Ukraine : des dizaines de milliers de morts de trop

Le 26 février 2024

Le président Zelensky déclarait hier qu’en deux ans de guerre, 31 000 soldats ukrainiens étaient morts au combat. Cela ne comprend pas les pertes civiles. Ni les blessés.

Normalement, en temps de guerre, on évite de préciser le cout humain du conflit afin de ne pas nuire au moral de la population.

Le président ukrainien l’a probablement fait pour atténuer le jusqu’au-boutisme qui prévaut dans les régions les moins affectées par la guerre et pour préparer la population du pays à des choix difficiles.

De nos jours, un nombre croissant d’Occidentaux croient que les milliards de dollars donnés à l’Ukraine ne font que prolonger les souffrances de son peuple.

La réalité crue est évidente; la Russie gagnera la guerre.

En mars 2022, quelques semaines après le début du conflit, les pourparlers entrepris à l’initiative de la Turquie étaient sur le point d’aboutir; les négociateurs russes et ukrainiens en étaient venus à une entente.

Dès que la rumeur s’est répandue, Boris Johnson (alors premier ministre britannique) s’était précipité à Kyiv pour convaincre le cabinet de Zelensky de ne pas signer cet accord, que grâce à l’appui de la machine de guerre occidentale, l’Ukraine serait victorieuse et qu’auréolé de gloire, ce pays serait accueilli triomphalement dans l’Otan.

Des dizaines de milliers de morts plus tard, les États-Unis réalisent qu’ils n’ont plus besoin de l’Ukraine.

Ils ont affaibli l’armée russe en versant le sang des autres.

Ils ont eu deux ans pour faire tester leur armement dans les conditions réelles d’une guerre et découvert l’usage qu’on peut en faire des nouvelles technologiques (les drones et les données de géolocalisation).

L’Allemagne s’est sevrée des hydrocarbures russes et conséquemment, a perdu son plus important avantage concurrentiel face aux États-Unis. Elle a même consenti (stupidement) à la destruction des gazoducs Nord Stream I et II. Ce qui consomme le divorce économique russo-européen.

De plus, Washington n’a plus besoin de l’Ukraine pour y déployer au plus près ses missiles nucléaires contre la Russie puisque cela est maintenant possible à partir de la Finlande (depuis son adhésion récente à l’Otan).

À moins qu’ils soient chassés du pouvoir à l’occasion des élections prévues cette année, les gouvernements européens sont actuellement convaincus d’une nouvelle version de la théorie des dominos.

En vertu de cette théorie, si l’Ukraine tombe, la Russie victorieuse se lancera aussitôt (ou dans quelques années) à la conquête du reste de l’Europe. Et le monde libre tombera alors entre les ‘griffes du communisme’.

Après que la Russie ait péniblement gagné la guerre contre un pays d’environ 44 millions d’habitants, on veut nous faire croire qu’elle lancerait ses troupes contre l’Occident, peuplé de 880 millions d’habitants (vingt fois plus).

Du coup, on voit l’Europe se précipiter pour acheter de l’armement américain pendant que nous, en Amérique du Nord, accueillons à bras ouverts la délocalisation de son industrie lourde.

Grâce au narratif des agences de presse inféodées à Washington, les Européens ont consentis à la plus vaste opération de pillage industriel depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Pendant ce temps, l’Ukraine compte ses morts.

Bref, à l’heure où les peuples d’Europe, appauvris par la pandémie au Covid-19 et le cout des sanctions contre la Russie, prennent conscience de leur appauvrissement, on tente de leur faire croire qu’il leur faut maintenant se serrer la ceinture et consentir à des investissements colossaux en matière de défense…

En 2011, j’ai écrit que l’Humanité était entrée dans l’Âge des révoltes. Il est douteux que les années qui viennent fassent la démonstration du contraire…

Références :
Guerre en Ukraine : environ 31 000 soldats ukrainiens sont morts depuis le début de la guerre, déclare Volodymyr Zelensky
Guerre russo-ukrainienne et désindustrialisation de l’Europe
La guerre russo-ukrainienne et la vassalisation de l’Europe
Le sabotage des gazoducs Nord Stream par les États-Unis

Complément de lecture : L’engrenage ukrainien

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à la guerre russo-ukrainienne, veuillez cliquer sur ceci.

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2 commentaires à Ukraine : des dizaines de milliers de morts de trop

  1. André joyal dit :

    « De nos jours, un nombre croissant d’Occidentaux croient que les milliards de dollars donnés à l’Ukraine ne font que prolonger les souffrances de son peuple.»

    Imaginez ô combien ils vont souffrir si Poutine en fait un vassal telle la Biélorussie!

    Quelles autres révoltes prévoyez vous d’ici 2030?

    • Jean-Pierre Martel dit :

      Alliée de l’Allemagne nazie, la Finlande a été conquise par la Russie. Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la Finlande a cultivé d’excellentes relations avec son puissant voisin. Ce qui n’a pas empêché les Finlandais d’être le peuple le plus heureux sur Terre.

      L’avenir nous dira si la perte de sa neutralité militaire lui sera profitable.

      Pour revenir à l’essence de votre commentaire, j’ajouterais ceci.

      Le texte Petite histoire de l’État moderne fait la démonstration que la civilisation est née avec le partage des ressources hydriques, l’apparition des cités-États et la spécialisation des métiers que celles-ci rendaient possible.

      À l’inverse, le cancer des civilisations, c’est l’égoïsme.

      De nos jours, cet égoïsme se manifeste de diverses manières. C’est l’égoïsme fiscal par le recours aux paradis fiscaux. C’est l’exaltation des différences ethniques par le multiculturalisme. Et c’est l’égoïsme individuel consécutif à l’idéalisation du moi.

      Dans un tel contexte, le mot le plus archaïque du dictionnaire est sans aucun doute le mot sacrifice. Plus aucun dirigeant occidental n’est capable de faire appel à l’esprit de sacrifice au nom de l’intérêt commun. Ce qui entraine une impossibilité de traverser des crises profondes sans éclatement de la cohésion sociale.

      Puisque le sentiment d’injustice est le moteur des révolutions, on peut donc prévoir que ces révoltes surviendront dans des pays où règnent de grandes inégalités sociales et où le peuple sera laissé à lui-même en raison de l’endettement public.

      Par contre, là où la rigueur de la Foi aura perpétué cet esprit de sacrifice, on échappera sans doute à l’Âge des révoltes.

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