Un dix-huitième piéton mort à Montréal en 2022

13 décembre 2022
Funérailles de Mariia Legenkovska, le 21 décembre

Introduction

C’est une fillette de sept ans qui est morte de matin, happée par un automobiliste qui a pris la fuite. Membre d’une famille de réfugiés ukrainiens, cette fillette se rendait à l’école accompagnée de son frère et de sa sœur.

Le chauffard s’est rendu à la police en soirée. Précisons que son délit de fuite était difficile à cacher puisqu’au moins une autre personne était à bord de son véhicule au moment de la collision.

L’administration Plante et les piétons

En 2022, dix-huit piétons ont été heurtés mortellement par des automobilistes. À cela s’ajoutent les piétons blessés; 22 gravement et 395 légèrement.

Et c’est sans compter ceux qui ont failli se faire frapper et dont le nombre n’est pas comptabilisé.

La cause est simple; il y a trop de voitures dans nos rues. Le problème n’est pas limité au quartier où cette fillette s’est fait heurter; le problème est généralisé dans presque tous les arrondissements de Montréal.

Pour pallier ce problème, l’administration Plante agite comme une muléta le programme Vision Zéro qui promet que plus aucun piéton ne sera mortellement blessé à Montréal en 2040. Pourquoi 2040 ? Parce que c’est cette année-là que tombe la semaine des trois jeudis.

Critiquée pour son inaction à protéger la vie des piétons, l’administration municipale dévoilait en novembre 2019 les moyens qu’elle entendait mettre en œuvre pour corriger la situation.

On devait dépenser 58,5 millions sur trois ans à l’achat de feux de circulation pour piétons. Trois ans plus tard, la pandémie, la pénurie de personnel et les excuses habituelles expliquent que ces feux brillent… par leur absence.

De plus, toujours en 2019, on devait saupoudrer ici et là des poussières de secondes pour accorder aux piétons plus de temps pour traverser les rues à proximité des écoles, des CHSLD, des hôpitaux et des centres communautaires.

Plutôt que de mettre à la poubelle tous ces feux de circulation qui doivent être programmés à la main, il était prévu de prendre huit ans (sic) à reprogrammer une partie des vieux feux de circulation de la ville.

Puisqu’il s’est écoulé trois des huit années nécessaires à cette réformette, où en est-on rendu ? Eh bien, à cause de la pandémie, et de la pénurie de personnel, euh…


 
Quand Patrice Roy, au Téléjournal de Radio-Canada, demande à la nouvelle responsable du transport et de la mobilité pourquoi on n’a pas mis un dos-d’âne à l’intersection où la fillette est morte ce matin — une intersection renommée pour sa dangerosité — celle-ci répond :

« Quand on met des dos-d’âne, il ne faut pas générer plus de problèmes qu’on en règle. Donc, il y a quand même des évaluations qui doivent être faites avant de déployer des dos-d’âne.»

Vraiment ? C’est quoi les problèmes plus graves que la mort d’un être humain ?

Et puisque cela fait des années que cette intersection est connue pour sa dangerosité, a-t-on fait les évaluations nécessaires en vue d’y ajouter un dos-d’âne ? Si oui, qui les a faites, ces évaluations, et à quelle conclusion est-on arrivé ?

Euh…

Le jour où la ville de Montréal nommera un piéton plutôt qu’une riche automobiliste à titre de responsable du transport et de la mobilité, on aura un début de sérieux dans les politiques municipales à notre sujet.

Références :
Ces automobilistes pressés
La crise des piétons tués durera huit ans
La fillette victime d’un délit de fuite près d’une école à Montréal est décédée
L’excès de voitures dans nos rues

Parus depuis :
Fillette happée à Montréal : « Ça fait des années qu’on dit que c’est dangereux » (2022-12-14)
« Elle ne pourra jamais grandir » (2022-12-14)
Délit de fuite dans Ville-Marie – « Il va y en avoir un autre » (2022-12-14)
Chute importante des contraventions liées à la sécurité routière (2022-12-15)
Zones scolaires, zones dangereuses (2022-12-23)
L’intersection où est morte la petite Mariia toujours aussi dangereuse (2023-05-06)
Pourquoi si peu de dos-d’âne dans les rues résidentielles de Montréal ? (2023-05-07)

Complément de lecture : Le 19e mort

Détails techniques de la photo : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150mm R — 1/80 sec. — F/4,0 — ISO 1250 — 40 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La nature sous observation

12 décembre 2022


 
Sous la présidence conjointe de la Chine et du Canada, la COP15 se tient actuellement à Montréal jusqu’au 19 décembre.

À cette occasion, notre ville accueille environ vingt-mille délégués provenant de 190 pays qui se penchent sur les moyens à prendre pour protéger la biodiversité de la planète.

Détails techniques : Olympus OM-D e-M5 infrarouge à spectre complet, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 + filtres à infrarouge HyperBleu (filtre bleu FS KB20 + filtre bleu Hoya 80c) — 1/640 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 25 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’infrarouge HyperBleu

11 décembre 2022






 
Quand les feuillus sont complètement dénudés, ce n’est pas un très bon temps pour faire de l’infrarouge Rose bonbon. Conséquemment, j’ai mis au point un nouveau style d’infrarouge.

Plus de saison, le règne minéral y adopte des couleurs froides alors que la végétation est habituellement abricot, mais parfois tomate séchée.

Si on se fie à l’Exif des photos (ci-dessous), rien ne justifie qu’elles soient à ce point foncées, si ce n’est le désir de mettre en valeur la richesse de leurs tons.

Détails techniques : Olympus OM-D e-M5 infrarouge à spectre complet, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 + filtres à infrarouge HyperBleu (filtre bleu FS KB20 + filtre bleu Hoya 80c). Balance des blancs automatique.
1re photo : 1/400 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 13 mm
2e  photo : 1/640 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
3e  photo : 1/500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
4e  photo : 1/800 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
5e  photo : 1/1000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Cet après-midi au Jardin de Chine

10 décembre 2022
Cliquez sur l’image pour l’agrandir

Détails techniques : OM-D e-M5 infrarouge à spectre complet, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 + filtres à infrarouge HyperBleu (bleu FS KB20 + filtre bleu Hoya 80c) – 1/400 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 13 mm.

Balance des blancs automatiques. Post-traitement : Nik Color Efex Pro (Tonal Contrast) et vignettage ajouté.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le serment à un roi mal aimé

9 décembre 2022

Introduction

Cet après-midi, après seulement douze minutes de délibération, l’Assemblée nationale du Québec a aboli le serment à la couronne britannique que tous les députés prêtaient jusqu’ici au moment de leur entrée en fonction.

La loi abolissant ce serment a été présentée par le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) à la suite du refus catégorique de trois députés du Parti Québécois (PQ) de le prêter.

La vague de sympathie à l’égard des députés contestataires a fait surgir la question suivante : pourquoi donc le PQ n’a-t-il pas aboli ce serment lorsqu’il était lui-même au pouvoir ?

Une majorité insuffisante

Le PQ a formé des gouvernements majoritaires à quatre occasions : en 1976, en 1981, en 1994 et en 1998. Toutefois, pour abolir ce serment, il faut modifier la constitution du Québec. Ce qui exige une majorité qualifiée, soit une majorité du deux tiers des élus.

Or, même quand ils étaient majoritaires, les gouvernements du Parti québécois avaient respectivement 64,5 %, 65,6 %, 61,6 % et 60,8 % des députés de l’Assemblée nationale.

En somme, ils n’avaient pas la majorité nécessaire pour passer outre l’opposition systématique du ‘parti des Anglais’, soit le Parti libéral du Québec (PLQ).

Le PLQ trop affaibli pour bloquer la loi

De nos jours, avec seulement 16,8 % des députés à l’Assemblée nationale, le PLQ ne peut plus exercer le véto officieux dont il disposait autrefois.

Pragmatique, il a donc voté en faveur de la loi.

Éviter un impair diplomatique

Même s’ils savaient d’avance que cela ne passerait pas, pourquoi les gouvernements péquistes n’ont-ils pas tenté vainement d’abolir ce serment, histoire de jeter du discrédit sur leurs opposants libéraux ?

C’est qu’à l’époque où il était au pouvoir, le PQ avait espoir de convaincre les Québécois de voter en faveur de l’indépendance nationale par référendum.

Or un des premiers gestes de n’importe quel pays qui accède à l’indépendance, c’est de chercher à obtenir une reconnaissance internationale.

Le risque de froisser la Grande-Bretagne avant même qu’un référendum gagnant soit remporté apparaissait comme une mauvaise idée aux yeux des dirigeants du PQ.

Conclusion

La popularité de la princesse Diana Spencer et sa fin tragique ont condamné son époux adultère au désamour, tant au Québec qu’ailleurs dans le monde.

Dépourvu de charisme, le roi Charles III est mal aimé. Peut-être réussira-t-il à se faire apprécier à la longue.

Le début de son règne était donc une occasion en or pour abolir ce serment d’allégeance à celui qui, disons-le franchement, est le descendant de nos conquérants.

On peut remercier le PQ d’avoir provoqué cette crise politique. Mais on doit également remercier tous les autres partis politiques du Québec. Ceux-ci se sont élevés au-dessus de leurs rivalités et mis fin à cet anachronisme.

Il était temps !

Référence : Le serment au roi n’est plus obligatoire à l’Assemblée nationale

Complément de lecture : Comment en est-on venus à prêter serment à un roi étranger ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le plafonnement du prix du pétrole russe

8 décembre 2022

Ursula von der Leyden, la tigresse de papier

Comme le lapin des piles Energizer, la présidente de la Commission européenne bat vaillamment le tambour de la guerre économique contre la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine.

Le fiasco des sanctions économiques entreprises jusqu’ici — qui se sont retournées contre les pays membres de l’Union européenne — n’a pas ralenti son ardeur.

Sa dernière trouvaille est le plafonnement du prix du pétrole russe.

Le résultat est connu d’avance; imaginez des milliers d’acheteurs potentiels d’un spectacle de Taylor Swift — la chanteuse la plus populaire du moment — qui décideraient qu’ils ne paieraient pas plus de 25$ du billet. Eh bien, les stades s’empliraient sans eux.

Tant que la demande mondiale de pétrole dépasse l’offre, ce sont les producteurs de pétrole qui ont le gros bout du bâton.

L’effet du plafonnement

Le pétrole brut distribué par pipeline

Le principal mode de distribution du pétrole brut russe est par pipeline. Or, depuis leur embargo de mai 2022, les pays membres de la Communauté européenne en achètent presque plus.

En payant une fortune pour du pétrole autre que russe destiné aux pays en voie de développement — qu’ils détournent afin d’assurer leurs propres besoins — les pays européens ont créé ailleurs dans le monde un vide que le pétrole russe s’est empressé de combler.

Si bien que la valeur des exportations de pétrole russe a augmenté substantiellement depuis le début de la guerre en Ukraine.

Or cette nouvelle sanction ne s’applique pas au brut que la Russie exporte par pipeline ailleurs qu’en Europe.

Le pétrole brut distribué par pétrolier

L’autre mode de transport du brut est par pétrolier. Le plafonnement s’applique donc uniquement aux pétroliers qui tenteront de décharger leur cargaison à des ports européens.

Les pétroliers qui approvisionnent en brut la Turquie, l’Inde ou la Chine échappent aux sanctions européennes… en théorie (nous y reviendrons).

Le pétrole de chaque pays producteur porte sa signature chimique. Selon sa teneur en souffre, notamment, la Communauté européenne peut savoir d’où il vient et sanctionner ses membres qui auront acheté par bateau du brut russe au-delà du prix maximal qu’elle a décrété.

Le pétrole brut distribué par train ou camion-citerne

La nouvelle sanction européenne ne s’applique pas non plus au mazout (appelé également fioul), au diésel, ou à l’essence automobile puisqu’une fois raffinée, l’essence de pétrole perd la signature chimique du brut d’origine.

Une fois raffinée, l’essence est transportée par camion-citerne ou par train.

Si du pétrole albertain peut parcourir 3 000 km pour être acheminé à Montréal, du pétrole russe raffiné en Turquie peut parcourir 2 500 km pour être livré à Berlin.

En présence de mazout turc, même si on devait se douter que c’est du pétrole russe ‘déguisé’, personne en Allemagne ou en France préfèrera greloter cet hiver plutôt que s’en servir.

Bref, au premier abord, cette nouvelle sanction est une plaisanterie ‘vonderLeydienne’. Ce n’est pas tout à fait le cas.

L’assurance

Le véritable but de la nouvelle mesure européenne concerne l’assurance maritime du transport pétrolier.

Lorsque la cargaison d’un pétrolier est détruite, son propriétaire (l’armateur ou son client) peut être remboursé par sa compagnie d’assurance.

Or 90 % du fret maritime est protégé par des compagnies d’assurances occidentales, principalement anglaises ou anglo-américaines.

Cela signifie que si un pétrolier transportant du brut russe sombre mystérieusement en mer — comme les gazoducs Nord Stream I et II ont mystérieusement été sabotés — l’assuré ne recevra qu’un prix maximal de 60 $US du baril.

De la même manière qu’il était prévisible que la fermeture des succursales russes de sociétés occidentales allait entrainer une russification de l’économie de la Russie, on peut prévoir que le refus d’assurer à 100 % la cargaison de pétroliers grecs transportant du brut russe les incitera à s’assurer ailleurs.

En d’autres mots, ce sera une occasion en or pour des puissances émergentes comme l’Inde ou la Chine de développer leur secteur financier.

Toutefois, en voulant échapper à cette nouvelle sanction européenne, même si un armateur s’assurait auprès d’une compagnie qui n’est pas occidentale, il faut savoir que toutes les compagnies d’assurances au monde sont protégées à leur tour par un ‘super-assureur’ qu’est la Lloyds of London.

Par le biais de cette dernière, les pays européens et le G7 espèrent rendre risqué le transport maritime du brut russe et du coup, décourager l’achat de cet hydrocarbure.

Mais il suffit que la Russie garantisse secrètement de payer la différence si jamais un malheur devait frapper un pétrolier transportant son pétrole pour que cette nouvelle sanction européenne ne s’avère qu’un vœu pieux…

Si bien que les principales victimes de cette nouvelle sanction européenne risquent d’être les grands assureurs londoniens.

Conclusion

Dans la chanson V’là le bon vent, v’là le joli vent, il est dit : “Visa le noir, tua le blanc. Ô fils du roi, tu es méchant.”

Dans le cas de cette nouvelle sanction, en visant l’or noir russe, la présidente de la Commission européenne fait de la blanche Albion — c’est le surnom de la Grande-Bretagne — sa victime collatérale… ce qui est une manière insidieuse de lui faire payer le prix du Brexit.

Références :
Le pétrole russe plafonné à 60 dollars après l’accord du G7 et de l’Australie
McDonald’s et la culture du bannissement
Prix du pétrole russe : le baril plafonné à 60 dollars par le G7 et l’UE

Compléments de lecture :
L’engrenage ukrainien
L’épouvantail russe

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les États-Unis nous emmerdent !

3 décembre 2022
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Profiter de nos égouts

Jeudi dernier, l’émission Enquête révélait que des matières fécales humaines (appelées biosolides) sont utilisées pour la fertilisation des terres agricoles.

En principe, ceci est une bonne chose. Qu’il s’agisse de fumier animal ou humain, le compost créé à partir d’eux contient de l’azote, du phosphore et du potassium (comme dans les engrais chimiques), mais également des oligoéléments, c’est-à-dire des sels minéraux essentiels au métabolisme des plantes.

Dans tous les cas, on doit simplement éviter que ces engrais organiques contiennent des niveaux élevés de contaminants toxiques.

Par mesure de prudence, la règlementation québécoise stipule également que lorsque du compost est fait à partir de fumier humain, il ne doit pas servir à engraisser des sols où poussent des plantes destinées à l’alimentation humaine.

Autre avantage : leur utilisation à titre de fertilisants évite que les résidus de nos usines d’épuration soient déversés dans nos cours d’eau. Ce que des municipalités comme Montréal et Longueuil font occasionnellement.

Voilà pourquoi les municipalités paient des entreprises spécialisées pour que celles-ci les débarrassent des résidus solides de leurs usines d’épuration.

Cela est tellement payant que celles-ci donnent littéralement ces engrais aux agriculteurs qui acceptent de s’en servir.

Or cela tombe bien.

La guerre en Ukraine

Sous l’influence de la vice-première ministre, Chrystia Freeland (de descendance ukrainienne), le Canada est le seul pays du G7 à imposer des tarifs sur les engrais russes.

Si les provinces de l’Ouest produisent de la potasse, cette production est insuffisante à alimenter les producteurs de l’Est du pays.

Avant l’imposition des tarifs canadiens, 85 à 90 % des engrais utilisés au Québec provenaient de Russie. En catastrophe, nos importateurs se sont tournés vers d’autres pays (dont l’Algérie et l’Égypte) qui leur en vendent maintenant à prix d’or.

Dans ce contexte, le don d’engrais naturels à nos agriculteurs tient du miracle.

L’an dernier, le Canada a importé 70 000 tonnes de matières fécales des États-Unis. Annuellement, on estime que 2 300 camions chargés d’excréments américains traversent la frontière canadienne.

Encore un peu et le Canada offrira gratuitement des laxatifs aux Américains pour aider nos agriculteurs…

Pour l’instant, ce trafic est beaucoup plus répandu en Ontario qu’au Québec.

Autre différence, cette fois majeure, c’est que l’Ontario importe ses résidus solides d’États du Midwest américain alors qu’au Québec, nous les recevons de la Nouvelle-Angleterre.

Or, en Amérique du Nord, les contaminants éternels (nous y reviendrons) sont principalement produits dans le Midwest américain. Et c’est là qu’ils ont davantage contaminé les humains et l’environnement.

Les contaminants éternels

En 2009, la Convention de Stockholm a classé le PFOS (l’acide perfluorooctane sulfonique) et ses sels comme des polluants organiques éternels en raison de leur nature omniprésente, persistante, bioaccumulable et toxique.

Depuis, leurs fabricants les ont remplacés par des dérivés à chaine courte (les PFOA), également considérés comme des polluants majeurs.

Il est à noter que dans la rubrique qu’il leur consacre, Wikipédia affirme qu’en 2006, une étude de Santé Canada concluait en leur innocuité, ce qui est faux. Au contraire, partout à travers le monde, ces substances sont considérées comme préoccupantes.

En vertu du principe de précaution, l’État du Maine a totalement interdit leur utilisation et a condamné les terres agricoles (de même que le bétail) contaminées par ces substances.

Les entreprises qui en faisaient le commerce ont donc cherché d’autres débouchés et se sont tournées vers le Québec.

Le contraste entre les réactions

Au gouvernement québécois

À la suite du reportage de Radio-Canada, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a déclaré :

Dans les prochaines semaines, on va modifier la règlementation pour interdire l’épandage des biosolides qui nous parviennent des États-Unis, notamment.
Et pour ce qui est des biosolides québécois, on va passablement resserrer la règlementation pour s’assurer qu’on ne compromet pas l’intégrité nos terres agricoles [et] qu’on ne menace pas la santé humaine.

Au gouvernement fédéral

Le premier ministre Justin Trudeau s’est dit troublé par les révélations de Radio-Canada et assuré que son gouvernement ‘va faire les suivis’.

En d’autres mots, c’est inquiétant mais nous allons rester, pour l’instant, assis à regarder passer le train.

De son côté, Marie-Claude Bibeau, sa ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire a été plus explicite :

Quand on parle de la gestion des matières résiduelles, c’est vraiment de juridiction provinciale. Si on a un rôle à jouer au niveau fédéral, on va prendre les actions rapidement.

Dieu merci, lorsque j’ai entendu la déclaration de la ministre fédérale, c’était au Téléjournal de 18h et non à celui de 22h parce que dans le cas contraire j’aurais mal dormi tellement cette réponse à la Ponce-Pilate m’a rendu furieux.

Comment peut-on être ministre au fédéral et ignorer ceci :

Le transport transfrontalier des marchandises est un domaine de compétence exclusive du gouvernement canadien.

Si le Québec est pris à adopter une règlementation que les États-Unis pourraient contester en vertu des traités de libre-échange conclus par Ottawa, c’est parce que ce dernier ne fait pas son job de protéger la population canadienne des dangers provenant de l’Étranger.

Conclusion

Le gouvernement canadien est toujours prompt de se servir de son pouvoir de dépenser pour envahir des domaines de compétence des provinces et ainsi leur dicter ses volontés.

Mais quand vient le temps de faire son job — délivrer des passeports ou empêcher les États-Unis de se servir du Canada comme d’une toilette — le voilà qui se soustrait à ses responsabilités.

En réalité, si le Québec veut que ses frontières servent à quelque chose, il ferait bien de penser à s’en occuper lui-même, c’est-à-dire devenir un pays indépendant.

Références :
Québec resserrera la réglementation sur l’épandage des biosolides dans les champs
Rapport d’évaluation écologique préalable sur le sulfonate de perfluorooctane, ses sels et ses précurseurs
Substances per- et polyfluoroalkylées
Tarifs sur les engrais russes : « On se pénalise nous-mêmes! »

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Si possible, évitez les garderies

2 décembre 2022

Tout comme les écoles au pire de la pandémie au Covid-19, la Santé publique veut, de nos jours, faire des garderies des lieux de contamination massive par des virus respiratoires.

Ses dirigeants libertariens professent aujourd’hui qu’il faut apprendre à vivre avec les virus comme ils répétaient autrefois leur foi en la nécessité de laisser se développer l’immunité naturelle.

De la même manière que je suggérais de porter le masque à l’époque où la Santé publique le déconseillait, aujourd’hui je déconseille aux parents qui le peuvent d’envoyer leurs enfants dans les garderies du Québec.

Si vous pouvez vous payer une gardienne, faites-le.

Pourquoi ?

Jusqu’au 23 novembre dernier, les garderies québécoises excluaient automatiquement les enfants qui manifestaient des symptômes d’infection respiratoire.

Depuis cette date, il leur est interdit de le faire au nom du retour à la normale.

Selon les autorités québécoises :

« Le fait de permettre aux enfants de fréquenter leur service de garde avec des symptômes légers est en accord avec l’approche syndromique annoncée par la Santé publique et par les autorités gouvernementales récemment.»

Existe-t-il une seule étude au monde qui prouve que si on attrape une infection virale de quelqu’un qui n’en éprouve que des symptômes légers, on attrapera nécessairement une forme bénigne de l’infection ?

Un virus est un virus : il se comporte avec une sévérité différente d’une personne à l’autre selon son état général de santé, l’état de son système immunitaire, sa vulnérabilité respiratoire aux virus, etc.

Il est donc faux d’affirmer qu’un enfant atteint légèrement est sans danger pour les autres enfants d’une garderie.

Depuis des semaines, nous sommes aux prises avec une grave pénurie de médicaments pédiatriques contre la fièvre.

De plus, lorsque l’infection respiratoire virale se complique d’une surinfection bactérienne, on manque d’amoxicilline, l’antibiotique le plus prescrit aux enfants gravement atteints.

Nos professionnels de la santé sont à bout de souffle. Les urgences des hôpitaux pédiatriques débordent. Des centaines de milliers de parents n’ont pas de médecin de famille.

Dans ce contexte, alors qu’on manque de tout pour les soigner, favoriser la contamination massive des enfants d’âge pré-scolaire est une preuve supplémentaire de la profonde incompétence de nos dirigeants sanitaires.

Références :
Au Québec, la grippe saisonnière est plus à craindre que le coronavirus
Covid-19 : la nécessité du port du masque
Vivre avec les virus, à quel prix ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : évolution depuis vingt-trois mois

1 décembre 2022

Voici la liste des pays les plus durement affectés par la pandémie au Covid-19.

À titre comparatif, cette liste est complétée par le cas de quelques pays d’Extrême-Orient.

Ont été exclus de cette liste, les pays de moins d’un million d’habitants.

Tableau comparatif des pays les plus atteints en nombre cumulatif de morts par million d’habitants au premier jour du mois, en janvier de l’an dernier, puis en janvier, avril, juillet, octobre et décembre de 2022.

Pays Jan’21 Jan’22 Avril Juil. Oct. Déc.
Pérou 1136 6022 6284 6300 6430 6454
Bulgarie 1099 4510 5331 5443 5511 5558
Hongrie 1002 4072 4732 4853 4945 5027
Bosnie-Herzég. 1249 4136 4843 4878 4966 4986
Macédoine du N. 1205 3825 4429 4477 4581 4597
Croatie 968 3091 3837 3963 4166 4269
Géorgie 634 3484 4212 4238 4258 4253
Rép. Tchèque 1093 3369 3694 3751 3828 3901
Slovaquie 412 3050 3544 3687 3747 3797
Lithuanie 588 2777 3346 3466 3501 3544
Roumanie 826 3086 3421 3463 3522 3535
Slovénie 1312 2692 3122 3199 3283 3338
Grèce 469 2015 2668 2931 3209 3326
États-Unis 1074 2537 3014 3115 3240 3303
Lettonie 343 2467 3045 3177 3242 3292
Chili 868 2022 2919 3010 3178 3246
Brésil 916 2882 3067 3116 3186 3203
Pologne 766 2582 3051 3083 3116 3135
Trinité-et-Tobago 91 2050 2667 2848 2991 3034
Italie 1235 2279 2645 2794 2939 3005
Moldavie 746 2558 2846 2881 2951 2970
Arménie 953 2684 2898 2901 2922 2931
Royaume-Uni 1089 2174 2417 2630 2778 2873
Belgique 1681 2429 2640 2729 2800 2833
Argentine 954 2558 2789 2805 2814 2826
Colombie 850 2515 2694 2696 2753 2755
Russie 394 2121 2527 2610 2657 2689
Paraguay 315 2289 2562 2595 2672 2686
Ukraine 428 2217 2495 2514 2528 2558
Mexique 971 2286 2460 2474 2509 2512
Portugal 685 1869 2124 2382 2468 2510
Espagne 1087 1911 2192 2311 2444 2481
Tunisie 398 2131 2354 2378 2428 2430
France 991 1891 2173 2282 2365 2425
Autriche 693 1514 1749 2063 2289 2340
Uruguay 55 1767 2049 2096 2141 2156
Estonie 180 1459 1852 1951 2028 2111
Suède 861 1498 1796 1867 1976 2064
Québec 958 1379 1651 1827 1977 2044
Serbie 373 1467 1822 1861 1966 2010
Équateur 790 1867 1956 1965 1982 1984
Panama 1493 1682 1843 1880 1911 1917
Allemagne 410 1340 1547 1674 1789 1883
Bolivie 780 1652 1832 1831 1854 1855
Costa Rica 427 1424 1605 1644 1720 1744
Afrique du Sud 484 1509 1651 1675 1682 1686
Iran 655 1538 1633 1642 1679 1681
Suisse 882 1404 1564 1593 1617 1632
Irlande 453 1178 1348 1479 1575 1620
Liban 240 1348 1522 1547 1597 1606
Namibie 80 1397 1533 1544 1543 1549
Hong Kong 20 28 1045 1234 1337 1415
Jordanie 376 1010 1349 1352 1371 1371
Finlande 108 314 685 872 1181 1344
Pays-Bas 672 1219 1279 1300 1316 1331
Danemark 256 564 982 1109 1212 1292
Israël 365 957 1147 1175 1254 1272
Albanie 411 1120 1216 1219 1252 1254
Eswatini 185 1110 1180 1196 1200 1200
Turquie 248 584 1103 1150 1182 1185
Botswana 18 1009 1103 1124 1142 1143
Jamaïque 101 831 968 1047 1112 1112
Malaisie 14 955 1057 1078 1096 1106
Honduras 315 1029 1069 1067 1076 1080
Guatemala 263 875 936 999 1065 1074
RoC* 256 639 799 909 983 1052
             
Taïwan 0,3 35,6 35,7 283 465 602
Corée du Sud 17,9 110 323 478 554 596
Vietnam 0,4 331 430 435 436 436
Japon 27,4 146 223 249 357 397
Singapour 4,9 140 214 238 272 287
Chine 3,2 3,2 3,2 3,6 3,6 3,6

*— ‘RoC’ signifie le Canada sans le Québec.

Dans le tableau ci-dessus, par million d’habitants (MPM), pour les mois d’octobre et de novembre 2022 combinés :
•   1 pays a connu une diminution de la MPM,
• 21 pays ont eu entre 0 et 10 morts de plus,
• 14 pays ont eu entre 11 et 20 morts de plus,
•   3 pays ont eu entre 21 et 30 morts de plus,
•   5 pays ont eu entre 31 et 40 morts de plus,
•   8 pays ont eu entre 41 et 50 morts de plus,
•   4 pays ont eu entre 51 et 60 morts de plus.
•   5 pays ont eu entre 61 et 70 morts de plus.
•   2 pays ont eu entre 71 et 80 morts de plus.
•   3 pays ont eu entre 81 et 90 morts de plus.

Seulement six pays ont eu plus de 90 morts supplémentaires au cours de ces deux mois : loin devant les autres pays, la Finlande (+163), puis la Grèce (+117), la Croatie (+103), la Grande-Bretagne (+95), l’Allemagne (+94) et la Suède (+92).

Références :
Covid-19 Coronavirus Pandemic
Données COVID-19 au Canada
Données COVID-19 au Québec

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Écrit par Jean-Pierre Martel