Faire disparaitre la pollution par magie

Publié le 17 juillet 2024 | Temps de lecture : 5 minutes
Lac Louise, en Alberta

La restauration de sites miniers abandonnés

L’article 101 de la loi sur les mines permet la création d’une mine si un plan de réaménagement et de restauration minière a été préalablement approuvé par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune.

L’article 232.4 de cette loi oblige la compagnie minière à fournir une garantie dont le montant correspond aux couts anticipés de ce plan.

Mais restaurer coute cher.

La magie au service de l’environnement

Depuis des mois, les démarcheurs des compagnies minières se relaient aux antichambres ministérielles afin de les convaincre d’une brillante idée.

Au lieu d’enfouir des résidus miniers dans des réservoirs souterrains imperméables, puis de les recouvrir de manière à redonner au site minier un aspect ‘présentable’, ne serait-il pas beaucoup plus économique de jeter tous ces résidus dans nos lacs afin de les faire disparaitre instantanément ? Comme par magie…

L’idée vous fait sourire ? Lisez bien ce qui suit.

Après une bataille juridique de quinze ans contre deux organismes de défense de l’environnement, le gouvernement norvégien a reçu en début d’année la bénédiction des tribunaux du pays pour autoriser Nordic Mining à déverser 170 millions de tonnes de résidus toxiques dans le fjord Førde.

Selon l’Institut norvégien de recherche marine (Havforskninginstituttet), cette décharge sera située à proximité d’un des sites dont la biodiversité marine est parmi les plus riches du pays.

Après la Turquie et la Papouasie—Nouvelle-Guinée, la Norvège devenait ainsi le troisième pays au monde à permettre le déversement maritime des déchets miniers.

Trente-sept lacs à polluer

Il y a deux ans, le gouvernement de la CAQ autorisait Minerai de fer Québec (filiale d’une minière australienne) à jeter ses résidus miniers dans des lacs. Et ce, malgré l’avis contraire du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) et malgré l’opposition des groupes environnementalistes.

Mais il restait à obtenir l’appui d’Ottawa.

C’est fait. Le fédéral vient d’accorder à cette minière la permission de jeter 408 millions de mètres cubes de résidus miniers dans trente-sept lacs du Québec.

Toutefois, cette permission est assortie d’une contrepartie, soit l’obligation de dépolluer, ailleurs, un territoire d’une superficie équivalente à ces 37 lacs, 1,56 km².

On connait la chanson.

Au cours de la campagne électorale fédérale de 2019, Justin Trudeau promettait de faire planter deux-milliards d’arbres en contrepartie de la construction d’un pipeline traversant les montagnes Rocheuses.

Cinq ans plus tard, le pipeline est construit. Mais la contrepartie se fait attendre; en avril dernier, Ottawa annonçait que la plantation (embryonnaire jusqu’ici) des deux-milliards d’arbres commencerait véritablement bientôt.

La nature d’un lac

La mine de fer en question est située à proximité du lac Bloom, à 747 mètres d’altitude.

Les 37 lacs qui serviront de dépôts de résidus miniers ne sont pas des bassins d’eau morte. L’eau s’y renouvèle par le biais de sources qui les alimentent ou qui en font la vidange, et enfin par le biais de canaux aquifères qui relient ces lacs à des nappes phréatiques situées au travers du roc.

Lorsque des résidus miniers s’accumulent hors du sol, l’eau de pluie n’a que quelques secondes pour solubiliser ce qui se trouve à leur surface. Baignant dans un lac, les mêmes résidus offrent à l’eau la possibilité de se minéraliser pendant un temps considérable.

Jeter de grandes quantités de roches dans un lac libère les acides et les solvants utilisés par le processus d’extraction et de raffinage. Inévitablement, ces lacs pollueront les nappes phréatiques auxquelles ils sont reliés, de même que les cours d’eau en surface que ces nappes phréatiques alimentent.

La loi québécoise sur les mines permet l’exploitation minière des cours d’eau à faible débit et des plans d’eau (lacs et étangs). Les minières peuvent y faire ce qu’elles veulent à la condition de restaurer le site à la fin de l’exploitation minière.

La permission accordée à Minerai de fer Québec est une exemption implicite de l’obligation de restaurer.

On voit mal le ministère des Ressources naturelles s’équiper de scaphandres pour vérifier si, à la fermeture du site, cette multinationale a oublié une roche au fond d’un lac.

Les résidus engloutis seront donc là pour de bon.

Conclusion

Selon le ministre fédéral de l’Environnement, la destruction des 37 lacs québécois est nécessaire (sic) puisque les métaux extraits de cette mine seront utiles à la transition énergétique. Bref, leur destruction est un sacrifice sur l’autel de l’environnement.

C’est aussi la chanson utilisée par la CAQ pour faire accepter aux citoyens de Limoilou le sacrifice de respirer cinq fois plus de poussière de nickel, probablement cancérigène. Parce que ce métal est utile à la transition énergétique.

En d’autres mots, pour combattre la pollution de l’air et les bouleversements climatiques qui en découlent, il est nécessaire d’empoisonner l’eau et le sol.

Alors, il reste quoi ?

Références :
Historic lawsuit to save the Førdefjord
La destruction de 37 lacs est nécessaire, selon Steven Guilbeault
La plantation de deux milliards d’arbres commencera ce printemps
Norway to allow mining waste to be dumped in fjords
Seuls 8,5 millions des 2 milliards d’arbres promis par Justin Trudeau ont été plantés

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II + objectif M.Zuiko 7-14mm F/2,8 — 1/4000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 7 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le rôle écologique des chauvesouris

Publié le 21 mars 2024 | Temps de lecture : 2 minutes
Sérotine boréale (Eptesicus nilssonii)

Les chauvesouris sont un important réservoir de coronavirus. Les recherches évolutives ont démontré que le virus du Covid-19 est un lointain descendant d’une souche de coronavirus transmis il y a plusieurs décennies d’une chauvesouris à un animal intermédiaire (possiblement le pangolin) qui, par la suite, l’a transmis à l’espèce humaine en 2019.

Stigmatisés par les accusations d’être responsables de la pandémie au Covid-19, la réputation des chauvesouris mérite d’être réhabilitée.

Ces mammifères — les seuls capables de voler (et non de seulement planer) — consomment en moyenne 850 insectes volants par nuit de quatre heures, soit trois à quatre insectes à la minute.

Dans les pays tropicaux, la diète des chauvesouris comprend les moustiques qui transmettent la dengue et la malaria.

Un peu moins du tiers des quatorze-mille espèces de chauvesouris sont frugivores. Ils le sont parce qu’ils sont incapables de fabriquer de la vitamine C (un handicap partagé par les primates et une poignée d’autres animaux).

Les graines qu’ils avalent tout rond se retrouvent dans leurs selles. Par le biais de leurs déjections, les chauvesouris dispersent deux fois plus de graines que les oiseaux, contribuant ainsi à façonner la nature.

Dans beaucoup de pays du Sud global, les chauvesouris augmentent le rendement agricole en dévorant les papillons de nuit dont les chenilles, le jour, ravagent les cultures.

On imagine mal les chauvesouris jouer le rôle de pollinisateurs. Et pourtant…

Ces animaux pollinisent plus de 500 espèces de plantes, dont les bananiers, les cocotiers, les avocats et les agaves.

Le Leptonycteris nivalis possède une langue longue de 9 mm dont il se sert pour aspirer le nectar des fleurs d’agave (qui fleurissent le soir).

En somme, ces mammifères mal-aimés rendent d’immenses services en tant qu’épandeurs de semences, de pollinisateurs, et d’agents antiparasitaires.

Références :
Bats are in trouble. That’s not good for anyone who likes mezcal, rice or avocado
Chiroptera
Les chauves-souris propagent-elles le coronavirus ?

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 800 — 32 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le cout environnemental de la guerre

Publié le 20 janvier 2024 | Temps de lecture : 7 minutes


 
Introduction

Les guerres sont principalement des catastrophes humaines au cours desquels un grand nombre de personnes perdent la vie ou deviennent handicapées, physiquement ou moralement, pour le reste de leur vie.

Mais un des aspects dont on parle insuffisamment est le cout environnemental des conflits armés.

Les destructions matérielles

En Syrie

Trois ans après le début de la guerre en Syrie, 791 000 logements avaient été détruits dans ce pays, dont 58 % des habitations d’Alep, la ville la plus peuplée du pays à l’époque.

De nos jours, on estime que 98 % de l’économie syrienne a été détruite par cette guerre, du site d’extraction pétrolière à la petite boulangerie de quartier.

En Ukraine

Avant l’invasion russe du 24 février 2022, l’Ukraine était déjà le deuxième pays le plus pauvre d’Europe (après la Moldavie).

Au cours de la première année du conflit, le pays a enregistré une chute d’environ trente pour cent de son PIB.

De nos jours, l’État ukrainien vit sous le respirateur artificiel de l’Occident. Sans les sommes qui lui sont versées, Kyiv serait incapable de payer la solde des soldats, les salaires des professeurs, des médecins, des fonctionnaires, de même que la pension des retraités.

Dans la bande de Gaza

Il y a dix jours, entre 48 et 60 % de tous les bâtiments de la bande de Gaza avaient été endommagés ou détruits par les bombardements israéliens.

Cela comprend 70 % des écoles et lycées. De plus, 23 des 36 hôpitaux gazaouis ne sont plus en fonction.

Au cours des deux premiers mois de cette guerre, la riposte israélienne a généré 281 000 tonnes de CO₂, soit l’équivalent de la combustion de plus de 150 000 tonnes de charbon.

De leur côté, les missiles du Hamas tirés sur Israël ont généré 713 tonnes de CO₂, soit l’équivalent de la combustion de 300 tonnes de charbon.

Cette différence reflète le déséquilibre des forces en présence.

Un peu plus de la moitié de l’empreinte environnementale de la riposte israélienne vient… des États-Unis; l’appui inconditionnel de Washington a signifié, concrètement, le transport par cargo de 10 000 de tonnes de matériel militaire américain vers Israël.

Cela compte pour 133 650 des 281 315 tonnes de CO₂ de la riposte israélienne.

L’autre moitié, c’est l’essence brulée par les bombardiers, les chars d’assaut, et les véhicules de transport des soldats israéliens. Ce sont également les émissions de gaz à effet de serre généré par la fabrication et l’explosion des missiles utilisés.

