La Géorgie : de l’indépendance à la révolution des Roses

Publié le 8 juin 2024 | Temps de lecture : 10 minutes
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La tentative d’épuration ethnique

Dans les années qui précédèrent l’effondrement de l’URSS (survenue le 26 décembre 1991), l’affaiblissement du pouvoir de Moscou coïncida avec une montée de sentiments nationalistes, voire xénophobes, dans les républiques soviétiques. Ce fut le cas en Géorgie.

Sans une langue commune, la Géorgie aurait été ingouvernable en raison de sa quarantaine de minorités ethniques qui, à l’écrit, utilisent six alphabets différents; arménien, cyrillique, géorgien, grec, latin, et syriaque.

Jusqu’en 1990, le russe était la langue de l’administration publique. Comme le latin l’était en France avant François Ier. La langue russe était même celle de l’enseignement universitaire.

Conséquemment, les minorités ethniques ne voyaient pas, jusque là, de raison d’apprendre le géorgien, pourtant langue maternelle de 70,7 % de la population; il était beaucoup plus utile pour ces minorités d’utiliser le russe comme langue seconde puisque même les locuteurs géorgiens la connaissaient.

En raison du caractère autoritaire du régime soviétique et des problèmes économiques (qui prévalaient partout dans l’URSS, ruinée par sa guerre en Afghanistan), de grandes manifestations furent organisées entre 1987 et 1990 par l’opposition en Géorgie.

L’une d’elles, organisée le 9 avril 1989, fut brutalement réprimée par le pouvoir soviétique. Ce qui lui fit perdre toute légitimité aux yeux d’une bonne partie de la population.

La première élection libre et démocratique du pays eut lieu le 28 octobre 1990. Le mois suivant, les députés nouvellement élus nommèrent à la présidence le champion de la cause indépendantiste.

Dès son accession au pouvoir, ce nouveau président donna libre cours à son ultranationalisme autoritaire.

En décembre 1990, son gouvernement décida de consolider l’identité nationale en décrétant que le géorgien devenait la seule langue officielle du pays, en remplacement donc du russe.

Du jour au lendemain, plus du quart de la population était incapable de comprendre les avis publics qui les concernaient.

La sécession ossète

L’imposition du géorgien ne se fit pas seulement au niveau du gouvernement central, mais également dans chacune des provinces du pays.

L’une d’elles est l’Ossétie du Sud. C’est là que vivait la minorité ossète, dernière descendante des grands peuples nomades d’origine iranienne.

Toujours en vertu de sa politique hypernationaliste, le gouvernement central décidait d’abolir la province de l’Ossétie du Sud (peuplée à 50,5 % d’Ossètes) en la fusionnant avec la province voisine (la Karthlie supérieure), beaucoup plus populeuse.

Résultat ? Les Ossètes ne formaient plus qu’environ quinze pour cent de la population de la Karthlie supérieure agrandie (où leur langue n’était plus enseignée). Ce qui provoqua leur rébellion.

Les affrontements avec l’armée géorgienne firent un nombre limité de morts. Le conflit se termina quand les séparatistes, appuyés par la Russie, proclamèrent leur indépendance, validée par voie référendaire en 1992. Une indépendance de facto reconnue par très peu de pays.

L’intervention de la Russie était motivée par le fait que l’Ossétie du Sud était peuplée de 33,9 % de Géorgiens russophones (une proportion qui a chuté depuis à moins de trois pour cent).

Pendant ce temps, Washington demeura les bras croisés. Ce qui constitua une douche froide pour le gouvernement géorgien qui présumait jusque-là qu’il lui suffisait d’afficher son hostilité à l’égard de la Russie pour obtenir automatiquement le soutien de Washington.

Effectivement, à l’époque, Washington est encore ambivalent au sujet de la Géorgie. Une ambivalence qui sera dissipée quelques années plus tard.

Entretemps en Géorgie

En mars 1991, le parlement géorgien organisa un référendum sur l’indépendance nationale qui fut plébiscité par 90,1 % des votes.

L’indépendance de la Géorgie fut proclamée le 9 avril 1991. Le mois suivant, une élection présidentielle au suffrage direct reporta au pouvoir le président sortant.

Toutefois, les années de lutte de ce président à l’époque où il dirigeait l’opposition avaient semé en lui les germes d’une paranoïa qui se manifesta au grand jour une fois à la tête du pays.

Son attitude autoritaire s’exerça non seulement à l’égard des minorités ethniques, mais à l’encontre de tous ceux qui s’opposaient à lui. Un à un, des anciens alliés devenaient ses ennemis.

Le mécontentement qu’il suscita provoqua un coup d’État du 22 décembre 1991 au 6 janvier 1992. En mars de cette année-ci, le pouvoir militaire nomme à la tête du pays Edouard Chevardnadze, un Géorgien qui fut ministre des Affaires étrangères de l’URSS de 1985 à 1990.

Mais son prédécesseur, d’abord réfugié à l’Étranger, revient dans la province d’Abkhazie (dans l’ouest du pays) où il comptait de nombreux partisans. Ce fut le début de la guerre civile géorgienne.

En aout 1992, les forces gouvernementales envahissent l’Abkhazie afin d’y écraser la rébellion.

Mais l’intervention de l’armée géorgienne y tourne à la catastrophe. L’affrontement fait vingt-mille morts. De plus, les rebelles, appuyés par la Russie, procèdent en septembre 1993 à un nettoyage ethnique; ils chassent de la région 260 000 personnes de langue maternelle géorgienne.

Edouard Chevardnadze est alors confronté à une dure réalité; il a besoin de la Russie pour pacifier son pays.

En octobre 1993, ce réalisme politique l’incite à demander que son pays rejoigne les rangs de la Communauté des États indépendants (formée d’anciennes républiques soviétiques demeurées fidèles à Moscou).

Son pari diplomatique porte partiellement ses fruits. La Russie modifie sa politique à l’égard de la Géorgie; elle continue de soutenir l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie mais cesse de financer la guerre civile géorgienne.

Celle-ci s’achève avec la mort (par suicide ?) de l’ancien président, le 31 décembre 1993.

La présidence d’Edouard Chevardnadze

Edouard Chevardnadze fut d’abord nommé président de Géorgie en 1992, puis en fut élu président au suffrage universel en 1995 et en 2000.

C’est lui qui obtint la reconnaissance officielle de la Géorgie et son admission à l’Onu en juillet 1992.

À la fin de la guerre civile, l’économie de la Géorgie est en ruine et ne s’en relèvera pas au cours de l’administration de Chevardnadze en raison de la corruption généralisée, de l’évasion fiscale et l’économie parallèle (60 % du PIB) qui empêcheront le gouvernement géorgien d’avoir les moyens de reconstruire l’économie du pays.

La seule amélioration est la chute de l’inflation (qui avait atteint 8 000 %).

Le 17 octobre 1995, le pays adoptait une constitution instaurant un régime présidentiel fort.

Le Code civil géorgien, adopté en 1997, facilitait la création d’organisations non gouvernementales. Trois ans plus tard, le pays en comptait près de quatre-mille. En soutenant la population démunie, ces ONG devinrent très populaires et conséquemment, très influentes. Nous y reviendrons.

Indicateurs économiques en 2000

Au début du millénaire, le Géorgie possédait un produit intérieur brut de 13,4 milliards$, (exprimé en parité du pouvoir d’achat). Le PIB par habitant était alors de 2 264$.

Essentiellement, son économie était alimentée par sa consommation intérieure.

La balance commerciale de la Géorgie était déficitaire de 314 millions$US en raison d’importations de 939 millions$US et d’exportations de 625 millions$US.

Dépourvue de ressources minières et énergétiques suffisantes, la Géorgie était dépendante, pour sa production industrielle, de son approvisionnement en hydrocarbures russes.

Ses importations provenaient à 33,7 % des pays de l’ancien bloc soviétique (URSS et Europe de l’Est), à 29,3 % de l’Europe de l’Ouest (ou, plus précisément, de l’Union européenne telle qu’elle était à l’époque) et de 13,0 % des États-Unis.

Ses principales exportations étaient destinées à l’Europe de l’Ouest (41,5 %), aux pays de l’ancien bloc soviétique (28,9 %), et à la Turquie voisine (14,5 %).

Avec un taux de chômage de 10,3 %, la moitié de la population vivait sous le seuil de la pauvreté. L’inflation y était de 4,7 %.

La révolution des Roses

Le 17 septembre 2001, quinze mois après sa réélection à la présidence, Edouard Chevardnadze abandonne la tête de sa formation politique, révélant la crise qui y couvait secrètement.

Deux jours plus tard, son incorruptible et hypertalentueux ministre de la Justice (Mikhaïl Saakachvili) claque les portes du Conseil des ministres.

En quelques semaines, le groupe parlementaire du président a perdu la moitié de ses membres. Même le dauphin de Chevardnadze rejoint les rangs de l’opposition.

Dès l’été 2002, les dirigeants des ONG géorgiennes les plus influentes (celles financées par George Soros) affirmaient qu’une révolution pacifique — provoquée selon les techniques de contestation proposées par le politicologue et théoricien Gene Sharp en 1993 — serait nécessaire pour sortir de la crise sociale et économique secouant le pays.

Aux élections régionales du 2 juin 2002, l’opposition remporte une victoire écrasante sur le parti du président.

À l’élection générale du 2 novembre 2003, les candidats pro-gouvernementaux sont déclarés élus, non seulement contre toute attente, mais également contre toute vraisemblance alors que le taux de popularité de Chevardnadze avoisinait 5 % des intentions de vote.

Les partis d’opposition appellent le peuple à la désobéissance civile; près de cent-mille protestataires défilent dans la capitale.

Le 22 novembre, alors que Chevardnadze prononce son discours d’investiture, la foule envahit l’édifice du parlement grâce à la passivité de l’armée.

Ce qui oblige le président à proclamer l’état d’urgence (ce qui ne donnera rien) et, le lendemain, à démissionner.

La location des autobus qui avaient conduit les protestataires dans la capitale, les roses qui leur furent distribuées à leur arrivée et les préparatifs qui s’étaient déroulés au cours des trois mois précédents ont représenté un déboursé de 42 millions$ pour George Soros.

À l’élection présidentielle anticipée qui suivit, le 4 janvier 2004, Mikhaïl Saakachvili, chef du parti d’opposition Mouvement national uni (financé principalement par George Soros) est élu.

Références :
Coup d’État de 1991-1992 en Géorgie
Crise diplomatique russo-géorgienne de 2008
Démographie de la Géorgie
Géorgie
Géorgie (pays)
Géorgie : Politique des minorités nationales
Géorgien
Guerre russo-géorgienne
L’OTAN s’implante en Géorgie
1992 en Géorgie
Ossétie du Sud
Première guerre d’Ossétie du Sud
Révolution des Roses
Russo-Georgian Conflict Originates With Soros Subversion
Salomé Zourabichvili
Zviad Gamsakhourdia (dans l’encyclopédie Universalis)
Zviad Gamsakhourdia (dans Wikipédia)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La Géorgie (2e partie) : le sommet de Bucarest et la guerre

Publié le 17 juin 2024 | Temps de lecture : 12 minutes


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Mikheil Saakachvili, président de 2004 à 2013

Après la révolution des Roses (survenue en novembre 2003), l’avocat Mikheil Saakachvili fut élu à la présidence de la Géorgie le 4 janvier 2004. Son arrivée au pouvoir suscita de grands espoirs.

Qui était-il ?

Après l’effondrement de l’URSS en 1991, le personnel diplomatique américain stationné dans les anciennes républiques soviétiques avait pour mission de déceler les jeunes talents qui avaient les caractéristiques de futurs leadeurs pour leur pays.

On leur offrait alors des bourses d’études dans les meilleures universités américaines afin de les former.

Ces bourses n’avaient aucune contrepartie. Elles faisaient partie du soft power américain dans ce qu’il avait de mieux. Mikheil Saakachvili fut l’un de ces jeunes bénéficiaires.

Après des études en russe à l’Institut des relations internationales de Kyiv (où il se fit remarquer), il partit donc aux États-Unis où il obtient une maitrise en droit de l’université de Columbia (en 1994) et un doctorat en droit de l’université George-Washington (en 1995).

En plus du géorgien (sa langue maternelle), du russe, de l’ukrainien, de l’anglais, et du français, Mikheil Saakachvili parle l’abkhaze et l’ossète (deux langues minoritaires de Géorgie).

Lorsqu’il fut ministre de la Justice (sous son prédécesseur, Edouard Chevardnadze), il s’était mis à dos de nombreuses personnes en voulant combattre la corruption au sein de la police, de la magistrature et du système carcéral de Géorgie. Ses ennemis le poussèrent à la démission en 2001. Ce qui accrut sa réputation d’incorruptible.

Dès son accession au pouvoir en 2004, il fit adopter un nouveau drapeau national et un nouvel hymne géorgien (à partir de deux airs d’opéra composés en 1918 et en 1923, et de paroles réécrites en 2004 par son ex-collège ministre de la Culture sous Chevardnadze).

L’affaire du drapeau

La première crise qu’il eut à surmonter fut la ‘rébellion’ des dirigeants de la province d’Adjarie.

Celle-ci est une province semi-autonome située dans le sud-ouest de la Géorgie (voir la carte au début du texte).

Les raisons de cette crise sont obscures. Toutefois, on peut avancer l’hypothèse suivante.

En grec, le mot agriculture se prononce ‘guéhorguïa’. C’est de lui que vient la dénomination grecque (et française) du pays.

Christianisé dès le IVe siècle, le royaume d’Ibérie (qui couvrait une bonne partie de la Géorgie actuelle) avait choisi saint Georges comme patron national et adopté comme drapeau une croix de saint Georges rouge sur fond blanc (donc sans les quatre petites croix grecques dans les quartiers délimités par la croix principale).

À la suite de plusieurs conquêtes, le royaume de Géorgie fut fondé en 1010. Dans des documents maritimes du XIIIe ou XIVe siècle conservés à Paris, ce royaume était représenté par un drapeau identique à celui adopté en 2004 par le gouvernement de Mikheil Saakachvili.

