Le mot en ‘M’

Publié le 31 août 2022 | Temps de lecture : 2 minutes

Dans le Grand dictionnaire de la rectitude politique, un nouveau mot honteux vient de faire son apparition : le mot ‘Madame’.

À Versailles, celui-ci a longtemps été utilisé pour désigner avec respect les maitresses royales d’origine modeste.

Évidemment, quiconque s’appelle Jeanne-Antoinette Poisson dans la vraie vie préfèrera se faire appeler Madame de Pompadour à la cour du roi. Ça fait plus chic.

Mais les temps changent.

Voulant répliquer à ses adversaires politiques sans les nommer, le premier ministre s’est posé tout haut la question suivante : « Comment cette madame peut-elle dire que l’économie du Québec ne va pas bien? » en faisant allusion à son adversaire libérale Dominique Anglade.

Il n’avait pas fini de formuler sa question que déjà, sur les milieux sociaux, on s’indignait du paternalisme, voire de la condescendance machiste de François Legault envers celle qu’on appellera : la très Honorable Dominique Anglade, cheffe de la gracieuse opposition officielle de Sa Majesté (ou THDA+ pour faire plus moderne).

Voilà donc que ‘Madame’ est devenue une insulte. Elle rejoint le rang des termes dont l’emploi constitue une micro-agression aux yeux des âmes sensibles.

Ceci étant dit, je ne crois pas que l’utilisation du mot en ‘M’ par le premier ministre découlait d’un savant calcul politique.

Toutefois, pour rassurer les électeurs face aux années de turbulence qui s’annoncent, le Québec a besoin d’être dirigé par une personne forte.

Si François Legault voulait faire paraitre la cheffe libérale comme quelqu’un qui saisit toutes les occasions pour se plaindre et adopter une posture victimaire, il n’aurait pas mieux réussi.

Référence : « Cette madame », dit François Legault pour désigner son adversaire libérale

Complément de lecture : Le derrière miraculeux de la ministre

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les baisses d’impôts, l’inflation et la guerre

Publié le 30 août 2022 | Temps de lecture : 4 minutes

Au début de la pandémie au Covid-19, Ottawa et Washington ont soutenu financièrement les ménages afin de compenser les pertes de revenus qu’ils subissaient lors du confinement obligatoire.

De nos jours, il est fréquent d’entendre les milieux conservateurs accuser ces mesures d’avoir causé de l’inflation.

Ce qu’ils veulent dire par là, c’est que ces mesures ont été trop efficaces à stimuler l’économie. Au point d’avoir créé un déséquilibre entre l’offre (devenue insuffisante) et cette forte demande des consommateurs. Ce qui a incité des fabricants à hausser leurs prix, causant ainsi de l’inflation.

Multicausale, l’inflation a connu plusieurs vagues.

La première est apparue lors de la reprise économique consécutive à la levée des mesures sanitaires. La brutale augmentation de la demande qui en a résulté a provoqué la rupture des chaines d’approvisionnement avec l’Asie et l’engorgement des ports américains qui donnent sur l’océan Pacifique.

À cette inflation d’environ 3 %, s’est ajouté depuis l’effet des sanctions occidentales contre la Russie.


 
La Russie étant un important fournisseur d’hydrocarbures et de matières premières, les pays qui ont provoqué la rupture de leurs relations commerciales avec elle ont dû, en catastrophe, essayer de s’approvisionner ailleurs.

Ne disposant pas de contrats à long terme, ils ont été forcés de payer le gros prix pour trouver des produits de substitution. C’est la cause de la deuxième vague inflationniste, beaucoup plus importante que la première.

Malheureusement, tous les experts s’entendent pour dire que l’inflation actuelle n’est qu’un aperçu de ce qui nous attend l’hiver prochain si la guerre russo-ukrainienne n’est pas terminée.

Les sanctions économiques contre la Russie s’étant avérées inefficaces, les généraux à la retraite et les va-t-en-guerre anglo-saxons qui se succèdent aux chaines de nouvelles en continu plaident en faveur d’une récession économique.

À leur avis, celle-ci entrainerait une diminution de la consommation mondiale des hydrocarbures, d’où une chute des revenus d’exportation de la Russie et une diminution du financement de sa guerre en Ukraine.

L’augmentation rapide des taux d’intérêt vise donc deux objectifs. Un objectif officiel qui est de réduire l’inflation. Et un objectif inavoué, soit de provoquer volontairement une récession économique.

D’autre part, en ce début de campagne électorale, nous assistons à la surenchère des promesses de réduction de taxes et d’impôts. Ces mesures ont pour but d’aider les ménages à faire face à l’augmentation des prix.

Ici et ailleurs, les politiciens promettent des remises d’impôt et des allocations pour faire face à l’inflation. Quand ce n’est pas carrément la promesse d’une diminution des taxes sur l’essence.

Plutôt que de laisser les peuples occidentaux assumer les conséquences des sanctions économiques décidées par leurs gouvernements, on adoptera des mesures de mitigation qui rendront nécessaires des hausses encore plus importantes des taux d’intérêt.

Comme un pompier qui tente d’éteindre un feu en l’aspergeant de combustible, on compte combattre l’inflation par des mesures inflationnistes.

En dépit du fait que leur filet de protection sociale est en lambeaux, nos gouvernements ajoutent la lutte à l’augmentation du prix de l’essence parmi leurs mesures sociales, au même titre que l’assurance maladie, l’éducation gratuite ou les garderies. Comme si c’était le rôle de l’État de protéger le marché de l’automobile.

En réalité, plus on combattra l’inflation par des mesures inflationnistes, plus les banques centrales augmenteront leurs taux d’intérêt afin de provoquer la récession mondiale qu’elles estiment nécessaire.

Bref, on n’est pas sorti du bois…

Références :
German inflation hits 40-year high as calls mount for bigger ECB rate rises
La CAQ et les libéraux promettent des baisses d’impôt
Putin to blame for UK’s high energy bills, says Johnson on surprise visit to Kyiv
Quand Macron exhorte les Français à accepter de payer «le prix de la liberté» pour l’Ukraine

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les droits linguistiques à géométrie variable

Publié le 29 août 2022 | Temps de lecture : 8 minutes

Avant-propos

On appelle personne morale tout groupement d’individus auquel la loi reconnait une existence juridique. La personne morale se distingue donc d’un particulier.

Ce peut être une compagnie, un club sportif, une association, etc.

Introduction

Le 12 aout dernier, l’honorable juge Chantal Corriveau — nommée par Ottawa à la Cour supérieure du Québec en 2005 — invalidait deux articles de la loi 96 (qui vise à protéger le français au Québec).

Ces deux articles exigent que tout document juridique rédigé en anglais émanant d’une personne morale doive être accompagné d’une version française certifiée provenant d’un traducteur agréé afin d’en permettre le dépôt au tribunal.

Selon la juge Corriveau, les couts supplémentaires et les délais pour obtenir une telle traduction créent un obstacle à l’accès à la Justice.

La barrière économique

La magistrate semble ignorer que ce sont les frais d’avocats qui sont le principal obstacle à l’accessibilité économique aux tribunaux canadiens.

Comment peut-on faire du chichi pour des frais de 12 à 40 cents du mot — le tarif demandé par un traducteur agréé — quand l’avocat qui représentera cette personne morale anglophone la saignera à blanc à raison de 400$ à 1 000$ de l’heure…

Les délais

De manière générale, ce qui allonge les causes, ce sont les requêtes, les motions, les mandamus, les brefs d’évocation et toute la panoplie des moyens juridiques que les avocats utilisent pour étirer les procès et faire gonfler leurs honoraires.

Mais il est vrai que dans le cas d’une demande d’injonction, par exemple, l’obligation de traduire une demande rédigée en anglais crée un délai qui peut être incompatible avec l’urgence de la situation.

Dans La Presse du 8 aout dernier, les avocats Guillaume Rousseau et Étienne-Alexis Boucher écrivent :

[Avant la loi 96], il n’était pas rare qu’une entreprise poursuivant des francophones déposât ses actes de procédure en anglais, rendant la défense de ces derniers plus compliquée. […] On voit mal en quoi l’accès à la justice de quelques entreprises refusant de traduire leurs actes de procédure en français serait davantage entravé aujourd’hui que l’accès à la justice de millions de […] francophones avant l’adoption de la loi 96.

De toute manière, l’argument du délai-qui-fait-obstacle-à-la-Justice n’est vrai que si l’avocat de la compagnie choisit de soumettre sa demande d’injonction en anglais sachant très bien que cela l’obligera à la faire traduire.

En réalité, rien n’empêche cet avocat de soumettre dans l’urgence sa requête en français, puis de prendre le temps qu’il faut pour la traduire en anglais pour sa société cliente.

Quand l’apartheid canadien sert de prétexte

Dans n’importe quel hôpital du Québec, on n’a pas besoin d’une autorisation pour admettre à l’urgence un patient non autochtone.

Le paragraphe 50 du jugement de l’honorable Chantal Corriveau nous apprend que le Kateri Memorial Hospital de Kahnawa:ke est obligé de soumettre à Québec une demande d’autorisation de soins avant de les prodiguer, une mesure qui vise à s’assurer qu’Ottawa en remboursera le cout au gouvernement québécois.

Parce qu’Ottawa a toujours refusé que les ‘Indiens’ (au sens de la loi) soient couverts par les programmes provinciaux d’assurance médicaments et d’assurance maladie. C’est le fédéral qui rembourse aux provinces les soins qui répondent à ses critères tatillons.

Au lieu de réclamer l’abolition des tracasseries administratives dues au racisme systémique d’Ottawa — tracasseries qui mettent en danger, selon la magistrate, les personnes concernées — cette dernière préfère trouver des puces à la loi 96.

À l’autre bout du Canada

Contrairement à ce qu’on pense, dans les causes civiles (et non criminelles), il n’existe pas au Canada de droit constitutionnel d’être jugé dans sa langue ailleurs qu’au Nouveau-Brunswick.

En 2013, la Cour suprême du Canada a reconnu le droit des tribunaux de Colombie-Britannique d’exiger la traduction anglaise de tous les documents en français qui leur sont soumis à titre de preuves.

Pour convaincre le plus haut tribunal du pays, l’avocat représentant le gouvernement de cette province a sorti de sa manche une loi adoptée par Londres en 1731 qui imposait l’usage exclusif de l’anglais devant les tribunaux.

En d’autres mots, cette loi interdisait d’y être jugé dans une autre langue que l’anglais.

La Cour suprême écrit que les provinces ont le pouvoir constitutionnel de légiférer sur la langue utilisée devant les tribunaux. Puisque le parlement de cette province n’a pas senti le besoin de légiférer autrement, la loi de 1731 s’applique toujours.

Textuellement, dans son jugement de 2013, le plus haut tribunal du pays écrit :

La Charte [canadienne des droits et libertés] n’oblige aucune province, sauf le Nouveau-Brunswick, à assurer le déroulement des instances judiciaires dans les deux langues officielles. Elle reconnait l’importance non seulement des droits linguistiques, mais aussi du respect des pouvoirs constitutionnels des provinces.
[…]
[Or] les provinces ont le pouvoir constitutionnel de légiférer sur la langue utilisée devant leurs tribunaux, un pouvoir qui découle de leur compétence en matière d’administration de la justice.

La législature de la Colombie-Britannique a exercé ce pouvoir pour règlementer la langue des instances judiciaires dans la province par l’adoption de deux règles législatives différentes qui prescrivent le déroulement des procès civils en anglais, des règles qui valent aussi pour les pièces jointes aux affidavits déposés dans le cadre de ces instances.

Les rédacteurs de la constitution canadienne auraient pu décider de consacrer explicitement le droit fondamental d’être jugé dans sa langue. Ils ont préféré s’en abstenir, s’en remettant plutôt au pouvoir discrétionnaire des provinces.

L’article 133 de la Canadian constitution de 1982 ne fait que permette aux personnes qui témoignent ou qui plaident devant un tribunal du Québec, de s’exprimer dans la langue officielle de leur choix. Mais elle me garantit pas à la personne accusée d’avoir un procès dans sa langue puisque la poursuite et le tribunal sont libres d’utiliser une langue qu’elle ne comprend pas.

Puisque l’article 133 est sujet au pouvoir dérogatoire des provinces, le Québec peut — comme le fait déjà la Colombie-Britannique — imposer l’unilinguisme à son système judiciaire, sauf en ce qui concerne les procès au criminel qui, eux, relèvent du fédéral.

Personnellement, je serais totalement opposé à une telle mesure si le Québec l’adoptait. Mais Québec en a le pouvoir.

Alors que la loi 96 invoque expressément la clause dérogatoire de la constitution de 1982, la Cour supérieure invalide deux articles qui exigent des personnes morales du Québec une toute petite partie de ce que la Colombie-Britannique exige de tous ses citoyens depuis des siècles.

Conclusion

Plus tôt nous nous affranchirons du régime colonial canadian, plus tôt nous pourrons défendre notre langue et notre culture sans avoir à obtenir l’assentiment des juges à la solde d’Ottawa.

Ceux-ci trouvent toujours les prétextes les plus tordus pour invalider les moyens légitimes qu’on prend pour défendre notre langue et à interdire au Québec d’imiter ce que les autres provinces sont libres de faire.

Références :
À la défense du français devant les tribunaux
Être condamné dans une langue qu’on ne comprend pas
Jugement au sujet des documents en français présentés en Cour
Jugement au sujet des documents en anglais présentés en Cour
La Cour supérieure tranche: la réforme de la loi 101 suspendue en partie
Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français
Une juge suspend deux articles de la loi 96 sur la langue française au Québec

Parus depuis :
Italian government seeks to penalize the use of English words (2023-04-01)
« It’s very english » sur la voie maritime du Saint-Laurent (2023-05-19)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Quand l’État analyse la pureté de votre drogue

Publié le 28 août 2022 | Temps de lecture : 2 minutes
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Plus tôt ce mois-ci au festival Osheaga (qui se tient au parc Jean-Drapeau), une nouvelle a fait beaucoup de bruit; un laboratoire mobile y a testé gratuitement la drogue apportée par les festivaliers ou achetée clandestinement sur place.

L’idée est inspirée de ce qu’on a fait dans la capitale australienne en 2018 et 2019, lors du festival Canberra Groovin the Moo.

Le succès de ces deux initiatives a convaincu le gouvernement australien de créer un projet-pilote de six mois au cours duquel les utilisateurs de drogue peuvent actuellement venir faire analyser gratuitement un échantillon de ce qu’ils consomment.

Dès le premier mois d’opération, on a trouvé que la majorité des échantillons soumis étaient frelatés. La plupart les personnes concernées ont décidé de la jeter.

Dans le cas de la cocaïne, 40 % des échantillons n’en contenaient pas du tout.

Dans l’ensemble des échantillons de cette drogue, le taux de pureté avoisinait 27 %. Le reste était constitué de talc, de lactose, de diméthylsulfone (une substance inerte), etc.

Quant à elle, la pureté de l’héroïne variait de 31 % à 63 %.

Par contre, on avait plus de chance avec l’Ecstasy, dont 65 % des comprimés contenaient effectivement cette drogue.

Les critiques d’une telle initiative font valoir que ce n’est pas le rôle de l’État d’aider les drogués à trouver les meilleurs revendeurs.

Cela n’est pas le but.

Dans une perspective de réduction des méfaits, le gouvernement australien estime qu’utiliser des drogues frelatées est plus néfaste pour la santé que d’utiliser une drogue de qualité pharmaceutique.

Voilà pourquoi on estime qu’une telle clinique est de nature à prévenir des frais beaucoup plus importants au système de Santé.

Références :
Analyse des substances des festivaliers: une drogue sur dix à risque à Osheaga
Australia’s first government-backed pill testing clinic finds 40% of ‘cocaine’ contained no coke
CanTEST Health & Drug Checking

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Arsenic : le bof! de la Santé publique à Québec

Publié le 26 août 2022 | Temps de lecture : 4 minutes
Minerai de sulfure d’arsenic

J’adore le journaliste Thomas Gerbet.

C’est lui et son équipe qui ont eu l’idée d’aller mesurer la quantité d’arsenic dans la poussière intérieure de trois maisons et d’une garderie situées à moins d’un kilomètre de la fonderie Horne de la ville de Rouyn-Noranda.

Ils y ont trouvé de l’arsenic à concentration moyenne de 29,2 mg/kg. Dans une maison du quartier montréalais de Rosemont choisie arbitrairement, cette concentration est de 1,8 mg/kg (seize fois moins).

Précisons que faire le ménage fréquemment diminue la quantité de poussière dans une maison, mais ne change pas sa concentration de polluants.

Si on exclut le sable à l’extérieur d’une garderie (changé régulièrement), les analyses ont révélé une concentration moyenne d’arsenic de 75,4 mg/kg dans le sol extérieur.

Au Québec, la norme maximale est de 30 mg/kg pour un terrain résidentiel et de 50 mg/kg pour un terrain industriel. En Ontario, la limite est de 18 mg/kg alors qu’en Alberta, c’est 17 mg/kg pour un terrain résidentiel.

La direction régionale de la Santé publique recommande aux familles de laisser leurs chaussures à l’extérieur de la maison, de passer l’aspirateur régulièrement et de laver les surfaces fréquemment. On leur conseille aussi de fermer les fenêtres les journées très venteuses.


 
Chaque deux à huit ans, les terrains des maisons situées à proximité de la fonderie sont testés par le bureau régional de la Santé publique.

Mais il ne semble pas que Québec ait alloué des budgets pour faire tester l’arsenic à l’intérieur des maisons. Si bien que les tests de Radio-Canada semblent être une primeur.

Toujours au-dessus de tout, le directeur de la Santé publique n’a pas été surpris par l’annonce de ces résultats puisque la poussière dans l’air, selon lui, finit toujours par retomber quelque part…

Donc c’est normal… tout en étant préoccupant.


 
Sur les marchés internationaux, à des prix variant entre huit-mille et dix-mille dollars la tonne, le cours du cuivre atteint des sommets en dix ans. Précisons que cette envolée des prix est antérieure aux sanctions occidentales contre la Russie.

Cela signifie que la minière Glencore, propriétaire de la fonderie Horne, a amplement les moyens de moderniser ses installations vieillissantes de Rouyn-Noranda.

Toutefois, en vertu des traités de libre-échange, on ne peut pas limiter les perspectives d’enrichissement des investisseurs, à moins que cela soit justifié.

En somme, la fonderie Horne ne possède pas un droit acquis à polluer, mais on ne peut limiter la pollution qu’elle cause qu’à la condition de pouvoir démontrer scientifiquement son danger devant les tribunaux du pays.

Or, dans ce cas-ci, la Santé publique est mi-chair mi-poisson. Inquiète, mais pas trop. Soucieuse, oui, évidemment, mais confiante que des demi-mesures pourraient peut-être s’avérer suffisantes.

Si la Santé publique recommandait la fermeture de la fonderie, le gouvernement du Québec serait en meilleure position pour négocier.

Le Dr Luc Boileau n’a pas inventé l’empathie autre que celle qu’il récite du bout des lèvres. Froidement d’accord avec l’augmentation de pollution atmosphérique par le nickel à Limoilou, le voilà tout ponce-pilate quand un gros incinérateur de déchets industriels empoisonne lentement par l’arsenic les habitants de Rouyn-Noranda.

À un salaire de plus d’un quart de million$ par année, les contribuables méritent mieux.

Références :
Des déchets dangereux du monde entier brûlés à la Fonderie Horne
Des poussières contaminées à l’arsenic à l’intérieur d’une garderie et de maisons
Nickel : la science a le dos large
Pour la première fois en dix ans, le cuivre dépasse 10 000 dollars la tonne
Québec exigera de la Fonderie Horne de décontaminer tous les terrains au-delà des normes

Parus depuis :
Québec refuse d’étendre l’échantillonnage à toute la ville (2022-10-31)
Fonderie Horne : une cour d’école couverte de poussières d’arsenic emportées par le vent (2023-05-03)
Glencore abandonne son projet de réduire les émissions d’arsenic à Rouyn-Noranda (2024-11-12)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 60mm Macro F/2,8 — 1/125 sec. — F/10,0 — ISO 1250 — 60 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La vidéo infrarouge

Publié le 25 août 2022 | Temps de lecture : 3 minutes
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N’importe quel appareil photo ‘ordinaire’, capable de photographier et de filmer, peut faire la même chose une fois transformé en appareil infrarouge.

Toutefois, si votre style de photographie demande que vos photos soient profondément modifiées en post-traitement, il en sera de même de vos vidéos. Ce qui implique que vous devrez posséder un logiciel capable de faire subir à vos vidéos les mêmes étapes que celles que vous appliquez à vos photos.

Dans le cas particulier du noir et blanc, les appareils photo sont généralement dotés d’un mode noir et blanc. Lorsqu’il est choisi, l’appareil désature à la volée les photos et les vidéos que vous prenez.

Toutefois, si vous effectuez un mouvement de caméra ou si un objet est en mouvement alors que vous filmez en noir et blanc, vous risquez d’obtenir un clip vidéo saccadé.

Les appareils photo numériques sont des micro-ordinateurs spécialisés. Mais contrairement à ces derniers, ils ne sont pas équipés de ventilateurs qui s’actionnent automatiquement lorsque leur microprocesseur s’échauffe.

Pensez que l’appareil doit modifier 24 ou 30 images à chaque seconde pendant que vous filmez.

Or ce traitement à la volée nécessite un grand nombre d’opérations mathématiques qui sollicitent beaucoup le microprocesseur. Malheureusement, toute augmentation importante de la température des composants électroniques d’un appareil risque de les endommager.

C’est pourquoi les fabricants limitent la puissance du traitement de l’image par leurs appareils.

En somme, si votre but est de filmer en noir et blanc, il est préférable de filmer en couleur et de désaturer vos clips vidéos une fois transférés sur votre ordinateur. Ce dont sont capables les logiciels grand public destinés à la retouche vidéo.

Vers 2015, la mise au point du filtre IR Chrome par le photographe français Yann Philippe a donné un second souffle à la photographie infrarouge en provoquant la naissance d’une nouvelle discipline, soit l’infrarouge couleur (à distinguer de l’infrarouge en fausses couleurs, obtenue après substitution de canal).

Sur un appareil infrarouge à spectre complet, qu’on utilise le filtre IR Chrome tel quel ou les filtres de l’infrarouge Rose bonbon, il est possible de réaliser facilement des vidéos infrarouges, comme en témoigne l’exemple ci-dessus, où les clips vidéos ont simplement été assemblés sous Fotomagico, écourtés pour la plupart à deux secondes et compilés par ce logiciel.

Bref, un jeu d’enfant.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Au parc Le Fontaine (et plus)

Publié le 23 août 2022 | Temps de lecture : 1 minute

Le cabinet de mon dentiste se trouve près du parc Le Fontaine.


 
Arrivé trop tôt pour mon détartrage, j’ai flâné dans la ruelle située entre les rues Cartier et Dorion où quelqu’un a créé cette installation de parapluies suspendus.






 
Après l’examen, j’ai fait un petit tour au parc.

L’avant-dernière photo représente le monument à Louis-Hippolyte La Fontaine alors que la dernière montre l’édifice de l’ancienne bibliothèque centrale de Montréal (occupé depuis 2009 par le Conseil des arts de Montréal).

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 infrarouge à spectre complet, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu B+W KB20 + filtre bleu 80C de Calumet + filtre polarisant PL-CIR d’Hoya
1re photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 15 mm
2e  photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 19 mm
3e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 40 mm
4e  photo : 1/100 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 40 mm
5e  photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 15 mm
6e  photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 17 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Au cœur de l’infrarouge ‘Rose bonbon’

Publié le 21 août 2022 | Temps de lecture : 2 minutes
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Essentiellement, sur un appareil infrarouge à spectre complet, l’infrarouge ‘Rose bonbon’ s’obtient en superposant trois filtres très particuliers :
• un filtre bleu répondant à la norme Wratten 80 (de Kodak),
• un filtre vert jaunâtre (vert X1) ou jaune verdâtre (vert X0), et
• un filtre bleu de la série KB de la marque B+W.

Mais que donne chacun de ces filtres séparément ?

Le filtre 80A crée l’infrarouge ‘Pamplemousse rose’.

Malheureusement, ses résultats sont inconstants; on l’obtient au gros soleil alors que sous un ciel nuageux, la végétation sera terne et brunâtre.

Le Лomo ж3-2* (un filtre vert X1) crée plutôt l’infrarouge ‘Rose rétro’.

Les photos qu’il prend me rappellent (avec un peu d’imagination) l’esthétique développée par Marc Caro pour le film ‘La Fabuleuse histoire d’Amélie Poulin’.

Utilisé seul, le filtre bleu B+W KB20 crée des photos que je n’aime pas.

En photographie argentique, on l’utilisait comme un substitut aux filtres de type Wratten 80. En comparant sa photo avec celle de l’Omega 80A, on voit ici que cela ne s’applique pas du tout à la photographie infrarouge.

Ensemble, ces filtres donnent un résultat complètement inattendu.

Un résultat où tout ce qui est vivant (du monde végétal ou animal) est rose alors que ce qui est minéral (le ciel, l’eau, la pierre, le verre et le métal) est approximativement de couleur normale… comme si l’appareil était doté d’intelligence artificielle.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’inflation européenne en juillet 2022

Publié le 20 août 2022 | Temps de lecture : 1 minute


 
Devant acheter à prix fort sur les marchés internationaux l’énergie dont elles ont besoin, les trois républiques baltes connaissent un taux d’inflation record.

Celui qui a cours au Royaume-Uni est le plus élevé depuis février 1982.

Au sein de la Zone euro, la France est le pays où l’inflation est la moindre. Toutefois, le cout de l’énergie pourrait y augmenter d’ici peu puisque la sècheresse actuelle a fait dangereusement baisser le niveau des cours d’eau qui normalement refroidissent ses réacteurs nucléaires.

Référence : ‘I am not blaming anyone’: Estonians shrug off 23% inflation

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Anglicisation de Montréal depuis quinze ans

Publié le 19 août 2022 | Temps de lecture : 5 minutes


De 2006 à 2021, évolution de la démographie linguistique de l’ile de Montréal
(Note : LNO signifie Langue non officielle)

Langue parlée à la maison en 2006 en 2011 en 2016 en 2021
Français 52,6 % 50,3 % 49,8 % 39,3 %
Français + LNO 1,9 % 3,2 % 4,0 % 9,1 %
Anglais 23,9 % 23,4 % 22,8 % 17,2 %
Anglais + LNO 1,1 % 1,7 % 2,0 % 6,8 %
Français et anglais 1,1 % 1,5 % 1,8 % 8,7 %
Français + anglais + LNO 0,5 % 1,0 % 1,3 % 7,8 %
Langue non officielle 19,0 % 18,9 % 18,3 % 10,9 %


De 2006 à 2021, évolution de la démographie linguistique de la région métropolitaine
(Note : LNO signifie Langue non officielle)

Langue parlée à la maison en 2006 en 2011 en 2016 en 2021
Français 67,9 % 66,1 % 65,9 % 56,0 %
Français + LNO 1,3 % 2,3 % 2,9 % 7,2 %
Anglais 16,5 % 16,0 % 15,3 % 11,5 %
Anglais + LNO 0,7 % 1,1 % 1,3 % 4,3 %
Français et anglais 1,0 % 1,3 % 1,5 % 7,6 %
Français + anglais + LNO 0,3 % 0,7 % 0,9 % 5,9 %
Langue non officielle 12,3 % 12,5 % 12,2 % 7,6 %


Remarque : Dans le texte qui suit, ‘Francophone’ est défini comme une personne qui, à la maison, parle principalement le français ou une langue non officielle de même que le français. Cela correspond aux deux premières rangées dans les tableaux ci-dessus (en jaune).

La langue parlée à la maison est celle dans laquelle on élève ses enfants. Du coup, c’est celle qui détermine l’avenir démographique du Québec.

 
Depuis quinze ans, la proportion de Francophones au sein de la population montréalaise a diminué de 54,5 % à 48,4 %.

Dans l’ensemble de la région métropolitaine — qui représente environ la moitié de la population québécoise — la chute a été similaire, passant de 69,2 % à 63,2 % en seulement quinze ans.

Dans une société ouverte comme le Québec, l’immigration correspond à une nécessité pour pallier une pénurie de main-d’œuvre qui ne peut pas être corrigée par l’automatisation.

L’augmentation spectaculaire de la proportion des personnes qui parlent à la fois le français et une langue non officielle — passant de 1,9 % à 9,1 % — ne doit pas nous inquiéter.

Il s’agit simplement de néoQuébécois qui, dans l’intimité de leur demeure, tiennent à conserver certaines des caractéristiques culturelles de leur pays d’origine tout en adoptant progressivement la langue de la société d’accueil. Comme nous le ferions nous-mêmes si nous avions à changer de pays.

En somme, ces personnes sont dans un processus de transfert linguistique vers le français.

Au contraire, on doit s’inquiéter de l’augmentation importante des familles à l’intérieur desquelles on parle les deux langues officielles. Leur pourcentage est passé de 1,1 % à 8,7 % à Montréal et de 1,0 % à 7,6 % dans la région métropolitaine.

Il ne s’agit pas de néoQuébécois mais plutôt de personnes qui vivent au Québec depuis plusieurs années, mais qui sont engagés dans un processus d’assimilation linguistique vers l’anglais ou vers le français. Les données du recensement ne nous permettent pas de savoir dans quel sens s’effectue cette transition.

Dans la mesure où cette bilinguisation s’accompagne à la fois d’une régression de la proportion de francoQuébécois et d’une stabilité approximative de l’importance démographique des angloQuébécois, il y a tout lieu de craindre que nous soyons en présence d’une étape intermédiaire vers l’assimilation culturelle de la population francophone du Québec.

Cette bilinguisation se reflète également chez ces néoQuébécois dont les familles parlent à la fois l’anglais et le français, en plus de leur langue maternelle.

En conclusion, à eux reprises, par voie référendaire, la population québécoise a choisi de remettre son sort entre les mains de l’ethnie dominante du Canada.

Or le gouvernement canadien feint d’ignorer que la plus importante minorité du pays, de surcroit vulnérable, est le peuple francoQuébécois. Pour Ottawa, ce qu’il faut protéger et défendre, c’est l’annexe québécoise de la majorité canadian.

Le gouvernement chinois fait pareil. Dans la province semi-autonome du Xinjiang (où les Ouïgours étaient majoritaires), il a construit un TGV et encouragé l’établissement des Hans, l’ethnie dominante en Chine, sous le prétexte de favoriser le développement économique.

Si bien que les Ouïgours sont devenus depuis peu minoritaires dans leur propre province.

C’est le sort qui attend le peuple francoQuébécois s’il ne se décide pas à prendre son destin en main.

Le phénomène auquel nous assistons n’est pas nouveau. D’un recensement à l’autre depuis cinquante ans, l’anglicisation de Montréal s’est opérée progressivement et n’a fait que s’accélérer brutalement au cours des cinq dernières années. Au point de s’approcher dangereusement de l’irréversibilité.

Dans toutes les communautés francophones en Amérique du Nord qui s’assimilent à l’anglais, le transfert linguistique au sein d’une famille ne se fait jamais du jour au lendemain.

Il est toujours précédé d’une étape intermédiaire de bilinguisation. Et c’est le cumul de ces bilinguisations familiales qui résulte à la progressive extinction culturelle de ces communautés qui se concrétise aux générations suivantes.

Bref, après vingt ans d’immobilisme gouvernemental et des décennies d’érosion judiciaire de la Loi 101, le Québec est entré en ‘louisianisation’.

C’est ce phénomène auquel nous assistons au Québec. Depuis quinze ans, les familles bilingues sont dix fois plus nombreuses, passant de 1,6 % à 16,5 % sur l’ile de Montréal et de 1,3 % à 13,5 % dans la région métropolitaine (voir les deux avant-dernières lignes dans le tableau ci-dessus).

Références :
Données du recensement de 2021 : Ile de Montréal
Données du recensement de 2021 : région métropolitaine
L’exode des canadiens-français vers les États-Unis

Paru depuis : Ottawa a versé des milliards pour l’anglais au Québec (2023-11-27)

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Écrit par Jean-Pierre Martel