyrénées-Orientales.

Ce ne sont pas les seuls Français à La Havane. Émilie Bernard, d’origine normande, y tient un bordel. Elle engage Pistelli comme rabatteur, c’est-à-dire responsable du recrutement des prostituées.

Cela tombe bien puisqu’en plus du français (qu’il utilise avec la patronne), il parle l’espagnol (essentiel pour le recrutement) et le catalan (utile pour négocier l’embauche de prostituées ‘appartenant’ à des souteneurs de la pègre catalane).

1902 est une année charnière pour l’histoire du cinéma cubain. Pistelli a l’idée de tourner de petits clips dénudés et frivoles au cours desquels les pensionnaires les plus délurées de l’établissement dévoilent en partie ou en totalité leurs charmes.

Ces courts-métrages dits ‘galants’ sont projetés sur les murs de l’établissement et permettent aux clients émoustillés d’effectuer leur choix en toute connaissance de cause.

Le succès est tel que toutes les maisons closes de la ville veulent que Pistelli tourne des films pour elles. Ce qui implique de délicates négociations avec les établissements protégés par le clan basque.

Du jour au lendemain, Pistelli n’est plus le cinéaste de trop dans la ville; il en est la nouvelle coqueluche.

Il établit un studio où évoluent des actrices dont le jeu s’améliore de film en film. Et puisque ses scénarios sont de plus en plus sophistiqués, Pistelli embauche un décorateur pour construire des décors et même une couturière puisque les personnages de ces films sont des clients de diverses origines — curés, notables, domestiques, etc.— qu’on doit caractériser par l’habillement.

La naissance du porno

Pour être en avance sur des concurrents qui s’installent dans l’ile, Pistelli ose tourner de véritables scènes de sexe. Si les prostituées y sont plus ou moins nues, leurs clients s’affairent néanmoins en conservant leurs sous-vêtements ou leur chemise de nuit.

C’est ainsi que Pistelli, premier cinéaste érotique de l’histoire, crée le cinéma porno. Il fait de Cuba le premier pays (chronologiquement) où des films pour adultes sont produits, mais également le principal exportateur mondial de ce genre cinématographique. Un titre que Cuba conservera jusqu’à la Révolution.

Tout comme aujourd’hui, ces films rejoignaient toutes les classes sociales. Le jeune roi Alphone XIII d’Espagne, grand admirateur de Pistelli, lui commanda confidentiellement un film osé, basé sur un scénario de son cru, et dans lequel tous les personnages, assez nombreux, le font à tour de rôle.

Cinéma Campo Amor

Afin de faire fructifier son capital et diversifier ses activités, Pistelli décide de transformer un ancien théâtre (El Capitolio) et d’en faire une salle exclusivement dédiée au cinéma : c’est le Campo Amor (ou Champ d’Amour), aujourd’hui en ruine.

D’une capacité de 1 500 places, le Campo Amor ouvre ses portes le 15 aout 1917 par la projection du film américain Intolérance, dont la première avait eu lieu à New York le 5 septembre de l’année précédente.

Film à grand déploiement, ce film avait été le plus dispendieux jusque là.

La programmation ‘ordinaire’ du Campo Amor comprenait essentiellement les meilleurs films muets internationaux, accompagnés d’un grand orchestre de musique cubaine. Chaque projection était précédée de numéros de variété.

Les fins de semaine, le cinéma présentait en après-midi des films familiaux.

Pilier de la vie culturelle cubaine, Pistelli poursuivait d’autre part ses activités de réalisateur de films pornos afin de répondre à la demande des maisons closes de la ville.

La fin de Pistelli

Aperçu du cimetière Christophe-Colomb

En 1922, le meilleur ami de Pistelli, Antonio Rosalès, est tué par un homme de main de la pègre basque.

À l’enterrement prévu au cimetière Christophe-Colomb, le clan basque projette de s’y cacher afin de massacrer leurs ennemis catalans.

Mais une prostituée qui évoluait dans les deux milieux en informe le clan catalan qui s’arme en conséquence.

Au cours de la cérémonie, ce qui devait arriver arriva.