Or la province d’Adjarie doit son autonomie gouvernementale non pas à des particularités ethniques — puisqu’elle est peuplée à 93,3 % de personnes de langue maternelle géorgienne — mais à des caractéristiques religieuses car on y trouve majoritairement des Musulmans sunnites (tout comme en Turquie voisine).

Dans cette partie du monde où la religion occupe un rôle central et dans un pays divisé depuis l’indépendance par de violents conflits linguistiques, les imams d’Adjarie et leurs fidèles avaient toutes les raisons de craindre que l’adoption d’un symbole national presque identique à la croix de Jérusalem puisse être le signe précurseur d’une guerre sainte contre les Musulmans du pays.

Cette inquiétude populaire fut récupérée à des fins politiques par les dirigeants pro-russes de la province, en lutte contre le pouvoir central pro-occidental de Géorgie.

Indépendamment de ce qui précède (et qui est hypothétique), ce qui est certain, c’est qu’au printemps de 2004, les relations sont tellement tendues entre les deux qu’une guerre civile semble poindre à l’horizon.

Accusé par Mikheil Saakachvili d’être un criminel et un trafiquant de drogue, le président d’Adjarie fait sauter le principal pont qui relie sa province au reste de la Géorgie.

En mai 2004, dans la capitale d’Adjarie, des manifestations monstres — organisées par des ONG financées par George Soros — poussent son président à la démission et mettent fin au conflit avec le gouvernement central.

Un néolibéralisme draconien

De 2004 à 2012, le gouvernement de Saakachvili abolit les postes de 30 000 agents de la circulation et de 60 000 fonctionnaires.

L’impôt sur les sociétés passe de 20 % à 15 % tandis que l’impôt progressif (c’est-à-dire croissant) sur le revenu des particuliers est remplacé par un impôt fixe de 20 %.

Le salaire minimum et les lois protégeant les travailleurs contre les licenciements sont abolis. Tout comme les règlementations en matière de santé et sécurité au travail.

En conséquence, le pays se retrouve au quatrième rang des pays les moins taxés au monde.

Les investissements étrangers passent de 450 millions$ en 2005 à 2 015 millions$ en 2007 (avant la Grande Récession) tandis que le taux de croissance du PIB passe de 5,8 % entre 1994 et 2004 à 9 % entre 2004 et 2008.

Mais cette richesse ne profite pas à la population, dont la moitié travaille sur de petites exploitations agricoles. Elle s’est concentrée dans des secteurs de l’économie peu demandeurs de main d’œuvre comme la finance, les télécommunications et l’hôtellerie.

Si bien que les salaires ont stagné (à environ 150$ par mois, en moyenne).

De plus, privé de revenus, l’État géorgien a connu de la difficulté à payer le salaire de ses fonctionnaires, de même que la pension de vieillesse de ses retraités (pourtant de seulement 7$ par mois).

La Grande Récession de 2007-2008 et la guerre éclair du pays avec la Russie ont eu raison de l’enthousiasme des investisseurs étrangers pour la Géorgie.

Contrairement à pérestroïka de Gorbatchev en Russie de 1985 à 1991, l’austérité draconienne de Mikheil Saakachvili n’a pas appauvri le pays, mais n’a donné que très peu de résultats tangibles pour la population géorgienne.

La rupture

L’imposition du géorgien comme seule langue de l’administration publique avait poussé la province d’Ossétie du Sud à déclarer son indépendance en 1992.

En représailles contre la reconnaissance de cette indépendance par la Russie, la Géorgie ordonna la fermeture des bases russes sur son territoire. Ce qui se concrétisa en juillet et aout 2005.

Alors que la Géorgie est confrontée à une vague de froid sans précédent, une explosion criminelle, le 22 janvier 2006, la prive de son approvisionnement en gaz fossile russe. Dès le rétablissement de l’approvisionnement, la société russe Gazprom annonce une augmentation importante de ses tarifs.

À l’été de 2006, Moscou interdit l’importation des vins et eaux minérales géorgiennes alors que 86 % y étaient exportés.

Mais la goutte qui fait déborder le vase est la demande officielle d’adhésion de la Géorgie à l’Otan, présentée au sommet de l’Alliance atlantique à Bucarest du 2 au 4 avril 2008.

On doit savoir qu’au cours des négociations en vue de la réunification de l’Allemagne en 1989, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France avaient garanti verbalement à Moscou que l’Otan n’en profiterait pas pour s’étendre vers l’Est.

On le sait parce qu’au fil des années, les négociateurs occidentaux l’ont reconnu dans leurs mémoires ou dans des entrevues.

Strictement parlant, il ne s’agissait pas d’une promesse de l’Alliance atlantique elle-même, mais de trois pays qui ont droit de véto sur l’adhésion de tout nouveau pays membre à cet organisme.

Vladimir Poutine prend le pouvoir en Russie le 9 aout 1999. Dix-sept jours plus tard éclate la Deuxième guerre de Tchétchénie au cours de laquelle son pays lutte contre des salafistes sunnites.

Deux ans plus tard, le 11 septembre 2001, quand les États-Unis sont eux aussi confrontés au terrorisme islamique, Poutine y voit une occasion pour la Russie de se joindre à l’Otan afin de combattre une menace commune.

L’Otan proposera donc à la Russie et aux anciennes républiques soviétiques différents partenariats qui leur font croire à une adhésion éventuelle.

Ce qui sera le cas pour une bonne partie de ces pays alors que l’Otan s’agrandit vers l’Est en deux vagues successives (en 1999 et en 2004).

Mais en 2008, au Sommet de l’Otan de Bucarest, quand l’Alliance accepte de recevoir la demande d’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine, Vladimir Poutine réalise soudainement que les États-Unis se sont moqués de lui et que toutes les belles promesses qu’on lui a faites n’avaient que pour but de l’endormir pendant que l’Otan encerclait son pays d’ennemis militaires.

Ce sommet de l’Otan représente un cataclysme géopolitique. Il est à l’origine de la guerre russo-géorgienne (dont nous allons parler dans un instant), de la guerre russo-ukrainienne, du déclin économique actuel de l’Europe, de l’annexion définitive du Haut-Karabagh par l’Azerbaïdjan, et des débuts de la dédollarisation de l’économie mondiale, Tout cela favorisant l’émergence de la Chine en tant que première puissance mondiale.

On ne peut que mépriser ces néoconservateurs américains (aveuglés par leur anticommunisme primaire) qui ont refusé de saisir la main que leur tendait Poutine il y a deux décennies.

La guerre russo-géorgienne

À partir de 2004, l’austérité draconienne imposée par Mikheil Saakachvili avait permis au pays d’augmenter substantiellement ses dépenses militaires puisque cette austérité ne s’appliquait pas au ministère de la Défense. En 2007, le quart de tous les revenus de l’État géorgien servait à acheter de l’armement américain, israélien, tchèque, ukrainien et turc.

À cela s’ajoutaient les 74 millions$ d’armes que le Pentagone lui avait fournies, notamment pour combattre des terroristes tchétchènes (affiliés, dit-on, à Al-Qaïda) qui s’entrainaient dans la vallée géorgienne de Pankissi.

