L’ubérisation du taxi québécois : le premier grand gaspillage de la CAQ

3 juillet 2024
Cliquez sur la photo pour l’agrandir

Le contexte

À son arrivée au pouvoir en 2018, la CAQ héritait des surplus budgétaires dégagés par l’austérité budgétaire du gouvernement libéral de Philippe Couillard.

Plutôt que d’investir massivement dans les différentes missions de l’État négligées par quinze ans d’incurie libérale, la CAQ a préféré gaspiller ces surplus en accordant des réductions d’impôt et en ubérisant l’industrie du taxi québécois.

À l’époque, le grand gourou informatique de la CAQ était le ministre Éric Caire. Or celui-ci était formel; il fallait, à n’importe quel prix ubériser le taxi québécois afin de moderniser cette industrie. Comme si c’était la priorité économique de son gouvernement.

Grâce à l’application téléphonique d’Uber, les utilisateurs du taxi québécois pourront, disait-il, bénéficier de la facturation dynamique — c’est-à-dire d’un tarif fluctuant selon l’offre et de la demande — tandis que, d’autre part, n’importe quel automobiliste pourra se transformer en opérateur de taxi.

Pour un parti de droite comme la CAQ, Uber était le symbole de l’économie de demain, caractérisée par le ‘capitalisme participatif’.

Pour les utopistes libertariens, une démocratie parfaite serait celle où tous les citoyens, même les plus pauvres, seraient des capitalismes par gout ou par nécessité.

Toutefois, l’ubérisation de l’industrie du taxi nécessitait le rachat de tous les permis de taxi en circulation (sic).

Lorsque la CAQ l’a promise, il s’agissait d’une promesse mineure de son programme électoral. Essentiellement, à l’élection générale de 2018, l’immense majorité de ceux qui ont voté pour la CAQ, l’ont fait pour se débarrasser des Libéraux.

Si on leur avait demandé de nommer les principales promesses de la CAQ, presque personne n’aurait mentionné l’ubérisaton du taxi. Cette promesse était tellement mineure que la CAQ elle-même en ignorait le cout exact.

Mais bientôt, il s’est avéré que la somme à débourser était colossale. N’importe quel gouvernement responsable aurait renoncé à une promesse qui s’avèrerait excessivement couteuse.

Le dogmatisme idéologique du gouvernement

Lorsqu’une entreprise privée a besoin d’un bien pour opérer (un terrain, une bâtisse, de la machinerie, etc.), c’est à elle de l’acquérir à ses frais.

Si le modèle d’affaire d’Uber nécessite le rachat de tous les permis de taxi au Québec, c’est à Uber d’en assumer le cout.

Afin de plaire à cette multinationale, la CAQ a préféré gaspiller notre argent en rachetant les milliers de permis détenus par des Québécois. Des Québécois qui paient honnêtement l’impôt sur leurs revenus. Alors qu’Uber pratique l’optimisation fiscale en délocalisant ses profits dans des paradis fiscaux.

Si bien que la CAQ a dépensé une fortune pour diminuer ses revenus fiscaux.

À sa face même, c’était une idée stupide.

Le cout final

Le 21 juin dernier, la Cour supérieure condamnait le gouvernement de la CAQ à payer 143,9 millions de dollars supplémentaires en raison des sommes insuffisantes que la CAQ a versées jusqu’ici pour le rachat des permis de taxi.

Avec les intérêts, cela fait 220 millions de dollars. Cela s’ajoute à la somme versée en 2018 aux propriétaires de permis de taxi, soit 873 millions de dollars.

Au total, l’ubérisation de l’industrie du taxi a couté plus d’un milliard de dollars aux contribuables québécois.

Références :
Baisse d’impôts de la CAQ: voici combien vous pourriez économiser
Libertarianisme
L’ubérisation du taxi québécois
Perte de valeur des permis de taxis : Québec devra verser plus de 143 millions $

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II + objectif M.Zuiko 25mm F/1,2 — 1/320 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 25 mm

Laissez un commentaire »

| 2018-202X (années Legault), Économie, Informatique, Politique québécoise | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Les accords de libre-échange avec l’Ukraine

21 février 2024

Après un premier accord de libre-échange conclu en 2016, le Canada et l’Ukraine en ont signé une deuxième version le 23 septembre dernier.

Selon Ottawa, cet accord permettra aux entreprises canadiennes de participer plus activement à la reconstruction de l’Ukraine. Ce qui n’est pas pour demain.

Pour l’instant, l’entente fait que le Canada a éliminé ses droits de douane sur 99,9 % de ses importations provenant d’Ukraine et qu’en retour, celle-ci a fait de même pour 86 % de ses importations canadiennes.

Le commerce international a subi d’importants bouleversements depuis quelques années en raison de la pandémie au Covid-19 et des sanctions occidentales contre la Russie.

On peut soupçonner que ces bouleversements ont empêché l’Ukraine de profiter pleinement de la libération de ses échanges avec le Canada et donc, que ce pays est demeuré un partenaire commercial très secondaire pour notre pays.

Il en est autrement en Europe.

Au début de la guerre russo-ukrainienne, le peuple polonais a fait preuve d’une hospitalité exemplaire à l’égard des réfugiés ukrainiens qui fuyaient le théâtre de la guerre.

