La taxe numérique et les degrés de l’assujettissement

Publié le 4 juillet 2025 | Temps de lecture : 9 minutes


 
Introduction

Pour convaincre les Canadiens de reporter au pouvoir le Parti libéral du Canada, les stratèges de ce parti ont choisi de commercialiser Mark Carney — un technocrate respecté de la finance mondialisée — comme le rempart du Canada contre Donald Trump.

Mais voilà qu’à peine élu, ‘Capitaine Canada’ a préféré jeter les gants plutôt que de livrer son premier combat contre le président américain.

La taxe sur les services numériques

Il y a quelques jours, les géants du Web devaient effectuer le premier versement d’une taxe d’équité fiscale intitulée ‘Taxe sur les services numériques’.

Celle-ci visait toutes les entreprises qui font affaire au Canada et dont les revenus mondiaux dépassent 750 millions d’euros par année, de même que les entreprises canadiennes offrant des services numériques dont les revenus dépassent 20 millions de dollars canadiens par année.

Au lieu d’interdire l’évitement fiscal qui permet aux grandes entreprises de ne pas payer leur juste part d’impôt en délocalisant leurs profits à l’Étranger, Ottawa avait choisi de s’attaquer spécifiquement aux géants de l’informatique. C’était un premier pas, nous disait-on.

Cette taxe devait rapporter 7,2 milliards de dollars sur cinq ans au fisc canadien. Ottawa l’a abandonné parce qu’elle suscitait la colère de Donald Trump.

Pourquoi ?

Les fondements de l’économie américaine

Selon la CIA World Factbook le secteur agricole compte pour 0,9 % du PIB américain, l’industrie manufacturière pour 17,6 % et les services pour 76,4 %.

Seulement 4 à 8 % des travailleurs américains œuvrent dans le secteur manufacturier. C’est le résultat d’un demi-siècle de mondialisation. Une mondialisation qui a consisté à délocaliser vers l’Asie des millions d’emplois occidentaux qui pouvaient être occupés ailleurs par une main-d’œuvre à moindre cout.

Face aux tarifs douaniers de Trump, les mesures de représailles d’Ottawa (limitées au secteur manufacturier américain) sont de la poudre aux yeux; ce n’est pas cela qui fait mal à l’économie américaine.

Ce qui ferait réellement mal, c’est de cibler le secteur tertiaire. Notamment la location de logiciels sur une base annuelle, l’hébergement infonuagique, la publicité sur les médias sociaux, le commerce électronique, la collecte et la vente des données personnelles, de même que les services de musique et de vidéos sur demande.

Les oligarques du Web sont les piliers de l’administration Trump. Les cibler équivaut à s’attaquer au cœur du régime.

Voilà pourquoi la taxe numérique du Canada irritait au plus haut point le président américain. D’autant plus que sa réussite aurait pu faire tache d’huile et inciter d’autres pays à imiter le Canada.

Pourquoi capituler ?

Pour obtenir l’abandon de la taxe sur les services numériques, Donald Trump n’a eu qu’à froncer les sourcils, c’est-à-dire de menacer de suspendre les négociations qui ont pour but d’aboutir à une version ‘améliorée’ de l’accord de libre-échange actuellement en vigueur (l’ACÉUM).

Au moment de sa signature, cet accord a été présenté comme le plus extraordinaire traité intervenu à ce jour. Mais en aout 2020, moins de deux mois après son entrée en vigueur, Donald Trump imposait une taxe à l’importation de 10 % sur l’aluminium canadien.

À l’égard des pays avec lesquels les États-Unis n’ont pas conclu de traité de libre-échange, Washington est libre d’imposer toutes les taxes à l’importation qu’il voudra.

Mais un traité de libre-échange a précisément pour but d’abolir les frais de douane sur les produits couverts par l’entente. Voilà pourquoi cela s’appelle un traité de libre-échange.

En imposant des taxes à l’importation comme il le fait présentement, Trump ne fait pas que violer un document qui a force de loi des deux côtés de la frontière; il viole le Droit international. En effet, tout traité entre deux ou plusieurs pays fait automatiquement partie du Droit international.

D’où la question : qu’est-ce qui justifie cet empressement canadien à négocier une nouvelle entente avec un chef d’État qui ne respecte jamais sa parole ? Par expérience, on peut anticiper que Donald Trump critiquera l’entente avant même que l’encre de sa signature ne soit sèche.

Évidemment, on peut toujours se dire que Donald Trump n’est pas éternel et que ses successeurs, au moins, respecteront cette nouvelle version de l’accord. Mais qu’est-ce qu’on en sait ? A-t-on oublié qu’un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ?

Pelleter l’espoir vers l’avant

Officiellement, Ottawa explique sa déconfiture par son désir de faire progresser les négociations commerciales avec les États-Unis.

En supposant que cette taxe nuirait à la poursuite de ces négociations, Ottawa aurait pu suspendre cette taxe au lieu de l’abolir. Ce faisant, cette suspension aurait constitué une épée de Damoclès au-dessus des négociateurs américains.

Ou le Canada aurait pu annoncer son intention de faire passer cette taxe à 4 %, à 5 %, à 10 % ou à plus. Quitte à retourner à 3 % pour donner à Donald Trump l’illusion d’une victoire.

Le fait que le Canada soit le vassal de son redoutable voisin est une réalité géopolitique indiscutable.

Mais il y a des degrés à la vassalisation.

Jusqu’ici, les dirigeants canadiens ne ménageaient pas leurs efforts pour que cette servitude ne soit pas trop évidente aux yeux de la population du pays.

