Introduction
La promotion de l’inclusivité par la mairie de Montréal s’est limitée à l’adoption de gestes purement symboliques comme la promotion de l’écriture dite ‘inclusive’ (ex.: Les bâtisseur.euse.s culturel.le.s montréalais.e.s), et la condamnation bon chic bon genre de toutes les formes de discrimination possibles ou imaginables…
Sauf la discrimination sociale et la discrimination linguistique, soit celle dont sont victimes à l’embauche les francoQuébécois unilingues sur l’ile de Montréal lorsqu’on exige d’eux la connaissance de l’anglais lorsque cela n’est pas nécessaire.
Un nombre insuffisant de logements sociaux
Dans le cas du logement social, lors des élections municipales, la priorité de Mme Plante a toujours été d’en promettre plus que son adversaire. Mais une fois élue, le zèle lui fait défaut.
Les études sociologiques démontrent que la mixité sociale est le mode idéal de cohabitation urbaine.
Forte de ce principe, l’administration Plante compte sur les développeurs immobiliers pour réaliser ses promesses en leur émettant un permis à la condition qu’ils consacrent une partie de leurs unités locatives à du logement social.
Mais nous ne sommes pas dans un pays à économie dirigée. Au contraire, dans un pays capitaliste, si une administration municipale veut nuire à la rentabilité des investissements immobiliers, les entrepreneurs construiront ailleurs, là où ils peuvent maximiser leurs profits.
En réalité, quand de riches Montréalais déménagent dans des condominiums construits pour eux, ils libèrent des logements qui peuvent être occupés par des gens moins fortunés. Et les logements libérés par ces derniers servent à d’autres. Et ainsi de suite.
Et par ce jeu de chaise musicale, toute augmentation de l’offre locative profite à tout le monde en soulageant la crise du logement et en combattant l’augmentation des loyers qui en découle.
Voilà pourquoi le gouvernement québécois de François Legault estime qu’il est futile de budgéter des sommes supplémentaires pour la construction de logements sociaux quand des sommes colossales sont déjà disponibles, mais ne sont pas dépensées en raison notamment du blocage idéologique de l’administration Plante.
Harceler les itinérants
Il y a quelques années, la ville de Montréal s’était fait remarquer par sa volonté de limiter à trente minutes le temps qu’on pouvait passer assis sur les bancs du parc Cabot.
Cette mesure visait à lutter contre le ‘vagabondage’ des itinérants autochtones qui fréquentaient ce parc.
Après les protestations des travailleurs sociaux, l’administration municipale, soucieuse de son image publique, avait été dans l’autre extrême, soit de faire modifier ces bancs pour permettre aux itinérants de s’y allonger pour dormir.
Au cours de la pandémie, la ville a chassé les itinérants qui campaient le long de la rue Notre-Dame — où le risque d’attraper le Covid-19 était nul — afin de les forcer à dormir dans des refuges (c’est-à-dire des lieux clos) où le risque de contagion était considérablement plus élevé.
La persécution de Guylain Levasseur
Ce matin, je m’étais levé de bonne humeur, comme d’habitude.
Mais j’ai pris connaissance de l’ampleur du harcèlement policier que la ville de Montréal fait subir depuis des années à Guylain Levasseur; il doit 25 000$ en contraventions.
Pour la ville, il est un multirécidiviste.
Pour les itinérants de Montréal, il est l’équivalent de ce qu’était mère Theresa dans les quartiers pauvres de Calcutta.
Je ne le connais pas personnellement. Mais en faisant du vélo à travers le parc Adhémar-Raynault, je l’ai croisé à plusieurs reprises. Et j’ai eu l’occasion de discuter avec lui et d’admirer son dévouement pour ses protégés.
Ce dévouement, c’est de parcourir la ville à la recherche de dons d’épiciers généreux et d’offrir gratuitement ces vivres aux siens. Et ce, à partir de sa cantine mobile.
Le harcèlement de la ville contre lui est un scandale. Il est tel que la Commission des droits de la personne et de la jeunesse (CDPDJ) a jugé bon d’intenter un recours à la fois contre la Ville, le Service de police de la Ville de Montréal, ainsi que quatre patrouilleurs qui se sont acharnés sur M. Levasseur.
Conclusion
Les élus de l’administration Plante sont des gens qui ont réussi. Ce sont des nouveaux riches, obnubilés par la technologie (trottinettes électriques) et les concepts à la mode.
Pourquoi n’y a-t-il pas plus de travailleurs manuels, d’ouvriers à faible revenu et de pauvres dans l’administration Plante ? Parce que cette administration est composée de bourgeois propres, beaux et souriants, animés de belles intentions, qui conçoivent la ville dans leur lorgnette de parvenus sans culture et sans expérience de la vie.
Guylain Levasseur est leur exact opposé.
Sa réussite sociale à lui, c’est d’avoir transformé son vieux camion en cantine mobile et de nourrir les siens.
Jamais vous ne l’entendrez prononcer les mots ‘personnes vulnérables’ en adoptant cet air empathique, typique de ces élus qui les ont répétés des dizaines de fois devant leur miroir…
Jamais vous ne l’entendrez dire que ses pensées et ses prières vont aux itinérants morts de faim ou de froid. Parce que la mort de chacun d’eux est un échec dont il a honte.
J’inviterais donc la mairesse de Montréal à invoquer l’engorgement du système judiciaire pour abandonner toutes les poursuites intentées par son administration contre Guylain Levasseur et à s’excuser de l’acharnement dont il est le sujet depuis des années.
Puisque la défense de la ville contre le recours de la CDPDJ devrait couter beaucoup plus que 25 000$ en frais juridiques, la saine gestion des finances de la ville exige que celle-ci mette fin dès maintenant à la persécution dont M. Levasseur est victime.
Références :
235 contraventions en quatre ans: un sans-abri ciblé par les policiers de Montréal
Le banc de la discorde
Le logement social à Montréal : les promesses en l’air
Les itinérants-campeurs et la gestion du risque
Quatre-millions de Québécois victimes de discrimination à l’embauche
Que défend la Ville de Montréal? Le langage épicène ou le langage militant?
Parus depuis :
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Je partage votre avis concernant l’administration Plante.
Mais, vous errez en écrivant : «En réalité, quand de riches Montréalais déménagent dans des condominiums construits pour eux, ils libèrent des logements qui peuvent être occupés par des gens moins fortunés.»
Les riches n’habitent pas dans des appartement.Ils quittent leur maison quand les enfants sont élevés. C’est ce que l’on a fait en quittant Trois-Rivières où nous avons habité dans 3 maisons en 30 ans.