Toutefois, l’opinion publique s’est retournée contre eux lorsque cette immigration massive y a provoqué une grave pénurie de logements.

Après avoir écoulé en l’Ukraine son important arsenal militaire qui datait de l’époque soviétique, le gouvernement polonais est maintenant ulcéré de voir qu’on organise dans ce pays des processions qui célèbrent annuellement la mémoire des milices pro-nazies ukrainiennes qui, sur ordre SS, ont massacré des dizaines de milliers de Polonais au cours de la Deuxième Guerre mondiale.

Pour aider l’économie ukrainienne en favorisant ses exportations, l’Union européenne a décidé de dispenser les camionneurs ukrainiens de l’obligation de posséder le permis couteux qui est normalement exigé pour transporter des marchandises au sein du marché commun.

En décembre dernier, les camionneurs polonais bloquaient la frontière ukrainienne afin de protester contre cette concurrence déloyale puisqu’eux sont obligés de posséder ce permis.

D’autre part, depuis deux décennies, l’Union européenne et l’Ukraine signent des ententes économiques qui visent progressivement à une intégration règlementaire et économique préparatoire à une adhésion formelle (et lointaine) de l’Ukraine au marché commun.

À terme, l’agriculture ukrainienne bannira les mêmes pesticides et les mêmes insecticides que ceux interdits dans l’Union européenne et appliquera les mêmes normes quant au bien-être animal.

D’ici là, le parlement européen adopte un certain nombre de mesures d’exception qui visent à aider dès maintenant l’économie de ce pays.

La plus récente de ces mesures est le règlement 2013/1077, en vigueur pour un an à partir du 6 juin 2023.

Il prévoit que les droits antidumpings appliqués normalement aux importations ukrainiennes ne seront pas perçus au cours de cette période et, de manière générale, toutes les mesures de défense commerciales actuelles seront suspendues.

Récemment, les agriculteurs polonais ont bloqué une centaine de routes et de voies ferrées à la frontière ukrainienne afin de protester contre les importations agroalimentaires ukrainiennes jugées incontrôlées.

Parallèlement, les agriculteurs français érigent depuis trois semaines des barricades pour protester contre les importations massives de poulet ukrainien.

Dispensée des normes de production européennes, l’industrie de la volaille est dominée en Ukraine par un oligarque dont l’entreprise est enregistrée dans un paradis fiscal et qui est dirigée à partir d’une pétromonarchie. Cette entreprise réussit à vendre du poulet à trois euros du kilo alors que le prix coutant des éleveurs français est de sept euros du kilo.

En réalité, la France importe moins de poulet frais ou congelé d’Ukraine que la plupart des autres pays européens. Mais le poulet ukrainien se retrouve dans les produits dérivés (ex.: les croquettes congelées de poulet) qui inondent l’Europe, dont le marché français.

Face à ces protestations, le gouvernement Macron s’est engagé à défendre bec et ongles les agriculteurs français. Ce qui ne fait pas oublier que les représentants de la France ont consenti aux mesures adoptées par l’Union européenne en guise de solidarité avec l’Ukraine sans en prévoir les conséquences.

Références :
Accueil des réfugiés : l’usure de la bonne volonté
Frontière polonaise bloquée : « La situation est catastrophique » pour l’Ukraine
La Chambre des communes adopte un accord de libre-échange avec l’Ukraine
La nostalgie nazie en Ukraine
La Pologne ne fournit plus d’armes à l’Ukraine pour se concentrer sur son armement
Le loup dans le poulailler de l’Europe
Les agriculteurs polonais déversent des céréales ukrainiennes, Kyiv en colère
Règlement 2023/1077 du Parlement européen
Trudeau signe l’accord de libre-échange Canada-Ukraine

Paru depuis : UK urged to protect Ukraine from legal action over private debt default (2024-07-07)

Laissez un commentaire »

| Agriculture, Économie, Guerre russo-ukrainienne, Politique internationale | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


C’est le temps des semis de tomate

10 février 2024
Tomates ‘Minuit de Montréal’

La tradition veut qu’on procède aux semis de tomate à la Saint-Joseph. Pour ceux qui ne possèderaient pas de calendrier liturgique, précisons qu’on célébrait la Saint-Joseph le 9 mars.

Mais avec les changements climatiques — particulièrement cette année, alors que l’influence planétaire d’El Niño se fait sentir — il faut planter ses semis beaucoup plus tôt. J’ai planté les miens ce matin.

Si vous possédez une surface totalement exposée au soleil — une cour arrière ensoleillée ou un balcon qui donne vers le sud — sachez que le jardinage des fruits et des légumes est un délicieux passetemps.

Mais où trouver des semences ?

Au Québec, la semencière artisanale Terre Promise vend des semences dont le taux de germination est de 100 %. De plus, ses graines ne propageront pas de maladies à l’ensemble de votre potager.

On y offre des variétés de tomates rares, presque introuvables ailleurs.

Je déconseille l’achat des sachets de semences vendus à l’épicerie parce que leur taux de germination est incertain.

Depuis des années, les tomates mures offertes en épicerie demeurent belles plusieurs semaines après avoir été cueillies à des milliers de kilomètres, tolèrent le transport prolongé sous atmosphère contrôlée, et résistent très bien aux chocs quand les consommateurs les font tomber par terre. Mais leur gout est aussi insipide que celui du tofu.