Pistelli est atteint mortellement; derrière une stèle de marbre de Carrare, il agonise pendant que les balles fusent de partout.

C’est ainsi que se termine la carrière sulfureuse d’Atlas Bidel, ce réalisateur français qui marqua les deux premières décennies de l’industrie cinématographique cubaine.

Référence : Le Campo Amor de la Havane

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35mm F/2,8
1re photo : 1/400 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 13 mm
2e  photo : 1/400 sec. — F/6,3 — ISO 200 — 18 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Petite histoire du vin québécois

3 août 2022



 
C’est en 1535 que Jacques Cartier découvrit l’ile de Bacchus, connue de nos jours sous le nom d’ile d’Orléans.

Ce qui avait incité cet explorateur français à la nommer ainsi, c’est l’abondance des plants de vigne des rivages (vitis riparia) qui y poussaient.

Peu après la fondation de Québec (en 1608), Samuel de Champlain tente de créer le premier vignoble en Amérique du Nord. Ce sera un échec puisque les cépages qu’il a importés de France ne résisteront pas à leur premier hiver canadien.

Les premiers colons se rabattront à essayer de faire du vin avec des raisins de vitis riparia. Mais la piquette obtenue découragera plusieurs d’entre eux de poursuivre leurs expériences.

Au milieu du XIXe siècle, quelques vignerons amateurs tentent la culture de cépages hybrides américains dans le sud du Québec. Sans succès.

En 1939, à titre expérimental, Joseph-O. Vandal crée à Neuville le premier vignoble québécois. Son exemple sera suivi à partir des années 1960 par plusieurs entrepreneurs d’origine européenne.

Mais il fallut attendre 1980 pour que soit créé à Dunham (en Estrie) le premier vignoble commercial québécois, le Domaine des Côtes d’Ardoise, propriété de Christian Barthomeuf.

Cinq ans plus tard, l’État québécois autorise la vente de vin québécois, mais seulement au vignoble.

En 1996, un premier vin québécois, L’Orpailleur, fait son entrée dans les succursales de la Société des alcools du Québec.

Deux ans plus tard, les vignerons du Québec obtiennent le droit de ravitailler directement les restaurateurs. Puis en 2016, le droit d’offrir leurs produits en épicerie.

De nos jours, les 146 vignobles du Québec produisent annuellement 2,5 millions de bouteilles de vin.

Référence : La petite histoire des vignobles d’ici

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8
1re photo : 1/500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 26 mm
2e  photo : 1/500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 40 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les varioles et la collerette

12 juin 2022

La variole simienne

La variole simienne (mieux connue sous le nom de ‘variole du singe’) est une maladie virale à pustules, rarement mortelle, qui est endémique dans le bassin du Congo et en Afrique occidentale.

Son virus peut se développer chez une vingtaine d’espèces animales (dont certains primates et rongeurs).

Chez l’humain, après une période d’incubation de cinq à dix jours, la maladie se manifeste par une forte fièvre, une grande fatigue, des maux de tête, des courbattures et le gonflement prononcé des ganglions, surtout au niveau du cou et dans l’aine.

Deux jours après l’apparition des premiers symptômes, les lésions apparaissent sur la peau. Successivement, ces lésions sont des taches rouges (1 à 2 jours), des boutons solides (1 à 2 jours), des cloques contenant un liquide clair (1 a 2 jours), puis des pustules contenant de grandes quantités de virus (de 5 à 7 jours).

Ces dernières se dessècheront sur une période de deux à quatre semaines. Leur croute finira par disparaitre en laissant parfois une trace visible sur la peau.

La petite vérole

La variole simienne est cousine de la variole (tout court). Appelée autrefois ‘petite vérole’, cette dernière a été éradiquée en 1980 à la suite d’une campagne de vaccination massive orchestrée par l’Organisation mondiale de la santé.

Autrefois, le mot ‘vérole’ se dirait des maladies à pustules ou à vésicules; on connaissait la petite et la grande vérole, de même que la varicelle. Or la science moderne a démontré qu’il s’agissait de maladies différentes.

La petite vérole n’était petite que de nom. Elle fut responsable des pandémies les plus mortelles de l’histoire de l’humanité. Plus que la peste. Plus que le choléra. Plus que la grippe espagnole.

