Les débuts chaotiques de la diplomatie ukrainienne en Afrique

Publié le 20 août 2024 | Temps de lecture du texte : 10 minutes
Pays (en vert) qui n’ont pas adopté de sanctions économiques contre la Russie

Un effort diplomatique remarquable

Depuis son indépendance en 1991, l’Ukraine a ouvert huit ambassades dans les pays africains suivants : en Algérie, en Angola, en Égypte, en Éthiopie, au Kenya, au Nigeria, au Sénégal et en Afrique du Sud.

Kyiv annonçait dernièrement sa décision de faire passer à vingt le nombre de ses ambassades africaines.

C’est ainsi que le 12 avril dernier, l’Ukraine aménageait sa nouvelle ambassade en Côte d’Ivoire dans une maison cossue de 1 200 m² située à deux pas de l’ambassade de la Russie (selon les précisions de la BBC).

L’Ukraine veut ainsi être en mesure de faire plus efficacement la promotion de ses intérêts auprès d’une vingtaine de pays africains sur les 53 pays que compte le continent. À titre de comparaison, on trouve des ambassades et des consulats canadiens dans 35 pays africains.

Dans les faits, le travail quotidien de ces délégations à l’Étranger sera d’informer et de délivrer des visas aux personnes de ces pays qui voudront voyager en Ukraine et d’autre part, aider les Ukrainiens sur place qui auront perdu leur passeport ou qui se seront fait voler leurs effets personnels.

En aout 2022, deux des plus importantes agences de notation financière — S&P Global Ratings et Fitch Ratings — ont rétrogradé les finances de l’Ukraine au niveau de l’avant-dernier échelon de leur grille; en défaut de paiement sélectif. En somme, l’Ukraine est presque en faillite.

Longtemps deuxième pays le plus pauvre d’Europe, l’Ukraine n’a jamais eu les moyens de se doter d’un corps diplomatique important. On s’étonne que, dans l’état actuel de ses finances, l’Ukraine ait décidé maintenant de corriger cette lacune.

L’éléphant dans la pièce

Ces jours-ci, dans le petit monde de la diplomatie internationale, l’Ukraine se comporte comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Quelques jours après le début de la guerre russo-ukrainienne, sur la page Facebook officielle de son ambassade au Sénégal, l’Ukraine avait fait paraitre une offre d’emploi pour des volontaires prêts à s’enrôler dans son armée.

Aussitôt, le gouvernement sénégalais ordonnait à l’Ukraine de cesser tout recrutement de mercenaires à partir de son territoire.

Le 27 juillet dernier, aidés par l’Ukraine, des rebelles maliens ont tendu un guet-apens aux mercenaires russes de l’Africa Corps (le nouveau nom du Groupe Wagner).

Au cours de cette embuscade qui a duré deux ou trois jours, 84 Russes ont été tués. C’est la pire défaite de cette milice depuis son déploiement dans ce pays, en 2022.

Deux jours plus tard, le porte-parole du Service de renseignement militaire de l’Ukraine révélait à la télévision nationale que la victoire des rebelles avait été facilitée par l’Ukraine.

Pour l’instant, on ignore la nature de cette collaboration. Certaines informations suggèrent que les forces spéciales ukrainiennes auraient formé les séparatistes à l’utilisation de drones d’attaque. Une expertise qui leur aurait été précieuse dans ce cas-ci.

À la suite de la confirmation — par l’ambassadeur ukrainien au Sénégal — selon laquelle l’Ukraine était effectivement impliquée dans cette attaque, le Mali a rompu ses relations diplomatiques avec l’Ukraine le 4 aout.

Il faut savoir que l’attaque dont il s’agit visait un convoi de l’armée malienne accompagné de mercenaires de l’Africa Corps. Au cours de cette bataille, 47 soldats maliens ont également perdu la vie.

Le communiqué émis par le gouvernement malien ne laisse aucun doute quant à sa vive contrariété : « [Le Mali] adhère totalement au diagnostic établi par la [Russie] qui a pourtant mis en garde le monde, depuis des années, sur la nature néonazie […] des autorités ukrainiennes, aujourd’hui alliées au terrorisme international, loin des aspirations de paix et stabilité du peuple ukrainien.»

Voisin oriental du Mali, le Niger a lui aussi rompu ses relations diplomatiques avec l’Ukraine.

Sans aller jusque là, le Sénégal (situé à l’ouest du Mali), a déclaré :

« [Le Sénégal…] ne saurait accepter sur son territoire […] des propos et gestes allant dans le sens de l’apologie du terrorisme, surtout lorsque ce dernier vise à déstabiliser un pays frère comme le Mali

Situé au sud du Mali, le Burkina Faso a rappelé le principe sacro-saint de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État souverain (le Mali) et s’est contenté de rappeler les responsabilités de la communauté internationale « face au choix opéré par l’Ukraine de soutenir le terrorisme dans un contexte mondial où l’unanimité est faite sur l’impératif de combattre ce fléau.»

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, habituellement très critique à l’égard de la junte militaire malienne, a néanmoins déclaré qu’elle « désapprouve et condamne fermement toute ingérence extérieure dans la région […] et toute tentative visant à entrainer la région dans les confrontations géopolitiques actuelles.»

En d’autres mots, les pays africains jugent que la guerre russo-ukrainienne est un conflit qui ne les concerne pas et refusent d’être les pions d’une guerre hégémonique en Europe. Par-dessus tout, ils s’opposent à ce que leur pays devienne une extension territoriale de ce conflit.

Ceci étant dit, un petit détail est intrigant; tous ces pays accusent l’Ukraine de ‘terrorisme’ alors que nos médias sont muets à ce sujet. Au contraire, chez nous, on se réjouit plutôt de voir l’Ukraine infliger une défaite à la Russie en aidant des rebelles à lutter contre la dictature militaire de leur pays.

Qu’en est-il vraiment ?

Le contexte malien

Pour comprendre la situation actuelle au Mali, il faut remonter à 2011.

Cette année-là, l’Onu ordonnait un embargo sur la fourniture, la vente et le transfert d’armements aux belligérants qui s’affrontaient alors en Libye, un pays situé au nord du Mali.

Puisque le droit international est de facto facultatif, l’Otan n’a pas hésité à violer la résolution de l’Onu en livrant une quantité considérable d’armements aux rebelles en Libye et à tous les habitants de la région qui acceptaient de devenir mercenaires contre le régime libyen de Mouammar Kadfafi.

Après son assassinat, ces derniers sont retournés à leurs occupations habituelles. Dans un grand nombre de cas, les armes puissantes qu’ils avaient reçues étaient beaucoup trop encombrantes pour leur être utiles.

Conséquemment, ces ex-belligérants se sont départis des armes les plus puissantes et les plus lourdes, vendues aux seules personnes que cela pouvait intéresser, soit les milices terroristes qui œuvraient dans la région subsaharienne, notamment au Mali.

Depuis ce temps, ce pays est aux prises avec une révolte de djihadistes qui combattent le gouvernement central malien afin d’établir une république islamiste dans la moitié nord du pays (appelée Azawad) et d’y imposer la charia, voire d’y créer un califat.