Que voulez-vous, on ne peut pas tout avoir…

Alors comment connaitre d’avance le gout des tomates que vous allez planter ?

C’est facile. Allez à l’épicerie et achetez une tomate de chacune des variétés qui y sont offertes. Dans le cas des tomates-cerises, elles sont vendues assorties en petits casseaux. Ce qui est commode.

De retour à la maison, goutez-y. Dans le cas des tomates que vous trouverez savoureuses, recueillez quelques graines, faites-les sécher sur une soucoupe ou sur un morceau de papier ciré. Un ou deux jours plus tard, plantez-les; à la récolte, les tomates-filles auront exactement le même gout que celui que vous avez aimé chez les tomates-mères.

Procurez-vous de petits pots dont le diamètre est d’environ cinq centimètres. Dans le sol humide de chaque pot, plantez une seule graine et arrosez le tout quotidiennement. Évitez que de l’eau s’accumule dans la soucoupe du pot.

Les plants de tomate auront besoin d’un tuteur. D’ici à ce que vos plants sortent de terre, recueillez des petites branches d’arbres tombées au sol et retirez leur écorce. Au moment opportun, plantez une brindille tout près du plant et reliez-les lâchement à l’aide d’un bout de corde ou autrement.

Éventuellement, au fur et à mesure de leur croissance, vous aurez à transplanter vos plants dans des pots plus grands.

Sortez-les à l’extérieur quand il n’y aura plus aucun risque de gel nocturne, soit au début de mai. Vous pouvez les sortir dès avril si vous prenez soin de rentrer vos pots à l’intérieur si un gel est annoncé.

Pour tout savoir à ce sujet, je recommande l’achat de la bible du cultivateur de tomates, soit La Tomate, de la terre à la table de Lili Michaud, aux éditions MultiMondes.

Complément de lecture : Les bibliothèques de semences germent partout au Québec

Détails techniques de la photo : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/160 sec. — F/11,0 — ISO 200 — 40 mm

3 commentaires

| Agriculture, Botanique, Fruits, Nature | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Pouvoir d’achat : BRICS vs G7

7 janvier 2024


Laissez un commentaire »

| Économie, Géopolitique | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


L’or et la Banque centrale du Canada

20 décembre 2023

Moins de dollars, plus d’or
 

 
En 2023, les banques centrales de Chine, de Pologne et de Singapour achetèrent de grandes quantités d’or.

Au bas de ce graphique, la Turquie a vendu massivement son or au deuxième trimestre de 2023 pour soutenir sa devise. À moyen terme, ce pays entend renflouer ses réserves.

Si on revient au cas de la Chine, celle-ci, à l’inverse de ses achats en métaux précieux, écoule ses bons du Trésor américain.

En 2011, la Chine détenait à elle seule 12 % de la dette du gouvernement américain. Une décennie plus tard, au début de la guerre en Ukraine, elle en détenait trois fois moins.

Depuis la saisie des avoirs russes par de nombreux pays occidentaux, la Chine a accéléré sa vente de bons du Trésor américain. Ses avoirs ont baissé de 1 040 milliards$ au début de 2022 à 867 milliards$ un an plus tard.
 

 
À la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine, les achats annuels d’or des banques centrales à travers le monde passèrent de 450 tonnes (en 2021) à 1 136 tonnes (en 2022).

C’est le trentième de tout ce qu’elles avaient accumulé jusque-là au cours des siècles, soit 36 000 tonnes.

Durant les neuf premiers mois de 2023, ces réserves augmentèrent d’un autre huit-cents tonnes, soit le cinquième de la production mondiale au cours de la même période (3 692 tonnes). Le reste fut utilisé en bijouterie, par l’industrie électronique et par les investisseurs.

Le jovialisme canadien
 

 
De son côté, le Canada considère que l’or est un actif inutile, préférant constituer majoritairement ses réserves de change en dollars américains.

Pour le Canada, cette devise se caractérise par sa stabilité puisque, depuis toujours, un dollar américain vaut un dollar américain.

En réalité, depuis que le dollar américain n’est plus adossé à l’or — une once d’or valait 35$ américains jusqu’en 1971 — sa valeur réelle face à l’or a chuté de 98 %.

Et elle a chuté parce qu’au cours de cette période, les États-Unis se sont servis de la planche à billets pour éponger leur déficit. Ce qui fait que la masse monétaire américaine s’est multipliée de trente fois depuis 1971 alors que la dette américaine passait de 400 milliards$ à plus de 22 028 milliards$.

Depuis des années, notre pays se débarrasse lentement de son or. Le quotidien La Presse nous apprenait hier qu’il ne reste plus que 77 onces d’or (sic) dans les coffres de la Banque du Canada (qui en contenaient mille tonnes en 1971).

En tant que cinquième producteur mondial d’or, le Canada estime qu’il n’a pas besoin d’accumuler des réserves d’or puisqu’il lui suffit de creuser pour en avoir. En somme, le coffre-fort du Canada, c’est son territoire.

Les États-Unis ne sont pas de cet avis. Même en étant le quatrième producteur mondial, ce pays détient 68 % des réserves mondiales de lingots d’or.

