Mes petits amis du Jardin botanique

8 avril 2024

Au cours de la saison froide, l’épaisse couche de neige cache aux animaux sauvages les ressources alimentaires qui jonchent le sol des forêts et des sous-bois.

Voilà pourquoi, dans le cas des oiseaux qui y habitent, le Jardin botanique de Montréal installe ici et là des mangeoires chaque hiver afin d’augmenter leurs chances de survie.

Ces mangeoires sont retirées lorsque le temps s’adoucit afin que ces animaux retrouvent leur instinct sauvage et ne deviennent pas dépendants de l’intervention humaine.

Le Jardin botanique interdit aux personnes qui y viennent de nourrir ses petits pensionnaires, peu importe la saison. C’est un interdit que je respecte depuis des années, mais auquel j’ai fait exception cet hiver.

Les jours ensoleillés de mars, en me rendant ou en revenant de l’Insectarium, j’ai pris l’habitude de nourrir les animaux qui fréquentent une petite clairière située un peu à l’écart, entre le Jardin de Chine et le Jardin alpin.

À cette fin, je m’étais procuré des fragments noix de Grenoble achetés au Dollarama (1,50$ pour un sachet de 70 grammes).

Écureuil gris albinos

À la mi-mars, ce que je croyais être, au loin, un morceau de papier qui virevoltait au vent s’est avéré être un écureuil albinos, probablement le seul de tout le Jardin botanique.

Il possède aussi la caractéristique d’avoir le pelage particulièrement long.

Écureuil gris

Les yeux des écureuils gris sont situés de chaque côté de leur tête. Ce qui fait qu’ils voient mal les petits objets situés juste devant leur museau.

Lorsqu’on leur tend un fragment de noix entre nos doigts, l’écureuil doit nécessairement prendre nos doigts entre ses mains et grignoter à l’aveugle ce qu’on leur tend. Ou étirer le museau et prendre le fragment avec ses incisives pour finalement partir avec son butin.

Lorsque le fragment est offert sur la paume de notre main — ce qui implique que l’écureuil doit monter sur notre main pour obtenir sa récompense — sa mauvaise vision dans son axe central fait qu’il n’est pas rare que l’écureuil mordille le bout d’un de nos doigts pour découvrir que ce n’est pas ce qu’il veut, puis s’avance davantage jusqu’à trouver ce qu’il cherche.

À deux occasions, un écureuil m’a mordillé le bout d’un doigt sans réellement me blesser. J’ai simplement bougé légèrement ce doigt en faisant un léger son désapprobateur (tut-tut-tut) pour que l’animal comprenne le message.

Parmi mes petits amis se trouvent au moins deux écureuils roux. À peine plus gros qu’un Tamia rayé, ces rongeurs sont d’une extrême vivacité. Malheureusement, je n’ai pas encore réussi à les photographier.



Mésange à tête noire


Sittelle à poitrine blanche

Photographier des oiseaux qui nous mangent dans la main est un peu compliqué. Cela implique qu’une main leur tend des noix tandis que l’autre tient et actionne l’appareil photographique.

Pour ce faire, j’ai adopté une technique photographique particulière.

Premièrement, j’ai choisi une vitesse d’obturation d’un deux-millième de seconde.

Deuxièmement, afin de ne pas intimider les oiseaux, j’ai utilisé un objectif de petite dimension. Autre avantage : un équipement plus léger est plus facile à soutenir d’un seul bras pendant une période prolongée.
 

 
Et surtout, j’ai opté pour l’obturateur électronique de mon appareil photographique, ce qui le rend totalement silencieux.

Pour terminer, la mise au point se faisait à partir de l’écran arrière articulé tourné vers moi, alors que l’appareil proprement dit pointait vers l’oiseau.

Cardinal rouge femelle

Un couple de Cardinaux rouges fréquentent également cette clairière. Parfois, je vois le mâle. D’autres jours, c’est la femelle.