Bref, les armes déversées massivement par l’Otan en Libye ont finalement contribué à la puissance militaire des rebelles du Mali et à l’instabilité politique de ce pays.

Le 6 avril 2012, les Touaregs du MNLA (le Mouvement national de libération de l’Azawad) proclamaient l’indépendance de la moitié nord du Mali. Cette proclamation fut condamnée par le Mali, l’Union africaine et la communauté internationale.

Incapable d’imposer l’ordre, le Mali a d’abord fait appel au Tchad, puis peu après à la France, dont les opérations militaires au Mali se succédèrent de 2014 à 2022 sans parvenir à éradiquer la menace djihadiste.

À la suite du coup d’État de 2021, les nouvelles autorités maliennes se sont montrées de plus en plus critiques, publiquement, à l’égard de l’armée française dans le pays. Ce qui a contribué à généraliser son impopularité au sein de la population malienne.

Dès l’année suivante, la France prétextait l’annulation des élections au Mali pour se retirer du pays.

Celui-ci s’est tourné vers le Groupe Wagner d’Evgueni Prigojine, renommé depuis Africa Corps.

Le mois dernier, aveuglées par leur désir d’infliger une défaite à la Russie, les autorités ukrainiennes ne semblent pas avoir réalisé qu’elles aidaient des terroristes à déstabiliser un pays africain.

En dépit de l’ouverture de ses ambassades, l’Ukraine a rendu toxiques les relations qu’elle comptait tisser avec les pays du continent africain.

Conclusion

En septembre 2023, au parlement canadien, l’ovation d’un sympathisant nazi d’origine ukrainienne en présence de Volodymyr Zelensky a éclaboussé la réputation internationale du Canada et fait le jeu de la Russie, heureuse de souligner le passé pro-nazi de l’Ukraine.

Cet incident s’est produit en raison de la profonde méconnaissance de l’histoire que possède notre classe politique puisque personne, apparemment, ne s’est rendu compte de ce qu’il faisait.

Dans le cas qui nous intéresse aujourd’hui, tous les journaux du Québec — imprégnés du néo-maccarthisme ambiant — ont rapporté positivement (voire triomphalement) l’embuscade tendue à l’Africa Corps par l’Ukraine et ses alliés.

Malheureusement, aucun de nos journalistes ne semble avoir soupçonné que l’Ukraine se faisait ainsi complice de djihadistes affiliés à Al-Qaïda et à Daech. Des salafistes qui mettent la moitié du Mali à feu et à sang depuis une décennie.

Il était à prévoir qu’un jour, les groupes terroristes apprendraient comment utiliser des drones non seulement pour glaner des renseignements mais également pour commettre des attentats.

Si les informations partielles que nous possédons sont exactes, nous assistons ici à un transfert technologique du pays le plus expérimenté au monde à ce sujet vers des groupes indésirables. Et ce, sous les applaudissement niais de nos journalistes.

Et pendant que tout ce beau monde se tarde d’inclusion et de diversité, personne ne s’est donné la peine de chercher sur l’internet pour savoir ce que les Africains eux-mêmes en pensaient.

Triste époque…

Références :
Au lendemain de la mort de Mouammar Kadhafi, l’Otan a annoncé la fin de sa mission libyenne le 31 octobre
Azawad
10 nouvelles ambassades ukrainiennes en Afrique: quels sont les enjeux ?
La désinformation au sujet de la Division SS Galicie
Le Burkina Faso invite l’Ukraine à ne pas se tromper de combat
La nostalgie nazie en Ukraine
Le rôle de l’Ukraine dans la défaite de l’Africa Corps russe pourrait-il se retourner contre elle ?
L’Occident ne veut pas payer pour reconstruire l’Ukraine
L’Ukraine frappe la Russie en Afrique
L’Ukraine sous le respirateur artificiel américain
Maccarthysme
Mali
Mali cuts diplomatic ties with Ukraine over Wagner attack controversy
Niger’s junta cuts diplomatic ties with Ukraine
Résolution de l’ONU No 1970 (2011)

Parus depuis :
Burkina, Mali et Niger appellent l’ONU à «prendre des mesures» face au «soutien de l’Ukraine au terrorisme» (2023-08-21)
La méthode Wagner, au service des ambitions russes en Afrique (2023-08-22)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La Géorgie : de l’indépendance à la révolution des Roses

Publié le 8 juin 2024 | Temps de lecture du texte : 10 minutes
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La tentative d’épuration ethnique

Dans les années qui précédèrent l’effondrement de l’URSS (survenue le 26 décembre 1991), l’affaiblissement du pouvoir de Moscou coïncida avec une montée de sentiments nationalistes, voire xénophobes, dans les républiques soviétiques. Ce fut le cas en Géorgie.

Sans une langue commune, la Géorgie aurait été ingouvernable en raison de sa quarantaine de minorités ethniques qui, à l’écrit, utilisent six alphabets différents; arménien, cyrillique, géorgien, grec, latin, et syriaque.

Jusqu’en 1990, le russe était la langue de l’administration publique. Comme le latin l’était en France avant François Ier. La langue russe était même celle de l’enseignement universitaire.

Conséquemment, les minorités ethniques ne voyaient pas, jusque là, de raison d’apprendre le géorgien, pourtant langue maternelle de 70,7 % de la population; il était beaucoup plus utile pour ces minorités d’utiliser le russe comme langue seconde puisque même les locuteurs géorgiens la connaissaient.

En raison du caractère autoritaire du régime soviétique et des problèmes économiques (qui prévalaient partout dans l’URSS, ruinée par sa guerre en Afghanistan), de grandes manifestations furent organisées entre 1987 et 1990 par l’opposition en Géorgie.

L’une d’elles, organisée le 9 avril 1989, fut brutalement réprimée par le pouvoir soviétique. Ce qui lui fit perdre toute légitimité aux yeux d’une bonne partie de la population.

La première élection libre et démocratique du pays eut lieu le 28 octobre 1990. Le mois suivant, les députés nouvellement élus nommèrent à la présidence le champion de la cause indépendantiste.

Dès son accession au pouvoir, ce nouveau président donna libre cours à son ultranationalisme autoritaire.

En décembre 1990, son gouvernement décida de consolider l’identité nationale en décrétant que le géorgien devenait la seule langue officielle du pays, en remplacement donc du russe.

Du jour au lendemain, plus du quart de la population était incapable de comprendre les avis publics qui les concernaient.

La sécession ossète

L’imposition du géorgien ne se fit pas seulement au niveau du gouvernement central, mais également dans chacune des provinces du pays.

L’une d’elles est l’Ossétie du Sud. C’est là que vivait la minorité ossète, dernière descendante des grands peuples nomades d’origine iranienne.

Toujours en vertu de sa politique hypernationaliste, le gouvernement central décidait d’abolir la province de l’Ossétie du Sud (peuplée à 50,5 % d’Ossètes) en la fusionnant avec la province voisine (la Karthlie supérieure), beaucoup plus populeuse.

Résultat ? Les Ossètes ne formaient plus qu’environ quinze pour cent de la population de la Karthlie supérieure agrandie (où leur langue n’était plus enseignée). Ce qui provoqua leur rébellion.

Les affrontements avec l’armée géorgienne firent un nombre limité de morts. Le conflit se termina quand les séparatistes, appuyés par la Russie, proclamèrent leur indépendance, validée par voie référendaire en 1992. Une indépendance de facto reconnue par très peu de pays.

L’intervention de la Russie était motivée par le fait que l’Ossétie du Sud était peuplée de 33,9 % de Géorgiens russophones (une proportion qui a chuté depuis à moins de trois pour cent).

Pendant ce temps, Washington demeura les bras croisés. Ce qui constitua une douche froide pour le gouvernement géorgien qui présumait jusque-là qu’il lui suffisait d’afficher son hostilité à l’égard de la Russie pour obtenir automatiquement le soutien de Washington.

Effectivement, à l’époque, Washington est encore ambivalent au sujet de la Géorgie. Une ambivalence qui sera dissipée quelques années plus tard.

Entretemps en Géorgie

En mars 1991, le parlement géorgien organisa un référendum sur l’indépendance nationale qui fut plébiscité par 90,1 % des votes.

L’indépendance de la Géorgie fut proclamée le 9 avril 1991. Le mois suivant, une élection présidentielle au suffrage direct reporta au pouvoir le président sortant.

Toutefois, les années de lutte de ce président à l’époque où il dirigeait l’opposition avaient semé en lui les germes d’une paranoïa qui se manifesta au grand jour une fois à la tête du pays.

Son attitude autoritaire s’exerça non seulement à l’égard des minorités ethniques, mais à l’encontre de tous ceux qui s’opposaient à lui. Un à un, des anciens alliés devenaient ses ennemis.

Le mécontentement qu’il suscita provoqua un coup d’État du 22 décembre 1991 au 6 janvier 1992. En mars de cette année-ci, le pouvoir militaire nomme à la tête du pays Edouard Chevardnadze, un Géorgien qui fut ministre des Affaires étrangères de l’URSS de 1985 à 1990.

Mais son prédécesseur, d’abord réfugié à l’Étranger, revient dans la province d’Abkhazie (dans l’ouest du pays) où il comptait de nombreux partisans. Ce fut le début de la guerre civile géorgienne.

En aout 1992, les forces gouvernementales envahissent l’Abkhazie afin d’y écraser la rébellion.

Mais l’intervention de l’armée géorgienne y tourne à la catastrophe. L’affrontement fait vingt-mille morts. De plus, les rebelles, appuyés par la Russie, procèdent en septembre 1993 à un nettoyage ethnique; ils chassent de la région 260 000 personnes de langue maternelle géorgienne.

Edouard Chevardnadze est alors confronté à une dure réalité; il a besoin de la Russie pour pacifier son pays.

En octobre 1993, ce réalisme politique l’incite à demander que son pays rejoigne les rangs de la Communauté des États indépendants (formée d’anciennes républiques soviétiques demeurées fidèles à Moscou).

Son pari diplomatique porte partiellement ses fruits. La Russie modifie sa politique à l’égard de la Géorgie; elle continue de soutenir l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie mais cesse de financer la guerre civile géorgienne.

Celle-ci s’achève avec la mort (par suicide ?) de l’ancien président, le 31 décembre 1993.

La présidence d’Edouard Chevardnadze

Edouard Chevardnadze fut d’abord nommé président de Géorgie en 1992, puis en fut élu président au suffrage universel en 1995 et en 2000.

C’est lui qui obtint la reconnaissance officielle de la Géorgie et son admission à l’Onu en juillet 1992.

À la fin de la guerre civile, l’économie de la Géorgie est en ruine et ne s’en relèvera pas au cours de l’administration de Chevardnadze en raison de la corruption généralisée, de l’évasion fiscale et l’économie parallèle (60 % du PIB) qui empêcheront le gouvernement géorgien d’avoir les moyens de reconstruire l’économie du pays.

La seule amélioration est la chute de l’inflation (qui avait atteint 8 000 %).

Le 17 octobre 1995, le pays adoptait une constitution instaurant un régime présidentiel fort.

Le Code civil géorgien, adopté en 1997, facilitait la création d’organisations non gouvernementales. Trois ans plus tard, le pays en comptait près de quatre-mille. En soutenant la population démunie, ces ONG devinrent très populaires et conséquemment, très influentes. Nous y reviendrons.

Indicateurs économiques en 2000

Au début du millénaire, le Géorgie possédait un produit intérieur brut de 13,4 milliards$, (exprimé en parité du pouvoir d’achat). Le PIB par habitant était alors de 2 264$.

Essentiellement, son économie était alimentée par sa consommation intérieure.

La balance commerciale de la Géorgie était déficitaire de 314 millions$US en raison d’importations de 939 millions$US et d’exportations de 625 millions$US.

Dépourvue de ressources minières et énergétiques suffisantes, la Géorgie était dépendante, pour sa production industrielle, de son approvisionnement en hydrocarbures russes.

Ses importations provenaient à 33,7 % des pays de l’ancien bloc soviétique (URSS et Europe de l’Est), à 29,3 % de l’Europe de l’Ouest (ou, plus précisément, de l’Union européenne telle qu’elle était à l’époque) et de 13,0 % des États-Unis.

Ses principales exportations étaient destinées à l’Europe de l’Ouest (41,5 %), aux pays de l’ancien bloc soviétique (28,9 %), et à la Turquie voisine (14,5 %).

Avec un taux de chômage de 10,3 %, la moitié de la population vivait sous le seuil de la pauvreté. L’inflation y était de 4,7 %.

La révolution des Roses

Le 17 septembre 2001, quinze mois après sa réélection à la présidence, Edouard Chevardnadze abandonne la tête de sa formation politique, révélant la crise qui y couvait secrètement.

Deux jours plus tard, son incorruptible et hypertalentueux ministre de la Justice (Mikhaïl Saakachvili) claque les portes du Conseil des ministres.

En quelques semaines, le groupe parlementaire du président a perdu la moitié de ses membres. Même le dauphin de Chevardnadze rejoint les rangs de l’opposition.

Dès l’été 2002, les dirigeants des ONG géorgiennes les plus influentes (celles financées par George Soros) affirmaient qu’une révolution pacifique — provoquée selon les techniques de contestation proposées par le politicologue et théoricien Gene Sharp en 1993 — serait nécessaire pour sortir de la crise sociale et économique secouant le pays.

Aux élections régionales du 2 juin 2002, l’opposition remporte une victoire écrasante sur le parti du président.

À l’élection générale du 2 novembre 2003, les candidats pro-gouvernementaux sont déclarés élus, non seulement contre toute attente, mais également contre toute vraisemblance alors que le taux de popularité de Chevardnadze avoisinait 5 % des intentions de vote.

Les partis d’opposition appellent le peuple à la désobéissance civile; près de cent-mille protestataires défilent dans la capitale.

Le 22 novembre, alors que Chevardnadze prononce son discours d’investiture, la foule envahit l’édifice du parlement grâce à la passivité de l’armée.

Ce qui oblige le président à proclamer l’état d’urgence (ce qui ne donnera rien) et, le lendemain, à démissionner.

La location des autobus qui avaient conduit les protestataires dans la capitale, les roses qui leur furent distribuées à leur arrivée et les préparatifs qui s’étaient déroulés au cours des trois mois précédents ont représenté un déboursé de 42 millions$ pour George Soros.

À l’élection présidentielle anticipée qui suivit, le 4 janvier 2004, Mikhaïl Saakachvili, chef du parti d’opposition Mouvement national uni (financé principalement par George Soros) est élu.

Références :
Coup d’État de 1991-1992 en Géorgie
Crise diplomatique russo-géorgienne de 2008
Démographie de la Géorgie
Géorgie
Géorgie (pays)
Géorgie : Politique des minorités nationales
Géorgien
Guerre russo-géorgienne
L’OTAN s’implante en Géorgie
1992 en Géorgie
Ossétie du Sud
Première guerre d’Ossétie du Sud
Révolution des Roses
Russo-Georgian Conflict Originates With Soros Subversion
Salomé Zourabichvili
Zviad Gamsakhourdia (dans l’encyclopédie Universalis)
Zviad Gamsakhourdia (dans Wikipédia)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les malheurs de l’Ukraine

Publié le 11 décembre 2021 | Temps de lecture du texte : 8 minutes

Depuis des décennies, Ukrainiens et Russes entretiennent une relation conflictuelle.

De tous les évènements qui ont jalonné l’histoire de ces deux peuples, le fiasco des politiques agraires sous Staline a marqué la rupture définitive entre eux, une rupture qui est demeurée clandestine jusqu’à l’éclatement de l’Union soviétique.

Au cours de l’Holodomor — c’est le nom d’une série de famines qui ont frappé l’Union soviétique de 1931 à 1933 — entre 2,6 et 5 millions de personnes sont mortes de faim, principalement en Ukraine.

Même si Moscou a toujours prétendu que cette famine a touché l’ensemble les régions agricoles de l’URSS (dont la principale était l’Ukraine), dans l’imaginaire collectif ukrainien, il s’agissait d’une tentative délibérée d’extermination massive dirigée contre eux.

Ce préjugé (fondé ou non) a été intensifié par les exécutions et les déportations de nationalistes ukrainiens au cours des purges staliniennes de 1937-1939.

Depuis l’indépendance de l’Ukraine en 1991, l’Ukraine et la Russie sont politiquement hostiles, mais économiquement liées.

Sans le gaz naturel russe, l’économie ukrainienne ne peut fonctionner. Mais comme le gazoduc alimentant l’Ukraine alimente également l’Europe occidentale, la Russie a préféré construire un gazoduc court-circuitant l’Ukraine afin de se donner les moyens de fermer le plus ancien si elle devait juger cela opportun.

La Russie est le principal partenaire commercial de l’Ukraine; 21 % des biens importés viennent de Russie et 12 % des exportations y sont destinées.

Le conflit ouvert entre les deux pays a fait chuter le PIB ukrainien des deux tiers depuis l’indépendance.

Pour tenter de sortir du marasme économique, l’Ukraine a tenté en vain d’adhérer à l’Union européenne. Ce qui a échoué, entre autres en raison de la corruption généralisée qui y règne.

En 2014, l’annonce par l’Ukraine de son intention (qui n’aura pas le temps de se réaliser) de retirer au russe son statut de langue officielle en Crimée (peuplée à 65,3 % de russophones) a aussitôt provoqué l’indépendance de celle-ci et son rattachement à la Russie.

En réaction à l’annexion russe de la Crimée, l’Ukraine a adopté en septembre 2020 une nouvelle stratégie de sécurité nationale qui prévoit le développement d’un partenariat en vue de l’adhésion de ce pays à l’Otan.

Pour la Russie, cela est totalement inacceptable.

En tant que pays souverain, l’Ukraine est libre d’adhérer à n’importe quelle organisation internationale. Tout comme Cuba, tout aussi souverain, était libre d’acheter des missiles russes en 1962.

Ce qui n’a pas empêché le président Kennedy d’imposer un blocus maritime à Cuba et de menacer la Russie de faire sombrer tout navire qui s’approcherait des côtes cubaines. Ce à quoi la Russie finira par renoncer.

Les États-Unis ne pouvaient pas accepter qu’on installe des missiles ennemis dans leur cour arrière. C’est pareil pour la Russie; d’autant plus que les frontières ukrainiennes sont à 458 km de Moscou alors que Cuba est à 1 860 km de Washington.

Les prédécesseurs de Vladimir Poutine n’ont rien fait pour empêcher la politique d’encerclement de la Russie à laquelle l’Otan procède depuis l’effondrement de l’Union soviétique.

Presque toutes les anciennes républiques soviétiques d’Europe sont maintenant membres de l’Otan; les pays baltes (Estonie, Lettonie, et Lituanie), de la Pologne, de la République tchèque, de la Slovaquie, de la Hongrie, de la Slovénie, de la Roumanie, de la Bulgarie et de l’Albanie.

Pendant un demi-siècle, ces pays ont vécu dans la crainte d’une invasion soviétique. Elles se sont donc empressées de se mettre sous la protection de l’Otan dès que cela fut possible.

L’Ukraine veut faire de même.

Toutefois, une Ukraine militairement inoffensive correspond à un impératif stratégique pour la Russie. Et toutes les sanctions occidentales appliquées dès le lendemain d’une invasion russe ne sont rien en comparaison avec la possibilité d’un anéantissement nucléaire de la Russie par des missiles de l’Otan une fois que celle-ci les aura déployés en Ukraine.

Si Poutine laisse l’Ukraine adhérer officiellement à l’Otan, ce sera trop tard; toute agression militaire russe contre ce pays déclencherait automatiquement une guerre mondiale. Car le principe fondamental de l’Otan, c’est tous pour un, un pour tous (à la manière des Trois mousquetaires).

Or les membres fondateurs de l’Otan (les États-Unis et l’Europe occidentale) sont eux-mêmes inquiets des automatismes prévus par le traité de l’Otan. Puisque ce sont des automatismes semblables qui ont déclenché la Première Guerre mondiale à la suite d’un fait divers; l’assassinat politique d’un hériter de la couronne autrichienne à Sarajevo.

Parlons franchement; une invasion russe en Ukraine n’a pas la même importance que l’invasion de l’Allemagne par la Russie. Mais pour le traité de l’Otan, c’est pareil.

En somme, la Russie doit agir avant l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan.

S’il est vrai que la puissance militaire russe est de 5 à 10 fois inférieure à celle des États-Unis, elle est amplement suffisante pour transformer l’Ukraine en champ de ruines.

L’administration Biden a intérêt elle-même à donner à Poutine les garanties qu’il exige. À défaut de quoi, les États-Unis risquent l’humiliation comme ce fut le cas quand l’intervention russe en Syrie a fait sortir le conflit de son enlisement, après des années de piétinement américain.

Pour les États-Unis, le pire moment pour entrer en guerre contre la Russie, c’est maintenant.

Non pas qu’il la perdrait, mais ils s’y enliseraient. Et ce, pour trois raisons majeures.

