La Banque Royale du Canada et l’écologie de façade

Publié le 5 septembre 2022 | Temps de lecture : 3 minutes

Il suffit de consulter le site web de la Banque Royale du Canada pour s’en convaincre : cet établissement financier est résolument voué à la cause environnementale.

Après avoir parlé de l’importance de lutter contre les changements climatiques et plus précisément d’atteindre un bilan ‘zéro émission nette’, la banque expose sa stratégie basée sur quatre objectifs :
• aider ses clients à passer à la carboneutralité,
• assumer ses responsabilités en tant qu’investisseur,
• favoriser un avenir durable par l’information et l’inspiration, et
• faire valoir son leadeurship ‘zéro émission nette’ dans ses activités.

Qu’en est-il dans les faits ?

La Banque Royale du Canada est le plus grand prêteur du secteur des combustibles fossiles au Canada.

Toutefois, si on veut lui accorder le bénéfice du doute, ne pourrait-on pas dire que son portefeuille actuel de titres financiers reflète une politique ancienne d’investissements dont la banque a simplement tardé à se départir ?

Effectivement, lors de l’assemblée générale de ses actionnaires en avril dernier, le grand patron de la banque a annoncé son intention de publier cet automne ses objectifs de réduction de son portefeuille concernant les énergies fossiles.

Pour juger de sa sincérité, transportons-nous au Texas.

L’an dernier, la législature de cet État a adopté une loi interdisant aux institutions financières qui boycottent le pétrole de participer au marché obligataire et à la gestion des caisses de retraite du gouvernement texan, de ses sociétés publiques et des municipalités de l’État.

Résultat : le gestionnaire d’actifs BlackRock, la banque suisse UBS et 348 firmes d’investissements ont été bannis.

C’est le contrôleur financier de l’État qui est chargé de débusquer et d’ajouter les établissements financiers fautifs à la liste noire créée à ce sujet.

Contactée par celui-ci, la Banque Royale a été sommée de faire la preuve qu’elle n’était pas antipétrole. Heureusement pour elle, ses engagements climatiques ont été jugés suffisamment insignifiants pour plaire à l’État.

Conséquemment, la Banque Royale n’apparait pas sur la liste noire texane.

Signalons que c’est aussi le cas de toutes les banques canadiennes. On peut donc en conclure que leurs engagements à la cause environnementale relèvent du domaine des relations publiques…

Références :
BlackRock, UBS and 348 ESG funds « banned » in Texas
La Banque Royale veut une « transition climatique ordonnée »
Le Texas en guerre contre les investisseurs « wokes »
Loi contre les institutions financières antipétroles

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Écrit par Jean-Pierre Martel