Perché sur sa branche, un peu à l’écart, je vois bien le Cardinal rouge qui observe avec envie les autres oiseaux festoyer. Pour respecter sa timidité, nous avons développé le rituel suivant.

Je prends un beau gros fragment de noix de Grenoble que je pointe vers lui tout en le regardant. Comme pour lui dire : « Celui là, c’est pour toi ».

Dès le fragment déposé sur une branche basse horizontale, je pointe du doigt le fragment tout en regardant le Cardinal rouge. Puis je recule de trois ou quatre pas. Aussitôt, l’oiseau fonce vers le fragment, le saisit de son bec et s’enfuit aussitôt.

Après avoir découvert un gout que je ne connaissais pas pour les noix de Grenoble, j’ai décidé de les garder pour moi et de me procurer la semaine dernière des graines de citrouilles décortiquées et des arachides en écailles pour mes petits amis de la clairière.

Entretemps, le Jardin botanique a retiré ses mangeoires. Ce qui fait que mon expérience de cet hiver se terminera d’ici peu puisque je suis d’accord avec la politique du Jardin botanique à ce sujet et j’entends m’y conformer dans quelques jours, dès que j’aurai écoulé ce qui me reste de noix et d’arachides.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectifs M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14 (photos 1, 2 et 7) et Lumix 14-42 mm (les autres photos)
1re photo : 1/1250 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 210 mm
2e  photo : 1/125 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 70 mm
3e  photo : 1/2000 sec. — F/5,0 — ISO 640 — 21 mm
4e  photo : 1/2000 sec. — F/5,0 — ISO 400 — 21 mm
5e  photo : 1/2000 sec. — F/5,6 — ISO 400 — 25 mm
6e  photo : 1/2000 sec. — F/5,6 — ISO 400 — 25 mm
7e  photo : 1/250 sec. — F/4,5 — ISO 400 — 140 mm

Postscriptum du 14 avril 2024 : Depuis la publication de ce texte, je suis retourné à cette clairière à trois occasions. Puisque j’ai épuisé ma petite provision de noix et d’arachides à donner, c’est donc la dernière fois aujourd’hui que j’y vais pour nourrir des animaux.

Cliquez sur la photo pour l’agrandir

Entretemps, s’était ajouté un nouvel ami; un Tamia rayé, mignon et expressif.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectifs M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14 — 1/1600 sec. — F/4,0 — ISO 2500 — 210 mm.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Mes semis précoces

31 mars 2023



 
La tradition veut qu’on procède aux semis de tomate à la Saint-Joseph, soit le 19 mars.

Mais en raison du réchauffement climatique, j’ai procédé aux miens deux semaines plus tôt.

Cette année, j’ai presque totalement renoncé à ces variétés rares et gouteuses dont la culture s’est avérée trop capricieuse pour mes modestes talents d’horticulteur.

J’ai plutôt planté des graines de tomates obtenues à partir de tomates cerises achetées à l’épicerie et dont j’ai aimé le gout.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 25mm F/1,2
1re photo : 1/400 sec. — F/2,0 — ISO 200 — 25 mm
2e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 25 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les changements climatiques et le jardinier amateur

8 mars 2021



Avant-Propos : Pour célébrer la Journée internationale des femmes (le 8 mars), ce blogue a décidé d’inverser la règle grammaticale selon laquelle le genre masculin l’emporte sur le genre féminin. En conséquence, dans ce texte qui suit, le féminin inclut le masculin.

Les bouleversements climatiques ont d’importantes répercussions; sous nos latitudes, les récoltes surviennent généralement de manière précoce.

Les amatrices de jardinage devront donc en tenir compte et démarrer leurs boutures plus tôt qu’autrefois.

À titre d’exemple, la coutume veut qu’on commence les semis de tomate à la Saint-Joseph.

De nos jours, presque plus personne ne possède de calendrier liturgique. Alors la ‘Saint-Joseph’, c’était quand au juste ?

Eh bien, cette fête a lieu le 19 mars.