La grande vérole

Ce qu’on appelait autrefois la ‘grande’ vérole désigne aujourd’hui la syphillis.

Cette maladie existait en Europe depuis l’Antiquité mais fit un retour en force durant la Renaissance à la suite de la découverte des Amériques.

Cette découverte fut l’occasion du ‘Grand échange de véroles’; les conquistadors apportent la petite vérole aux Amérindiens (ce qui les décimera par dizaines de millions), alors que les marins européens contaminent l’Europe de la grande vérole (la syphillis) attrapée en violant les femmes des peuples autochtones conquis.

Or, parmi les séquelles cutanées de la grande vérole, il y avait le ‘collier de Vénus’.

Celui-ci était constitué d’une succession de taches brunâtres ou décolorées situées au niveau du cou.

Détail de Portrait de Frans Snyders et son épouse (1621) d’Antoine van Dyck

En raison de son aspect inesthétique, ces taches ont donné naissance à la mode des collerettes à godrons (ou à amples plis empesés), emblème vestimentaire de la Renaissance.

De la seconde moitié du XVIe siècle jusqu’au début du XVIIe siècle, femmes et hommes de la noblesse portaient cette décoration, plus tard remplacée chez les femmes par un col (souvent en dentelle) dressé derrière le cou et qui, cette fois, dégageait la poitrine des personnes épargnées par la grande variole.

Références :
Collerette (costume)
Variole du singe : comment se transmet-elle, quels sont les symptômes ?

Complément de lecture : La Grande peste et le Covid-19

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Quatre, en chiffres romains

14 mai 2022

À l’époque de l’Empire romain, on représentait indistinctement le chiffre quatre par IIII ou par IV. Toutefois, vers la fin du Moyen-Âge, la deuxième graphie était devenue plus courante que la première.


 
Au contraire, en horlogerie, lorsque les heures sont en chiffres romains, quatre est presque toujours représenté par IIII.

Cela se justifie pour deux raisons.

La première est esthétique; lorsque quatre s’écrit IIII, il fait équilibre avec le huit (VIII) situé du côté opposé du cadran.



 
Deuxièmement, sur le cadran d’une montre ou d’une horloge, 4 et 6 sont toujours écrits à l’envers. Si on les représentent respectivement par IV et VI, il est alors très facile de les confondre.

Détails techniques :
1re photo : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 25 mm F/1,2 — 1/400 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
2e  photo : Olympus OM-D e-m5 infrarouge à spectre complet, objectif M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu B+W KB20 + filtre bleu 80C de Calumet — 1/200 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 17 mm
3e  photo : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 — 1/800 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 73 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Antisémitisme : le 800e anniversaire du synode d’Oxford

9 mai 2022

Après l’échec de la croisade qu’il déclencha quelques mois après son accession à la papauté, Innocent III revint à la charge en 1213. Cette nouvelle croisade eut lieu de 1217 à 1221.

Afin d’éviter un nouvel échec, le pape sentit le besoin de préparer les fidèles et d’unir la chrétienté contre ses ennemis internes et externes.

Voilà pourquoi il convoqua un concile en 1215.

Celui-ci ordonna que partout dans la chrétienté, Juifs et Musulmans soient obligés de porter sur eux une marque distinctive.

Officiellement, cela avait pour but d’empêcher que “par erreur, des chrétiens [aient] un commerce intime avec des femmes juives ou sarrasines.

En réalité, l’obligation de porter un signe distinctif découlait de la crainte que cette diaspora ait des sympathies avec l’ennemi.

Bientôt, le Vatican estima que Juifs et Chrétiens devaient vivre séparément. Ce qui donna naissance aux ghettos juifs d’Europe.

Tout comme, de nos jours, la rhétorique de certains influenceurs contre les immigrants donne naissance à des actes hostiles, voire violents, contre les minorités ethniques, l’antisémitisme d’Innocent III fit tache d’huile.

Un synode est comme un concile, mais regroupant des ecclésiastiques sur une base régionale ou nationale.

