Les obligations d’épargne du Québec ou la sécurité financière absolue

Publié le 2 mai 2025 | Temps de lecture : 5 minutes

Les différents types d’investissements

Les actions

Les indices boursiers sont basés sur la valeur des actions d’un nombre limité de grandes compagnies qui composent cet indice.

La volatilité des indices depuis l’accession au pouvoir de Donald Trump témoigne des inquiétudes des investisseurs. Cette volatilité devrait se poursuivre tant que Trump sera lui-même.

Les obligations

Les obligations rapportent des intérêts fixes. Mais lorsqu’une compagnie fait faillite, une fois que ses principaux créanciers se sont partagé ses actifs, ses obligations ne valent plus rien.

Les obligations d’organismes publics — gouvernements, municipalités, commissions scolaires, etc.— ne comportent pas un tel risque.

Rien n’est plus sécuritaire que des obligations gouvernementales. Or on peut les acheter facilement sur l’internet. Donc sans passer par un courtier.

Les cryptomonnaies

Les cryptomonnaies sont des placements purement spéculatifs. Leur valeur correspond à celle que sont prêts à payer les acheteurs. Le jour où plus personne n’en veut, elles ne valent plus rien.

Les pierres et métaux précieux

Les pierres et les métaux précieux sont des valeurs refuges. Ce sont les seules sur lesquelles on peut compter lors d’une guerre.

À l’approche d’envahisseurs, les nobles s’empressaient de dessertir (de prélever les pierres précieuses) des objets d’art qu’ils possédaient avant de s’enfuir à l’Étranger.

En comparaison avec les pierres précieuses, les métaux précieux ont l’avantage qu’on peut suivre le cours de leur valeur.

La perspective d’une guerre (et particulièrement d’une guerre mondiale) pousse l’or à des sommets. Et son prix redescend lorsque le risque est passé… pour remonter de nouveau à la crise suivante.

Mais ce cycle en cycle, son prix augmente, de 35$ l’once en 1971 à plus de trois-mille dollars aujourd’hui.

L’immobilier

Investir dans l’immobilier est une manière de placer son argent. Mais c’est un investissement qui exige du temps. Du temps pour collecter les loyers, pour gérer les conflits entre locataires, pour faire réparer les différents bris, etc.

Les obligations d’épargne du Québec

Les obligations d’épargne du Québec ne sont offertes qu’aux personnes et aux sociétés du Québec (ou celles qui sont soumises au droit québécois).

Ces obligations ne sont en vente que deux mois par année; en mai et en octobre. Tous les achats effectués au cours de ces deux mois prennent effet le premier jour du mois suivant (soit le 1er juin ou le 1er novembre).

Celles en vente présentement sont pour dix ans… mais encaissables n’importe quand. En d’autres mots, l’échéance est facultative, au choix de l’investisseur.

On peut les encaisser en partie (avec un minimum de 100 $) ou en totalité. Elles sont encaissables à leur pleine valeur, sans pénalité.

Actuellement, elles portent un taux d’intérêt de 3 % pendant douze mois. Dans un an, leur taux sera ajusté automatiquement à celui des obligations gouvernementales émises à ce moment-là.

Si entretemps, les obligations de novembre sont plus payantes, les investisseurs pourront échanger leurs obligations de juin 2025 pour celles de novembre 2025. Et ainsi de suite de six mois en six mois.

Mais si les taux baissent, les investisseurs n’ont qu’à les conserver pour le reste de l’année. Leur taux est alors garanti.

La hausse prévisible des taux d’intérêt

À moins d’un effondrement de la bourse, on peut prévoir — avec une certitude absolue — que les taux d’intérêt augmenteront au cours des prochaines années.

Le déficit record du gouvernement canadien (62 milliards $), celui du gouvernement québécois (14 milliards $), celui du gouvernement américain (6,4 % du PIB en 2024), et les déficits importants (au-delà de 3 % du PIB) des gouvernements européens afin d’acheter de l’armement pour se protéger d’une invasion russe (qui n’arrivera pas), provoqueront une surenchère destinée à séduire les épargnants.

Donc, au cours des prochaines années, les taux d’intérêt connaitront une croissance significative.

Avec les obligations d’épargne du Québec, il n’y a aucun souci de se retrouver avec un investissement qui rapporte seulement 3 % alors que les taux d’intérêt courants sont beaucoup plus élevés.

Ceux qui achètent les obligations d’épargne du Québec ont le choix entre des intérêts simples ou composés. Les intérêts simples sont versés annuellement dans le compte de banque de l’investisseur. Lorsque ce dernier préfère des intérêts composés, l’intérêt accumulé est réinvesti automatiquement.

Les personnes intéressées peuvent acheter des obligations d’épargne du Québec en cliquant sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le réveil du printemps

Publié le 1 mai 2025 | Temps de lecture : 1 minute
Primevère du Yunnan

Samedi de la semaine dernière et lundi dernier, je me suis rendu au Jardin botanique afin de capter les premiers bourgeons et les fleurs précoces du printemps.

À ces occasions, j’ai apporté un objectif manuel qui possède le défaut d’être lourd et encombrant, mais qui a l’avantage de magnifier les petites plantes en leur créant souvent un arrière-fond féérique.