Évidemment, ce qui est vrai pour la tomate ne l’est pas nécessairement pour d’autres fruits et légumes; votre marchande de semis devrait vous conseiller à ce sujet.

Ce qui est certain, c’est qu’il serait bon que vous songiez à démarrer vos boutures ces temps-ci, protégées du froid (à l’intérieur, par exemple).

Bon jardinage…

Détails techniques de la photo : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/160 sec. — F/11,0 — ISO 200 — 40 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les canards en riziculture biologique

30 décembre 2020
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Afin d’assurer la santé de leurs champs, certains riziculteurs comptent sur des milliers d’ouvriers qui, du matin au soir, travaillent bénévolement pour eux.

Depuis des siècles, les canards sont utilisés pour débarrasser les rizières des mauvaises herbes, des escargots et des autres ravageurs.

Jeunes, ils suivent spontanément les sillons à la recherche de petits escargots et d’insectes. En piétinant le lit de la rizière, ils contribuent à y oxygéner l’eau. Et en troublant l’eau, cela bloque partiellement la lumière nécessaire à la croissance des mauvaises herbes.

Et c’est sans compter sur le fait que leurs fientes engraissent le sol.

Adultes, ils sont encore plus efficaces contre les mauvaises herbes. Ils les broutent sélectivement puisque les plans de riz contiennent trop de cellulose. Or les oiseaux, contrairement aux ruminants, n’ont pas de dents.

S’il leur arrive de piétiner des plants de riz, ces derniers se redressent dans les heures qui suivent.

Bien nourrie, une cane adulte pond un œuf par jour. Si bien que la vente d’œufs et de viande de canard (engraissés gratuitement), de même que l’économie de produits chimiques, compensent en bonne partie la baisse de productivité (environ -20 %) de la riziculture bio.

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Palmarès des résidus alimentaires de pesticides

14 octobre 2020

Chaque printemps, The Environmental Working Group publie sa liste des fruits et légumes les plus contaminés par des pesticides.

Des plus contaminés à ceux qui le sont le moins :
• les fraises
• les épinards
• le kale
• les nectarines
• les pommes
• les raisins
• les pêches
• les cerises
• les poires
• les tomates
• le cèleri
• les patates
• les poivrons
• les tomates cerises
• la laitue
• les concombres
• les bleuets cultivés (et non sauvages)
• les piments forts
• les prunes
• les fèves vertes
• les tangerines
• les framboises
• les pamplemousses
• les pois cassés
• les courges d’hiver
• les carottes
• les oranges
• les zucchinis (ou courgettes)
• les bananes
• les patates douces
• le melon d’eau (ou pastèque)
• la mangue
• les kiwis
• le melon miel
• le chou
• les champignons
• les brocolis
• les cantaloups
• les choux-fleurs
• les asperges
• les aubergines
• les petits pois congelés
• la papaye
• les ognons
• les ananas
• le maïs sucré (non-OGM)
• les avocats

Référence :
EWG’s 2020 Shopper’s Guide to Pesticides in Produce™

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Premiers pas en jardinage urbain

30 septembre 2020

À la fin de chaque été, le Jardin botanique de Montréal organise une foire horticole au cours de laquelle sont offerts des fleurs en pot, des tisanes, des outils de jardinage, etc.

L’été dernier, en passant devant un des kiosques de cette foire, l’idée m’est vue de faire un peu d’agriculture urbaine sur mon balcon.

Auprès de la semencière artisanale Terre Promise, je me suis donc procuré des graines de deux variétés de tomates plutôt rares (Minuit à Montréal et Noire de Crimée).

Et pour mettre toutes les chances de mon côté, j’ai acheté la bible du cultivateur-amateur de tomate : La Tomate – De la terre à la table de Lili Michaud.

Le 8 mars de cette année, je semais cinq de mes précieuses graines. Celles-ci sortirent de terre moins de deux semaines plus tard.

Entretemps, le Québec se confinait.

