L’Ukraine sous le respirateur artificiel américain

Publié le 16 août 2022 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

La capacité des États à rembourser leurs dettes est évaluée par les agences de notation financière.

Selon le cas, celles-ci qualifient les bons du Trésor d’un pays, les obligations d’épargne d’une province, ou les obligations municipales, de placements de première qualité, de haute qualité, de qualité moyenne supérieure, de qualité moyenne inférieure ou de placement spéculatif.

Mais il y a pire.

Elles peuvent qualifier l’achat de ces titres financiers de placement très spéculatif, de placement à risque élevé, ou d’ultra spéculatif.

Et, tout au bas de la grille, il y a ‘en défaut avec quelques espoirs de recouvrement’ ‘en défaut sélectif’ ou finalement, ‘en défaut de paiement’.

On apprend aujourd’hui que deux des plus importantes agences de notation financière au monde — S&P Global Ratings et Fitch Ratings — ont rétrogradé les finances de l’Ukraine au niveau de l’avant-dernier échelon de leur grille; en défaut de paiement sélectif. En somme, l’Ukraine est presque en faillite.

Cela n’est pas nouveau.

Déjà, en 2013

En novembre 2013, le trésor ukrainien n’avait plus que 18,79 milliards de dollars de devises alors que le pays devait rembourser une tranche de sept-milliards de dollars à ses créanciers, dont la Russie (à qui elle devait au total dix-sept-milliards de dollars de gaz fossile impayé).

À l’époque, Vladimir Poutine offrait secrètement au gouvernement ukrainien la levée des barrières tarifaires entre l’Ukraine et la Russie, une baisse du prix de son gaz fossile, de même qu’un prêt de quinze-milliards de dollars.

En contrepartie, l’Ukraine devait renoncer à appartenir à l’Otan.

De son côté, l’Union européenne ne promettait rien de concret.

Le 21 novembre de cette année-là, le président prorusse annonce qu’il accepte les conditions de Moscou.

Aussitôt, la population qui habite près de la capitale se révolte et déclenche une révolution à l’issue de laquelle le président est destitué. Pour le peuple ukrainien, la liberté n’a pas de prix.

Sept ans plus tard, plus précisément en septembre 2020, le président Zelensky adopte une nouvelle stratégie de sécurité nationale qui prévoit le développement d’un partenariat en vue de l’adhésion de ce pays à l’Otan.

De tous les projets caressés à ce sujet par l’Ukraine depuis son indépendance, c’est le plus concret.

Si, de manière générale, la liberté n’a pas de prix, devenir l’ennemi militaire de son puissant voisin comporte un cout très élevé puisque cela mène inévitablement à la guerre.

Si le Mexique décidait de se doter de missiles capables d’anéantir les États-Unis, ces derniers feraient au Mexique ce qu’ils ont fait en Irak et ce que Moscou fait actuellement en Ukraine.

Guerroyer à crédit

Si la dette de la Russie correspond approximativement au cinquième de son PIB — un endettement six fois moindre que celui de la France — les finances de l’Ukraine, elles, ne lui permettent pas de financer une guerre.

Dans ce pays, le PIB par habitant est inférieur à quatre-mille dollars par année. Les analystes prévoient qu’il chutera de moitié d’ici douze mois.

Avant même le premier coup de fusil, ce pays riche en ressources naturelles était dirigé par un gouvernement central ruiné. Donc incapable d’acheter quoi que ce soit pour défendre le pays.

L’Ukraine est donc totalement dépendante de l’équipement militaire que lui fournissent les pays occidentaux, au premier rang desquels, les États-Unis.

Ceux-ci espèrent remplacer la Russie comme fournisseur principal d’hydrocarbures à l’Europe et salivent à l’idée de faire main basse sur le pétrole de schiste de l’ouest du pays.

La paix viendra peut-être d’Europe occidentale

Les sanctions contre la Russie placent l’Europe au seuil de grandes difficultés économiques, particulièrement en Allemagne.

L’hiver qui vient sera la saison des privations.

Or, on doit se rappeler que les peuples ont la mèche courte quand ils sont bousculés trop longtemps; la révolte des Gilets jaunes en France, le Convoi de la liberté au Canada, et la révolte actuelle des tracteurs aux Pays-Bas en sont des exemples.

Après deux ans de Yo-yo sanitaire qui a ruiné des milliers de petites entreprises, jamais n’a-t-on vu autant d’incivilités entre les citoyens. En deux mots, nous sommes à l’âge des Révoltes.

Si les dirigeants européens ne réussissent pas à faire entendre raison aux va-t-en-guerre anglo-saxons, et s’ils ne laissent pas l’Ukraine assumer ses choix, c’est leur propre sécurité nationale qui sera menacée. Non pas à cause d’une invasion armée, mais plutôt en raison de la colère populaire.

Références :
Aux Pays-Bas, la révolte des agriculteurs contre la réduction des émissions d’oxyde d’azote
Covid-19 : du Yo-yo à la roulette russe
Jordan-bound Ukrainian cargo plane carrying weapons crashes in Greece
La délicate restructuration de la dette ukrainienne
L’engrenage ukrainien
Les États-Unis et le gaz fossile ukrainien
L’expansionnisme toxique de l’Otan
L’Ukraine placée à un cran du défaut de paiement
S&P Global Ratings

Parus depuis :
Au Royaume-Uni, nouvel épisode des grèves de la colère face à l’inflation (2022-08-18)
Au Royaume-Uni, la vague de grèves salariales se durcit (2022-08-23)
En Belgique, la colère sociale gronde face à l’explosion des factures énergétiques (2022-09-09)
En Tunisie, des pénuries alimentaires à répétition (2022-09-14)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à la guerre russo-ukrainienne, veuillez cliquer sur ceci.

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