146 pays membres de l’Onu reconnaissent l’existence d’un État palestinien

22 mai 2024
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Paru depuis : L’Arménie reconnaît l’Etat de Palestine, Israël promet « une réprimande sévère » à l’ambassadeur d’Erevan (2024-06-21)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


‘Antisémitisme’ et liberté d’expression

22 mai 2024

La définition de l’IHRA

L’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste — mieux connue sous son sigle anglais d’IHRA — est une organisation fondée en 1998. Elle regroupe des représentants de 35 pays membres.

Il existe déjà plusieurs définitions de l’antisémitisme. En 2016, l’IHRA a adopté la sienne, qui se lit comme suit :

L’antisémitisme est une certaine perception des Juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte.

Telle quelle, cette définition qualifie d’antisémitisme toute manifestation rhétorique (ce qui veut dire toute opinion verbale ou écrite) qui critique une personne juive (ex.: Benjamin Netanyahu) ou une institution juive (ex.: l’armée israélienne).

Cette définition est accompagnée de onze exemples destinés à faciliter son interprétation.

L’endossement des gouvernements occidentaux


 
Depuis 2016, de nombreuses organisations juives ont fait pression sur leurs gouvernements respectifs pour qu’ils adoptent cette définition.

C’est ce qu’a fait la Grande-Bretagne. Dès l’adoption par la Chambre des Communes, le gouvernement britannique a demandé à ses ministères, à ses agences et aux organismes paragouvernementaux de tenir compte de cette définition dans leur interprétation de ce qui constitue l’antisémitisme.

La France dispose d’une institution, appelée Académie française, dont le rôle est précisément de définir le sens des mots. Mais cela ne suffit pas.

Conséquemment, à la suite du parlement européen, l’Assemblé nationale française a adopté elle aussi la définition de l’IHRA par un votre de 154 voix pour et de 72 voix contre.

Plus de 350 députés n’ont pas voulu participer au vote en raison de la controverse qu’elle a suscitée.

Même s’il s’agit d’une résolution non contraignante (c’est-à-dire qui n’a pas force de loi), cela ne veut pas dire qu’elle est sans effet.

Au sein de l’administration publique française, on a fait savoir que cette résolution a été adoptée « afin de soutenir les autorités judiciaires et répressives dans les efforts qu’elles déploient pour détecter et poursuivre les attaques antisémites.»

Ici même au Canada, le parlement canadien a adopté la définition de l’IHRA sans toutefois modifier le Code criminel en conséquence.

En juin 2021, une motion à ce sujet a été soumise à l’Assemblée nationale du Québec par le gouvernement Legault. Toutefois, pour être recevable et débattue, il fallait le consentement unanime des députés. Or Québec Solidaire s’y est opposé. Ce qui fait que le Québec n’a jamais adopté cette définition, contrairement à la plupart des autres provinces canadiennes.

Précisons que les États-Unis pourraient être le premier pays à inscrire la définition de l’IHRA dans sa législation.

L’an dernier, la Chambre des Représentants américaine a adopté le projet de loi intitulé Anti-Semitism Awareness Act of 2023 par un votre de 320 voix pour et 91 voix contre. Ce projet de loi vise à incorporer la définition de l’IHRA au chapitre VI de la Loi sur les Droits civiques de 1964.

Il reste encore à ce projet de loi de recevoir l’assentiment du Sénat et la signature présidentielle pour entrer en vigueur.

La liberté d’expression

Le 24 octobre 2023, le ministre français de l’Intérieur annonçait que des poursuites pénales seraient intentées contre ceux qui nient la décapitation des bébés au kibboutz de Kfar Aza par le Hamas, le 7 octobre dernier. Or il est maintenant admis qu’il s’agissait-là d’une nouvelle fallacieuse de la propagande israélienne.

Tous les journalistes qui ont travaillé à rétablir la vérité ont implicitement porté atteinte à la crédibilité de l’armée israélienne et sont donc coupables d’antisémitisme selon la définition de l’IHRA.

Le mois dernier, l’Allemagne a déployé 930 policiers afin d’interrompre la tenue d’un colloque pro-palestinien (notamment en coupant l’électricité et en confisquant les micros) après avoir interdit l’entrée sur le sol allemand des conférenciers étrangers invités.

D’autre part, puisque le sionisme milite pour que l’État d’Israël englobe toute la Palestine et donc, agrandisse ses frontières jusqu’au Jourdain, l’expression ‘Du fleuve à la mer’ — c’est-à-dire du Jourdain à la Méditerranée — pourrait être un slogan sioniste.

Mais de la bouche d’un manifestant pro-palestinien, cela devient de l’antisémitisme, tout comme le slogan ‘Free Palestine’ (ce qui signifie ‘Vive la Palestine libre’).

L’humoriste Guillaume Meurice est en attente de la décision d’un tribunal français après que plusieurs associations juives aient porté plainte contre lui pour avoir déclaré publiquement que Benjamin Netanyahu était ‘une sorte de nazi sans prépuce’.

