L’Affaire de la ruelle et le contrôle du message

Publié le 15 septembre 2024 | Temps de lecture du texte : 6 minutes


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Autrefois, il suffisait d’attendre le jugement d’un tribunal pour connaitre les causes exactes d’un accident.

En octobre 2020, un conducteur a dévié de sa course et a frappé dans le dos (à 80 km/h) une vieille dame qui marchait paisiblement sur le trottoir.

Le tribunal a classé l’affaire sans suite. Il a conclu que sa mort avait été causée par un arrêt cardiaque — Remarque : normalement, le cœur cesse de battre quand on meurt — alors que toute la preuve, sauf le témoignage de l’accusé, démontrait que ce dernier s’était endormi au volant.

Bref, lorsqu’un piéton est tué lors d’un accident, la meilleure source de renseignement est le rapport de police. Sauf, évidemment, s’il a été écrasé par une autopatrouille… ce qui arrive rarement.

À partir des rapports de police reproduits par nos quotidiens (notamment le Journal de Montréal), on pouvait savoir autrefois non seulement le lieu d’un accident — généralement une intersection que le lecteur pouvait éviter s’il la jugeait dangereuse — mais également les détails précis quant à la traversée du piéton et quant à la direction de la voiture impliquée.

À partir de ces détails, on pouvait déterminer, par exemple, que la cause du décès du 19e piéton en 2019 à Montréal, c’était la durée de traversée trop courte laissée aux piétons par les feux de circulation à cette intersection.

Malheureusement, depuis quelque temps, on peut noter un appauvrissement des rapports de police au sujet des accidents qui impliquent des piétons. Ce n’est pas le résultat d’une pénurie d’effectifs; on veut en dire le moins possible.

L’exemple le plus éloquent est l’Affaire de la ruelle.

Le communiqué émis par la police est vague quant au lieu de l’accident. Et tout ce qu’on sait, c’est que le conducteur de 29 ans a été admis à l’hôpital pour choc nerveux et que le vieillard de 79 ans est mort écrasé par la voiture.

Plus suspecte encore est l’attitude du poste de police de quartier No 20 où la policière était plus intéressée à voir ce que je savais déjà qu’à me fournir la seule chose que je lui demandais; me confirmer l’endroit précis du lieu de l’accident.

Dans la mesure où celui-ci est survenu sur la voie publique, cette information n’est jamais confidentielle.

Cette préoccupation à ‘contrôler le message’, vient-elle de la haute direction du Service de police de la ville Montréal ou, encore plus haut, de l’administration municipale de Valérie Plante ?

Ce qui nous incite à présumer que cela vient de la mairesse, c’est l’annonce récente de sa décision d’interdire les commentaires sur son compte sur X, invoquant l’incivilité des commentaires qu’elle y reçoit.

Dans le cas d’X, la limite de 280 caractères imposée aux commentaires fait en sorte qu’il est beaucoup plus facile d’y publier une courte appréciation générale (favorable ou non) que d’expliquer les raisons qui la justifient.

Lorsque Valérie Plante est arrivée au pouvoir, elle représentait un vent de fraicheur à l’hôtel de ville; première mairesse, déclaration faisant de Montréal ville-refuge pour les migrants, promesse de construire quatre-mille logements sociaux, désir de favoriser l’inclusion et la diversité, etc. Bref, que de bons sentiments.

Si bien que les messages sur X étaient des ‘Bravo !’ et des ‘Je t’aime Valérie’.

Après sept ans de promesses suivies de mesures homéopathiques (notamment quant au logement social), le charme de départ fait place aux incivilités.

Aucune personnalité publique de premier plan ne devrait perdre son temps à lire les messages qu’elle reçoit sur les médias sociaux. Supprimer les messages qui doivent l’être et transmettre les bonnes idées des citoyens est la tâche de ses conseillers politiques et de ses faiseurs d’image.

Avant d’aller plus loin, permettez-moi de définir deux néologismes.

‘Troll’ est le nom donné aux internautes qui publient des messages destinés à semer la zizanie parmi les participants d’un forum de discussion. Le mot peut aussi désigner leurs messages.

‘Boomer’ (abrégé de babyboumeur) sert à qualifier péjorativement les participants présumés âgés. C’est l’équivalent de les apostropher en leur disant ‘Hey, le vieux’.


 
Le deuxième message ci-dessus est un troll.

Il a été écrit soit par un supporteur aveugle de Mme Plante ou, au contraire, par un adversaire qui cherche à manipuler ses critiques en leur faisant croire que les partisans de la mairesse sont de grossiers personnages.

Je ne vous cacherai pas que le message de Charles Antoine (c’est peut-être un pseudonyme) fut ma motivation première à vérifier s’il était exact que la ville de Montréal, depuis longtemps, a installé des dos-d’âne partout où il le fallait.

Grâce à lui, cela m’a permis de constater que l’arrondissement Ville-Marie (dirigé par Mme Plante) porte une lourde responsabilité dans la mort de l’inconnu de l’Affaire de la ruelle.

Comme cela fut le cas au sujet du décès de la petite Mariia Legenkovska, survenu lui aussi dans l’arrondissement Ville-Marie. Et des morts dans l’incendie de la place d’Youville, située également dans le même arrondissement.

Tous ces morts commencent à faire un peu trop à mon gout, madame la mairesse d’arrondissement.

Ce sont des décès qui ne seraient probablement pas survenus si vous aviez fait ce pour quoi vous êtes payée.