Parmi les photos que j’y ai prises, je publie aujourd’hui celle-ci, ma favorite. On cliquera sur l’image pour voir cette fleur de près.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif Helios 85mm F/1,5 — 1/4000 sec. — F/1,5 — ISO 200 — 85 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’ethnonationalisme ukrainien contemporain

Publié le 26 avril 2025 | Temps de lecture : 1 minute
Cliquez sur l’image pour démarrer

Historienne de formation, Marta Havrychko est une spécialiste ukrainienne de la Shoah et de la violence sexuelle utilisée au cours de la Deuxième Guerre mondiale.

Celle-ci donnait récemment une entrevue à la chaine The Burning Archive au sujet de l’influence extra-parlementaire des groupes néonazis en Ukraine et comment leur idéologie se répand actuellement dans la société de ce pays.

L’entrevue s’est déroulée en anglais. Toutefois, il est possible d’opter pour la piste sonore en français. Dans ce cas, on obtient une traduction approximative où, par exemple, ‘pogrome’ est traduit par ‘programme’. Mais en gros, on en a le sens.

On y apprend une foule de détails à ce sujet. J’invite les lecteurs intéressés à consulter ce document.

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| Géopolitique, Guerre russo-ukrainienne, Racisme, Sociologie | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La médiocrité journalistique de l’agence Reuters

Publié le 24 avril 2025 | Temps de lecture : 2 minutes


 
Hier, le site de Radio-Canada reproduisait une dépêche de l’agence Reuters qui prétendait que la Commission européenne venait d’infliger des amendes ‘historiques’ à Apple et Meta, respectivement de 500 millions et de 200 millions d’euros.

C’est faux.

Ces amendes sont peut-être les plus importantes qui aient été imposées à ces deux compagnies, mais on ne peut pas les qualifier d’historiques. On en est loin.

En 2013, Microsoft avait été condamnée à payer 561 millions d’euros — ce qui équivaut aujourd’hui à 735 millions d’euros — pour avoir imposé par défaut le navigateur Internet Explorer à tous les utilisateurs de Windows™.

Au total, pour différentes infractions aux lois européennes, Microsoft avait dû payer à l’époque 2,16 milliards d’euros, ce qui équivaut aujourd’hui à 2,83 milliards d’euros.

En novembre dernier, nous avions sévèrement critiqué cette agence de presse pour avoir faussement qualifié de ‘pogrome’ une émeute déclenchée à Amsterdam par des voyous israéliens.

Le fait de qualifier aujourd’hui d’historiques des amendes simplement dissuasives — compte tenu de la taille de ces géants de l’informatique — est une manière pour Reuters d’attiser les tensions commerciales entre les États-Unis et l’Europe et de mettre les mots dans la bouche de Donald Trump, un dirigeant politique déjà porté à l’exagération.

Références :
La Commission européenne inflige des amendes historiques à Apple et Meta
Microsoft (encore) puni par Bruxelles : 561 millions d’euros d’amende
Un ‘pogrome’ à Amsterdam : vraiment ?

Paru depuis : La Maison-Blanche qualifie d’« extorsion » les amendes sur Apple et Meta (2025-04-26)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Trump et la naissance du nationalisme ‘postnational’

Publié le 22 avril 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Au cours d’une entrevue au New York Times, Justin Trudeau déclarait en 2015 :

Il n’y a pas d’identité fondamentale, pas de courant dominant au Canada. Il y a des valeurs partagées : l’ouverture, le respect, la compassion, la volonté de travailler fort, d’être là les uns pour les autres, de rechercher l’égalité et la justice. Ce sont ces qualités qui font de nous le premier État postnational.

En somme, il n’existe pas de peuple canadien ni de nation canadienne, mais seulement un ensemble de personnes atomisées qui habitent un même territoire et qui partagent des valeurs universelles, c’est-à-dire des valeurs qui n’ont rien de strictement ‘canadiennes’.

Complètement détachées du territoire et de son histoire, ces personnes se regroupent sur les médias sociaux et forment des communautés virtuelles selon leurs affinités ou leurs centres d’intérêt.

La paix universelle

C’est en 1992 que le politicologue américain Francis Fukuyama publiait ‘La Fin de l’histoire et le Dernier Homme’. Dans cet essai, l’auteur prédisait que la fin de la guerre froide mènerait à la suprématie absolue et définitive de l’idéal de la démocratie libérale à travers le monde.

Au fur et à mesure que les pays créent et se soumettent à l’autorité d’institutions supranationales, celles-ci arbitrent les conflits et préviennent les guerres mieux que pourraient le faire les États eux-mêmes. D’où la redondance de ces derniers.

Deux décennies plus tard, quand Justin Trudeau proclame que le Canada est le premier pays postnational, il est parfaitement dans l’air du temps.

Le réveil des ‘ démons identitaires’


 
Dix autres années plus tard, comme les temps ont changé.

La guerre commerciale déclenchée par Donald Trump est illégale parce que contraire à l’esprit et à la lettre de l’ACÉUM. Pour s’en protéger, les travailleurs et les chefs d’entreprises canadiens ne peuvent pas compter sur les tribunaux de l’Organisation mondiale du commerce parce que leur fonctionnement est bloqué par Washington.

