Introduction
Cet après-midi, après seulement douze minutes de délibération, l’Assemblée nationale du Québec a aboli le serment à la couronne britannique que tous les députés prêtaient jusqu’ici au moment de leur entrée en fonction.
La loi abolissant ce serment a été présentée par le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) à la suite du refus catégorique de trois députés du Parti Québécois (PQ) de le prêter.
La vague de sympathie à l’égard des députés contestataires a fait surgir la question suivante : pourquoi donc le PQ n’a-t-il pas aboli ce serment lorsqu’il était lui-même au pouvoir ?
Une majorité insuffisante
Le PQ a formé des gouvernements majoritaires à quatre occasions : en 1976, en 1981, en 1994 et en 1998. Toutefois, pour abolir ce serment, il faut modifier la constitution du Québec. Ce qui exige une majorité qualifiée, soit une majorité du deux tiers des élus.
Or, même quand ils étaient majoritaires, les gouvernements du Parti québécois avaient respectivement 64,5 %, 65,6 %, 61,6 % et 60,8 % des députés de l’Assemblée nationale.
En somme, ils n’avaient pas la majorité nécessaire pour passer outre l’opposition systématique du ‘parti des Anglais’, soit le Parti libéral du Québec (PLQ).
Le PLQ trop affaibli pour bloquer la loi
De nos jours, avec seulement 16,8 % des députés à l’Assemblée nationale, le PLQ ne peut plus exercer le véto officieux dont il disposait autrefois.
Pragmatique, il a donc voté en faveur de la loi.
Éviter un impair diplomatique
Même s’ils savaient d’avance que cela ne passerait pas, pourquoi les gouvernements péquistes n’ont-ils pas tenté vainement d’abolir ce serment, histoire de jeter du discrédit sur leurs opposants libéraux ?
C’est qu’à l’époque où il était au pouvoir, le PQ avait espoir de convaincre les Québécois de voter en faveur de l’indépendance nationale par référendum.
Or un des premiers gestes de n’importe quel pays qui accède à l’indépendance, c’est de chercher à obtenir une reconnaissance internationale.
Le risque de froisser la Grande-Bretagne avant même qu’un référendum gagnant soit remporté apparaissait comme une mauvaise idée aux yeux des dirigeants du PQ.
Conclusion
La popularité de la princesse Diana Spencer et sa fin tragique ont condamné son époux adultère au désamour, tant au Québec qu’ailleurs dans le monde.
Dépourvu de charisme, le roi Charles III est mal aimé. Peut-être réussira-t-il à se faire apprécier à la longue.
Le début de son règne était donc une occasion en or pour abolir ce serment d’allégeance à celui qui, disons-le franchement, est le descendant de nos conquérants.
On peut remercier le PQ d’avoir provoqué cette crise politique. Mais on doit également remercier tous les autres partis politiques du Québec. Ceux-ci se sont élevés au-dessus de leurs rivalités et mis fin à cet anachronisme.
Il était temps !
Référence : Le serment au roi n’est plus obligatoire à l’Assemblée nationale
Complément de lecture : Comment en est-on venus à prêter serment à un roi étranger ?