Références :
Brigadière scolaire happée par une automobiliste
Le briquet et l’essence
Le 19e mort
Le feu à la place d’Youville : pour la scission de l’arrondissement Ville-Marie
Le laisser-faire de l’administration Plante face aux chauffards
Un dix-huitième piéton mort à Montréal en 2022
Valérie Plante défend son choix de bloquer les commentaires sur ses réseaux sociaux

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Rebondissement dans l’Affaire de la ruelle

Publié le 14 septembre 2024 | Temps de lecture du texte : 4 minutes


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La véritable ruelle de l’accident

Cet après-midi, je suis retourné sur les lieux de l’accident de mercredi dernier dans l’espoir d’interroger des témoins qui pourraient me révéler des détails intéressants à ce sujet.

J’en ai rencontré deux. Tous deux demeurent dans la tour résidentielle qu’on aperçoit à droite sur la première photo ci-dessus.

À ma stupéfaction, ceux-ci m’ont appris que l’accident n’avait pas eu lieu dans la ruelle à l’est de la rue Mackay, mais dans une impasse de l’autre côté de la rue, légèrement plus au sud.

L’imbroglio vient du fait qu’à la question “Pourriez-vous me confirmer que l’accident a bien eu lieu dans la ruelle située [à tel endroit]” la policière au poste de quartier No 20 a fait semblant de tout ignorer au sujet d’un accident mortel survenu tout près de ce poste de police de quartier.

J’ai eu beau lui donner tous les détails du communiqué émis par la police, elle prétendait toujours ne rien savoir. En supposant que cela avait été le le cas, elle n’a pas consulté l’ordinateur devant elle.

C’est quand la policière m’a demandé “Pourquoi vous voulez savoir ça ?” que j’ai compris que je n’obtiendrais jamais la confirmation que j’attendais d’elle.

Si j’avais demandé l’adresse personnelle de la victime ou celle du conducteur qui l’a tuée, je comprendrais le refus de fournir ces précisions.

Mais quand un accident a lieu sur la voie publique, ce lieu n’est jamais confidentiel.

La deuxième raison de cet imbroglio, c’est que je ne voyais pas pourquoi un conducteur — même poursuivi par des gens qui lui voudraient du mal — s’engouffrerait rapidement dans une impasse où il serait pris en souricière.

Revenons à nos témoins.

La première, une Francophone, n’a pas été témoin de l’accident. Mais elle est catégorique quant à l’endroit où il est survenu; ce soir-là, elle a vu les autos de police, l’ambulance, et la foule de curieux qui s’est formée sur la rue Mackay autour de l’entrée de l’impasse. Elle ignorait que la victime en était morte.

Le deuxième témoin est un jeune Québécois d’origine marocaine. Lui aussi m’a confirmé le lieu véritable de l’accident. De plus, il m’a précisé que les panneaux orange, de chaque côté de l’impasse, étaient bien là au moment de l’accident.

Mais cette ruelle, était-ce bien une impasse ?

Poursuivant mon enquête, je me suis rendu compte qu’au fond de la ‘ruelle barrée’, on pouvait tourner à gauche et poursuivre sa route dans une ruelle perpendiculaire qui aboutit au boulevard de Maisonneuve. Aucune d’entre elles n’a de dos-d’âne.

Et en tournant plutôt à droite, on accède au stationnement souterrain de la tour résidentielle. En d’autres mots, soir et matin, tous les automobilistes qui habitent cette tour empruntent l’une ou l’autre de ces ruelles.

Dans ce cas-ci, les dos-d’âne ralentiraient la vitesse des conducteurs pressés de rentrer chez eux en fin de journée.

Le communiqué de la police au sujet de l’accident précise :

Selon plusieurs témoins, la collision est survenue vers 21 h alors que le septuagénaire se trouvait déjà étendu au sol…

Cela signifie qu’avant l’accident, plusieurs personnes ont vu le septuagénaire gisant au sol, n’ont pas tenté de le réveiller — ce que je n’aurais pas fait moi-même par crainte qu’il soit violent — mais surtout, ne se sont pas donné la peine d’appeler la police pour que des agents (ou des travailleurs sociaux) amènent cette personne dans un lieu sécuritaire.

En est-on rendus là, à être complètement indifférent au sort des autres ? Au point que la mort d’un itinérant (en supposant que ce soit le cas) ne mérite qu’un vague communiqué de police de cinq paragraphes ?

Mourir est un évènement triste. Mourir dans l’indifférence totale est pathétique.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les ruelles non sécuritaires de Ville-Marie

Publié le 13 septembre 2024 | Temps de lecture du texte : 3 minutes

Introduction

L’arrondissement Ville-Marie comprend le Centre-ville et le Vieux-Montréal. Autrefois, cet arrondissement possédait son propre maire de proximité.

Mais Mme Plante préfère diriger simultanément la mairie de Montréal et la mairie de cet arrondissement. Ce qui lui permet d’empocher deux salaires.

Malheureusement, tout cela est trop pour une personne.

D’où la multitude de cas où la mairesse apprend, en lisant les journaux, ce qui se passe chez elle.

Des raccourcis dangereux

Vers 21h mercredi soir dernier, un véhicule a écrasé mortellement un vieillard qui gisait par terre dans une ruelle de l’arrondissement Ville-Marie.

Parallèle à la rue Sherbrooke et un peu au sud de celle-ci, cette ruelle, longue d’environ 75 mètres, relie les rues Mackay et Bishop.