Premièrement, en nombres absolus, la force ouvrière américaine est celle qui a été la plus décimée par le Covid-19. De plus, la menace de l’apparition d’un variant exceptionnellement virulent qui échapperait à la protection des vaccins actuels fait en sorte que ce n’est pas le temps, actuellement, de faire la guerre.

Deuxièmement, pour encore quelques mois, les ports américains qui donnent sur la côte du Pacifique sont débordés. Les États-Unis éprouvent donc de sérieuses difficultés d’approvisionnement en temps de paix; imaginez en temps de guerre.

Et dernièrement, les États-Unis ont délocalisé en Chine une partie importante de leur capacité industrielle. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la Chine sera heureuse de soutenir l’effort de guerre américain (et russe) parce que plus les Américains s’épuisent à faire la guerre, plus vite elle accèdera au rang de première puissance mondiale.

Au-delà des capacités guerrières indéniables de leur pays, les Américains ont encore frais en mémoire leur défaite militaire en Afghanistan. L’idée de recommencer aujourd’hui en Ukraine devrait susciter très peu d’enthousiasme.

Tout cela, Poutine le sait; de tous les chefs d’État, c’est le plus expérimenté et le plus rusé.

Or il n’a pas besoin de déclencher une guerre avec l’Ukraine; il lui suffit de lui faire peur pour obtenir sa promesse de ne jamais adhérer à l’Otan.

Et si l’Ukraine refuse, Poutine n’a qu’à annexer les provinces russophones (et consentantes) de l’Ukraine. Une annexion que la population de ces provinces sera heureuse de valider par référendum. Comme la population de la Crimée l’a fait en 2014.

Et si l’Ukraine résiste toujours, Poutine n’a qu’à paralyser l’économie ukrainienne, totalement à sa merci.

Il n’a donc pas besoin d’y déclencher la guerre. Mais si l’Ukraine l’y oblige, Poutine fera en Ukraine ce qu’il a fait en Tchétchénie…

Or justement, avec la montée du prix des hydrocarbures, il en a les moyens.

Pourquoi ne l’a-t-il pas fait plus tôt ? Justement parce que c’est un chef d’État froid, dépourvu d’impulsivité, et qui choisit toujours d’obtenir ce qu’il veut avec le moins d’efforts.

Mais si on le pousse à bout, prenez garde…

L’Ukraine devra donc renoncer à son intention d’adhérer à l’Otan ou en subir les conséquences.

L’Ukraine ne doit pas se faire d’illusion; la stratégie américaine consiste à inciter la Russie à l’envahir afin d’effrayer les anciennes républiques soviétiques et de leur vendre des armes.

Références :
Annexions : Crimée vs Palestine
Crise des missiles de Cuba
Relations avec l’Ukraine
Résumé de géopolitique mondiale (1re partie)
Ukraine
What sanctions could the US hit Russia with if it invades Ukraine?

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Plus grosse affaire d’achat d’armes de son histoire: La Pologne achète 250 chars américains (2022-04-05)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Une prime russe à tuer des soldats américains : pourquoi faire ?

Publié le 30 juin 2020 | Temps de lecture du texte : 2 minutes

Introduction

À partir de sources anonymes, le New York Times publiait vendredi dernier une nouvelle selon laquelle la Russie avait offert des primes aux Talibans pour qu’ils tuent des soldats américains en Afghanistan.

En dépit de cela, aucun soldat américain n’a été tué en Afghanistan depuis trois mois.

Pourquoi payer une prime ?

Lorsqu’un groupe terroriste commet un attentat, il choisit toujours de faire en sorte que celui-ci cause le maximum de pertes humaines.

Faire peur, c’est l’essence du terrorisme. Plus on est cruel, plus on est craint.

Aucun groupe terroriste ne fera sauter un marché en pleine nuit; on choisira un jour de grande affluence, quand ce marché est bondé de monde.

En Afghanistan, les soldats américains sont des envahisseurs. Et le devoir de tout patriote est de chasser les envahisseurs de son pays.

Les Talibans savent bien que plus les pertes de vie sont importantes au sein de l’armée des États-Unis, plus l’opinion publique américaine contestera l’opportunité de poursuivre une occupation militaire qui dure déjà depuis près de vingt ans.

Bref, tuer des soldats américains, les Talibans sont heureux de faire cela gratuitement. Pourquoi les Russes paieraient pour rien ?

Pour l’instant, les Talibans en sentent moins le besoin puisqu’ils participent à des négociations avec les Etats-Unis qui leur font espérer que les soldats américains partiront bientôt d’eux-mêmes, sans qu’ils aient besoin de les tuer.

Références :
Primes russes: pas de consensus au sein des services de renseignement
Russia Secretly Offered Afghan Militants Bounties to Kill U.S. Troops, Intelligence Says

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La technologie, talon d’Achille de la démocratie américaine

Publié le 26 avril 2019 | Temps de lecture du texte : 6 minutes

Un pays peut-il se présenter comme un modèle de démocratie lorsqu’une partie importante de ses citoyens exercent leur droit de vote sur des machines sujettes à l’erreur et aux bris mécaniques, vulnérables à la piraterie, et dont personne ne peut garantir le bon fonctionnement ?

C’est le cas des États-Unis.

Au début des années 2000, le vote à l’aide d’écrans tactiles a été testé dans un petit nombre d’États afin de réduire le cout des dépenses électorales.

À l’époque, l’informatique dématérialisée n’avait pas été créée. Le vote dit ‘électronique’ s’effectuait donc sur des machines à voter.

Brevetées, ces machines sont conçues et fabriquées par des entreprises privées. Le code source de leurs logiciels est secret.

Depuis 17 ans, les machines à voter se sont répandues dans douze États américains. Elles servent lors de référendums d’initiative citoyenne et lors des élections locales ou nationales.

Au cours des années, de nombreuses lacunes ont été corrigées. Toutefois, les machines de première génération, vendues depuis dix-sept ans, souffrent d’une conception déficiente :
• leur bon fonctionnement n’est validé par aucune firme de vérification indépendante,
• elles ne remettent aucun reçu ‘garantissant’ à l’électeur que son vote a été enregistré correctement à partir de l’écran tactile, et
• elles ne fournissent aucun de moyen de vérifier où elles en étaient rendues au moment d’une panne.

Est-ce mieux dans les États où les électeurs votent sur papier ?

Dans ces États, les résultats sont compilés sur des ordinateurs fonctionnant sous Windows™. Or des vérifications ont révélé que sur ces appareils, on n’a pas installé de mise à jour sécuritaire depuis des années.

Bref, l’infrastructure électorale des États-Unis souffre de lacunes sévères, peu importe la technologie utilisée.

Si Donald Trump avait perdu de justesse l’élection présidentielle de 2016, est-on certain qu’il aurait eu la noblesse de reconnaitre la victoire d’Hillary la malhonnête (‘crooked Hillary’), selon ses propres mots ?

Puisqu’il était impossible de recompter des dizaines de millions de votes effectués sur des écrans tactiles, qu’aurait-on fait si le multimillionnaire égocentrique avait plutôt refusé de reconnaitre le résultat du scrutin ?

