La CAQ permettra à Montréal et à Québec de spéculer à la bourse

Publié le 5 novembre 2025 | Temps de lecture : 2 minutes

Introduction

Conformément à sa manie d’imiter l’Ontario, le gouvernement de la CAQ permettra aux deux plus grandes villes du Québec d’investir leurs liquidités sous forme d’actions inscrites en bourse.

Les économies des villes

Le quotidien La Presse écrit : « Que ce soit pour planifier la réfection d’infrastructures, de nouveaux projets ou l’achat de terrains, bon nombre de municipalités ont mis de côté d’importantes sommes au fil du temps.»

En plus, on doit savoir qu’à Montréal, le paiement des taxes municipales peut se faire en un versement (le 3 mars) ou en deux versements (le 3 mars et le 2 juin).

Ce qui signifie qu’au début de juin, la ville a encaissé tout ce qui lui sera nécessaire pour gérer la ville jusqu’à l’année fiscale suivante.

Cette année, ses revenus seront d’environ sept-milliards de dollars.

Les leçons de l’Histoire

Lors de la crise financière de 2007-2008, l’indice Dow Jones chutait de 36,83 %.

Cela signifie que si la ville de Montréal avait reçu le pouvoir de spéculer à la bourse il y a vingt ans, les Montréalais auraient été soumis en 2007-2008 à une cure d’austérité sans précédent puisque la loi interdit aux municipalités de faire un déficit.

Conclusion

La CAQ ne voit jamais plus loin que le bout de son nez.

Lorsqu’elle est arrivée au pouvoir, l’État québécois nageait dans les surplus budgétaires et les surplus d’électricité. En sept ans de pouvoir, la CAQ a gaspillé l’un et l’autre.

Au lieu d’obliger les villes à maintenir la prudence dont elles font actuellement preuve, la CAQ veut leur ouvrir toutes grandes les portes de la spéculation boursière.

Comment peut-on être à ce point imprévoyant ?

Références :
Budget 2025 et PDI 2025-2034 de Montréal
Crise financière mondiale de 2007-2008
Le Fonds des générations ou Quand l’État spécule à la bourse
L’or et les indices boursiers
Montréal et Québec pourront investir en Bourse
Payer son compte de taxes

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le danger du contrôle étatique des flux financiers

Publié le 2 novembre 2025 | Temps de lecture : 5 minutes
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Le contexte

Alors que le paiement électronique se généralise spontanément au point de représenter la grande majorité des transactions financières, la législation européenne accentue cette tendance en abaissant le plafond des paiements en espèces afin de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement d’activités illégales.

Pour les mêmes motifs, les billets de 500 euros ne sont plus émis depuis 2019 (bien qu’ayant toujours cours légal).

Plus tôt cette année, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) exprimait le désir de voir se réduire la dépendance de l’Europe à l’égard des systèmes de paiement électronique américains, notamment Visa, MasterCard et PayPal.

Tout cela correspond à donner à l’Union européenne un pouvoir de surveillance presque total sur les flux monétaires (libellées dans n’importe quelle devise) au sein de ses frontières, mais également le pouvoir d’imposer des sanctions financières aux personnes et aux entreprises sur son territoire.

Finalement, certains pays européens ont adopté des dispositions législatives qui leur permettent de bloquer des comptes bancaires sans obtenir au préalable l’assentiment des tribunaux. Et ce, sur simple soupçon, signalement ou critique publique.

À ceux qui se croient à l’abri des dérives liberticides en Europe, rappelons que le crime de cyberharcèlement — conçu initialement pour protéger les mineurs et les femmes — sert maintenant à faire taire les rumeurs qui irritent l’épouse d’un chef d’État.

En somme, la loi qui visait à protéger les enfants de la République est devenue l’équivalent moderne du crime de lèse-majesté sous l’Ancien régime.

Le Pfizergate et Frédéric Baldan

En dépit du fait que la Commission européenne n’a pas de pouvoir en matière de santé (ce qui relève des États membres), sa présidente a personnellement négocié l’achat de 1,8 milliard de doses de vaccins contre le Covid-19, au cout de 36 milliards d’euros.

C’est 20€ par dose, soit beaucoup plus que ce que nous avons payé au Canada (environ 12€ par dose).

Le tout s’est négocié sur le téléphone d’Ursula von der Leyen par le moyen de SMS. Malheureusement, tous ces SMS ont disparu. Comme c’est dommage…

En avril 2023, le lobbyiste belge Frédéric Baldan a déposé une plainte auprès de la justice de son pays contre Ursula von der Leyen pour prise illégale d’intérêts et corruption, pour usurpation de fonctions et pour destruction de documents publics.

D’après ce que je comprends, il aurait été débouté par les tribunaux. Mais entretemps, en septembre 2023, il a perdu son accréditation de démarcheur auprès de l’Union européenne.

En novembre 2024, il publie le livre ‘Ursulagate : la compromission des lobbys’.

Plus tôt cette semaine, les comptes bancaires de sa maison d’édition, de son cabinet de conseil, de même que le compte conjoint avec son épouse et même celui de leur fils de cinq ans, ont été bloqués simultanément et sans explication par la banque néerlandaise ING et la belge Nagelmackers, deux banques qui n’ont pas de rapport l’une avec l’autre.

Évidemment, il serait facile de penser qu’il s’agit d’une vengeance personnelle de la présidente de la Commission européenne.