Le Canada ne voit pas comment il pourrait soudainement avoir besoin d’une grande quantité de ce métal précieux. Et si une telle éventualité devait survenir, on croit que notre puissant voisin aurait la gentillesse de nous en fournir sans contrepartie douloureuse.

On oublie qu’en 2017, lorsque Bombardier s’est mis à faire de l’ombre à Boeing grâce à des avions technologiquement supérieurs, Washington a imposé une taxe de 220 % sur la vente de ses appareils aux États-Unis. Donc de l’or, notre puissant voisin nous en vendra seulement si cela fait son affaire.

Conclusion

En raison de l’intégration militaire canado-américaine, notre armée est sous commandement américain dès qu’elle se déploie à l’Étranger.

De plus, la devise canadienne est fermement adossée à celle du pays le plus endetté au monde.

C’est ainsi que peu à peu, le Canada remet ses pouvoirs régaliens entre les mains des États-Unis.

D’où la question : le Canada mérite-t-il encore d’exister ?

Références :
Asia’s central banks snap up gold in ‘new normal’ to reduce risk from US dollar
China must cut US treasuries in ‘orderly’ fashion, maintain balance of trade amid rising risks: ex-central bank adviser
Gold Demand Trends Q3 2023
La demande d’or en 2022 au plus haut depuis plus de 10 ans
Le Canada vend ses réserves d’or
Que se passe-t-il en Turquie ? 3 graphiques pour comprendre les enjeux de la chute historique de la livre
Top 10 des pays qui détiennent les plus importants stocks d’or en 2023
USA: la vente record d’actifs par la Chine fait trembler les marchés
Washington impose des droits compensatoires à Bombardier

Paru depuis :
Prix de l’or à des niveaux records: pourquoi le Canada est le seul pays industrialisé à ne pas en profiter? (2024-04-09)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 25mm F/1,2 — 1/200 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 25 mm

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

2 commentaires

| Économie, le prix du fédéralisme, Politique canadienne | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


L’inflation en Europe

5 décembre 2023


 
Référence : La Suisse et l’Islande ont les salaires les plus élevés de l’UE et de l’EEE

Un commentaire

| Économie | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Les salaires en Europe

4 décembre 2023
Cliquez sur l’image pour l’agrandir

Si on exclut le Liechtenstein, les cinq pays européens qui, en 2022, versaient les meilleurs salaires étaient la Suisse, l’Islande, le Luxembourg, la Norvège et la Belgique. Notons que le salaire net est la rémunération totale moins l’impôt et les cotisations syndicales.

Les secteurs les plus rémunérateurs sont les services bancaires et financiers, ainsi que l’énergie, les mines et les technologies de l’information.

Dans ce palmarès des pays aux meilleurs salaires nets, la Suisse et le Luxembourg sont avantagés par la vigueur de leur secteur financier, aux salaires attrayants. De plus, les charges fiscales y étant moindres, cela hausse le salaire net par rapport au salaire brut.

La Belgique profite de la présence à Bruxelles d’une fonction publique européenne très bien rémunérée. En Norvège, la répartition de la richesse fait en sorte que les revenus gaziers et pétroliers du pays profitent à tous ses citoyens.

En Islande, 90 % des travailleurs sont syndiqués. Les salaires y sont protégés de l’inflation par leurs conventions collectives.

Dans l’ensemble de l’Europe, le cout horaire moyen de la main-d’œuvre était de 30,5 euros (44,75$ canadiens). Un couple avec deux enfants gagnait en moyenne 55 573 euros (ou 81 500$) par année.

À travail égal, les femmes gagnaient 12,7 % de moins que les hommes en 2021, un écart qui s’est très légèrement creusé à 13,0 % en 2023. C’est en Estonie, un pays dirigé par une femme depuis 2021, que cet écart est le plus important (à 20,5 %).

Avant la guerre en Ukraine, c’est ce dernier, de même que la Moldavie, qui constituaient les deux pays les plus pauvres d’Europe. Si on les exclut, les cinq pays où les salaires annuels sont actuellement les plus bas sont la Bulgarie (12 923 €), la Roumanie (14 500 €), la Croatie (17 842 €), la Pologne (18 114 €) et la Hongrie (18 274 €).

Référence : La Suisse et l’Islande ont les salaires les plus élevés de l’UE et de l’EEE

4 commentaires

| Économie | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La bonne fée des pauvres

27 novembre 2023
Cliquez sur l’image pour démarrer

Introduction

Après l’avoir nié pendant des mois, le gouvernement de la CAQ a finalement été rattrapé par la crise du logement.

Une crise semblable sévit dans beaucoup de pays occidentaux. Et ce, pour les mêmes raisons qu’au Québec.

Depuis la pandémie au Covid-19, cette crise s’est accentuée chez nous de manière exponentielle en raison de l’effet combiné des mesures insuffisantes de la CAQ et d’une immigration massive qui va bien au-delà de la capacité d’accueil du Québec… et du reste du pays.

L’ampleur de la crise

Le déséquilibre actuel entre l’offre et la demande provoque la plus forte augmentation de loyer à Montréal depuis vingt ans.

Près de 116 000 logements abordables (c’est-à-dire à moins de 750 $ par mois) ont disparu en seulement cinq ans au Québec, dont 90 000 à Montréal.