De manière générale

Dans leurs engagements climatiques, les pays ne chiffrent jamais l’empreinte environnementale de leurs aventures guerrières à l’Étranger. Par exemple, les bombardements ‘humanitaires’ (sic) du Canada en Syrie n’ont jamais été comptabilisés dans le bilan carbone de notre pays.

En 2022, les bombardements américains au Moyen-Orient contre les infrastructures pétrolières de DAECH ont généré plus de gaz à effet de serre que les émissions totales de 150 pays.

Selon certaines estimations, l’empreinte carbone de la protection militaire américaine dont bénéficient les pays producteurs de pétrole au Moyen-Orient équivaut au cinquième de l’empreinte carbone de tout le pétrole qu’ils produisent.

C’est comme si les États-Unis utilisaient 20 % de tout le pétrole pompé au Moyen-Orient pour protéger les pays producteurs dans cette partie du monde.

À travers le monde, les forces armées produisent un peu moins de 5,5 % des gaz à effet de serre de la planète, soit presque autant que le bilan carbone combiné du transport aérien de passagers (2,9 %) et du transport maritime des marchandises (3 %).

La reconstruction éventuelle

En décembre dernier, l’Ukraine estimait à 150 milliards de dollars US le montant des dommages matériels subis par le pays.

En Syrie, on estime que la reconstruction du pays couterait entre 100 et 200 milliards de dollars. Dans la mesure où l’Occident a perdu la guerre contre le régime syrien, il est hors de question pour nos pays de réparer ce qu’ils ont détruit.

Dans la bande de Gaza, la reconstruction des 500 km du métro de Gaza — ce réseau de tunnels souterrains servant autant à des fins militaires qu’à l’importation clandestine d’objets de première nécessité — génèrera 176 000 tonnes de gaz à effet de serre.

De manière générale, la reconstruction des cent-mille édifices endommagés de la bande de Gaza génèrerait l’équivalent de trente-millions de tonnes de CO₂. C’est environ 40 % des GES produits annuellement par le Québec, selon les plus récentes données disponibles (soit celles de 2021).

Conclusion

La production d’armements nécessite le recours à des ressources matérielles importantes.

Il faut creuser le sol pour y extraire des métaux qui seront fondus à haute température en lingots. Puis il faut laminer ces lingots pour créer, entre autres, les carcasses de bombardiers et des cartouches d’obus ou de missiles.

Sans parler de l’extraction extrêmement polluante des métaux stratégiques nécessaires à la fabrication des circuits électroniques qui rendront ‘intelligentes’ les armes utilisées.

Malheureusement, aucune bombe n’est recyclable. Aucune poudre à canon n’est biologique. Aucun bombardier, aucun char d’assaut et aucun missile n’est alimenté par une source d’énergie renouvelable.

Bref, la guerre est polluante et quand on y recourt, on crée des ruines qu’il faut déblayer et qu’il faut habituellement remplacer. Ce qui exige de nouvelles ressources.

Bref, la guerre est non seulement une boucherie, c’est aussi un désastre environnemental d’origine humaine.

Si on veut sauver la planète, il faudra responsabiliser les va-t-en-guerre, les médias qui propagent leur idéologie haineuse, et les niais qui les applaudissent.

Il arrive que la guerre soit nécessaire. Mais c’est rarement le cas; sur la quarantaine de guerres régionales ou mondiales survenues au XXe siècle, on peut compter sur les doigts d’une main, les conflits armés dont c’était le cas. Les autres n’ont servi qu’à répandre le malheur, qu’à perpétuer les haines, et à polluer l’environnement.

Références :
A Multitemporal Snapshot of Greenhouse Gas Emissions from the Israel-Gaza Conflict
Après un an de guerre en Ukraine, une économie de la résilience
Cinq éléments qui influenceront la guerre en Ukraine en 2024
COP27 : le fret maritime est l’un des plus grands émetteurs de CO2, et il tarde à changer de cap
‘Elephant in the room’: The US military’s devastating carbon footprint
Emissions from Israel’s war in Gaza have ‘immense’ effect on climate catastrophe
Impact climatique du transport aérien
Interventions militaires des États-Unis dans le monde
Léger rebond des GES au Québec en 2021 par rapport à l’année précédente
L’énorme coût environnemental de la guerre en Ukraine
L’impact de 100 jours de guerre entre Israël et le Hamas, en chiffres et en cartes
Liste des guerres du XXe siècle
The numbers that reveal the extent of the destruction in Gaza

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Nucléaire québécois : créer la demande

Publié le 7 septembre 2023 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Devrait-on rouvrir la centrale nucléaire Gentilly-2, fermée depuis 2012 ? C’est la question que se pose le nouveau président d’Hydro-Québec.

Afin de juger de l’opportunité de la rouvrir, il a confié à la firme d’ingénierie SNC-Lavalin le mandat d’en évaluer le potentiel.

Pourquoi SNC-Lavalin ?

Par le biais de la société Énergie atomique du Canada (ÉACL), le gouvernement fédéral était propriétaire, jusqu’en 2011, de tous les réacteurs nucléaires ontariens, c’est-à-dire de presque toutes les centrales nucléaires du pays.

Lorsque l’ÉACL s’est départie de ses centrales en 2011, c’est la firme SNC-Lavalin qui s’en est portée acquéreuse pour la modeste somme de 15 millions$.