Ils ne peuvent compter que sur Ottawa et sur le gouvernement de leur province.

Les États-Unis ont envahi le Canada en 1775 et en 1812. Si l’imprévisible président actuel des États-Unis devait mettre en œuvre ses menaces d’annexion territoriale, il ne faudra pas compter sur l’Onu car seules les résolutions du Conseil de sécurité sont contraignantes. Or les États-Unis y ont droit de véto.

C’est sans doute pour cela que les Canadiens ont réalisé qu’ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes.

Et voilà donc que les ‘démons identitaires’, si longtemps combattus par les libéraux fédéraux et leurs valets québécois, refont surface.

Au cours de la campagne électorale qui s’achève, les chefs des formations politiques fédérales ont pris l’habitude d’annoncer les bonbons qu’ils nous promettent devant un grand drapeau du Canada. Si bien qu’on ne sait plus si on doit retenir l’immensité du drapeau ou la petitesse de ceux devant…

S’il a fallu quelques semaines pour que la notion d’État postnational vole en éclats, c’est qu’elle ne reposait sur pas grand-chose.

Quant à la redécouverte du nationalisme, elle sert bien les intérêts canadiens pour l’instant. Mais il faudra peu de chose pour qu’il se transpose au niveau québécois quand viendra le temps de décider si nous voulons prendre notre avenir en main ou demeurer à la merci d’un gouvernement central majoritairement composé à Ottawa de fonctionnaires unilingues anglais.

Références :
Définition d’un État postnational selon Deepseek
How Trump’s Canada threats dampened Quebec separatist movement – for now
La Fin de l’histoire et le Dernier Homme
Trudeau’s Canada, Again

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La régression finlandaise

Publié le 21 avril 2025 | Temps de lecture : 11 minutes
Vue d’Helsinki

Introduction

L’adhésion de la Finlande à l’Otan complète un basculement géostratégique majeur débuté trois décennies plus tôt.

Jusqu’à la réunification de l’Allemagne, la mer Baltique était de facto une mer intérieure soviétique dont seule l’embouchure occidentale était contrôlée par trois membres de l’Otan; l’Allemagne de l’Ouest, le Danemark et la Norvège.

Les autres pays riverains étaient soit des pays neutres (au nord), ou des membres du Pacte Varsovie (de l’Allemagne de l’Est à la Russie).

La réunification de l’Allemagne en 1990, puis l’adhésion des pays baltes à l’Otan en 1999 et enfin celle des deux derniers pays scandinaves qui n’en faisaient pas partie (la Finlande et la Suède), ont fait en sorte que la mer Baltique est maintenant une mer otanienne à laquelle la Russie n’a accès qu’au fond du golfe de Finlande et par l’enclave de Kaliningrad.

En somme, la seule véritable défaite de la Russie occasionnée par la guerre russo-ukrainienne ne s’est pas produite quelque part en Ukraine, mais dans le nord-est de l’Europe, en mer Baltique.

Tout cela est une victoire incontestable pour l’Otan. Mais qu’en est-il des Finlandais ?

Avant 1945

De l’indépendance à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Finlande a entretenu des relations amicales avec l’Allemagne et conflictuelles avec la Russie.

La naissance de la République finlandaise

Au XIXe siècle, la Finlande était un duché russe. Après des années de lutte autonomiste contre le pouvoir impérial, la Finlande profita du renversement du tsar Nicolas II en mars 1917 pour obtenir son indépendance le 6 décembre de la même année.

Aussitôt, une guerre civile éclata en Finlande. Celle-ci dura quatre mois, de janvier à mai 1918.

Tout comme la Révolution russe opposa les Russes blancs (tsaristes) aux les Russes rouges (communistes), la guerre civile finlandaise opposa les Finlandais blancs aux Finlandais rouges.

La partie nouvellement industrialisée de la Finlande, soit l’extrémité sud du pays, fut le fief des Rouges. La population rurale (très majoritaire à l’époque) et la bourgeoisie conservatrice soutinrent les Blancs.

Appuyés par un corps expéditionnaire allemand, les Blancs triomphèrent des Rouges. À l’issue de ce conflit, les Blancs instaurèrent brièvement une monarchie dirigée par un membre de la noblesse allemande (le beau-frère de l’Empereur Guillaume-II).

À la fin de la Première Guerre mondiale, l’effondrement de l’Empire allemand et l’abdication de la dynastie des Hohenzollern entrainèrent la fin du Royaume de Finlande, un mois après sa création.

Si bien que la Finlande adopta finalement un régime républicain, plus acceptable aux yeux des vainqueurs de la Première Guerre mondiale. En dépit de cela, la nouvelle république finlandaise demeura essentiellement pro-allemande, par crainte des tendances hégémoniques de son puissant voisin.

La Deuxième Guerre mondiale

Aussi longtemps que la Finlande faisait partie de l’Empire russe, la proximité de sa frontière, à trente kilomètres de Saint-Pétersbourg, ne causait pas de souci.

Mais après l’invasion de la Pologne par l’Allemagne en septembre 1939, Staline prend conscience que la proximité de frontière de la Finlande (sympathique à l’Allemagne) représente un risque sécuritaire pour Leningrad (le nom de Saint-Pétersbourg à l’époque).

Il tente alors de négocier le recul des frontières finlandaises par le moyen d’un échange de territoire.

Devant l’échec de cette négociation, Staline déclenche une guerre qui durera trois mois et à l’issue de laquelle la Finlande acceptera, par le Traité de Moscou du 12 mars 1940, des clauses de paix qui étaient presque identiques à celles exigées par Staline dès l’origine.

Même si, techniquement, la Finlande avait dû capituler à la Russie, cette guerre avait révélé les faiblesses de l’armée russe.

Cette dernière possédait du matériel militaire neuf et abondant. Mais les purges staliniennes avaient décimé plus de 80 % des officiers supérieurs, remplacés par des incompétents menés par des ‘commissaires politiques’ fidèles à Staline.

Bref, le fait qu’un petit pays comme la Finlande avait pu résister à l’envahissement russe, cela avait révélé la faiblesse de l’Armée rouge. Ce qui incita Hitler à violer son acte de non-agression avec la Russie et à l’envahir plus tôt qu’il l’avait imaginé.

Profitant de l’invasion allemande en Russie à partir du 22 juin 1941, la Finlande lui déclare à son tour la guerre dans l’espoir de reprendre les territoires qu’elle lui avait cédés un an plus tôt.

À la fin de la guerre, la Finlande consentit définitivement aux pertes territoriales du Traité de Moscou, mais préserva l’essentiel; son indépendance en contrepartie de sa finlandisation.

L’amitié russo-finlandaise : un mariage de raison

Le 6 avril 1948, la Finlande et la Russie signent l’Accord d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle. Ce traité est à l’origine du concept de ‘finlandisation’.

En vertu de ce traité, la Russie s’engageait à respecter l’indépendance de la Finlande, sa démocratie parlementaire et son économie de marché.

En contrepartie, la Finlande s’engageait, en cas de conflit entre l’Occident et l’URSS, à défendre son territoire et son espace aérien des intrusions occidentales.

Pour la Russie, c’était une aubaine. Au lieu d’utiliser des ressources militaires à défendre un territoire — soit une Finlande qui aurait été annexé à l’empire soviétique — la Russie obtenait le même résultat puisque la Finlande s’occupait elle-même de défendre son propre territoire et devenait un État tampon.

La fin des amitiés

De 1948 à 1971, la neutralité militaire de la Finlande a fait en sorte que le pays n’a dépensé presque rien pour sa défense militaire. Ce qui lui a permis d’allouer des sommes considérables à la construction de son filet de protection sociale.

Dans les années 1980, la croissance économique de la Finlande fut parmi les plus élevées des pays industrialisés. Toutefois, en tant que fournisseur de matières premières à la Russie, le pays dépendait encore beaucoup du commerce avec l’URSS. Quand cette dernière s’effondre le 26 décembre 1991, cela entraine une crise économique en Finlande.

L’autre conséquence de cet effondrement, c’est que la Finlande a estimé qu’elle n’était plus liée par le traité d’amitié signé en 1948 puisque, juridiquement, celui-ci avait été conclu avec l’URSS et non avec la Russie.

La Finlande amorce alors une coopération croissante avec l’Otan qui mènera à son adhésion formelle à l’Alliance le 4 avril 2023.


 
Le résultat de cette évolution est que les dépenses militaires annuelles de la Finlande (en dollars américains) sont passées de 178 millions en 1971, à 2,2 milliards en 1991, à 4,8 milliards en 2022, et à 7,3 milliards en 2023.

Plutôt que de hausser les taxes ou de sabrer le filet de protection sociale — ce qui aurait rendu impopulaire l’augmentation des dépenses militaires — les gouvernements finlandais ont préféré s’endetter.

Depuis 1976, l’endettement de la Finlande s’est creusé à quatre occasions :
• de 1991 à 1997, à la suite de l’effondrement de l’URSS,
• à la suite de la Grande Récession de 2007-2008,
• en 2020, lors du confinement sanitaire, et
• à partir de 2023, à la suite de son adhésion à l’Otan.

Chaque fois, la dette finlandaise a fait un saut d’environ dix pour cent. Faisant passer le ratio dette/PIB de 42,4 % en 2000 à 80,5 % en 2024

Ce qui est inférieur à la moyenne européenne. Mais ce qui représente un abandon de la rigueur budgétaire qui a toujours caractérisé les pays de tradition luthérienne, notamment les pays scandinaves.

La paranoïa due à la guerre russo-ukrainienne

En février 2023, la Finlande commençait la construction d’une clôture métallique de trois mètres de hauteur, surmonté de barbelés. Elle s’étirera le long d’un tronçon de 200 km, soit le septième de la frontière qu’elle partage avec la Russie (longue de 1 340 km).

Selon la BBC, cette clôture n’est pas destinée à arrêter l’Armée rouge, mais à empêcher les Russes qui voudraient fuir la conscription dans leur pays. Le tout sera terminé en 2026 ou en 2027.

Si la guerre russo-ukrainienne prend fin d’ici là, cette clôture pourra toujours servir un jour. Qui sait ?