Si bien que l’Office municipal des habitations à loyer modique évalue à environ 24 000 le nombre de ménages en attente d’une place dans ses habitations. L’attente se compte… en années.

Malheureusement, beaucoup de villes préfèrent laisser à l’abandon leurs HLM plutôt que de les rénover. À Montréal, 34 % des HLM sont en mauvais état et 41 % sont en très mauvais état, pour un total de 75 %.

De plus, au sein du parc immobilier à Montréal, on trouve environ 156 000 logements privés qui ne respectent pas les règles de salubrité de la ville. Il est probable que les pires d’entre eux sont inhabités.

À cela s’ajoute l’effet sur l’offre de locations à court terme (de type AirBnB) qui permettent de rentabiliser des pieds à terre où les propriétaires ne vont presque jamais.

Et s’ajoutent enfin ces logements loués à des étudiants étrangers (souvent à plusieurs), ce qui les rend indisponibles aux familles québécoises.

La solution caquiste

En septembre dernier, le gouvernement de la CAQ a déposé le projet de loi 31, un court document législatif modifiant d’autres lois.

La controverse qu’il a créée vient du fait qu’il restreint le pouvoir du locataire de céder son bail afin de permettre — généralement à un parent ou à un ami — d’occuper les lieux (en y payant le loyer évidemment) jusqu’à l’échéance de ce bail.

Pour la ministre Duranceau, la cession de bail est une violation du droit à la propriété. À son avis…

Cette histoire-là de cession de bail ou de magasinage de baux entre locataires, bien c’est une entrave au droit de propriété des propriétaires.

Lorsqu’on loue un objet ou un lieu, ce n’est pas une vente; la propriété de ce qui est loué est inchangée. Toutefois, durant toute la durée de la location, le locataire est libre d’en faire tout usage raisonnable, en assumant la responsabilité de dommages, le cas échéant.

La cession de bail agace les propriétaires qui se retrouvent parfois avec un nouveau locataire qu’ils n’auraient pas choisi.

Cet inconvénient est réel. Mais on ne peut y pallier qu’en modifiant l’équilibre délicat entre les droits des propriétaires et les pouvoirs des locataires.

En effet, ces derniers sont totalement dépendants des lois et des règlements qui les protègent puisque dans nos pays, le droit de propriété est sacré, alors que le ‘droit’ au logement n’existe pas.

Le ‘droit’ au logement


 
Dans les pays occidentaux, les droits de la Personne sont généralement des droits politiques (le droit s’association et le droit d’expression, par exemple) alors que dans les pays communistes, les droits de la Personne sont des droits concrets, dont le droit à l’hébergement.

Après la Révolution cubaine, quand les paysans ont migré massivement vers les villes en fuyant la misère qui régnait dans les campagnes, l’État cubain a subdivisé en ville tous les logements qui pouvaient l’être. Et il les a subdivisés encore plus lorsque cela s’est avéré insuffisant. Jusqu’à ce que tout le monde finisse par être logé.

En comparaison, dans un pays comme les États-Unis, celui qui est trop pauvre pour louer une chambrette ou qui n’arrive pas à en trouver, n’a droit à rien. Qu’il crève.

Au Canada, sous la pression de l’opinion publique, des administrations municipales peuvent aider quelques centaines de familles mises à la rue. Mais dès que la pression journalistique s’estompe, on fait savoir aux bénéficiaires qu’ils doivent se débrouiller tout seuls.

Poursuivez votre ville, l’État québécois ou le gouvernement fédéral parce que vous n’arrivez pas à trouver un logement et les tribunaux vous diront en long ce que la ministre Duranceau a élégamment résumé en une seule phrase :

Les pauvres qui n’arrivent plus à se loger n’ont qu’à investir dans l’immobilier…

En définitive, le ‘droit’ au logement n’existe pas. Pas plus que le ‘droit’ de céder son bail.

Dans le cas de la cession de bail, ce qui existe, c’est le pouvoir du locataire de céder son bail. Un pouvoir qui repose uniquement sur une loi modifiable… et que justement, la ministre veut modifier.

La cession de bail

Dans sa réponse à la députée Manon Massé, la ministre de l’Habitation déclare que son projet de loi n’interdit pas la cession de bail. C’est exact.

Son projet de loi ne fait qu’assujettir ce pouvoir des locataires au véto du propriétaire. Ce qui n’était pas le cas précédemment.

Une fois ce projet de loi adopté, on devrait rencontrer les trois situations suivantes :
• le propriétaire n’oppose pas son nouveau droit de véto et le locataire peut céder son bail,
• le propriétaire oppose son droit de véto (pour des motifs ‘sérieux’, précise la ministre) et le locataire doit continuer, contre son gré, à payer le loyer,
• le propriétaire accepte l’annulation prématurée du bail et libère son locataire de ses obligations.

Qui jugera du caractère sérieux des motifs invoqués par le propriétaire pour opposer son véto ? Réponse : les tribunaux.

Établi depuis des décennies, le pouvoir des locataires de céder leur bail est incontestable. Il a subi il y a longtemps le test des tribunaux et triomphé de toutes les contestations juridiques. Du coup, plus aucun propriétaire n’ose le contester; c’est peine perdue.