Depuis l’élection de Mark Carney, notre pays ne cherche même plus à faire illusion. Ottawa veut convaincre le président américain que la plus grande ambition du gouvernement canadien est d’avoir l’honneur de ramper devant lui.

Donald Trump respecte les hommes forts qui sont capables de lui tenir tête poliment; Benyamin Netanyahou, Recep Tayyip Erdoğan, Mohammed ben Salmane, Vladimir Poutine et Xi Jinping.

En cédant aux désidératas de Trump sans chercher à obtenir la moindre contrepartie, Ottawa se présente au loup trumpien comme l’agneau qui aspire à son sacrifice. La suite est prévisible.

La nouvelle politique industrielle du Canada

La relation que Trump désire établir entre le Canada et les États-Unis est de nature néocoloniale.

Pour l’administration Trump, le Canada doit se limiter à être un fournisseur de matières premières et un acheteur de produits finis américains. En somme, il s’agit de transformer le Canada en pays du tiers-monde. Tout au plus peut-il produire des biens qui n’entrent pas en concurrence avec des produits américains.

Tant que le Canada vend aux États-Unis des hydrocarbures, de l’électricité, des minéraux stratégiques et du bois d’œuvre, pas de problème.

Lors de son premier mandat, Trump avait imposé à Bombardier une taxe qui triplait le prix de vente de ses avions sur le marché américain afin de lui en interdire l’accès.

Le message pour le Canada était clair; « Moi, Donald Trump, interdis au Canada de faire concurrence aux piliers de mon économie.»

Lorsque le temps fut venu de sauver Bombardier de la faillite, Ottawa prêta au constructeur des millions de dollars pour soutenir la production d’avions d’affaires en Ontario (en concurrence avec le constructeur brésilien Embraer), mais presque rien pour la construction d’avions de ligne au Québec (en concurrence avec le constructeur américain Boeing).

Avec ses tarifs douaniers actuels, la deuxième administration Trump veut obliger le Canada à réorienter son économie en abandonnant la construction automobile et en se concentrant sur la production de matières premières et de ressources énergétiques.

Encore une fois, le message a été bien entendu; aussitôt Ottawa a adopté à toute vitesse la loi C-5 au sujet des grands projets d’infrastructures.

Cette loi vise à accélérer la construction de routes, d’infrastructures portuaires, de brise-glaces, de pipelines et de gazoducs.

Cette loi ne vise pas à favoriser la recherche et le développement au pays. Elle ne cherche pas à faire du Canada un leadeur technologique, mais plutôt un simple fournisseur de matières premières afin de satisfaire la gourmandise de la puissance industrielle au sud de nos frontières.

En somme, elle sert à construire l’État pétrolier canadien, au risque de déclencher le mal hollandais.

Celui-ci est un phénomène économique qui relie l’exploitation de ressources naturelles au déclin de l’industrie manufacturière locale. Ce phénomène est suscité par l’accroissement des recettes d’exportations des matières premières, qui, à son tour, provoque l’appréciation de la devise, ce qui finit par nuire à la compétitivité des exportations non gazières du pays.

Rester plus longtemps dans le Canada consiste donc à financer notre propre déclin industriel.

L’argument fédéraliste selon lequel, face à Trump, on est plus fort à dix qu’individuellement n’est plus valable quand le pays est dirigé par une élite politique mondialiste dont l’ambition n’est plus que d’être les intendants régionaux de l’impérialisme américain.

Références :
Accord Canada–États-Unis–Mexique
« Carney a décidé de plier »
Grands projets d’infrastructure : C-5 devient loi
La guerre russo-ukrainienne et la vassalisation de l’Europe
Maladie hollandaise
Que signifie la fin de la taxe sur les services numériques?
United States – The World Factbook

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’augmentation des dépenses militaires du Canada

Publié le 3 juin 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

En septembre 2014, les pays membres de l’OTAN se sont entendus pour augmenter leurs budgets militaires de manière à ce que, dix ans plus tard, le niveau de leurs dépenses atteigne un minimum de 2 % de leur produit intérieur brut (PIB).

Ce deux pour cent, ce n’est pas une exigence à laquelle il faut obéir à défaut de quoi un pays risque d’être expulsé de l’Alliance; c’est un engagement volontaire pris individuellement par certains pays, dont le Canada.

Puisque nous sommes rendus dix ans plus tard, il est clair qu’Ottawa a failli à réaliser son engagement militaire puisque nous en sommes actuellement à 1,3 % du PIB.

Pour faire face à une guerre de haute intensité comme celle qui se déroule en Ukraine, même deux pour cent du PIB est insuffisant. Voilà pourquoi le secrétaire général de l’Otan et l’administration Trump s’entendent pour dire que les pays occidentaux devraient plutôt consacrer cinq pour cent de leur PIB à leur défense.

Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Soulignons d’abord qu’il ne s’agit pas d’un pourcentage du budget fédéral, mais d’un pourcentage du produit intérieur brut. Or le PIB, c’est la valeur de tous les biens et services produits au pays au cours d’une année.


Couts de l’augmentation des dépenses militaires

Pourcentage Cout Cout additionnel Cout par famille
1,3 % du PIB 40,1 milliards $ (aucun) 4 010 $
2,0 % du PIB 61,7 milliards $ 21,6 milliards $ 6 170 $
3,0 % du PIB 92,5 milliards $ 52,4 milliards $ 9 250 $
4,0 % du PIB 123,4 milliards $ 83,2 milliards $ 12 340 $
5,0 % du PIB 154,3 milliards $ 114,2 milliards $ 15 430 $

Le PIB du Canada est de 3 085 milliards de dollars canadiens. Pour dépenser cinq pour cent de son PIB en dépenses militaires, le Canada devra y consacrer annuellement 154,32 milliards de dollars.