Dans les faits, les 1 200 membres du personnel d’ÉACL sont devenus des employés de SNC-Lavalin. Depuis, cette firme de génie-conseil compte parmi son personnel presque tous les experts canadiens dans le domaine nucléaire.

Confier à SNC-Lavalin le mandat de recommander ou non la réouverture de Gentilly-2, c’est placer l’entreprise en conflit d’intérêts puisque c’est elle qui, tout probablement, aurait le contrat de réfection si le CAQ devait en décider ainsi.

Cela est d’autant plus probable qu’en mai 2023, la Caisse de dépôt et placement (créature de l’État québécois) possédait 19,9 % des actions de SNC-Lavalin. Ce qui en fait l’actionnaire principal.

À l’extérieur du pays, il existe des experts indépendants. Pourquoi ne s’est-on pas adressé à eux ?

C’est que les centrales canadiennes (dont Gentilly-2) sont des réacteurs de type CANDU, c’est-à-dire des réacteurs à l’uranium naturel (non enrichi) refroidis à l’eau lourde (où le deutérium replace une partie des atomes d’hydrogène).

En France, les centrales nucléaires utilisent de l’uranium enrichi. Refroidies à l’eau ordinaire, ces centrales sont construites près d’un cours d’eau dont le débit est dévié pour refroidir le cœur du réacteur.

Évidemment, en cas de canicule, la centrale est à l’arrêt forcé lorsque le niveau de l’eau est trop bas et/ou la température de l’eau, trop élevée.

En somme, SNC-Lavalin ne possède pas seulement le monopole canadien des experts nucléaires, mais également le monopole mondial des experts en réacteurs CANDU.

Bref, pour évaluer les couts de la réouverture de Gentilly-2, aucune entreprise canadienne n’est plus compétente que SNC-Lavalin pour en juger.

La boite à surprise

Privée du gaz fossile russe (le moins cher au monde), l’industrie lourde européenne perdait ainsi un avantage compétitif.

Discréditée au lendemain de la catastrophe à la centrale de Fukushima en 2011, l’énergie nucléaire renait de ses cendres sous l’aspect d’une énergie qui ne contribue pas au réchauffement climatique et qui ne contamine, au fond, que temporairement les sites d’enfouissement de ses déchets radioactifs. Temporairement, puisqu’après quelques millions d’années, ça ne parait plus du tout…

Même les Verts européens qui sont membres d’une coalition gouvernementale (comme en Allemagne) prêchent pour ses vertus ‘environnementales’. C’est tout dire.

Partout en Occident, on s’intéresse au nucléaire en tant que solution de rechange aux hydrocarbures fossiles. Ce qui fait hésiter tout le monde, c’est l’incertitude quant aux couts.

Olkiluoto

Lorsque la Finlande a décidé de doter sa centrale nucléaire d’Olkiluoto d’un troisième réacteur, elle a eu la sagesse de faire en sorte que le consortium international chargé de sa réalisation assume la totalité des dépassements de cout.

Débuté en 2003, le réacteur devait être prêt vers 2011. Il ne fut opérationnel que cette année, après douze ans de retard.

Le réacteur de 3 milliards d’euros en couta finalement dix-milliards de plus (un dépassement de 14,7 milliards$ canadiens). Cette somme fut donc payée par le consortium franco-allemand.

Et puisque l’État français est propriétaire à 86 % de la composante française de ce consortium, les contribuables français ont donc partiellement payé la note.

À la lumière de l’expérience finlandaise, SNC-Lavalin a décidé en 2019 d’abandonner le modèle des contrats clés en main à prix forfaitaire.

Ce qui veut dire que si cette firme d’ingénierie devait en arriver à la conclusion qu’on pourrait rouvrir Gentilly-2 pour une somme dérisoire et que, rassuré, le gouvernement de la CAQ décidait d’aller de l’avant, c’est l’État québécois qui paiera la note en cas de dépassements de cout.

Conclusion

Les quelques millions de dollars que recevra SNC-Lavalin pour évaluer l’opportunité de rouvrir Gentilly-2 sont du gaspillage des fonds publics.

Si la firme d’ingénierie devait en arriver à la conclusion que Gentilly-2 est un éléphant blanc, elle ne nous apprendra rien de neuf; on le sait depuis 2012.

Et si au contraire, elle devait juger que la réouverture de Gentilly-2 est possible à prix très raisonnable, qui la croira compte tenu de ses conflits d’intérêts à ce sujet ?

Références :
Accident nucléaire de Fukushima
Centrale nucléaire
Centrale nucléaire d’Olkiluoto
Gentilly-2 : État de la situation en 2012
Réacteur CANDU
Sauver Gentilly-2 : un combat perdu d’avance
SNC-Lavalin étudie la centrale nucléaire Gentilly
SNC-Lavalin poursuit son virage stratégique

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La pollution atmosphérique à Montréal en aout 2023

Publié le 1 septembre 2023 | Temps de lecture : 1 minute


 
Dans mes exercices de diction, je me rappelle cette phrase : « Il a tant plu qu’on ne sait plus dans quel pays il a plus plu. Mais au surplus, s’il eut moins plu, ça m’eut plus plu.»

(C’est bizarre; ça m’a jamais servi…)

En aout au Québec, il y a eu plusieurs journées totalement ou partiellement ensoleillées. Mais ce qu’on retient, c’est qu’en gros, ce fut un mois pluvieux.