Ayant autorité sur toute l’Angleterre, celui d’Oxford (créé en 1222) alla plus loin. Il interdit la construction de nouvelles synagogues, imposa la dime (chrétienne) aux Juifs et empêcha ceux-ci d’exercer certains métiers.

Quelques décennies plus tard, on leur interdit la propriété foncière et la transmission d’un legs.

Finalement, un décret royal expulsa tous les Juifs du pays en 1290. Ce décret fut en vigueur pendant 360 ans.

L’Église anglicane est née en 1534 d’un schisme au sein de l’Église chrétienne d’Angleterre. À la suite de ce schisme, les cathédrales anglaises devinrent des temples anglicans.

Dimanche dernier, à l’occasion du 800e anniversaire de la création du synode d’Oxford, l’Église anglicane — en tant qu’héritière de l’Église de Rome en Angleterre — a présenté officiellement ses excuses pour l’antisémitisme des décisions prises par le synode d’Oxford.

Références :
Apology, 800 years on, for laws that expelled Jews from England
Cinquième croisade
Innocent III
Quatrième concile du Latran
Quatrième croisade

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’origine de l’expression : s’en laver les mains

18 avril 2022
Ecce Homo (1871), d’Antonio Ciseri

Introduction

Ponce Pilate était le représentant plénipotentiaire de Rome en Judée à l’époque où celle-ci était une colonie romaine.

C’est devant lui qu’on amena Jésus de Nazareth afin qu’il le juge.

Selon trois des quatre évangélistes, on l’accuse d’avoir provoqué une émeute à proximité du Temple de Jérusalem, émeute au cours de laquelle de nombreux étals de marchands furent renversés.

Les vendeurs du Temple

À l’époque, beaucoup de pèlerins venaient au Temple dans le but d’offrir un animal en sacrifice.

Mais certains d’entre eux trouvaient plus pratique de l’acheter sur place que de l’apporter de chez eux. De plus, tout animal qui tombait malade en cours de route était jugé impropre au sacrifice.

Or justement, certains marchands offraient de petits animaux en parfaite santé, prêts à être utilisés.

D’autre part, au Temple de Jérusalem, les offrandes en espèces ne pouvaient pas inclure de la monnaie romaine, celle qui avait cours légal en Judée.

Pourquoi ? Parce qu’elle était frappée à l’effigie de l’empereur de Rome. Aucune pièce de monnaie à la gloire d’un monarque n’était acceptée.

Certains des marchands étaient des agents de change permettant de se procurer des pièces d’or ou d’argent respectueuses de la rectitude religieuse.

D’autres étals offraient tout simplement des breuvages et des collations aux passants.

Bref, ces marchands et le Temple vivaient en parfaite symbiose.

N’étant pas familiarisé avec les us et coutumes de la capitale, Jésus avait été scandalisé par cette bruyante foire commerciale, irrespectueuse du caractère sacré des lieux.

Après sa violente colère (qui avait incité ses fidèles à l’émeute), les grands prêtres du Temple se sont empressés d’arrêter ce fauteur de troubles.

Mais n’ayant pas le pouvoir de le mettre définitivement hors d’état de nuire, ils référèrent Jésus à Ponce Pilate, seul autorisé à imposer la peine de mort.

Une ruse qui échoue

L’interrogatoire devant Ponce Pilate ne s’étant pas révélé concluant, ce dernier décide d’utiliser une ruse plutôt que d’innocenter Jésus et ainsi provoquer la contrariété des autorités religieuses qui insistent pour qu’il le condamne.

La coutume voulait qu’à Pâque, on gracie un prisonnier. Il offre donc à la foule réunie devant son palais de gracier soit Jésus ou Barabbas (un accusé de meurtre). D’avance, Ponce Pilate est persuadé du résultat.

Mais cette foule est celle réunie par les autorités religieuses. Elle comprend de nombreux marchands qui ont subi d’importantes pertes à l’occasion de cette émeute.

À la grande surprise du procureur romain, la foule réclame que Barabbas soit gracié et que Jésus périsse.

Surpris et dégouté par la réaction de la foule, Ponce Pilate décide malgré lui de livrer Jésus au supplice de la croix tout en se lavant publiquement les mains afin de symboliser qu’il se dégage de toute responsabilité dans cette décision qu’il prend à contrecœur.

Voilà l’origine de cette expression.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le verbe caviarder

7 mars 2022

Lorsque le journaliste Thomas Gerbet de Radio-Canada a invoqué la loi d’accès à l’information afin d’obtenir une copie de l’avis des experts sanitaires qui justifiait (selon la CAQ) le couvre-feu décrété en décembre 2021, voici le document de deux pages que le gouvernement lui a fait parvenir.
 

 
Le verbe caviarder est apparu en France dans les années 1890 pour décrire ironiquement la censure tatillonne pratiquée en Russie depuis l’empereur Nicolas Ier (qui régna sur son pays de 1825 à 1855).

À l’époque, en plus de confisquer les imprimés — ce qu’on faisait dans les cas graves, comme dans beaucoup d’autres pays — la censure russe avait la particularité d’obliger les imprimeurs, dans les cas ‘legers’, à recouvrir d’un enduit noir — aussi noir que le caviar — le moindre passage d’un article ou d’un livre qui déplaisait aux autorités. Une tâche longue et fastidieuse.

Dans ce pays, la crainte de la censure était telle qu’on s’est abstenu de plaisanter à ce sujet. Si bien que même aujourd’hui, il n’y a pas de traduction littérale de ce verbe français.

Parmi les équivalents russes, soit barrer, biffer, éditer ou censurer, c’est évidemment ce dernier qui s’en rapproche le plus.

En anglais, on ne retrouve pas cette allusion au caviar. Le verbe se dit ‘to redact’ et l’adjectif caviardé se traduit par ‘blacked’ (c’est-à-dire noirci).

Le verbe caviarder est un des milliers d’exemples qui illustrent la richesse du français.

Références :
Caviardage excessif : la FPJQ redemande une refonte de la loi d’accès à l’information
Définitions de « caviarder »

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La Grande peste et le Covid-19

6 mars 2022

L’origine

Dans l’histoire de l’humanité, il y eut plusieurs pandémies de peste noire. Mais aucune ne fut plus mortelle que la Grande peste.

Pendant des siècles, on crut que cette pandémie était née en Chine et qu’elle s’était propagée le long de la route de la soie.


 
Depuis quelques décennies, on croit plutôt qu’elle serait apparue en Asie centrale, dans les rangs des Mongols qui assiégeaient en 1346 le port de Caffa, situé en Crimée.

Au cours de ce blocus terrestre (et non maritime) qui dura deux ans, des milliers de soldats mongols moururent de la peste.

Constatant leur impossibilité de conquérir la ville, l’armée mongole décida d’utiliser des trébuchets afin de catapulter les cadavres des pestiférés par-dessus les murailles de Caffa.

C’est un des tout premiers exemples de guerre bactériologique.

Atteints à leur tour par la peste, les assiégés signèrent une trêve avec les Mongols à la suite de quoi les premiers abandonnèrent la ville maudite pour se disperser dans les ports méditerranéens.

Réservoirs de la peste, les rats qui infestaient la cale de leurs bateaux propagèrent la peste dans tous les ports où on fit escale.

La propagation en Europe

En cinq ou six ans, plus précisément de 1347 à 1353, la Grande peste fit vingt-cinq-millions de victimes en Europe, soit entre 30 et 50 % de la population du continent.

Présentée comme une punition divine, la Grande peste provoqua un regain de ferveur religieuse au sein de la population médiévale, déjà encline à une grande religiosité.

Cette époque fut l’âge d’or des charlatans et des illuminés.

Les processions expiatoires de flagellants au torse ensanglanté déambulaient dans les villes, frappant l’imagination des spectateurs en prière et contribuant à l’anxiété générale.

Et bientôt les populations se laissèrent convaincre que les Juifs, les lépreux, les sorcières et les mendiants étaient la cause de la Grande peste.

En raison de la dépopulation, de nombreux villages furent abandonnés, les moins bonnes terres retournèrent en friche et les forêts s’étendirent.

D’outre-tombe, écoutons la voix du poète et compositeur Guillaume de Machaut. En 1349, sous le titre du Jugement du roi de Navarre, il écrit une chronique qui témoigne de son temps.

En voici un extrait (en français moderne) :

Nul ne faisait les champs labourer
ni les blés faucher ni les vignes faire,
même en donnant triple salaire, (…)
tant nombreux étaient les morts. (…)

Dans les champs, les bêtes mues
gisaient toutes éperdues.
Çà et là, elles paissaient (note : du verbe paitre)
partout où elles le voulaient.

Il n’y avait ni seigneur, ni berger,
ni homme qui leur allait autour.
Personne ne les réclamait.
Ni pour siennes, les revendiquait.

Des héritages, il y en eut plusieurs
qui restèrent sans seigneur.
Dans les manoirs, nul n’osait pénétrer
là où les morts avaient été…

Avant la pandémie, les gens s’étaient résignés à leur vie de misère. La pandémie bouleversa les mentalités.

La rareté de la main-d’œuvre agricole força les propriétaires terriens à améliorer les conditions de travail de leurs travailleurs et, dans certains pays, à abolir le servage.

La Grande peste en Angleterre

En Angleterre, la moitié de la population était serf. Ce qui signifie qu’on était tenu au travail forcé pour un propriétaire terrien (habituellement un noble ou un membre du clergé issu de la noblesse).

Dans la première moitié de la pandémie, plus précisément de 1348 à 1350, la pandémie provoqua d’importantes perturbations économiques; le prix des biens de consommation (sauf les céréales) augmenta de 27 %.

Et puisque la main-d’œuvre agricole se faisait plus rare, les travailleurs qui n’étaient pas liés par le servage exigèrent de meilleurs salaires. À défaut de quoi, ils partaient là où ils étaient mieux traités.

Cette hausse du cout de la main-d’œuvre agricole réduisit les profits des propriétaires terriens. Ce qui, à leurs yeux, était inacceptable.

Afin de combattre le ‘chaos’, le parlement de Londres — dont la chambre haute est peuplée exclusivement de propriétaires terriens — adopta en 1349 une loi destinée à plafonner les salaires à leur niveau d’avant la peste.

Peu appliquée, cette loi n’empêcha pas les conditions de vie du peuple anglais de s’améliorer en dépit de l’inflation. Mais elle rendit le pouvoir royal très impopulaire, apparemment à la solde des ennemis du peuple.

En 1381, soit plusieurs années après la fin de la pandémie, Richard II adopta une succession de taxes de plus en plus lourdes afin de financer la guerre de Cent Ans.

Les paysans se révoltèrent. Ils marchèrent sur Londres et y tuèrent toutes les personnes associées à l’autorité royale qu’ils rencontrèrent.

Cette révolte fut écrasée dans le sang quelques mois plus tard.

Covid-19 et guerres

La guerre culturelle américaine

Au cours de la pandémie actuelle, les opposants et les partisans des mesures sanitaires se sont affrontés aux États-Unis à coup d’insultes et de menaces de mort.

Au Moyen-Âge, les boucs émissaires de la Grande peste étaient les Juifs, les lépreux et les sorcières.

De nos jours, des millions d’Américains se sont laissé convaincre que leur belle ‘race blanche’ était en train d’être remplacée par les Juifs et les personnes à la peau foncée.

Ils avaient mis tous leurs espoirs dans un président messianique. Malheureusement pour eux, ce dernier devait perdre le pouvoir en raison des maléfices de sorciers ‘woke’ qui réussirent à imposer au pays un président illégitime.

Et les charlatans, de même que les illuminés du Moyen-Âge, renaissent aujourd’hui sur les médias sociaux.

La Grande démission

Cette guerre civile culturelle a entaché de nombreux milieux de travail d’un climat toxique.

Si bien que des millions de travailleurs américains ont quitté leur emploi pour un meilleur alors des millions d’autres, principalement des femmes, ont tout simplement abandonné le marché du travail.

Tout comme la pénurie de travailleurs agricoles au XIVe siècle, la Grande démission pousse actuellement les salaires à la hausse.

Pénuries et inflation

La congestion des ports américains donnant sur le Pacifique a raréfié l’approvisionnement de biens asiatiques.

Or il s’agit non seulement de biens de consommation courants, mais également d’items essentiels à la fabrication de produits américains.

C’est ainsi que l’industrie automobile a connu des ralentissements de production liés à une pénurie de semiconducteurs taïwanais.

S’ajoutent les sanctions économiques prises récemment contre la Russie qui font grimper le prix des matières premières dont ce pays est un important exportateur.

Tout cela a provoqué la plus importante hausse du taux d’inflation depuis quarante ans.

Alors que la mondialisation baignait dans l’huile depuis des décennies, aucun grand groupe industriel n’est aujourd’hui à l’abri de bouleversements économiques.

La guerre télévisée


 
La Grande peste n’a duré que cinq ou six ans, de 1347 à 1353. Mais elle fut accompagnée de la guerre de Cent Ans (de 1337 à 1453).

En France, celle-ci fut une guerre de pillage au cours de laquelle les armées anglaises ont méticuleusement détruit le bétail et les instruments de production agricole de centaines de villages français.

Au cours de ce conflit, les paysans étaient exposés aux horreurs de la guerre au fur et à mesure de l’avancée des chevauchées anglaises.

Par contre, de nos jours, des milliards de personnes assistent en temps réel aux reportages concernant le conflit russo-ukrainien.

Si bien que le jovialisme de nos autorités sanitaires, annonçant un peu vite la fin de la pandémie, a cédé le pas à une autre angoisse; celle de la guerre.

Le Yo-yo sanitaire

Le fiasco de la lutte sanitaire dans tous les pays occidentaux a sérieusement ébranlé la confiance des populations à l’égard de ceux qui ont pour mandat de les protéger.

Au lieu de dépister les personnes infectées et de les placer en quarantaine — comme on l’a fait en Extrême-Orient — on a adopté la stratégie du Yo-yo.

Celle-ci consiste à élaborer de savantes modélisations basées sur l’évaluation des contacts et sur les effets de leur réduction.

Concrètement, la politique du Yo-yo consiste à limiter la capacité d’accueil ou à fermer les petits commerces, les restaurants et les salles de spectacle lorsque les hôpitaux se remplissent. Et, au contraire, à jeter du lest lorsque les choses s’améliorent.

Et puisque le relâchement des mesures sanitaires occasionne toujours un rebond des hospitalisations, on se voit bientôt dans l’obligation de resserrer la vis. Ce qui diminue les hospitalisations…

Et ainsi de suite.

Cette succession de pénalités cycliques est l’équivalent moderne de la série de taxes imposées par Richard II au Moyen-Âge. Avec le même résultat.

Les propriétaires de milliers de petites ou moyennes entreprises ont été appauvris au cours de la pandémie : restaurants, salles d’exercice, salons de coiffure, salles de spectacles, créateurs de produits culturels, agences de voyages, etc.

Conclusion

Jusqu’ici, le Covid-19 a fait près d’un million de morts aux États-Unis et y a fait chuter l’espérance de vie, particulièrement chez les Américains à la peau très pigmentée.

D’une certaine manière, la pandémie au Covid-19 ressemble un peu à la Grande peste. Non seulement en raison de son pouvoir pathogène, mais également en raison des bouleversements économiques qu’elle a occasionnés.

Tout comme l’Église s’est avérée impuissante à combattre la peste, il en fut de même de nos gouvernements. Face à la pandémie, ils se sont empressés de jeter la serviette, déclarant qu’il fallait laisser se développer l’immunité ‘naturelle’ ou apprendre à vivre avec le virus.

Pour la population assiégée de Caffa, c’était l’équivalent de lui dire qu’elle devait apprendre à vivre avec ses conquérants.

La pandémie a révélé les faiblesses de notre filet de protection sociale, notamment dans le système hospitalier, et provoqué un retard académique chez nos enfants (dont on a volontairement provoqué la contamination sans que des catapultes aient été nécessaires).

D’autre part, le sous-investissement chronique dans le logement social fait actuellement flamber le prix des loyers.

Face à cela, les pays occidentaux ne trouvent rien de mieux à faire que de battre le tambour de la guerre afin de faire oublier le fiasco de leur lutte sanitaire.

Il est douteux que ceux qui nous ont si mal protégés depuis deux ans puissent échapper à l’âge des révoltes…

Références :
Covid-19 : du Yo-yo à la roulette russe
Guerre de Cent Ans
In Medieval Europe, a Pandemic Changed Work Forever. Can It Happen Again?
La Grande démission aux États-Unis
Ordonnance des Travailleurs
Peste noire
Révolte des paysans
Siège de Caffa

Paru depuis : The source of the Black Death in fourteenth-century central Eurasia (2022-06-15)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Margaret Thatcher, le secret des Exocet, et la menace nucléaire

3 mars 2022

L’archipel des Malouines est formé principalement de deux iles au large des cotes de l’Argentine.

Depuis le XIXe siècle, ce pays en disputait en vain la souveraineté à l’Angleterre.

En avril 1982, la junte militaire argentine décide d’envahir les Malouines afin de détourner l’opinion publique de la crise économique qui sévit dans le pays.

La guerre qui s’en suivit ne dura que du 2 avril au 14 juin suivant. Elle opposait donc la cinquième puissance économique mondiale, la Grande-Bretagne, à la vingt-huitième.

Fait à noter : entre ces deux alliés des États-Unis, le président Reagan penchait en faveur de l’Argentine puisque ce pays jouait un rôle-clé dans sa lutte obsessionnelle contre le communisme en Amérique latine.

Les porte-avions argentins transportaient, entre autres, cinq chasseurs Super-Étendard équipés de missiles Exocet. Leur nom fait référence aux exocets, les poissons volants.

Les missiles français, à la surprise des Anglais, s’avérèrent d’une redoutable efficacité.

Secrètement, ils étaient dotés d’un dispositif qui permettait de les inactiver à distance. C’était une précaution prise par la France au cas où elle vendrait ces missiles à un pays qui se retournerait contre elle.

Le 7 mai 1982, la première ministre britannique appelle le président français. Elle est furieuse. Trois jours plus tôt, un missile Exocet, largué à basse altitude, rase les flots et frappe mortellement le contretorpilleur HMS Sheffield.

Au moment de l’appel, les photos du navire en feu sont à la une de tous les journaux britanniques. Il mettra six jours à sombrer.

Nous sommes à un an des élections. Mme Thatcher somme alors le président français de lui révéler le code d’inactivation des Excocet, menaçant de recourir à l’arme nucléaire contre l’Argentine si Mitterand refuse.

Ce récit fait partie des confidences que le président français aurait faites à son psychanalyste Ali Magoudi et qui se retrouvent dans Rendez-vous, un livre paru en 2005.

Les documents déclassifiés en 2012 par Archives nationales britanniques — trente ans après les faits, comme c’est son habitude — révèlent une foule de détails quant à la coopération secrète entre la France et la Grande-Bretagne afin d’empêcher l’Argentine d’acquérir d’autres Excocet.

Mais elles sont muettes au sujet de l’appel du 7 mai. D’où la question : Margaret Thatcher, a-t-elle vraiment menacé de recourir à l’arme nucléaire ?

Ce qui rend douteuses les affirmations du psychanalyste, c’est qu’il précise que Mitterrand aurait cédé à la pression. Or cela est contredit par la suite de la guerre.

Le 25 mai, deux missiles Excocet coulent le MV Atlantic Conveyor. Le 11 juin, c’est au tour du HMS Glamorgan d’être atteint par un missile Exocet.

Ces deux autres frappes n’auraient pas eu lieu si Mitterrand avait révélé le code d’inactivation des Exocet à Mme Thatcher.

Finalement, la Guerre des Malouines, comme toutes les guerres, servit de réclame publicitaire en faveur des armes qui s’avérèrent les plus efficaces.

Dès l’année suivante, le nombre de commandes d’Exocet augmenta de manière importante.

Références :
Falklands: “The Sphinx and the curious case of the Iron Lady’s H-bomb”
Guerre des Malouines
Maggie’s war with treacherous Mitterrand over Exocet missile: Archive files reveal ‘James Bond’ plot to hijack aircraft carrying French-made weapons
Thatcher ‘threatened to nuke Argentina’

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Écrit par Jean-Pierre Martel


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