Hausse des dépenses militaires : la fabrication du consentement

Publié le 29 juin 2025 | Temps de lecture : 13 minutes


 
La priorité absolue à la Défense

L’opportunité d’accroitre les dépenses militaires du Canada fait consensus au sein de la classe politico-médiatique du pays. Si bien qu’aux dernières élections fédérales, les partis politiques ont unanimement promis d’accroitre le budget de la défense du Canada.

Le résultat, c’est que le parti qui forme aujourd’hui un gouvernement à Ottawa peut prétendre qu’il possède le mandat populaire d’aller de l’avant à ce sujet puisque le peuple a voté pour, n’ayant pas le choix.

Conséquemment, le premier ministre Mark Carney annonçait récemment que le Canada atteindra l’ancienne cible de 2 % recommandée par l’Otan dès cette année, et la nouvelle cible de 5 % d’ici 2035.

Au final, c’est plus de 150 milliards de dollars qui seront dépensés chaque année pour la Défense nationale. Cela représente une ponction fiscale de quinze-mille dollars dans les revenus annuels d’une famille moyenne de deux adultes et de deux enfants.

Même si Ottawa possède toute la légitimité nécessaire pour dépenser une telle somme, il suffit de consulter les forums de discussion de nos médias électroniques pour constater que cette nouvelle course aux armements est loin de faire consensus.

Exception faite de l’Alberta qui, en raison des redevances pétrolières, nage dans les surplus budgétaires, les gouvernements provinciaux peinent à s’acquitter de leurs obligations.

Si bien qu’une partie de la population s’oppose à ce que la priorité d’Ottawa soit là et pas ailleurs.

La fabrication du consentement

Pour consentir aux sacrifices qui seront nécessaires aux nouvelles dépenses militaires, Ottawa doit susciter l’adhésion de la population canadienne.

Pour y parvenir, il peut compter sur deux moyens. Premièrement, exposer exclusivement la population au discours alarmiste de l’Otan. Et deuxièmement, faire miroiter des retombées économiques intéressantes.

Le lavage des cerveaux

Depuis des années, Ottawa a transformé le Téléjournal de Radio-Canada en organe de propagande de l’Otan.

Depuis deux décennies, le grand responsable de l’information internationale y est François Brousseau, un journaliste maccartiste qui voit la menace communiste jusque dans sa soupe.

Par conséquent, tous les ‘experts’ invités au Téléjournal à s’exprimer au sujet des dépenses militaires canadiennes n’exposent que la nécessité de les augmenter.

De manière analogue, sur le site web de Radio-Canada, on ne trouve que des reproches au sujet de l’insuffisance de nos dépenses militaires, associés aux dangers de cette ‘imprudence’. Cette propagande va jusqu’à l’invraisemblance.

L’organisme Inuit Tapiriit Kanatami est une ONG bidon entièrement financée par le gouvernement fédéral et dont le siège social est situé… à Ottawa.

Radio-Canada publiait récemment un texte destiné à nous convaincre que le plus grand souci des Inuits, ce n’est pas l’épidémie de tuberculose qui frappe leurs communautés. Ce n’est pas la pauvreté ni la violence conjugale qui y sévit. Ce n’est pas la fonte rapide des banquises sur lesquelles les mamans phoques nourrissent leurs petits. Ce n’est pas les ours polaires qui, en nombre croissant, rôdent près des habitations des Inuits. Non, leur grande peur, c’est l’invasion arctique de la Russie.

Pourtant, la plus courte distance entre les côtes russes et celles du Québec dépasse 3 600 km. C’est la distance entre Montréal et Vancouver.

La Russie peut certainement envoyer des missiles qui détruiraient nos barrages hydroélectriques. Ce qui handicaperait l’économie du Québec pendant des années. Mais pour nous envahir, elle doit y envoyer des soldats, des chars d’assaut, créer des lignes d’approvisionnement, etc.

Après avoir parcouru les 3 600 km, tout ce dont l’Armée rouge pourra s’emparer, ce sont des iglous, des maisons préfabriquées et des traineaux à chiens. Si Moscou veut s’emparer de quelque chose de plus substantiel, son armée devra ensuite traverser tout le Québec du nord au sud.

En somme, le Québec est le seul endroit au monde où le risque d’une invasion (autre qu’une improbable invasion américaine) est nul. Ce risque n’est pas que faible; il est nul. N-U-L. Comme dans zéro.

Selon un sondage récent, près de la moitié des 18-34 ans seraient en faveur de l’indépendance du Québec.

Il ne fait aucun doute que l’urgence de quitter le Canada leur apparaitra encore plus évidente le jour où ils réaliseront que demeurer au sein du Canada plus longtemps revient à assumer éventuellement la dette croissante et colossale que nous leur laisserons.

L’aide sociale aux fabricants d’armement

Pour ‘vendre’ l’augmentation des dépenses militaires canadiennes, on fait miroiter la possibilité que des entreprises québécoises puissent décrocher de juteux contrats. Et ce, en plus des retombées économiques qui se répercuteront dans l’ensemble de l’économie québécoise.

Les contrats du ministère de la Défense

L’armée canadienne n’a jamais donné au Québec sa juste part des contrats militaires. Il y a quelques années, c’est le critique libéral en matière de Défense qui avait involontairement révélé le pot aux roses lors de l’étude d’un contrat mineur que le ministre de la Défense Marcel Masse devait accorder au Québec.

Pourquoi devrions-nous investir dans une province alors qu’elle pourrait bientôt faire sécession du Canada ?” avait demandé le critique libéral. Ce à quoi le ministre conservateur avait répondu : “Pour l’instant, les Québécois paient des taxes. Si nous les punissons pour une indépendance qu’ils ne font pas, ils sont aussi bien de la faire puisqu’au moins, ils en retireraient les avantages, ce qu’ils n’ont pas en restant dans le Canada.

Voilà pourquoi, par exemple, Ottawa a utilisé toute une série de prétextes pour éviter de donner des contrats maritimes au chantier Davie.

De plus, on doit se rappeler qu’après avoir versé en 2009 près de 13,7 milliards$ à GM et Chrysler pour les sauver de la faillite, lorsque c’est l’industrie aéronautique québécoise qui s’est retrouvée en difficulté, Ottawa a consenti à Bombardier un prêt remboursable de 372,5 millions$ — trois pour cent de 13,7  milliards$ — dont les deux tiers à la condition que ce constructeur aérien maintienne ses activités en Ontario (où sont construits ses avions d’affaires Global 7000).

Si Bombardier décidait de produire des avions militaires, il faudrait que l’avionneur les fabrique en Ontario pour qu’Ottawa l’aide à cette fin.

Troisième exemple. En vue d’une installation au Canada, la compagnie Oerlikon avait envisagé plusieurs sites, dont Saint-Jean-sur-Richelieu.

Lorsqu’André Bissonnette — député conservateur de la circonscription et ministre d’État affecté aux Petites entreprises — avait appris que la candidature de sa ville avait été rejetée, il s’était discrètement informé auprès de la compagnie pour connaitre la ou les raisons de ce rejet.

Or tous ces motifs de rejet étaient inexacts; au contraire, Saint-Jean-sur-Richelieu possédait tous les atouts souhaités par le constructeur. Grâce à son influence, Oerlikon finit par s’établir dans cette ville.

Furieux que le député québécois ait empêché Oerlikon de s’établir ailleurs (comme ils le lui conseillaient), les fonctionnaires fédéraux se sont vengés en déclenchant une enquête de la Gendarmerie royale contre le député sous l’accusation fallacieuse d’avoir spéculé sur les terrains achetés par le constructeur, accusation dont André Bissonnette fut complètement innocenté par les tribunaux.

À partir de ces exemples, imaginer que le Québec obtiendrait dorénavant sa juste part des contrats militaires fédéraux relève du jovialisme.

La sous-traitance de l’armée américaine

Qu’il s’agisse d’une participation canadienne à la construction d’un système antimissiles nord-américain (surnommé Dôme d’or) ou de l’achat de matériel militaire américain, le Canada ne peut pas compter sur Washington pour que des entreprises d’ici bénéficient de contrats de sous-traitance.

Pour que cela se fasse, il faudrait que Donald Trump favorise l’intégration nord-américaine de l’industrie de l’armement. En d’autres mots, que les compagnies canadiennes fabriquent des obus ou des composants, ou procèdent à l’assemblage final des systèmes antimissiles, par exemple.

Comme c’est le cas de l’industrie automobile nord-américaine où le Canada fabrique des pièces détachées, ou assemble certains modèles de voitures.

Au contraire, Donald Trump sabote l’intégration économique canado-américaine par des taxes à l’importation dont le but est de forcer les fournisseurs canadiens à délocaliser leur production aux États-Unis.

Et on veut nous faire croire qu’il ferait l’inverse dans le cas de l’industrie de l’armement ?

Envers le Canada et les autres pays de l’Otan, Donald Trump ordonne le paiement d’un tribut comme l’exigeait Rome des peuples de son Empire. Le président américain veut que la protection militaire de son pays ait un prix.

Ce qui est parfaitement légitime. Tous les citoyens paient des impôts qui servent à financer la police et l’armée. Washington veut qu’il en soit de même de la protection militaire qu’il assure à ses vassaux.

Les retombées économiques

Toute dépense de l’État occasionne des retombées économiques. Prenons un exemple.

Lorsqu’Ottawa attribue un milliard de dollars à la construction domiciliaire, cette somme est injectée intégralement dans l’économie canadienne. Mais chaque dollar sert plusieurs fois.

Les entrepreneurs en construction qui bénéficient des contrats gouvernementaux dépensent l’argent reçu du gouvernement à payer leurs ouvriers et à acheter des matériaux.

D’une part, les fabricants de ciment, de bois d’œuvre, de portes et fenêtres prennent l’argent des entrepreneurs (reçu du gouvernement) pour renflouer leurs stocks.

Et les ouvriers dépensent leurs salaires — versés par leurs employeurs à partir de l’argent des contrats gouvernementaux — pour nourrir les membres de leur famille et les loger, pour chauffer le domicile conjugal, pour acheter du matériel scolaire, du lait maternisé ou des couches pour bébé. Etc.

Et l’épicier qui leur vend des aliments utilise l’argent que ceux-ci dépensent pour rémunérer leurs propres employés et renflouer ses stocks auprès de ses fournisseurs. Et ainsi de suite.

En moyenne, chaque dollar dépensé génère près de trois dollars de retombées économiques. En d’autres mots, les retombées économiques des contrats gouvernementaux sont habituellement comprises entre 270 % à 300 %.

Selon Ottawa, l’achat des chasseurs-bombardiers F-35 par le Canada représente des retombées économiques de l’ordre de dix-milliards de dollars. Cela semble beaucoup.

Toutefois, il faut dépenser 45 milliards$ pour en retirer un bénéfice de dix-milliards$ (22 %).

L’acquisition des chasseurs-bombardiers F-35 par notre pays est le plus mauvais contrat militaire de l’histoire du Canada.

Mais il y a toujours pire. Selon toute vraisemblance, le financement canadien au ‘Dôme d’or’ américain n’occasionnera aucune retombée économique ou presque; ce projet pharaonique n’est qu’un stratagème d’extorsion totalement inutile contre les missiles supersoniques russes.

Conclusion

Alors que de partout résonne le tambour de la guerre, que faut-il au Canada pour se défendre dans l’éventualité d’une Troisième Guerre mondiale ? Voilà la première question à se poser.

La seconde concerne le cout des moyens qui nous seraient alors nécessaires.

Si on en juge par les guerres actuelles, ce dont le Canada a besoin, ce sont des drones autonomes mus par intelligence artificielle (comme ceux utilisés par Israël dans la bande de Gaza), des missiles sol-sol et sol-air (qui empêchent l’ennemi d’acquérir la suprématie aérienne), un système de géolocalisation satellitaire qui détermine précisément les cibles à atteindre, et des missiles supersoniques qui rendent toute défense inutile.

Au lieu d’être le Neville Chamberland des temps modernes et d’acheter de la camelote américaine démodée avant même d’être produite, Mark Carney devrait se tenir debout et dire que le Canada a déjà tout ce dont il a besoin pour pallier une invasion militaire qui n’arrivera pas et que la meilleure manière de prévenir la guerre est l’intégration économique avec les pays dont nous cultivons, au contraire, l’animosité.

Au Québec, les hôpitaux tombent en ruine, les écoles manquent de place, la crise du logement sévit, aucun projet de transport en commun n’a été initié par la CAQ depuis sept ans, l’adaptation aux changements climatiques est un fiasco et Montréal s’anglicise sous l’effet du déluge migratoire voulue par Ottawa.

Le danger qui guette le Canada ne vient pas de l’Étranger; il vient de l’intérieur. Quand la dette que nos gouvernements auront accumulée nécessitera à la fois une hausse importante des impôts et la privatisation des services dont on nous promettait la gratuité, il y a lieu de craindre une instabilité sociale contre laquelle les militaires canadiens, armés jusqu’aux dents, seront impuissants.

Références :
« Dôme d’or » : Carney dit être intéressé, mais…
Dépenses militaires : le Canada atteindra la cible de l’OTAN dès cette année, dit Carney
Du beurre ou des bombes: faut-il se ruiner pour l’OTAN?
L’Alberta dégage un surplus de 8,3 G$ en 2024-2025
La façade ministérielle de l’État canadien
La géopolitique de l’Arctique
L’augmentation des dépenses militaires du Canada
Le Canada s’engage à plus que doubler ses dépenses militaires d’ici à 2035
Le colonialisme économique ‘canadian’
Le Québec en position stratégique pour le réarmement de la défense canadienne
Le sabotage de la vente d’hélicoptères québécois par le ministre fédéral François-Philippe Champagne
Les miettes dorées du F-35
Les miettes fédérales au chantier maritime Davie
Le TVA Nouvelles demeure numéro 1 au Québec
Les Inuit pressent Ottawa de sécuriser l’Arctique
L’OTAN doit se calmer le pompon
Trump dit que l’adhésion du Canada au « Dôme d’or » coûtera 61 milliards de dollars
Un nouvel engouement des jeunes pour la souveraineté

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’augmentation des dépenses militaires du Canada

Publié le 3 juin 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

En septembre 2014, les pays membres de l’OTAN se sont entendus pour augmenter leurs budgets militaires de manière à ce que, dix ans plus tard, le niveau de leurs dépenses atteigne un minimum de 2 % de leur produit intérieur brut (PIB).

Ce deux pour cent, ce n’est pas une exigence à laquelle il faut obéir à défaut de quoi un pays risque d’être expulsé de l’Alliance; c’est un engagement volontaire pris individuellement par certains pays, dont le Canada.

Puisque nous sommes rendus dix ans plus tard, il est clair qu’Ottawa a failli à réaliser son engagement militaire puisque nous en sommes actuellement à 1,3 % du PIB.

Pour faire face à une guerre de haute intensité comme celle qui se déroule en Ukraine, même deux pour cent du PIB est insuffisant. Voilà pourquoi le secrétaire général de l’Otan et l’administration Trump s’entendent pour dire que les pays occidentaux devraient plutôt consacrer cinq pour cent de leur PIB à leur défense.

Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Soulignons d’abord qu’il ne s’agit pas d’un pourcentage du budget fédéral, mais d’un pourcentage du produit intérieur brut. Or le PIB, c’est la valeur de tous les biens et services produits au pays au cours d’une année.


Couts de l’augmentation des dépenses militaires

Pourcentage Cout Cout additionnel Cout par famille
1,3 % du PIB 40,1 milliards $ (aucun) 4 010 $
2,0 % du PIB 61,7 milliards $ 21,6 milliards $ 6 170 $
3,0 % du PIB 92,5 milliards $ 52,4 milliards $ 9 250 $
4,0 % du PIB 123,4 milliards $ 83,2 milliards $ 12 340 $
5,0 % du PIB 154,3 milliards $ 114,2 milliards $ 15 430 $

Le PIB du Canada est de 3 085 milliards de dollars canadiens. Pour dépenser cinq pour cent de son PIB en dépenses militaires, le Canada devra y consacrer annuellement 154,32 milliards de dollars.

En comparaison avec ce qu’on dépense actuellement, c’est 114,2 milliards de dollars de plus, par année.

Concrètement, cela signifiera qu’une famille moyenne (deux parents et deux enfants) devra (théoriquement) payer chaque année 15 430 $ en impôts pour la défense du pays.

Évidemment, cela est théorique puisque nos politiciens se font élire sous la promesse de réduire les taxes et les impôts.

Pour augmenter de manière importante les dépenses militaires sans augmenter les impôts, une solution sera de nous endetter en refilant la facture aux générations futures.

Ou bien, il suffit au fédéral de couper dans les transferts aux provinces. Ce qui leur laissera l’odieux de sabrer dans notre filet de protection sociale.

Ce sera l’un ou l’autre.

Paru depuis : OTAN : les alliés affichent un accord pour augmenter les dépenses de défense jusqu’à 5 % de leur PIB (2025-06-05)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les dépenses militaires en 2023

Publié le 25 février 2025 | Temps de lecture : 3 minutes
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Avant-propos : Dans le texte qui suit, les cas du Soudan et du Congo ne sont pas pris en considération.

Les dépenses militaires comprennent la solde des soldats, le cout des opérations, l’achat d’armement, les infrastructures militaires (comme les bases militaires), de même que la recherche et le développement d’armes de pointe.

En 2023, les dépenses militaires s’élevaient à 2,4 mille-milliards de dollars, soit 306$ par être humain. C’est 2,3 fois que ce qu’on dépensait par personne en 2000 (soit 130$).

Les 31 pays membres de l’Otan représentaient 55 % des dépenses militaires mondiales.

À lui seul, le budget militaire des États-Unis était supérieur aux budgets combinés des huit autres pays les plus dépensiers.

De manière générale, au Proche et au Moyen-Orient, les dépenses militaires ont augmenté de 9,0 % pour atteindre 200 milliards de dollars en 2023. Il s’agit de la plus forte augmentation annuelle jamais enregistrée dans la région au cours des dix dernières années.

À ce sujet, Israël dépense 5,3 % de son PIB et 14,6 % du budget de l’État. C’est 2 997 $ par Israélien. Comparativement, aux États-Unis, c’est un peu moins, soit 2 694 $ par Américain.

En raison du déclenchement de la guerre à Gaza, c’est dans les derniers mois de 2023 qu’Israël a accru massivement ses dépenses militaires. Pour l’ensemble de l’année, c’est une augmentation de 24 % (pour atteindre 27,5 milliards de dollars).

Pour être considéré en économie de guerre, un pays doit dépenser vingt pour cent de PIB à guerroyer. C’est le cas de l’Ukraine. Ce pays dépense à ce sujet 36,7 % de son PIB et 58,2 % du budget de l’État.

L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) — de qui proviennent les données du présent texte — écrit :

En 2023, les dépenses militaires de l’Ukraine représentent 59 % de celles de la Russie. Cependant, l’Ukraine a également reçu au moins 35 milliards de dollars d’aide militaire au cours de l’année, dont 25,4 milliards de dollars des États-Unis. Ensemble, cela équivaut à environ 91 % des dépenses militaires russes.

Devenu le plus pauvre d’Europe en raison de la guerre, l’Ukraine est également au troisième rang quant aux dépenses militaires par personne, soit 1 762 $.

Après l’Ukraine, c’est le Liban, l’Algérie, et l’Arabie saoudite qui complètent le quatuor des pays qui consacrent le plus grand pourcentage de leur PIB à des dépendes militaires, soit respectivement 8,91 %, 8,2 %, et 7,1 % (devant la Russie à 5,9 % et Israël à 5,3 %).

Incapables de résoudre la violence des gangs et celle des trafiquants par des moyens conventionnels, les pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont eu recours de manière croissante à l’armée. Ce qui s’est reflété dans leurs budgets militaires.

Références :
Les dépenses militaires mondiales augmentent dans un contexte
de guerre, d’escalade des tensions et d’insécurité

Which countries are the top military spenders and where does Europe rank?

Paru depuis : US economy’s heavy dependence on arms sales should worry the world (2025-05-23)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’OTAN et les élections québécoises

Publié le 5 juillet 2018 | Temps de lecture : 3 minutes

Tout se tient.

En 2014, le gouvernement Harper s’est engagé à doubler les dépenses militaires du pays d’ici 2024.

C’est ainsi que le budget de la Défense passera de 1% à 2% du Produit intérieur brut canadien. En clair, c’est une dépense récurrente de quinze-milliards$ par année.

Comme le défunt contrat des chasseurs F-35, il est à prévoir qu’il s’agira pour le Canada d’acheter du matériel militaire américain pour lequel notre pays n’obtiendra que très peu de retombées économiques.

Pour une famille de quatre personnes, cela équivaut annuellement à 2 000$ de taxes et d’impôts supplémentaires. Et ce, alors que le risque de guerre mondiale est nul (la force militaire américaine étant cinq à dix fois supérieure à celle de la Russie).

Selon toutes les apparences, le gouvernement Trudeau entend respecter les engagements pris par le gouvernement Harper à ce sujet. Cela changera profondément la nature du Canada.

Puisque les États-Unis viennent de réduire substantiellement l’impôt des entreprises, l’État canadien n’aura pas d’autres choix que de diminuer le filet de protection sociale qui constitue une caractéristique fondamentale du pays.

Quel est donc le rapport avec les élections québécoises ?

Peu importe le parti qui remportera les prochaines élections provinciales, celui-ci devra renoncer à une bonne partie de ses projets lorsque le fédéral lui coupera progressivement les vivres d’ici 2024.

D’où la stupidité aberrante de toutes ces promesses de réduction de taxes par les partis de droite du Québec plutôt que de l’investir dans la réfection des écoles et des hôpitaux pendant que nous en avons encore les moyens.

Les compressions devenues nécessaires dans notre système de santé arriveront à un bien mauvais moment.

Le faible taux de chômage actuel au Québec s’explique par la mise à la retraite des babyboumeurs (ce qui rend leurs emplois disponibles à d’autres).

Mais dans cinq ou dix ans, débutera leur perte d’autonomie. D’où l’explosion des couts que leur état de santé requerra.

Un nombre croissant d’entre eux devront être placés dans des centres d’hébergement qui sont déjà en décrépitude et que nous n’auront pas restaurés, préférant profiter de réductions de taxes promises par certains politiciens.

En manque d’argent, peut-être regrettons-nous alors notre négligence à nous intéresser au gaspillage militaire du pays quelques années plus tôt…

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Doubler les dépenses militaires et la dénaturation du Canada

Publié le 25 mai 2017 | Temps de lecture : 7 minutes
Le ministre canadien de la Défense, M. Harjit Sajjan

Introduction

Depuis l’élection de Donald Trump, les États-Unis accusent les autres membres de l’OTAN de ne pas faire leur juste part dans la défense du monde occidental en raison de l’insuffisance de leur budget militaire.

En réalité, ce reproche n’est pas nouveau mais le nouveau chef d’État américain s’est fait beaucoup plus instant que son prédécesseur à ce sujet.

Qu’en est-il ?

Les dépenses militaires des membres de l’OTAN

En septembre 2014, les pays membres de l’OTAN se sont entendus pour augmenter leurs budgets militaires de manière à ce qu’en 2024, le niveau de leurs dépenses atteigne un minimum de 2% de leur produit intérieur brut (PIB).

Les motifs d’un tel engagement sont obscurs.

D’une part, il est vrai que depuis plusieurs années, la Russie et la Chine augmentent leurs dépenses militaires.

Si on exclut le cas particulier du nombre d’ogives nucléaires (dont la Russie possède un stock vieillissant mais toujours supérieure à celui des États-Unis), la supériorité américaine est écrasante; on estime que la force militaire américaine est de cinq à dix fois supérieure à celle de la Russie.

Conséquemment, même au taux d’augmentation actuel, ni la Russie ni la Chine ne sont en train de rattraper leur retard sur les États-Unis.


 
En 2016, des 28 membres de l’OTAN, seuls six respectaient déjà l’engagement pris pour 2024 : ce sont Les États-Unis, la Grèce, l’Estonie, le Royaume-Uni et la Pologne.

En montants absolus, leurs budgets militaires ne sont pas nécessairement les plus élevés mais ils sont les plus importants relativement à la taille de leur économie.

À 3,6% du PIB, le budget militaire américain est le plus élevé en raison d’une politique étrangère belliqueuse qui les amène utiliser la force militaire et à déclencher des guerres prédatrices sous n’importe quel prétexte. Par la même occasion, cela leur permet de tester l’efficacité et la fiabilité de leur matériel de pointe.

Pourquoi la Grèce, si endettée, est-elle en deuxième position avec 2,4% ? Parce qu’elle inclut le cout de la défense de ses frontières dans le calcul de ses dépenses militaires. Or la Grèce est à l’avant-scène de la crise migratoire européenne.

Ex-république soviétique et pays voisin de la Russie, l’Estonie vit dans la hantise d’un envahissement russe et de la déstabilisation de son économie par des agitateurs à la solde de Moscou. Son budget militaire (2,2%) en est le reflet.

De la troisième place en 2015, le Royaume-Uni occupe maintenant la quatrième en 2016 (avec 2,2%) puisque ce pays n’a plus les moyens de continuer d’être le fidèle accompagnateur des États-Unis dans leurs entreprises guerrières.

De 1990 à 2013, la Pologne a réduit ses dépenses militaires de 2,4% à 1,8%. Elles ont remonté à 2,0% depuis pour une raison précise; ce pays ambitionne de devenir un exportateur d’armement et, entretemps, subventionne massivement le développement d’un complexe militaro-industriel national.

Le cas canadien

Le Canada n’a que quatre voisins : la Russie, les États-Unis, les iles Saint-Pierre et Miquelon, et le Groenland.

La Russie ne se risquerait pas à envahir le Canada puisque cela mettrait en péril l’approvisionnement des États-Unis en matières premières et provoquerait immédiatement l’entrée de ce pays en guerre.

Si devenir un champ de bataille n’est jamais une perspective intéressante pour aucun pays, il est illusoire de penser que doubler nos dépenses militaires changerait l’issue d’un conflit.

Pour ce qui est des Américains, on voit mal pourquoi ils utiliseraient la force afin de s’emparer de ressources qu’ils obtiennent déjà pacifiquement.

Quant à la menace d’une attaque par les milices de Saint-Pierre et Miquelon ou par les Esquimaux du Groenland, notre budget militaire actuel devrait suffire à nos protéger de cette redoutable menace.

La dénaturation du Canada

Ce dont il est question ici, ce n’est pas de hausser de 1% le budget fédéral consacré aux dépenses militaires mais de consacrer à ce poste budgétaire une somme supplémentaire équivalent à 1% du PIB.

Le PIB du Canada est de 1 551 milliards$. Il s’agit donc de dépenser quinze-milliards$ de plus par année à ce sujet.

C’est l’équivalent de l’important contrat de blindés canadiens achetés par l’Arabie saoudite. Sauf qu’il ne s’agira pas d’une dépense étalée sur plus d’une décennie, mais répétée annuellement par le Canada.

De plus, comme le contrat défunt des chasseurs F-35, il est à prévoir qu’il s’agira en bonne partie pour le Canada d’achats d’armements américains pour lesquels notre pays n’obtiendra que très peu de retombées économiques.

Les différents postes budgétaires de l’État sont des vases communicants. Dans la perspective où les États-Unis s’apprêtent à réduire substantiellement l’impôt des entreprises, où donc l’État canadien trouvera-t-il l’argent supplémentaire pour la Défense nationale sinon en diminuant le filet de protection sociale qui constitue une caractéristique fondamentale du pays ?

En somme, que les Canadiens élisent un gouvernement de gauche ou de droite, il suffit de doubler les dépenses militaires canadiennes pour forcer le gouvernement fédéral à virer à Droite, peu importe la volonté exprimée démocratiquement par les citoyens du pays.

Et toute réduction appréciable du taux d’imposition aux entreprises décrété par Washington rendra encore plus inévitable et dramatique le démantèlement du filet de protection sociale canadien, devenu trop onéreux.

Sur les 250 milliards$ de dépenses fédérales, la majorité de cette somme est incompressible. Pour accroitre les dépenses militaires de quinze-milliards$, le choix de l’État fédéral sera entre hausser de beaucoup la fiscalité des particuliers ou effectuer des coupures draconiennes dans les postes budgétaires autres que celui de la Défense nationale.

Sous les motifs obscurs d’engagements internationaux, ce dont il est question est d’obliger le Canada à revêtir volontairement une camisole de force budgétaire qui le condamne à appauvrir son propre peuple pour engraisser le complexe militaro-industriel américain.

Références :
Le Canada prêt à doubler son budget de défense d’ici 2024
Les dépenses de défense des pays de l’OTAN (2009-2016)
Les pays de l’Otan dépensent toujours moins en matière de défense
Les 25 ans de l’OTAN
Ottawa tente de comptabiliser différemment ses dépenses militaires
Sommet de l’OTAN sous pression pour Justin Trudeau
Trump qualifie l’OTAN d’organisation «obsolète»
Quels pays ont le plus augmenté leur budget militaire? La réponse en carte

Parus depuis :
OTAN : Le Canada n’atteindra jamais les cibles de dépenses, a admis Trudeau (2023-04-19)
L’OTAN et le secret canadien : l’argent n’est pas le plus gros problème de notre armée (2024-07-04)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 75mm F/1,8 — 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 6400 — 75 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les dépenses militaires au Moyen-Orient en 2014

Publié le 15 janvier 2016 | Temps de lecture : 2 minutes

L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) a été fondé en 1966 afin de célébrer les 150 ans de paix ininterrompue en Suède.

Cet organisme publie des données relatives aux dépenses militaires.

À partir de ses données, voici les dépenses militaires en 2014 de plusieurs pays du Moyen-Orient et, à titre comparatif, de trois pays : la Tunisie, la France et le Canada.

La première colonne après le nom du pays indique les sommes dépensées en milliards de dollars américains, en pourcentage du produit intérieur brut du pays, par personne, et le pourcentage que cela représente de l’ensemble des dépenses de l’État.

MMM$US PIB /capita Budget
Arabie saoudite 80,8 10,4% 2 747$ 25,9%
Émirats arabes unis 22,8 5,1% 2 421$ 23,9%
Turquie 22,6 2,2% 298$ 5,8%
Israël 15,9 5,2% 2 040$ 13,0%
Oman 9,6 11,6% 2 467$ 25,5%
Irak 9,5 4,2% 273$ 9,1%
Égypte 4,9 1,6% 60$ 5,1%
Liban 2,1 4,5% 424$ 14,0%
Jordanie 1,3 3,5% 169$ 9,0%
Tunisie 0,9 1,8% 82$ 5,3%
France 62,3 2,2% 964$ 3,8%
Canada 17,5 1,0% 492$ 2,3%

On voit donc que l’Arabie saoudite, un pays de 27 millions d’habitants, dépense davantage en équipement militaire que la France, 2,5 fois plus peuplée.

De plus, en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et dans la république d’Oman, les dépenses militaires accaparent environ le quart des dépenses publiques, soit beaucoup plus que dans les pays moins menacés par la guerre.

Parce que peuplés respectivement de 81 et 85 millions de personnes, la Turquie et l’Égypte dépensent par personne beaucoup moins que la moyenne même si, en montants absolus, cela représente une somme appréciable.

Paru depuis : US economy’s heavy dependence on arms sales should worry the world (2025-05-23)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les dépenses militaires en 2009

Publié le 7 février 2011 | Temps de lecture : 2 minutes

Depuis dix ans, les dépenses militaires mondiales ont augmenté de 49%. Pour la dernière année dont les chiffres sont connus avec précision, soit 2009, elles ont augmenté de 5,9% (en dollars constants) en comparaison avec l’année précédente.

En 2009, huit pays effectuaient à eux seuls 70% des dépenses militaires de la planète.
   1 – les États-Unis : 43,2% (661 milliards$)
   2 – la Chine : 6,5% (100 milliards$)
   3 – la France : 4,2% (64 milliards$)
   4 – le Royaume-Uni : 3,8% (58 milliards$)
   5 – la Russie : 3,5% (53 milliards$)
   6 – le Japon : 3,4% (52 milliards$)
   7 – l’Allemagne : 3,0% (46 milliards$)
   8 – l’Arabie Saoudite : 2,7% (41 milliards$)

Toujours en 2009, par habitant, les cinq pays les plus dépensiers étaient…
   1 – les États-Unis (2 100$)
   2 – l’Arabie saoudite (1 603$)
   3 – la France (1 026$)
   4 – le Royaume-Uni (966$)
   5 – l’Australie (892$)

Loin derrière, la Chine dépense 75$ par habitant, soit 28 fois moins que les États-Unis. Toutefois, le budget militaire chinois est en croissance rapide ; il s’est accru de 15% en 2009.

En pourcentage du Produit intérieur brut, cela représente…
   • l’Arabie saoudite : 8,2%
   • les États-Unis : 4,3%
   • la Russie : 3,5%
   • la Corée du Sud : 2,8%
   • MOYENNE MONDIALE : 2,7%
   • le Royaume-Unis : 2,5%
   • la France : 2,3%

De 1988 à 1997, en dollars constants, le Canada a réduit ses dépenses militaires pour les augmenter progressivement par la suite. Si bien que 2008 fut la première année où elles ont dépassé leur niveau d’il y a vingt ans. De plus, le Canada consacre une proportion relativement faible de son produit intérieur brut aux dépenses militaires.


Dépenses militaires de cinq pays (en milliards de dollars de 2008)

  1988 1993 1998 2003 2008
États-Unis 533,6  $ 443,6  $ 362,3  $ 486,0  $ 616,1  $
Chine 20,4  $ 25,9  $ 48,5  $ 86,2  $
France 71,0  $ 69,0  $ 62,9  $ 65,7  $ 66,9  $
Arabie saoudite 17,8  $ 20,1  $ 24,0  $ 22,2  $ 38,2  $
Canada 18,3  $ 16,6  $ 13,5  $ 14,5  $ 19,3  $

 

Dépenses militaires de cinq pays (en pourcentage de leur PIB)

  1988 1993 1998 2003 2008
États-Unis 5,7% 4,5% 3,1% 3,8% 4,3%
Chine   2,0% 1,7% 2,1% 2,0%
France 3,6% 3,3% 2,7% 2,6% 2,3%
Arabie saoudite 15,2% 12,5% 14,3% 8,7% 9,2%
Canada 2,0% 1,8% 1,3% 1,1% 1,3%


 
Références :
Copel É, Des armes à tout prix, La Revue, 2010; 8: 58-61
The SIPRI Military Expenditure Database

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