En comparaison avec ce qu’on dépense actuellement, c’est 114,2 milliards de dollars de plus, par année.

Concrètement, cela signifiera qu’une famille moyenne (deux parents et deux enfants) devra (théoriquement) payer chaque année 15 430 $ en impôts pour la défense du pays.

Évidemment, cela est théorique puisque nos politiciens se font élire sous la promesse de réduire les taxes et les impôts.

Pour augmenter de manière importante les dépenses militaires sans augmenter les impôts, une solution sera de nous endetter en refilant la facture aux générations futures.

Ou bien, il suffit au fédéral de couper dans les transferts aux provinces. Ce qui leur laissera l’odieux de sabrer dans notre filet de protection sociale.

Ce sera l’un ou l’autre.

Paru depuis : OTAN : les alliés affichent un accord pour augmenter les dépenses de défense jusqu’à 5 % de leur PIB (2025-06-05)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La récesflation trumpienne

Publié le 21 mai 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

Dans une économie de marché, lorsque la volonté des consommateurs d’acheter un bien dépasse la capacité de le produire, cela incite le producteur de ce bien à hausser ses prix afin de maximiser ses profits.

Dans le cas contraire, lorsque les invendus s’accumulent, le commerçant n’aura d’autres choix que de baisser ses prix afin d’écouler sa marchandise.

En d’autres mots, l’inflation est causée par un déséquilibre, quand la demande dépasse l’offre.

Voilà pourquoi les banques centrales augmentent les taux d’intérêt comme moyen de lutter contre l’inflation; en rendant l’endettement plus onéreux, on dissuade les consommateurs d’acheter à crédit.

Les politiques économiques de l’administration Trump et l’incertitude qu’elle fait peser sur les marchés financiers par ses voltefaces devraient provoquer un phénomène nouveau; la récesflation. Ce mot-valise résulte de la fusion entre récession et inflation.

En imposant une taxe américaine à l’importation de biens étrangers, Washington les rend plus onéreux. Et s’il s’agit de matières premières (l’acier ou l’aluminium, par exemple), cela rend plus couteux les biens fabriqués à partir d’elles.


 
Pourtant, ce n’est pas ce qu’on voit (ci-dessus). S’il est vrai que l’inflation américaine s’est accrue de septembre 2024 à janvier 2025, elle a diminué au cours du premier trimestre de 2025.

Pour comprendre ce qui arrive présentement, il faut considérer deux phénomènes. Premièrement, une diminution de la croissance du PIB américain. Celui-ci était de 2,9 % en 2023 et de 2,8 % en 2024. Mais il a chuté à 2,1 % au cours du premier trimestre de cette année.


 
Parallèlement, le déficit de la balance commerciale américaine s’est creusé au cours du premier trimestre de 2025. Ce qui signifie que les distributeurs de biens importés (notamment de Chine) se sont empressés de garnir leurs entrepôts avant l’entrée en vigueur des taxes à l’importation.

Alors que les réserves sont pleines, la confiance des consommateurs diminue par crainte d’une récession. En remettant à plus tard leurs dépenses pour des biens qui ne leur sont pas essentiels, cela retardera l’écoulement des stocks et repoussera l’apparition inéluctable de l’effet inflationniste des tarifs douaniers.

Normalement, la banque centrale américaine devrait augmenter les taux d’intérêt afin de combattre cette poussée inflationniste. Mais il est fort possible qu’elle hésitera à le faire puisqu’elle se trouvera alors en présence d’un phénomène nouveau; une poussée inflationniste associée à une contraction de l’économie américaine.

Du jamais vu.

Références :
États-Unis – Taux d’inflation
L’économie canadienne, déjà affaiblie par Donald Trump
L’économie américaine pénalisée par les droits de douane, selon la Fed
L’inflation a rebondi aux États-Unis avant même l’entrée en vigueur des tarifs douaniers

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les obligations d’épargne du Québec ou la sécurité financière absolue

Publié le 2 mai 2025 | Temps de lecture : 5 minutes


 
Les différents types d’investissements

Les actions

Les indices boursiers sont basés sur la valeur des actions d’un nombre limité de grandes compagnies qui composent cet indice.

La volatilité des indices depuis l’accession au pouvoir de Donald Trump témoigne des inquiétudes des investisseurs. Cette volatilité devrait se poursuivre tant que Trump sera lui-même.

Les obligations

Les obligations rapportent des intérêts fixes. Mais lorsqu’une compagnie fait faillite, une fois que ses principaux créanciers se sont partagé ses actifs, ses obligations ne valent plus rien.

Les obligations d’organismes publics — gouvernements, municipalités, commissions scolaires, etc.— ne comportent pas un tel risque.

Rien n’est plus sécuritaire que des obligations gouvernementales. Or on peut les acheter facilement sur l’internet. Donc sans passer par un courtier.

Les cryptomonnaies

Les cryptomonnaies sont des placements purement spéculatifs. Leur valeur correspond à celle que sont prêts à payer les acheteurs. Le jour où plus personne n’en veut, elles ne valent plus rien.

Les pierres et métaux précieux

Les pierres et les métaux précieux sont des valeurs refuges. Ce sont les seules sur lesquelles on peut compter lors d’une guerre.