C’est peut-être le cas. Mais à notre époque, où la manipulation de masse est omniprésente, il faut se garder des présomptions à la ‘cela ne peut être qu’elle’ (où ‘elle’ est une personne ou un pays).

Parmi les suspects, il y a aussi la puissance hégémonique des États-Unis (hostile à l’existence de l’Union européenne) et les intérêts économiques colossaux qui s’opposent aux velléités européennes en matière de contrôle des flux financiers.

Conclusion

Les sanctions économiques européennes visaient originellement des pays ou des entités étatiques, de même que des organisations criminelles.

Cette militarisation financière s’est étendue ensuite aux oligarques et aux piliers économiques de régimes hostiles à l’Occident.

Depuis peu, on s’attaque aux intellectuels étrangers qui osent critiquer l’Europe.

Voilà maintenant qu’on bloque les comptes bancaires et les cartes de crédit de citoyens ordinaires sans l’autorisation préalable des tribunaux.

Que cela soit imposé sous des pressions étrangères pour discréditer la Commission européenne ou qu’au contraire, cette dernière soit l’instigatrice de ce goulag financier, tout cela est très préoccupant.

Références :
Facture électronique obligatoire: l’UE construit son crédit social chinois
Il y a vingt ans, le référendum français du 29 mai 2005
La diplomatie incendiaire d’Emmanuel Macron
L’Union européenne et la liberté d’expression
Paiements : l’Europe veut en finir avec Visa et PayPal mais ne sait pas comment
Pfizergate
Pfizergate : après Ursula von der Leyen, le Belge Frédéric Baldan porte plainte contre Laura Kövesi, cheffe du parquet européen
« Pfizergate » et SMS : tout comprendre à l’affaire qui menace Ursula von der Leyen
Pfizergate, quand la transparence ébranle von der Leyen et la Commission européenne
Punition bancaire : L’UE et Big Pharma s’acharnent sur Frédéric Baldan, le lanceur d’alerte qui ose défier Von der Leyen
Rapport de la Commission au Parlement européen et au Conseil

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’or et les indices boursiers

Publié le 25 octobre 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

Introduction

En tant que liquidateur, j’ai eu à disposer des biens que ma mère nous avait laissés en héritage, dont plusieurs titres boursiers. L’essentiel de ceux-ci était des actions minières dont elle avait elle-même hérité de mon père.

Ma surprise fut de constater que ces impressionnants certificats — grands comme des napperons de table et richement décorés comme de vieux billets de banque — ne valaient rien. En effet, à l’épuisement de son filon, une mine déclare faillite en ne laissant derrière elle que, justement, des certificats sans valeur.

Le mirage des indices boursiers

Sous le titre ‘Pourquoi l’or n’est pas sans risque’, le quotidien La Presse publiait dimanche dernier un texte plutôt intéressant, mais dont l’extrait suivant m’a fait sursauter :

Selon [les calculs du professeur Jeremy Siegel, professeur émérite d’économie à l’Université de Pennsylvanie] 1 $ investi dans l’or en 1801 valait 127 $ en 2024. Mais 1 $ investi dans les actions américaines en 1801 valait 42 millions en 2024.

Cela est totalement faux; un dollar investi dans des actions américaines en 1801 ne vaudrait pas 42 millions en 2024, mais aurait été une perte totale. Et ce, pour une raison très facile à comprendre; aucune des compagnies qui existaient en 1801 n’est encore en activité 224 ans plus tard.

Le livre Stocks for the long run, écrit par le professeur Siegel, est basé sur la croissance des indices boursiers.

Le plus connu d’entre eux est l’indice Dow Jones. Trente compagnies en font partie.

Depuis sa création en 1896, sa composition a changé 59 fois. Car lorsqu’une compagnie ne ‘performe’ pas suffisamment au gout de ceux qui déterminent qui fait partie de l’indice, on l’expulse.

C’est ainsi que la compagnie Nortel — dont la valeur capitalisée comptait pour environ la moitié de l’indice boursier de Toronto — fut radiée de l’indice torontois avant même sa faillite en 2013.

En réalité, les indices boursiers sont l’opium de l’investisseur niais; ils servent à le rassurer autant que possible.

C’est d’ailleurs pourquoi les indices boursiers grandissent généralement bien au-delà de la croissance de l’économie. Ce qui prouve bien qu’ils ne sont pas le miroir de l’économie mondiale.

Conclusion

Un pays ne peut pas prospérer sans investissement. Voilà pourquoi les marchés financiers sont essentiels.

L’or n’est qu’une valeur refuge. Son prix croît depuis des siècles de manière beaucoup plus stable que les indices boursiers, sujets à l’éclatement de bulles spéculatives.

Actuellement, deux facteurs expliquent la popularité de l’or.

Premièrement, la crainte de l’éclatement d’une Troisième Guerre mondiale. Une crainte entretenue avec succès par certains dirigeants européens pour faire diversion de leurs problèmes internes.

Et surtout, le prix de l’or augmente en raison des achats massifs des banques centrales (sauf celle du Canada, qui s’obstine à ne pas en avoir du tout).

L’utilisation du dollar américain comme arme financière par Washington provoque ainsi une perte de confiance dans la devise américaine comme monnaie de réserve au profit d’autres devises et de l’or.

