Introduction
Plus tôt cette semaine, le juge Bertrand St-Arnaud condamnait à cinq ans de prison un ex-conseiller financier chez Desjardins qui avait voulu écouler sur le marché noir québécois près de 250 armes de poing achetées aux États-Unis.
Tout indique que l’accusé n’avait pas l’intention d’assassiner quelqu’un, de commettre des vols à main armée, ou de menacer des citoyens respectables. Son seul but était de faire de la contrebande d’armes.
La culpabilité des contrebandiers
Est-ce qu’on innocente celui qui commandite un meurtre sans le commettre lui-même ? Évidemment pas; on juge plus sévèrement celui qui ordonne que celui qui obéit.
De la même manière, toute personne qui, en toute connaissance de cause, rend possible des centaines de meurtres est plus coupable que celui qui en commet un seul.
Afin de dissuader la contrebande d’armes à feu, il est essentiel que les tribunaux soient impitoyables envers ceux qui s’y adonnent.
Dans son jugement, le juge St-Arnaud ne semble pas avoir tenu compte de cela.
Invoquant l’absence d’antécédents criminels de l’accusé, la reconnaissance de sa culpabilité, ses remords qui semblent sincères, la détention risquée de l’accusé en temps de pandémie, le juge a imposé une sanction qui équivaut à sept jours de prison par pistolet.
Une farce.
Cette clémence s’explique par le jeu de compromission qui se joue dans les antichambres de l’appareil judiciaire.
En échange d’un plaidoyer de culpabilité et du consentement à la confiscation du lieu du crime — la maison à cheval sur la frontière canado-américaine achetée tout spécialement par l’accusé pour faciliter sa contrebande,— la poursuite et la défense se sont entendues pour réclamer d’un commun accord une sanction particulièrement clémente. Ce à quoi le juge a consenti. Ce qu’il n’était pas tenu de faire.
Conclusion
Alors que la ministre de la Sécurité publique du Québec, Geneviève Guilbault, est préoccupée par la hausse importante des incidents impliquant des armes à feu dans la région de Montréal, voilà qu’un juge impose une sanction molle et insignifiante à la suite de la plus importante saisie d’armes au Québec depuis des années.
Allouer cinq-millions$ en vue de la création d’une équipe policière dédiée à la lutte contre le trafic d’armes d’une part, et d’autre part consentir implicitement à ce que les tribunaux sabotent les efforts des policiers pour nous protéger, cela n’est pas logique.
Du coup, on devrait s’attendre à ce que le ministre de la Justice du Québec, Simon Jolin-Barrette, porte cette cause en appel et réclame la prison à perpétuité pour ce contrebandier.
Voilà comment faire réfléchir tous ceux qui songeraient à l’imiter.
Références :
Trafic d’armes : William Rainville écope de cinq ans de prison
Québec viendra en aide à Montréal dans la lutte contre le trafic d’armes à feu
William Rainville plaide coupable et est condamné à cinq ans
Parus depuis :
Fusillades à Montréal : « Assez, c’est assez! » dit le SPVM (2021-08-04)
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