Roxham Inc.

18 septembre 2022

Introduction

Plus tôt cette semaine, Radio-Canada présentait le reportage Roxham Inc.

Le ‘Roxham’ dont il est question est cette voie terrestre qui relie à pied le Québec à l’État de New York et qui est empruntée annuellement par des dizaines de milliers de demandeurs d’asile.

Ce reportage visait à dénoncer « le lucratif marché des passeurs qui exploitent la détresse de ceux qui sont prêts à tout pour refaire leur vie au Canada.»

Soyons francs; qu’un chauffeur américain de taxi charge 500$US pour transporter un passager de Miami à Montréal n’a rien de scandaleux lorsqu’on pense qu’il en coute le dixième simplement pour aller de chez moi à l’aéroport de Montréal.

En mars 2010, sur ce blogue j’avais blâmé sévèrement le gouvernement canadien pour son laxiste frontalier. Or en écoutant Roxham Inc., je me suis rendu compte que mon opinion avait évolué à ce sujet.

2020 vs 2022

En mars 2020, l’État de New York était l’épicentre de la pandémie de Covid-19 en Amérique du Nord; on y comptait dix fois plus de morts par million d’habitants qu’au Québec.

Pendant plusieurs semaines, tout ce qu’Ottawa a fermé, c’est l’édicule où les garde-frontières arrêtaient les demandeurs d’asile. Jamais le chemin Roxham lui-même n’a été véritablement fermé.

Or qu’est-il arrivé aux migrants qui ont traversé la frontière canadienne au cours de la première vague de la pandémie ?

À l’époque, la Santé publique du Québec interdisait le port du masque aux employés de nos hospices (qu’on appelle CHSLD).

Plutôt que de leur permettre de porter des masques artisanaux ou des masques chirurgicaux (lorsque ces derniers ont cessé d’être rares), les experts autoproclamés de la Santé publique obligeaient ces employés à travailler à visage découvert.

À leur arrivée le matin, les employés découvraient les cadavres des vieillards morts au cours de la nuit, alors que sur les étages flottait une odeur d’urine et de matière fécale.

Bref, des milliers d’entre eux ont décidé de démissionner; à leur place, j’aurais fait pareil.

Or qui s’est occupé de nos vieillards au cours de cette période ? Ces demandeurs d’asile qui n’ont pas pu trouver d’emploi en raison du confinement et de la fermeture de l’économie.

Bref, ces gens ont pris soin de nos vieux au péril de leur vie.

Leur cas est l’illustration parfaite du fiasco du système Arrima du gouvernement de la CAQ.

Celui-ci devait arrimer (d’où son nom) l’immigration aux besoins du marché. En réalité, ce système visait à ‘importer’ des immigrants selon l’évaluation technocratique des besoins du marché.

Malheureusement pour le système Arrima, nous vivons à une époque où tout évolue tellement rapidement qu’il est impossible de prévoir le futur autrement que de manière très générale.

Ce que nous devrions avoir appris depuis le début de la pandémie, c’est que les besoins migratoires du Québec, ce sont essentiellement des néoQuébécois qui parlent déjà français à leur arrivée, qui sont intelligents et débrouillards. C’est tout.

Le gouvernement Legault a raison de vouloir des travailleurs qualifiés. Mais il a tort d’être dogmatique à ce sujet puisque l’économie du Québec repose principalement sur la petite ou moyenne entreprise. Or les dizaines de milliers de postes qui y sont vacants le sont pour des emplois à faible qualification.

En somme, ce sont des emplois qui peuvent être comblés facilement par les demandeurs d’asile qui passent par le chemin Roxham.

Si le Québec accueillait tous ces gens, ne devrait-on pas craindre que leur nombre dépasse la capacité d’accueil du Québec ?

Le principal problème est le logement. Il est indéniable que l’arrivée au Québec de dizaines de milliers de néoQuébécois aggravera la crise du logement déjà existante.

Toutefois, en comblant des milliers de postes disponibles, ces néoQuébécois permettront aux entreprises du Québec de retrouver leur vitesse normale de croisière, génèreront de l’activité économique et du coup, des revenus fiscaux pour l’État.

Or plutôt que d’être redonnés stupidement en baisses de taxes et d’impôts, ces revenus fiscaux, investis dans le logement social, permettraient justement de corriger la crise du logement.

Ce qui serait profitable à tout le monde.

Quant à la crainte qu’un grand nombre de demandeurs d’asile contribue à l’anglicisation du Québec, ce risque est nul si le Québec fait le tri des demandeurs d’asile en ne conservant que ceux qui parlent déjà français à leur arrivée et en transférant les autres hors du Québec où, j’en suis convaincu, on s’occupera très bien d’eux.

Il est de la responsabilité de nos dirigeants politiques de souligner, par exemple, que les Karim Ouellet, les Boucar Diouf et les Corneille, ce n’est pas eux qui menacent la culture québécoise parce que tous ces créateurs y contribuent et la font rayonner.

Le modèle canadien

La frontière canado-américaine est la plus longue au monde.

Plutôt que de dépenser des milliards de dollars pour construire un mur entre le Canada et les États-Unis, plutôt que d’embaucher des dizaines de milliers de garde-frontières et de les équiper de moyens technologiques aussi extraordinaires que couteux, le Canada a préféré favoriser l’entrée ‘illégale’ par un tout petit nombre de points d’entrée dont le plus connu est le chemin Roxham.

Nos garde-frontières n’ont pas à débusquer ceux qui traversent ‘illégalement’ la frontière; les demandeurs d’asile viennent gentiment en taxi se présenter au magnifique édicule de contreplaqué blanc où ils sont interceptés par une poignée d’agents.

Les demandeurs d’asile sont alors identifiés, fichés, et transférés dans un centre de détention à Laval.

Sous ses apparences d’amateurisme pur, le système canadien offre un rapport cout-efficacité remarquable.

Ceux qui persistent à croire qu’Ottawa ne protège pas suffisamment les frontières du Québec ont toute la liberté de voter en faveur de l’indépendance ou de porter au pouvoir à Ottawa un parti de droite qui tentera vainement de colmater la frontière canado-américaine, cette passoire qui ne peut faire autrement que de l’être.

Références :
Covid-19 : la nécessité du port du masque
Immigration : l’illusion des prophéties
La convergence culturelle : communion et symbiose
Le multiculturalisme ou le tribalisme des sociétés anglo-saxonnes
Les chevaux de Troie du chemin Roxham
Plus de 182 enfants séparés de leurs parents à la frontière canadienne

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Écrit par Jean-Pierre Martel