La prise en charge du patient Trump par le vétérinaire Trudeau

26 janvier 2024

L’Équipe Canada

En novembre prochain, Donald Trump pourrait de nouveau être élu président des États-Unis.

Face aux inquiétudes exprimées à ce sujet, Justin Trudeau se montre rassurant : « M. Trump représente une certaine… euh… incertitude. On ne sait pas exactement ce qu’il va amener. Mais comme on a su le faire [lors de la renégociation de l’Aléna], on a su bien gérer M. Trump en défendant les intérêts canadiens et en démontrant qu’on peut créer de la croissance économique des deux côtés de la frontière.»

Le premier ministre annonce donc la création d’une ‘Équipe Canada’ qui sera composée principalement de ministres et de fonctionnaires qui ont joué un rôle important dans la renégociation de l’accord de libre-échange avec les États-Unis.

Puisque tous les gains de cette nouvelle mouture (l’ACEUM), en comparaison avec l’ancienne (l’ALÉNA), ont été à l’avantage des États-Unis, les négociateurs canadiens ont bien tenté de faire passer leur défaite pour une victoire : « Ç’aurait pu être pire.»

Ce qui, à mes oreilles, ne sonne pas comme un triomphe. On dirait plutôt un échec… pas si pire… dans le fond.

Le problème

Sur toutes les tribunes, Donald Trump ne cache pas son intention d’abattre son bras vengeur sur ses ennemis.

Pendant ce temps, Justin Trudeau fanfaronne en se présentant comme celui qui sait comment ‘dégriffer’ Donald Trump.

C’est la dernière chose à dire.

Tout le monde sait que Donald Trump déteste Justin Trudeau; à titre de coq du poulailler nord-américain, le magnat immobilier le déteste personnellement. Et en retour, Trudeau méprise l’ancien président américain.

Nous faire croire qu’il est le mieux placé pour pallier l’incertitude trumpienne demande un acte de foi que partagent de moins en moins de Canadiens.

En dépit de ses qualités personnelles, Justin Trudeau n’est plus l’homme de la situation.

Une obligation de réserve

Un des tout premiers devoirs d’un premier ministre canadien, c’est de bien s’entendre avec son vis-à-vis américain puisque son pays est notre principal marché d’exportation.

À l’interne, le Canada peut se distinguer de son puissant voisin par ses mesures sociales, ses lois limitant la possession d’armes, etc.

Le prix de cette indépendance, c’est notre soumission totale aux positions américaines sur la scène internationale. En d’autres mots, sur les tribunes desquelles s’adresse le premier ministre du Canada, celui-ci doit être le perroquet du président américain.

On ne lui demande pas de penser ce qu’il dit, mais simplement de dire la même chose… à voix basse si cela le gène. Il est payé pour ça.

D’ici les élections présidentielles américaines (prévues pour novembre prochain), le premier ministre canadien aurait intérêt à présenter des offrandes au Ciel pour que Donald Trump soit soudainement frappé d’amnésie.

Sinon, il risque de regretter l’imprudence de ses fanfaronnades…

Références :
Donald Trump représente une «certaine incertitude» pour le Canada, dit Trudeau
Enjeux agricoles : « La pilule d’avoir servi de monnaie d’échange n’est pas passée »
La Barbade dit adieu à la couronne britannique et devient une république
Une « Équipe Canada » renouvelée pour préparer le pays en vue des élections américaines

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’Empêchement du 45e président américain

11 janvier 2021

Nature de l’impeachment

En raison d’une nouvelle procédure intentée contre lui, Donald Trump pourrait bientôt devenir le premier président américain impeached une deuxième fois.

Toutefois, puisque la procédure d’impeachment est souvent traduite par ‘procédure de destitution’, on se demande comment Donald Trump peut encore être en fonction s’il a déjà été destitué.

L’impeachment se trouve dans le droit de quelques pays, dont le Brésil, la Corée du Sud, l’Inde, l’Irlande, les Philippines, et la Russie. Mais il n’a pas d’équivalent au Canada.

En deux mots, la procédure d’impeachment est un procès politique. L’accusé peut être le président, son vice-président, ou un de ses ministres (c’est-à-dire un membre du cabinet présidentiel). Ce peut être également un juge fédéral.

Ce procès politique se déroule en trois étapes.

Pour bien comprendre ce qui va suivre, précisons que le parlement américain est de type bicaméral. Cela signifie que son assemblée législative (le Congrès) est composée de deux chambres; la Chambre des représentants et le Sénat.

La première étape de ce procès est la mise en accusation par la Chambre des représentants. Au sens le plus strict du terme, l’impeachment est le nom porté par cette première étape. Voilà pourquoi on dit que Trump pourrait être impeached une deuxième fois.

La deuxième étape est le procès proprement dit devant le Sénat. Et la dernière étape est la sanction imposée par lui.

1re étape : la mise en accusation

Lorsqu’il n’est pas urgent, ce procès politique débute par une enquête préliminaire menée par le Comité judiciaire de la Chambre des représentants.

Dans ce cas-ci, l’évidence des faits reprochés à Trump et l’urgence d’agir font que cette étape a été sautée.

On procèdera donc demain au dépôt de sa mise en accusation à la Chambre des représentants. C’est à majorité simple que les députés de cette chambre l’adopteront ou la rejetteront.

2e étape : le procès

Après l’adoption de la mise en accusation par la Chambre des représentants, le procès proprement dit débute au Sénat.

Il est dirigé par le juge en chef de la Cour suprême des États-Unis. L’accusé peut être entendu et/ou se faire représenter par des avocats.

Pour condamner l’accusé, les deux tiers des sénateurs doivent se prononcer en faveur d’un verdict de culpabilité.

Et puisque nous ne sommes pas en droit criminel, la poursuite n’a pas besoin de présenter une preuve hors de tout doute raisonnable; une prépondérance de preuve suffit.

Rappelons que la première procédure d’impeachment de Trump s’est déroulée de septembre 2019 à février 2020. À l’issue de celle-ci, le Sénat, contrôlé par des élus républicains, avait refusé de condamner le président, contrairement à la Chambre des représentants.

C’est donc à dire que Donald Trump est le premier président contre lequel on a entamé deux procédures d’impeachment. Et c’est le premier qui sera impeached une deuxième fois par la Chambre des représentants.

Mais jusqu’ici, Trump n’a jamais été condamné par le Congrès puisque le Sénat ne l’a pas reconnu coupable à la suite de sa première mise en accusation. Voilà pourquoi il est encore en fonction.