Ces jours-ci, de grands travaux sont effectués à proximité, sur la rue Sainte-Catherine (plus au sud). Ce qui perturbe la circulation et incite les conducteurs pressés à utiliser des raccourcis, dont l’emprunt des ruelles.

Y placer des dos d’âne ralentirait la vitesse et rendrait ces raccourcis moins attrayants.

Ayant fait cette suggestion sur le site de Radio-Canada, un internaute a soutenu que les dos d’âne étaient monnaie courante dans les rues de Montréal.

Dans la ruelle qui passe derrière mon appartement (dans le quartier d’Hochelga-Maisonneuve), on trouve un dos-d’âne fonctionnel à son embouchure. Mais l’asphalte des autres s’est ramolli au cours des canicules successives. Si bien que ceux-ci ont été aplanis par le passage des voitures.

Ce qui, dans ma ruelle, n’a pas d’importance puisqu’il y est impossible d’y faire de la vitesse en raison du très mauvais état de la chaussée.

Mais qu’en est-il dans la ruelle où ce vieillard a été écrasé ?

La ruelle dont il est question

On peut imaginer qu’il soit difficile, la nuit, de distinguer une forme humaine sur la voie publique lorsque celle-ci est irrégulière et rapiécée de différentes couleurs de bitume. Comme c’est le cas de la grande majorité des ruelles de Montréal.

En me rendant sur place, je m’attendais à cela.

Au contraire, de toute évidence, le pavage de cette ruelle a été refaite il y a peu de temps; sa surface est relativement lisse et de couleur uniforme sur toute sa longueur.

Sur la photo ci-dessus, le jet de lumière permet de voir la régularité de la surface de cette ruelle, plate et horizontale.

Ce qu’il faut retenir, c’est que cette ruelle est dépourvue de dos-d’âne; rien ne s’oppose à ce qu’on y circule le plus rapidement possible.

Précisons toutefois qu’à l’entrée, l’asphalte est légèrement plus sombre sur une section perpendiculaire. Comme s’il y avait déjà eu un dos-d’âne, retiré depuis, pour ne pas nuire au passage des voitures et des camions.

Dans les six autres ruelles que j’ai arpentées dans les environs, aucune n’avait de dos-d’âne.

Référence : Un septuagénaire meurt après avoir été frappé par un véhicule à Montréal

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’été est la saison des ‘p’tites vites’

Publié le 26 août 2024 | Temps de lecture du texte : 4 minutes
Salle du Conseil municipal de Montréal

Pour les politiciens au pouvoir, le meilleur temps pour faire passer en douce des mesures controversées, c’est de le faire quand la population a la tête ailleurs.

Et pendant que l’actualité était tournée vers le bilan des Jeux olympiques de Paris et le sort des Gazaouis, la ville de Montréal décidait de modifier les règles concernant la rémunération des élus municipaux. Très peu de médias en ont parlé.

Jusqu’ici, la rémunération des élus était ajustée à l’inflation. Ce qui évitait qu’ils aient à voter sur leur propre salaire.

Le 19 aout dernier, l’administration Plante adoptait un nouveau règlement qui stipule qu’à partir de maintenant, la majoration de la rémunération des élus serait basée sur l’augmentation qu’ils ont consentie aux employés municipaux l’année précédente.

Concrètement, pour l’année 2024, le salaire des élus montréalais est gelé puisque la ville a gelé le salaire de ses employés l’an dernier.

Toutefois, à partir de maintenant, les élus montréalais ont un intérêt personnel à ce que la ville perde le contrôle de sa politique salariale.

D’où la question : peut-on imaginer que nos représentants municipaux puissent faire passer leur intérêt personnel avant l’intérêt des contribuables ?

Pour répondre à cette question, prenons un cas précis : celui de l’élue montréalaise Valérie Plante. Celle-ci cumule les postes de mairesse de Montréal et de mairesse de l’arrondissement Ville-Marie (qui comprend le Centre-Ville et le Vieux-Montréal).

À la suite du décès de la petite Mariia Legenkovska sur le chemin de l’école, Mme Plante avait été incapable d’expliquer pourquoi l’arrondissement Ville-Marie avait systématiquement refusé les demandes des parents du quartier en vue de sécuriser les traverses écolières aux intersections les plus dangereuses de leur arrondissement.

Lors de l’incendie à la place d’Youville, Mme Plante a appris à la lecture d’un quotidien torontois que le service des incendies de l’arrondissement Ville-Marie n’effectuait plus de visites de routine pour vérifier la sécurité des bâtiments, notamment pour s’assurer de la présence d’avertisseurs de fumée. Ce que, par contre, le service des incendies de mon quartier (Mercier-Hochelaga-Maisonneuve) fait de manière exemplaire.

Il y eut une époque où Ville-Marie possédait son propre maire d’arrondissement.

En mars 2023, nous avons soutenu l’idée que cumuler les fonctions de mairesse de Montréal et de mairesse de l’arrondissement Ville-Marie était trop pour une seule personne.

Officiellement, l’administration Plante soutient que le cumul de ces deux fonctions permet à l’arrondissement Ville-Marie d’être mieux représentée au Conseil municipal.

En réalité, Mme Plante préfère cumuler les deux fonctions parce que cela lui permet d’empocher deux salaires.

En désespoir de cause, n’importe quel citoyen de Montréal — sauf s’il habite dans Ville-Marie — peut frapper à la porte de leur ‘maire de proximité’ (ou prendre rendez-vous avec lui) quand rien d’autre ne semble faire l’affaire.

Le citoyen de Ville-Marie ne le peut pas. S’il veut communiquer avec sa mairesse de proximité, il devra plutôt le faire à partir du site web général de la ville. Or Mme Plante est protégée par un mur électronique qui empêche tout citoyen de véritablement entrer en contact avec elle.

Ceci étant dit, revenons au sujet principal de notre texte.

L’intérêt personnel de Mme Plante est de cumuler les salaires de deux postes à plein temps et de boire du vin à 60$ la bouteille aux frais des contribuables lorsqu’elle est voyage officiel à Vienne.

Son mauvais exemple est éloquent.

Comment peut-elle s’imaginer que les élus de sa formation politique sauront résister dorénavant à la tentation de se graisser la patte en cédant mollement aux demandes salariales des employés municipaux ?

Références :
Controverse des allocations de dépenses – Plante : « Je m’excuse sincèrement »
Douche froide pour des terrasses de la rue Peel
Le feu à la place d’Youville : pour la scission de l’arrondissement Ville-Marie
Ville de Montréal : les élus auront les mêmes hausses salariales que les employés

Paru depuis : Centre-ville de Montréal : « On a perdu le contrôle » (2024-09-03)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, hypergone M.Zuiko 8mm F/1,8 — 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 200 — 8 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Deux nouvelles sous le thème de la diversité sociale

Publié le 6 juillet 2024 | Temps de lecture du texte : 4 minutes

Une bonne nouvelle de Grande-Bretagne

Ce matin, le nouveau premier ministre britannique annonçait la composition de son Conseil des ministres.

Comme c’est souvent le cas en Angleterre, Keir Starmer a adressé son premier discours à la nation dans la rue, devant sa résidence officielle du 10 de la rue Downing.

Sa formation politique, le Parti travailliste, étant de la gauche traditionnelle, l’accent a été mis sur la diversité sociale. En effet, son cabinet fait une large place à des personnes issues de familles modestes formées à l’école publique.

En faisant cette annonce, le premier ministre a déclaré :

« Pendant trop longtemps, nous avons ignoré les personnes qui se comportaient en bons citoyens, qui travaillaient dur tous les jours. Je veux dire très clairement à ces personnes [qu’avec moi] elles ne seront plus ignorées. Notre mission de renouveau est urgente et nous commençons aujourd’hui.»

En Amérique du Nord, les règles qui régissent les mises en candidature politique sont des barrières économiques qui empêchent les classes laborieuses d’accéder au pouvoir.

C’est ainsi que le Congrès américain est exclusivement composé de millionnaires, généralement masculins à la peau pâle.

Ici même à Montréal, vous ne trouverez pas de travailleurs manuels ou d’assistés sociaux au sein de l’administration de Valérie Plante; ce sont tous de jeunes parvenus, qui aiment commander des huitres à Paris ou boire des vins dispendieux à Vienne, et qui ont été choisis pour composer un portrait de famille représentant toutes les nuances de la pigmentation humaine.

Lorsque l’avocate Cathy Wong — à l’époque, deuxième personne en ordre d’importance au sein de l’administration Plante — demande à un conseiller municipal de confession juive de ne pas se représenter aux élections afin de faire place à la ‘diversité’, elle veut dire qu’il nuit à ce portrait de famille. Parce que les Juifs, apparemment, ne font pas partie de la ‘diversité’.

L’an dernier, la ville de Montréal a démantelé 240 campements d’itinérants pour les forcer à aller dans des refuges qui, en réalité, n’acceptent plus personne parce que débordés par la crise du logement.

Le résultat, c’est que, expulsés des terrains vacants sous les ponts, ils se dispersent plutôt dans les quartiers centraux de la ville où ils agressent les passants et traumatisent les enfants des garderies ou des écoles à proximité.

De la même manière, l’administration Plante s’est acharnée contre Guylain Levasseur, ce bon samaritain qui alimente gratuitement les itinérants dans les campements ‘illégaux’ et conséquemment, fait concurrence aux travailleurs sociaux patentés de la ville.

Une mauvaise nouvelle des États-Unis

Mais par-dessus tout, la nouvelle du jour qui m’a fait le plus sursauter est ce clip vidéo, publié sur TikTok, dans lequel John McEntee — responsable du personnel de la Maison-Blanche sous Donald Trump — s’est vanté de faire l’aumône aux itinérants qu’il rencontre en leur donnant des billets contrefaits de 5$ afin qu’ils se fassent arrêter par la police en voulant s’en servir. Ce qui lui permet de faire œuvre utile en débarrassant les rues de ces gens-là.

Rappelons que George Floyd a été assassiné lors d’une arrestation policière après avoir effectué un achat payé avec un billet de banque contrefait. Or, on n’a jamais su si Floyd savait que son billet était un faux.

Je soupçonne que John McEntee a simplement voulu faire parler de lui comme aime le faire son ancien patron à la Maison-Blanche. Mais le simple fait que, de nos jours, on puisse sentir le besoin de publier des messages aussi outrageants, cela est le signe d’une société profondément malade.

Références :
Au Royaume-Uni, le nouveau premier ministre travailliste Keir Starmer forme un gouvernement marqué par la diversité sociale
En marge du meurtre de George Floyd
Guylain Levasseur vs l’hypocrisie bourgeoise de l’administration Plante
Le manque de jugement de l’avocate Wong
Les itinérants-campeurs et la gestion du risque
Montée du nombre de cas de COVID-19 dans les refuges pour itinérants à Montréal
Plus de 240 campements d’itinérants démantelés depuis le début de l’année à Montréal

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Écrit par Jean-Pierre Martel


À Montréal, bloquer la construction domiciliaire est payant

Publié le 2 juin 2024 | Temps de lecture du texte : 6 minutes
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Tomber des nues

Le 28 mai dernier, le quotidien La Presse révélait l’importance des délais pour obtenir un permis de construction à Montréal.

Là où cela prend en moyenne plus d’un an, la mairie de l’arrondissement est aux mains d’une personne élue sous la bannière du parti municipal de Valérie Plante dans cinq cas sur six (en jaune dans le graphique).

Là où cela prend entre neuf mois et douze mois, là encore c’est cinq arrondissements sur six.

Mais là où c’est le moins lent, c’est l’inverse; cinq arrondissements sur sept sont aux mains de l’opposition.

Lorsqu’on calcule la moyenne de ces moyennes, celle-ci est de 364 jours dans les arrondissements dirigés par une personne alliée de Mme Plante et de 253 jours (le tiers plus vite) lorsque le maire ou la mairesse d’arrondissement est d’une autre formation politique.

En prenant connaissance de cette nouvelle de La Presse, Valérie Plante tombe des nues : “ C’est inacceptable ” dit-elle.

On se rappellera qu’à la suite de l’incendie du 226 de la place d’Youville, Mme Plante avait appris en lisant le Globe and Mail que dans le quartier du Vieux-Port, le service des incendies avait suspendu dès 2018 l’application de la règlementation concernant les sorties de secours.

En prenant cela du quotidien torontois, Valérie Plante tombait des nues : “ C’est inacceptable ” disait-elle.

C’est à se demander si Mme Plante sait ce qui se passe dans sa ville. Heureusement qu’il y a des journalistes pour le lui apprendre…

Comment en est-on arrivé là ?

Mme Plante fut élue mairesse en novembre 2017 sous la promesse, entre autres, de construire six-mille logements sociaux.

En réalité, son intention était de ne rien dépenser à ce sujet, mais plutôt de forcer les entrepreneurs en construction à réaliser sa promesse à elle.

Comment ? En refusant de délivrer des permis de construction aux grands projets domiciliaires à moins qu’ils comprennent 20 % de logements sociaux, 20 % de logements abordables et 20 % de logements familiaux.

Une fois élue, l’administration Plante mit trois ans et demi pour peaufiner le règlement à ce sujet, finalement adopté en avril 2021. Durant tout ce temps, les entrepreneurs ont été maintenus dans l’incertitude quant à savoir ce que la ville appelait un logement ’social’, ‘abordable’ ou ‘familial’.

Incapables de juger de la profitabilité de leurs projets montréalais, la majorité des entrepreneurs se sont consacrés à la construction domiciliaire en banlieue.

Si bien qu’à l’élection municipale suivante, en moyenne 271 logements sociaux avaient été construits annuellement. Pour un total de 1 082 logements sociaux achevés et habités en quatre ans, soit 18 % des six-mille promis.

Apprenant la nouvelle dans le Journal de Montréal, Mme Plante ne tomba pas des nues cette fois, mais déclara plutôt que tous les logements sociaux promis (les six-mille) étaient construits ou en voie de l’être. Comme si on pouvait déménager dans un logement en voie de devenir habitable.

À l’élection municipale suivante, Mme Plante en promit encore davantage. Mais après avoir appris que son adversaire en promettait plus qu’elle (50 000 nouveaux logements, dont dix-mille sociaux), la mairesse sortante haussa sa promesse à 60 000 logements ‘abordables’, de manière à être celle qui en promettait le plus.

Depuis l’adoption de son règlement en 2021, un seul projet social, totalisant 86 appartements, a été mis en chantier.

Au total, les mises en chantier dans le Grand Montréal sont passées de 32 300 logements en 2021 à 15 200 en 2023. Comme elles ont chuté partout au pays en raison de la hausse des taux d’intérêt.

En dépit de cela, les promoteurs qui aimeraient aller de l’avant plutôt que d’attendre une baisse éventuelle des taux d’intérêt font face à un obstacle insurmontable; la lenteur de la ville de Montréal à accorder de nouveau permis de construction.

Plus de quatre-mille mises en chantier sont bloquées par les arrondissements de la ville, les plus pointilleux desquels étant ceux dirigés par des maires d’arrondissement élus sous la bannière du parti municipal de Valérie Plante.

Dans les autres, on respecte à contrecœur le règlement de l’administration Plante. Ce qui fait qu’on l’applique en tournant les coins ronds. Résultat ? Les effets néfastes du règlement se font moins sentir.

Mais puisque le règlement en question prévoit des pénalités importantes pour les entrepreneurs qui diffèrent leurs projets, dans les arrondissements détenus par le parti de Valérie Plante, le règlement est essentiellement une source de revenus.

C’est ainsi que la ville a collecté 26 millions$ de pénalités au cours des deux premières années de son application. Et c’est sans compter l’économie des frais de pavage, des raccordements d’eau potable et d’égout qu’elle aurait assumés si ces nouveaux ensembles résidentiels avaient vu le jour.

À long terme, un boom immobilier majeur (comme celui qui est nécessaire pour faire face à la crise du logement) est une source de revenus pour la ville.

Mais à court terme, c’est le contraire puisqu’il oblige la ville à dépenser une fortune pour construire les infrastructures municipales qui sont nécessaires pour desservir tous ces nouveaux logements.