À l’encontre de ceux qui campent sur le campus de l’université McGill, les manifestants pro-Israël ont raison de les accuser d’antisémitisme (selon la définition de l’IHRA) puisque toute critique de l’État d’Israël ou de son armée répond à cette définition.

L’envers du décor

Juriste américain réputé, Kenneth Stern est l’auteur principal de la définition de l’IHRA. Selon lui, cette définition a été adoptée exclusivement à des fins de recherche.

Sa formulation vague (“…une certaine perception des Juifs qui peut se manifester…”) est voulue. Elle permet aux chercheurs de quantifier les actes clairement antisémites et de voir dans quelle mesure un narratif qui ne l’est pas tout à fait peut évoluer avec le temps.

Depuis moins d’une décennie, par rectitude politique, les politiciens occidentaux ont cédé aux associations juives les plus militantes qui réclamaient l’adoption de la définition de l’IHRA, présentée comme le fruit d’un consensus international.

En réalité, pour ces associations, cette définition est une occasion en or. En multipliant les plaintes d’antisémitisme auprès des forces de l’ordre, on peut ainsi harceler en toute légalité ceux qui se montrent critiques envers les dirigeants israéliens.

Mais voilà qu’un conflit au Proche-Orient reverse l’opinion publique contre Israël alors qu’on assiste au premier génocide télévisé de l’Histoire.

En faisant fi des avertissements selon lesquels l’adoption de la définition de l’IHRA est liberticide, les gouvernements occidentaux se retrouvent aujourd’hui déconnectés de leur population, massivement antisémite selon leurs propres critères.

Cette déconnexion s’étend à l’ensemble de l’Humanité alors que s’élargit le gouffre idéologique entre le Sud Global et un Occident à la recherche de ses repères moraux.

Références :
Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste
Appel de 127 intellectuels juifs aux députés français : « Ne soutenez pas la proposition de résolution assimilant l’antisionisme à l’antisémitisme »
Après avoir traité Netanyahu de « nazi sans prépuce », Guillaume Meurice défend sa liberté d’expression
Germany cancels pro-Palestine event, bars entry to Gaza war witness
Germany’s crackdown on criticism of Israel betrays European values
Kenneth Stern, juriste américain : « Notre définition de l’antisémitisme n’a pas été conçue comme un outil de régulation de l’expression »
La définition opérationnelle de l’antisémitisme
La résolution controversée sur la lutte contre l’antisémitisme adoptée par les députés
Le Canada adopte la définition de l’antisémitisme de l’IHRA
Left-wing Jewish Alliance Calls on Biden to Reject Antisemitism Definition That Includes anti-Zionism
Les «bébés de Kfar Aza» au cœur de la guerre de communication entre le Hamas et Israël
Les défenseurs des droits de la personne applaudissent le Québec pour avoir rejeté l’adoption de la définition de l’antisémitisme controversée de l’IHRA
Massacre de Kfar Aza
Montréal n’adopte pas la définition de l’antisémitisme de l’IHRA
« Quarante bébés décapités » : itinéraire d’une rumeur au cœur de la bataille de l’information entre Israël et le Hamas
Quebec hasn’t adopted IHRA definition of anti-Semitism despite vote
Will the US adopt IHRA’s anti-Semitism definition? What’s the controversy?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’enseignement universitaire dans la bande de Gaza

23 avril 2024

Malgré la séparation territoriale entre la bande de Gaza et la Cisjordanie — la première gouvernée par le Hamas et la seconde par l’Autorité palestinienne — les étudiants universitaires palestiniens passent les mêmes examens, élaborés en Cisjordanie par le ministère de l’Éducation.

En raison de la situation dans la bande de Gaza, ce ministère a décidé cette année d’annuler la tenue des examens du baccalauréat dans toute la Palestine.

La population palestinienne est la plus instruite du Proche-Orient (en excluant Israël). Peuplée de 2,3 millions d’habitants, la bande de Gaza compte sept universités, dont une seule est publique. Les autres sont financées par des fonds privés.

Au sein de la population palestinienne, l’importance de l’éducation fait consensus; à leurs yeux, c’est la seule manière de sortir de la misère.

En économisant au maximum leurs faibles revenus, les parents palestiniens amassent les sommes considérables qui sont nécessaires pour faire instruire éventuellement leurs enfants. Par exemple, les sept années du cours de médecine représentent un déboursé total d’environ 90 000$, tout compris.

Motivés par leurs parents, plus des trois quarts des jeunes Palestiniens font des études universitaires. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, cela n’est pas réservé qu’aux jeunes hommes. Sur les campus, les universitaires sont à 52,5 % des hommes et à 47,5 %, des femmes.

Grâce aux contacts que possèdent les professeurs, l’étudiant talentueux a de bonnes chances de se voir proposer une bourse pour partir à l’Étranger.

Or les membres de la diaspora palestinienne, conscients des sacrifices consentis par leurs parents, n’hésitent pas à leur transférer de l’argent pour les remercier.

Ces transferts sont des millions de dollars investis dans l’économie de Gaza.

Malheureusement, à l’heure actuelle, la plupart des écoles et des universités de la bande de Gaza ont été partiellement ou entièrement détruites depuis la réplique israélienne à l’attaque du Hamas.