Références :
Historical components of the Dow Jones Industrial Average
L’or et la Banque centrale du Canada
Pourquoi l’or n’est pas sans risque
Stocks for the Long Run

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Dure semaine pour la cryptomonnaie

Publié le 20 octobre 2025 | Temps de lecture : 5 minutes

Le mini-crash du 10 octobre

En 4 avril 2025, à la suite de l’annonce de tarifs douaniers de 34 % frappant toutes les importations chinoises aux États-Unis, l’indice des bourses occidentales avait piqué du nez. À titre d’exemple, le Nasdaq avait perdu près de cinq pour cent.

Sur le coup, la valeur des cryptomonnaies avait chuté de 13 %.

Par ailleurs, le 7 avril 2025, le ministère américain de la Justice annonçait qu’il renonçait à lutter contre les délits d’initiés concernant les cryptomonnaies, estimant que c’est là une responsabilité des régulateurs financiers. Ce qui mettait la table pour ce qui va suivre.

Le 10 octobre dernier à 22h, le président américain annonçait une taxe supplémentaire de 100 % frappant les importations chinoises. Il ne fallait pas être devin pour présumer que cette annonce allait se répercuter sur le marché des cryptomonnaies comme ce fut le cas six jours plus tôt.

Dans le monde de la finance, on appelle ‘vente à découvert’ toute vente d’un actif qu’on ne possède pas. C’est une manière de parier sur la baisse de sa valeur.

Voici comment s’opère une vente à découvert.

L’acheteur et le vendeur s’entendent sur un prix de vente. Dès la conclusion de cette entente, l’acheteur — qui ne possède pas encore ce bien — s’empresse de l’acquérir. Si, entretemps, le prix a augmenté, le vendeur subit une perte en respectant ses engagements. Mais si, au contraire, le prix de l’actif s’est effondré, le vendeur l’achète à bas prix et encaisse le profit réalisé.

Moins d’une heure avant l’annonce des tarifs supplémentaires de 100 % contre la Chine, l’investisseur Garrett Jin a procédé à une vente à découvert qui lui a permis de réaliser, dès l’annonce faite, un profit de 140 millions$ (dont 88 millions sur la vente de Bitcoin).

Ce qui lui a valu des accusations (fondées ou non) de délit d’initiés.

Les États-Unis saisissent quinze-milliards$ de Bitcoins

On croit généralement qu’un placement en Bitcoins permet de cacher de l’argent à l’abri du fisc; l’argent est, croit-on, quelque part dans le cyberespace, hors de portée du gouvernement.

Que ce soit le mot de passe qui permet l’accès aux messages stockés sur votre téléphone ou des informations qui donnent accès à votre portefeuille de Bitcoins, le ministère américain de la Justice obtient toujours ce qu’il veut.

Si vous êtes arrêté aux États-Unis pour des accusations de fraude, on vous placera dans une prison à sécurité maximale — c’est-à-dire là où on emprisonne les plus dangereux criminels du pays — alors qu’on retardera volontairement votre audition devant ce juge qui devrait prononcer votre libération en attente d’une comparution.

Entretemps, l’intimidation et les viols répétés commis par d’autres prisonniers devaient vous convaincre de collaborer avec les autorités.

Mais il y a parfois un moyen plus simple.

Chen Zhi est un financier cambodgien de 37 ans qui dirige Prince Holding Group, un des conglomérats les plus puissants du Cambodge.

Sur les médias sociaux, son empire financier offrait des placements qui garantissaient des rendements élevés. Puisque la transaction s’effectuait en Bitcoins, seuls les détenteurs de cette cryptomonnaie pouvaient y participer.

En réalité, tout cela était une vaste escroquerie.

Dans les articles publiés sur l’internet, on donne peu de détails quant à la manière utilisée par les autorités britanno-américaines pour saisir ce quinze milliards en Bitcoins.

L’explication la plus probable est qu’on ait mis la main sur un des nombreux ordinateurs utilisés par les ‘courtiers’ de l’entreprise.

Après avoir obtenu une copie du logiciel utilisé, il suffit d’utiliser de la rétro-ingénierie (Reverse Ingineering) pour accéder au code source.

Normalement, cette opération est de l’espionnage industriel et donc, est totalement interdite par la loi… sauf aux forces policières après avoir obtenu un mandat habilitant émis par un juge.

Or ce code source révèle le code qui s’exécute lorsqu’on clique sur le bouton transférant les Bitcoins dans le compte du conglomérat. On obtient donc le numéro de ce compte, ses mots de passe, les noms d’utilisateurs, etc.

Saisir le contenu du compte devient alors un jeu d’enfants.

Références :
Comment le revirement tarifaire de Trump a ébranlé le marché des crypto-monnaies
Droits de douane de Trump: la Chine réplique avec des tarifs de 34% sur les produits américains
Feds seize $15 billion in bitcoin after busting alleged global crypto scam
Jin rejette les allégations concernant la vente à découvert de Bitcoin
Trump annonce des droits de douane supplémentaires de 100 % contre la Chine
Who is Cambodia’s Chen Zhi, the ‘untouchable’ tycoon linked to scam hubs?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Corridor du Nord

Publié le 1 octobre 2025 | Temps de lecture : 4 minutes
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Le Corridor du Nord est une voie ferrée destinée à relier Port Saguenay au réseau canadien de chemins de fer. Sur la carte ci-dessus, c’est la ligne grasse violette qui se termine par une flèche.

Cette voie ferrée existe déjà en bonne partie; il ne lui manque qu’un tronçon de 160 km (laissé en blanc sur la carte).

Une fois complété et mis à niveau, ce corridor servirait à acheminer du minerai principalement ontarien vers ce port en vue d’une exportation vers les marchés internationaux.

Que ce soit le défunt projet de gaz fossile (connu sous le nom de GNL-Québec) ou ce projet-ci, l’un et l’autre ne peuvent pas se réaliser sans augmentation de la navigation dans le fiord du Saguenay dont l’embouchure correspond à la pouponnière des bélougas du Saint-Laurent.

Précisons que ces mammifères marins ne constituent pas une espèce menacée à travers le monde puisqu’une importante colonie existe dans l’Arctique russe. Toutefois, le troupeau québécois (d’environ 880 spécimens) est un reliquat de l’époque glaciaire qui est prisonnier de l’environnement très particulier qui règne là où les eaux profondes et froides du Saguenay se déversent dans le Saint-Laurent.

Tout comme les défunts projets de GNL-Québec et d’Énergie Est, le Corridor du Nord est une initiative visant à faire du Québec un simple lieu de transit de matières premières en vue de leur exportation.

Le projet entrainerait la création d’emplois temporaires au moment de la construction des infrastructures qui lui sont nécessaires, mais très peu d’emplois une fois complétées; il s’agira d’emplois peu qualifiés où la simple exigence serait de savoir lire et écrire.

Si ce projet se retrouve sur la liste fédérale des projets d’intérêt national, c’est qu’elle apparait sur la ‘liste d’épicerie’ d’une ou de plusieurs provinces. Et puisque, selon Radio-Canada, les premiers ministres canadien et québécois se disent très emballés par le projet, on devine que le projet est sur la liste du Québec.

Pour aller de l’avant, le projet a besoin d’un ou de plusieurs investisseurs qui n’accepteront d’y participer à la condition que les gouvernements supérieurs subventionnent grassement le projet.

D’où la question : quelle est la stratégie industrielle de la CAQ ?

À coup de centaines de millions de dollars, est-ce que cette stratégie consiste à attirer au Québec des géants industriels qui délocaliseront leurs profits réalisés au Québec dans des paradis fiscaux et qui embaucheront ici une main-d’œuvre non qualifiée dont la CAQ découragera la syndicalisation afin qu’elle coute le moins cher possible au grand capital international ?

Est-ce d’attirer au Québec des industries énergivores qui viennent ici simplement pour obtenir de l’électricité en deçà du prix coutant actuel et qui s’installeraient ailleurs s’ils étaient soumis au prix que vous et moi payons ?

Si la stratégie industrielle de la CAQ consiste à développer une économie de haut savoir, la CAQ aurait intérêt à nous expliquer en quoi le Corridor du Nord est de nature à atteindre cet objectif.

Pour l’instant, ce projet possède toutes les apparences d’une tiers-mondialisation de l’économie du Québec. Et ce, à nos frais.

Référence : Projets d’intérêt national : Ottawa et Québec intéressés à prioriser le Corridor du Nord

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Augmenter le contrôle social des médias sociaux au nom de la protection de l’enfance

Publié le 24 septembre 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

Puisque les médias sociaux sont une source colossale de revenus publicitaires, Washington fait tout pour que TikTok, le média social le plus populaire au monde, devienne de propriété américaine.

Ce matin, le site de Radio-Canada publiait un texte intitulé « TikTok a violé la vie privée d’environ 1,5 million d’enfants canadiens, selon une enquête.»

Selon Philippe Dufresne, commissaire canadien à la protection de la vie privée :

L’entreprise recueille des renseignements sensibles concernant de nombreux enfants et utilise ces renseignements à des fins de ciblage publicitaire et de recommandation de contenu.

À entendre M. Dufresne, on croirait qu’il vient de découvrir que la terre est ronde. Bien oui, TikTok fait cela. Mais n’est-ce pas le cas de tous les médias sociaux ?

Au nom de la protection de l’enfance, on propose que TikTok se dote d’une panoplie de moyens visant à déceler l’âge des jeunes fraudeurs qui se font passer pour des adultes sur sa plateforme.

La question fondamentale à se poser est la suivante : jusqu’où voulons-nous que les médias sociaux contrôlent nos vies ?

Dans ce cas-ci, il ne s’agit plus de donner aux médias sociaux le pouvoir d’espionner nos gouts et nos préférences — ce qu’ils font déjà à des fins publicitaires — mais de nous espionner encore plus afin de savoir qui nous sommes.

Et en fonction de leurs algorithmes, ceux-ci décideront si on peut accéder ou non à des pans entiers de ce qui est disponible sur l’internet.

C’est le devoir des parents d’interdire à leurs infants d’installer des médias sociaux sur leur tablette ou sur leur téléphone lorsqu’ils n’ont pas la maturité pour les consulter.

Et tout parent devrait régulièrement s’assurer que cet interdit est respecté et punir leur enfant s’il leur a désobéi.

Je ne suis pas un utilisateur de TikTok. Mais si j’en juge par Facebook, on a le choix.

Si, par curiosité, on commet l’imprudence de cliquer sur l’extrait d’un clip vidéo où un animal prédateur semble s’attaquer à une proie, non seulement verra-t-on la totalité de sa mise à mort, mais on sera harcelé, par la suite, de vidéos de cruauté animale. De la mère qui refuse la tétée à son nouveau-né en le piétinant. De l’alligator qui égorge et noie la gazelle qui venait s’abreuver dans l’étang où le prédateur se cachait. Etc.

Bref, si un enfant n’a pas la maturité pour être exposé à toute la méchanceté du monde, il est le devoir des parents de le protéger, et non à l’État.

À une époque où une partie inquiétante des adolescents (surtout les jeunes filles) ont des pensées suicidaires, nos décideurs publics devraient s’attaquer à l’exposition prématurée des jeunes à tous les médias sociaux et cesser de se contenter d’être les porte-voix de ces prédateurs qui veulent s’emparer de TikTok.

Références :
L’espionnage de l’État canadien n’a pas de limite
TikTok a violé la vie privée d’environ 1,5 million d’enfants canadiens, selon une enquête

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les 965 millions$ gaspillés par la CAQ dans Nemaska Lithium

Publié le 19 septembre 2025 | Temps de lecture : 8 minutes

La filière batterie

On appelle intégration verticale la stratégie industrielle qui consiste, pour une entreprise, à posséder ou à contrôler les diverses étapes de la production ou de la distribution de ses biens ou de ses services.

Par exemple, le constructeur automobile qui achète l’entreprise qui fabrique les parebrises qui équipent ses voitures procède à une intégration verticale en plaçant ce fournisseur sous son autorité.

La création de ‘grappes industrielles’ par le gouvernement du Québec obéit à la même logique.

Cette stratégie consiste à susciter la création (ou à attirer chez nous) les ‘chainons manquants’ nécessaires à une intégration verticale volontaire qui va (idéalement) de l’extraction de la matière première au produit fini sans que toute cette chaine de production appartienne aux mêmes intérêts financiers.

La ‘filière batterie’ est une grappe industrielle que le gouvernement Legault a créée à partir d’un noyau fort, Hydro-Québec, auquel se sont greffées diverses entreprises.

Cette grappe industrielle comprend les éléments suivants :
Hydro-Québec, producteur étatique d’hydroélectricité.
Nemaska Lithium, dont nous reparlerons dans quelques instants.
Northvolt, une jeune pousse aujourd’hui en faillite, dans laquelle le Québec a investi 470 millions$ dans le capital-actions de la maison mère suédoise et un prêt de 240 millions$ destiné à acheter le terrain sur lequel devait être construite son usine québécoise (fermée avant d’avoir été complétée).
EcoPro BM, fabricant de matériaux de cathodes dont la maison mère sud-coréenne s’est placée à l’abri de ses créanciers. La succursale québécoise jouissait d’un prêt de 322 millions$ de Québec.
Ultium CAM, producteur des matériaux nécessaires à la fabrication des cathodes (auquel le gouvernement a accordé un prêt de 150 millions$). Sa maison mère sud-coréenne a été créée en 1968.
Solutions énergétiques Volta, dont la compagnie mère sud-coréenne, créée en 1959, fut la première à développer des feuilles de cuivre pour batterie. La filiale québécoise a reçu un prêt de 150 millions $ du gouvernement québécois.
La compagnie électrique Lion, un fabricant d’autobus scolaires à essence depuis 2008 mais dont le virage électrique s’est avéré désastreux. Dans les opérations financières qui ont permis à Lion d’éviter de peu la faillite, le gouvernement a perdu 227 millions $.
Taiga Motors, un constructeur québécois de motoneiges et de motomarines électriques, fondé en 2015, qui a évité la faillite grâce à son rachat par Vita Power. Québec a perdu 18 millions $ dans l’opération.

Dès novembre 2023, l’économiste Frédéric Laurin critiquait sévèrement la stratégie industrielle du gouvernement à ce sujet. Son principal reproche était l’absence d’activités d’innovation et de R et D puisque les investissements annoncés ne concernaient que des usines d’assemblage ou d’extraction minière.

Mais la CAQ a préféré croire les démarcheurs de l’industrie qui faisaient miroiter d’extraordinaires retombées économiques pour le Québec si l’État et ses sociétés investissaient massivement dans ce domaine.

Les limites de la spéculation

Depuis la création du Fonds des générations, l’État québécois a pris la détestable manie de spéculer en bourse avec l’argent du peuple.

Cette manie est illustrée par le cas de Nemaska Lithium. La CAQ y a investi 965 millions de dollars. Ce qui en fait son plus important investissement à ce jour, toutes catégories confondues.

Minée par les retards et les dépassements de couts, Nemaska Lithium, autrefois cotée en Bourse, s’était placée à l’abri de ses créanciers à la fin de 2019.

Le gouvernement Legault a participé à sa relance en devenant propriétaire de la moitié de l’entreprise, transformée en société à capital fermé.

L’argent investi par l’État québécois représente la moitié du capital-actions de l’entreprise. L’autre moitié est détenue par la minière Rio Tinto.

Nemaska Lithium possède une mine de lithium à Whabouchi, à 300 km de la baie James. Son minerai sera transporté à ses installations de Bécancour où il sera concentré et transformé en hydroxyde de lithium. Cette deuxième usine ouvrira ses portes d’ici 2026.

Toutefois, d’autres investissements seront nécessaires. En effet, Rio Tinto prévoit qu’à maturité, le projet aura nécessité des investissements de 3,6 milliards de dollars.