3e étape : la sanction

Lorsque l’accusé est reconnu coupable par le Sénat, il y a deux sanctions possibles : la destitution ou la disqualification.

La destitution est immédiate.

Quant à la disqualification, c’est l’inaptitude permanente à occuper n’importe quelle fonction au sein de l’État fédéral.

Impeachment pourrait donc se traduire par ‘Empêchement’; l’empêchement de continuer à occuper une fonction spécifique ou l’empêchement d’être élu ou nommé à une fonction qu’on n’a jamais occupée.

C’est le Sénat seul qui décide de la sanction, à majorité simple.

Puisqu’il doit quitter son poste dans quelques jours, à quoi ça sert de destituer Donald Trump ?

En le menaçant d’une destitution, les élus démocrates veulent le motiver à démissionner de lui-même dans les plus brefs.

Sinon le nouveau Sénat (contrôlé par les élus démocrates) pourrait le condamner à ne plus pouvoir se présenter à la présidence. Et lui faire perdre automatiquement sa pension présidentielle et la protection des services secrets.

Références :
Impeachment
Impeachment (États-Unis)
Procédure de destitution de Donald Trump

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La secte

24 novembre 2020

Introduction

Peut-on imaginer qu’environ 900 Américains se soient suicidés au cyanure le 18 novembre 1978 à la demande de leur maitre à penser ?

Avant les attentats du 11 septembre 2001, la tragédie du Temple du Peuple fut en effet la plus grande perte de civils américains en une seule occasion.

Ici même au Québec, de 1977 à 1989, Roch Thériault (alias Moïse) dirigea une secte de douze adultes qui consentirent à sa tyrannie.

Un enfant de trois ans décéda à la suite d’une circoncision bâclée. Une de ses épouses fut amputée à froid d’une main. Il émascula un de ses disciples pour le punir. Et il retira une partie de l’intestin d’une autre épouse (qui en mourut le lendemain).

L’Ordre du Temple solaire fut une autre secte qui fit en tout 74 victimes à l’occasion de plusieurs suicides collectifs en Suisse, en France et au Québec au milieu des années 1990.

La plus puissante et la plus dangereuse secte de toute l’histoire de l’Humanité a cours actuellement; c’est celle que Donald Trump a créée à partir du Parti républicain.

Cette secte compte des dizaines de millions de fidèles abonnés à ses prêches sur Twitter.

La colère d’un dieu déchu

Ce n’est jamais une bonne idée d’élire un sociopathe à la tête d’un État : c’est ce que les Américains sont en train de découvrir ces jours-ci.

Ce à quoi ils assistent, c’est à la contrariété de leur président sortant, un président qui vient de subir la plus humiliante défaite de sa vie; le peuple de son pays vient de le congédier de la Maison-Blanche après quatre ans d’un règne chaotique.

Comme beaucoup de dirigeants de secte, Donald Trump est un escroc. Un escroc qui ne peut souffrir le rejet. Ce qui lui rappelle le souvenir douloureux d’une mère qui ne s’est jamais attachée à ce bambin détestable, lâche et pleurnichard.

Depuis l’affront qu’il vient de subir, Donald Trump ne s’intéresse plus aux affaires de l’État. Il joue au golf, congédie les traitres et songe à une guerre à la hauteur de sa colère.

Les deux prochains mois seront donc parmi les plus dangereux non seulement pour le peuple américain, mais pour nous tous.

La carte du trumpisme

Aux dernières élections présidentielles, les 51,0 % des électeurs qui ont voté pour Biden peuplent les 477 comtés (essentiellement urbains) où se crée 71 % de la richesse du pays.

Par contre, les 47,1 % qui ont voté pour Trump habitent 2 497 comtés (principalement ruraux) qui en recueillent les miettes, soit 29 %.

La carte géographique du trumpisme suit la répartition des régions rurales dispersées un peu partout dans le pays.

Ces trumpiens se sentent dépossédés. Une dépossession lente et inexorable qui s’accompagne d’un sentiment d’impuissance.

Non seulement ces gens ont-ils des difficultés croissantes à joindre les deux bouts mais, symboliquement, ils croient également que leur pays est en train de tomber entre les mains de personnes qui ne sont pas de ‘vrais’ Américains.

Pour eux, les ‘vrais’ Américains, ce sont ces millions de parents qui, comme eux, travaillent fort, mais dont les revenus stagnent depuis des décennies.

Alors que d’autres — à la couleur de peau et à l’accent différents — mènent la belle vie, croient-ils, dans les riches régions côtières du pays.

Pour ces trumpistes peu fortunés, leur histoire personnelle se confond avec le sort de tout le pays.

De 2010 à 2019, il s’est créé seize-millions d’emplois aux États-Unis. Mais seulement 0,3 % de ces postes pouvaient être occupés par ceux qui, à 16 ans, avaient déjà quitté l’école. Or dans les régions pauvres de l’Amérique profonde, il n’est pas rare qu’on abandonne l’école pour aider la ferme familiale qui manque de main-d’œuvre.

De plus, il y a ces jeunes adultes qui sont revenus d’université avec un diplôme qui s’est avéré inutile dans le coin de pays ingrat où ils sont nés et où ils ont choisi d’habiter.

Ils acceptent donc des petits boulots qui leur assurent des revenus à peine supérieurs à ce dont ils ont besoin pour rembourser l’immense dette qu’ils ont contractée au cours de leurs études universitaires.

Ces gens-là sont les laissés-pour-compte des gouvernements qui, à Washington, signent des traités de libre-échange dont l’effet le plus visible est la délocalisation et la fermeture des entreprises situées dans leur coin de pays.

Ces gens fomentaient une colère depuis longtemps.

Le messie

Arrive Donald Trump. Celui-ci ajoute à l’électorat républicain conservateur et traditionnel, tous ces travailleurs Blancs négligés et abandonnés à qui il promet la prospérité et la fierté d’antan.

Ces gens ont tellement soif d’espoir qu’ils le croient sans hésiter.

L’acte de naissance du trumpisme est la création du lien contre nature entre un mythomane nombriliste et des millions de dévots liés à lui par une dépendance émotive.

Il serait facile de considérer les adorateurs de Trump comme des imbéciles. En réalité, ce sont des victimes.

Depuis des années, Donald Trump abuse de la confiance de ces gens. Ceux-ci croient tout ce qu’il dit non pas parce que cela est objectivement vrai, mais parce que cette croyance leur est émotionnellement nécessaire.