Pour éviter l’endettement ou, au contraire, la hausse des taxes, l’administration Plante semble préférer l’étalement progressif de la construction domiciliaire en bloquant les projets en cours. Ce qui lui permet entretemps de collecter les pénalités.

C’est ainsi que le responsable de l’habitation au comité exécutif de la ville déclarait fièrement : “ On a amassé 26 millions$ en deux ans [de pénalités]. Presque autant que dans les quinze années précédentes. Alors c’est quand même un succès.

Évidemment, présenté comme ça…

Références :
Délais pour permis de construction — « Ce n’est pas satisfaisant, c’est inacceptable », dit Valérie Plante
Des chantiers sur pause malgré la pénurie
Le feu à la place d’Youville : pour la scission de l’arrondissement Ville-Marie
Le logement social à Montréal : les promesses en l’air
Moratoire d’inspection des pompiers: Valérie Plante appelle le contrôleur général à la rescousse
Permis de construction à Montréal — Des « délais interminables »
Règlement « 20-20-20 » — le dur test de la réalité pour Valérie Plante
Un seul projet de logement social approuvé en deux ans

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Valérie Plante et le wokisme d’affaires

Publié le 24 mai 2024 | Temps de lecture du texte : 3 minutes

Introduction

Puisque chaque personne est unique, tous les humains contribuent à la diversité de notre espèce.

Toutefois, dans le vocabulaire woke, le mot ‘diversité’ possède un sens particulier. Il désigne l’ensemble des personnes qui ne sont pas des hommes hétérosexuels à la peau pâle.

En novembre 2020, l’avocate Cathy Wong — la deuxième personne en ordre d’importance à la ville (après la mairesse) — demandait officiellement au conseiller municipal de l’arrondissement de Snowdon de ne pas se représenter à l’élection municipale de 2021 ‘afin de faire place à la diversité’.

Parce que, selon l’administration Plante, les Juifs ne font pas partie de la diversité.

L’approvisionnement inclusif

Dernièrement, Montréal a dévoilé les principes qui guideront l’attribution de ses contrats d’ici la fin de la décennie.

Dans le document ‘Approvisionnement responsable : Plan d’action 2030’, on y apprend qu’en matière d’acquisition, la ville favorisera progressivement les fournisseurs issus de la diversité. L’an dernier, la ville en comptait déjà 950 dans le fichier de ses fournisseurs.

Pour en faire partie, l’entreprise doit être détenue et exploitée dans une proportion de plus de 50 % par des membres d’une minorité visible, ethnique ou ‘racisée’, par des femmes, par des membres d’une communauté autochtone, par des handicapés ou par des personnes de la
communauté LGBTQ2+.

Mais si les acheteurs de la ville ont à choisir entre deux fournisseurs, l’un dirigé par une lesbienne ‘blanche’ asthmatique et l’autre par un hétérosexuel ‘noir’ manchot, à qui doit-on accorder le contrat ?

Pour ce faire, le comité chargé d’attribuer le contrat devra procéder à une analyse différenciée ‘intersectionnelle’ au cours de laquelle, guidés par des experts en sciences sociales, les décideurs prendront en compte ces différentes réalités.

Malgré cela, le document de la ville demeure imprécis.

Si, de l’avis des experts, il vaut mieux être lesbienne asthmatique que ‘noir’ manchot, jusqu’à combien le prix de la soumission de la première peut-il être supérieure à celui du deuxième et obtenir quand même le contrat ?

Dans le cas des personnes dont l’identité de genre est fluctuante, si Bianca (par exemple) est redevenue Serge mais a oublié d’en aviser les responsables du fichier des fournisseurs, s’agit-il d’une fraude et, si c’est le cas, les procureurs de la ville s’adresseront-ils aux tribunaux pour récupérer les sommes versées à Serge par erreur ?

Conclusion

Le document ‘Approvisionnement responsable : Plan d’action 2030’ est merveilleusement bien écrit. On perdrait son temps à y chercher un mot ou une phrase susceptible de heurter la sensibilité des personnes si promptes à se sentir victimisées.

Mais sous un enrobage sucré, très certainement conçu par une firme de relations publiques, se cache une politique où les décisions d’affaires de la ville se prendront dorénavant par des gens qui traineront le boulet de l’idéologie woke.

Références :
Approvisionnement responsable : Plan d’action 2030
Le manque de jugement de l’avocate Wong

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Dehors, les ‘puants’ !

Publié le 29 novembre 2023 | Temps de lecture du texte : 4 minutes
Bibliothèque Maisonneuve

Introduction

Dès l’an prochain, les usagers des quarante-cinq bibliothèques publiques de Montréal pourront en être expulsés et mis à l’amende si d’autres usagers sont incommodés par l’odeur qu’ils dégagent.

Le texte définitif du règlement municipal est à venir. Mais essentiellement, c’est ce qu’il dira.

L’amende

Déjà le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal trouve choquant ce projet de règlement. Selon cet organisme, ce règlement stigmatiserait des êtres vulnérables.

Nous y reviendrons.

D’autre part, cet organisme plaide que l’imposition d’amendes élevées (de 350$ à 1 000$ par offense) est contreproductive. Pour un sans-abri, que l’amende soit de cinquante dollars ou de cinq-millions, c’est pareil; c’est une somme qu’il est incapable de payer.

Lorsque la ville voudra engager des poursuites pour non-paiement de ces contraventions, elle devra recourir à des procureurs rémunérés au tarif horaire de 500$ à 1 000$ et à un juge municipal payé un quart de million$ par année.

Si le tribunal ordonne la confiscation de ses biens, cette saisie ne couvrira pas, dans l’immense majorité des cas, les sommes dues. Donc il faudra les condamner à la prison.

Or par année, l’emprisonnement dans une prison à sécurité minimale coute environ 81 820$, soit 225$ par jour.

Il serait préférable que les préposés d’une bibliothèque vérifient la disponibilité de places dans les refuges pour itinérants et paient un taxi pour amener le sans-abri aux portes d’un refuge éloigné, où il aura le choix d’y entrer ou de poursuivre sa vie à l’extérieur (si c’est son désir).

La discrimination

Un règlement qui ne vise rien est un règlement qui ne vaut rien. La discrimination est ce qui permet de distinguer le contrevenant et de le punir sélectivement. Donc, par nature, toute loi ou tout règlement est discriminatoire.

La personne puante peut être un sans-abri, un fumeur qui se présente avec un cigare qu’il vient d’éteindre ou toute personne qui empeste le parfum.

Ce qu’oublient les organismes de défense des sans-abris, c’est que la puanteur est une agression pour les autres. En effet, tout comme la personne qui crie, la personne qui pue agresse les autres. Le premier par l’ouïe, le second par l’odorat.

La grande majorité d’une population normale aura de la difficulté à se concentrer et à lire un document quand son voisin empeste.

Cette sensibilité s’explique, entre autres, par le fait que les cellules sensitives du nez sont les seules qui connectent directement le cerveau à l’extérieur du corps, ou plus précisément aux récepteurs de l’odorat situé à la surface de la muqueuse nasale. Toutes les autres cellules nerveuses du corps font synapse avec d’autres cellules nerveuses avant d’arriver au cerveau.

Conclusion

Si on veut plus d’endroits pour abriter les sans-abris — on en compte actuellement dix-mille au Québec, dont trois-mille femmes — il faut construire plus de refuges pour les accueillir et non transformer les bibliothèques en refuges pour itinérants.

Si nos bibliothèques veulent être ‘inclusives’, elles doivent l’être d’abord et avant tout à l’égard de ceux qui viennent pour y lire en toute quiétude. Parce que c’est ça, la vocation essentielle d’une bibliothèque.

En rédigeant la version définitive de son règlement, la ville de Montréal devra garder à l’esprit qu’il est possible, dans un avenir moyennement rapproché, que toutes les bibliothèques publiques — comme tous les espaces disponibles — soient réquisitionnées par l’État pour accueillir les sans-abris que seront devenus des dizaines de milliers de travailleurs à faible revenu jetés à la rue en raison de l’aggravation de la crise du logement.

La manière avec laquelle on traite nos sans-abris aujourd’hui pourrait être celle avec laquelle on traitera demain des milliers d’entre nous…

Références :
Bibliothèques publiques de Montréal : Vous puez ? Vous sortez !
Coûts de la criminalité et des interventions du système de justice pénale

Paru depuis : Les itinérants ne sont pas des lépreux (2023-12-01)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif PanLeica 8-18 mm — 1/160 sec. — F/2,8 — ISO 250 — 8 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les 200 arbres à couper le long du boulevard Pie-IX

Publié le 12 août 2023 | Temps de lecture du texte : 4 minutes


 
Introduction

Jeudi dernier, on apprenait que la ville de Montréal compte couper environ deux-cents arbres situés le long l’extrémité sud du boulevard Pie-IX, plus précisément entre l’avenue Pierre-de Coubertin et la rue Notre-Dame.

Selon les autorités municipales, ces coupes se justifient par les aménagements de la voie publique rendus nécessaires par le prolongement du SRB (Service rapide par bus).

Ce soir-là, au Téléjournal de Radio-Canada, les quelques personnes interrogées ont exprimé unanimement leur opposition à cette mesure.

Je ne comprends pas pourquoi.

J’imagine que si les gens passaient moins de temps à déambuler la tête penchée vers l’écran de leur téléphone ‘intelligent’ et levaient les yeux vers la canopée de ces arbres, ils auraient vu à quel point ces arbres souffrent et enlaidissent le boulevard Pie-IX.

Rappel historique

Il y a quelques années, des milliers de frênes montréalais ont dû être abattus afin de limiter la propagation d’un coléoptère mortel pour eux, l’Agrile du frêne.

Pour meubler l’espace laissé vacant, les autorités municipales ont planté diverses essences d’arbres, dont une variété d’ormes à croissance très rapide.
 

 
Justement à cause de la rapidité de leur croissance, ces arbres fabriquent un bois mou qui casse facilement lors des tempêtes de verglas ou simplement lors de grands vents.

Leur feuillage asymétrique, percé de meurtrissures béantes, témoigne des sévices qui leur ont été infligés au cours de leur croissance.

De plus, au sud de l’avenue Pierre-de Coubertin, le trottoir borde le boulevard Pie-IX. Ce qui fait que ces arbres ont tous été plantés sur des terrains privés.
 

 
À cause justement de leur proximité avec les trottoirs, l’écorce de plusieurs d’entre eux a été abimée lors du déneigement. Dans la photo ci-dessus, on notera l’ombre insatisfaisante laissée au sol par ces arbres au feuillage clairsemé.

Et seule la pluie sur ces terrains étroits sert à abreuver ces arbres puisque tout ce qui tombe sur Pie-IX est dévié vers les égouts.