En plus de nettoyer l’air de la pollution causée par les feux de forêt des deux mois précédents, cette pluie a abaissé la température.

Si bien que le mois d’aout, habituellement chaud et humide, transforma la vallée du Saint-Laurent en oasis de fraicheur pour des millions de touristes qui ont choisi de venir nous rendre visite le mois dernier.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le maïs transgénique et l’impérialisme anglo-saxon

Publié le 26 août 2023 | Temps de lecture : 7 minutes

Avant-propos : le bannissement du blé transgénique au Canada

Depuis 2020, l’Argentine est le seul pays au monde à permettre la culture d’un blé transgénique sur son territoire.

Autorisés à titre expérimental, des essais de culture de blé OGM ont toutefois été menés en pleine nature de 1997 à 2005 au Canada et dans seize États américains.

Mais ces expériences sont demeurées sans suite puisque ces céréales n’ont jamais été autorisées à être commercialisées au Canada ou aux États-Unis.

Puisqu’il est impossible d’empêcher le vent de disséminer le pollen d’une plante OGM, un cas de blé transgénique a officiellement été découvert en Alberta en 2018, soit quatorze ans après la fin des essais canadiens.

Depuis 2004, il est probable que les gènes du blé transgénique de Monsanto se sont disséminés bien au-delà de ce champ albertain.

Pourquoi le Canada, d’habitude si servile à l’égard de l’industrie agrochimique, a-t-il tenu tête à Monsanto ? C’est en raison de l’opposition farouche des agriculteurs des provinces de l’Ouest, soutenus par le puissant Canadian Wheat Board, l’organisme qui possédait à l’époque le monopole de la commercialisation du blé canadien.

Pour justifier son refus d’homologuer le blé transgénique, Ottawa invoquait le principe de précaution. Le blé étant à la base de l’alimentation canadienne — puisqu’on le retrouve dans le pain, les pâtes, les pâtisseries, la bière, etc.— on jugeait préférable de ne pas transformer les Canadiens en rats de laboratoire sur lesquels serait évaluée la toxicité chronique du blé transgénique chez l’Humain.

Le bannissement du maïs transgénique au Mexique

Le maïs possède dans l’alimentation des Mexicains la même importance que le blé possède dans l’alimentation des Canadiens.

Après que le gouvernement mexicain eut autorisé la culture expérimentale de maïs OGM sur quelques milliers d’hectares en 2009, un collectif de producteurs mexicains (la Colectividad del maíz) obtint quatre ans plus tard une injonction dite ‘de précaution’ sur la base que la Constitution mexicaine garantit le droit à un environnement propre et considérant que la pollinisation croisée du maïs génétiquement modifié menaçait l’intégrité des variétés de maïs indigènes. Or, ceux-ci occupent une place centrale dans les paysages, les cultures et les cuisines du pays.

Les avocats mexicains ayant eux aussi la manie de multiplier les requêtes afin de maximiser leurs honoraires, la contestation juridique de cette injonction dura huit ans. Finalement, la Cour suprême du Mexique valida en 2021 l’injonction accordée en 2013.

Après avoir perdu une centaine de requêtes à ce sujet, les compagnies américaines touchées par ce bannissement ont convaincu l’administration Biden de menacer le Mexique de représailles en prétendant que les actions de ce pays seraient une violation de l’Accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique.

Étonnamment, le gouvernement fédéral canadien a décidé d’appuyer les menaces américaines contre le Mexique afin de le forcer à ouvrir son marché au maïs transgénique.

Conjointement, le ministre canadien du Commerce international et celui de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire ont publié hier le communiqué suivant :

« Le Canada partage les préoccupations des États-Unis selon lesquelles le Mexique ne respecte pas les obligations en matière d’études scientifiques et d’analyse des risques en vertu du chapitre sur les mesures sanitaires et phytosanitaires de [l’accord de libre-échange].»

« Le Canada estime que les mesures adoptées par le Mexique ne sont pas étayées scientifiquement et qu’elles risquent de perturber inutilement les échanges commerciaux sur le marché nord-américain.»

En réalité, l’innocuité du maïs transgénique chez l’Humain n’a jamais fait l’objet d’une étude.

Les seuls données qui existent à ce sujet sont des études ‘maison’ financées par les semenciers. Il s’agit d’études effectuées en éprouvette et d’autres, dites de ‘toxicité chronique’ (de seulement 30 ou de 90 jours), effectuées chez l’animal.

Aucun rapport avec la consommation, toute sa vie durant, de la cuisine mexicaine.

Considérant que leurs études constituent de la propriété intellectuelle — donc protégées par les droits d’auteur — ces compagnies soumettent secrètement leurs ‘études’ aux organismes règlementaires (qui acceptent de les considérer) tout en leur interdisant de les rendre publiques.

Résultat : la communauté scientifique est incapable de réfuter, s’il y a lieu, les études dont le protocole est déficient ni de découvrir les conflits d’intérêts dont se sont rendus coupables leurs auteurs.

L’argument selon lequel la décision mexicaine n’est pas basée sur la science oublie hypocritement de dire que, tout comme le bannissement du blé OGM au Canada, l’interdiction mexicaine obéit essentiellement au principe de précaution.

Conclusion

On n’imagine pas le mélange de fascination et de détestation que suscitent les pays riches d’Occident auprès de la population des pays émergents.

Autant la technologie occidentale crée l’émerveillement, autant notre manie de faire la morale aux autres et nos menaces de sanctions économiques envers quiconque s’oppose à notre volonté irritent les pays auxquels nous adressons nos reproches.

C’est sans doute pourquoi 85 % de la population mondiale habite dans des pays qui n’ont pas adopté de sanctions contre la Russie et qui refusent de s’impliquer dans la guerre en Ukraine. Pour eux, il s’agit d’un conflit entre pays occidentaux (la Russie étant jugée comme tel malgré son système politique différent).

Il y a quelques années, au Forum économique de Davos, un conférencier du tiers-monde (de l’Inde, je crois) avait provoqué un tonnerre d’applaudissements en déclarant, en réponse à une question de l’assistance, que rien ne lui ferait plus plaisir que de voir les Occidentaux s’entretuer du premier jusqu’au dernier.

Les États-Unis et le Canada se prétendent de grands défenseurs de la Démocratie. Mais ce qu’ils oublient, c’est que la Démocratie, c’est le pouvoir souverain du peuple.

Quand le peuple mexicain est massivement hostile au maïs transgénique et préfère s’alimenter des variétés traditionnelles de maïs qui sont à la base de leur alimentation depuis des siècles, cette volonté populaire doit prévaloir, au nom de la Démocratie, sur des intérêts économiques étrangers.

De plus, on peut raisonnablement penser que si le bannissement du blé transgénique par le Canada et les États-Unis est conforme au traité de libre-échange nord-américain, il est probable que le bannissement du maïs transgénique au Mexique l’est également.

Mais cela n’empêche pas les États-Unis et le Canada, en tant que pays riches et puissants, de menacer le Mexique de représailles et de tenter de le forcer à plier devant les géants de l’agrochimie mondiale.

Leurs menaces sont révélatrices de l’incapacité des peuples anglo-saxons de se mettre à la place des autres, de faire l’effort de les comprendre et de respecter leurs préoccupations fondamentales.

Références :
Blé génétiquement modifié
Contamination de blé OGM en Alberta
Contamination du maïs mexicain : la controverse scientifique
Innocuité du maïs transgénique : les doutes
Interdiction du maïs génétiquement modifié : le Canada appuie les États-Unis dans un désaccord avec le Mexique
La contamination par les OGM au Canada
Mexique – La Cour suprême valide le moratoire sur le maïs OGM
Le maïs transgénique est-il inoffensif ?
Monsanto abandonne le blé GM
Monsanto abandonne le blé transgénique sous la pression des consommateurs

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Fizgibbon et le parc automobile du Québec

Publié le 17 août 2023 | Temps de lecture : 6 minutes

Introduction

Un bon ministre de l’Économie doit d’abord penser en termes macroéconomiques.

Plus tôt cette semaine, M. Fitzgibbon a déclaré que pour atteindre la carboneutralité, le Québec devrait réduire de moitié son parc automobile, peu importe qu’il s’agisse de voitures à essence que de voitures électriques.

Dans une perspective planétaire

Ce que la plupart des Québécois ne réalisent pas, c’est que là où l’électricité est produite par des centrales au charbon (comme en Alberta et dans beaucoup de pays européens) ou par des centrales nucléaires (comme en France ou en Ontario), les voitures électriques, indirectement, y carburent respectivement au charbon et à l’isotope radioactif.

En réalité, le Québec est un des rares endroits au monde où on produit uniquement de l’électricité ‘verte’.

Or du strict point de vue environnemental, carburer au charbon est pire que faire le plein d’essence.

Quant aux voitures électriques, personne ne calcule l’empreinte environnementale non seulement de la fabrication de ces véhicules lourds (en raison de leur imposante batterie), mais également en raison des métaux toxiques que renferment leurs piles électriques et qui, éventuellement dans les cimetières de voitures, migreront lentement vers les nappes phréatiques.

En somme, on ne sauvera pas la planète en fabriquant des voitures électriques; on passera simplement de la pollution de l’air à la pollution des sols… jusqu’à ce que le recyclage de leurs batteries soit généralisé.

Puisqu’encore aujourd’hui, on peine à recycler une chose aussi simple que du papier ou du verre, on pourrait attendre plus longtemps qu’on pense pour voir un recyclage à 100 % du contenu des batteries de nos voitures.

L’exemple finlandais

Pays de 5,4 millions d’habitants, la Finlande a investi des sommes considérables dans l’électrification des transports collectifs.

L’efficacité de son réseau est telle que le nombre de véhicules dans ce pays est de 4,95 millions d’unités (dont 2,85 millions de voitures), alors qu’au Québec, il est de 8,49 millions d’unités (dont 5,59 millions de voitures).

C’est 627 véhicules en Finlande par mille personnes, comparativement à 1 000 véhicules par mille personnes au Québec.

Pour l’ile de Montréal, cette différence équivaut à faire disparaitre 694 000 véhicules qui y encombrent les rues.

Pour l’ensemble du Québec, c’est comme enlever 3,1 millions de véhicules des routes.