Regarder la nature s’épanouir lentement sous nos yeux est une merveilleuse manière de conserver l’espoir en pleine pandémie.

Dès que mes plants furent suffisamment grands, ce fut le temps de les transplanter dans de gros pots sur mon balcon.

Fleur de tomate

Semaine après semaine, mes cinq plants donnèrent un grand nombre de petites fleurs jaunes.

Je ne sais pas si c’est à cause du confinement, mais il semble que les insectes pollinisateurs ne sont pas sortis de leur ruche cette année…

Tomate ‘Minuit à Montréal’

Si bien que je n’ai récolté qu’une quatorzaine de tomates; gouteuses, légèrement sucrées et presque dépourvues d’acidité.

Détails techniques des photos : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectifs M.Zuiko 60 mm F/2,8 Macro (1re photo) et M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (2e photo)
1re photo : 1/400 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 60 mm
2e  photo : 1/80 sec. — F/6,3 — ISO 5000 — 40 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Quand la gourmandise favorise l’évolution

27 décembre 2019
Pommier ‘Richelieu’ au printemps
Un pommier à l’automne

En sélectionnant à chaque génération les spécimens aux caractéristiques supérieures et en les faisant se reproduire, les Humains ont permis le développement de plantes plus nutritives, ou plus résistantes à la maladie ou à la sècheresse.

À l’exclusion d’un petit nombre de cultivars plus modernes, les 20 000 variétés de pommiers domestiques descendent de la première variété sucrée — la Malus sieversii — originaire du Kazakhstan.

À l’origine, cet arbre sauvage produisait des fruits amers.

Ce ne sont pas les Humains, mais plutôt les ours qui ont fait évoluer l’espèce.

Ceux-ci mastiquaient les pommes plus grosses, plus sucrées et plus juteuses et avalaient tout rond celles amères.

Or les pépins de cette variété ne germent pas lorsqu’ils demeurent prisonniers de l’enveloppe du fruit.

Pendant des millénaires, ce sont donc les arbres aux fruits de plus en plus sucrés qui se sont reproduits, grâce à la gourmandise des ours qui ont dispersé leurs graines dans leurs matières fécales.

Les Humains ont ensuite propagé le résultat du travail des ours aux quatre coins du globe, faisant de ce fruit le troisième consommé dans le monde (après les agrumes et la banane).

Ce sont d’abord les Chinois qui l’ont adopté il y a trois-mille ans. Grâce à la route de la soie, le fruit a séduit les Arabes, puis les Grecs et les Romains… comme Adam, dit-on, bien avant eux.

Références :
Malus sieversii
Pomme
Si vous aimez les pommes, remerciez les ours

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs Lumix Leica 42,5 mm F/1,2 + filtre Hoya à densité neutre ND8 (1re photo) et Lumix 12-35 mm F/2,8 (2e photo)
1re photo : 1/1600 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 42,5 mm
2e  photo : 1/200 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 35 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La corruption généralisée des agronomes québécois

6 juillet 2019
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Sur les 3 300 agronomes du Québec, 15 ont émis en 2018 de près de la moitié des 1 500 ordonnances d’atrazine, un herbicide cancérogène interdit en Europe depuis plus d’une décennie.

Ces quinze agronomes sont employés principalement par des fabricants ou des distributeurs de pesticides.

Selon Radio-Canada, de manière générale, la majorité des agronomes qui conseillent les agriculteurs sur l’utilisation des pesticides sont des salariés des entreprises qui vendent ces produits.

Inversement, la majorité des agriculteurs qui se font prescrire ces produits reçoivent leurs ordonnances d’agronomes payés par l’industrie.

Environ 80% des entreprises qui emploient des agronomes leur versent un salaire. Mais elles leur versent également des commissions associées à la vente de pesticides ou de défoliants.

Par exemple, si l’agronome vend suffisamment de poches de graines de maïs enrobées d’un pesticide, il gagne un voyage dans le Sud, toutes dépenses payées.

Dans quelques cas, l’agronome est payé exclusivement à commission : pas de vente de pesticides, pas de salaire. Selon l’Ordre des agronomes, il ne s’agit-là que d’une apparence de conflit d’intérêts.

Accusé de laxisme, l’Ordre a répliqué en soutenant que ceux qui blâment ses membres ne font qu’essayer de se faire du capital politique sur leur dos.

Cet organisme estime que son rôle est de faire appliquer les lois. « Que le gouvernement légifère et l’Ordre va suivre », déclare son vice-président.

Mais voilà, le gouvernement a déjà légiféré.

Plutôt que de déterminer lui-même les bonnes pratiques agricoles, l’État québécois a décidé en 2018 de s’en remettre au jugement professionnel des agronomes en obligeant les cultivateurs à obtenir une ordonnance d’un agronome pour pouvoir acheter des pesticides ou des défoliants.

Or l’article 31 du Code de déontologie des agronomes interdit déjà tout avantage, ristourne ou commission relatifs à l’exercice de sa profession.

Il est inacceptable qu’en violation de leurs règles déontologiques, la majorité des agronomes aient intérêt, personnellement, à ce qu’on vende le plus possible de pesticides et de défoliants.

L’Ordre est incapable de donner le moindre exemple de mesure cœrcitive prise contre un seul de ses membres à ce sujet.

Les propositions visant à renforcer l’indépendance des agronomes ont toutes été battues en assemblée générale en raison de la mobilisation des agronomes-pushers, accourus massivement pour le vote.

Bref, la profession des agronomes est pourrie de l’intérieur à un point tel que même l’Ordre des agronomes est paralysé.

Pour étirer le temps, cet organisme professionnel a créé un comité d’experts mandatés pour faire des recommandations. Son rapport est attendu d’ici la fin de l’année 2019.

Le comble de la mauvaise foi est sa décision d’y nommer des agronomes à la solde de l’industrie des pesticides.

Gênée par cet exemple flagrant de conflit d’intérêts, la puissante Union des producteurs agricoles a refusé de faire partie de ce comité.

Ce qui n’a pas empêché le nouveau président de l’Ordre de soutenir que les agronomes provenant de l’industrie s’exprimeront en toute indépendance par rapport à leur entreprise.

« On peut vous garantir que s’il y a des représentants de l’industrie, ils ne sont pas là pour noyauter le comité » a-t-il déclaré.

Je pense que l’Ordre des agronomes nous prend vraiment pour des imbéciles.

D’où la question : ne devrait-on pas mettre cet Ordre professionnel sous tutelle en raison de sa faillite à défendre l’intérêt public comme l’y oblige la loi ?

Références :
Agriculture: l’industrie siège au comité de révision sur l’usage des pesticides
Des agronomes payés par l’industrie prescrivent davantage d’herbicide
Des incitatifs illégaux versés à des agronomes pour vendre plus de pesticides
Pesticides: «Beaucoup de monde essaie de se faire du capital politique»
Pesticides : le manque d’indépendance d’agronomes et de chercheurs continue de faire des vagues
Pesticides : le sous-ministre de l’Environnement est inquiet de ce qu’il a découvert
Québec a perdu le contrôle des pesticides
Toujours plus de pesticides

Parus depuis :
Le CEROM fait fausse route, dit Louis Robert (2019-09-20)
Un lobbyiste de l’agrochimie dirigera l’Ordre des agronomes du Québec (2024-03-25)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/640 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 34 mm.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Produire ses aliments chez soi

26 février 2018

 

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La chaine France24 produit environ deux heures d’émissions par jour qu’elle présente en boucle toute la journée. Cette chaine fait partie des différents forfaits offerts de Vidéotron.

On peut la suivre gratuitement sur son ordinateur à France24.com. Mais je trouve plus simple d’utiliser l’application France 24, offert sur l’App Store.

Cet après-midi, la chaine mettrait en ligne ce reportage de trois minutes qui m’a bien plu.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Déforestation et culture intensive au Québec

18 décembre 2017

Contrairement aux provinces des Prairies, la pluviosité au sud du Québec est telle que c’est la forêt (et non la prairie) qui serait son couvert végétal si la nature y était laissée à elle-même.

En comparaison avec un champ cultivé, la forêt dispose de l’eau de pluie différemment. En raison de la surface d’évaporation de son feuillage, la forêt boit davantage. De plus, ses racines guident l’eau plus profondément dans le sol, où elle est filtrée.

Depuis cinquante ans, l’industrialisation de l’agriculture au Québec s’est caractérisée par l’accroissement de la taille des lots là où le sol est plat et régulier, notamment dans la plaine du Saint-Laurent.

En fusionnant les parcelles voisines, en éliminant les haies et en déboisant, on a créé de vastes étendues qui rendent possible le recours à une machinerie ultraperformante.

Dans certaines municipalités régionales de comté de Montérégie, le couvert boisé est moins de vingt pour cent, et moins de dix pour cent à certains endroits.

Le mètre de pluie qui tombe annuellement dans la vallée du Saint-Laurent est supérieur aux besoins des plantes cultivées. De plus, la machinerie lourde utilisée compacte les sols et nuit à leur drainage.

Le désir d’agrandir les lots a amené les producteurs à éliminer les fossés qui servaient justement d’échappatoires à l’excès de pluie. Ce qui amplifie le problème.

Ce ruissèlement, associé à la faible filtration des sols, entraine la pollution des cours d’eau.

Sur un total de 1,8 million d’hectares consacrés à l’agriculture, le pourcentage consacré à diverses productions est le suivant :
• 42% maïs et soya
• 41% fourrage
• 13% céréales et canola
• 2% pommes et petits fruits
• 1% légumes
• 1% pommes de terre

C’est donc à dire que sur près de la moitié des terres agricoles du Québec, on produit du maïs et du soya.

D’un quart de million de tonnes en 1973, la production de maïs a augmenté de seize fois depuis, alors que le rendement à l’hectare doublait.

La surface consacrée au maïs a donc augmenté de 800%.

Des 425 000 hectares consacrés à cette fin, le septième du maïs recueilli est complètement déchiqueté : la moulée obtenue sert à l’alimentation des vaches laitières.

Le reste est du maïs-grain. Les grains sont séparés de la plante et servent à l’alimentation humaine. Le reste de la plante sert à l’alimentation animale, à l’exportation et à la production d’éthanol.

Quant au soya, on en produit 800 000 tonnes, dont les trois quarts sont exportés.

Pour éviter les inconvénients de la monoculture intensive, on alterne les cultures annuelles de maïs et de soya. Il s’agit alors d’une culture à rotation rapide.

À cette offense s’ajoute l’accroissement de la production porcine dont le lisier est pulvérisé en abondance dans les champs. En raison du ruissèlement de surface, la qualité de l’eau de plusieurs régions du Québec s’est dégradée.

Au lisier de porc s’ajoute la fertilisation des sols par les boues de désencrage des papetières (boues créées par le recyclage du papier) et les déchets solides issus des usines d’épuration.

On aura donc intérêt à bien nettoyer les légumes crus qu’on mange puisque leur culture nécessite souvent l’utilisation d’engrais organiques (en clair : des matières fécales).

En France, l’aide financière de l’État aux agriculteurs est conditionnelle au maintien d’au moins 5% de ‘surface d’intérêt écologique’ : mares, arbres, haies, bosquets ou parcelles agroforestières.

Références :
Cogliastro A. Culture de désolation. Quatre-Temps 2016; vol.40 no 3: 16-9.
Cogliastro A. Des arbres pour adoucir l’agriculture intensive. Quatre-Temps 2016; vol.40 no 3: 20-5.
Un décès relié à l’éclosion de la bactérie E. coli dans des laitues romaines

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Écrit par Jean-Pierre Martel