Quatre mois après le Sommet de Bucarest, des escarmouches éclatent entre la Géorgie et ses provinces sécessionnistes.

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Surestimant sa puissance, Mikheil Saakachvili lance l’armée géorgienne à la conquête de la province sécessionniste d’Ossétie du Sud.

Toutefois, depuis 1992, celle-ci était de facto un protectorat russe. Conséquemment, dès l’entrée des forces géorgiennes en Ossétie du Sud, la Russie réplique. En neuf jours, l’initiative géorgienne tourne à la catastrophe.

La Géorgie perd 150 chars d’assaut — dont une centaine capturés intacts par la Russie — une soixantaine de véhicules militaires, cinq avions et quatre hélicoptères. Et dans la mesure où cette guerre éclair se déroule également sur les côtes de la province géorgienne d’Abkhazie, la Géorgie y perd onze navires en mer Noire.

De son côté, les pertes subies par la Russie (limitées essentiellement à six bombardiers) n’ont pas affecté substantiellement son arsenal militaire.

Pour la Géorgie, l’année 2008 se résume donc à quatre évènements majeurs :
• la réélection de Mikheil Saakachvili à la présidence le 5 janvier,
• la présentation de la demande d’adhésion à l’Otan de la Géorgie au sommet de Bucarest, tenu du 2 au 4 avril, et
• la guerre russo-géorgienne du 7 au 16 aout,
• la crise financière mondiale qui atteint la Géorgie en fin d’année.

Après la Grande Récession de 2008, le second mandat présidentiel de Mikheil Saakachvili coïncida avec une importante perte de sa popularité.

En octobre 2012, son parti politique perd les élections législatives. Au cours des mois qui suivent, la cohabitation entre le président Saakachvili et le nouveau premier ministre pro-russe s’avère difficile; plusieurs personnalités du clan Saakachvili sont victimes d’une chasse aux sorcières et poursuivies par la justice.

En novembre 2013, dans un geste politique à la française, Saakachvili quitte la présidence avant d’avoir terminé son deuxième mandat… pour se réfugier aussitôt aux États-Unis.

Références :
Adjarie
Aslan Abachidze
Bataille des côtes d’Abkhazie
Bataille de Tskhinvali
Bidzina Ivanichvili
Court Finds ex-Defense Minister Guilty of ‘Organizing’ Torture, Sexual Abuse
Crise de la vallée de Pankissi
Crise des missiles de Cuba
Croix de Jérusalem
2002 en Géorgie
Économie de la Géorgie
Élections législatives géorgiennes de 2012
Géorgie (pays)
Géorgie : la cohabitation s’annonce difficile
Guerre russo-géorgienne
L’économie géorgienne : menaces au présent, poids du passé, incertitudes pour l’avenir
Le drapeau national de la Géorgie est le deuxième plus ancien au monde
L’expansionnisme toxique de l’Otan
Révolution des Roses
Saakachvili poussé à la démission
Tavisupleba

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La Géorgie (3e partie) : l’ère ivanichvilienne

Publié le 28 juillet 2024 | Temps de lecture : 18 minutes


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De 2012 à aujourd’hui

Bidzina Ivanichvili est un oligarque géorgien qui a fait fortune en Russie à la suite de l’effondrement de l’URSS en 1991.

En 2012, au moment où commence ce texte, sa fortune personnelle est estimée à 6,4 milliards de dollars. Ce qui équivaut à 46 % du PIB de son pays d’origine, la Géorgie.

En avril 2012, il crée une coalition politique autour du parti politique qu’il avait fondé quelques mois plus tôt.

L’intention avouée d’Ivanichvili était de devenir premier ministre pour deux ou trois ans, le temps de planter le décor politique en Géorgie, puis de se retirer ensuite pour retourner à ses affaires… tout en conservant un œil sur ce qui se passe à la tête du pays.

En matière de politique étrangère, Ivanichvili promettait une approche pragmatique destinée à réduire la confrontation avec la Russie et à restaurer les liens économiques avec ce pays sans sacrifier le cheminement de la Géorgie vers une intégration à l’Otan et au marché commun européen.

La coalition politique d’Ivanichvili reprochait au gouvernement sortant d’avoir négligé le secteur agricole (qui faisait vivre la moitié de la population du pays) et d’avoir imposé un néolibéralisme brutal (qui a provoqué un taux de chômage de 16 % et une augmentation des taux d’intérêt à 14,3 %).

De plus, on lui reprochait son autoritarisme croissant.

Dans un premier temps, cette dernière accusation laissa froid l’électorat (qui en avait vu d’autres). Toutefois, un mois avant le scrutin, une vidéo faisait scandale en dévoilant les traitements brutaux infligés dans une prison de la capitale.

Même si les ténors du gouvernement sortant se sont plu à dépeindre Ivanichvili comme une marionnette du Kremlin, la réalité est plus complexe; l’oligarque a quitté la Russie en 2002 pour la France, puis est retourné en 2003 vivre en Géorgie, tout en gérant à distance ses avoirs russes (qu’il aurait toutefois vendus, dit-il, avant d’entrer en politique).

De 2003 à 2012, fuyant les journalistes, le milliardaire a adopté un profil bas. Seuls avaient attiré l’attention, sa philanthropie à l’égard des œuvres caritatives de l’Église orthodoxe géorgienne, de même que ses dons pour des écoles, les hôpitaux, les théâtres, et les musées.

Aux élections législatives d’octobre 2012, sa coalition obtient 55 % des voix et fait élire 85 des 150 députés du parlement.

Le parti du président Mikheil Saakachvili ayant été défait, celui-ci nomme Ivanichvili premier ministre le 17 octobre 2012. Une nomination entérinée par le parlement huit jours plus tard.

Dans la formation de son cabinet, Ivanichvili accorde des postes-clés à des politiciens pro-occidentaux, notamment au ministère de la Défense.

Dès le départ, la cohabitation politique s’annonce difficile, le premier ministre Ivanichvili ne cessant de critiquer le président Saakachvili et de réclamer sa démission.

Pour forcer la main de ce dernier, le nouveau ministre de la Justice du gouvernement d’Ivanichvili entame des poursuites contre plusieurs des anciens ministres du clan présidentiel.

De guerre lasse, le président démissionne à l’automne de 2013 et s’enfuit aussitôt aux États-Unis (étant lui-même poursuivi en justice).

À l’élection présidentielle anticipée qui suit, le vice-premier ministre du gouvernement d’Ivanichvili se présente à la présidence et est élu par 62 % des voix.

Trois jours après son entrée en fonction de celui-ci, Ivanichvili démissionne comme premier ministre, jugeant avoir atteint son objectif. Pour compléter le restant de son mandat, Ivanichvili fait nommer son ministre de l’Intérieur pour lui succéder.

Depuis ce temps, Ivanichvili est l’éminence grise du pouvoir politique géorgien.

Après avoir fait élire, comme nous venons de le voir, son bras droit à l’élection présidentielle de 2013, la candidate élue à l’élection présidentielle suivante (celle de 2018) était soutenue par Rêve géorgien, le parti politique fondé et financé par Ivanichvili.

Quant au parlement, depuis une décennie, il fut dirigé successivement par neuf premiers ministres du Rêve géorgien puisque c’est cette formation politique qui fut élue majoritairement aux élections législatives de 2016 et de 2020.