Ce n’est pas la seule menace qui plane sur le système électoral américain.

Afin d’éviter que des puissances étrangères ne faussent le résultat d’un scrutin aux États-Unis, l’Académie nationale des Sciences américaine recommandait récemment que tous les électeurs votent sur des bulletins en papier destinés à être lus par des lecteurs optiques et compilés par des machines. Les bulletins eux-mêmes seraient conservés dans l’éventualité d’un recomptage. Quant à ces machines, l’Académie déconseille leur connexion directe à l’internet ou par le biais d’un réseau.

Évidemment, les fabricants des anciennes machines à voter proposent aujourd’hui de nouveaux modèles, de seconde génération, qui répondent parfaitement aux normes les plus sévères, disent-ils. Au premier coup d’œil, les nouveaux modèles semblent répondre aux exigences de l’Académie.

Sur certains d’entre eux, le vote se fait encore par le biais d’un écran tactile. Mais la machine remet à l’électeur une confirmation sur papier. L’électeur dépose ensuite la confirmation dans une urne qui sera rouverte en cas de contestation.

D’autres systèmes reposent sur l’utilisation de deux machines complémentaires. L’électeur vote d’abord sur l’écran tactile d’une machine qui ne fait qu’imprimer lisiblement son bulletin de vote. L’électeur présente ensuite ce bulletin imprimé à une deuxième machine qui numérise et enregistre son choix. Le bulletin est ensuite déposé dans une urne.

Dans un cas comme dans l’autre, certains indices laissent croire que beaucoup d’électeurs ne se donnent pas la peine de vérifier si la confirmation ou le bulletin imprimé est conforme à leur choix.

Dans le système à deux machines, le premier appareil ne fait pas qu’imprimer lisiblement le choix de l’électeur; il imprime également un code zébré qui — lui seul — sera lu par la deuxième machine. Or l’électeur n’a aucun moyen de savoir si ce code (incompréhensible) correspond à ce qu’il peut lire en clair sur son bulletin imprimé.

Des chercheurs universitaires se sont procuré des machines à voter afin de vérifier leur vulnérabilité à la piraterie. Leurs résultats ont provoqué la décertification des machines à voter de Virginie. Les fabricants de ces machines ont répliqué par des menaces de poursuite envers tous ceux qui s’opposent à leurs intérêts.

Alors que les autorités américaines tentent de renforcer la protection du système électoral contre des cyberpirates opérant de l’Étranger, on découvre une menace encore plus pernicieuse provenant de l’intérieur même des États-Unis.

Cette menace est reliée à l’opacité qui entoure la propriété des entreprises qui fabriquent et vendent les machines à voter. Ces entreprises sont souvent issues de montages financiers complexes.

En 2015, ByteGrid (le principal fournisseur de machines à voter au Maryland) a été acquis par une société ayant des liens d’affaires avec un oligarque russe.

Or il y a deux catégories d’oligarques russes : les amis de Vladimir Poutine, et ceux qui sont en prison…

C’est seulement trois ans après cette acquisition inquiétante que les responsables des élections au Maryland en ont été informés par le FBI. Depuis, la maison-mère russe s’est départie de ses intérêts dans ByteGrid.

D’autre part, les agences de renseignements américains ont découvert que parmi les entreprises ciblées par les douze agents russes expulsés l’an dernier des États-Unis, se trouvaient les éditeurs des logiciels qui font fonctionner les machines à voter.

Dans un cas précis, des pirates russes ont réussi à installer un logiciel malveillant sur le réseau d’un des fabricants de ces machines.

Pour réussir, une puissance hostile n’a pas besoin de prendre le contrôle du système électoral des États-Unis; il lui suffit de jeter le doute sur son bon fonctionnement.

Une fois le doute installé dans l’esprit des électeurs, on vient de saper la légitimité de la classe politique américaine…

Références :
America’s new voting machines bring new fears of election tampering
Securing the Vote: Protecting American Democracy
Russia is aiming to interfere in US midterm elections, warns CIA chief
‘They think they are above the law’: the firms that own America’s voting system
Why US elections remain ‘dangerously vulnerable’ to cyber-attacks

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La nouvelle armée russe

Publié le 6 septembre 2017 | Temps de lecture du texte : 3 minutes

Depuis Staline, l’armée russe possède la réputation de ne pas faire dans la dentelle. L’invasion russe en Pologne, en 1939, en est un exemple éloquent.

Mais peut-on comparer Staline à Poutine ?

Ruinée par la guerre en Afghanistan, l’URSS se disloque en 1991.

Le budget militaire russe passe de 246 milliards$ en 1988 à 14 milliards$ en 1994 — une chute de 94% en six ans — tandis que les effectifs militaires sont réduits de 80%.

Logés inconfortablement, alimentés médiocrement, les soldats reçoivent une solde de misère. À titre d’exemple, lors de l’enquête sur le naufrage en 2000 du sous-marin nucléaire Koursk — un des plus perfectionnés de la marine russe — on a appris que son commandant gagnait l’équivalent de… 60$US par semaine.

Depuis 2008, la Russie s’est lancée dans un vaste programme de réarmement. À son achèvement en 2020, ce programme aura couté 700 milliards$.

Cet investissement se fait déjà sentir.

Les effectifs russes ont triplé à 3 150 000 soldats, appuyés par deux-millions de réservistes. Pour 2015, le budget de la Défense est de 94 milliards$.

Si le conflit ethnique qui divise les Ukrainiens a fait plus de dix-mille morts, l’annexion proprement dite de la Crimée par la Russie ne s’est soldée que par six morts et très peu de pertes matérielles. Rares, dans l’histoire, ont été les annexions territoriales aussi peu meurtrières.

La brève intervention directe de la Russie en Syrie à l’automne 2015 a provoqué un renversement dans un conflit qui stagnait depuis des années. Et ce, à un cout relativement bas.

Quant aux pertes civiles syriennes, décriées par la presse occidentale, elles sont comparables aux ‘dommages collatéraux’ occasionnés par les milices appuyées par les États-Unis lors de la reconquête de Mossoul et de Raqqa (pertes dont a beaucoup moins parlé).

Depuis la modernisation de l’armée russe, si on fait le bilan des pertes humaines (civiles et militaires) occasionnées par la déstabilisation des États étrangers et les pertes directement causées par les armées russes et américaines, on arrive à ce qui suit (approximativement).

Interventions russes :
• en Géorgie (2008) : 553 morts
• en Ukraine (depuis 2014) : 10 000 morts
• en Syrie (depuis 2015) : 2 000 morts

Interventions occidentales :
• en Libye (2011) : inconnu
• en Irak : inconnu depuis 2008
• en Syrie (depuis 2011) : entre 331 765 et 475 000 morts.

Cinq à dix fois moins puissante que l’armée américaine, la nouvelle armée russe — parce que moins interventionniste que ses rivales — a causé trente fois moins de morts que les armées occidentales depuis 2008.