À l’approche d’envahisseurs, les nobles s’empressaient de dessertir (de prélever les pierres précieuses) des objets d’art qu’ils possédaient avant de s’enfuir à l’Étranger.

En comparaison avec les pierres précieuses, les métaux précieux ont l’avantage qu’on peut suivre le cours de leur valeur.

La perspective d’une guerre (et particulièrement d’une guerre mondiale) pousse l’or à des sommets. Et son prix redescend lorsque le risque est passé… pour remonter de nouveau à la crise suivante.

Mais ce cycle en cycle, son prix augmente, de 35$ l’once en 1971 à plus de trois-mille dollars aujourd’hui.

L’immobilier

Investir dans l’immobilier est une manière de placer son argent. Mais c’est un investissement qui exige du temps. Du temps pour collecter les loyers, pour gérer les conflits entre locataires, pour faire réparer les différents bris, etc.

Les obligations d’épargne du Québec

Les obligations d’épargne du Québec ne sont offertes qu’aux personnes et aux sociétés du Québec (ou celles qui sont soumises au droit québécois).

Ces obligations ne sont en vente que deux mois par année; en mai et en octobre. Tous les achats effectués au cours de ces deux mois prennent effet le premier jour du mois suivant (soit le 1er juin ou le 1er novembre).

Celles en vente présentement sont pour dix ans… mais encaissables n’importe quand. En d’autres mots, l’échéance est facultative, au choix de l’investisseur.

On peut les encaisser en partie (avec un minimum de 100 $) ou en totalité. Elles sont encaissables à leur pleine valeur, sans pénalité.

Actuellement, elles portent un taux d’intérêt de 3 % pendant douze mois. Dans un an, leur taux sera ajusté automatiquement à celui des obligations gouvernementales émises à ce moment-là.

Si entretemps, les obligations de novembre sont plus payantes, les investisseurs pourront échanger leurs obligations de juin 2025 pour celles de novembre 2025. Et ainsi de suite de six mois en six mois.

Mais si les taux baissent, les investisseurs n’ont qu’à les conserver pour le reste de l’année. Leur taux est alors garanti.

La hausse prévisible des taux d’intérêt

À moins d’un effondrement de la bourse, on peut prévoir — avec une certitude absolue — que les taux d’intérêt augmenteront au cours des prochaines années.

Le déficit record du gouvernement canadien (62 milliards $), celui du gouvernement québécois (14 milliards $), celui du gouvernement américain (6,4 % du PIB en 2024), et les déficits importants (au-delà de 3 % du PIB) des gouvernements européens afin d’acheter de l’armement pour se protéger d’une invasion russe (qui n’arrivera pas), provoqueront une surenchère destinée à séduire les épargnants.

Donc, au cours des prochaines années, les taux d’intérêt connaitront une croissance significative.

Avec les obligations d’épargne du Québec, il n’y a aucun souci de se retrouver avec un investissement qui rapporte seulement 3 % alors que les taux d’intérêt courants sont beaucoup plus élevés.

Ceux qui achètent les obligations d’épargne du Québec ont le choix entre des intérêts simples ou composés. Les intérêts simples sont versés annuellement dans le compte de banque de l’investisseur. Lorsque ce dernier préfère des intérêts composés, l’intérêt accumulé est réinvesti automatiquement.

Les personnes intéressées peuvent acheter des obligations d’épargne du Québec en cliquant sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La médiocrité journalistique de l’agence Reuters

Publié le 24 avril 2025 | Temps de lecture : 2 minutes


 
Hier, le site de Radio-Canada reproduisait une dépêche de l’agence Reuters qui prétendait que la Commission européenne venait d’infliger des amendes ‘historiques’ à Apple et Meta, respectivement de 500 millions et de 200 millions d’euros.

C’est faux.

Ces amendes sont peut-être les plus importantes qui aient été imposées à ces deux compagnies, mais on ne peut pas les qualifier d’historiques. On en est loin.

En 2013, Microsoft avait été condamnée à payer 561 millions d’euros — ce qui équivaut aujourd’hui à 735 millions d’euros — pour avoir imposé par défaut le navigateur Internet Explorer à tous les utilisateurs de Windows™.

Au total, pour différentes infractions aux lois européennes, Microsoft avait dû payer à l’époque 2,16 milliards d’euros, ce qui équivaut aujourd’hui à 2,83 milliards d’euros.

En novembre dernier, nous avions sévèrement critiqué cette agence de presse pour avoir faussement qualifié de ‘pogrome’ une émeute déclenchée à Amsterdam par des voyous israéliens.

Le fait de qualifier aujourd’hui d’historiques des amendes simplement dissuasives — compte tenu de la taille de ces géants de l’informatique — est une manière pour Reuters d’attiser les tensions commerciales entre les États-Unis et l’Europe et de mettre les mots dans la bouche de Donald Trump, un dirigeant politique déjà porté à l’exagération.

Références :
La Commission européenne inflige des amendes historiques à Apple et Meta
Microsoft (encore) puni par Bruxelles : 561 millions d’euros d’amende
Un ‘pogrome’ à Amsterdam : vraiment ?

Paru depuis : La Maison-Blanche qualifie d’« extorsion » les amendes sur Apple et Meta (2025-04-26)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le cote de crédit du Québec et les cigales caquistes

Publié le 17 avril 2025 | Temps de lecture : 6 minutes


 
Introduction

On apprenait hier que l’agence de notation S&P Global avait abaissé la cote de crédit du Québec d’un cran, soit de AA− à A+.