Au cours de cette période, le pays a procédé à plusieurs réformes constitutionnelles qui ont eu pour effet de dépouiller la présidence du pays d’une bonne partie de ses pouvoirs. Et ce, afin de prévenir l’autoritarisme présidentiel qui a prévalu au cours des mandats des premiers présidents du pays depuis l’indépendance.

En raison de l’abandon de son régime présidentiel au profit d’un régime parlementaire, les élections législatives du 26 octobre prochain prennent toute leur importance puisque c’est le parlement, et lui seul, qui déterminera dorénavant les grandes orientations du pays.

Le pouvoir politique des ONG en Géorgie

Adopté en 1997, le Code civil géorgien facilite la création d’ONG. Le pays en compte plus de quatre-mille.

Cette abondance s’explique par le fait que ces OGN servent de paravent à la manipulation de l’opinion publique géorgienne par de riches intérêts étrangers.

Ce fut le cas, par exemple, au cours de la révolution des Roses.

Orchestrée par des ONG financées par le milliardaire américain George Soros, cette révolution provoqua en 2003 la démission du président géorgien. Depuis ce temps, toute la classe politique du pays craint l’influence des ONG sur l’opinion publique.

Leurs appels à la mobilisation générale sont suivis et fréquents. Ils vont jusqu’à paralyser le fonctionnement du parlement en bloquant l’accès des députés.

Dans certains cas, leurs actions ont pris l’allure de soulèvements insurrectionnels.

À la suite de la moindre force utilisée pour disperser des protestataires — comme la force utilisée dans nos pays pour démanteler des campements pro-palestiniens — Bruxelles fait savoir à la Géorgie que cela diminue ses chances d’adhérer au marché commun européen.

Et parce qu’elles le savent, les ONG sont devenues de plus en plus audacieuses et exigeantes, réclamant la démission de tout officiel qui leur tient tête.

Leurs manifestations peuvent durer tout un mois.

C’est ainsi que des milliers de manifestants ont réclamé avec insistance que le pays se dote d’un système électoral totalement proportionnel. Ce qui n’existe nulle part au monde.

Las de leurs excès et de leur intransigeance, le gouvernement géorgien a décidé d’assécher le financement de toutes les ONG qui servent de paravent à des intérêts étrangers.

La loi sur l’influence étrangère

En 2012, Moscou adoptait une loi sur les agents étrangers.

Parmi ses exigences, cette loi obligeait les ONG russes, financées de l’Étranger, à le déclarer publiquement. En 2019, cette exigence a été étendue aux médias, aux entreprises, et à toute personne qui exerce une activité politique en Russie.

En mai 2024, à la suite de la Russie et du Kirghizistan, la Géorgie fit semblable (et non pareil) en ciblant uniquement les ONG et les partis politiques.

Jugée liberticide par ses opposants, cette loi a provoqué d’innombrables manifestations, dont certaines, violentes. C’est ainsi qu’au sein même de l’hémicycle parlementaire, les députés en sont venus aux coups lors de son adoption.

En 1938, le Congrès américain adoptait la ‘Foreign Agents Registration Act’ qui, essentiellement, exige la même chose que la loi géorgienne (et la première version de la loi russe).

Comment se fait-il que les États-Unis exigent le retrait de la loi géorgienne alors qu’ils ont eux-mêmes adopté une loi semblable ?

C’est que les deux lois ont des effets opposés. La loi américaine protège les États-Unis alors que la loi de Géorgie protège contre les États-Unis…

En 2003, le milliardaire américain George Soros a dépensé 42 millions$ en Géorgie pour y financer une révolution (voir le premier texte de cette série).

Avec la loi géorgienne sur l’influence étrangère, si de riches particuliers (comme Soros) ou des gouvernements étrangers veulent se servir d’ONG opérant en Géorgie pour tenter d’y renverser des gouvernements démocratiquement élus, ils devront le faire à visage découvert.

Pour ce qui est des exigences de cette loi auprès des partis politiques géorgiens, on doit se rappeler que la législation d’ici interdit tout financement étranger des partis politiques québécois.

En effet, la loi électorale du Québec — adoptée par le gouvernement péquiste de René Lévesque — limite aux seuls citoyens du Québec le droit de verser de l’argent à un parti politique d’ici (au maximum, 100$ par année – 200$ quand c’est une année électorale).

Le droit d’être corrompu secrètement par des intérêts étrangers n’existe pas.

Par conséquent, loin d’être liberticide, la loi géorgienne est un geste d’affirmation démocratique. Et non le contraire, comme le soutiennent tous les médias occidentaux.

Répercussions en Géorgie de la guerre en Ukraine

Depuis son indépendance en 1991, l’histoire de la Géorgie se distingue de celle de l’Ukraine.

En Ukraine, on a assisté à une alternance de présidents pro-russes et pro-ukrainien jusqu’au basculement pro-occidental définitif provoqué les évènements de Maïdan en 2014.

En Géorgie, le pays s’est plutôt doté d’une succession ininterrompue de présidents et de premiers ministres pro-occidentaux et pro-Otan.

Tout au cours de l’ère ivanichvilienne, dès l’entrée en fonction d’un président et d’un premier ministre, le protocole voulait que son premier voyage officiel à l’Étranger se fasse à Bruxelles, afin d’y rencontrer les dirigeants de la Commission européenne et ceux de l’Otan. Le but étant d’y réitérer la volonté de la Géorgie d’adhérer à l’un et à l’autre et, en retour, recevoir l’assurance qu’elle est la bienvenue dans les deux.

Depuis sa guerre avec la Russie en 2008, la Géorgie achète exclusivement du matériel militaire occidental. Ce qui lui permet de participer à des exerces conjoints avec l’Otan. De plus, l’armée géorgienne accueille la formation d’instructeurs américains.

Chaque visite dans un pays de l’Otan est une occasion de conclure un accord de coopération militaire.

Conséquemment, l’allégation des partis d’opposition selon laquelle Ivanichvili serait un homme de paille de Poutine est une accusation grotesque.

Depuis la guerre opposant la Géorgie à la Russie (et les nombreuses petites escarmouches survenues depuis), les Géorgiens sont massivement hostiles à Moscou.

Voilà pourquoi, dès le début de la guerre russo-ukrainienne, les Géorgiens ont ouvert les bras pour accueillir plus de cent-mille réfugiés provenant de la partie orientale de l’Ukraine.

Ce sont essentiellement des Ukrainiens ukrainophones (minoritaire dans cette partie de l’Ukraine) et non russophone puisqu’il était plus simple pour ces derniers d’émigrer en Russie (où on parle russe) plutôt qu’en Géorgie (où la minorité russe est persécutée depuis l’indépendance).

Toutefois, au fur et à mesure que les Géorgiens assistaient à la destruction de l’économie de l’Ukraine et aux souffrances de sa population, les Géorgiens ont pris conscience du prix qu’ils pourraient avoir à payer si leur pays choisissait de devenir un ennemi militaire de son puissant voisin.