Ce sont donc des arbres infirmes dont tout le système racinaire est atrophié sous la voie publique et n’est développé que du côté des terrains privés.

Résultat : tous ces arbres croissent péniblement et sont plus sujets aux maladies qu’ils ne le seraient en pleine nature.

Refaire en mieux

Les travaux du SRB sont une occasion de repartir à neuf.

Lorsqu’on regarde les rues récemment réaménagées par la ville dans les quartiers ouvriers, on remarque que moins d’eau de pluie est détournée vers les égouts. Par exemple, plus d’eau sert à nourrir les plantes qui décorent les saillies de trottoirs.

Le même souci guidera l’aménagement de cette nouvelle section du boulevard Pie-IX.

Au lieu d’être un long ilot de chaleur, le centre de cette artère sera planté d’arbres plus vigoureux.

Et on fera de même de chaque côté de ce boulevard. Si bien que leur feuillage sera plus opaque et fera plus d’ombre rafraichissante pour les piétons que celui de ces arbres chétifs au travers desquels on peut voir le ciel.

La ville promet que pour chaque arbre coupé sur Pie-IX, deux arbres le remplaceront.

Conclusion

Toutes les grandes villes du monde sont le résultat d’essais et d’erreurs.

Les arbres plantés il y a quelques décennies par la ville le long du boulevard Pie-IX sont en bonne partie des arbres qui font pitié.

Le réaménagement de cette artère importante est une occasion en or de faire beaucoup mieux.

Ne la ratons pas.

Référence : Bus express sur le boulevard Pie-IX: des centaines d’arbres abattus?

Détails techniques de la photo : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8
1re photo : 1/5000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
2e  photo : 1/5000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 29 mm
3e  photo : 1/2500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le laisser-faire de l’administration Plante face aux chauffards

Publié le 25 juin 2023 | Temps de lecture du texte : 4 minutes

Les excès de vitesse, en général

En ordre décroissant d’importance, les quatre causes des accidents mortels impliquant de piétons à Montréal sont :
• l’excès des voitures dans nos rues,
• les angles morts des véhicules utilitaires et des camions,
• la vitesse des voitures et,
• l’absence presque totale de répression policière.

On estime que 70 % des conducteurs dépassent la limite de vitesse dans les zones de 30 km/h, soit près des parcs et des écoles.

Là où la limite est de 40 ou 50 km/h (dans les zones résidentielles), cette limite est dépassée dans 50 % des cas. Sur les autoroutes du Québec, la proportion des conducteurs qui excèdent la limite permise grimpe à 75 %.

En 2022, les policiers de Montréal ont donné 47 770 constats d’infraction reliés à des excès de vitesse. Cela représente moins d’un dixième de un pour cent des déplacements effectués à vitesse excessive cette année-là sur l’ile de Montréal.

En somme, l’immense majorité des chauffards peuvent y rouler en toute quiétude.

Les excès de vitesse près des écoles

À Montréal, depuis des années, les demandes de citoyens pour ajouter des passages piétons supervisés par des brigadiers scolaires sont presque systématiquement refusées.

Quant aux pétitions des citoyens, la ville a adopté à leur sujet des exigences telles qu’elles rendent impossible leur recevabilité.

Mais puisque les excès de vitesse sont, de l’avis même des policiers, une cause importante de la mortalité sur nos routes, comment les forces de l’ordre protègent-elles nos enfants sur leur chemin vers l’école ?

Depuis 2019, l’administration Plante a diminué le nombre d’agents affectés au respect des règles de circulation automobile.

En 2018, les agents de circulation donnaient douze-mille contraventions pour excès de vitesse dans les zones scolaires de la métropole. L’an dernier, ils en ont émis 5 299, soit moins de la moitié.

La répression policière à ce sujet se fait surtout à l’occasion d‘opérations de surveillance. Évidemment, deux patrouilleurs peuvent spontanément partir à la course pour arrêter une voiture qui leur file sous le nez à toute vitesse. Mais l’essentiel de la répression policière se fait lors d’opérations concertées.

À titre d’exemple, au cours des douze mois qui ont précédé l’homicide de Mariia Legenkovska, seuls trois constats pour vitesse excessive ont été délivrés par la police de Montréal à l’intersection où l’écolière devait être happée mortellement.

Et ces contraventions ont toutes trois été données entre 7h55 et 8h33 le 8 septembre 2022. En d’autres mots, à part cette opération policière d’une demi-heure, l’intersection a été livrée au bon vouloir et au laisser-faire pendant plus d’un an.

Plus grave encore, des sept écoles situées sur le territoire desservi par le poste de quartier No 22, seule celle de Mariia Legenkovska a été protégée pendant 38 longues minutes en 2022; les autres écoles ont été laissées totalement à la merci des chauffards.

Références :
Fillette happée à Montréal : « Ça fait des années qu’on dit que c’est dangereux »
Les Québécois roulent beaucoup trop vite, martèlent les directeurs de police
L’intersection où est morte la petite Mariia toujours aussi dangereuse
Normes et procédure pour l’implantation de ralentisseurs
Pourquoi si peu de dos-d’âne dans les rues résidentielles de Montréal ?
Rapport 2022 du Service de police de la ville de Montréal
Sécurité des piétons : réduire la vitesse ou implanter le péage ?
Seulement trois excès de vitesse ont été punis en un an près de l’école de la petite Mariia

Paru depuis : Les gros véhicules augmentent le risque de décès (2023-09-01)

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Écrit par Jean-Pierre Martel