Oubliez donc l’idée que le Parti démocrate est le parti des travailleurs et le Parti républicain, celui des riches.

Le mérite de Trump, c’est d’avoir rallié ces travailleurs à ce mirage de prospérité qui recule à chaque pas qu’on fait pour s’en approcher et d’avoir maintenu vivant l’espoir d’y arriver.

L’avenir du trumpisme

On aurait tort de penser que le trumpisme disparaitra avec la défaite électorale du président sortant. Les trumpistes étaient déjà en attente de jours meilleurs. Le magnat immobilier s’est simplement présenté comme le messie venu les sortir de la misère.

Donald Trump est un homme intelligent. Mais ce n’est pas un idéologue. Il n’a pas le vocabulaire qu’il lui faudrait pour développer une pensée sophistiquée.

Il se contente de promettre des jours meilleurs et de se féliciter pour de grandes réalisations fictives.

En somme, le trumpisme est une coquille vide. À la rhétorique simpliste du 45e président américain (symbolisé ci-contre) s’ajoutent les idéologies racistes de l’Extrême-droite américaine et les théories complotistes du mouvement QAnon que Trump sanctifie plus ou moins explicitement dans ses gazouillis.

Tout comme le christianisme et la religion musulmane ont survécu à la disparition de leurs créateurs, le trumpisme survivra au président actuel des États-Unis parce qu’il répond à un besoin.

Références :
Donald Trump has lost the election – yet Trumpland is here to stay
Les deux États-Unis d’Amérique
L’inculture de Donald Trump
Ordre du Temple solaire
QAnon
Roch Thériault
Roch «Moïse» Thériault assassiné en prison
Temple du Peuple

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’inculture de Donald Trump

16 août 2020

Indépendamment de leur contenu, ce qui m’a toujours frappé dans les gazouillis de Donald Trump, c’est qu’ils sont écrits dans une langue simple, que tous peuvent comprendre.

Pour un politicien, pouvoir communiquer efficacement est une qualité.

En prévision de la campagne présidentielle de novembre prochain, je me suis abonné à CNN, une chaine américaine d’information en continu.

Après avoir entendu intégralement plusieurs conférences de presse de Trump, je me suis rendu compte que ce gars-là n’a pas de vocabulaire.

On croirait que le seul bouquin qu’il a ouvert de toute sa vie est un annuaire téléphonique…

D’où le contraste entre ces textes écrits par d’autres (qu’il lit d’un ton monotone) et ses digressions où il revient au niveau de langage d’un enfant de huit ans.

S’il semble s’ennuyer aux réunions des épidémiologistes qui lui prodiguent (en vain) leurs précieux conseils, c’est probablement parce qu’il ne comprend pas les mots que ces savants utilisent. Et lorsque vient le temps de résumer ce qu’il a entendu, c’est n’importe quoi parce qu’il a compris de travers.

L’analyse des trente-mille premiers mots utilisés par Trump à partir de son entrée en fonction révèle que celui-ci parle au niveau des écoliers de la troisième à la septième année du primaire.

L’étude a porté sur ses entrevues, ses discours, et ses conférences de presse.

À partir de la complexité lexicale, de la diversité du vocabulaire et du niveau apparent de compréhension, les chercheurs ont créé un indice qui permet de comparer les présidents américains entre eux.

Trump obtient le résultat le plus bas de tous les présidents américains depuis 1929 :
• 11,3 : Herbert Hoover (1929-33)
• 10,7 : Jimmy Carter (1977-81)
•   9,7 : Barack Obama (2009-17)
•   9,4 : Gerald Ford (1974-77)
•   9,4 : Dwight-D. Eisenhower (1953-61)
•   9,4 : Richard Nixon (1969-74)
•   9,3 : Bill Clinton (1993-2001)
•   8,8 : John-Fitzgerald Kennedy (1961-63)
•   8,0 : Ronald Reagan (1981-89)
•   7,6 : Lyndon-B. Johnson (1963-69)
•   7,4 : Frank-Delano Roosevelt (1933-45)
•   7,4 : George-W. Bush, fils (2001-09)
•   6,7 : George-HW. Bush, père (1989-93)
•   5,9 : Harry-S. Truman (1945-53)
•   4,6 : Donald Trump (2017-…)

Références :
Trump Speaks At Fourth-Grade Level, Lowest Of Last 15 U.S. Presidents, New Analysis Finds
Trump speaks at level of 8-year-old, new analysis finds

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : la course au vaccin

16 mars 2020

Introduction

Tous les jours, des milliers de bactéries tentent d’envahir notre corps, principalement par nos muqueuses. Dans l’immense majorité des cas, nos anticorps non spécifiques réussissent à les détruire et à nous protéger d’une infection.

Cela n’est pas vrai des virus; il suffit d’un nombre beaucoup plus faible de copies d’un virus pour que nous tombions malades.

Le virus Ebola est un exemple de ces virus extrêmement contagieux.

Après l’exposition à un virus, les seules manières d’éviter d’être infecté, c’est par le biais de la vaccination ou par une immunité spécifique acquise à la suite d’une exposition antérieure au même virus.

Sur la quarantaine de coronavirus connus, l’immense majorité d’entre eux sont incapables de se développer chez l’humain.

Sept le peuvent. Quatre font partie du groupe hétéroclite des virus responsables d’infections respiratoires bénignes; on estime que de 15 à 30 % des rhumes banals sont causés par un coronavirus.

Mais trois coronavirus peuvent causer de graves épidémies : le virus du SRAS, celui du SRMO et le tout dernier, le Covid-19.

La recherche d’un vaccin anti-SRAS

Commun chez la chauvesouris, le virus du SRAS s’est propagé à l’humain par le biais d’un carnivore qui a servi d’intermédiaire : la civette palmiste masquée.

Le SRAS a causé une pandémie en 2003.

Mais comme les virus ont un mécanisme de réplication grossier, il a muté tout en se propageant d’un humain à l’autre jusqu’au moment où il devenait inoffensif pour nous.

Voilà pourquoi on ne l’a plus revu depuis.

Et les compagnies pharmaceutiques qui avaient investi des sommes importantes pour mettre au point un vaccin contre lui ont abandonné leurs recherches quand elles ont réalisé que plus personne n’en avait besoin.

La recherche d’un vaccin anti-SRMO

Le virus du SRMO est plus récent. Il est apparu au Moyen-Orient en 2012. Il se propage à l’humain à partir du chameau.

Il aurait disparu depuis longtemps si on avait résolu d’abattre les bêtes qui en sont atteintes.

Conséquemment, il circule lentement dans cette partie du monde depuis sa découverte.

En raison de la richesse des pétromonarchies et leur absence d’infrastructure scientifique, certains laboratoires occidentaux travaillaient à la mise au point d’un vaccin anti-SRMO quand soudainement le Covid-19 est apparu.

La recherche d’un vaccin contre le Covid-19

Découvrir un vaccin contre un nouveau virus peut prendre des années. Pensez au SIDA; on attend toujours.

Les compagnies qui avaient trouvé des approches prometteuses contre le virus du SRMO ont toutes décidé de réorienter leurs recherches contre le Covid-19.

Leur longueur d’avance s’est soudainement réduite lorsque la Chine a pris tout le monde par surprise en publiant la séquence génétique du virus le 11 janvier dernier, soit seulement deux mois après la découverte des premiers cas d’infection humaine.

Ceux qui voient encore la Chine comme un pays arriéré qui ne fait que copier des brevets occidentaux doivent réaliser qu’en 2011, sur les 2 140 000 millions d’inventions dans le monde, 526 412 venaient de Chine, soit 24,6 % (en comparaison avec 23,5 % de provenance américaine).

En 2015, le nombre de brevets chinois était même supérieur au total des brevets américains, japonais, coréens et européens.

Grâce à la publication du génome, des virologues allemands produisaient le premier test de diagnostic une semaine plus tard.

Ces bonds en avant accélèrent la découverte d’un vaccin. Environ trente-cinq compagnies et institutions académiques se ruent présentement pour le découvrir. Prix Nobel garanti.

Les tests cliniques préliminaires débuteront le mois prochain.

Normalement, la mise au point d’un vaccin prendrait plus d’un an.

Mais au printemps 2018, Donald Trump a dissout l’unité chargée de la santé globale au National Security Council, et son équivalent au Department of Homeland Security.

De plus, l’amputation du financement des Centers for Disease Control and Prevention (réduisant leurs activités de détection de 80 %), la fin du programme USAID’s Predict (permettant de freiner la transmission des virus), et les 44 % d’Américains qui renoncent à consulter un médecin parce qu’ils n’en ont pas les moyens, sont autant de raisons qui incitent à anticiper une catastrophe sanitaire aux États-Unis.

À chaque saison de la grippe, 70 à 150 millions d’Américains l’attrapent. Avec un taux de mortalité de 3,6 % (36 fois plus que la grippe), l’épidémie de Covid-19 aux États-Unis pourrait faire plus de 2,5 millions de morts…

Dans son édition de dimanche, le quotidien allemand Die Welt rapporte que Donald Trump aurait offert un milliard de dollars à la pharmaceutique CureVac afin qu’elle ne distribue qu’aux États-Unis le vaccin anti-Covid-19 qu’elle finaliserait d’ici quelques mois (selon son site web).

Outré, le ministre allemand de l’Économie a déclaré ce matin que l’Allemagne n’est pas à vendre.

Un vaccin commercialisé à toute vitesse permettrait à Donald Trump de se présenter aux élections présidentielles en sauveur de la nation américaine.

Souhaitons-lui bonne chance et espérons que ce vaccin approuvé à la hâte pour servir ses intérêts ne soit pas un autre 737 MAX…

Références :
Aux Etats-Unis, la pénurie de tests pour le Covid-19 vire au scandale
Chine ou États-Unis, lequel est plus dangereux ?
Coronavirus
Coronavirus: anger in Germany at report Trump seeking exclusive vaccine deal
COVID-19 Germany: Country holds crisis talks after U.S. reportedly tries to poach vaccine
La bonne question
Trump déclare l’état d’urgence aux États-Unis
When will a coronavirus vaccine be ready?

Parus depuis :
Premier essai clinique d’un vaccin contre le coronavirus (2020-03-16)
COVID-19 : l’immunité « diminue assez rapidement », selon une étude (2020-10-27)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Talibans et Trump, des iconoclastes modernes

6 janvier 2020

Peu après avoir jeté les troupes russes hors d’Afghanistan, les nouveaux maitres du pays (les Talibans) avaient résolu de purger le pays des traces de son passé pré-islamique.

Leur dynamitage en mars 2001 des trois Bouddhas de Bâmiyân (sculptées entre le IIIe et le VIIe siècle) a suscité une réprobation planétaire.

Indignée, Washington se drapait alors de la parure vertueuse du défenseur de la Civilisation.

Mais deux décennies plus tard, la barbarie a changé de camp et contamine maintenant les plus hauts sommets de l’État le plus puissant du monde.

Pour venger la simple humiliation subie par les États-Unis lors de la Crise des otages américains en Iran en 1981 —  au cours de laquelle 52 Américains furent otages de ravisseurs Iraniens (sans y perdre la vie) — Donald Trump a menacé de détruire 52 sites ayant une grande importance culturelle aux yeux des Iraniens.

Pour avoir une idée de ce que Trump menace de détruire, on cliquera sur ceci.

Soyons optimistes et parions que tout ceci n’est que du bluff.

Toutefois, on peut s’inquiéter du fait que la pensée de détruire de tels trésors ait traversé l’esprit d’un des chefs d’État les plus belliqueux de l’Histoire moderne (pourtant riche à ce sujet).

Et on peut craindre encore plus de le voir se glorifier de posséder le pouvoir de les anéantir.

Comme dans ce film de Chaplin où un chef d’État grisé par sa puissance s’amuse avec un globe terrestre qu’il traite comme un ballon de plage…

Si j’étais Américain, je serais humilié de voir que la moitié de mon peuple ait porté au pouvoir quelqu’un dont personne ne peut garantir qu’il est sain d’esprit (pensez à sa volonté d’acheter le Groenland) ou qu’il possède la maturité nécessaire à la fonction qu’il occupe (dans ce cas-ci).

On ne peut promouvoir la démocratie américaine quand celle-ci donne de si pitoyables résultats.

Références :
Bouddhas de Bâmiyân
Crise des otages américains en Iran
Donald Trump’s belligerent threats to Iran’s cultural sites are grotesque
Trump menace de frapper 52 sites en Iran

Paru depuis :
Menaces contre les sites patrimoniaux iraniens: Donald Trump isolé (2020-01-07)
Ispahan brûle-t-il? (2020-01-11)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Acheter le Canada plutôt que le Groenland

23 août 2019

Selon le premier ministre Justin Trudeau, le Canada est un pays ‘post-national’.

Un pays ‘post-national’ se définit comme un pays qui ne mérite pas d’exister.

En effet, qu’est-ce qui distingue le Canadien moyen de l’Américain-type ?

Les deux ont comme mets préférés l’hamburger et la pizza. Les deux boivent surtout de la bière ou du Coca-Cola. Portent les mêmes vêtements griffés de marques américaines. Voient principalement des films et des émissions de télé américaines. Écoutent de la musique américaine. Aiment les mêmes sports. S’intéressent aux mêmes potins concernant des vedettes américaines. Rêvent de visiter Disneyland. Et partagent la même détestation des pays jugés hostiles par la propagande américaine.

Et nos deux pays sont nés de la même dépossession des Autochtones et leur assimilation culturelle, à défaut d’avoir réussi à les exterminer.

Autrefois, la seule distinction, c’est que les Canadiens anglais étaient attachés à la monarchie britannique.

Mais depuis que l’aristocratie anglaise s’est pipolisée, plus d’Américains que de Canadiens se passionnent pour les potins la concernant.

L’achat du Canada par Trump mettrait fin aux tarifs douaniers que ce dernier impose à nos entreprises. Notre niveau de vie rejoindrait celui des Américains. Aux dernières élections américaines, Hilary Clinton aurait peut-être été élue.

Et cette fusion serait facilitée par le fait que les négociations canadiennes seraient dirigées par Chrystina Freeland, notre capitulatrice en chef, que Trump connait bien.

Malheureusement, le Canada coute beaucoup plus cher que le Groenland… pour l’instant.

Mais il suffirait d’une bonne guerre commerciale et plus précisément de l’imposition de tarifs douaniers excessifs, pour que l’économie canadienne — presque totalement dépendante d’exportations vers les États-Unis — s’écroule et que la valeur du pays s’effondre.

À part Montréal avec son stade olympique et Toronto avec sa tour du CN, presque toutes les villes canadiennes n’ont pas de monument emblématique.

Il suffirait d’une magnifique ‘Trump Tower’ dorée dans chacune des villes du pays pour faire la fierté des citoyens chacune d’entre elles et solidariser nos peuples à la valeur de l’argent.

Le Canada et les États-Unis sont déjà des États pétroliers dont les économies énergivores sont presque identiques. Ce qui favorise leur intégration.

Évidemment, cela rendrait encore plus justifiée l’indépendance du Québec puisque nous n’aurions plus grand-chose en commun avec la grande Amérique anglo-saxonne dont nous sommes déjà la presqu’ile.

Même pour le Canada, cela serait positif : il échangerait le Québec pour les États-Unis.

Quelle offre irrésistible !

Référence :
Le Danemark abasourdi après l’annulation d’une visite de Trump à cause du Groenland

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les États-Unis et la Corée du Nord

2 décembre 2017

Introduction

Depuis avril 2017, le président Trump est engagé dans une guerre de mots avec les dirigeants de la Corée du Nord, menaçant ce pays (ou ses dirigeants) d’anéantissement.

Mais après sept mois d’insultes et de menaces réciproques, on peut s’interroger sur l’imminence d’un conflit armé entre leurs deux pays.

Dangerosité de la Corée du Nord

• Les armes nucléaires

En 1980, la Corée du Nord entamait un programme destiné à se doter de l’arme nucléaire. Toutefois, en 1985, ce pays signe le Traité de non-prolifération des armes nucléaires.

Entre l’adhésion de la Corée du Nord et son retrait du traité en 2003, les États-Unis n’ont pas cessé de reprocher à ce pays de ne pas respecter sa parole.

D’autre part, la Corée du Nord blâmait les États-Unis de confondre ses installations nucléaires civiles avec des installations militaires.

Selon la CIA World Factbook, la production électrique en Corée du Nord serait à 55% de l’hydroélectricité; le reste proviendrait d’énergies fossiles (probablement du charbon). Selon l’agence américaine, rien ne serait produit à partir de centrales nucléaires.

En avril 2002, G.W. Bush accuse l’Irak, de même que l’Iran et la Corée du Nord, de faire partie de l’Axe du Mal.

En janvier 2003, alors que les États-Unis sont en train de déployer leur armada en vue de la Guerre d’Irak (qui sera déclenchée officiellement en mars), la Corée du Nord se retire du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, convaincue de subir bientôt le même sort.

C’est en octobre 2006 que la Corée du Nord procède à son premier essai nucléaire souterrain. L’expérience fut répétée en 2009, en 2013, en 2016 et en 2017.

En supposant que la Corée du Nord ait effectivement poursuivi secrètement son programme nucléaire de 1985 à 2003, on peut affirmer rétroactivement qu’elle y a mis les bouchées doubles entre 2003 et 2006.

• Les ogives balistiques

Posséder l’arme nucléaire est une chose. Être capable de frapper un pays lointain avec cette arme, c’est autre chose.

Depuis trente ans, la Corée du Nord procède à des tirs balistiques. Mais la fréquence de ces essais — autrefois espacés de plusieurs années — s’est considérablement accélérée depuis 2016.

Jusqu’à maintenant, la plupart des missiles effectuaient une trajectoire en cloche, allongée vers le ciel, puisque tirés presque à la verticale.

L’an dernier, sur neuf tentatives, une seule a réussi. À l’époque, la Corée du Nord propulsait ses missiles à l’aide du moteur 4D10.

En raison de cet échec, le pays s’est tourné vers le moteur Paektusan, utilisé originellement pour lancer des fusées. Et c’est là que tout débloque.

Depuis le début de 2017, la Corée du Nord a procédé à dix-sept tirs dont celui du 29 aout qui, pour la première fois, a survolé le territoire japonais.

Selon les experts, la Corée du Nord aurait développé à ce jour deux modèles de missiles balistiques basés sur le moteur Paektusan.

Un exemplaire du modèle de portée moyenne a survolé le Japon et a atteint une altitude de 550 km.

Mais elle mettrait également au point un missile intercontinental d’une portée de 10 000 km. Celui-ci serait capable d’atteindre une altitude légèrement supérieure à mille kilomètres.

Le missile tiré le 29 novembre 2017 nous en donne un aperçu. Tiré à la verticale, il aurait atteint une altitude de 4 475 km, soit bien au-delà de ce qui est nécessaire pour frapper les États-Unis. Après un vol de 53 minutes, il se serait abimé dans les eaux territoriales du Japon, à 950 km de son site de lancement.

Pour finaliser ses projets, la Corée devrait mettre au point des matériaux composites capables de résister aux températures de 7 000 à 8 000°C, typiques de la rentrée dans l’atmosphère.

Puis la question restera de savoir si les missiles coréens sont capables de transporter sur de longues distances le poids élevé d’ogives nucléaires.

Retour sur la crise des missiles cubains

Missiles russes à La Havane

En 1982, les États-Unis découvrent que l’URSS installe secrètement des missiles à tête nucléaire sur l’ile de Cuba.

Même si Cuba est libre de se doter des moyens défensifs qu’il juge appropriés, le déploiement de missiles à seulement 150 km des côtes américaines est jugé totalement inacceptable par les États-Unis.

Ces missiles sont tellement proches que leurs tirs ne peuvent pas être détectés suffisamment d’avance (par les moyens du temps) pour garantir une riposte.

Le 16 octobre 1962, de son propre chef, le président John-F. Kennedy ordonne un blocus naval autour de l’ile.

Les États-Unis menacent de détruire tout navire soviétique qui tenterait de ravitailler Cuba en armement.

Douze jours plus tard, une troisième guerre mondiale est évitée de peu lorsque les sous-marins et navires soviétiques rebroussent chemin et que l’URSS et les États-Unis s’entendent.

Le laisser-faire américain envers la Corée du Nord

La Corée du Nord n’est pas une ile. Conséquemment, les États-Unis ne peuvent pas lui imposer un blocus maritime et terrestre que si la Chine et la Russie, voisins de la Corée du Nord, y consentent. Ce qui n’est pas le cas.

Mais les États-Unis auraient pu abattre les missiles tirés par la Corée du Nord, l’empêchant de développer son expertise.

Pourquoi ne l’ont-ils pas fait ?

Le droit international

Lorsqu’un missile coréen pénètre dans l’espace aérien japonais, ce missile peut être abattu. Toutefois, si ce missile effectue une trajectoire exclusivement au-dessus de la Corée du Nord, puis au-dessus d’eaux internationales (la mer du Japon), n’y a-t-il pas danger que cela puisse être un Casus belli, c’est-à-dire un motif suffisant pour déclarer la guerre ?

La Corée du Nord ne peut pas déclarer la guerre aux États-Unis. Pourquoi ? Parce que ces deux pays le sont déjà officiellement depuis six décennies.

Déclarée en 1950, la guerre de Corée s’est terminée par un armistice. Mais aucun traité de paix n’a été signé. On a simplement convenu en 1953 de cesser de se battre.

Le risque d’échec

Si les États-Unis échouent à abattre un ou plusieurs missiles coréens, n’y a-t-il pas danger que cela mine la réputation d’excellence de la technologie militaire américaine ?

Oui, en effet.

Mais vaut-il mieux attendre que la Corée du Nord frappe le territoire des États-Unis pour découvrir que les missiles sol-air américains ne sont pas aussi fiables qu’on pense ?

Les missiles coréens sont une occasion en or pour tester et améliorer la fiabilité de l’armement américain dans des conditions réelles de combat.

Les raisons probables de l’inaction américaine

Vendre de l’armement

Avant l’intervention directe de la Russie en Syrie à l’automne 2015, la stratégie américaine dans ce pays était d’arrêter l’expansion territoriale de l’État islamique et, une fois cela fait, de maintenir sa dangerosité afin de susciter l’inquiétude des pays voisins et de les motiver à acheter de l’armement américain.

Voilà pourquoi seulement 2% des frappes américaines visaient les champs pétrolifères de l’ÉI, sa principale source de revenu à l’époque.

Cette fois-ci, Trump provoque le pitbull coréen. Par ses gazouillis, il fait augmenter la tension dans cette partie du monde. Et sa surenchère verbale fait qu’en Corée du Sud comme au Japon, les populations s’inquiètent. Les parlementaires se demandent s’ils sont suffisamment protégés.

Les États-Unis vendent assez librement de l’armement aux pays amis. Mais ils imposent des restrictions sur l’exportation de certains types d’armes sophistiquées.

Le 5 septembre dernier, le président Trump autorisait la Corée du Sud et le Japon à accroître substantiellement leurs achats de matériel militaire sophistiqué.

De plus, au cours de sa tournée asiatique le mois dernier, le président Trump a souligné que la Corée du Sud et le Japon devaient assumer davantage leur propre défense et compter moins sur la protection américaine.

Le bouclier antimissile

Depuis plus d’une décennie, les États-Unis consacrent environ neuf-milliards$ annuellement pour le déploiement d’un système de défense antimissile comprenant des radars et des missiles sol-air.

Le complexe militaro-industriel américain croit qu’un pays aussi riche que les États-Unis pourrait dépenser davantage.

Afin de surmonter les réticences de nombreux membres du Congrès qui croient qu’une augmentation des budgets n’est pas nécessaire, le président américain fait campagne — gratuitement grâce à Twitter — en faveur de l’augmentation des budgets de la défense.

Conclusion

Dans un pays où les industriels maximisent leurs profits en déménageant leur production vers des pays où la main-d’œuvre est moins dispendieuse, le complexe militaro-industriel est le seul dont les entreprises ne procèdent jamais à des délocalisations.

Pour des raisons stratégiques, il est interdit de faire fabriquer à l’Étranger du matériel militaire de pointe.

Puisque tout le reste fout le camp, ce complexe occupe une importance croissance dans l’économie américaine.

Or, justement, ce complexe est un cancer. Afin de maintenir les emplois, il lui faut toujours de nouvelles guerres ou, à défaut, de nouvelles menaces de conflits armés qui stimulent les ventes.

Tout comme leur appui aux Talibans en Afghanistan avant les attentats de New York, les États-Unis ont choisi de laisser la Corée du Nord acquérir des technologies de plus en plus menaçantes.

Ce laisser-faire est un pari. Le pari que les dirigeants américains pourront y mettre fin quand bon leur semblera.

Si le président américain se préparait vraiment à la guerre, les États-Unis déplaceraient une colossale armada vers cette partie du monde.

Mais depuis sept mois, seuls les redoutables gazouillis présidentiels frappent sans relâche la Corée du Nord. Quand, épuisée, finira-t-elle par capituler ?