Il y a deux mois, Jean de Gliniasty, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques et ancien ambassadeur de France à Moscou, déclarait sur les ondes de France24 : « C’est dans la sagesse de la nation. Il y a une partie des Géorgiens qui savent qu’ils ne peuvent compter que sur leurs propres forces. Et donc, qu’il faut s’accommoder avec un voisin aussi pénible et dur soit-il

La Russie et ses alliés sont dotés d’un complexe militaro-industriel capable de soutenir de manière prolongée une guerre de haute intensité alors que les usines occidentales d’armement peinent à obtenir une chose aussi élémentaire que la nitrocellulose, c’est-à-dire de la poudre à canon, produite principalement en Chine (alliée de Moscou).

Pour Ivanichvili, une guerre en Géorgie comme celle qui se déroule en Ukraine serait catastrophique. Non pas qu’elle constituerait une menace à sa fortune personnelle (à l’abri dans des paradis fiscaux), mais parce que, depuis son retour dans son pays natal, Ivanichvili a dépensé des centaines de millions$ à des activités caritatives.

Le résultat concret d’une telle guerre, ce sont des écoles, des hôpitaux, des musées, des salles de concert, et des complexes sportifs qui ne doivent leur existence qu’à son mécénat, qui disparaitraient sous les bombardements ennemis.

Bref, ouvrir un second front contre la Russie, c’est l’anéantissement de l’œuvre de sa vie.

Conséquemment, sa préférence pro-occidentale est inchangée, mais dans le contexte géopolitique actuel, il a réalisé que la Géorgie avait intérêt à adopter un profil bas.

Cette réalpolitik se bute à l’opposition vigoureuse des ONG pour qui tout assouplissement du ton hostile à l’égard de Moscou est une trahison.

La campagne actuelle en vue des législatives d’octobre 2024

Les élections législatives de cette année opposent le parti d’Ivanichvili (appuyé par l’Église orthodoxe) et les partis d’opposition (appuyés par presque toutes les ONG).

Depuis des années, les sondages démontrent que 80 à 85 % de la population adulte du pays désire l’intégration économique de leur pays à l’Union européenne.

Voilà pourquoi la stratégie de l’opposition est de dépeindre Ivanichvili comme un homme de paille du Kremlin.

À preuve, on dira qu’il a fait fortune en Russie (ce qui est vrai) et que c’est un fourbe qui a promis d’implanter un système électoral complètement proportionnel, mais qui s’est arrangé pour que cette réforme soit battue par ses propres députés (comme si c’était le premier politicien à briser une promesse électorale).

Preuve ultime de son allégeance secrète à Moscou; il attaque lui aussi les valeurs dites ‘décadentes’ de l’Occident comme le fait Poutine.

La stratégie de parti d’Ivanichvili est d’assumer pleinement cette dernière accusation et de la retourner contre ses opposants.

Dans ce pays, la moitié de la population vit sur de petites exploitations agricoles, travaille fort, et prie Dieu.

Conséquemment, l’Église orthodoxe géorgienne — qui ne relève pas du patriarche de Moscou depuis 1917 — est très influente et n’hésite pas à défendre publiquement son dogme religieux.

Au cours de cette campagne électorale, le parti d’Ivanichvili se fait le champion des ‘valeurs géorgiennes’ et n’hésite pas à accuser les ONG d’être les paravents derrière lesquels se cachent des intérêts obscurs voués à propager l’idéologie décadente de l’Occident et pervertir l’âme séculaire de la Géorgie.

Concrètement, ses candidats s’en prennent à l’homosexualité, à la théorie du genre et à la légalisation du cannabis.

Tout cela peut nous sembler très réactionnaire. Mais cela n’est pas différent du discours que tiennent les prédicateurs et les politiciens locaux de la Bible Belt américaine.

Quant à la loi sur l’influence étrangère, les candidats du parti d’Ivanichvili déclarent que pour n’importe quelle ONG authentiquement géorgienne, cette loi ne change rien. Par contre, pour les autres, elle représente une menace existentielle puisque cette loi les force à révéler les intérêts obscurs pour lesquels elles travaillent secrètement.

Pour caricaturer ses opposants, le parti d’Ivanichvili pourrait dire que toutes les manifestations de ces ONG contre cette loi sont comme ces séances d’exorcisme au cours desquelles les possédés du démon occidental se tortillent de douleur quand on les asperge de l’eau bénite de la législation géorgienne.

Politiquement, cette stratégie semble porter ses fruits. Un sondage effectué en mars dernier révélait que le parti d’Ivanichvili recueillerait 31 % des voix, soit environ le double du principal parti d’opposition.

Références :
Abashidze, Karasin Talk Bilateral Trade, as Russia slams United States, NATO
Alarm bells ring for Pankisi gorge – the echo of the Syrian war reaches Georgia
Bidzina Ivanichvili
Defense Minister Concludes U.S. Visit
Defense Minister Garibashvili Concludes U.S. Visit
Géorgie: démission du président du Parlement après les heurts
2017 en Géorgie
2018 en Géorgie
2020 en Géorgie
2022 en Géorgie
Dix organisations non gouvernementales réclament la démission de Tea Tsulukiani (en géorgien)
Élections législatives géorgiennes de 2012
Élections législatives géorgiennes de 2020
En Géorgie, les LGBT+, nouveau bouc émissaire du pouvoir : « C’est une persécution à grande échelle »
Entretien avec la chaîne de télévision américaine Fox News (en russe)
EU: Georgia Lacks Progress on Labor Safety
Foreign Agents Registration Act
Georgian Defense Minister, NATO Officials Discuss Deepening Ties
Georgia orders trucks as modernisation drive continues
Géorgie : Bidzina Ivanichvili, l’oligarque qui veut faire tomber Saakachvili
Géorgie: le premier ministre remanie le gouvernement
Géorgie : pour le président Margvelachvili, l’adhésion à l’UE « est notre horizon »
Géorgie : retour sur l’année 2017
Giorgi Kvirikashvili : « Nous avons surmonté les difficultés que de nombreux pays développés ont du mal à surmonter, sans notre politique économique, nous serions confrontés à une réalité différente.» (en géorgien)
Giorgi Kvirikashvili remercie le gouvernement américain pour son soutien continu à la Géorgie (en géorgien)
« Il faut les balayer » : importante manifestation en Géorgie pour exiger de nouvelles élections législatives
Interview with Irakli Garibachvili
Irakli Garibashvili Net Worth 2022, Age, Wife, Children, Height, Family, Party
Ivanishvili And The Russians
Ivanishvili, le milliardaire qui veut s’offrir la Géorgie
La Géorgie adopte la loi sur l’« influence étrangère » en dépit des manifestations
La présidente Zurabichvili s’adresse au Parlement (en géorgien)
La nitrocellulose et la guerre
Le premier ministre géorgien Irakli Garibachvili annonce sa démission
Le président ne nommera pas de juge en chef « pour l’instant » (en géorgien)
Les États-Unis offrent deux patrouilleurs à la Géorgie (en géorgien)
Les ministres des Affaires étrangères de l’OTAN saluent les progrès de la Géorgie et réitèrent leur soutien à l’adhésion (en géorgien)
Lettre à l’Union européenne
Loi russe sur les agents étrangers
Loi sur “l’influence étrangère” : la Géorgie choisit-elle Poutine ? (vidéo)
Manifestations géorgiennes de 2019
MIA Arrests Four for Participation in June 20-21 “Group Violence”
MPs Vote Down Mandatory Gender Quotas Bill
NATO to Ramp up Georgia’s Security Against ‘Aggressive’ Russia
Politics, protests and propaganda: Georgia’s generational divide
Prisonniers torturés : le ministre géorgien de l’Intérieur démissionne
Projet financé par les États-Unis pour contrer la propagande anti-occidentale (en géorgien)
Prosecutor’s Office Says June 20-21 an Attempt at ‘Violent overthrow of government’
Protesters Rally for Drug Policy Liberalization (en géorgien)
Ruling party on the defensive over Russian MP in the Parliament Speaker Seat
Ruling party, opposition hold first meeting at US Embassy amid political crisis following elections
Scandale de corruption par le Qatar au Parlement européen
Two Detained on Bribing, Threatening Late District Election Commission Head
Ukraine et Russie : l’échec cuisant de Victoria Nuland
Ukraine : l’histoire secrète de la révolution de Maïdan
Vano Merabichvili