Dès que projet de loi sera adopté, si les raisons invoquées par le propriétaire lui semblent futiles, le locataire devra porter plainte auprès du Tribunal administratif du logement et attendre des mois pour l’audition de sa cause. Et c’est sans compter ses frais d’avocat s’il désire y être représenté par un professionnel.

En mars 2022, le délai médian pour une première audience était de 3,9 mois pour les causes ordinaires et de 1,3 mois pour les causes les plus urgentes. Et c’est sans compter sur le temps à obtenir le jugement.

Alors que les tribunaux canadiens sont débordés, cette judiciarisation est inappropriée.

La ministre Duranceau termine sa réponse en exhortant les partis d’opposition à adopter le projet de loi 31 avant Noël afin d’éviter les évictions après le temps des Fêtes.

Entre Noël et la fin du temps des Fêtes

La ministre compte apparemment sur l’adoption du projet de loi 31 avant Noël pour atténuer la crise du logement deux semaines plus tard.

Comment y parvenir ? Puisque la cause profonde de cette crise est une insuffisance de l’offre, il n’y a qu’un moyen : en construisant des dizaines de milliers d’unités locatives en 14 jours.

En septembre 2023, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) estimait qu’il faudrait construire 3,5 millions de logements supplémentaires au Canada d’ici 2030 pour retrouver un niveau d’abordabilité raisonnable. C’est un demi-million d’unités locatives par année au Canada.

Pour le Québec, cela représente environ 800 000 logements abordables à construire d’ici 2030. Et d’ici là, 115 000 par année.

Au cours de la dernière campagne électorale, la CAQ a promis de consacrer 1,8 milliard$ sur quatre ans à la construction de 7 200 logements sociaux. C’est 1 800 unités par année, loin des 115 000 unités nécessaires au Québec selon la SCHL.

Tout cela serait inquiétant sans la présence rassurante de la ministre de l’Habitation; comme une fée, France-Élaine Duranceau fait apparaitre l’enchantement.

Aux pauvres sans espoir de se loger, zling ! — c’est le bruit familier que font les baguettes magiques — et soudainement, la ministre leur ouvre toutes grandes les portes de l’investissement immobilier. Un choix incalculable de maisons, de villas luxueuses et même de gratte-ciels s’offrent à leurs yeux émerveillés. Grâce à la ministre.

Aux propriétaires opposés à ce que leurs locataires cèdent leurs baux sans leur permission, zling ! : par magie, ce pouvoir disparait. Et tous ces propriétaire anxieux peuvent dorénavant dormir en paix. Grâce à la ministre.

Bref, la ministre Duranceau possède l’art précieux de rendre tout le monde heureux.

Références :
Délais réduits au Tribunal administratif du logement
Hausses de loyers abusives: plus de 100 000 logements abordables disparus au Québec en cinq ans
La CAQ dépose enfin son projet de loi sur le logement
La CAQ promet 1,8 milliard de dollars en logements sociaux
Le logement social à Montréal : les promesses en l’air
Le logement social à Vienne
Le Québec, Dollarama des études postsecondaires ?
Les trois quarts des HLM en mauvais état à Montréal
Montréal incite les promoteurs à faire plus de logements sociaux et abordables
Plus forte augmentation de loyer en 20 ans à Montréal
Projet de loi 31
Un condo à 568 000$ jugé «abordable» par l’administration Plante

Parus depuis :
Aucune région du Québec n’y échappe: les évictions forcées ont explosé de 132% en un an (2023-10-12)
Le tiers des inspections prévues dans les HLM ont été menées, dit la VG de Montréal (2024-06-17)

Laissez un commentaire »

| 2018-202X (années Legault), Économie, Politique québécoise | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La pizza sauce automate

15 novembre 2023



 
Alors que sévissent des pénuries de main-d’œuvre partout en Occident, beaucoup d’entrepreneurs peinent à trouver le personnel dont ils ont besoin pour faire fonctionner leur entreprise. D’où l’idée d’y automatiser les opérations.

Casa Pizzas se veut le chef de file de la distribution automatique de pizzas. À l’heure actuelle, la compagnie possède deux franchisés au Québec, dont un à l’aire de restauration située au sous-sol de la place Montréal Trust.

Les pizzas sont préparées d’avance et livrées réfrigérées au franchisé. Ce dernier n’a qu’à les cuire, si besoin.

À la place Montréal Trust, le menu comprend un choix de deux pizzas (au peppéroni ou au poulet mariné) sur les quatre que Casa Pizzas offrira éventuellement. Rien d’autre.

On peut commander sa pizza froide (à cuire à la maison) ou chaude (à consommer aux tables de l’aire de restauration). C’est le même prix.

Dans le premier cas, la clientèle obtient sa pizza en trente secondes, alors que si elle la veut chaude, cela prendra quatre minutes.

Le tout est un tantinet impersonnel. Mais que voulez-vous ? On n’arrête pas le progrès…

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 25mm F/1,2
1re photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 250 — 25 mm
2e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm

5 commentaires

| Économie, Photos de Montréal, Photos de voyage, Photos du Canada | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Pendant ce temps en Chine : les semi-conducteurs

20 octobre 2023

Introduction

Le 2 mars dernier, l’Institut australien de politique stratégique publiait une étude effectuée sur plus d’un an et qui concluait que la recherche chinoise était en avance dans 37 des 44 technologies de pointe étudiées.