C’est à suivre…

Références :
Abattre un missile nord-coréen ? Une option risquée pour les Etats-Unis
Armes nucléaires en Corée du Nord
Axe du Mal
Corée du Nord : le dernier tir de missile balistique en six questions
Corée du Nord : jusqu’où peuvent aller les missiles de Pyongyang ?
Crise des missiles de Cuba
Crise des missiles nord-coréens de juillet 2006
Crise des missiles nord-coréens de 2013
Guerre d’Irak
Le coup de bluff de Trump avec la Corée du Nord
National missile defense
North Korea
Politique du rayon de soleil
Programme balistique nord-coréen : «Je suis bluffé par la rapidité avec laquelle ils avancent»
Trump offers to sell ‘sophisticated’ militari gear to Japan and South Korea
Trump prêt à une «guerre» avec la Corée du Nord
Trump promet à la Corée du Nord une riposte «sévère»
Trump says Japan should buy US military equipment to protect against North Korea

Parus depuis :
Menace nord-coréenne: le Japon haussera son buget de défense (2017-12-16)
Le chef de la CIA a rencontré Kim Jong-un (2018-04-18)

Détails techniques : Panasonic GH1, objectif Lumix 12-35mm F/2,8 — 1/500 sec. — F/7,1 — ISO 200 — 35 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Trump : un président manipulable et impulsif

10 avril 2017


 
Introduction

Lorsque l’aviation canadienne bombarde n’importe quelle région du monde, elle le fait avec l’accord du pays concerné ou à la suite d’une résolution habilitante de l’ONU.

Cela s’appelle respecter le droit international.

Quand les Russes bombardent la Syrie, ils n’ont pas besoin d’une autorisation de l’ONU parce qu’ils ont déjà celle du gouvernement de la Syrie, soit celui de Bachar el-Assad.

Plus tôt cette semaine, le président américain Donald Trump a ordonné le bombardement de la base russe de Shayrat, située en Syrie.

Ce bombardement est la réponse américaine à une attaque chimique survenue deux jours plus tôt dans la ville syrienne de Khan Cheikhoun. Cette attaque chimique a provoqué la mort d’une centaine de civils et fait environ 500 blessés.

Dans cette région s’affrontent l’armée syrienne et les milices de deux organisations terroristes financées par l’Arabie saoudite : Ahrar al-Cham (accusé de crimes de guerre par Amnistie internationale) et Hayat Tahrir al-Cham (classé comme organisation terroriste par les États-Unis le mois dernier).

Le président américain s’est dit ému des images qui lui ont été présentées à ce sujet.

Dans le but évident de nous faire partager l’émotion présidentielle, les télévisions canadiennes nous ont présenté en boucle ces gros plans d’enfants suffoquant ou d’infirmiers essayant désespérément de sauver les personnes affectées par des gaz toxiques.

Selon Newsweek, l’armée américaine a tué mille civils en Irak et en Syrie durant le seul mois de mars 2017. C’est dix fois plus que l’attaque qui a suscité l’indignation de Trump. Or nos médias n’ont pas cru bon nous montrer les gros plans des gens tués ou agonisants sous les frappes américaines.

Il faut être très naïf pour croire que les États-Unis bombardent quoi que ce soit pour des raisons humanitaires.

C’est la paix, et non la guerre, qu’on fait pour le bien d’un peuple. Surtout quand il s’agit de gens qu’on ne veut surtout pas accueillir aux États-Unis.

Sans attendre que la responsabilité de l’aviation syrienne ait été prouvée et sans posséder de résolution habilitante de l’ONU, le président américain a ordonné le bombardement de cette base militaire deux jours plus tard.

Il s’agit de son premier Casus belli, commis moins de cent jours après son entrée en fonction.

Pour les chefs d’État occidentaux et les journalistes qui rapportent leurs propos, la culpabilité de Bachar el-Assad est évidente puisqu’il s’agit ici, croit-on, d’une récidive.

La ligne rouge

Le 20 aout 2012, l’ex-président Obama avait prévenu que l’utilisation d’armes chimiques dans le cadre du conflit syrien constituerait une ligne rouge à ne pas dépasser.

À plusieurs occasions, de telles armes ont été utilisées, causant un petit nombre de victimes.

Toutefois, le 21 aout 2013 — un an plus tard — un bombardement à l’arme chimique eut lieu dans l’oasis de la Ghouta, près de Damas. Ce bombardement fit entre 322 et 1 729 morts. De plus, 3 600 personnes furent atteintes de symptômes neurotoxiques.

À l’époque, ce crime de guerre provoqua une indignation planétaire.

Mais la Maison-Blanche invoqua l’insuffisance de preuve pour ne pas intervenir et sauva la face (plus ou moins) en acceptant l’engagement russe à procéder à la destruction de toutes les armes chimiques encore en possession du régime de Bachar el-Assad.

Quatre ans plus tard, cette nouvelle attaque chimique a provoqué de nombreux commentaires. Toutefois, j’ai été très surpris de lire celui d’un lecteur du Devoir affirmant que l’enquête de l’ONU au sujet du massacre de Ghouta avait innocenté le régime de Bachar el-Assad.

À la lecture du texte sur Wikipédia, on apprend effectivement que l’ONU a produit deux rapports à ce sujet.

Publié le 16 septembre 2013, le premier n’avança aucune responsabilité dans cette attaque puisque cela n’était pas son but.

En décembre 2013, le journaliste d’investigation Seymour Hersh révèle que le gouvernement américain, pour mieux soutenir les accusations contre le régime de Bachar el-Assad, aurait volontairement caché les informations selon lesquelles le groupe djihadiste Front al-Nosra (soutenu par l’Arabie saoudite) disposait de gaz sarin.

Publié en janvier 2014, le deuxième rapport de l’ONU en vint à la conclusion que le régime syrien ne pouvait pas être tenu responsable du massacre. En particulier l’analyse de l’impact au sol des ogives permettait de préciser que l’endroit d’où elles avaient été tirées ne pouvait provenir des positions occupées par le régime au moment de l’attaque.

Évidemment, ce rapport fut aussitôt critiqué par un grand nombre d’experts occidentaux et, à l’opposé, applaudis par ceux des pays alliés de Bachar el-Assad.

Si j’exclus tous les rapports d’organismes ou d’États qui avaient conclu à la culpabilité ou à l’innocence de Bachar el-Assad avant même d’entreprendre leurs travaux, le seul rapport crédible est celui de l’ONU.

Le scénario le plus plausible

En traçant sa ligne rouge, le président Obama commettait une imprudence.

Il suffisait à l’Arabie saoudite d’orchestrer une attaque chimique ayant l’air d’avoir été commise par le régime syrien pour forcer la main d’Obama et l’amener à déclarer la guerre contre Bachar el-Assad.

Cette stratégie ayant échoué, la dictature saoudienne a donc recommencé le même scénario moins de cent jours après l’arrivée au pouvoir de son successeur.

Et voilà ce pauvre Trump qui tombe dans le panneau.

La pire erreur que peut commettre un chef de guerre, c’est de révéler son talon d’Achille.

C’est ce qu’a fait Donald Trump en ordonnant le bombardement de la base russe de Shayrat.

Il aura suffi qu’on lui montre les gros plans de jeunes enfants suffoquant pour qu’il réagisse comme le taureau devant lequel le toréador agite sa muléta.

Mais il y a plus grave encore.

À en juger par la réaction contrariée des Russes aux frappes américaines, il est évident que Trump n’a pas demandé la permission aux Russes avant de bombarder une de leurs bases militaires en Syrie.

Imaginons que les Russes, prévenus de l’attaque, aient décidé de tester l’efficacité des missiles sol-air S-300 qu’ils ont déjà déployés en Syrie.

Si toutes les ogives américaines avaient atteint leur but quand même, cela aurait prouvé la supériorité de la technologie américaine.

Mais si ce coup de poker avait tourné au désastre, on ferait présentement la queue à Moscou pour acheter des armes russes.

Et puisque les missiles S-300 n’auraient causé aucune victime américaine mais n’auraient fait que bloquer des ogives ‘made in USA’ et humilier les États-Unis, Trump aurait été réduit à accuser Poutine d’hypocrisie sans avoir matière à déclarer une troisième guerre mondiale.

Ce qui, dans le cas de Trump, n’est peut-être que partie remise…

Références :
Armes chimiques pendant la guerre civile syrienne
Attaque chimique en Syrie : trop tôt pour tirer des conclusions, disent Moscou et Damas
Massacre de la Ghouta
Obama ne regrette pas l’épisode de la «ligne rouge»
Under Trump, U.S. military has allegedly killed over 1,000 civilians in Iraq, Syria in March
Whose sarin?

Paru simultanément :
Guerre en Syrie et lutte pour le pouvoir aux États-Unis

Parus depuis :
Saudi Arabia stroked Trump’s ego. Now he is doing their bidding with Qatar (2017-06-07)
Trump’s Red Line (2017-06-25)
Menaces de tirs américains en Syrie : « Ça peut déraper », estime un observateur (2018-04-11)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’élection de Trump : l’erreur des sondages

18 décembre 2016

La victoire électorale de Donald Trump a été une surprise pour presque tous les analystes politiques. Ces derniers se basaient sur les sondages d’opinion, unanimes à prédire la victoire d’Hilary Clinton.

Effectivement, celle-ci a obtenu deux à trois-millions de votes de plus que son adversaire. Pourtant, elle a perdu cette élection en raison d’un système électoral vicié.

En premier lieu, il est vicié par le rôle joué par le Collège électoral. Celui-ci est le verrou mis en place au XVIIIe siècle par les élites révolutionnaires pour se protéger, en cas de besoin, de l’immaturité politique du peuple américain (dans lequel ils n’avaient pas confiance).

Deuxièmement, il est vicié par une multitude de mesures adoptées pour enrayer la démocratie américaine. Sans ces mesures, l’écart entre les deux candidats aurait été encore plus grand et la victoire de Mme Clinton plus certaine.

À la lecture de la section intitulée ‘Ending Voter Suppression’ du livre ‘Our Revolution’ de Bernie Sanders, on apprend quelques-uns des moyens utilisés par les Républicains pour faire obstacle à tous ceux qui ont tendance à voter contre eux.

Sous le prétexte de lutter contre la fraude (à peu près inexistante), certains États exigent la présentation d’une pièce d’identité sur laquelle apparait la photo du détenteur. Cette carte est émise par l’État.

Invoquant l’austérité, l’Alabama a raréfié les bureaux où les Noirs se présentaient afin d’obtenir cette carte, ce qui complique leurs démarches afin de l’obtenir.

Dans les États où cette exigence s’applique, on a calculé que cela fait perdre aux candidats démocrates 8,8% de leurs appuis et aux candidats républicains 3,6%.

Au Québec, l’inscription sur les listes électorales se fait automatiquement lors des recensements. Aux États-Unis, il faut s’inscrire.

En éliminant le vote anticipé et la possibilité de s’enregistrer sur place lors du scrutin, les Républicains ont rendu plus compliqué l’exercice du droit de vote pour les catégories de citoyens négligents dans l’exercice de leurs devoirs civiques, les jeunes et les pauvres notamment.

De plus, on a diminué le nombre de bureaux de vote et de préposés à la votation dans les quartiers ‘noirs’.

Le résultat, c’est qu’à l’élection de 2012 (on n’a pas les données pour 2016) le temps d’attente pour voter dans les quartiers ‘blancs’ a été de 11,6 minutes alors qu’il a été de 23,3 minutes dans les quartiers ‘noirs’.

Dans des cas extrêmes, il faillait attendre six ou sept heures pour voter.

Contrairement au Canada où la loi oblige l’employeur à permettre à ses employés d’exercer leurs devoirs civiques, toute élection américaine qui a lieu à un autre moment que lors d’un congé ou d’un jour férié rend l’exercice du droit de vote impossible aux Américains qui cumulent plusieurs emplois pour joindre les deux bouts.

Au Canada, on estime que l’incarcération seule est la punition du condamné. Dans certains États américains, on a ajouté à cette punition la suppression de leur droit de vote.

Ce droit n’est pas automatiquement restauré lorsqu’une personne sort de prison; l’ex-prisonnier doit s’inscrire.

Cela ne peut se faire qu’après avoir effectué un certain nombre de démarches préalables comme avoir trouvé un domicile.

Le résultat est qu’environ 13% des Noirs américains (dont ceux qui ont été emprisonnés pour des délits mineurs) sont privés du droit de vote. Cela représente deux-millions de citoyens.

Voilà pourquoi la prédiction des résultats du scrutin est toujours très hasardeuse aux États-Unis lorsque les candidats sont presque nez à nez.

Croire que l’écart entre le vote et les sondages s’explique par la volatilité du choix des indécis est simpliste. Cet écart s’explique plutôt par le fait qu’on répond aux sondages beaucoup plus facilement qu’on y vote.

Les Américains aiment proclamer que leur pays est un modèle de démocratie. On conviendra qu’il s’agit-là d’un modèle très améliorable…

Références :
Élection de Trump: la colère d’un grand électeur
Le mensonge des statistiques
Our Revolution: A Future to Believe In

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Écrit par Jean-Pierre Martel