Paru depuis : US pauses $95m in aid to Georgia after passage of ‘foreign agents’ law (2024-07-31)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La Géorgie (4e partie) : importance géostratégique de la Transcaucasie

Publié le 8 octobre 2024 | Temps de lecture : 12 minutes


Pour consulter en ordre chronologique tous les textes de cette série consacrée à l’histoire récente de la Géorgie, veuillez cliquer sur ceci.

Géographie de la Transcaucasie

Le Caucase est un massif montagneux, le plus élevé d’Europe.

Le mont Elbrouz est son point culminant (à 5 642 mètres), alors que le plus haut sommet des Alpes (le Mont-Blanc) s’élève à 4 806 mètres.

Ce massif se compose de deux chaines parallèles : le Grand Caucase (au nord) et le Petit Caucase (au sud).

La vallée entre les deux — ce qui comprend évidemment le versant sud du Grand Caucase et le versant nord du Petit Caucase — constitue la Transcaucasie.

Cliquez sur l’image pour l’agrandir

Le territoire ainsi délimité est bordé à l’Ouest par la mer Noire, et à l’Est par la mer Caspienne. Entre les deux se succèdent trois pays : la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

Le plus populeux des trois est l’Azerbaïdjan. Inférieur à la moyenne européenne, le niveau de vie dans ces trois pays est assez semblable, tandis que le taux de croissance économique y est plus rapide qu’en Europe.

En dépit du fait qu’il est le quatrième d’une série consacrée à la Géorgie, ce texte replace ce pays dans son contexte transcaucasien puisque son importance géostratégique est commune à l’ensemble des pays de cette région, voire également à l’Asie Centrale.

La Transcaucasie a longtemps été perçue comme une zone d’influence naturelle de la Russie. Toutefois, la crainte suscitée par la puissance militaire de cette dernière s’est estompée en raison du fait que ses ressources sont accaparées par la guerre en Ukraine. Ce qui lui laisse beaucoup moins de manœuvre pour gérer efficacement les crises dans le Caucase.

L’Azerbaïdjan a profité du retrait des troupes russes du Haut-Karabagh — une région contrôlée jusque-là par l’Arménie, alliée de la Russie — pour envahir et annexer ce territoire. La victoire azérie a entrainé l’exode de 100 000 Arméniens, représentant 80 % de la population du Haut-Karabagh.

La Transcaucasie est donc devenue le théâtre de la lutte hégémonique de quatre puissances.

D’une part, de deux puissances régionales voisines que sont la Turquie (au sud-ouest) et l’Iran (au sud-est). Et d’autre part, de deux puissances mondiales que sont la Russie (voisine au nord) et l’Union européenne (au-delà de la mer Noire).

Quant à cette dernière, elle y défend les intérêts qui lui sont propres, en plus de défendre ceux des États-Unis dont elle est la vassale.

À la croisée des chemins

Selon l’adage, qui contrôle les sources et les routes d’approvisionnements énergétiques mondiales contrôle le monde.

Le commerce longitudinal (nord-sud ou l’inverse)

Qu’il s’agisse du transport ferroviaire, du transport routier ou du transport par oléoducs, la Transcaucasie est le plus court chemin du commerce terrestre entre la Russie et la Turquie, entre la Russie et l’Iran, de même qu’entre la Russie et les pays du Proche ou du Moyen-Orient.

Corridor de transport international nord-sud

Le projet de Corridor de transport international nord-sud est un itinéraire ferroviaire et maritime destiné à relier la Russie à l’Inde en traversant la mer Caspienne et l’Iran (en rouge sur la carte ci-dessus).

Ce corridor évite un long détour par le canal de Suez.

L’Iran y est favorable parce que ce corridor évite les routes maritimes dominées par l’Occident. Quant à l’Inde, il réduira de moitié le temps de transport des marchandises entre ce pays et la Russie.

Son talon d’Achille est sa portion qui traverse la mer Caspienne, large d’environ 300 km. Or dans le cas d’une guerre ouverte entre l’Otan et la Russie, les cargos russes seraient à portée de tir de missiles si l’Azerbaïdjan devait y prendre part du côté occidental.

Déplacer ce corridor vers l’Est n’est pas prudent puisque l’Asie Centrale est (à l’exclusion du Kazakhstan) un nid de terroristes. Conséquemment, il est impossible d’assurer la sécurité d’infrastructures stratégiques qui passeraient par ces pays.

Le commerce latitudinal (est-ouest ou l’inverse)

La Chine est le premier partenaire commercial de plusieurs pays européens.

Le moyen le plus économique de relier la Chine à l’Europe, c’est par voie maritime. Si on exclut le fret aérien en raison de son cout, le moyen le plus rapide est par voie terrestre.

Pour ce faire, les marchandises empruntent actuellement le Corridor ferroviaire eurasiatique.

Celui-ci part de Chine, traverse la Sibérie, la Russie et la Biélorussie pour se terminer à la frontière polonaise (où l’écartement des rails est différent).

Sa mise en œuvre a été facilitée par le fait que le segment principal de ce corridor existe depuis 1916; c’est le Transsibérien.

Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, plusieurs pays cherchent à développer un deuxième corridor qui, à la différence du premier, contournerait la Russie.

Cette voie de contournement est le Corridor central transcaspien, mieux connu sous le nom de Corridor médian.

Le Corridor central transcaspien

Cliquez sur la carte pour l’agrandir

En voie de réalisation à un cout faramineux, ce corridor est plus court de deux-mille kilomètres en comparaison avec le Corridor ferroviaire eurasiatique.

Toutefois, entre la Russie et l’Iran, il n’y a qu’une seule voie de passage; par la Transcaucasie.

Bi-modal (à la fois terrestre et maritime), ce corridor parcourra successivement la Chine et le Kazakhstan, franchira la mer Caspienne, traversera l’Azerbaïdjan, contournera soigneusement l’Arménie (à la demande de l’Azerbaïdjan et de la Turquie) pour se rendre en Géorgie.

La Géorgie servira de carrefour. C’est là que le Corridor médian se divisera en deux embranchements.