En principe, le bombardement d’une maison d’enseignement est un crime de guerre… sauf si la puissance ennemie possède des raisons sérieuses de croire que l’établissement scolaire sert de paravent à des activités militaires. Or justement, Israël prétend posséder de telles preuves.

Voilà pourquoi ce pays a rendu inopérantes toutes les maisons d’enseignement de la bande de Gaza.

C’est d’ailleurs pour cette même raison qu’Israël a également aplani au bulldozeur la moitié des cimetières gazaouis, mélangeant les ossements des uns et des autres, puisque le Hamas y cachait des centres de commandement militaire entre les tombes, parait-il…

Références :
« Comme tous les pouvoirs coloniaux, Israël ne veut pas d’une société éduquée »
Enquête vidéo : comment Israël détruit les cimetières de Gaza
Moins de diplômés universitaires au Québec qu’ailleurs au pays
The Palestinian Diaspora and the State-Building Process
Université en Palestine

Complément de lecture :
« Je vais vous parler de notre vie sous la tente, et de celle des milliers de gens qui nous entourent » (2024-06-10)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Gaza : les mots qui comptent

22 mars 2024

Au cours des semaines qui ont suivi l’attaque du Hamas et la réplique israélienne, le Canada s’est opposé à la fois à une trêve et à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Puis en décembre 2023, Ottawa a semblé faire volteface en se déclarant favorable à un cessez-le-feu durable.

L’adjectif durable était important puisque le cessez-le-feu dont parlait Ottawa concernait un arrêt des hostilités au cours duquel le Hamas aurait déposé les armes et libéré tous ses otages et ses prisonniers israéliens.

En réalité, ce qu’Ottawa appelait ‘cessez-le-feu durable’, c’était la capitulation du Hamas; un belligérant qui dépose les armes et libère ses otages est un belligérant qui capitule.

Depuis ce temps à l’Onu, les États-Unis n’ont cessé de bloquer les résolutions présentées par d’autres pays ou de proposer des amendements dont le but était de modifier implicitement le Droit international dans le but de faire reconnaitre à Israël un droit de se défendre.

Dans le langage courant, le ‘droit de se défendre’ est le droit légitime de répliquer contre n’importe quelle agression.

Toutefois, dans le contexte d’une guerre coloniale, le colonisé — ici, le peuple palestinien — a non seulement le droit de se défendre, mais également celui d’attaquer par les armes son colonisateur… du moment où il le fait en respectant le Droit de la guerre.

En pareil cas, le colonisateur ne possède pas, légalement, le droit de répliquer. Sinon, le Droit international reconnaitrait le droit de réprimer ceux qui s’opposent à leur dépossession et conséquemment, cautionnerait le droit de coloniser.

Voilà pourquoi toutes les initiatives américaines à l’Onu ont échoué jusqu’ici.

Ce matin, les États-Unis ont présenté au Conseil de sécurité de l’Onu un projet de résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza. Cette résolution aurait été adoptée à 11 contre 3 (et une abstention) n’eût été les vétos de la Chine et de la Russie.

Pourquoi ces deux pays s’y sont-ils opposés ?

Ce projet de résolution comportait deux exigences.

La première concernait le Hamas. Celui-ci devait libérer tous ses otages israéliens. Précisons qu’en vertu du Droit international, seuls les civils peuvent être considérés comme des otages; les soldats ennemis sont des prisonniers de guerre (et non des otages).

La deuxième exigence s’adressait au Hamas et à Israël. Les deux étaient sommés d’entamer une négociation en vue d’un cessez-le-feu sans, toutefois, d’obligation de réussite.

Cette dernière est facile à respecter puisque, jusqu’ici, les deux parties ont procédé à d’innombrables séances officieuses de négociation, notamment grâce aux efforts diplomatiques des Émirats arabes unis.

Par contre, la première exigence des États-Unis transformait leur résolution en marché de dupe. Si le Hamas ne la respectait pas, il se retrouvait en violation du Droit international. Par contre, s’il la respectait, il perdait tout pouvoir de négociation avec Israël lors de négociations que ce dernier avait toute la latitude de faire échouer.

Références :
Cessez-le-feu dans la bande de Gaza : la Russie et la Chine mettent leur veto au projet de résolution des Etats-Unis
Droit international et géopolitique (deuxième partie)
Guerre Israël-Hamas : pourquoi Ottawa refuse-t-il de demander un cessez-le-feu?
Immédiat ou durable? Les subtilités du «cessez-le-feu» demandé par le Canada
What did the US’s vetoed Gaza ceasefire resolution say?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Des Gravol™ pour Amira Elghawaby

10 mars 2024


Avant-propos : Le texte qui suit décrit des scènes qui pourraient heurter la sensibilité de certains lecteurs.

À l’époque où elle n’était que militante, Amira Elghawaby avait déclaré qu’entendre dire que les francoQuébécois étaient un peuple opprimé, cette idée provoquait en elle une telle révulsion que cela lui donnait envie de vomir.