Cela n’est pas catastrophique puisque le Québec se retrouve ainsi au niveau de quatre autres provinces canadiennes.

Mais cette décote s’explique; depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2018, la CAQ gaspille.

Le gaspillage des ressources énergétiques

En sol québécois, il y a actuellement 52 centres de données, principalement américains. Ceux-ci emploient peu de main-d’œuvre et n’entrainent presque aucune retombée économique.

Au total, ces centres consomment approximativement 153 MV d’électricité. C’est environ la moitié de l’énergie qu’aurait consommée NorthVolt.

Pour les attirer, la CAQ n’a pas hésité à dézoner nos meilleures terres agricoles et à leur vendre notre électricité pour aussi peu que 3,98 cents du kilowatt-heure.

Quelle est donc l’idée de brader notre électricité en bas de son cout de remplacement quand il existe une pénurie mondiale d’énergie ?

Le gaspillage financier

L’ubérisation du taxi québécois

Grâce à la cure d’austérité libérale, la CAQ est arrivée au pouvoir en 2018 alors que le budget de l’État québécois était excédentaire.

En tant que parti de droite, la CAQ ne pouvait pas faire autrement que d’être séduite par le concept de capitalisme participatif promu par Uber.

Puisque l’industrie du taxi québécois reposait sur un système de permis — ce qui était incompatible avec le modèle d’affaire d’Uber — la CAQ a dépensé un milliard de dollars (sic) afin de racheter les permis déjà émis, de manière à permettre à Uber d’opérer chez nous.

Les maisons des ainés

En 2017, le Québec comptait 1,6 million de citoyens âgés de 65 ans ou plus, suivis par 1,8 million de personnes âgées de 50 à 65 ans.

Plutôt que de préparer notre système de santé à accueillir le grand nombre de personnes en perte d’autonomie qui cogneront aux portes de nos hospices (CHSLD) dans les années à venir, la CAQ a préféré investir 2,8 milliards de dollars dans la création de luxueuses ‘Maisons des ainés’, au cout de 804 000 $ par personne hébergée.

Les 40 résidences construites depuis 2018 accueillent présentement moins de quatre-mille personnes, majoritairement relogées à partir de CHSLD qui ont fermé leurs portes ou qui subissent des rénovations.

Les réductions d’impôts

En dépit du fait que la crise sanitaire a couté 19 milliards $ au Trésor public, la CAQ a réduit en 2023 les deux premiers paliers d’imposition d’un pour cent, privant le fisc québécois de 9,2 milliards de dollars de revenus d’ici 2027-2028.

La réfection du toit du Stade olympique

En mars 2024, la CAQ a préféré la signature d’un contrat de 729 millions $ pour la réfection du toit du Stade olympique. Ce qui est 279 millions$ de plus que le projet rival, à mon avis beaucoup plus sécuritaire.

Le scandale de SAAQclic

Le 20 février 2025, le gouvernement caquiste à été éclaboussé par le rapport dévastateur de la Vérificatrice générale (VG) au sujet de l’explosion des couts de l’informatisation à la Société d’assurance automobile du Québec.

Signé à la fin de l’administration libérale, le contrat originel de 458 millions a connu d’importants dépassements de cout. Au point que la facture finale sera de l’ordre de 1,1 milliard de dollars.

Malgré le scandale, la CAQ a continué d’ajouter de nouvelles dépenses pour cet éléphant blanc.

Le 3e lien

Le 25 février 2025, la CAQ s’engageait à verser 46 millions de dollars au consortium Parsons-Artelia-Hatch pour une étude au sujet du 3e lien autoroutier entre les villes de Québec et de Lévis.

Alors que tout le monde sait que ce projet ne se réalisera jamais.

Les déficits records

Les 5,6 millions de dollars dépensées en 2024 pour inciter une équipe américaine de hockey à venir à Québec jouer deux matchs préparatoires représentent une dépense dérisoire, mais significative. Lorsqu’on ajoute à cette dépense les deux déficits budgétaires records — 11 milliards l’an dernier et 13,6 milliards cette année — tout ceci achève le tableau d’un gouvernement fiscalement irresponsable.

Conclusion

Pour former son cabinet, François Legault s’est entouré d’excellents communicateurs qui, à l’instar de la cigale de La Fontaine, ont chanté tout l’été, mais se retrouvent dépourvus quand la bise fraiche des agences de notation fut venue.

Plutôt que de s’attaquer aux problèmes, le gouvernement caquiste a perdu son temps à changer les structures. Comme si, en éducation et en santé, les problèmes étaient structurels.

Le cas le plus patent est celui de Santé-Québec, une structure inutile insérée artificiellement entre le ministère et les établissements de santé et dont le seul but est de servir de bouc émissaire aux coupes budgétaires décidées par la CAQ.

Pour résoudre la crise du logement, la ‘Marie-Antoinette des pauvres’ s’est contentée d’espérer qu’une croissance importante des loyers motivera les entrepreneurs à construire plus de logements. Ce qui, d’ici une décennie, permettra résoudra cette crise.

En supposant que NorthVolt était simplement un pari financier qui a mal tourné, tout le reste de la gestion des finances publiques par la CAQ démontre l’incroyable médiocrité des beaux parleurs qui entourent le premier ministre.