Le premier se rendra à un port géorgien donnant sur la mer Noire. De celui-ci partiront des cargos en direction des pays qui bordent cette mer. D’autres, après avoir emprunté le Bosphore, se disperseront en Méditerranée vers leurs ports de destination.

L’autre embranchement traversera la Turquie pour se rendre soit à Istanbul, ou soit à un port en eau profonde à partir duquel les marchandises seront acheminées aux ports méditerranéens.

À l’heure actuelle, le Corridor central transcaspien repose sur des infrastructures vieillissantes dont la capacité n’est que de 5 % du Corridor ferroviaire eurasiatique (celui qui passe par la Russie).

Toutefois, grâce aux investissements importants qu’il suscite, cela devrait complètement changer d’ici dix ans.

Une fois complété, il rehaussera l’importance géostratégique de l’Asie centrale et de la Transcaucasie, deux régions jusqu’ici secondaires dans le commerce international.

Appuis internationaux au Corridor médian

L’Union européenne

Le projet est soutenu avec enthousiasme par les États-Unis et l’Union européenne.

Toutefois, il ne semble pas que les dirigeants européens aient réalisé que passer du Corridor ferroviaire eurasiatique (celui qui passe par la Russie) au Corridor central transcaspien (celui qui passe par la mer Caspienne), c’est échanger une dépendance à la Russie pour une dépendance à la Turquie.

Entre les deux, s’il est vrai que la Russie est une menace nucléaire (ce que la Turquie n’est pas), on doit considérer qu’en temps de paix, la Turquie s’immisce beaucoup plus dans les affaires intérieures des pays qui dépendent d’elle.

La Turquie

Parce que c’est une occasion d’accroitre son importance dans le commerce international, la Turquie investit des sommes considérables pour se doter des infrastructures nécessaires.

Et au-delà de l’Azerbaïdjan (qui est déjà son allié militaire), la Turquie voit dans ce projet une occasion d’étendre son influence aux républiques turcophones d’Asie Centrale.

L’Inde

Justement pour cette raison, l’Inde y craint l’encerclement.

En effet, à l’ouest de ce pays se trouve le Pakistan, allié de la Turquie. Et au nord, l’Inde est bordée par les pays musulmans d’Asie Centrale, déjà indisposés par les excès du nationalisme hindou et que la Turquie courtise.

Pour lutter contre cet encerclement, l’Inde est un allié militaire de l’Arménie. Ce pays n’est pas traversé par le Corridor central transcaspien mais il en est suffisamment près pour le menacer. Une menace qui pourrait être utile pour faire pression sur la Turquie si l’Inde devait juger cela opportun.

La Chine

D’abord soucieuse de ne pas indisposer son allié russe (contre lequel ce corridor est conçu), la Chine s’est ravisée depuis puisque ce projet est implicitement une des nouvelles routes de la Soie.

La Géorgie

La Géorgie profitera moins de sa position géographique en raison du fait que la Turquie (avec laquelle elle est en concurrence) possède déjà des ports en eau profonde et que le seul port de ce genre en Géorgie (celui d’Anaklia) peine à voir le jour.

De plus, même si la Géorgie se dotait d’un port en eau profonde, les cargos qui y partiront subiront l’encombrement du Bosphore (ce qui allonge les délais de livraison) alors que ceux qui accosteront sur la côte méditerranéene de la Turquie n’auront pas ce problème.

Les oléoducs du Caucase

Il existe un autre élément qui contribue spécifiquement à l’importance géostratégique de la Transcaucasie, ce sont les oléoducs du Caucase.

Oléoducs du Caucase

Dans la mer Caspienne se trouve un des plus importants gisements de pétrole et de gaz fossile au monde, largement sous-exploité.

Avant la guerre en Ukraine, l’Azerbaïdjan était un exportateur très secondaire d’hydrocarbures destinés à l’Europe. Parce que plus chers que ceux de Russie (en raison de l’éloignement) et du plus grand nombre de pays à traverser (auxquels on doit verser une redevance afin qu’ils en assurent la sécurité).

L’année du déclenchement de cette guerre, le commerce extérieur de ce pays s’est accru de 55,4 %. Si bien que ses exportations en sont venues à représenter 77 % de son PIB. De loin, son principal client est l’Italie, qui lui achète 46,6 % de ses exportations, essentiellement des hydrocarbures.

L’encerclement de la Russie par l’Otan

Conscient de l’importance géostratégique de la Transcaucasie, Washington déploie des ressources diplomatiques et financières considérables afin de poursuivre sa stratégie d’encerclement militaire de la Russie.

Comme la combinaison gagnante d’une machine à sous, les États-Unis cherchent à faire basculer ces trois pays dans le giron occidental.

Mais il s’agit d’une région politiquement instable où aucune alliance n’est définitive.

Des trois, l’Azerbaïdjan est le plus riche et militairement le plus puissant. Son PIB dépasse ceux de ses deux voisins combinés.

Pour l’Otan, c’est un pays-clé, capable de menacer à la fois les échanges de la Russie le long du Corridor de transport international nord-sud et les échanges de la Chine le long du Corridor central transcaspien.

Ce pays est capital pour assurer l’hégémonie mondiale des États-Unis.

Toutefois, l’Otan ne peut l’admettre dans ses rangs car c’est un pays enclavé. Conséquemment, l’adhésion de l’Azerbaïdjan nécessite l’adhésion préalable de la Géorgie.

Or la Géorgie est devenue hésitante.

De son indépendance en 1991 au déclenchement de la guerre russo-ukrainienne, la Géorgie a résolument été pro-occidentale et pro-otanienne. Contrairement à l’Ukraine, où ont alterné des gouvernements pro-russes et pro-occidentaux.

Mais les Géorgiens se rappellent encore de l’époque où le président géorgien le plus voué aux intérêts occidentaux, Mikheil Saakachvili, fut laissé à lui-même lorsqu’éclata la guerre russo-géorgienne de 2008 (au sujet de l’Ossétie du Sud).

L’idée d’être dévasté par des bombardements russes comme prix d’une entrée à l’Otan repoussée toujours plus loin d’une année à l’autre, enchante de moins en moins les Géorgiens, aussi russophobes soient-ils.

D’autant plus que depuis quelques années, chaque fois que le gouvernement géorgien résiste à des pressions américaines, il doit affronter des manifestations quasi insurrectionnelles de la part d’ONG financées par les États-Unis.

De plus en plus inquiets d’être la cible d’un changement de régime à la Victoria Nuland, les dirigeants géorgiens sont devenus méfiants.

Références :
Azarbaïdjan : le profil commercial
Conflit du Haut-Karabagh
Corridor de transport international Nord-Sud
En Géorgie, le projet de port d’Anaklia peine à voir le jour
Le nouveau Grand Jeu
Oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan
OTAN : Relations avec l’Azerbaïdjan
Résumé de géopolitique mondiale (1re partie)
Routes de la soie : le corridor ferroviaire médian. L’avènement d’une alternative au rôle central de la Russie ?
Transsibérien
Ukraine et Russie : l’échec cuisant de Victoria Nuland
Why the Middle Corridor Will be a Geopolitical Game Changer (vidéo)

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