Par crainte d’une invasion russe, le 18 mars dernier, la Lituanie a quitté la convention d’Oslo interdisant les bombes à sous-munitions. De la même manière, la Pologne et les trois pays baltes ont annoncé vouloir se retirer de la convention bannissant les mines antipersonnelles.

Moins de deux semaines plus tard, ces quatre pays ont été suivis par la Finlande.

Une fois balancés dans la nature, les mines antipersonnelles sont des instruments persistants de terreur qui ne font aucune distinction entre civils et militaires, entre les enfants et les adultes, et qui tuent ou handicapent longtemps après que des belligérants ont déposé les armes.

Elles frappent surtout les paysans qui n’ont d’autre choix que de cultiver leur terre dans les zones contaminées. Ou ceux qui s’aventurent dans les bois dans l’espoir de se ressourcer ou d’y admirer la nature.

Bref, elles sont en contradiction avec les principes du droit international humanitaire

Conclusion

À partir du moment où la Russie et la Finlande ont signé l’Accord d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle en 1948, Russes et Finlandais ont vécu en paix pendant plus de 75 ans.

Si la Russie avait voulu violer ce traité, elle l’aurait déjà fait, particulièrement à l’époque où la Finlande était littéralement sans défense.

Selon la nouvelle Théorie des dominos, l’Ukraine est le rempart de la Démocratie en Europe; si elle devait capituler à la Russie, cette dernière refera d’abord ses forces, puis se lancera aussitôt à la conquête du reste de l’Europe.

Cela ne s’est pas produit à la suite de la victoire russe en Tchétchénie ni en Georgie. Mais après l’Ukraine, ce serait différent. Sans qu’on sache exactement pourquoi.

Une des leçons de la guerre russo-ukrainienne, c’est que la Russie n’a pas la puissance nécessaire pour conquérir l’ensemble du territoire ukrainien, malgré trois ans d’efforts et la perte de dizaines (ou de centaines) de milliers de soldats.

Et on veut nous faire croire qu’elle pourrait se lancer à la conquête de l’Occident, plus vaste et plus peuplé.

C’est que les Finlandais ont cru.

Peu importe les murs de barbelés, les mines antipersonnelles, et tout l’armement que pourra se payer la Finlande avant d’être endettée jusqu’au cou, la Russie sera encore son pays voisin dans mille ans.

Par le biais des agences de presse qui propagent sa propagande paranoïaque, l’Otan a fait croire aux Finlandais qu’ils pourraient très bien être les prochaines victimes de la Russie s’ils ne s’empressaient pas de rejoindre l’Alliance.

Et c’est ainsi que les Finlandais ont mis fin à des décennies de relations harmonieuses avec la Russie.

Quel gâchis…

Références :
Budget de la dette en Finlande
Économie de la Finlande
Finlandisation
Finland’s colossal underground bunkers a model for anxious Europe
Finland : Military Spending
Finland joins other Russian neighbours exiting from landmine treaty
Finland starts construction of Russia border fence
Grande Trêve
Guerre civile finlandaise
Guerre d’Hiver
Histoire de la Finlande
La corruption de la presse occidentale par Washington
La nouvelle Théorie des dominos
La peur de la guerre pousse plusieurs pays voisins de la Russie à se retirer de deux traités de désarmement
Mines antipersonnel : « Le risque d’un terrible retour en arrière »
Royaume de Finlande (1918)
Traité de Moscou (1940)
Traité finlando-soviétique de 1948

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| Course aux armements, Géopolitique, Guerre russo-ukrainienne | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le cote de crédit du Québec et les cigales caquistes

Publié le 17 avril 2025 | Temps de lecture : 6 minutes

Introduction

On apprenait hier que l’agence de notation S&P Global avait abaissé la cote de crédit du Québec d’un cran, soit de AA− à A+.

Cela n’est pas catastrophique puisque le Québec se retrouve ainsi au niveau de quatre autres provinces canadiennes.

Mais cette décote s’explique; depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2018, la CAQ gaspille.

Le gaspillage des ressources énergétiques

En sol québécois, il y a actuellement 52 centres de données, principalement américains. Ceux-ci emploient peu de main-d’œuvre et n’entrainent presque aucune retombée économique.

Au total, ces centres consomment approximativement 153 MV d’électricité. C’est environ la moitié de l’énergie qu’aurait consommée NorthVolt.

Pour les attirer, la CAQ n’a pas hésité à dézoner nos meilleures terres agricoles et à leur vendre notre électricité pour aussi peu que 3,98 cents du kilowatt-heure.

Quelle est donc l’idée de brader notre électricité en bas de son cout de remplacement quand il existe une pénurie mondiale d’énergie ?

Le gaspillage financier

L’ubérisation du taxi québécois

Grâce à la cure d’austérité libérale, la CAQ est arrivée au pouvoir en 2018 alors que le budget de l’État québécois était excédentaire.

En tant que parti de droite, la CAQ ne pouvait pas faire autrement que d’être séduite par le concept de capitalisme participatif promu par Uber.

Puisque l’industrie du taxi québécois reposait sur un système de permis — ce qui était incompatible avec le modèle d’affaire d’Uber — la CAQ a dépensé un milliard de dollars (sic) afin de racheter les permis déjà émis, de manière à permettre à Uber d’opérer chez nous.

Les maisons des ainés

En 2017, le Québec comptait 1,6 million de citoyens âgés de 65 ans ou plus, suivis par 1,8 million de personnes âgées de 50 à 65 ans.

Plutôt que de préparer notre système de santé à accueillir le grand nombre de personnes en perte d’autonomie qui cogneront aux portes de nos hospices (CHSLD) dans les années à venir, la CAQ a préféré investir 2,8 milliards de dollars dans la création de luxueuses ‘Maisons des ainés’, au cout de 804 000 $ par personne hébergée.

Les 40 résidences construites depuis 2018 accueillent présentement moins de quatre-mille personnes, majoritairement relogées à partir de CHSLD qui ont fermé leurs portes ou qui subissent des rénovations.

Les réductions d’impôts

En dépit du fait que la crise sanitaire a couté 19 milliards $ au Trésor public, la CAQ a réduit en 2023 les deux premiers paliers d’imposition d’un pour cent, privant le fisc québécois de 9,2 milliards de dollars de revenus d’ici 2027-2028.

La réfection du toit du Stade olympique

En mars 2024, la CAQ a préféré la signature d’un contrat de 729 millions $ pour la réfection du toit du Stade olympique. Ce qui est 279 millions$ de plus que le projet rival, à mon avis beaucoup plus sécuritaire.

Le scandale de SAAQclic

Le 20 février 2025, le gouvernement caquiste à été éclaboussé par le rapport dévastateur de la Vérificatrice générale (VG) au sujet de l’explosion des couts de l’informatisation à la Société d’assurance automobile du Québec.

Signé à la fin de l’administration libérale, le contrat originel de 458 millions a connu d’importants dépassements de cout. Au point que la facture finale sera de l’ordre de 1,1 milliard de dollars.

Malgré le scandale, la CAQ a continué d’ajouter de nouvelles dépenses pour cet éléphant blanc.

Le 3e lien

Le 25 février 2025, la CAQ s’engageait à verser 46 millions de dollars au consortium Parsons-Artelia-Hatch pour une étude au sujet du 3e lien autoroutier entre les villes de Québec et de Lévis.

Alors que tout le monde sait que ce projet ne se réalisera jamais.

Les déficits records

Les 5,6 millions de dollars dépensées en 2024 pour inciter une équipe américaine de hockey à venir à Québec jouer deux matchs préparatoires représentent une dépense dérisoire, mais significative. Lorsqu’on ajoute à cette dépense les deux déficits budgétaires records — 11 milliards l’an dernier et 13,6 milliards cette année — tout ceci achève le tableau d’un gouvernement fiscalement irresponsable.

Conclusion

Pour former son cabinet, François Legault s’est entouré d’excellents communicateurs qui, à l’instar de la cigale de La Fontaine, ont chanté tout l’été, mais se retrouvent dépourvus quand la bise fraiche des agences de notation fut venue.

Plutôt que de s’attaquer aux problèmes, le gouvernement caquiste a perdu son temps à changer les structures. Comme si, en éducation et en santé, les problèmes étaient structurels.

Le cas le plus patent est celui de Santé-Québec, une structure inutile insérée artificiellement entre le ministère et les établissements de santé et dont le seul but est de servir de bouc émissaire aux coupes budgétaires décidées par la CAQ.

Pour résoudre la crise du logement, la ‘Marie-Antoinette des pauvres’ s’est contentée d’espérer qu’une croissance importante des loyers motivera les entrepreneurs à construire plus de logements. Ce qui, d’ici une décennie, permettra résoudra cette crise.

En supposant que NorthVolt était simplement un pari financier qui a mal tourné, tout le reste de la gestion des finances publiques par la CAQ démontre l’incroyable médiocrité des beaux parleurs qui entourent le premier ministre.

Références :
Ce n’est pas fini pour les maisons des aînés
Des baisses d’impôts de 9,2G$ pour les Québécois
Et le montant de la facture pour les Kings est…
Fiasco SAAQclic : l’AMP ordonne à la SAAQ de suspendre les contrats
Fitzgibbon veut serrer la vis aux fermes de minage de cryptomonnaies
La cote de crédit du Québec abaissée
La crise sanitaire a coûté 15 milliards de dollars au réseau de la santé du Québec
L’électricité accordée aux centres de données : du gaspillage ?
Le nouveau toit du Stade olympique
Le rapport de la VG sur SAAQclic n’a pas eu l’effet escompté, l’incompétence règne encore
L’ubérisation du taxi québécois : le premier grand gaspillage de la CAQ
Maisons des ainés : un éléphant blanc ?
Pourquoi les maisons des aînés créent-elles moins de places que promis ?
Québec met la main à la poche pour le troisième lien

Paru depuis : Maisons des aînés 1,8 million la « porte » : j’hallucine ou quoi ? (2025-05-09)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Sacs d’épicerie : l’étude bidon du CIRAIG

Publié le 15 avril 2025 | Temps de lecture : 5 minutes



 
Introduction

Dans un musée allemand de Potsdam, j’ai acheté en 2005 un sac de coton (de 37 cm de large par 39 cm de haut) qui m’a servi pendant des années. Environ une décennie plus tard, j’ai cessé de l’utiliser pour deux raisons.

