Aux origines du cinéma cubain (1896-1922)

30 octobre 2022

Introduction

C’est en 1895 que les frères Lumières ont inventé un appareil capable d’enregistrer et de projeter un film.

Le 19 mars de cette année-là, les deux frères réalisèrent à Lyon le premier documentaire, intitulé ‘La Sortie d’usine’. Ce court-métrage muet fut projeté à Paris trois jours plus tard.

À l’été de 1895, ils réalisèrent le premier film de fiction, ‘L’Arroseur arrosé’.

Convaincus que le succès de leur invention ne durerait pas, les frères Lumières formèrent rapidement des opérateurs qu’ils s’empressèrent d’envoyer partout autour du globe.

L’un d’eux fut Gabriel Veyre, arrivé à Cuba en 1896.

Et justement parce que l’engouement pour les ‘photos animées’ devait être éphémère, personne ne jugea opportun de créer des lieux qui leur seraient exclusivement consacrés.

Alors on projetait les films en plein air dans des fêtes foraines, parmi les attractions de cirques ambulants ou dans de petits théâtres temporaires en bois érigés dans des lieux publics.

C’est là qu’Atlas Bidel, à seize ans, voit un film pour la première fois.

L’enfance d’Atlas Bidel

Atlas Bidel était issue de la branche la moins prestigieuse d’une dynastie circassienne.

François Bidel, son grand-père, était dompteur de fauves. Il possédait la Grande ménagerie Bidel. Celle-ci comptait des lions, six tigres royaux, quinze panthères noires, dix ours, sept hyènes, trois chameaux, de même que des loups, des singes et des perroquets.

Ce cirque animalier prestigieux parcourait l’Europe et se produisit devant plusieurs têtes couronnées, dont Alphone XII en Espagne.

Le fils de François Bidel (prénommé Atlas, comme le sera son fils) était acrobate et donnait des numéros de foire dans le Languedoc et les Cévennes. Son épouse était charmeuse de serpents.

Il formait un duo avec son frère à lui, Hercule : Atlas-père était porteur et Hercule, voltigeur. Le duo se sépara quand le premier surprit sa femme au lit avec le second.

Alors qu’Hercule et son amante partaient de leur côté, les deux Atlas (le père et le fils) partirent du leur. Mais séparés, les deux couples gagnent difficilement leur vie.

Le village de Saint-Hippolyte-du-Fort est situé à quarante kilomètres de Montpellier. Ses habitants portent le gentilé de Cigalois. C’est de passage dans ce village que les deux Atlas découvrent qu’Hercule Bidel s’est recyclé en cinéaste forain. Ce qui, à l’époque, nécessitait peu d’investissement.

Atlas-fils a seize ans. C’est la première fois qu’il assiste à une représentation cinématographique. Et pour lui, c’est une révélation.

Si les cinéastes forains ont contribué au succès du cinéma, ils en furent les premières victimes puisqu’au tournant du siècle, on commença à projeter les films dans des théâtres et dans des salles paroissiales transformées en salles de cinéma.

Recommencer sa vie

Le Catalan Antonio Rosalès était un ami d’Atlas-fils dont le frère, installé à La Havane, l’implorait de s’expatrier à Cuba pour y faire fortune puisque le cinéma y rencontrait un immense succès.

Tentés par l’aventure, Atlas-fils et son ami s’achètent en 1900 une caméra, quelques films, de même qu’un phonographe Céleste de Pathé (pour l’accompagnement musical) et s’embarquèrent pour La Havane.

Mais ils n’y rencontrèrent pas le succès escompté. Gabriel Veyre, arrivé quatre ans plus tôt, s’était constitué un répertoire typiquement cubain d’actualités cinématographiques. C’est ainsi qu’il a réalisé le premier court-métrage de l’histoire du pays, Un simulacre de bombero (en français, Un exercice d’incendie).

De leur côté, les deux nouveaux venus ont de vieux films européens qu’ils projettent çà et là dans des cafés, des salles de jeux clandestins et dans des entrepôts de tabac.

À Cuba, Atlas Bidel a pris le surnom de Pistelli (le nom de famille à la naissance de sa mère).

La capitale de tous les plaisirs

En 1902, lorsque les États-Unis mettent fin à leur occupation militaire de l’ile, Cuba est sans administration étatique compétente. La Havane est alors une zone de non-droit où règne le crime organisé.

La capitale est partagée en deux groupes mafieux; le clan des Catalans et celui des Basques. Ce n’est que bien plus tard qu’ils seront délogés par la pègre américaine (dont le règne durera jusqu’à la Révolution cubaine).

Le frère d’Antonio Rosalès évolue dans la pègre catalane. Beaucoup de ses ressortissants viennent du département français des Pyrénées-Orientales.

Ce ne sont pas les seuls Français à La Havane. Émilie Bernard, d’origine normande, y tient un bordel. Elle engage Pistelli comme rabatteur, c’est-à-dire responsable du recrutement des prostituées.

Cela tombe bien puisqu’en plus du français (qu’il utilise avec la patronne), il parle l’espagnol (essentiel pour le recrutement) et le catalan (utile pour négocier l’embauche de prostituées ‘appartenant’ à des souteneurs de la pègre catalane).

1902 est une année charnière pour l’histoire du cinéma cubain. Pistelli a l’idée de tourner de petits clips dénudés et frivoles au cours desquels les pensionnaires les plus délurées de l’établissement dévoilent en partie ou en totalité leurs charmes.

Ces courts-métrages dits ‘galants’ sont projetés sur les murs de l’établissement et permettent aux clients émoustillés d’effectuer leur choix en toute connaissance de cause.

Le succès est tel que toutes les maisons closes de la ville veulent que Pistelli tourne des films pour elles. Ce qui implique de délicates négociations avec les établissements protégés par le clan basque.

Du jour au lendemain, Pistelli n’est plus le cinéaste de trop dans la ville; il en est la nouvelle coqueluche.

Il établit un studio où évoluent des actrices dont le jeu s’améliore de film en film. Et puisque ses scénarios sont de plus en plus sophistiqués, Pistelli embauche un décorateur pour construire des décors et même une couturière puisque les personnages de ces films sont des clients de diverses origines — curés, notables, domestiques, etc.— qu’on doit caractériser par l’habillement.

La naissance du porno

Pour être en avance sur des concurrents qui s’installent dans l’ile, Pistelli ose tourner de véritables scènes de sexe. Si les prostituées y sont plus ou moins nues, leurs clients s’affairent néanmoins en conservant leurs sous-vêtements ou leur chemise de nuit.

C’est ainsi que Pistelli, premier cinéaste érotique de l’histoire, crée le cinéma porno. Il fait de Cuba le premier pays (chronologiquement) où des films pour adultes sont produits, mais également le principal exportateur mondial de ce genre cinématographique. Un titre que Cuba conservera jusqu’à la Révolution.

Tout comme aujourd’hui, ces films rejoignaient toutes les classes sociales. Le jeune roi Alphone XIII d’Espagne, grand admirateur de Pistelli, lui commanda confidentiellement un film osé, basé sur un scénario de son cru, et dans lequel tous les personnages, assez nombreux, le font à tour de rôle.

Cinéma Campo Amor

Afin de faire fructifier son capital et diversifier ses activités, Pistelli décide de transformer un ancien théâtre (El Capitolio) et d’en faire une salle exclusivement dédiée au cinéma : c’est le Campo Amor (ou Champ d’Amour), aujourd’hui en ruine.

D’une capacité de 1 500 places, le Campo Amor ouvre ses portes le 15 aout 1917 par la projection du film américain Intolérance, dont la première avait eu lieu à New York le 5 septembre de l’année précédente.

Film à grand déploiement, ce film avait été le plus dispendieux jusque là.

La programmation ‘ordinaire’ du Campo Amor comprenait essentiellement les meilleurs films muets internationaux, accompagnés d’un grand orchestre de musique cubaine. Chaque projection était précédée de numéros de variété.

Les fins de semaine, le cinéma présentait en après-midi des films familiaux.

Pilier de la vie culturelle cubaine, Pistelli poursuivait d’autre part ses activités de réalisateur de films pornos afin de répondre à la demande des maisons closes de la ville.

La fin de Pistelli

Aperçu du cimetière Christophe-Colomb

En 1922, le meilleur ami de Pistelli, Antonio Rosalès, est tué par un homme de main de la pègre basque.

À l’enterrement prévu au cimetière Christophe-Colomb, le clan basque projette de s’y cacher afin de massacrer leurs ennemis catalans.

Mais une prostituée qui évoluait dans les deux milieux en informe le clan catalan qui s’arme en conséquence.

Au cours de la cérémonie, ce qui devait arriver arriva.

Pistelli est atteint mortellement; derrière une stèle de marbre de Carrare, il agonise pendant que les balles fusent de partout.

C’est ainsi que se termine la carrière sulfureuse d’Atlas Bidel, ce réalisateur français qui marqua les deux premières décennies de l’industrie cinématographique cubaine.

Référence : Le Campo Amor de la Havane

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35mm F/2,8
1re photo : 1/400 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 13 mm
2e  photo : 1/400 sec. — F/6,3 — ISO 200 — 18 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Fin d’automne en infrarouge Rose bonbon

27 octobre 2022




 
Au gros soleil l’été, une pierre peut être brulante alors que le feuillage est approximativement à la température ambiante.

Cela s’explique par le fait que cette pierre absorbe le rayonnement infrarouge — responsable de la chaleur du soleil — alors que la végétation rejette l’infrarouge massivement puisque celui-ci est une menace pour ses processus biochimiques.

Normalement, environ la moitié de la lumière solaire est composée de rayonnement infrarouge.

Les trois filtres qui sont nécessaires pour créer des photos infrarouges Rose bonbon modifient cet équilibre au profit de la lumière visible.

Placés entre le sujet et le capteur de l’appareil photo, ces filtres sont capables de bloquer de manière importante l’infrarouge des objets qui en réfléchissent peu (qui, de ce fait, apparaitront de couleur presque normale).

Mais la quantité réfléchie par le feuillage est telle qu’en dépit des filtres, la végétation apparaitra rose quand même.
 


 
À la fin de l’automne, le feuillage mourant perd de son aptitude à faire rebondir l’infrarouge. Du coup, on voit apparaitre des différences de coloris entre la végétation encore vigoureuse et celle qui vit ses derniers jours.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 infrarouge à spectre complet, objectifs M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (les 3 premières photos) et M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 (4e photo) + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu FS KB20 + filtre bleu 80C d’Hoya
1re photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 17 mm
2e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 21 mm
3e  photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 14 mm
4e  photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 1600 — 150 mm / 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 400 — 150 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Paysage d’automne

26 octobre 2022
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Un peu de ciel, de terre et d’eau, hier après-midi, au Jardin botanique de Montréal.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 infrarouge à spectre complet, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu FS KB20 + filtre bleu 80C d’Hoya — 1/200 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 19 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La sale vie d’Amou Haji

25 octobre 2022

Kahrar-e Dejgah est un village d’une centaine d’habitants situé dans la partie ouest de l’Iran. C’est là que vivait l’ermite Amou Haji, âgé de 94 ans.

Couvert de suie, il était reconnu pour être l’homme le plus sale au monde. En effet, depuis plus de soixante ans, M. Haji ne s’était pas lavé.

Les gens de son village présumaient qu’un traumatisme subi à l’enfance expliquerait son aversion de l’eau savonneuse.

Toutefois, il y a quelques mois, M. Haji s’était ‘finalement’ laissé convaincre de se laver.

Finalement en effet puisque l’agence de nouvelles Irna rapporte son décès, survenu dimanche dernier.

Références :
Kahrar-e Dejgah
‘World’s dirtiest man’ dies in Iran at 94 a few months after first wash

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Quand Santé Canada complote dans le dos du peuple

24 octobre 2022

Plus de glyphosate

À la demande de Bayer/Monsanto, Santé Canada annonçait l’an dernier son intention de hausser substantiellement les taux permis de défoliant dans le blé et les légumineuses canadiennes. Ce qui se serait répercuté sur de nombreux produits alimentaires, dont le pain, les pâtes, les pâtisseries, la bière, etc.

Dès le départ, Santé Canada avait fait savoir que sa décision serait basée exclusivement sur ‘la science’.

Puisque vous et moi n’avons pas les moyens de financer une étude au sujet de la toxicité du glyphosate, seules les études (presque toutes secrètes) des fabricants auraient été prises en considération.

Devant le tollé provoqué par cette nouvelle, le gouvernement Trudeau — à quelques semaines des élections fédérales — a obligé Santé Canada à abandonner ce projet.

L’industrie veut qu’on autorise plus d’OGM

Le mois dernier, l’organisme fédéral annonçait son intention de faciliter la commercialisation d’une nouvelle génération d’organismes génétiquement modifiés (OGM).

Avant qu’un projet de réforme législative ou règlementaire soit dévoilé, il n’y a pas de mal, en principe, à ce qu’on consulte l’industrie quant à la faisabilité des changements souhaités par l’État.

À l’opposé, ce qui n’est pas normal, c’est que Santé Canada entreprenne une démarche non seulement à la demande de l’industrie, mais que cette dernière soit autrice du projet de réforme fédéral.

En pareil cas, Santé Canada ne serait qu’une façade utilisée par l’industrie pour dicter les politiques fédérales qu’elle voudrait voir implanter au pays.


 
Ayant obtenu à l’avance le document qui devait être soumis à la consultation publique, le journaliste d’investigation Thomas Gerbet (de Radio-Canada) a découvert que ses métadonnées révèlent que sa co-autrice est une démarcheuse de l’industrie agrochimique.

Ce que nie catégoriquement Santé Canada. Mais en raison de la controverse suscitée par les révélations journalistiques, Santé Canada a décidé de retirer son projet de réforme.

Une complicité honteuse ?

L’organisme Vigilance OGM a profité de la loi fédérale sur l’accès à l’information pour demander une copie des études qui avaient convaincu l’an dernier Santé Canada de vouloir autoriser encore plus de pesticides dans les aliments (ce dont nous avons parlé plus tôt).

En réponse à sa demande, l’organisme a reçu 229 pages blanches.

Selon Santé Canada, les études sur lesquelles elle s’est basée sont des documents qui ne lui appartiennent pas.

Contrairement aux exigences imposées à l’industrie pharmaceutique à la suite du scandale du thalidomide, l’industrie agrochimique n’est pas tenue de révéler toutes les études de toxicité en sa possession. Un producteur de pesticide est libre de maintenir secrètes les études qui ne lui conviennent pas.

Puisque ces études ont été financées par l’industrie, celle-ci estime qu’elle en détient la propriété intellectuelle et interdit à Santé Canada d’en révéler le contenu tout en l’invitant à se baser sur elles pour prendre ses décisions.

Le gouvernement canadien pourrait décider qu’il n’accepte de recevoir que des études sur lesquelles l’ensemble de la communauté scientifique peut s’exprimer. En d’autres mots, dire à l’industrie que ses études secrètes ne l’intéressent pas.

Si l’industrie veut qu’on autorise plus de produits chimiques dans la nourriture de la population canadienne, elle serait forcée de rendre publiques les études qui, à son avis, justifient sa requête.

Bref, pas d’études publiques, pas de changement règlementaire.

Conclusion

Dans tous les ministères fédéraux à vocation économique — y compris ceux qui ont une incidence indirecte à ce sujet comme Santé Canada — leurs mandarins se conçoivent comme les gestionnaires suprêmes du marché intérieur canadien.

En effet, l’idéologie néolibérale a perverti les démocraties parlementaires en faisant en sorte que ceux qui nous dirigent ne sont plus les serviteurs de la souveraineté du peuple, mais des courtiers vantant les avantages juridictionnels du pays à des investisseurs devenus souverains.

Or, en contrepartie des centaines de millions de dollars qu’il compte transférer aux provinces dans le but d’améliorer les soins prodigués dans nos hospices, le gouvernement fédéral veut les assujettir à des normes édictées par Santé Canada.

Les lacunes observées au cours de la pandémie dans les hospices du Québec et de l’Ontario, entre autres, s’expliquent par le sous-financement provincial, un sous-financement qui résulte de la diminution des transferts fédéraux en matière de Santé.

Si le fédéral veut rétablir son financement à ce sujet, c’est une bonne nouvelle. Mais pas si sa volteface se fait en contrepartie d’une ingérence encore plus grande dans un champ de compétence constitutionnel exclusif des provinces, cela n’est pas souhaitable.

La dernière chose dont les Canadiens ont besoin, c’est qu’on soigne nos vieillards selon les directives de Santé Canada (alias Pesticides Canada).

Références :
CropLife Canada
Est-il juste que les riches paient autant d’impôt ?
OGM : Ottawa présente sa réforme en utilisant les fichiers d’un lobby agrochimique
Normes fédérales en CHSLD — « Nous voulons travailler avec les provinces », affirme Ottawa
Ottawa recule sur la « transparence volontaire » des nouveaux OGM
Santé Canada = Pesticides Canada
Santé Canada envoie 229 pages blanches en réponse à une demande d’accès à l’information

Parus depuis :
Ottawa s’associe au lobby agrochimique en pleine réforme controversée (2023-05-03)
« Tiger Team » : quand fonctionnaires et lobbyistes coopèrent dans l’ombre (2023-09-26)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Guerre russo-ukrainienne : Nissan jette l’éponge

23 octobre 2022

Introduction

Par analogie avec le monde de la boxe, l’expression ‘jeter l’éponge’ veut dire abandonner la partie. Au Québec, on dit plus souvent ‘jeter la serviette’, calque de l’anglais throw the towel.

La déconvenue de Nissan

En juin 2009, le constructeur automobile Nissan inaugurait sa première usine russe. Douze ans plus tard, celle-ci en produisait près de cent-mille (sa capacité maximale).

Mais dès le 14 mars dernier, Nissan interrompait sa production, invoquant des problèmes d’approvisionnement. Le constructeur aurait pu s’approvisionner ailleurs, mais il a préféré suspendre sa production par crainte de sanctions occidentales.

Entretemps, ses deux-mille salariés étaient payés quand même au cas où la production aurait eu à reprendre.

Puisque la guerre russo-ukrainienne se prolongeait, les dirigeants de la compagnie en sont venus à la conclusion qu’il était préférable de fermer l’usine, une décision annoncée le mois dernier.

Toutefois, le 11 octobre, l’usine et le centre de recherche de Nissan à Saint-Pétersbourg étaient achetés pour un euro par l’État russe.

C’est le même prix que pour l’achat de l’usine russe de Renault survenue il y a plusieurs mois. Dans un cas comme dans l’autre, c’est une perte d’environ un milliard de dollars canadiens pour la multinationale.

La production (sous un autre nom) devrait reprendre avec la participation d’un constructeur automobile chinois. Ce qui permettra à l’usine de s’approvisionner indirectement en semi-conducteurs taïwanais puisque la Russie ne peut pas les acheter directement.

Selon la législation russe, les employés licenciés d’une usine doivent continuer de recevoir leur salaire pendant les douze mois qui suivent sa fermeture… une mesure dont nos travailleurs à nous aimeraient sans doute profiter.

Le doute américain s’installe

Les pertes occasionnées par la fermeture de cette usine ne seront pas payées par la Russie; elles se répercuteront sur le prix que paieront les consommateurs ailleurs dans le monde pour les produits du constructeur japonais.

Après avoir appuyé massivement l’adoption de sanctions contre la Russie, les Américains en réalisent les conséquences.

Selon un sondage de la firme Pew réalisé entre le 13 et le 18 septembre dernier, 20 % des Américains estiment maintenant que leur pays s’est trop engagé à soutenir l’Ukraine. Six mois plus tôt, ce pourcentage n’était que de 7 %.

Actuellement, cette proportion atteint même près du tiers de l’électorat républicain.

Pendant ce temps, Donald Trump clame que tout ce gâchis ne serait pas arrivé s’il avait été au pouvoir…

Références :
Guerre russo-ukrainienne et désindustrialisation de l’Europe
McDonald’s et la culture du bannissement
Nissan inaugure sa première usine russe à St-Petersbourg
Nissan quitte le marché russe et vend son usine de Saint-Pétersbourg

Compléments de lecture :
L’engrenage ukrainien
L’épouvantail russe

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Quartier international – 3e partie

21 octobre 2022
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Le dernier volet de cette série donne un aperçu de la partie sud-ouest du Quartier international.

Édifice de l’ancienne Merchant’s Bank (1875)

Victime du confinement pandémique, l’hôtel Le St-James (un des plus luxueux de Montréal) a définitivement fermé ses portes en mai dernier. Il est représenté par le point rouge No 1 sur la carte ci-dessus.

En 2003 et en 2006, lors de leur séjour dans la métropole, les Rolling Stones l’avaient entièrement réservé.

Fontaine d’Amphirite
Fragment du mur de Berlin

Le Centre de commerce mondial de Montréal — le point rouge No 2 — a été aménagé en 1992 après avoir vidé l’intérieur d’une suite d’édifices patrimoniaux contigus. Il occupe presque tout le quadrilatère, à l’exclusion de l’édifice du Merchant’s Bank.

Il est traversé par l’ancienne ruelle des Fortifications qui, recouverte d’un toit de verre, en est devenue l’atrium.

C’est là qu’on trouve une fontaine décorée d’une statue d’Amphirite, épouse du dieu grec Poséidon, sculptée vers le milieu du XVIIIe siècle par Dieudonné-Barthélemy Guibal. Cette fontaine est placée devant un bassin à déversoir de 200 m² en granit noir.

On y trouve également ce fragment du mur de Berlin, don de la capitale allemande à la ville de Montréal pour célébrer son 350e anniversaire.

Fait à noter : le ‘World Trade Center’ de Montréal a dépassé en hauteur celui de New York après le 11 septembre 2001…

Square Victoria

Voici l’extrémité sud du Square Victoria (point rouge No 3). À gauche sur la photo, il s’agit des premiers étages de l’ancienne Tour de la Bourse. Au loin, les deux tours en aluminium du Complexe Maisonneuve.
 


 
Au centre de la place qui porte son nom, on trouve cette statue de la reine Victoria (point rouge No 4). L’œuvre fut créée en 1872 par le sculpteur anglais Marshall Wood alors que la souveraine était cinquantenaire.

S’éloignant des représentations pompeuses de l’époque, l’artiste l’a représentée idéalisée, au début de l’âge adulte.
 


 
Il y a peu d’endroits à Montréal où la dualité culturelle de la métropole est mieux exprimée qu’au Square Victoria où, au sud de la rue Saint-Antoine se dresse la statue dépouillée de la souveraine britannique et, face à elle de l’autre côté de la rue, se trouve cet édicule extravagant, très français, réalisé par Hector Guimard en 1908.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, cette entrée de métro n’est pas une imitation, mais un original dont l’histoire singulière a été racontée dans un texte publié sur ce blogue il y a quatre ans.
 



 
La première des trois photos ci-dessus a été prise à l’intersection de la rue Balmoral et du boulevard Robert-Bourassa (au point rouge No 5).

Plus bas, toujours sur le boulevard Robert-Bourassa, à l’intersection avec la rue Saint-Antoine, la deuxième photo montre l’ancien hôtel Delta-Centre-Ville, converti depuis 2013 en résidence étudiante. On y trouve des logements de dix à vingt mètres carrés.

Quant à la dernière photo, prise à l’endroit représenté par le point rouge no 6, c’est une vue vers le nord du boulevard Robert-Bourassa, vers le Centre-Ville.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 infrarouge à spectre complet, objectifs M.Zuiko 25 mm F/1,2 (8e photo) ou M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (les autres photos) + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu B+W KB20 + filtre bleu 80C d’Hoya (ou de Calumet, 2e photo) + filtre 81A de B+W (3e photo seulement) ou filtre polarisant PL-CIR d’Hoya (5e photo seulement)
  1re photo : 1/15 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 12 mm
  2e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 1000 — 19 mm
  3e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 4000 — 22 mm
  4e  photo : 1/15 sec. — F/6,3 — ISO 200 — 12 mm
  5e  photo : 1/100 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 16 mm
  6e  photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 23 mm
  7e  photo : 1/100 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 16 mm
  8e  photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 25 mm
  9e  photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 19 mm
10e  photo : 1/320 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
11e  photo : 1/800 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 17 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Quartier international – 2e partie

20 octobre 2022
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Le deuxième de cette série consacrée au Quartier international présente les environs de l’extrémité ouest de l’avenue Viger.
 



 
Notre premier arrêt (le point rouge No 1 sur la carte) est à l’hôtel Humaniti. Sa terrasse est décorée du mobile Hanima (2021) de Marc Séguin.

Pourquoi trois photos consacrées à cette sculpture ? Tout simplement parce que je n’arrivais pas à décider quelle choisir.

La Joute (1969), de Jean-Paul Riopelle

Un peu de biais, face à la terrasse de l’hôtel Humaniti, entre le Palais des Congrès et le siège social de la Caisse de dépôt et placement, se trouve la place Jean-Paul-Riopelle (le point rouge No 2).

C’est là qu’on peut voir la sculpture-fontaine Le Joute, donnée au Musée d’Art contemporain de Montréal par un groupe de radiologistes passionnés par l’œuvre du sculpteur Jean-Paul Riopelle.

L’œuvre comporte un anneau de feu qui s’allume à certaines heures de la soirée.

Simple fouet en taïchi (1988), du sculpteur taïwanais Ju Ming

Un peu plus à l’ouest, toujours le long de l’avenue Viger, on rencontre l’extrémité nord du Square Victoria (le point rouge No 3). On y trouve la sculpture ci-dessus.
 


 
Le Complexe Maisonneuve comprend deux tours jumelles dont l’extérieur est en aluminium poli et en verre; à l’ouest, le 700 de La Gauchetière (autrefois connue sous le nom de Tour Bell Canada) et à l’est, la Tour de la Banque Nationale.

Entre les deux, on a aménagé un petit oasis de verdure pour permettre aux employés de se restaurer ou de se prélasser (le point rouge No 4).

Le côté sud de ce minuscule parc offre une vue intéressante des environs, d’où se dresse la Tour de la Banque Royale (construite en 1927).

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 infrarouge à spectre complet, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu KB20 + filtre bleu 80C d’Hoya + filtre polarisant PL-CIR d’Hoya (4e photo seulement)
1re photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 250 — 12 mm
2e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
3e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
4e  photo : 1/100 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 16 mm
5e  photo : 1/160 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 27 mm
6e  photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 16 mm
7e  photo : 1/500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 24 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Quartier international – 1re partie

19 octobre 2022
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Tout comme celui de Paris, le territoire de la ville de Montréal est divisé en unités administratives que sont les arrondissements. Celles-ci peuvent se subdiviser en quartiers possédant leurs caractéristiques propres.

C’est ainsi que l’arrondissement Ville-Marie comprend plusieurs quartiers, dont le Quartier international.

Celui-ci aurait pu s’appeler le Quartier des affaires. Non seulement parce qu’il est traversé par la rue Saint-Jacques (la rue de la finance montréalaise), mais également parce qu’on y trouve le siège de la plus importante institution financière du Québec (la Caisse de dépôt et placement), le Palais des Congrès, le Centre de commerce mondial de Montréal, le siège de l’Organisation de l’aviation civile internationale, le siège de l’empire médiatique Québecor et, symboliquement, la tour de l’ancienne Bourse de Montréal.

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Le premier volet qui lui est consacré débute à son extrémité nord-est, à l’intersection de l’avenue Viger et de la rue Saint-Urbain (le point rouge No 1 sur la carte).
 



 
Puisque le Palais des congrès enjambe l’avenue Viger, le quartier s’étend un peu vers le nord de manière à l’englober totalement (le point rouge No 2).

À cette sortie du Palais des congrès, la série de photos ci-dessus montre successivement les Habitations du Centre-Ville, le jardin Sakura et la fontaine adjacente à l’église chinoise du Saint-Esprit

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Tout près, à l’intersection de la rue Chenneville et de l’avenue Viger (le point rouge No 3), on peut voir une œuvre de la muraliste Caratoes, née en Belgique et vivant de nos jours à Hong Kong.
 




 
Au rez-de-chaussée du Palais des Congrès (le point rouge No 4), on trouve une installation que Claude Cormier a créée en 2002 et qui est intitulée ‘Nature légère’ (en béton peint).

Tout près, on a installé des balançoires autour d’une table. On y vient manger ou consulter son ordinateur.

Finalement, il s’agit de la façade sud-ouest du Palais des Congrès. Celle au travers de laquelle on peut voir le parc Jean-Paul-Riopelle et derrière lui, l’édifice de la Caisse de dépôt et placement.

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Ce premier volet consacré au Quartier international se termine par une vue de l’intersection de l’avenue Viger et du parc Jean-Paul-Riopelle (le point rouge No 5).

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 infrarouge à spectre complet, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu KB20 + filtre bleu 80C d’Hoya (+ filtre ambre 81A de B+W pour les 1re, 6e, 8e et 9e photos).
  1re photo : 1/200 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 14 mm
  2e  photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
  3e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 250 — 12 mm
  4e  photo : 1/200 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
  5e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 29 mm
  6e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 5000 — 12 mm
  7e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 35 mm
  8e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 400 — 15 mm
  9e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 400 — 23 mm
10e  photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 21 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Infrarouge couleur et temps maussade

18 octobre 2022


Il y a quelques jours, j’ai profité d’un début de journée très brumeux pour expérimenter la photo infrarouge en début de journée — moins d’une heure après le lever du soleil — et par temps brumeux.

Ce matin, je suis retourné sur les lieux pour effectuer un comparatif entre le résultat qu’on obtient par temps nuageux et par temps ensoleillé.

À vous d’en juger.

Précisons que le visage des écoliers a été flouté afin qu’aucun d’entre eux ne soit reconnaissable.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 infrarouge à spectre complet, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu FS KB20 + filtre bleu 80C d’Hoya
1re photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 320 — 17 mm
2e  photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 1000 — 19 mm

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