Références :
Ce n’est pas fini pour les maisons des aînés
Des baisses d’impôts de 9,2G$ pour les Québécois
Et le montant de la facture pour les Kings est…
Fiasco SAAQclic : l’AMP ordonne à la SAAQ de suspendre les contrats
Fitzgibbon veut serrer la vis aux fermes de minage de cryptomonnaies
La cote de crédit du Québec abaissée
La crise sanitaire a coûté 15 milliards de dollars au réseau de la santé du Québec
L’électricité accordée aux centres de données : du gaspillage ?
Le nouveau toit du Stade olympique
Le rapport de la VG sur SAAQclic n’a pas eu l’effet escompté, l’incompétence règne encore
L’ubérisation du taxi québécois : le premier grand gaspillage de la CAQ
Maisons des ainés : un éléphant blanc ?
Pourquoi les maisons des aînés créent-elles moins de places que promis ?
Québec met la main à la poche pour le troisième lien

Paru depuis : Maisons des aînés 1,8 million la « porte » : j’hallucine ou quoi ? (2025-05-09)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Pourquoi renégocier l’ACÉUM ?

Publié le 4 avril 2025 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Après treize mois d’intenses négociations, l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACÉUM) est entré en vigueur le premier juillet 2020 pour une durée de six ans.

Tout comme l’accord qui l’a précédé (l’ALÉNA), l’ACÉUM devait protéger les produits et services canadiens contre les taxes douanières américaines.

C’est ça, un accord de libre-échange.

Malheureusement, dès que cela ne leur convient plus, les États-Unis n’hésitent jamais à renier leur parole.

En voici quelques exemples.

La Crise des missiles à Cuba

En 1962, les États-Unis jugèrent intolérable que la Russie installe des missiles hostiles dans leur cour arrière, soit à Cuba. Washington instaura alors un blocus maritime contre l’ile et menaça de faire sombrer tout navire russe qui s’approcherait des côtes cubaines.

Cette crise fut résolue par un accord en vertu duquel la Russie retirait ses missiles antiaméricains de Cuba en contrepartie de quoi les États-Unis retiraient leurs missiles antirusses de la Turquie.

Bien des années plus tard, après que la poussière de cette crise fut retombée, les États-Unis redéployèrent leurs missiles en Turquie, faisant de ce pays le plus important dépositaire de leurs ogives nucléaires hors du territoire américain.

Par la suite, ces missiles furent rapprochés de Moscou en les redéployant en Roumanie, une décennie après l’adhésion de ce pays à l’Otan.

Et le but de l’adhésion éventuelle de l’Ukraine à l’Otan était de les rapprocher encore davantage. D’où la guerre russo-ukrainienne.

La réunification de l’Allemagne

En 1990, les États-Unis s’étaient engagés verbalement à ne pas élargir l’Otan vers l’est en contrepartie du consentement russe à la réunification de l’Allemagne.

Techniquement, cette promesse n’a pas été faite par l’Otan (qui n’était pas signataire de l’accord), mais par les États-Unis. Ce qui revient au même puisque ceux-ci ont droit de véto sur l’élargissement de l’Alliance.

Longtemps, les États-Unis ont nié avoir pris un tel engagement. Mais dans leurs mémoires publiés depuis, les diplomates présents lors de ces négociations ont confirmé la véracité de cette promesse américaine.

La Convention contre la torture

Lorsque les dirigeants d’un pays signent un traité, celui-ci doit être ratifié (ou confirmé) par le parlement de ce pays.

Les États-Unis ont signé la Convention de l’Onu contre la torture en 1988 et l’ont ratifiée en 1994.

Toutefois, à la suite des attentats du 11 septembre 2001, l’administration de G.W. Bush a signé en 2002 trois mémorandums qui autorisaient la torture à la base militaire de Guantánamo.

L’accord sur le nucléaire iranien

En 2015, les États-Unis signaient l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien à la suite d’une longue négociation lors de laquelle toutes les parties avaient consenti à des compromis.

Mais trois ans plus tard, Donald Trump annonce la décision des États-Unis de sortir de cet accord, c’est-à-dire de rétablir les sanctions contre l’Iran tout en exigeant que l’Iran respecte le compromis qu’il avait accepté en échange de la levée de ces sanctions.

L’Accord de Paris sur le climat

En 2016, les États-Unis ont signé cet accord.

Quatre ans plus tard, sous la première administration Trump, ils s’en sont retirés. Sous l’administration de Joe Biden (qui lui a succédé), ils l’ont réintégré en 2021 avant de s’en retirer de nouveau en 2025, à l’arrivée au pouvoir de l’administration Trump-II.

Dans ce cas-ci, les États-Unis n’ont pas renié leur parole puisque l’accord prévoyait qu’un pays puisse s’en retirer.

Mais ce chachacha démontre qu’on ne peut jamais se fier aux États-Unis.

Conclusion

En février dernier, dans le texte Déchiffrer Donald Trump, nous écrivions :

Donald Trump est obsédé par le déficit de la balance commerciale américaine.

À ses yeux, les États-Unis se comparent à une compagnie dont les dépenses sont supérieures à ses revenus. Or il sait qu’en pareil cas, l’entreprise se dirige vers la faillite.

Il s’attaque donc à tous les pays — amis ou non — dont la balance commerciale est excédentaire à l’égard des États-Unis.

Dans certains milieux, on n’a pas encore compris que l’époque de la mondialisation heureuse du commerce international est révolue… du moins pour l’instant.

L’aveuglement des politiciens canadiens est tel qu’ils s’imaginent qu’une nouvelle entente commerciale mettra fin aux barrières tarifaires alors que l’ACÉUM (encore en vigueur) avait précisément pour but de les empêcher.

En d’autres mots, une entente de libre-échange avec les États-Unis, ça ne donne rien tant que Donald Trump est au pouvoir.

En effet, si Trump n’hésite pas à violer l’ACÉUM qu’il a lui-même signé, pourquoi respecterait-il une autre entente du même genre ?

Dring ! Dring !

Références :
Accord Canada‒États-Unis‒Mexique (ACEUM)
Accord de Paris sur le climat
Accord de Vienne sur le nucléaire iranien
Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants
Crise des missiles de Cuba
« L’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’est »
Renouvellement de l’ACEUM : Ottawa peaufine sa stratégie
Torture aux États-Unis

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Fraude ou ingérence massive dans les élections fédérales !

Publié le 3 avril 2025 | Temps de lecture : 2 minutes



 
Depuis hier, le premier ministre du Canada annonce sur Facebook un nouveau programme destiné à enrichir les Canadiens.

Pour un temps limité, les personnes intéressées à investir la somme minimale de 350 $ sont assurées de recevoir plusieurs milliers de dollars par mois.

Comment ? Alimenté par l’Intelligence artificielle, le programme fédéral consiste à analyser les microfluctuations de la bourse pour déceler les moindres occasions d’enrichissement.

Le tout est garanti par la Banque du Canada.

En quelques heures, la Québécoise Anna (de 31 ans) a vu la valeur de son investissement propulsée à plus de 44 500 $.

L’offre est tellement irrésistible que j’ai songé brièvement à en profiter. Sérieusement. Après tout, qu’aurais-je eu à perdre sinon 350 $ ? Et si c’était vrai ?

Puis j’ai remarqué que la vidéo n’est pas de CBC (la version anglaise de Radio-Canada), mais de CBCNNLIVE.

De plus, dans la séquence où Justin Trudeau vante le programme, ses lèvres ne suivent pas fidèlement ce qu’il dit.

Et pourquoi donc l’offre officielle du Canada est-elle publiée par Engineers KW (dans le coin supérieur gauche du premier message) ou par maple-guide.com (au bas, à gauche).

Dans la deuxième capture d’écran, le clip vidéo de CTV News est publié par Brayan Lames. C’est qui, lui ?

Sur l’internet, la CBC prévient les Canadiens de cette fraude, mais pas le site français de Radio-Canada.

Les personnes intéressées doivent être prévenues; c’est une pyramide de Ponzi.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Vive la gestion de l’offre !

Publié le 2 mars 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

Le prix des œufs

Chaque année, les Américains consomment 109 milliards d’œufs. Sous forme d’omelettes, de guiches, de mayonnaise, de pâtes, de flan, de pâtisseries, etc.

En dollars canadiens, la douzaine d’œufs se vend actuellement entre 4,09 $ et 5,49 $ dans les épiceries montréalaises. Aux États-Unis, elle coute en moyenne 4,95 $US (7,15 dollars canadiens).

Dans certaines grandes villes comme Chicago, New York et San Francisco, le prix de la douzaine atteint huit à dix dollars américains (soit 11,55 à 14,45 $Can). Dans les marchés d’alimentation où les prix sont encore ‘raisonnables’, les tablettes sont vides.

Pourquoi est-ce si cher aux États-Unis ?

La grippe aviaire

Depuis février 2022, le virus H5N1 fait rage aux États-Unis. Plus de 1 600 fermes avicoles sont atteintes.

L’agriculture américaine reposant sur des bases industrielles, la grande majorité des œufs sont produits dans de gigantesques poulaillers où s’entassent des millions d’oiseaux.

En raison de la contagiosité du virus, dès que l’une d’entre elles est atteinte, toutes ses volailles sont abattues. Jusqu’ici, 160 millions de pondeuses ont été sacrifiées, dont 30 millions depuis deux mois.

La première année de la pandémie, l’administration Biden a dépensé 1,5 milliard pour la combattre.

En raison de l’abattage massif des pondeuses et de la pénurie qui en a résulté, le prix de la douzaine d’œufs est passé de 1,60 $US en février 2021 à 4,10 $US en décembre 2024, puis à 4,95 $US deux mois plus tard.

Le ministère américain de l’Agriculture prévoit que les prix augmenteront encore de 41 pour cent cette année.

Pour combattre la pandémie, l’administration Trump ajoutera encore un milliard de dollars. La moitié sera dépensée pour améliorer la biosécurité des fermes avicoles. Une tranche de 400 millions $US servira à dédommager les exploitations agricoles dont le troupeau à été abattu. Le reste, 100 millions $US, ira à la recherche de nouveaux vaccins.

La gestion de l’offre

Au Canada, la gestion de l’offre prévient l’alternance des épisodes de surproduction et de pénurie qui caractérisent la production agricole lorsqu’elle est totalement libre.

Au cours des phases de surproduction, les prix chutent. Ce qui entraine la faillite des petits producteurs et la concentration de la production aux mains d’un nombre toujours plus restreint d’exploitants.

La stabilité des prix protège donc ‘artificiellement’ les petits producteurs qui, autrement, finiraient par disparaitre au premier effondrement des prix.

Le résultat est que nos fermes avicoles sont de tailles modestes comparativement à celles aux États-Unis et que la propagation de la pandémie est freinée par la distance qui les sépare.

Jusqu’ici, une seule ferme québécoise a été contaminée, grâce à l’effet protecteur indirect de la gestion de l’offre.

Les adversaires de la gestion de l’offre font remarquer (à juste titre) que le marché captif ainsi créé maintient des prix plus élevés qui pénalisent les consommateurs.

Aux États-Unis, où les prix sont habituellement plus bas, c’est l’ensemble des contribuables qui doivent payer pour ‘sauver’ l’industrie à chaque crise.

Finalement, la gestion de l’offre se justifie principalement pour des raisons de sécurité alimentaire; elle nous assure que nos nourrissons ne manqueront pas de lait et que le reste de la population aura accès à des protéines animales de qualité et à bas prix en cas de crise majeure (une guerre mondiale, par exemple).

Référence : What’s in Trump’s $1bn plan to bring egg prices down?

Détails techniques de la photo : Olympus OM-D e-m5 mark II + objectifs M.Zuiko 25 mm F/1,2 — 1/500 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’électricité accordée aux centres de données : du gaspillage ?

Publié le 10 février 2025 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Le 25 janvier dernier, une manchette du Journal de Montréal a attiré mon attention; ‘Intelligence artificielle: pas de nouveaux centres de données au Québec malgré les milliards de Trump’.

Ce que ce titre suggère, c’est que pendant que l’administration Trump débloque des milliards pour l’intelligence artificielle (IA), le Québec reste là à regarder passer le train.

Ordinateurs et IA : qui fait quoi ?

Le projet Stargate est une initiative de trois géants de l’informatique mondiale —  Oracle, la société de portefeuille SoftBank, et le groupe Open AI — dans lequel l’administration Trump a promis d’investir annuellement cent-milliards de dollars américains pendant quatre ou cinq ans.

D’après les informations rendues publiques, il semble que ces sommes ne serviront pas à développer l’IA elle-même, mais, dans un premier temps, à créer les infrastructures permettant d’exécuter et d’entrainer des modèles d’IA complexes.

Puis, en vue de l’utilisation massive de l’IA par le public, on créera en sol américain de pharaoniques centres de données qui alimenteront ses requêtes d’IA. Et il est possible que cet investissement serve également à assurer leur approvisionnement énergétique par la construction de minicentrales nucléaires.

Déjà, tous les logiciels de conception assistée par ordinateur, de traitement de texte ou de retouche photographique, par exemple, s’exécutent à la fois localement (sur l’ordinateur de l’utilisateur), et sur le serveur qui héberge sa version dématérialisée.

Lorsqu’un bouton ou un hyperlien change de couleur au passage du curseur de la souris, ce qui rend ce bouton suffisamment intelligent pour savoir qu’il doit alors changer d’aspect, c’est du code qui s’exécute localement.

Mais quand le logiciel aura besoin d’adresser une requête complexe d’IA, le serveur qui héberge sa version infonuagique transmettra cette requête aux ordinateurs surpuissants de Stargate.

Entre l’ordinateur infonuagique qui transmet une requête d’IA et le super-ordinateur qui l’exécutera, il y a le même rapport qu’entre l’employé d’un restaurant qui transmet votre commande au chef, et ce chef en cuisine qui prépare vos mets.

Et pour poursuivre cette analogie, le résultat de la requête qui apparait à l’écran est l’équivalent du mets qu’on dépose devant le client attablé du restaurant.

Les centres de données ‘ordinaires’

En 2021, le gouvernement de la CAQ souhaitait faire du Québec l’eldorado des centres de données.

Malheureusement, tout comme les fermes de minage de cryptomonnaie, les centre de données entrainent très peu de retombées économiques.

Ils ont besoin de main-d’œuvre au moment de la construction de leurs bâtiments. Mais une fois cela complété, ils fonctionnent tout seuls ou presque; ce sont de grands hangars dans lesquels on empile, du plancher au plafond, des milliers d’ordinateurs sur des étagères. Le tout est acheté en lot de l’Étranger (généralement de Chine).

Et ça roule avec très peu de personnel.

Entre vendre de l’électricité à des États américains — ce qui ne crée aucun emploi au Québec — et vendre la même chose à des centres de données qui en créent peu, c’est presque du pareil au même.

Toutefois, vendre de l’électricité à 3,98 cents du kilowatt-heure (le prix demandé par la CAQ à nos centres de données), et dézoner nos meilleures terres agricoles pour leur permettre de s’installer au Québec en dépensant le moins possible, on devrait faire faire cela quand on est très, très, très mal pris.

Il y a actuellement 52 centres de données en sol québécois, dont la moitié sont américains. Au total, ces centres consomment approximativement 153 MV d’électricité.

À titre de comparaison, le fabricant de batteries électriques Northvolt aurait eu accès à 360 MV (un peu plus du double) et son usine aurait employé trois-mille travailleurs.

Jusqu’ici, la CAQ a attribué des blocs d’énergie représentant 153 MV à des centres de données et encore plus, soit 287 MV, à des fermes de minage de cryptomonnaie.

Le résultat, c’est que le ministère de l’Économie a dû renoncer, par manque d’énergie, à des projets industriels majeurs totalisant 30 000 MV.

Références :
Critères d’attribution des blocs d’énergie: «On est dans le néant», déplore un entrepreneur
Intelligence artificielle: pas de nouveaux centres de données au Québec malgré les milliards de Trump
Le Québec se veut le nouvel eldorado vert des centres de données
Plus de 80% des centres de données ici appartiennent à des intérêts hors Québec
Stargate, le projet titanesque des États-Unis
Voici les gagnants des blocs d’énergie attribués par le ministre Fitzgibbon

Paru depuis : La face sombre des centres de données (2025-04-05)

Complément de lecture : Big tech’s new datacentres will take water from the world’s driest areas (2025-04-09)

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Écrit par Jean-Pierre Martel