Références :
Copel É. L’armée russe sous Choïgou. La Revue 2016; no 65-6: 41.
Crise de Crimée
Deuxième guerre d’Ossétie du Sud
Forces armées de la Fédération de Russie
Guerre du Donbass
Intervention militaire de la Russie en Syrie
L’éclipse russe de la Syrie

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La décriminalisation de la violence conjugale en Russie

Publié le 26 janvier 2017 | Temps de lecture du texte : 2 minutes


 
En Russie, environ 36 000 femmes sont battues et plus de 9 000 meurent chaque année de violence conjugale. Dans 60 à 75% des cas, l’agresseur est en ébriété.

Par million d’habitants, on dénombre environ vingt fois plus d’uxoricides — c’est-à-dire de meurtre d’une épouse — en Russie qu’aux États-Unis.

On estime que 40% des crimes violents russes — dont sont victimes surtout des femmes, mais aussi des enfants — se produisent en milieu familial.

Lorsque ces conflits ne sont pas mortels, la police intervient rarement, jugeant cela comme une affaire domestique et reprochant aux plaignantes de vouloir laver leur linge sale en public.

Quand la police intervient, seulement trois pour cent des enquêtes ouvertes débouchent sur une plainte devant les tribunaux.

En raison de la promiscuité des personnes en conflit, il est fréquent que la violence conjugale dégénère. Conséquemment, la plupart des pays traitent ces affrontements en vertu du droit criminel plutôt qu’en vertu du droit civil (comme le sont les conflits entre voisins, par exemple).

En effet, en droit criminel, c’est l’État qui porte plainte, libérant la victime des pressions qui pourraient s’exercer sur elle afin qu’elle retire sa plainte.

Mais l’Église orthodoxe et les autorités politiques russes estiment excessif de criminaliser les parents consciencieux qui ont recours de manière ‘modérée et judicieuse’ à la force physique dans l’éducation de leurs enfants.

Au nom de la préservation des valeurs traditionnelles familiales, les députés russes ont adopté hier, par 385 voix contre deux, de décriminaliser la première condamnation pour violence familiale lorsque l’incident n’a pas entrainé d’hospitalisation.

La première conviction serait alors punie d’une amende de 500$ ou d’un emprisonnement de quinze jours. Toutefois, lorsque l’agression a entrainé des contusions ou des fractures osseuses, ou lorsqu’il s’agit d’une récidive, elle pourrait faire l’objet de poursuites criminelles si les forces de l’ordre le jugent approprié.

Références :
Domestic violence in Russia
La Russie dépénalise les violences domestiques pour éviter la « destruction de la famille »
Russia Moves to Soften Domestic Violence Law

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 25mm F/1,2 — 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 320 — 25 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Erdoğan, le premier ministre turc, est une nuisance

Publié le 26 novembre 2015 | Temps de lecture du texte : 4 minutes

Mardi le 24 novembre 2015, un avion russe a été abattu par l’aviation turque. Cet avion avait survolé l’espace aérien turc pendant 17 secondes. C’est la première fois en près de cinquante ans qu’un pays membre de l’OTAN abat un avion russe.

Selon le quotidien britannique The Guardian, Recep Tayyip Erdoğan, le premier ministre turc, aurait lui-même donné l’ordre d’abattre cet avion.

Éjecté, un des deux pilotes a été tué dans sa descente par des rebelles en Syrie, ce qui prouve que l’avion russe a bien été abattu au-dessus du territoire syrien et non au-dessus du territoire turc.

En somme, la Turquie a prétexté un bref survol de son territoire pour poursuivre l’avion russe au-delà de ses frontières alors que ce pays voisin, la Syrie, n’a jamais demandé à la Turquie de défendre son espace aérien.

Carte de la Syrie
 
Le gouvernement légitime de la Syrie, c’est celui de Bachar el-Assad. Ce dernier a été réélu en 2014, à la suite d’un scrutin tout aussi critiquable que celui qui a dernièrement reporté au pouvoir Erdoğan en Turquie.

Devant l’Assemblée générale de l’ONU, le représentant de la Syrie est l’ambassadeur nommé par Bachar el-Assad.

Bref, en vertu du droit international, Bachar el-Assad est le chef de l’État syrien.

Depuis le début de la guerre en Syrie, l’aviation turque a survolé plusieurs fois le territoire syrien pour y effectuer des bombardements.

Est-ce que la Turquie en a reçu l’autorisation du gouvernement de Bachar el-Assad ? Non, puisque la Turquie est ennemi de ce régime.

La prochaine fois que des avions turcs violeront l’espace aérien syrien, la Russie aura donc le droit de les abattre à la demande du gouvernement légitime de la Syrie.

Poutine est très rancunier, c’est vrai, mais il n’est pas stupide.

Il sait que si des chasseurs-bombardiers russes partent abattre des avions turcs entés illégalement dans l’espace aérien syrien, les Russes pourraient tomber dans un guet-apens tendu par la coalition, dirigée par des pays de l’OTAN (hostile à la Russie).

Évidemment, un tel guet-apens placerait l’Humanité au bord d’une troisième guerre mondiale. Ni lui, ni l’Occident ne désirent courir un tel risque.

À partir de la base militaire russe établie sur la côte méditerranéenne de la Syrie, Poutine a donc décidé de déployer ses missiles antiaériens les plus sophistiqués. Dans les faits, ce sont des missiles de croisière spécialisés. Jamais ils ne ratent leur cible. Leur portée est de 400 km soit les deux-tiers de la Syrie.

Donc plutôt que de risquer d’envoyer des chasseurs-bombardiers, il se prépare à utiliser ces missiles contre les avions turcs qui violeront l’espace aérien syrien. Ce qui élimine tout risque de guet-apens… et de guerre mondiale.

Les membres de la coalition ne sont pas dupes. Ils voient bien que la Turquie, allié de l’État islamique, essaie de diviser l’Occident alors que nous sommes menacés par la barbarie.

Ils conseilleront donc à la Turquie de se tenir tranquille. Devenu clairement une nuisance, la Turquie est mise échec et mat par la Russie, au grand soulagement de tout le monde.

Références :
Avion abattu par la Turquie : riposte économique de Moscou
Avion russe abattu – Moscou dénonce une «provocation planifiée»
Les pilotes militaires turcs : un sens de l’honneur du niveau de celui de Daesh ?
Un avion russe est abattu par Ankara, provoquant une escalade des tensions
Washington «inquiet» du déploiement de missiles anti-aériens russes
Why did it take Turkey just 17 seconds to shoot down Russian jet?

Paru depuis :
Conflit en Syrie – La responsabilité de la Turquie (2015-12-07)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La principale menace contre l’Occident : la Russie ou l’État islamique ?

Publié le 18 juillet 2015 | Temps de lecture du texte : 7 minutes

Introduction

Selon le nouveau chef d’état-major de la Défense canadienne, M. Jonathan Vance, l’État islamique (ÉI) constitue la principale menace contre l’Occident.

De son côté, le prochain chef des forces armées américaines, le général Joseph Dunford, estime que la Russie, suivie de la Chine et de la Corée du Nord constituent plutôt les trois menaces principales à la paix dans le monde. L’ÉI n’est qu’en quatrième position.

La Russie

Depuis qu’il est au pouvoir en Russie, Vladimir Poutine a transformé son pays en un État mafieux dont la montée en puissance est une menace contre ses voisins européens (pays baltes, Géorgie, et Ukraine, entre autres).

Le contentieux entre la Russie et l’Occident tire son origine de l’extension de l’OTAN en Europe de l’Est. Depuis l’effondrement du rideau de fer, la grande majorité des anciennes républiques soviétiques ont été admises en tant que membres de l’OTAN; ce sont les pays baltes (Estonie, Lettonie, et Lituanie), la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie, la Hongrie, la Croatie, la Roumanie, la Bulgarie, et l’Albanie.

Les autorités russes prétendent que le président russe Mikhaïl Gorbatchev n’avait consenti à la réunification de l’Allemagne qu’après avoir obtenu l’assurance que l’OTAN ne chercherait pas à s’étendre vers l’Est.

Du côté occidental, cette prétention est démentie catégoriquement; jamais une telle garantie n’a été donnée à la Russie.

La question de savoir qui dit vrai est purement académique. Il est clair que la Russie ne peut pas accepter d’être encerclée de pays voisins qui pointent leurs canons contre elle.

De manière analogue, le président américain John-F. Kennedy ne pouvait pas accepter que l’Union soviétique déploie ses missiles à Cuba. Le blocus militaire américain lors de la crise des missiles était donc légitime.

Mais les anciennes républiques soviétiques ne sont pas des îles. Et en profitant de la faiblesse de la Russie après l’effondrement du bloc soviétique pour militariser contre elle ses anciennes républiques satellites, l’OTAN est aujourd’hui en position de force, au prix d’un accroissement de la tension diplomatique entre la Russie et l’Occident.

La Russie n’a pas de moyens d’empêcher un pays voisin de rejoindre l’OTAN autrement qu’en cherchant à déstabiliser son économie et en cherchant à faire en sorte qu’il soit dirigé par un gouvernement qui lui soit soumis.

En déployant ses missiles jusqu’aux frontières russes, l’OTAN a préparé la guerre. Mais elle n’a pas préparé la paix (ce qui n’était pas son rôle).

Conséquemment, grâce à nous, la Russie est redevenue une menace pour la paix.

Or cette menace ne peut être sous-estimée. De tous les pays hostiles à l’Occident, la Russie est de loin celui qui dispose du plus grand arsenal militaire. Dans ce sens, c’est notre principal danger.

L’État islamique

Comparé à la Russie, l’ÉI est un moustique. Cette organisation n’a réussi à conquérir de vastes territoires en Syrie, en Irak et en Libye que grâce à la stupidité de la politique étrangère américaine. En renversant les régimes autoritaires qui assuraient stabilité de la région, les États-Unis et le Royaume-Uni ont créé les conditions propices à l’émergence de l’ÉI.

Contrairement à Al-Qaida — qui entraine une partie de ses combattants à commettre des attentats terroristes en Occident — l’ÉI ne constitue une menace que pour les États voisins, au premier chef desquels se trouve l’Iran.

Tout au plus adresse-t-il des menacettes aux pays qui le bombardent en appelant ses sympathisants demeurés dans ces pays — des amateurs — à commettre des attentats terroristes.

En fait, depuis des mois, l’ÉI fait du surplace. Après avoir conquis de vastes régions désertiques et quelques villes importantes, il se bute au territoire kurde situé sur son chemin vers l’Iran.

Mais pourquoi les pays occidentaux n’arrivent-ils pas à éradiquer l’ÉI ? Tout simplement parce que cela n’est pas leur objectif.

Les principaux pays qui ont accepté de bombarder l’ÉI sont des producteurs d’armement. Ces pays n’ont pas intérêt à ce que leur territoire devienne le théâtre de la guerre. Toutefois, une belle guerre lointaine est excellente pour leur économie.

Créer de l’insécurité afin d’inciter des pays à s’armer auprès d’eux, déstabiliser des gouvernements au nom de beaux grands principes, souffler sur les tisons des rivalités interconfessionnelles, tout cela est excellent pour leur secteur militaro-industriel. Et cela permet de tester concrètement l’efficacité de leurs armes.

La meilleure manière d’éradiquer l’ÉI est de tarir son financement. Or comment l’ÉI se finance-t-il ? De loin, par la vente de pétrole extrait du territoire qu’il contrôle. Et où est écoulé ce pétrole ? Par voie terrestre, par des centaines de camions-citernes qui font la navette entre l’ÉI et la Turquie.

La Turquie, n’est-elle pas membre de la coalition contre l’ÉI ? Oui. Mais comme de nombreux pays, elle tient un double discours. Officiellement, elle combat l’ÉI. Mais officieusement, elle ferme les yeux sur la contrebande de pétrole brut provenant de l’ÉI. Elle obtient du pétrole à bon marché qui permet à son économie d’être plus concurrentielle.

Mais un camion-citerne ne peut voyager sur du sable. Il lui faut circuler sur un sol ferme et conséquemment, emprunter des routes. Or il n’y a pas une infinité de routes qui mènent à la Turquie.

Depuis des mois, je cherche à savoir précisément quelles sont les cibles des bombardements du Canada. Or je n’ai pas réussi à trouver un seul texte qui le précise. Évidemment, on attaque l’ÉI mais cela est vague. Que bombarde-t-on au juste sur le territoire du califat ?

Ce qui est certain, c’est que si on avait cherché à détruire les routes qui mènent à la Turquie et les sites d’extraction du pétrole du territoire du califat, les caisses de l’ÉI seraient vides depuis longtemps.

Le Canada à lui seul a procédé à plus de deux mille bombardements, au coût d’un demi-milliard de dollars. Ce zèle sert à détourner l’opinion publique canadienne de la faillite des politiques économiques du gouvernement Harper.

Si par miracle le Canada réussissait à détruire l’ÉI — ce qui est impossible selon l’avis de tous les experts — est-il prêt à voir rentrer au pays des centaines de guerriers défaits qui n’auront qu’un seul but : se venger de leur défaite en commettant des attentats ici même au pays…

Conclusion

Le nouveau chef d’état-major de la Défense canadienne a raison; l’ÉI — surtout s’il est défait — représente une menace plus immédiate à la sécurité de chacun d’entre nous que la Russie.

Mais d’autre part, le chef militaire américain a lui aussi raison. Des attentats terroristes peuvent tuer des milliers de personnes : une guerre avec la Russie en tuerait des millions.

S’il est vrai que nos pays doivent envisager la possibilité éloignée d’une guerre mondiale, ce qu’il faut craindre dans l’immédiat, ce sont les attentats commis en réaction à la mort et à la désolation que nos gouvernements répandent un peu trop facilement à l’Étranger.

Références :
Bombarder l’État islamique, ça fait tellement du bien…
Le groupe EI est la principale menace de l’Occident, selon le nouveau chef d’état-major
L’État islamique : un trou noir
Plus de 10 000 djihadistes de l’EI tués
Vladimir Poutine

Parus depuis :
Is ISIL running out of oil? (2015-07-19)
L’Arabie saoudite, un Daesh qui a réussi (2015-11-20)

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Écrit par Jean-Pierre Martel