En supposant que la CAQ laisse la minière investir seule l’argent complémentaire pour pousser ce projet maturité, la CAQ aura investi deux-millions de dollars pour chacun des 500 emplois qui seront créés.

Au contraire, si le gouvernement du Québec veut demeurer propriétaire à 50 %, il devra débourser 800 millions de plus (soit la moitié des 3,6 milliards$ nécessaires). Ce qui fera que l’État québécois aura déboursé 3,6 millions$ pour chaque emploi créé.

Y a-t-il une limite à cette folie ?

Demandons-nous quel sera le retour sur cet investissement.

Comme toutes les minières canadiennes, Nemaska Lithium détournera ses profits vers des paradis fiscaux. En d’autres mots, même si le gouvernement québécois demeurait propriétaire à 50 %, l’entreprise ne lui déclarera que des profits faméliques, le reste ayant été détourné ailleurs.

Le seul moyen pour l’État de récupérer son investissement, c’est par l’impôt payé par les employés de l’entreprise. D’où les deux questions suivantes.

Premièrement, combien faudra-t-il d’années avant que chaque travailleur de Nemaska Lithium ait payé deux-millions$ d’impôts ?

Et deuxièmement, pendant combien d’années utilisera-t-on encore du lithium dans les batteries des voitures électriques ?

La domination chinoise

L’Agence internationale de l’énergie a été créée sous les auspices de l’OCDE. Son plus récent rapport annuel indique qu’à lui seul, le marché chinois représente 11 des 17 millions de voitures électriques vendues dans le monde en 2024.

Des six millions restants, les constructeurs chinois en fabriquent 62 %. Et ce, en dépit des taxes douanières imposées par une bonne partie des pays occidentaux.

Le plus important fabricant chinois de voitures électriques porte le nom de BYD. Fondé en 1995, il s’agissait au départ d’un fabricant de batteries.

Mais en 2003, il a fait l’acquisition d’un carrossier au bord de la faillite. Et c’est depuis que BYD fabrique avec succès des autos… dans les usines les plus robotisées de l’industrie.

Ses 120 000 ingénieurs (le dixième de sa main d’œuvre) déposent 45 brevets par jour, loin devant la concurrence occidentale. Si bien que l’entreprise possède environ 60 % de tous les brevets relatifs à la voiture électrique.

Indépendamment du professionnalisme de Northvolt, cette compagnie était condamnée à un retard technologique impossible à rattraper… à moins d’adopter des technologies chinoises et conséquemment, à payer aux entreprises chinoises des droits d’utilisation de leurs brevets. Ce qu’on lui aurait rapidement reproché.

Cette domination technologique est le fruit d’un choix politique. Pendant que les pays occidentaux investissement massivement afin de conserver leur suprématie militaire, la Chine investit des sommes tout aussi considérables afin d’accentuer sa suprématie économique en temps de paix.

On ne sera donc pas surpris d’apprendre que des chercheurs chinois ont mis au point une batterie où le sodium remplace le lithium. Normalement, il faudra moins d’une décennie pour voir apparaitre des voitures équipées de telles batteries.

À partir de son inauguration (idéalement) en 2026, on doit donc anticiper le rapide déclin de Nemaska Lithium dès l’apparition des batteries au sodium jusqu’à sa faillite, un peu plus tard, soit bien avant que les investisseurs aient récupéré les 3,6 milliards injectés dans l’entreprise.

Dans la guerre économique qui oppose la Chine aux pays occidentaux, la mise au point de la batterie au sodium est prioritaire puisque par ce moyen, la Chine affaiblit ses rivaux. Des rivaux qui auront investi des sommes colossales à financer un développement économique basé sur une technologie sans avenir.

Références :
120 000 ingénieurs, 45 brevets déposés… par jour ! Comment le chinois BYD va balayer la concurrence dans l’électrique
Du sable dans l’engrenage chez Nemaska Lithium
Filière batterie au Québec
François Legault doit-il revoir son approche?
Global EV Outlook 2025
Intégration verticale
La Compagnie électrique Lion
Le Fonds des générations ou Quand l’État spécule à la bourse
Lion électrique ressuscitée par un groupe d’investisseurs du Québec
Northvolt
Pendant ce temps en Chine : la construction automobile
Québec investit encore dans Nemaska Lithium, portant le total à près de 1 milliard $
Troisième arrêt pour un projet phare
Une critique économique du mode de développement de la filière batterie au Québec
What EV market share do Chinese OEMs have overseas?

Parus depuis :
Deux gros projets de la filière batterie tombent à l’eau à Bécancour (2025-10-16)
Filière batterie : Lithion Technologies se protège de ses créanciers (2025-10-30)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’entente tarifaire entre la Malaisie et les États-Unis

Publié le 5 août 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

La Malaisie est un pays du Sud-est asiatique peuplé de trente-cinq-millions d’habitants. Son PIB — de 1,2 mille-milliards de dollars (le triple de celui du Québec) — le place au trentième rang mondial.

Le gouvernement malaisien a conclu hier une entente tarifaire avec l’administration Trump. Sa comparaison avec l’entente intervenue plus tôt avec la Commission européenne permet de comprendre ce à quoi la guerre tarifaire américaine voulait aboutir.

En vertu de son entente à elle, la Malaisie accepte que ses exportations vers les États-Unis soient taxées à hauteur de 19 %, (comparativement à 15 % pour les exportations européennes).

Ce taux (19 %) est exactement celui qui sera imposé à toutes les grandes économies de la région, soit l’Indonésie, la Thaïlande et les Philippines. Par contre, le tarif imposé au Vietnam est légèrement supérieur (20 %).

Non seulement la Malaisie renonce-t-elle à répliquer par des contre-tarifs, mais elle réduira ou abolira ses tarifs existants à l’encontre de 98,4 % des biens américains. Ce à quoi l’UE semble également avoir consenti.

De plus, la Malaisie réduira ses barrières non tarifaires (notamment celles reliées à l’attribution des contrats publics), et cessera d’exiger que les médias sociaux contribuent financièrement à un fonds d’État.

Toutefois, les semiconducteurs et les médicaments génériques malaisiens, déjà exemptés des taxes douanières américaines, continueraient de l’être.

D’autre part, le gouvernement malaisien s’engage à ce que la pétrolière qu’il possède (Petronas) achète annuellement pour 3,4 milliards$ de gaz fossile liquéfié des États-Unis.

En 2016, la Malaisie s’est engagée à réduire ses gaz à effet de serre en signant l’Accord de Paris sur le climat. L’entente tarifaire intervenue hier vise à faire en sorte que les pétrolières américaines soient protégées du virage écologique de la Malaisie (et de l’UE) en leur assurant d’un niveau plancher de ventes internationales.

En somme, si la Malaisie et l’UE réduisent leur consommation de gaz fossile, cette baisse devra se faire aux dépens de pays producteurs comme le Qatar ou la Russie, mais pas aux dépens des États-Unis.

Et si les autres pays producteurs décident de baisser leurs prix en raison de leur surproduction, les gazières américaines ne seront pas obligées de réduire les leurs, assurées du marché captif créé par Trump en Europe et en Asie.

D’autre part, la Malaisie s’engage à ce que ses producteurs de semiconducteurs, son industrie aérienne et ses centres de données achètent pour 150 milliards$ d’équipements américains au cours des cinq prochaines années.

Cela comprend l’achat déjà conclu de soixante avions de Boeing à Malaysia Airlines, au cout de 19 milliards$.

Références :
Liste des signataires de l’accord de Paris sur le climat
Malaysia
Malaysia agrees to boost tech, LNG purchases from U.S. as part of trade deal
Malaysia’s US tariff deal comes with US$240 billion price tag

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La capitulation de la Commission européenne face à Trump

Publié le 30 juillet 2025 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Dirigée par Ursula von der Leyen, la Commission européenne est le ‘Conseil des ministres’ de l’Union européenne (UE).

Sous la menace de sanctions économiques, la Commission a finalement consenti dimanche dernier à un accord douanier avec les États-Unis.

Cet accord, qui doit ultérieurement être ratifié par les 27 pays membres de l’UE, prévoit trois choses :
• l’UE consent à ce que Washington impose une taxe de 15 % à tous produits européens qui entrent aux États-Unis,
• au nom des pays membres, l’UE s’engage à acheter pour 750 milliards$ de combustibles fossiles américains au cours des trois prochaines années, et
• l’UE promet d’investir 600 milliards$ de plus dans l’économie américaine.

La taxe de 15 %

Précédemment, l’administration Trump avait imposé un tarif douanier de 4,8 % à l’Europe, auquel s’était ajoutée une surtaxe de 10 %.

En tant que pays souverain, les États-Unis sont libres d’imposer des taxes à l’importation à tous les pays avec lesquels ils ne sont pas liés par des traités de libre-échange.

De son côté, en tant qu’entité étatique, l’UE est également libre de répliquer par ses propres taxes à l’importation.

La nouveauté de cette entente, c’est que l’UE accepte la pénalité imposée à ses entreprises exportatrices et renonce à répliquer par des contre-tarifs.

L’achat d’hydrocarbures américains

La Commission européenne souligne que l’achat de gaz fossile liquéfié (et, secondairement, de pétrole) en provenance des États-Unis lui permettra de remplacer ses importations de gaz russe.

Puisque la demande mondiale de gaz fossile s’accroit, la Russie écoulera donc facilement son gaz sur les marchés internationaux.

Ce que Mme von der Leyen oublie de dire, c’est que le gaz fossile russe était le moins cher au monde. L’UE peut bien acheter pour 750 milliards$ de gaz liquéfié américain, mais elle obtiendra considérablement moins de combustible pour cette somme. Si cela est insuffisant, l’UE devra se procurer le reste ailleurs.

Dans tous les cas, augmenter le cout d’acquisition de son énergie nuit à la compétitivité de l’industrie lourde européenne. Et en augmentant sa dépendance à l’égard des États-Unis, l’Europe accroit sa vassalisation à l’égard de Washington.

De plus, les contrats avec la Russie étaient libellés en euros alors que les achats aux États-Unis le sont en dollars américains. Dans l’éventualité d’une crise économique majeure, l’UE aurait conservé son pouvoir de payer son approvisionnement russe puisque l’UE a la main sur la planche à billets.

D’autre part, l’UE a toujours soutenu que le gaz fossile était un combustible de transition vers les énergies renouvelables. C’est ainsi que depuis 2019, le Pacte vert européen prévoyait de mobiliser mille-milliards d’euros d’investissements publics et privés pour développer les énergies propres.

Le Pacte vert prévoyait donc une réduction de la consommation de combustibles fossiles par l’Europe.