Premièrement parce qu’il n’était pas suffisamment grand pour m’en servir comme sac d’épicerie. Et deuxièmement, parce qu’à force de le plier et de le déplier toujours de la même manière, il avait fini par se trouer par endroits.

Quelques années plus tard, j’avais été étonné de lire qu’il était préférable d’utiliser des sacs de plastique parce qu’une étude prouvait que ceux-ci étaient meilleurs pour l’environnement.

Je suis de formation scientifique. En dépit de cela, j’ai toujours été méfiant à l’égard des études qui ‘prouvent’ scientifiquement que l’herbe est bleue et que le ciel est vert.

Selon mon expérience, lorsqu’une étude en arrive à une telle conclusion, c’est toujours parce qu’elle est basée sur un protocole expérimental aberrant.

Donc il faut lire la méthodologie de ces études ‘bizarres’ et ne pas se contenter de l’introduction et la conclusion. Ce à quoi se limite l’immense majorité des chroniqueurs scientifiques parce que lire la méthodologie, c’est ennuyant.

L’étude du CIRAIG

En 2017, Recyc-Québec demandait au Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG), basé à l’école Polytechnique de Montréal, d’effectuer une étude comparative de l’impact environnemental des sacs d’emplettes au Québec.

En résumé, l’étude avait conclu que les sacs minces d’épicerie — ceux bannis depuis un peu partout en Occident — étaient meilleurs pour l’environnement que leurs solutions de remplacement, notamment les sacs en coton.

Pour comprendre comment le CIRAIG en est arrivé à cette conclusion étonnante, il faut savoir que l’étude est basée sur un certain nombre d’aprioris.

Premièrement, les chercheurs ont présumé que les sacs en coton étaient lavés en moyenne à toutes des douze ou treize utilisations. Signalons que je n’ai jamais lavé le mien depuis vingt ans. Pourquoi ? Parce que j’ai évité de le salir.

Évidemment, si j’avais eu à le laver, j’aurais profité d’un brassin pour l’ajouter simplement à ma lessive.

Mais les chercheurs du CIRAIG estiment qu’il faut toujours laver son sac de coton séparément. Et donc faire une brassée spécialement pour lui.

Conséquemment, ils ont calculé le cout environnemental du savon, le cout de l’épuration de l’eau utilisée par la machine, et l’électricité acheminée sur les milliers de kilomètres pour la faire fonctionner.

Finalement, un des postulats majeurs de l’étude, c’est que les gens qui utilisent des sacs de coton ne font jamais leurs emplettes à pied, ni en transport en commun. Ils prennent toujours l’auto. C’est tellement plus pratique.

Or, selon les chercheurs, les utilisateurs de sacs de coton effectuent leurs emplettes dans des marchés d’alimentation situés entre 13 et 126 km de chez eux.

Lorsqu’ils oublient leur sac de coton, ils doivent parcourir un aller-retour qui peut atteindre 252 km (deux fois 126 km) pour aller chercher le sac de coton oublié.

Les silences de l’étude du CIRAIG

Vendredi dernier, une journaliste de La Presse a eu l’idée bizarre de remettre dans l’actualité cette étude qui, de nos jours, n’est plus pertinente; il est hors de question de retourner aux sacs de plastique à usage unique.

L’expert du CIRAIG interviewé par La Presse revient sur l’argument selon lequel il suffit de remplacer les sacs de coton par des sacs de plastique jetables pour prévenir la pollution causée par la culture du coton et son tissage industriel.

En supposant qu’il soit beaucoup plus polluant de cultiver du coton que d’extraire du pétrole pour en faire des sacs de plastique, l’argument selon lequel cesser de cultiver du coton prévient sa pollution n’est valable que si, par la suite, l’ancien champ de coton est laissé en friche.

Mais pour l’agriculteur, la culture du coton est une source de revenus. S’il cessait de faire pousser du coton et décidait de faire pousser du maïs ou du soya transgénique, serait-on plus avancé ?

L’étude du CIRAIG est muette à ce sujet.

Conclusion

Un cabinet d’avocats qui compte de grandes entreprises au sein de sa clientèle a l’obligation déontologique de refuser de plaider en faveur d’un syndicat.

De la même manière, un groupe de recherche comme le CIRAIG — qui a conclu des partenariats avec d’importants groupes industriels, dont la pétrolière française Total et le groupe chimique Solvay — est en conflit d’intérêts lorsqu’il s’agit de comparer l’empreinte environnementale de dérivés du pétrole avec des fibres naturelles.

On pourrait croire qu’il ne s’agit là que d’une apparence de conflit d’intérêts.

Malheureusement, à l’examen minutieux des aprioris très discutables des auteurs, on doit conclure que les chercheurs du CIRAIG — dont la compétence est indiscutable — ont manqué de jugement en acceptant cette commande de Recyc-Québec puisque ses conclusions portent atteinte à leur crédibilité.