Dans le cas précis des automobiles, par mille de population, il y 49 % moins d’autos en Finlande qu’au Québec. Ce qui prouve que le souhait du ministre Fitzgibbon — une réduction de moitié du parc automobile québécois — est possible sans coercition… à la condition d’offrir en contrepartie du transport en commun fiable, économique et sécuritaire.

Mais cela nécessite des dizaines de milliards de dollars d’investissements publics, comme l’a fait la Finlande pendant quarante ans.

Au final, l’électrification du transport en commun profite évidemment à ses utilisateurs. Mais il profite peut-être plus à ceux qui ne l’utilisent pas puisqu’il réduit les embouteillages, la congestion routière et la rage au volant.

Revenons au Québec

De 1990 à 2020, le Québec a réduit ses émissions de GES en dépit d’une croissance de sa population de 23 % et d’une hausse de son PIB de 67 %.

La baisse de 13,2 % des émissions de GES observée au Québec au cours de cette période est principalement attribuable à la diminution des émissions du secteur de l’industrie et du secteur du chauffage résidentiel, commercial et institutionnel.

Au contraire, le secteur des transports a augmenté ses émissions de 36,8 % pour atteindre 42,8 % de toutes les émissions québécoises en 2020.

Toutefois, ce secteur comprend les automobiles, les camions légers, les véhicules lourds (autobus, camions, tracteurs, etc.) et les autres (motocyclettes, véhicules au propane et au gaz fossile).

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Définies comme était des véhicules légers d’au plus 3 900 kg — ce qui est le cas même des véhicules utilitaires — les automobiles (en jaune, ci-dessus) ne représentent que 28,0 % des GES émis par le secteur des transports, lui-même responsable de 42,8 % de la production québécoise de GES.

En somme, les autos émettent 12,0 % des GES québécois.

Pour atteindre nos objectifs climatiques, rien ne doit être épargné. Ce qui fait que même douze pour cent, c’est trop.

Mais aussi controversée qu’elle soit, la déclaration du ministre est en deçà de la vérité; même si plus aucune voiture à essence ne roulait au Québec demain matin, cette mesure réduirait instantanément les GES de 12 %. Lorsqu’on lui ajoute la réduction de 13 % réalisée jusqu’ici, cela ferait un total de 25 %.

Le Québec serait alors loin de ses engagements climatiques, soit de réduire ses GES de 37,5 % par rapport avec leur niveau de 1990.

Conclusion

Au Québec, on ne construit pas de voitures et on ne raffine pas de pétrole.

Chaque fois qu’on achète une voiture ou qu’on fait le plein d’essence, c’est de l’argent qui sort de nos poches pour enrichir les régions du monde qui produisent des voitures, des pièces automobiles, des pneus, ou de l’essence.

En somme, favoriser l’achat ou l’utilisation des automobiles (peu importe lesquelles), c’est saigner l’économie du Québec.

Par contre, le Québec est un producteur important de matériel destiné au transport en commun, qu’il s’agisse de wagons de métro ou d’autobus.

Développer l’économie du Québec, c’est favoriser la production de biens et de services québécois et leur exportation à l’Étranger. C’est comme ça qu’on développe l’économie nationale.

Aussi souhaitable que soit un investissement massif du Québec dans le transport en commun, l’atteinte de nos cibles environnementales nécessite un changement radical de toutes nos habitudes de consommation.

Le ministre Fitzgibbon l’a bien compris et on doit le féliciter pour sa franchise.

Références :
Fitzgibbon insiste, il faudra réduire considérablement le parc automobile québécois
GES 1990-2020
La ‘batterification’ des transports
Le derrière miraculeux de la ministre
Le transport en commun finlandais : le matériel roulant
Pierre Fitzgibbon

Parus depuis :
The Urban Mobility Scorecard Tool: Benchmarking the Transition to Sustainable Urban Mobility (2023-08-25)
La demande des véhicules électriques dépasse les prévisions d’Hydro-Québec (2024-01-29)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Canada permettra 200 fois plus de fludioxonil dans la betterave

Publié le 16 août 2023 | Temps de lecture : 4 minutes

Il y a deux ans, Pesticides Canada (le surnom de Santé Canada) révélait son intention de tripler les limites permises de glyphosate (RoundUp™ de Mosanto/Bayer) dans les céréales et les légumineuses canadiennes.

Avant le triplement proposé, les limites étaient déjà 50 fois plus élevées que celles imposées au moment de la commercialisation du produit, au début des années 1990. Ce qui fait que la nouvelle limite aurait été 150 fois supérieure à celle de départ.

Mais les journalistes ont découvert que la décision du fédéral ne s’appuyait pas sur de nouvelles preuves quant à l’innocuité du défoliant, mais faisait suite à une simple requête du fabricant du glyphosate. Pire, ils ont trouvé que ce dernier, par le biais de ses démarcheurs, avait coécrit le projet de norme qui le concernait.

En somme, tout cela révélait que Pesticides Canada n’était que le valet de l’industrie agrochimique.

En raison du tollé provoqué par ces révélations, le premier ministre canadien, à quelques semaines du déclenchement des élections, avait jugé bon mettre le couvercle sur la marmite en suspendant cette décision et en promettant qu’on reverrait de fond en comble le processus décisionnel de Pesticides Canada.

Que de belles promesses…

Ottawa a bien mis sur pied un comité d’experts indépendants dont le rôle était de conseiller scientifiquement les autorités. Mais en juin dernier le président de ce comité claquait les portes en refusant de servir de caution à un organisme fédéral bien décidé à continuer d’opérer comme avant.

Si bien qu’à Pesticides Canada, le naturel est revenu au galop. À preuve : à la demande de son fabricant, Pesticides Canada décidait récemment de hausser de 200 fois la limite maximale de fludioxonil qui pouvait être retrouvé dans la betterave sucrière.

Puisque les consommateurs réguliers de betteraves sont beaucoup moins nombreux que ceux qui consomment des aliments contenant des céréales ou des légumineuses, la décision au sujet du fludioxonil est plutôt passée inaperçue. Mais elle est encore plus significative puisqu’il s’agit d’une hausse de 20 000 %.

Le jour même de l’annonce de cette nouvelle, le 27 juillet, j’ai expédié à l’organisme fédéral un courriel intitulé “Augmentation de 200 fois des teneurs permises de fludioxonil”. Le texte de ce courriel était bref : “Pourrais-je avoir la liste des références scientifiques qui justifient votre décision ?

Trois semaines plus tard, on ne s’est pas donné la peine de m’envoyer un accusé de réception. Ce qui, normalement, est fait automatiquement par un robot informatique.

Dans tous les ministères fédéraux à vocation économique — y compris ceux qui ont une incidence indirecte à ce sujet comme Santé Canada — leurs mandarins se conçoivent comme les gestionnaires suprêmes du marché intérieur canadien.

En effet, l’idéologie néolibérale a perverti les vieilles démocraties parlementaires nées au XIXe siècle en faisant en sorte que ceux qui nous dirigent ne sont plus les serviteurs du peuple, mais des courtiers vantant les mérites de la servilité du pays à des entreprises multinationales devenues souveraines.

Partout à travers le monde, les citoyens s’indignent que leur gouvernement préfère servir les intérêts des géants de l’agrochimie plutôt que de les protéger.

Mais contrairement aux autres peuples, nous avons la possibilité de nous libérer de tout cela en nous dotant d’un pays érigé sur des bases véritablement démocratiques. Bref, en faisant l’indépendance du Québec.

Références :
Encore et toujours plus de glyphosate
Fiche toxicologique du fludioxonil
Quand Santé Canada complote dans le dos du peuple
Santé Canada propose un seuil décuplé pour un pesticide
Sortir les vendeurs de pesticides de Santé Canada
« Transparence obstruée » à Santé Canada : un conseiller scientifique sur les pesticides claque la porte

Paru depuis : « Tiger Team » : quand fonctionnaires et lobbyistes coopèrent dans l’ombre (2023-09-26)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La pollution atmosphérique à Montréal en juillet 2023

Publié le 1 août 2023 | Temps de lecture : 3 minutes


 
Du début des grands feux de forêt québécois jusqu’à la fin du mois de juin, ceux-ci ont occasionné d’importantes variations quotidiennes dans la qualité de l’air, probablement à cause des changements dans la direction des vents.

Du 28 mai au 30 juin, l’air a été de bonne qualité plus de la moitié du temps dans le sud du Québec, plus précisément 19 jours sur 34.

Le mois dernier, il en fut différemment.

Autrefois, de la nacelle de ballons atmosphériques, on pulvérisait des sels d’argent afin de condenser l’humidité dans l’air et favoriser la pluie.

Cette année, les grandes quantités de particules fines en suspension dans l’air (les PM2,5) nous ont donné un mois de juillet pluvieux et frais alors que ce mois est habituellement chaud et humide.

Ce qui a eu pour effet de niveler les variations quotidiennes de la qualité de l’air.

Le mois dernier, aucune journée ne fut franchement mauvaise. Mais l’air y fut de bonne qualité dans moins du tiers des cas, soit 9 jours sur 31.

Le 30 juillet fut un cas particulier.

J’étais en train de travailler à l’ordinateur les fenêtres grandes ouvertes quand j’ai remarqué vers 16h une petite odeur de fumée.

Distrait par mon travail, je n’y ai pas porté attention jusqu’au moment où j’ai réalisé que mon appartement empestait le bois brulé.

J’ai immédiatement fermé toutes mes fenêtres. Évidemment, les choses ont cessé d’empirer.

Mais l’air vicié qui avait eu le temps d’entrer a fait en sorte que pour la première fois depuis le début de la pandémie au Covid-19, j’ai porté un masque N95 alors que j’étais seul dans mon appartement.

Ces masques n’atténuent pas l’odeur des parfums. Toutefois, l’odeur de bois brulé semble liée à la présence des particules fines puisqu’en portant un masque N95, on ne sent plus cette odeur.

Deux heures plus tard, alors que l’air extérieur était redevenu sain, j’ai fait aérer mon appartement.


 
Dans le graphique de IQAir, ce qui est indiqué comme étant survenu entre 22h et minuit est plutôt arrivé entre 16h et 18h.

Voilà pourquoi cette journée, représentée en jaune à droite dans le premier graphique, fut en continuité avec les deux jours précédents et celui qui a suivi, c’est-à-dire une journée agréable (normalement indiquée en vert), sauf pour deux heures en fin d’après-midi.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Feux de forêt et pollution montréalaise

Publié le 30 juin 2023 | Temps de lecture : 0 minutes


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Écrit par Jean-Pierre Martel