Jeudi dernier, on apprenait que la ville de Montréal compte couper environ deux-cents arbres situés le long l’extrémité sud du boulevard Pie-IX, plus précisément entre l’avenue Pierre-de Coubertin et la rue Notre-Dame.
Selon les autorités municipales, ces coupes se justifient par les aménagements de la voie publique rendus nécessaires par le prolongement du SRB (Service rapide par bus).
Ce soir-là, au Téléjournal de Radio-Canada, les quelques personnes interrogées ont exprimé unanimement leur opposition à cette mesure.
Je ne comprends pas pourquoi.
J’imagine que si les gens passaient moins de temps à déambuler la tête penchée vers l’écran de leur téléphone ‘intelligent’ et levaient les yeux vers la canopée de ces arbres, ils auraient vu à quel point ces arbres souffrent et enlaidissent le boulevard Pie-IX.
Rappel historique
Il y a quelques années, des milliers de frênes montréalais ont dû être abattus afin de limiter la propagation d’un coléoptère mortel pour eux, l’Agrile du frêne.
Pour meubler l’espace laissé vacant, les autorités municipales ont planté diverses essences d’arbres, dont une variété d’ormes à croissance très rapide.
Justement à cause de la rapidité de leur croissance, ces arbres fabriquent un bois mou qui casse facilement lors des tempêtes de verglas ou simplement lors de grands vents.
Leur feuillage asymétrique, percé de meurtrissures béantes, témoigne des sévices qui leur ont été infligés au cours de leur croissance.
De plus, au sud de l’avenue Pierre-de Coubertin, le trottoir borde le boulevard Pie-IX. Ce qui fait que ces arbres ont tous été plantés sur des terrains privés.
À cause justement de leur proximité avec les trottoirs, l’écorce de plusieurs d’entre eux a été abimée lors du déneigement. Dans la photo ci-dessus, on notera l’ombre insatisfaisante laissée au sol par ces arbres au feuillage clairsemé.
Et seule la pluie sur ces terrains étroits sert à abreuver ces arbres puisque tout ce qui tombe sur Pie-IX est dévié vers les égouts.
Ce sont donc des arbres infirmes dont tout le système racinaire est atrophié sous la voie publique et n’est développé que du côté des terrains privés.
Résultat : tous ces arbres croissent péniblement et sont plus sujets aux maladies qu’ils ne le seraient en pleine nature.
Refaire en mieux
Les travaux du SRB sont une occasion de repartir à neuf.
Lorsqu’on regarde les rues récemment réaménagées par la ville dans les quartiers ouvriers, on remarque que moins d’eau de pluie est détournée vers les égouts. Par exemple, plus d’eau sert à nourrir les plantes qui décorent les saillies de trottoirs.
Le même souci guidera l’aménagement de cette nouvelle section du boulevard Pie-IX.
Au lieu d’être un long ilot de chaleur, le centre de cette artère sera planté d’arbres plus vigoureux.
Et on fera de même de chaque côté de ce boulevard. Si bien que leur feuillage sera plus opaque et fera plus d’ombre rafraichissante pour les piétons que celui de ces arbres chétifs au travers desquels on peut voir le ciel.
La ville promet que pour chaque arbre coupé sur Pie-IX, deux arbres le remplaceront.
Conclusion
Toutes les grandes villes du monde sont le résultat d’essais et d’erreurs.
Les arbres plantés il y a quelques décennies par la ville le long du boulevard Pie-IX sont en bonne partie des arbres qui font pitié.
Le réaménagement de cette artère importante est une occasion en or de faire beaucoup mieux.
Ne la ratons pas.
Référence : Bus express sur le boulevard Pie-IX: des centaines d’arbres abattus?
Détails techniques de la photo : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8
1re photo : 1/5000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
2e photo : 1/5000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 29 mm
3e photo : 1/2500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
Bonjour Jean-Pierre,
Bien sûr quand il est question de la coupe d’arbres, il est tentant d’instinctivement s’y objecter; merci de nous faire voir un autre point de vue très pertinent !
Bonne journée !