Les semi-conducteurs sont un des sept domaines où l’Occident prime encore. Ceux-ci sont des composants essentiels de tout produit de consommation dit ‘intelligent’, du réfrigérateur haut de gamme, au téléviseur branché, en passant par l’auto électrique, etc.

À l’intérieur de ces puces, le courant électrique parcourt un grand nombre de circuits. Plus ces circuits sont courts et rapprochés les uns des autres, plus le courant électrique effectue ses tâches rapidement.

Actuellement, la technologie la plus sophistiquée pour graver ces puces, c’est la lithographie UV extrême (Deep UV Lithography). Celle-ci est capable de graver des circuits d’une finesse de 2 nanomètres.

La seule compagnie au monde qui peut graver des circuits intégrés avec une telle précision, c’est TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company).

Ses puces haut de gamme actuelles sont à 3 nm; elle projette de fabriquer des puces à 2 nm à partir de 2025.

Les plans quinquennaux chinois

Périodiquement, les grands mandarins de l’État chinois planifient l’économie du pays pour les cinq années suivantes.

En 2014, la Chine mettait sur pied un fonds d’investissement de 21,8 milliards$US destiné à rendre la Chine autosuffisante en matière de semi-conducteurs.

Dans son plan quinquennal de 2019, la Chine haussait son investissement à 29,1 milliards$US.

Et finalement, en 2023, c’est 40 milliards$US que la Chine investira au cours des cinq prochaines années.

En 2021, l’importance stratégique des semi-conducteurs est apparue lorsque les carrossiers américains et certains fabricants d’appareils électroménagers ont dû interrompre leur production en raison de problèmes d’approvisionnement en semi-conducteurs asiatiques.

Cette crise des semi-conducteurs a justifié l’adoption en 2022 d’une des deux plus importantes pièces législatives de l’administration Biden, soit le ‘CHIPS and Science Act’.

Huit ans après la Chine, les États-Unis se dotaient d’un plan d’investissement de 280 milliards$US destiné à soutenir la recherche fondamentale au sujet des semi-conducteurs et à encourager leur fabrication en sol américain.

Afin d’empêcher la Chine de combler son retard dans ce domaine, les États-Unis ont interdit l’exportation dans ce pays :
• de puces électroniques puissantes, notamment celles qui servent à l’intelligence artificielle,
• du matériel robotisé nécessaire à leur fabrication,
• des ingrédients qui entrent dans leur composition, et
• des logiciels nécessaires à leur conception.

Au départ, le blocus technologique concernait uniquement l’exportation par des entreprises américaines. Mais depuis le début de 2023, les États-Unis ont conclu des accords avec le Japon et les Pays-Bas qui calfeutrent les fuites possibles vers la Chine de puces fabriquées dans ces deux pays.

Signalons que Taïwan ne participe pas à ce blocus technologique qui n’est ni dans son intérêt commercial ni son intérêt sécuritaire.

Le microprocesseur à 7 nm de Huawei

Malgré son bannissement occidental en tant qu’équipementier téléphonique, Huawei est encore la marque de téléphone multifonctionnel la plus populaire en Chine.

Il y a six semaines, cette compagnie lançait le Mate 60 Pro et le Mate 60 Pro+ 5G. Ces modèles sont propulsés par un microprocesseur dont les circuits intégrés ont été gravés à 7 nm.

Pourtant, depuis octobre 2022, quiconque vend à la Chine des semi-conducteurs à 16 nm ou moins est passible des sanctions prévues par la loi américaine.

Or non seulement Huawei a été capable de concevoir les prototypes de ses nouveaux modèles avec des puces ‘interdites’, mais l’entreprise assure être capable d’en trouver des dizaines de millions d’autres pour équiper ses nouveaux appareils au cours des mois qui viennent.

Ce qui veut dire qu’il existe en Chine un ou plusieurs fabricants en mesure de graver des semi-conducteurs à 7 nm pour Huawei.

Aparté : En raison du blocus technologique imposé par Washington contre la Chine, Apple a dû rompre ses liens commerciaux avec Ofilm. Celle-ci est la compagnie chinoise qui fabriquait les modules photographiques des périphériques mobiles d’Apple. Ofilm a pris sa revanche en devenant le fournisseur officiel… d’Huawei.

Le secret de la percée chinoise

Nous avons vu plus tôt que seule la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company était capable de produire des semi-conducteurs à 3 nm. Et bientôt à 2 nm.

Mais le mérite de cette prouesse technologique ne lui appartient pas. Il revient revient plutôt à une compagnie néerlandaise, l’ASML Holding. Celle-ci est le principal fabricant des machines qui servent à graver les semi-conducteurs.

Cette entreprise ne fabrique pas de puces électroniques; elle fabrique les microlithograveuses, c’est-à-dire les robots dont ont besoin les entreprises qui fabriquent des semi-conducteurs.

Ses machines de cent-quatre-vingts tonnes coutent près de 150 millions de dollars canadiens (environ 100 millions d’euros) et nécessitent dix-huit mois d’assemblage.

À la suite de pressions américaines, les Pays-Bas ont imposé à ASML Holding l’obligation d’obtenir un permis pour exporter ses machines les plus précises. Comme c’est déjà le cas pour du matériel militaire.