Références :
Analyse du cycle de vie des sacs d’emplettes au Québec
Quel sac privilégier pour l’épicerie ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le statut des provinces ukrainiennes conquises par la Russie

Publié le 13 avril 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

Signés en septembre 2014 et en février 2015, les accords de Minsk visaient à faire cesser la guerre civile ukrainienne déclenchée précédemment par le coup d’État du 20 février 2014 et, dans sa foulée, par la décision de Kiev de retirer au russe son statut de langue officielle dans les provinces majoritairement peuplées d’Ukrainiens russophones.

Au cours de l’élection présidentielle de 2019, Volodymyr Zelensky n’a pas seulement fait campagne contre la corruption puisqu’il s’agissait d’un thème récurrent en politique ukrainienne auquel plus personne ne croyait.

S’il a été élu, c’est qu’il avait promis de faire respecter les accords de Minsk. En tant qu’Ukrainien russophone, il apparaissait particulièrement crédible pour ce faire. Surtout lorsqu’on sait que la guerre civile ukrainienne se déroulait dans son coin de pays.

Le résultat, c’est qu’il a obtenu le vote massif des électeurs russophones, de même que la grande majorité des électeurs ukrainophones.

Une fois élu, il a été empêché de réaliser cette promesse (à laquelle il croyait sincèrement).

Le mécène qui finançait sa campagne électorale était l’oligarque ukrainien Ihor Kolomoïsky, le 2e ou 3e homme le plus riche du pays. Et Juif comme Zelensky.

Cet oligarque était propriétaire de la chaine de télévision qui avait présenté la populaire série dans laquelle Zelensky s’est fait connaitre en tant qu’acteur.

Mais il était également le financier de la milice Azov, impliquée jusqu’au cou dans le massacre des Ukrainiens russophones dans l’Est de l’Ukraine depuis 2014. Leur haine antirusse était telle qu’il était hors de question pour ces miliciens de céder aux désirs de Zelensky.

Grâce aux pressions de Kolomoïsky, le président ukrainien croyait bien faire en incorporant ces milices dans l’armée ukrainienne.

Mais au lieu de professionnaliser ces brutes, ceux-ci ont plutôt répandu leur idéologie haineuse au sein de l’armée au fur et à mesure de leurs promotions, méritées en raison de leur bravoure.

Le 24 mars 2021, quand Zelensky signe le décret (ci-contre) ordonnant l’assaut contre les provinces séparatistes, Poutine y voit (à juste titre) l’annonce d’un ‘génocide’ contre la population russophone d’Ukraine.

D’où l’accumulation de son armada aux frontières ukrainiennes à partir d’avril 2021, et le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne le 24 février de l’année suivante.

Tout ceci pour dire qu’il n’y a rien à espérer d’une réconciliation nationale en Ukraine; jamais la population des provinces séparatistes d’Ukraine n’acceptera de faire confiance de nouveau à Kyiv.

Cliquer sur l’image pour l’agrandir

Même si la propagande occidentale répète à satiété que la guerre russo-ukrainienne est illégale, cette affirmation ne s’appuie sur aucune résolution du Conseil de sécurité de l’Onu (où la Russie a droit de véto), ni sur la condamnation d’un tribunal international.

Cette accusation repose sur des résolutions non contraignantes de l’Assemblée générale de l’Onu. Or celles-ci ne font pas partie du Droit international.

En tant qu’avocat, Vladimir Poutine est obsédé par la légalité des gestes qu’il pose (à l’exclusion de l’empoisonnement de ses rivaux politiques).

Même si le Droit international est de facto consultatif, il sait que ce droit peut être instrumentalisé pour justifier la confiscation (et non seulement la saisie) des avoirs de la Banque centrale de Russie en Occident.

Dans l’éventualité où un tribunal aurait à juger de la légalité de l’invasion russe en Ukraine, son argumentaire est résumé dans le tableau ci-dessus.

On peut y voir que le statut réservé aux ‘anciennes’ provinces ukrainiennes est celui de Républiques populaires au sein de la Fédération de Russie.

Références :
Ihor Kolomoïsky
L’engrenage ukrainien
Minsk II
Protocole de Minsk
Ukraine : l’histoire secrète de la révolution de Maïdan

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les Ukrainiens et la paix

Publié le 12 avril 2025 | Temps de lecture : 2 minutes


 
Selon la firme de sondage Gallup, le pourcentage des Ukrainiens qui sont favorables à une paix négociée dans les plus brefs délais est passé de 23 % au début de la guerre à 57 % en octobre 2024 (après répartition des indécis).

En raison de la guerre civile qui y régnait déjà depuis 2014, les provinces situées à l’est et au sud du pays étaient déjà lasses des affrontements lorsque la guerre russo-ukrainienne a éclaté.

Trois ans plus tard, le changement de l’opinion publique ukrainienne s’est produit principalement dans les régions éloignées du front. Dans la capitale (Kyiv) et tout l’ouest du pays, le pourcentage de ceux qui veulent la poursuite de la guerre jusqu’à la victoire contre la Russie a chuté de plus du tiers.

Si bien que l’appui à la poursuite de la guerre coute que coute est passé sous la barre de 50 % dans toutes les régions du pays.

De plus, il y a six mois, 57 % des Ukrainiens étaient favorables à des concessions territoriales à la Russie dans le cadre de négociations de paix.

Référence : Half of Ukrainians Want Quick, Negotiated End to War

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