Covid-19 : la sous-estimation des cas de contagion par le variant Delta

15 septembre 2021

Introduction

Ces jours-ci, il est fréquent d’entendre dire que depuis l’apparition du variant Delta, la pandémie au Covid-19 est devenue une pandémie des non-vaccinés. C’est ce que j’ai moi-même écrit à deux reprises cet été.

En réalité, il y a deux pandémies au Covid-19; la visible et celle qu’on ne voit pas.

La visible, c’est celle qu’on observe aux soins intensifs de nos hôpitaux; dans presque tous les cas, elle affecte des non-vaccinés.

L’invisible est celle qui n’apparait pas dans les statistiques officielles. Elle affecte les personnes complètement vaccinées.

La partie immergée de l’iceberg

L’immunisation créée par les vaccins protège contre les effets graves du variant Delta. Et ce, aussi bien que ces vaccins protégeaient contre les effets graves de son ancêtre, le Covid-19 ‘classique’.

Contre les effets légers de cet ancêtre, la protection offerte par les vaccins de Pfizer ou de Moderna était d’environ 94 %. Ce n’est plus vrai avec le variant Delta.

Un grand nombre de personnes complètement vaccinées attrapent quand même le variant Delta. L’étude de Cape Cod suggérait même que les non-vaccinés attrapaient le variant Delta aussi facilement que les personnes non vaccinées.

La majorité des personnes complètement vaccinées qui sont atteintes par le variant Delta semblent éprouver des symptômes encore plus légers que ceux ressentis lors d’une grippe saisonnière. Et ce, en raison de la protection partielle de la vaccination.

Si bien que des tests aléatoires effectués entre le 20 aout et le 1er septembre 2021 ont révélé que 64 % des Québécois infectés (ou qui ont été en contact avec des personnes atteintes) ne jugent même pas nécessaire de se faire tester.

L’abolition des cliniques de dépistage

Au début de la pandémie, la Santé publique du Québec avait créé des cliniques de dépistage. Ces cliniques constituaient une barrière visant à protéger les omnipraticiens de la contamination par la pandémie.

À l’époque où celle-ci suscitait les plus vives inquiétudes, les personnes qui craignaient avoir contracté le Covid-19 et qui téléphonaient à leur médecin de famille étaient référées à une de ces cliniques.

Et c’est par leur intermédiaire qu’on pouvait établir le nombre de cas de Covid-19 au Québec, exception faite de ceux, beaucoup plus graves, qu’on découvrait à l’admission dans les hôpitaux.

Depuis que les médecins sont presque tous vaccinés, on a aboli les cliniques de dépistage.

En raison du sentiment justifié de protection que confère la vaccination, un grand nombre de personnes atteintes par des symptômes légers suggérant une infection au Covid-19 hésitent à déranger leur médecin de famille.

Si bien que le nombre officiel de cas est encore moins fiable qu’il l’était.

Pour dresser un tableau juste de l’état de la contagion par le variant Delta, il est devenu essentiel d’effectuer systématiquement des tests aléatoires.

Pour ce faire, on n’a pas besoin de tester grand nombre de personnes; quelques centaines de sujets suffisent pour obtenir un portrait global de l’ensemble du Québec. L’important est que l’échantillon soit représentatif.

Références :
COVID-19: les 2/3 des Québécois ne se font pas tester même s’ils le devraient
Effectiveness of Covid-19 Vaccines against the B.1.617.2 (Delta) Variant
Le variant Delta ou l’accélération de la vague

Paru depuis :
Québec, nous avons un problème… de dépistage (2021-10-04)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Précisions concernant le dépistage du variant Delta à l’école primaire

26 août 2021
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Introduction

Radio-Canada publie ce matin la nouvelle selon laquelle on formera dans chaque école les volontaires qui souhaiteront effectuer des tests rapides, peu importe leur titre d’emploi.

Ceci est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle.

Peu importe le test rapide, il faut moins de quelques minutes pour savoir comment l’utiliser. Donc il est facile d’être prêt pour la rentrée scolaire. C’est là la bonne nouvelle.

Toutefois, une campagne de dépistage digne de ce nom ne doit pas reposer sur le volontariat; chaque direction d’école doit mettre sur pied une brigade d’employés prêts à suspendre leurs tâches courantes pour effectuer systématiquement du dépistage pendant quelques minutes et y donner suite lorsque des cas sont décelés. Puisque le dépistage québécois reposera sur l’impondérable du volontariat, c’est là la mauvaise nouvelle.

L’article de Radio-Canada parle à la fois d’une réserve de 1,7 million de vieux tests salivaires dont les résultats s’obtiennent sur place en quelques minutes et d’autre part, d’une quantité non précisée de nouveaux tests effectués en laboratoire à partir de prélèvements par gargarisme.

Afin de savoir exactement sur quelle technologie reposera le dépistage dans les écoles du Québec, je me suis tapé l’écoute de la conférence de presse du 24 aout dernier (ci-dessus).

En voici les faits saillants.

La mise en quarantaine

A 13:16, le ministre de l’Éducation nous dit que tous les cas déclarés feront l’objet d’une enquête épidémiologique par la direction de la Santé publique régionale.

Les mesures alors décrétées dépendront de différents facteurs :
• la région concernée,
• le nombre de cas dans cette région,
• le fait qu’on porte ou non le masque à l’école dans cette région, et
• le taux de vaccination des élèves.

Concrètement, le directeur de la Santé publique précise à 35:37 que lorsqu’un élève contagieux est décelé, celui-ci doit être retiré du milieu scolaire et s’isoler à la maison durant sa période de contagiosité. Pour le reste de sa classe, cela dépendra du port du masque.

Dans les régions où le port du masque est exigé en classe, les camarades de classe poursuivront leur enseignement puisque la Santé publique estime qu’avec le masque, peu importe la durée du contact avec l’élève atteint, le risque de contagion est faible.

Toutefois, par mesure de prudence, ses camarades de classe seront testés deux fois; une première fois entre le jour 3 et le jour 5, et une seconde fois au jour 7.

Dans les classes où le port du masque n’était pas exigé, il le deviendra. Et les camarades de classe seront également testés deux fois.

Un dépistage voué à l’échec

Avec le Covid-19 ‘classique’, cette stratégie sanitaire aurait peut-être pu fonctionner. Mais avec le variant Delta, cette stratégie est vouée à l’échec. Pourquoi ?

Premièrement parce qu’elle repose sur la présomption que le cas décelé est contagieux depuis le jour où il est testé.

Malheureusement, chez la personne atteinte, le variant Delta se multiple beaucoup plus rapidement que le Covid-19 ‘classique’. Entre le moment où il a attrapé le Covid-19 et le moment où il est devenu contagieux, il s’est écoulé deux jours avec le variant Delta alors qu’il en fallait quatre avec le Covid-19 ‘classique’.

Ce qui veut dire que lorsqu’on teste le reste de la classe au jour 3, les camarades contaminés ont eu le temps de devenir contagieux et que les gens à qui ils ont transmis l’infection deviendront contagieux à leur tour dès le lendemain.

Les régions sans masque

Là où le port du masque n’était pas exigé, il est trop tard pour l’imposer. En raison de la contagiosité extrême du variant Delta (analogue à celle de la varicelle), un étudiant contamine toute sa classe en un seul jour.

De plus, une personne atteinte par le variant Delta porte une charge virale 1 260 fois supérieure à celle d’une personne atteinte par le Covid-19 ‘classique’.

Concrètement, dans une classe, on pourrait remplacer un écolier atteint du variant Delta par 1 260 écoliers atteints du Covid-19 ‘classique’ et ce serait pareil. Pour les autres élèves, les chances de ne pas être contaminés sont nulles, peu importe l’aération du local.

Les régions avec masque

Et là où le port du masque était déjà obligatoire, il faut penser que les masques portés par les écoliers du primaire bloquent les grosses gouttelettes respiratoires (les postillons), mais laissent passer le long du nez les minuscules gouttelettes respiratoires (appelées aérosols). Celles-ci ont la manie d’embuer les lunettes de ceux qui portent un masque par temps froid.

Dans quelques jours, la Santé publique révélera les détails de sa politique sanitaire, notamment quant aux repas pris à l’intérieur (alors que les écoliers auront retiré leur masque). On verra alors si les risques de contagion sont aussi faibles qu’on le dit dans les régions où le port du masque est obligatoire dans les aires communes.

L’autorisation des parents

Que serait l’enseignement si l’autorisation des parents était nécessaire chaque fois qu’un professeur veut passer à la page suivante du manuel scolaire ?

À 30:55, le directeur de la Santé publique déclare : “ …on ne fait jamais de test chez les enfants sans obtenir le consentement des parents.

Les parents qui n’ont pas les moyens financiers de se payer une gardienne ou de quitter temporairement leur emploi pour s’occuper de leur enfant en convalescence n’auront qu’à refuser de donner leur autorisation pour que jamais on n’ait la preuve que leur enfant est contagieux.

Là où le masque n’est pas obligatoire, son imposition devient la ‘punition’ de toute la classe lorsqu’on y trouve un cas. Les parents opposés à cette mesure ont donc intérêt à refuser qu’on teste leur enfant dans l’espoir d’y faire obstacle.

Le dépistage systématique du Covid-19 devrait être obligatoire et systématique deux fois par semaine. Les parents qui s’y opposent en ont le droit. Sauf que leur enfant devrait alors faire ses classes à la maison.

Impréparation et faux tests rapides

À 14:50, le ministre de l’Éducation parle au futur du déploiement dans certaines écoles de tests rapides dès le mois de septembre, et ce graduellement.

Donc, dans l’ensemble du réseau scolaire, rien n’est prêt pour la rentrée, sauf les masques. Cette pandémie se propage depuis plus d’un an et demi et le gouvernement de la CAQ en est à l’étape d’espérer être en mesure d’effectuer un dépistage scolaire graduel dans certaines régions.

Et surprise : parmi tous les tests qu’elle juge rapides, la Santé publique révèle sa préférence à 31:01 :

Ce qu’on va viser le plus possible, c’est d’avoir ce qu’on appelle ‘du gargarisme’, [ce] qui est moins invasif. Surtout s’il faut répéter les tests au jour 3 et au jour 7.

Cette technologie, développée au Québec, consiste à se gargariser avec de l’eau, la recracher dans un gobelet, avant de la transvider dans un tube. Ce dernier doit être expédié à un laboratoire pour analyse.

Avec le variant Delta, la charge virale est telle que ces tests remplacent avantageusement les tests qui nécessitent un prélèvement au fond du nez.

Mais ils ne constituent pas une solution alternative aux tests dont le prélèvement est obtenu par frottis de l’intérieur des joues (que n’importe quel enfant capable de se brosser les dents peut effectuer lui-même). Parmi ces tests, les plus nouveaux donnent des résultats remarquablement fiables en quelques minutes.

Dans le cas d’un test par gargarisme, c’est seulement le prélèvement de l’échantillon qui est rapide. Mais entre le prélèvement et la communication des résultats aux personnes concernées, le temps écoulé s’exprime en jours et non en minutes puisque l’échantillon doit être analysé dans un laboratoire accrédité.

Bref, comme à son habitude, le Dr Arruda induit le public en erreur; les tests par gargarisme ne sont pas de véritables tests rapides.

Conclusion

Face à un variant très contagieux, le socle d’une stratégie sanitaire efficace, c’est la réactivité.

Il faut donc que les directions d’école aient déjà des réserves de vrais tests salivaires rapides. Il en existe dont le taux d’efficacité est de 94 %.

De plus, elles doivent avoir toute la latitude de diriger les brigades chargées de débusquer les cas dès leur apparition et d’appliquer immédiatement les mesures de confinement destinées à limiter la propagation de l’épidémie.

Marquée au fer rouge par la contrôlite, la lourde stratégie sanitaire du Québec à l’école primaire est vouée cette année à l’échec, comme l’a été celle de l’année scolaire 2020-2021, alors qu’en fin d’année, les écoliers et le personnel scolaire représentaient 38,4 % de toutes les personnes officiellement atteintes au Québec.

Avec le variant Delta, on peut anticiper des résultats encore pires.

Références :
COVID-19 : du personnel formé pour faire des tests rapides dans les écoles
Le Covid-19 à l’école primaire : la CAQ met en péril la santé de nos enfants

Parus depuis :
Covid-19 : dans son nouvel avis, le conseil scientifique recommande d’accroître le dépistage à l’école (2021-09-18)
Québec, nous avons un problème… de dépistage (2021-10-04)
Des centaines de jeunes touchés par un dangereux syndrome (2021-11-14)
En Allemagne et en Autriche, les enfants testés deux à trois fois par semaine (2021-12-09)
« Autant d’enfants hospitalisés d’un coup, c’est préoccupant » (2022-02-04)

Complément de lecture :
Le laisser-faire sanitaire à l’école primaire québécoise

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Une rentrée scolaire sans dépistage (ou presque) au primaire

24 août 2021

Introduction

C’est décidé; le port du masque sera obligatoire en tout temps dans les écoles d’une partie du Québec, alors qu’il ne sera obligatoire que dans les aires communes ailleurs.

Mais on n’utilisera pas de scanneurs thermiques à l’entrée des écoles, contrairement à ce que le Japon faisait récemment à ses Jeux olympiques d’été.

On nous dit que la Santé publique ‘songe’ à utiliser des tests salivaires rapides. Elle y songe. Ce qui veut dire qu’elle n’a pas décidé quoi que ce soit. Elle est à l’étape de la réflexion.

S’agit-il des tests rapides à 5$US (dont le taux d’efficacité est d’environ 70 %) ou des nouveaux tests rapides à environ 15$US (dont l’efficacité s’approche de 94 %) ? Apparemment, c’est ni l’un ni l’autre.

À l’écoute attentive de la conférence de presse du Dr Arruda, on finit par comprendre que chez les enfants du primaire, plutôt que de procéder à des prélèvements intimidants par écouvillons dans le nez, on privilégierait de simples prélèvements par gargarisme, plus conviviaux, mais tout aussi lents que des tests PCR parce ces prélèvements par gargarisme ne peuvent être analysés eux aussi qu’en laboratoire.

Or ces tests par gargarisme, on ne les a pas encore en quantité suffisante pour se lancer dès la rentrée dans une campagne généralisée de dépistage.

Tant qu’on en manquera, la Santé publique les réservera là où elle jugera la situation épidémiologique plus préoccupante.

À partir de quand une situation est-elle préoccupante ?

En début de pandémie, le Dr Arruda déclarait qu’il fallait plus craindre la grippe ordinaire que le Covid-19.

Il en était tellement convaincu que quelques semaines plus tard, alors que l’iceberg du Covid s’approchait du Titanic québécois, le capitaine Arruda quittait le navire en chaloupe pour prendre ses vacances personnelles au Maroc.

Et à son retour, quand la ministre de la Santé de l’époque s’inquiétait de savoir si notre provision de masques pour les travailleurs de la Santé était suffisante, le Dr Arruda lui répondait qu’on en avait pour deux ans. Ce qui était vrai si le Covid-19 n’était qu’une gripette. En réalité, on n’en avait que pour 5 à 6 jours.

À partir de l’expérience passée, on peut présumer que la situation sera jugée préoccupante lorsqu’elle sera catastrophique. C’est alors que la Santé publique songera à utiliser des tests salivaires qu’elle dit rapides.

Du songe à la réalité

Lorsqu’elle en aura suffisamment, la Santé publique utilisera ces tests… à la condition d’avoir obtenu le consentement préalable de chaque parent.

Le dépistage systématique du Covid-19 devrait être obligatoire et systématique deux fois par semaine. Les parents qui s’y opposent en ont le droit. Sauf que leur enfant devrait alors faire ses classes à la maison.

L’hypercontagiosité du variant Delta fait qu’il ne faut qu’une journée pour qu’un enfant contagieux contamine toute sa classe.

La contrôlite

En tant que sous-ministre ou de sous-ministre adjoint, le Dr Arruda a été le bras droit de Gaétan Barrette à l’occasion de sa réforme centralisatrice des soins de santé. Et comme lui, il souffre de contrôlite.

D’où sa manie d’interdire ou de rendre impossible toute mesure sanitaire qui va au-delà de ce qu’il a décidé. Comme le fait le gouverneur Ron DeSantis en Floride.

Or, la réactivité est la pierre d’assise d’une lutte efficace contre le variant Delta.

Les écoles ne sont pas autorisées à effectuer elles-mêmes le dépistage du Covid-19; lorsqu’un directeur d’école soupçonnera une éclosion dans son établissement, il devra en aviser la Santé publique de sa région.

Mais la réponse de la Santé publique ne sera pas automatique.

Selon Radio-Canada, la Santé publique prévoit de moduler, voire d’adapter ses enquêtes en fonction de nouveaux critères soit le nombre de cas dans cette région, le fait que les élèves portent ou non le masque ou encore le taux de vaccination des adolescents dans l’établissement concerné lors d’éclosions ou de cas positifs.

Que d’empressement…

Si elle n’est pas débordée par le nombre de foyers d’éclosion qui surgiront un peu partout, celle-ci dépêchera une ou plusieurs infirmières pour évaluer la situation.

Tant qu’on ne disposera pas des tests par gargarisme, seules des infirmières dépêchées par la Santé publique effectueront les prélèvements chez les élèves du primaire.

De plus, comme on l’a vu, il est hors de question pour elles de faire passer un test de Covid-19 à un élève sans avoir obtenu l’autorisation préalable de ses parents.

À mettre des bâtons dans les roues du dépistage à l’école, le fait-on exprès pour que tous les écoliers du primaire attrapent le Covid-19 et, de retour à la maison, contaminent leurs familles respectives ?

En début de pandémie, la Santé publique soutenait qu’il fallait ‘laisser se développer l’immunité naturelle’. En d’autres mots, on devait laisser les gens attraper le Covid-19 pour qu’ils s’en immunisent à la dure. Cette capitulation à la pandémie faisait office de doctrine sanitaire.

C’est la même doctrine qu’on applique aujourd’hui à l’école primaire.

Avec le variant Delta, la charge virale chez les personnes atteintes est 1 260 fois plus élevée que chez les personnes atteintes par les souches ancestrales du Covid-19. Du coup, n’est pas nécessaire de passer l’écouvillon dans la gorge pour effectuer in prélèvement; un frottis strictement buccal suffit.

N’importe quel enfant capable de se brosser les dents peut tout autant passer un écouvillon à l’intérieur de ses joues et de le donner à son professeur. Et il ne faudra que quelques minutes à ce dernier pour savoir si l’enfant est atteint du Covid-19… s’il dispose de vrais tests rapides.

Et si cet enfant est atteint, celui-ci passe la journée dans une salle d’isolement dans l’école en attendant le retour de ses parents à la maison, plutôt que d’aller en classe contaminer tous ses camarades.

Voilà comment mener une lutte sanitaire caractérisée par la réactivité.

Jusqu’ici, la lutte sanitaire au Québec a été un fiasco; il y a eu 2,5 fois plus de morts par million d’habitants au Québec que dans les provinces anglophones du pays.

Et ça continue. On se demande pourquoi…

Références :
Au Québec, la grippe saisonnière est plus à craindre que le coronavirus
Legault mise sur l’«immunité naturelle» des Québécois
Le masque en classe obligatoire dans neuf régions
Le variant Delta ou l’accélération de la vague
Panique à Québec : dans les coulisses de la course aux masques
Rentrée scolaire 2021 : l’OMS se réveille
Retour du masque en classe dans neuf régions du Québec
Voyage au Maroc : le Dr Arruda s’est absenté 12 jours au début de la crise

Parus depuis :
Tests rapides – « Nous avons manqué le bateau », estime un virologue (2022-01-14)
Cinq fois plus d’élèves infectés au Québec par rapport à la rentrée de janvier 2021 (2022-01-25)
« Maman, je pense que je vais mourir » (2022-01-26)
« L’école ne nous dit plus rien » (2022-01-28)
« Autant d’enfants hospitalisés d’un coup, c’est préoccupant » (2022-02-04)
Un enfant sur trois a récemment été en contact avec la COVID-19 (2022-02-23)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Une personne sur 159 atteinte par le variant Delta en Angleterre

14 août 2021

Introduction

La semaine dernière, le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) publiait la version définitive d’une étude au sujet du variant Delta réalisée à Cape Cod.

Cette étude a fait sensation parce qu’elle révélait que vacciné ou non, on est autant la cible du variant Delta. De plus, l’étude suggérait que l’immunité grégaire était impossible à atteindre avec ce variant.

Mais cette étude possède deux défauts.

Le premier est que les chercheurs n’ont pas expliqué comment ils ont trouvé les 469 cas sur lesquels l’étude est basée. Le second est qu’aucun de ses résultats n’est statistiquement significatif pour la simple et bonne raison que l’étude n’a pas fait l’objet d’une analyse statistique.

Ces lacunes sont compensées par une étude anglaise réalisée par l’Imperial College de Londres. Il est à noter, dans celle-ci, le vaccin le plus utilisé fut celui d’AstraZeneca (non homologué aux États-Unis).

Résultats de l’étude de Londres

REACT-1 (ou REal-time Assessment of Community Transmission of coronavirus) est une série d’études prospectives réalisées par l’Imperial College.

Chaque mois, 150 000 Anglais de plus de cinq ans sont invités à participer à l’étude. Ceux-ci sont choisis aléatoirement.

Chacun d’eux reçoit à domicile un nécessaire destiné à prélever un peu de salive et à retourner l’échantillon dans les plus brefs délais aux autorités sanitaires.

Entre le 24 juin et le 12 juillet 2021, 98 233 prélèvements furent retournés, dont 527 s’avérèrent positifs (au variant Delta dans tous les cas). Soit une prévalence pondérée — c’est-à-dire un taux d’infection parmi la population générale — de 0,63 %.

En d’autres mots, un Anglais sur 159 est actuellement atteint par le Covid-19.

Selon l’âge, le taux d’infection fut de :
• 1,02 % chez les 5 à 12 ans,
• 1,56 % chez les 13 à 17 ans,
• 1,56 % chez les 18 à 24 ans,
• 0,72 % chez les 25 à 34 ans,
• 0,61 % chez les 35 à 44 ans,
• 0,46 % chez les 45 à 54 ans,
• 0,31 % chez les 55 à 64 ans.
• 0,25 % chez les 65 à 74 ans, et
• 0,17 % chez les 75 ans et plus.

À part les 5 à 12 ans (pour lesquels aucun vaccin n’est homologué), cette contamination au Covid-19 est inversement proportionnelle aux taux de vaccination.

Chez les jeunes de 5 à 12 ans — en gros, l’âge des élèves du primaire — la prévalence pondérée était presque le double de la population en général, soit 1,02 %.

De tous les groupes d’âge, le taux de contamination le plus élevé fut trouvé chez les 13 à 24 ans.

La moitié des personnes infectées avaient entre 5 et 24 ans alors que ce groupe d’âge ne représente que le quart de la population anglaise.

Selon les auteurs :

« En période de rapide propagation de l’infection, toute intervention qui cible les jeunes aurait un impact [positif] disproportionné dans le ralentissement de la pandémie.»

La proportion des personnes atteintes par le Covid-19 était trois fois moins importante chez ceux qui étaient vaccinés en comparaison avec ceux qui ne l’étaient pas (0,40 % vs 1,21 %).

Cela protection du vaccin n’est pas de 100 %. Si tel était le cas, tous les prélèvements réalisés chez des vaccinés auraient été négatifs. Et au contraire, si le vaccin était inefficace, on aurait trouvé la même proportion de prélèvements positifs chez les vaccinés que chez les non-vaccinés.


 
En tenant compte cela, on a calculé qu’au cours des trois semaines de l’étude anglaise, 44 % des cas concernaient des personnes complètement vaccinées. Ce qui correspond à une sous-représentation des vaccinés puisque le taux de vaccination complète dans ce pays est de 59,2 % (au 12 aout 2021).

Cette protection diffère selon la sévérité de l’infection. Heureusement, elle est de plus de 90 % contre les effets graves de la pandémie. Cette protection diminue à 59 % lorsqu’on inclut les cas légers. Et elle tombe à 49 % lorsqu’on considère tous les cas, y compris les asymptomatiques.

Discussion

Au début de la pandémie, lorsqu’on disait qu’un vaccin était efficace à moins de 100 %, mais qu’il ne causait aucun mort ni aucune hospitalisation, cela signifiait que ce vaccin, lorsqu’il échouait, ne causait que des symptômes légers ou pas de symptômes du tout.

Depuis l’apparition du variant Delta, dans certains États américains, toutes les personnes qui décèdent du Covid-19 et toutes celles qui sont aux soins intensifs sont des non-vaccinés.

Sur les milliards de doses administrées à travers le monde, on a trouvé des cas extrêmement rares de personnes complètement vaccinées qui décédèrent quand même du Covid-19.

Mais l’étude de Cape Cod, de même que celle de l’Imperial College de Londres, démontrent qu’avec le variant Delta, les vaccins actuels protègent moins contre une contamination légère ou anodine du Covid-19.

Quant à savoir si les vaccinés qui attrapent ce variant peuvent le transmettre aux autres, il est raisonnable de le présumer même si ces deux études n’en apportent pas la preuve formelle.

Références :
Covid-19 Coronavirus Pandemic
Le variant Delta ou l’accélération de la vague
REACT-1 round 13 final report: exponential growth, high prevalence of SARS-CoV-2 and vaccine effectiveness associated with Delta variant in England during May to July 2021
Share of people vaccinated against COVID-19
The REACT 1 programme

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le variant Delta ou l’accélération de la vague

7 août 2021

La contamination post-vaccinale

En Israël, la vaccination complète par le vaccin de Pfizer/BioNTech a diminué de 91,5 % les infections asymptomatiques, de 97,0 % les infections symptomatiques, de 97,2 % les hospitalisations (dont 97,5 % les hospitalisations sévères) et de 96,7 % les décès.

Seuls 5 % des vaccinés attrapaient le virus de nouveau. Lorsque cela arrivait, dans la presque totalité de ces cas, les personnes atteintes n’avaient aucun symptôme ou éprouvaient des symptômes légers.

En résumé, voilà ce que révélait l’expérience israélienne à l’époque où la souche virale était le variant ‘britannique’ (le B.1.1.7).

L’édition d’hier du Guardian révèle que depuis le 1er mai 2021, le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ne compile plus aucune donnée sur les échecs vaccinaux sauf lorsqu’ils mènent à des hospitalisations ou à des décès.

Au début de la campagne de vaccination américaine, plus précisément du 1er janvier au 31 avril 2021, la CDC avait compilé 10 262 cas de contamination post-vaccinale. Ce qui est peu. Tellement qu’on peut présumer qu’il s’agissait d’une sous-évaluation.

De nos jours, lorsque les autorités américaines déclarent que la pandémie actuelle ne s’attaque plus qu’aux non-vaccinés, cela n’est vrai qu’en ce qui concerne les hospitalisations et les décès. Pour ce qui est des cas légers, on n’en a pas la moindre idée.

Ceci étant dit, qu’en est-il depuis que la souche virale dominante aux États-Unis est devenue le variant Delta ?

Une étude récente nous permet de répondre à cette question.

L’étude de Cape Cod

Cape Cod est une péninsule située dans l’État américain du Massachusetts.

Le 6 aout dernier, le Centers for Disease Control and Prevention (CDC), publiait la version définitive d’une étude réalisée dans une ville de cette péninsule. Le nom de cette ville n’a pas été précisé. Tout ce qu’on sait, c’est que c’est un endroit de villégiature.

Du 3 au 17 juillet derniers, plusieurs évènements s’y sont déroulés, attirant des milliers de touristes venus d’un peu partout aux États-Unis.

À partir du 10 juillet, les autorités sanitaires du Massachusetts ont reçu différents rapports qui suggéraient une augmentation importante de la contagion au Covid-19.

Au cours des deux semaines qui ont précédé le 3 juillet, l’incidence de Covid-19 parmi les résidents de cette ville était nulle. Il faut dire que le Massachusetts est un des États américains où le taux de vaccination est le plus élevé (69 %).

Mais au 17 juillet, l’incidence au cours des deux semaines précédentes avait grimpé à 177 cas par cent-mille habitants.

C’est alors qu’on a entrepris une étude au sujet de cette éclosion.

Au 26 juillet, on avait trouvé 469 cas parmi les résidents de l’État — parmi lesquels 199 citoyens de cette ville — dont 346 (73,8 %) étaient symptomatiques.

Cent-trente-trois échantillons furent l’objet d’un séquençage génétique; on trouva le variant Delta dans 89,4 % de ces prélèvements.


Résumé des résultats de l’étude de Cape Cod

Vaccinés Non-vaccinés
Asymptomatiques 72 51
Symptomatiques 274 72
• Hospitalisations 4 1
• Décès 0 0
Total : 346 123

La première surprise de cette étude, c’est que 73,8 % des cas étaient des gens complètement vaccinés. Ce qui correspond en gros au taux de vaccination dans cet État.

Donc, qu’on soit vacciné ou non, on est autant la cible du variant Delta. Dit autrement, les vaccins actuels protègent, de manière générale, contre le Covid-19 ‘classique’. Mais ils n’empêchent pas la contamination par le variant Delta; ce qu’ils font, c’est de protéger remarquablement les vaccinés contre ses effets les plus graves. Nuance.

Paradoxalement, dans cette étude de petite taille, les symptômes furent plus fréquents chez les vaccinés que chez les non-vaccinés.

Ce qui est très douteux.

À la suite de la vaccination de milliards de personnes, l’expérience prouve sans l’ombre d’un doute que les vaccins disponibles en Occident protègent contre toutes les conséquences de l’infection au Covid-19, des effets les plus graves aux plus légers.

Après la contamination post-vaccinale, l’autre surprise de cette étude fut la quantité de virus dans le nez et la gorge des personnes atteintes. C’est ce qu’on appelle la charge virale.

Deux-cent-onze prélèvements eurent pour but de mesurer cette charge virale.

À la surprise des chercheurs, elle était similaire chez personnes atteintes, qu’elles aient été vaccinées ou non.

L’immunité grégaire, un mirage ?

On a toujours cru qu’en cas de contamination post-vaccinale, les personnes vaccinées étaient moins contagieuses ou ne l’étaient pas du tout.

Si les résultats de cette étude sont confirmés par des études de plus grande envergure, cela signifie que l’immunité grégaire est impossible à atteindre.

En effet, on atteint cette immunité lorsque le pourcentage des personnes vaccinées est tel que ces derniers brisent la chaine de transmission du virus.

En d’autres mots, c’est lorsque les vaccinés servent de boucliers aux non-vaccinés.

Si ce n’est pas le cas, les non-vaccinés ne peuvent plus compter sur la vaccination des autres pour se protéger du virus.

En effet, si les vaccinés, au lieu d’être leurs protecteurs, servent eux-mêmes à propager le virus, les non-vaccinés sont faits comme des rats; il leur sera impossible d’échapper à la contamination.

Voilà pourquoi les autorités sanitaires américaines recommandent maintenant le port généralisé du masque dans les lieux publics intérieurs situés dans les régions où la pandémie fait rage.

Alors que l’imposition du port du masque a suscité préalablement la vive opposition d’une partie de la population américaine, des sondages récents montrent que la majorité des gens, de guerre lasse, sont plutôt d’accord avec cette mesure.

Une vague brutale et éphémère

Deux études chinoises récentes nous permettent de comprendre l’extrême contagiosité du variant Delta.

En premier lieu, cette contagiosité est liée à la vitesse de contamination de la personne atteinte. Au lieu d’être contagieuse quatre jours après avoir contracté le Covid-19 ‘classique’ — soit la veille de l’apparition des symptômes — la personne atteinte par le variant Delta le devient au bout de seulement deux jours, soit bien avant de devenir symptomatique.

De plus, la charge virale des personnes atteintes par ce variant est 1 260 fois plus élevée que ce qui est mesuré lorsqu’on est atteint par le Covid-19 ‘classique’.

Ce que ne contredit pas l’étude américaine puisque cette dernière comparait la charge virale provoquée par une même souche (le variant Delta) chez deux populations différentes; l’une vaccinée et l’autre qui ne l’est pas. Alors que l’étude chinoise comparait la charge virale lors des contaminations par deux souches différentes de Covid-19.

Dans un autre ordre d’idée, le mois passé, le Québec se trouvait dans l’œil de la tornade; partout autour de nous — au Canada anglais, aux États-Unis et en Europe — on assistait à une augmentation fulgurante des cas.

Cette flambée des cas s’est accompagnée de très peu de morts en raison du taux très élevé de vaccination chez les vieillards. Ce qui prouve bien l’efficacité des vaccins.

Mais dans les autres tranches d’âge, on assiste à une augmentation importante des hospitalisations, dont celles aux soins intensifs. Ces admissions concernent essentiellement de jeunes adultes et des adolescents, les uns et les autres parmi les non-vaccinés.


 
On peut anticiper que dès que le variant Delta manquera de combustible, ce feu de brousse sanitaire, aussi violent qu’éphémère, s’estompera comme ce fut le cas en Inde.

D’ici là, la contamination massive des écoles primaires — où aucune mesure sérieuse de mitigation n’est prévue au Québec — devrait faire en sorte que les jeunes écoliers serviront de chevaux de Troie pour amener la pandémie dans l’intimité même de toutes les familles insuffisamment immunisées.

Le véritable choix des non-vaccinés n’est pas entre recevoir ou non le vaccin, mais plutôt entre être immunisés par le biais d’une vaccination généralement inoffensive ou d’être immunisés ‘naturellement’ en attrapant un virus potentiellement mortel.

Références :
Le Covid-19 à l’école primaire : la CAQ met en péril la santé de nos enfants
Covid-19 : le secret de la contagiosité du variant Delta
Covid-19 : résultats des quatre premiers mois de la vaccination en Israël
Outbreak of SARS-CoV-2 Infections, Including COVID-19 Vaccine Breakthrough Infections, Associated with Large Public Gatherings — Barnstable County, Massachusetts, July 2021
Why has the CDC stopped collecting data on breakthrough Covid cases?

Parus depuis :
L’éphémère retour à la normale de Provincetown (2021-08-08)
Le rêve « utopiste » de l’immunité collective contre la COVID-19 (2022-05-01)

Postscriptum du 21 aout 2021 : Trois jours après la publication de ce texte, Andrew Pollard — directeur de l’Oxford Vaccine Group, responsable du développement du vaccin d’AstraZeneca — a déclaré au parlement britannique : « Avec ce variant [Delta], nous sommes dans une situation où l’immunité collective n’est pas possible à atteindre, car il infecte toujours les individus vaccinés.»

Référence : Peut-on encore espérer atteindre l’immunité collective avec le variant Delta ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : le secret de la contagiosité du variant Delta

18 juillet 2021

Introduction

Pourquoi le variant Delta se répand-il comme une trainée de poudre ?

Parce qu’il est plus contagieux disent les experts.

Évidemment.

Mais comment se fait-il qu’il soit plus contagieux ? Autrement dit, par quel mécanisme ce variant réussit-il à se transmettre plus facilement d’une personne à une autre ?

Comme ce fut souvent le cas depuis le début de cette pandémie, la réponse à ces questions nous vient de chercheurs chinois.

Dès janvier 2020, avant même que la pandémie atteigne le Québec, le directeur de la Santé publique de Chine répétait à qui voulait l’entendre que le Covid-19 s’attrapait essentiellement par des gouttelettes respiratoires.

Ce que les experts occidentaux mirent des mois à reconnaitre, avec les conséquences désastreuses que ce retard entraina.

Cette fois-ci, les chercheurs chinois nous fournissent la clé de la lutte contre le variant Delta en nous dévoilant le mécanisme de sa transmissibilité accrue.

Ces révélations sont contenues dans deux études complémentaires. L’une au sujet de la vitesse propagation du variant Delta et l’autre au sujet de la charge virale des personnes contaminées par lui.

La vitesse de propagation

C’est le 21 mai dernier que le premier cas de variant Delta a été détecté dans la ville de Guangzhou (autrefois appelée Canton en Occident).

Dix jours plus tard, de manière pyramidale, cinq générations de contamination s’étaient succédé.

La recherche de contact a permis d’identifier 24 foyers d’infection responsables de 68 cas.

À partir d’eux, on a déterminé qu’entre la contamination d’une personne et l’apparition de ses premiers symptômes, il s’écoulait en moyenne 4,4 jours. C’est environ un jour de moins qu’avec le Covid-19 ‘classique’ (5,2 jours).

Lorsqu’on calcule plutôt le temps médian (et non le temps moyen), il est de 4,0 jours.

Selon le critère retenu pour le définir, le temps entre deux générations de contamination est compris entre 2,3 et 2,9 jours alors qu’il était de 5,7 jours avec le Covid-19 ‘classique’.

Autrefois, les personnes atteintes étaient contagieuses dès la veille de l’apparition de leurs symptômes. Avec le variant Delta, elles sont contagieuses beaucoup plus tôt.

Plus précisément, la proportion des personnes contagieuses qui n’en ressentent aucun symptôme atteint 64,7 %. En d’autres mots, les deux tiers des personnes qui propagent le variant Delta le font involontairement puisqu’elles n’ont aucune raison de soupçonner qu’elles sont atteintes.

Quatre jours après leur contamination, lorsqu’elles découvrent qu’elles sont atteintes, non seulement contaminent-elles d’autres personnes depuis déjà un bon moment mais les personnes à qui elles ont déjà transmis le variant Delta sont elles-mêmes sur le point de donner naissance à une deuxième génération de contamination.

Puisque les générations de contamination se succèdent plus rapidement, cette étude nous aide à comprendre pourquoi nous assistons à une accélération de la pandémie chez les non-vaccinés.

Mais cela n’est pas la seule raison.

La charge virale

Au cours d’une deuxième étude, également réalisée à Guangzhou, on a fait passer un test salivaire à 62 personnes dont la contamination par le variant Delta avait été prouvée par séquençage génétique.

Au moment du diagnostic, la quantité de virus prélevée dans le nez et la gorge de ces personnes fut en moyenne 1 260 fois plus élevée que ce qui a été mesuré lors de l’épidémie de Covid-19 à Wuhan.

La réactivité

Le début de l’infection par le Covid-19 suit une séquence précise de quatre évènements :
• la contamination,
• l’incubation silencieuse,
• le moment où on devient contagieux,
• le moment où apparaissent les symptômes (chez ceux qui deviennent symptomatiques).

Cette séquence est beaucoup plus rapide avec le variant Delta qu’avec le Covid-19 ‘classique’. En effet, dans le cas du variant, il s’écoule entre deux et trois jours entre la première et la troisième étape.

Du coup, la réactivité est la pierre d’assise d’une lutte efficace contre ce variant.

Conséquences pour l’année scolaire au primaire

On sait qu’une personne contagieuse est une fontaine à Covid-19 dès qu’elle parle, crie, chante, tousse ou éternue.

Ce que cette deuxième étude démontre, c’est qu’un adulte atteint du variant Delta propage autour de lui autant de copies du virus que mille-deux-cent-soixante adultes atteints du Covid-19 ‘classique’.

Est-ce la même chose chez un enfant ? Pour l’instant, on l’ignore.

Ce qu’on sait, c’est que la charge virale — la quantité de virus prélevée par un écouvillon passé dans le nez et la gorge — est semblable chez les jeunes de 5 à 17 ans, comparativement aux adultes lorsqu’il s’agit du Covid-19 ‘classique’.

On peut raisonnablement présumer que c’est pareil avec le variant Delta, c’est-à-dire que l’enfant atteint par ce variant, comme l’adulte, propage une quantité phénoménale de virus.

Conséquemment, à l’école, se contenter d’ouvrir les fenêtres ne suffira pas à ‘diluer’ suffisamment le microbe.

Homogénéiser les virus dans l’air à l’aide d’un simple ventilateur sera la recette idéale pour contaminer tous les écoliers.

Et il n’est même pas certain qu’un ou deux purificateurs d’air de type HEPA seront suffisants pour protéger une classe comme c’était le cas avec le Covid-19 ‘classique’.

Quant à l’effet des détecteurs de CO₂ — que compte installer le gouvernement de la CAQ dans chaque classe pour combattre la pandémie — il vaut mieux en rire que d’en pleurer.

La meilleure solution consistera à faire passer des tests salivaires rapides à tous les écoliers du primaire plusieurs fois par semaine et à doter chaque école de préposés prêts à abandonner leurs tâches usuelles pour se consacrer à la recherche de contacts dès qu’un cas est détecté.

Quant aux parents qui refuseront que leur enfant soit soumis à ce dépistage, c’est leur droit. Mais leur enfant devra faire ses classes sur l’internet jusqu’à la fin de la pandémie.

En contrepartie, l’État devra fournir à l’enfant le matériel (une tablette électronique) et la connexion internet si nécessaire puisque le but n’est pas ici de punir cet enfant.

Références :
Age-Related Differences in Nasopharyngeal Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 2 (SARS-CoV-2) Levels in Patients With Mild to Moderate Coronavirus Disease 2019 (COVID-19)
Covid-19 : la nécessité du port du masque
Covid-19 : une étude chinoise souligne l’ampleur de la charge virale à la phase précoce de l’infection par le variant Delta
Le Covid-19 à l’école primaire : la CAQ met en péril la santé de nos enfants
Transmission Dynamics of an Outbreak of the COVID-19 Delta Variant B.1.617.2 — Guangdong Province, China, May–June 2021
Les mystères du Covid-19 (2e partie)
Viral infection and transmission in a large well-traced outbreak caused by the Delta SARS-CoV-2 variant

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : que penser du variant Delta ?

16 juin 2021

Détecté en Inde où il fait des ravages, le variant Delta (ou variant B.1.617.2) est maintenant la cause d’une légère résurgence de la pandémie en Grande-Bretagne (où il représente 90 % des cas).

En janvier dernier, au pire de la pandémie dans ce pays, on y comptait presque deux-millions de cas actifs. Grâce à une campagne de vaccination énergique, il n’y en avait plus que 88 987 le 19 mai dernier.

Toutefois, le nombre de cas actifs avait remonté à 160 660 hier, un mois plus tard. Rien de comparable à la situation au début de l’année.

Ceci nous indique qu’on ne doit pas présumer que la pandémie est terminée. Et puisque ce retour limité a essentiellement atteint les personnes qui ne sont pas complètement immunisées contre le Covid-19, c’est un rappel de l’importance de la vaccination complète contre ce virus.

S’il est vrai que ce variant cause une augmentation des cas en raison de se contagiosité, il n’est pas prouvé pour l’instant qu’il est plus virulent.

Parce qu’il est devenu, de loin, la variant le plus prévalent en Grande-Bretagne, il y cause plus de décès chez les personnes non vaccinées.

Mais les preuves scientifiques manquent encore pour affirmer qu’il cause plus d’hospitalisations et plus de morts par millier de personnes atteintes.

Aux États-Unis, le variant Delta représentait 2,5 % des nouveaux cas le mois dernier alors qu’il comptait pour 0,6 % des nouveaux cas un mois plus tôt. On estime dans ce pays que les cas de variant Delta doublent toutes les deux semaines.

Selon les autorités américaines, contre ce variant, le vaccin de Pfizer/BioNTech protège à 33 % après une dose et à 88 % après la seconde dose.

Selon les autorités britanniques, dans le cas du vaccin d’AstraZeneca, le pourcentage de protection est respectivement de 30 % et de 60 %.

Au premier abord, cela semble peu. Mais on doit se rappeler qu’en cas d’échec vaccinal, une partie des vaccinés qui attrapent le Covid-19 quand même ne s’en rendent pas compte, tandis que le reste développe habituellement des symptômes mineurs qui ne justifient pas leur hospitalisation.

Les deux doses du vaccin de Pfizer préviennent 94 % des hospitalisations alors que celles d’AstraZeneca les préviennent à 92 %. Donc, c’est pareil.

Quant aux morts chez les vaccinés, on ne possède pas de données populationnelles. Toutefois, dans le cadre des études réalisées chez environ trente-mille volontaires, personne ne mourait du Covid-19 en cas d’échec vaccinal.

Tout comme aux États-Unis, il est à prévoir que le variant Delta deviendra la forme prédominante de Covid-19 partout au Québec cet été.

Ses effets seront extrêmement variables puisque l’immunité grégaire est atteinte d’une manière très irrégulière sur le territoire québécois.

Références :
La contagiosité accrue des variants du Covid-19 et les mesures sanitaires
The Covid Delta variant: how effective are the vaccines?
The Delta variant is spreading. What does it mean for the US?

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Écrit par Jean-Pierre Martel