Cette mesure est partiellement entrée en vigueur le 1er septembre dernier et sera pleinement opérationnelle le 1er janvier 2024.

À partir de cette date, les fabricants étrangers de semi-conducteurs ne pourront plus vendre à la Chine des puces à 16 nm ou moins. De plus, leurs succursales en sol chinois sont astreintes à cette même limite.

C’est ainsi que la TSMC fabrique ses puces à 3 nm dans ses installations taïwanaises. Mais à Nanjing, son unique filiale chinoise fabrique des semi-conducteurs limités à 24 nm.

Jusqu’ici, la seule manière de graver en Chine des semi-conducteurs plus performants était d’acheter des microlithograveuses néerlandaises.

C’est ce qu’on fait les clients chinois d’ASML Holding. Ceux-ci représentaient 8 % de son chiffre d’affaires au premier trimestre de 2023, 24 % au deuxième et 46 % au troisième trimestre.

De toute évidence, les fabricants chinois de semi-conducteurs se sont empressés d’acheter tout ce qui leur était permis jusqu’à la date limite. Or l’un d’eux, de toute évidence, a pu se procurer une microlithograveuse à 7 nm.

À l’inverse de la croissance de ses importations de microlithograveuses néerlandaises, la Chine réduisait de 15 % ses importations de puces électroniques, probablement parce qu’elle est maintenant en mesure de les produire elle-même.

Mais dès 2024, il sera impossible pour ce pays de se procurer de nouvelles machines. Au fur et à mesure que la technologie évoluera, l’Occident disposera de semi-conducteurs de plus en plus performants alors que la Chine sera limitée à fabriquer de vieilles puces électroniques.

C’est du moins le pari de Washington. Mais déjà, le ciel s’assombrit.

Jusqu’à maintenant, l’unique fabricant de microlithograveuses en Chine, la Shanghai Micro Electronics Equipment (SMEE) ne pouvait pas fabriquer des robots capables de graver avec une précision plus fine que 90 nm.

On est loin de 5 nm.

Mais cet été, la SMEE annonçait la mise au point d’une microlithograveuse qui fabriquera des puces à 28 nm. C’est un saut technologique important.

Ce qui signifie que la Chine comble à grands pas son retard technologique dans ce domaine.

Conclusion

Alors que l’administration Trump a voulu combattre la montée en puissance de l’économie chinoise en imposant des tarifs douaniers, l’administration Biden a réalisé que l’hégémonie mondiale des États-Unis reposait, entre autres, sur leur supériorité technologique.

D’où la nécessité pour eux d’investir massivement afin de maintenir leur position dominante.

Aussi sage soit l’approche Biden, elle arrive quand la Chine est déjà en avance dans la grande majorité des technologies de pointe actuelles.

Et dans les domaines où les États-Unis ont conservé un leadeurship, leur avance rétrécit avec une vitesse telle qu’on peut anticiper que l’écart n’aura bientôt plus d’importance.

À la tête du pays comme au sein de sa population, la Chine compte beaucoup plus d’ingénieurs et de polytechniciens.

Par contre, les États-Unis — dirigés majoritairement par des avocats et des millionnaires — souffrent d’un manque d’accessibilité économique qui empêche des millions de jeunes issues de la ‘classe moyenne’ d’accéder aux études supérieures dans les domaines scientifiques et techniques.

Ce qui entraine inévitablement l’érosion de l’avance technologique des États-Unis dans les domaines où ils excellent.

Références :
ASML
ASML chip-making equipment sales fall as China rushes to secure tools ahead of widened US export controls
China’s chip imports decline 15% in first nine months of 2023 as the country braces for a new round of US tech export controls
China Expecting Key Native Lithography Machine This Year: SCMP
China Integrated Circuit Industry Investment Fund
China plans to build a giant chip factory driven by particle accelerator
CHIPS and Science Act
For Chinese chip-making, lack of advanced lithography systems becomes a focal point in wake of Huawei’s breakthrough
Huawei bolsters its push for 5.5G networks with operators from the mainland, Hong Kong and the Middle East
Pénurie de semi-conducteurs : de petites puces, mais de gros problèmes
L’invasion de Taïwan par la Chine continentale
Lithographie extrême ultraviolet
Part de marché des différentes marques de smartphone en 2023, selon les régions du monde
Huawei helps China to win ‘symbolic’ victory in defying Washington’s sanctions with Mate 60 Pro but headwinds remain
Ofilm, formerly blacklisted by US and dumped by Apple as supplier, is contractor for Huawei’s Mate 60 phone
The Netherlands has started limiting chip gear exports to China
TSMC Gets China Chip Waiver From US, Eyeing ‘Permanent’ Permit
World’s largest chipmaker TSMC sees biggest drop in profit in nearly five years

Parus depuis :
China’s YMTC makes world’s most advanced memory chip in ‘surprise technology leap’: TechInsights report (2023-10-26)
Huawei teardown shows 5-nm laptop chip made in Taiwan, not China (2024-01-07)
Huawei’s Pura 70 smartphone contains new 7-nm HiSilicon chip made by top Chinese foundry SMIC, report says (2024-04-28)

2 commentaires

| Économie, Géopolitique, Politique internationale | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel