Le wokisme fédéral à l’université

Publié le 7 avril 2025 | Temps de lecture : 2 minutes

Il y a deux ans, le chef d’orchestre Jonathan Dagenais avait postulé pour devenir professeur adjoint à la faculté de musique de McGill. Appuyée unanimement par un comité de sélection, sa candidature avait finalement été rejetée arbitrairement par doyen de la faculté.

Celui-ci craignait que sa faculté soit privée des subventions accordées par Ottawa et qui sont conditionnelles à l’embauche accrue de personnes appartenant à des minorités raciales, sexuelles et de genre.

La faculté avait donc embauché une candidate autochtone native du Manitoba, sans doute compétente pour le poste, mais moins que le professeur Dagenais.

Le 31 mars dernier, on apprenait le cas de Patanjali Kambhampati (ci-contre). Son cas est antérieur à celui du professeur Dagenais. Mais il refait surface de nos jours grâce à une chronique du Journal de Montréal.

Né en Inde, ce professeur de la faculté de chimie de McGill est une sommité mondiale au sujet du rayonnement au laser. Depuis 2003, ses recherches ont permis la mise au point d’appareils ultraperfectionnés capables de mesurer le mouvement des électrons et des atomes.

Au début de la présente décennie, le Conseil de recherches en Sciences naturelles et en Génie du Canada s’est mis à refuser ses demandes de subvention au motif d’un manque d’appui de sa part aux politiques fédérales d’Équité, de diversité et d’inclusion (ÉDI).

Puisque le professeur Kambhampati ne peut être accusé d’être hostile aux personnes à la peau pigmentée, on doit conclure que les exigences fédérales concernent un manque d’engagement de sa part à former des personnes qui appartiennent à des minorités sexuelles ou des minorités de genre.

Ce qui équivaut à faire pression sur lui pour qu’il s’informe de l’orientation sexuelle de ses étudiants en maitrise ou au doctorat. Contrairement aux dispositions de la Charte québécoise des droits et libertés.

Références :
Équité, diversité et inclusion : la nouvelle discrimination multiculturelle
Professor of color denied funding for cutting-edge laser research due to ‘insufficient’ equity, diversity and inclusion enthusiasm
Woke jusqu’au trognon

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Venus & Adonis / Pigmalion

Publié le 14 novembre 2014 | Temps de lecture : 4 minutes

C’est hier soir qu’avait lieu la première de quatre représentations d’un spectacle donné par les étudiants en musique de l’université McGill.

À l’affiche, deux oeuvres lyriques : Venus & Adonis de John Blow (1649-1708) et Pigmalion de Jean-Philippe Rameau (1683–1764).

Cette année, le directeur des études d’opéra à McGill, M. Patrick Hansen, a exigé que tous les opéras soient placés sous le thème de la Première Guerre mondiale.

Conséquemment, les deux oeuvres ont été transposées dans un hôpital militaire anglais à l’époque de ce conflit.

Venus & Adonis

Au premier plan : Kimberly Lynch (Cupid), Sara Casey (Venus), Hank Knox (chef d’orchestre) et Jared Levin (Adonis)

Si la substitution de bergères par des infirmières n’a rien de répréhensible, je ne comprends pas comment on a pu imaginer que Venus & Adonis — le plus ancien opéra anglais qui nous soit parvenu — pouvait être chantée au son des bombes et des gémissements des blessés, sans en trahir l’esprit de cette pastorale.

L’oeuvre de John Blow — minée par des prémices aussi grossières que stupides — est donc devenue un prétexte à M. Hansen pour exposer narcissiquement son talent de metteur en scène.

De plus, probablement en raison de la nervosité, à peu près tout le monde chantait faux à cette première, sauf Kimberly Lynch (Cupid) et Sara Casey (Venus) qui ont brillé tout au long de la représentation.

Pigmalion

Au premier plan : Angela Musliner (la Statue) et Jan van der Hooft (Pigmalion)

Pour Pigmalion, je ne vous cacherai pas que je m’attendais au pire puisque cet opéra contient deux airs d’une extrême difficulté, redoutables même pour des chanteurs professionnels. Eh bien, j’avais tort.

Le court opéra-ballet de Rameau repose essentiellement sur trois piliers; le ténor, l’orchestre et la chorégraphie des ballets. C’est au premier que sont confiés les airs de bravoure dont j’ai parlé. Or la diction de John van der Hooft (un jeune chanteur de Winnipeg) est excellente. De plus, celui-ci s’est tiré d’affaire avec un brio qui nous laisse entrevoir pour lui un brillant avenir.

Ses trois consoeurs ont également été à la hauteur de ce qui les attendait, tant par leur diction française relativement bonne que la qualité de leur champ.

L’opéra-ballet était donné sans ballet puisque cette discipline ne semble pas être enseignée à McGill. L’orchestre — plutôt bien — a donc joué ces parties comme des intermèdes instrumentaux, ce qui a affaibli davantage la mise en scène déjà rudimentaire d’Aria Umezawa.

À la place, les blessés et le personnel de l’hôpital font irruption dans l’atelier du ténor-sculpteur sans autre justification que de pouvoir être sur scène pour chanter l’air final L’Amour triomphe après avoir entendu l’annonce de l’armistice à la radio.

Malheureusement, à l’époque, la radio était au stade expérimental; les stations radiophoniques diffusant des émissions et des nouvelles ne sont apparues que bien après la fin de la Première Guerre mondiale.

Cet anachronisme est évidemment un détail dans le grand projet des autorités de célébrer le centième anniversaire du déclenchement (et non la fin) de ce conflit qui fut — apprend-on ici — une merveilleuse occasion de faire triompher l’amour…

Grâce à l’université McGill, on sort de cette production presque heureux du déclenchement de cette guerre qui a fait neuf millions de morts et environ huit millions d’invalides.

Conclusion

À Montréal, la représentation d’opéras baroques est une entreprise inhabituelle qui mérite d’être encouragée. En dépit d’une première désastreuse pour l’opéra de John Blow (qui, espérons-le, s’améliorera dans les représentations subséquentes), la performance des quatre solistes et des autres jeunes chanteurs dans l’opéra de Rameau vaut à elle seule le prix des billets (25$ seulement).

Si un jour, un de ces chanteurs devait accéder à la célébrité (ce qui est bien possible), vous pourrez vous vanter d’avoir assisté à leurs premiers pas sur la scène montréalaise.

Détails techniques : Appareil Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8
1re photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 800 — 12 mm
2e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 400 — 17 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel