En légalisant l’homosexualité au Canada en 1969, le premier ministre Pierre-Elliott Trudeau déclarait :
L’État n’a rien à faire dans les chambres à coucher de la nation.
Depuis, les temps ont changé.
L’espionnage ‘passif’ du Canada
Depuis les révélations d’Edward Snowden en 2013, on sait que les cinq pays à majorité anglo-saxonne — les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, l’Australie et la Nouvelle-Zélande — ont mis sur pied un système de surveillance qui épie tous les courriels, tous les textos et toutes les conversations téléphoniques au monde.
Non pas qu’un espion écoute en direct chacune de nos conversations téléphoniques, mais qu’elles sont toutes stockées sur d’immenses serveurs et qu’elles seront écoutées si les autorités jugent approprié de faire enquête sur une ou plusieurs personnes parmi nous.
Ce système est opéré par les États-Unis. Et le Canada a consenti à l’espionnage américain de ses citoyens. Mais même si le Canada avait refusé son consentement, les États-Unis le feraient pareil.
De plus, la loi américaine autorise Washington à demander secrètement l’accès à toutes les données (y compris les données biomédicales) hébergées sur un serveur situé aux États-Unis ou qui appartient à une entreprise américaine.
Encore là, même si le Canada s’y opposait, cela ne changerait rien.
L’espionnage actif du Canada
Depuis janvier 2019, la Loi sur la statistique permet à Statistique Canada de recueillir automatiquement, et sans leur consentement, les informations bancaires de 500 000 Canadiens. Ces informations comprennent l’identité, le solde bancaire et les transactions effectuées.
Une fois le système rodé, il sera étendu à l’ensemble de la population canadienne.
Puisque cette collecte vise, officiellement, à aider les entrepreneurs à étoffer leurs plans d’affaires, on peut présumer que cette collecte ne vise pas seulement à savoir le total d’une transaction commerciale, mais le détail de ce qui a été acheté.
Dans tous les cas, ces informations ne seront pas anonymisées.
D’autre part, la semaine dernière, on apprenait que le recensement de 2026 comprendra de nouvelles questions.
Plus précisément, toute personne inscrite au recensement et âgée de quinze ans ou plus sera obligée (sous peine de sanctions) de révéler à l’État son orientation sexuelle.
La personne devra choisir entre se déclarer hétérosexuelle, lesbienne ou gaie, bisexuelle ou pansexuelle, ou pourra apporter les précisions nécessaires dans un espace prévu à cet effet.
Il existe une multitude de sondages qui permettent de connaitre assez précisément le pourcentage des différentes préférences sexuelles de la population.
De plus, par nos clics sur les médias sociaux, par les textes ou les vidéos ce qu’on choisit de consulter, les services de renseignements ont une idée vague de nos préférences sexuelles. Mais ce n’est pas une preuve formelle.
Par le biais du recensement, Ottawa veut des noms et il veut des aveux. Des aveux obtenus sous la menace des sanctions prévues par la loi contre ceux qui refusent de répondre aux questions du recensement. En somme, il veut savoir qui couche avec quoi (à défaut de savoir avec qui).
On est donc aux antipodes de l’époque où on croyait que ce qui se passait dans les chambres de la nation ne regardait pas l’État.
Malheureusement, en apposant une étoile jaune au dossier étatique des bénéficiaires des politiques d’ÉDI (Équité, Diversité et Inclusion), on donne à des régimes moins bienveillants qui pourraient suivre tous les outils pour les persécuter.
De plus, contrairement à la Canadian Constitution — cette constitution adoptée par le Canada anglais sans le Québec en 1982 — la Charte québécoise des droits et libertés de la personne reconnait explicitement le droit à la vie privée.
Son article 5 se lit comme suit :
5. Toute personne a droit au respect de sa vie privée.
En violant ce droit, Ottawa donne aux Québécois une raison de plus de vouloir l’indépendance du Québec.
Références :
CLOUD Act
L’affaire Alstom
Bill omnibus (Trudeau)
Edward Snowden
Informations bancaires: Statistique Canada veut rassurer les citoyens
L’espionnage de l’État canadien n’a pas de limite
Recensement 2026 : de nouvelles questions pour mieux comprendre les Canadiens
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