Depuis ce temps, Ottawa l’a nommée représentante spéciale du Canada dans la lutte contre l’islamophobie, un poste créé spécialement pour elle.

Au cours des dernières semaines, des dizaines de milliers de civils musulmans sont tués dans la bande de Gaza grâce à la complicité d’Ottawa.

L’Aviation royale canadienne a aidé Israël à rapatrier ses soldats de l’Étranger et le Canada lui vend des armes. Notre pays a même voulu couper les vivres à l’UNRWA, une mauvaise décision sur laquelle il est revenu récemment après le tollé que cela a provoqué.

Des dizaines de milliers de civils gazaouis (donc musulmans) sont morts. Encore plus ont été blessés.

De retour d’un hôpital où il œuvrait dans la bande de Gaza, un médecin français racontait que, dans son établissement, entre 6 et 30 césariennes sont pratiquées quotidiennement à froid.

Cela signifie que dans chacun de ces cas, le médecin ouvre l’abdomen de sa patiente et lui coupe l’utérus au bistouri, en extrait le bébé dont il coupe le cordon ombilical, puis recoud sa patiente pendant que celle-ci — si elle ne s’est pas évanouie — crie de douleur.

Puisque les Gazaouis disposent en moyenne de 1½ à 2 litres d’eau par jour, on s’en sert exclusivement pour boire et pour manger. Conséquemment, on ne se lave pas.

Voilà pourquoi beaucoup de blessures s’infectent et se gangrènent.

Jusqu’ici, plus de dix-mille enfants ont été amputés à froid.

Concrètement, cela signifie qu’on met un torchon dans la bouche de l’enfant. Et pendant que des adultes l’empêchent de bouger, le chirurgien lui scie le genou, le coude ou l’épaule afin d’empêcher l’infection de se disséminer dans tout le corps du bambin.

Dernièrement, alors que certains pays occidentaux larguaient par avion des caisses de vivres au-dessus de la bande de Gaza, l’armée israélienne en a profité pour mitrailler et tuer 118 affamés (en plus d’en blesser 760 autres) parmi ceux qui se précipitaient sur la nourriture. Un incident qu’on a appelé le Massacre de la farine.

Comme nous tous, Mme Elghawaby assiste quotidiennement au premier génocide télévisé de l’histoire de l’Humanité.

On aurait pu s’attendre à ce que Mme Elghawaby démissionne pour se dissocier des conséquences, pour les civils musulmans, de l’appui inconditionnel de son gouvernement à l’égard d’Israël ou, au moins, qu’elle exprime publiquement ma dissidence à ce sujet.

Pourtant, on ne l’entend pas.

Est-elle victime d’un bâillon imposé par Ottawa ? C’est possible.

Mais on peut également supposer que ce qui l’empêche de prendre la parole publiquement, ce sont ses vomissements répétitifs, elle si sujette aux nausées…

Complément de lecture : Le comportement des enfants de Gaza a beaucoup changé

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Écrit par Jean-Pierre Martel


États-Unis : l’importance politique des sionistes chrétiens

23 février 2024

De 1948 (l’année de la création de l’État d’Israël) à 2023, les États-Unis lui ont versé environ 260 milliards$US, majoritairement sous forme d’armement. Ce qui fait de ce pays, de loin, le principal bénéficiaire de l’aide américaine.

À l’Onu, les États-Unis ont principalement utilisé leur droit de véto au Conseil de sécurité pour protéger Israël des critiques et des sanctions internationales.

De nos jours, qu’est-ce qui explique l’appui inconditionnel des États-Unis à l’égard de ce pays ?

Au début de son témoignage de la semaine dernière devant la Commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat français, le spécialiste Jean-Pierre Filiu souligne (de 8:34 à 21:14) l’importance capitale que joue le sionisme chrétien dans la politique des États-Unis à l’égard d’Israël.

Qu’est-ce que le sionisme et en quoi le sionisme chrétien se distingue-t-il ?

Dans la Bible hébraïque, ‘fille de Sion’ est la désignation poétique de la ville de Jérusalem et de sa population. Par extension, cela désigne l’ensemble du peuple juif.

À sa naissance en Europe au XIXe siècle, le sionisme était l’aspiration du peuple juif à posséder un pays qui lui serait propre en Palestine. Cette aspiration mènera à la formation de l’État d’Israël en 1948.

Apparu des siècles plus tôt, le sionisme chrétien est un dogme religieux créé par des théologiens protestants.

De nos jours, sans nécessairement savoir que cela porte le nom de ‘sionisme chrétien’, environ le quart de la population américaine et environ la moitié de l’électorat républicain croit en ce dogme. Que dit-il ?

Ce dogme proclame que la Terre promise par Dieu à Abraham et à sa descendance est inaliénable, c’est-à-dire qu’elle ne peut être partagée avec d’autres peuples.

De plus, cette Terre sainte s’étend de la Méditerranée au Jourdain. Ce qui signifie que les Arabes doivent en être chassés.

La reconstitution de l’Israël biblique (le Grand Israël) est la première étape d’un processus apocalyptique qui mènera bientôt au retour du Christ et à l’établissement définitif du Royaume de Dieu sur Terre.

Toutefois, pour ce faire, les Israéliens devront reconnaitre Jésus de Nazareth comme étant leur Messie. En d’autres mots, ils devront se convertir au christianisme, croient les Sionistes chrétiens.

C’est pour cette raison que les Juifs américains (qui votent majoritairement pour le parti Démocrate) se méfient des Sionistes chrétiens (qui votent massivement pour le parti Républicain).

En outre, le soutien de ces derniers en faveur de la politique coloniale d’Israël en Palestine est insensible aux considérations humanitaires puisqu’il trouve sa source dans la lecture littérale de la Bible. Pour eux, même si Dieu semble parfois cruel, ils n’ont d’autre choix que de s’incliner devant Sa Volonté.

En somme, aimer et apporter son soutien inconditionnel à Israël ne relève pas d’un choix car il s’agit d’un Ordre Divin.

En raison de leur importance démographique, les Sionistes chrétiens exercent dans le Bible Belt (ci-contre, en rouge) une influence politique considérable.

Peu importe les résolutions de l’Onu et les décisions éventuelles de la Cour pénale internationale, Washington soutiendra pendant encore longtemps la colonisation israélienne dans les territoires occupés.

Tout au plus, peut-on s’attendre à ce que le gouvernement américain condamne ses excès du bout des lèvres. À défaut de quoi, il pourrait en payer un prix politique élevé…

Références :
Bible Belt
Les chrétiens sionistes aux États-Unis
Moyen-Orient : l’embrasement (vidéo)
Pourquoi les États-Unis soutiennent-ils Israël ?
Sionisme
Sionisme chrétien

Parus depuis :
Aux sources de la ferveur des chrétiens évangéliques envers Israël (2024-03-17)
L’église vidée par Trump (2024-06-15)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Gaza, Taïwan et Ukraine : la revue d’Alain Juillet à Stéphan Bureau

12 février 2024
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Depuis quelques décennies, le journaliste Stéphan Bureau réalise des entrevues en profondeur auprès de personnalités marquantes du monde artistique, politique ou économique.

Il y a onze jours, il s’entretenait avec Alain Juillet. Pionnier de l’intelligence économique en France, ce dernier est également un spécialiste du contre-espionnage puisqu’il a été directeur du renseignement au sein de la DGSE (Direction générale de la Sécurité extérieure).

C’est actuellement un des plus brillants analystes européens en matière de géopolitique. Je vous invite à regarder cet entretien.

En moins de 90 minutes, M. Juillet présente tout ce qu’il faut retenir au sujet du conflit israélo-palestinien et, accessoirement, quant aux tensions entre l’Occident et la Russie en Ukraine, de même qu’entre les États-Unis et la Chine à Taïwan.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’aide humanitaire à Gaza : l’hypocrisie du Canada

31 janvier 2024

Les allégations israéliennes contre l’Onu

Vendredi dernier, les dirigeants israéliens ont accusé une agence de l’Onu (l’UNRWA) de compter des terroristes parmi son personnel.

Le jour même, onze pays occidentaux se sont empressés de suspendre leur contribution à cette agence : les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Finlande, l’Autriche, la Roumanie, l’Italie, le Japon et l’Australie.

Pour compenser, le ministre canadien du Développement international annonce aujourd’hui que son ministère versera 40 millions$ à des organismes qui prendront, dit-il, la relève de l’UNRWA :

« Nous accordons un financement d’urgence supplémentaire pour que nos partenaires fiables et expérimentés du secteur humanitaire puissent continuer à veiller à ce que ce financement vienne en aide aux personnes plus vulnérables lorsqu’elles en ont besoin.»

L’UNRWA

L’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a été créée en 1949 à la suite de l’épuration ethnique à l’origine de la création d’Israël et après les déplacements de la population palestinienne occasionnés par le conflit arabo-israélien qui en a résulté.

L’agence offre ses services partout où se trouvent des réfugiés palestiniens au Proche-Orient.

Même si des organismes onusiens ont été créés pour pallier d’autres crises humanitaires, l’UNRWA est le seul qui s’occupe des réfugiés palestiniens.

Voilà pourquoi une vingtaine d’ONG — dont le Conseil norvégien pour les réfugiés, Oxfam et Save the Children — ont affirmé qu’il n’y a pas de solution de remplacement à l’UNRWA.

Le but de cette agence est de répondre aux besoins essentiels des Palestiniens en matière de santé, d’éducation, d’aide humanitaire et de services sociaux.

C’est ainsi qu’elle prend en charge la scolarité de plus de 540 000 enfants palestiniens au sein de ses écoles, tout en supervisant environ soixante camps de réfugiés (dont 19 en Cisjordanie et 8 dans la bande de Gaza).

Entre le 21 octobre 2023 et le 24 janvier 2024, l’Agence a distribué aux Gazaouis treize tonnes de farine, pour 6,2 millions$ de médicaments et de fournitures médicales, et 19 millions de litres d’eau.

Sur les 30 000 employés de l’Agence, 13 000 opèrent dans l’une ou l’autre de ses trois-cents installations situées dans la bande de Gaza. Ils y œuvrent comme enseignants, médecins, pharmaciens, infirmiers, aides-soignants, travailleurs sociaux et gestionnaires.

À 99 %, ces employés-là sont des Gazaouis : personne n’est plus motivé qu’eux pour aider leur propre peuple. À preuve : ils continuent d’accomplir leurs tâches en dépit du fait que 152 d’entre eux ont été tués jusqu’ici au cours de la riposte israélienne.

En supposant que les partenaires fiables dont parle le ministre recrutent d’ici peu les milliers de personnes courageuses qui voudront, sous les bombes, prendre la relève de l’UNRWA, jamais le gouvernement de Gaza (le Hamas) n’acceptera que des ONG occidentales, truffées d’espions à la solde des États-Unis, opèrent sur son sol en pleine guerre.

La solution du ministre est d’une telle stupidité qu’on se demande sur quelle planète vit le gouvernement canadien.

Conclusion

L’affrontement actuel entre le Hamas et Israël est non seulement un conflit armé; c’est aussi une guerre de propagande.

Depuis des années, l’Onu condamne la colonisation illégale de la Palestine par Israël. Même les États-Unis sont de cet avis. Pour se venger, Israël tente de discréditer l’Onu.

Pour l’instant, les allégations d’Israël semblent être vraies puisque l’UNRWA a, sur-le-champ, congédié elle-même presque tous les employés pointés du doigt par Israël.

Toutefois, on ne doit pas oublier que ces accusations concernent un millième du personnel de l’UNRWA dans la bande de Gaza.

Il y a deux jours, en éditorial, le quotidien Le Monde concluait :

« Les actes d’une dizaine d’employés ne doivent pas être instrumentalisés contre une agence tout entière, dont l’action est aujourd’hui indispensable pour éviter une catastrophe encore plus grande.»

L’empressement du Canada à couper les vivres à l’UNRWA est indécent. Alors que l’État d’Israël est accusé par l’Onu de punir tout le peuple palestinien pour des actes commis par le Hamas, le Canada fait pareil; il coupe son financement à l’UNRWA et punit ainsi les centaines de milliers de ses bénéficiaires.

Intrinsèquement, la décision d’Ottawa est déjà gênante. Défendre cette décision en prétendant que l’aide du Canada à l’égard des Palestiniens est maintenue, mais sera simplement acheminée autrement, est typique de l’hypocrisie d’Ottawa : cela n’arrivera pas.

Références :
Gaza : l’ONU mise en cause mais indispensable
Gaza: qu’est ce que l’UNRWA, cette agence de l’One mise en cause par Israël
Le Canada versera 40 millions $ à d’autres ONG que l’UNRWA pour aider à Gaza
Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient
Pourquoi l’UNRWA, l’agence d’aide humanitaire à Gaza, est au cœur d’une polémique ?
Qu’est-ce que l’UNRWA, à laquelle plusieurs pays ont suspendu leurs versements ?
What we know about Israel’s allegations against UN staffers in Gaza

Parus depuis :
Pays-Bas : un tribunal suspend la livraison de pièces de F-35 à Israël (2024-02-12)
Israël bloque au port d’Ashdod de l’aide alimentaire destinée à Gaza (2024-02-15)
Which countries are still funding UNRWA amid Israel’s war on Gaza? (2024-02-17)
Nicaragua drags Germany to ICJ for ‘facilitating Israel’s genocide’ in Gaza (2024-03-02)
Une coalition poursuit Ottawa pour faire cesser ses exportations militaires à Israël (2024-03-05)
Sept travailleurs humanitaires tués :Israël dénoncé de toutes parts (2024-04-02)

Complément de lecture :
« Je vais vous parler de notre vie sous la tente, et de celle des milliers de gens qui nous entourent » (2024-06-10)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Droit international et géopolitique (première partie)

23 janvier 2024

La portée limitée du droit international

Ce qui fait que les lois adoptées par nos gouvernements sont généralement respectées, c’est que l’État possède un certain nombre de pouvoirs répressifs — la police, les tribunaux et les prisons — destinés à punir les contrevenants.

Sans le recours à ces moyens répressifs, ce serait l’anarchie.

Mais à la différence de nos gouvernements municipaux, provinciaux et fédéral, aucune instance supranationale ne possède de moyen répressif destiné à faire respecter sa volonté.

Jusqu’à la création de la Cour pénale internationale (CPI), les crimes de guerre étaient jugés à l’issue du conflit par des tribunaux temporaires mis sur pied par les vainqueurs.

La CPI est née en 2002 de la ratification d’un traité appelé Statut de Rome. Ce tribunal ne juge pas les pays ni les gouvernements; seuls des dirigeants politiques ou militaires sont sommés d’y apparaitre.

Étendue de l’autorité de la Cour pénale internationale

Pour être inculpé, l’accusé doit remplir l’une ou l’autre des conditions suivantes :
• être citoyen d’un État qui a ratifié le traité, ou
• avoir commis son crime sur le territoire d’un État membre, ou
• avoir été référé par le Conseil de sécurité de l’Onu (où les États-Unis et la Russie ont droit de véto).

De plus, la CPI fonctionne sur le principe de la complémentarité. Si un État signataire s’acquitte de sa responsabilité de punir lui-même ses ressortissants coupables de crimes de guerre, la CPI ne s’en mêle pas.

Le cas des crimes de guerre commis dans le Sud global

Quand un pays a été le théâtre d’une guerre civile, par exemple, il est rare que ce pays ait envie de raviver de vieilles plaies en inculpant ceux qui l’ont perdue.

En effet, la réconciliation nationale passe plus souvent par le pardon que par la justice vengeresse.

Voilà pourquoi, dans le cas de chefs d’État, ceux-ci ne sont convoqués devant la CPI qu’après avoir perdu le pouvoir et lorsque leurs successeurs ont profité d’un mandat international pour se débarrasser d’eux.

Voilà pourquoi, la CPI n’a condamné que du menu fretin jusqu’ici.

Le cas américain

Les deux plus importants crimes de guerre de toute l’histoire de l’Humanité ont été commis par les États-Unis à Hiroshima et à Nagasaki. Puisque le but de ces deux bombardements était de tuer le maximum de civils japonais.

Mais ces deux crimes de guerre — à mon avis justifiés — n’ont jamais été sanctionnés par la CPI parce qu’antérieurs à sa création.

À la prison de Guantánano, quand les États-Unis ont décidé de violer la Convention contre la torture, ni G.W. Bush ni Donald Rumsfeld n’ont été inculpés à titre de criminels de guerre parce qu’ils sont citoyens d’un pays qui n’a pas ratifié le Statut de Rome et que leurs crimes ont été commis dans une prison en territoire américain (même si elle est située sur l’ile de Cuba).

Le cas russe

L’Ukraine a ratifié le Statut de Rome. Ce qui signifie que même si la Russie ne l’a pas fait, les gestes posés par l’armée russe en Ukraine relèvent de l’autorité de la CPI.

Malgré un mandat d’arrêt émis en mars 2023 par la CPI contre Vladimir Poutine, ce dernier n’a pas été arrêté dans son pays parce que, pour ce faire, il aurait fallu sa collaboration.

D’autre part, il n’a pas été arrêté non plus lors de son voyage au Moyen-Orient en décembre dernier parce qu’il n’a mis les pieds que dans des pays qui ne reconnaissent pas l’autorité de la CPI.

De plus, son avion était escorté par quatre bombardiers Su-35 afin d’éviter qu’il soit intercepté et détourné par l’Otan.

Quant à l’idée d’abattre son avion en vol, personne à l’Otan ne peut certifier que le successeur du président russe serait plus acceptable aux yeux des pays occidentaux que Poutine.

Le cas israélien

L’initiative sud-africaine d’accuser Israël pour crimes de guerre commis dans la bande de Gaza sera intéressante à suivre. Toutefois, il est à noter que cette plainte a été portée devant la Cour internationale de justice (CIJ) et non la Cour pénale internationale (CPI).

La première est un tribunal de l’Onu (donc financée par elle), alors que la CPI est un tribunal indépendant de l’Onu qui est financé par les États membres du Statut de Rome.

De plus, la CIJ s’adresse aux États (ou aux entités étatiques comme l’Autorité palestinienne). Son but est de régler pacifiquement des différends internationaux par le moyen, entre autres, de la négociation, de la médiation, de la conciliation, et de l’arbitrage.

Pour sa part, la CPI mène enquête et juge des personnes accusées d’avoir commis des crimes internationaux tels que génocide, crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes d’agression. Son but est d’empêcher l’impunité des auteurs de ces crimes afin que ceux-ci ne soient plus jamais commis.

Les États-Unis ont le pouvoir de facto de bloquer autant la CIJ que la CPI.

Rappelons qu’en septembre 2020, sous la présidence de Donald Trump, la procureure de la CPI et l’un de ses subordonnés ont été inscrits sur une liste noire américaine bloquant leurs avoirs et leur interdisant l’entrée sur le territoire américain (sauf pour New York qui dispose d’un statut spécial en raison de la présence des Nations Unies dans cette ville).

De plus, on ne voit pas comment la CIJ pourrait enquêter dans la bande Gaza si Israël interdit à ses procureurs d’y entrer.

Jusqu’ici, 83 journalistes et artisans des médias ont été tués dans la bande de Gaza. Vingt-cinq autres ont été emprisonnés. Ce n’est pas pour rien que l’armée israélienne a systématiquement assassiné les journalistes qui y œuvraient; c’est pour les empêcher de documenter comment elle y a guerroyé.

Un droit ‘facultatif’

En 2004, la CIJ a eu à se prononcer sur la légalité de l’édification d’un mur entre Israël et la Cisjordanie. Le long de ses 700 km, ce mur empiète à 80 % dans le territoire cisjordanien. Et ce, afin d’englober des colonies juives (ce qui n’est pas le cas du mur qui encercle la bande de Gaza).

Dans le cas du mur en Cisjordanie, la CIJ en est venue à la conclusion que la construction du mur, en raison de son tracé, était contraire au droit international.

Ce qui n’a pas empêché Israël d’ignorer ce jugement et de poursuite la construction de ce mur pendant plus d’une décennie sans en modifier substantiellement le tracé prévu, sinon pour englober de nouvelles colonies israéliennes.

Dans les faits, la soumission au droit international est facultative; on le respecte lorsque cela fait son affaire et on le viole lorsqu’il ne convient plus (comme le prouve également l’exemple américain au sujet du traité contre la torture).

Toutefois, lorsqu’un pays viole ce droit ‘facultatif’, il court un risque; celui qu’un pays beaucoup plus puissant saisisse le prétexte de cette violation pour faire adopter par l’Onu une résolution qui l’autorise à utiliser la force contre le pays contrevenant.

Mais qu’arrive-t-il quand l’Assemblée générale de l’Onu refuse d’autoriser une guerre punitive ?

Pour répondre à cette question, prenons le cas de la guerre en Irak.

En 2003, Washington aurait préféré obtenir de l’Onu une résolution habilitante pour justifier son invasion de ce pays.

Mais après l’échec du secrétaire américain à la Défense (Colin Powell) à convaincre les pays membres de l’Onu que ce pays possédait des armes de destruction massive, les États-Unis ont fait à leur tête; ils ont envahi illégalement l’Irak… pour finalement avouer qu’ils étaient incapables de trouver les armes de destruction massive qui justifiaient leur invasion.

Selon Wikipédia, cette guerre aurait fait entre cent-mille et deux-millions de morts.

En réalité, celle-ci n’était qu’un prétexte visant à renverser le régime de Saddam Hussain et ainsi permettre au pétrole irakien (jusque-là sous embargo) de couler librement sur les marchés internationaux afin d’en réduire le prix.

À suivre…

Références :
Conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans le territoire palestinien occupé
Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants
Cour internationale de justice, Cour pénale internationale… comment fonctionne la justice internationale ?
Cour pénale internationale
Journalist casualties in the Israel-Gaza war
Guantánamo : dix ans de honte
La torture par les États-Unis : un crime de guerre impuni
Poutine escorté par des Su-35 : son voyage dans le Golfe, une démonstration de force

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le pétard mouillé du centre de commandement du Hamas sous l’hôpital Al-Shifa

11 décembre 2023

Le mois dernier, la chaine américaine CNN diffusait un reportage du journaliste Westley Clark au cours duquel le brigadier Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, procédait à une ‘visite guidée’ des tunnels construits par le Hamas sous l’hôpital Al-Shifa, le principal hôpital de la bande de Gaza.

Puisque ce reportage est maintenant disponible sur YouTube (ci-après), les lecteurs de ce blogue qui ne parlent pas anglais peuvent maintenant choisir d’afficher des sous-titres en français, ce qui n’était pas possible originellement sur CNN.

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L’armée israélienne a justifié sa destruction de l’hôpital Al-Shifa par le fait que, selon elle, celui-ci servait de façade à des opérations militaires souterraines du Hamas.

En voyant le reportage de CNN, ce qui est frappant, c’est la minceur de la preuve.

On y voit plusieurs petites salles dont une qui est présentée comme l’arsenal du Hamas puisqu’on y trouve quatre mitraillettes laissées à terre. Plus loin, une motocyclette poussiéreuse qui a servi peut-être à l’attaque du 7 octobre dernier… ou peut-être pas.

Ailleurs, une corde près d’une modeste chaise en bois prouverait que cette dernière servait à la torture de prisonniers attachés à celle-ci.

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Les journalistes Liselotte Mas et Thomas Eydoux du quotidien Le Monde ont soigneusement analysé les vidéos publiés par l’armée israélienne pour en arriver à la conclusion que les tunnels qu’on y voit ne sont pas situés sous l’hôpital.

En réalité, le Hamas a construit un important réseau de tunnels souterrains pour les mêmes raisons que fut construit le ‘Montréal souterrain’ au centre-ville; pour se protéger d’une menace.

À Montréal, il s’agit d’une menace climatique (les rigueurs de l’hiver) alors qu’à Gaza, c’est la menace de bombardements israéliens.

Le Montréal souterrain est long de 32 km alors que les tunnels de la bande de Gaza totaliseraient près de 400 km.

Autre différence majeure : les tunnels de la bande de Gaza sont étroits et interdits aux Gazaouis en général.

Ils servent au Hamas à transporter du personnel et du matériel. En cas d’attaque, ils peuvent accélérer les déplacements lorsque les rues sont envahies par des ennemis et/ou encombrées de débris.

Il semble bien que l’armée israélienne soit obsédée par ces tunnels de Gaza comme le mari contrôlant est obsédé par les secrets de l’épouse qui lui résiste.

Complément de lecture : What ‘tunnels’ and ‘hostages’ mean in Gaza

Paru depuis : Droit international : peut-on parler de génocide à Gaza ? (2023-12-14)

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Écrit par Jean-Pierre Martel