L’entente intervenue entre l’administration Trump et la Commission européenne assurent les pétrolières américaines de la stabilité de la demande européenne d’hydrocarbures.

En conséquence, les commissaires européens devront s’assurer de l’échec temporaire de la transition écologique de l’Europe.

Les investissements garantis aux États-Unis

Une des grandes priorités de l’administration Trump est de rapatrier aux États-Unis une partie de la capacité industrielle délocalisée à l’Étranger au cours des quatre dernières décennies.

C’est ainsi que l’imposition de taxes à l’importation vise à motiver les entreprises étrangères à venir produire aux États-Unis ce qui est destiné au marché américain.

La Commission européenne fait valoir que garantir 600 milliards$ d’investissements aux États-Unis est anodin puisque cela correspond aux intentions actuelles de ses grands groupes industriels.

Toutefois, en garantissant de tels investissements, l’UE s’engage à subventionner son propre déclin économique si jamais l’administration Trump supprime ses tarifs de 15 % en raison de leurs conséquences inflationnistes.

Conclusion

En décembre 2022, j’avais qualifié la présidente de la Commission européenne de ‘tigresse de papier’. Dimanche dernier, sa capitulation devant Donald Trump en est une parfaite démonstration.

Dès la ratification de ce traité, Bruxelles acceptera la perte de sa souveraineté puisque ses engagements économiques (achats d’hydrocarbures, investissements garantis) sont libellés en dollars américains. Ce qui place l’Union européenne sous l’autorité des tribunaux des États-Unis en cas d’infraction à l’entente selon Washington. Comme une simple république bananière.

Plutôt que de taxer les géants de l’internet — qui sont les piliers du régime Trump — la Commission européenne a choisi la politique du moindre mal.

Ç’a aurait pu être pire’ disent les commissaires européens pour se justifier.

En effet, il y a toujours des défaites plus cuisantes…

Références :
EU and US announce trade deal: What you need to know
Guerre commerciale : ce que l’on sait de l’accord avec l’Union européenne
La consommation mondiale de gaz naturel atteint un record en 2024
Un plan de financement européen ambitieux pour une transition énergétique juste

Paru depuis : Investor confidence in EU drops after Trump’s Brussels trade deal (2025-08-04)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Mark Carney, le serviteur assumé du 1 %

Publié le 20 juillet 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Pendant treize ans, dans les bureaux de Goldman Sachs situés à Londres, Tokyo, New York et Toronto, Mark Carney a été banquier d’affaires.

Puisque le rôle d’un banquier d’affaires consiste principalement à œuvrer dans les opérations de fusion et d’acquisition de grandes entreprises internationales, on peut présumer que ce fut son cas.

De plus, en tant que coresponsable chez Goldman Sachs de la gestion des crises liées aux dettes souveraines, il aida la Russie (sous Boris Eltsine) à traverser sa crise financière de 1988.

Les conflits d’intérêts de Mark Carney

En réaction aux menaces tarifaires de Donald Trump. Mark Carney avait évoqué, au cours de la campagne électorale, la possibilité, pour le Canada, de résilier le contrat d’achat des chasseurs-bombardiers F-35.

Leur acquisition est le pire contrat militaire de l’histoire militaire du Canada. En effet, ce contrat ne comporte aucun transfert technologique, et des retombées économiques insignifiantes pour notre pays. Une fois élu, on n’en a plus entendu parler.

Et pour cause.

Le 11 juillet dernier, le Bureau du commissaire aux conflits d’intérêts révélait que Marc Carney possédait des investissements (qualifiés de ‘notables’) dans Lockheed Martin, le fabricant des F-35.

Cet investissement fait partie des 569 entreprises dans lesquelles Mark Carney possède des intérêts. La liste est tellement longue qu’elle fait quinze pages.

Le 29 juin dernier, Mark Carney décidait d’abolir la Taxe sur les services numériques, sous le prétexte que cela permettra de relancer les négociations en vue d’un nouvel accord avec Donald Trump que le premier ministre espère avantageux pour le Canada.

Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras.

Cette taxe devait rapporter annuellement plus de deux-milliards de dollars au fisc canadien.

Le rapport du Commissaire aux conflits d’intérêts nous apprend que Mark Carney a ainsi fait ce cadeau aux entreprises dans lesquelles il possède des investissements majeurs : Alphabet (maison mère de Google), Apple, Amazon, Meta (Facebook), Nvidia et Microsoft.

Ces deux-milliards$ qu’auraient payés ces géants de l’internet, ce sont des milliards$ que vous et moi n’aurions pas eu à débourser pour financer les services de l’État.

La société de fiducie, paravent de l’hypocrisie

Pour pallier les conflits d’intérêts, la loi oblige le premier ministre à confier ses investissements à une société de fiducie sans droit de regard.

‘Sans droit de regard’, cela signifie que les fiduciaires sont libres de faire fructifier ce capital comme ils l’entendent, sans en aviser le premier ministre.

Il n’est pas rare que les politiciens obligés de le faire confient leur argent à une société privée de fiducie, formée de leurs amis les plus proches.

Tout ceci est une farce.

Une des raisons qui incitent les chefs d’État à réduire les taux d’imposition des entreprises et à leur permettre de délocaliser leurs profits dans des paradis fiscaux, c’est que cela profite aux investisseurs.

Or plus les investisseurs s’enrichissent, plus ils spéculent à la bourse. Et plus ils spéculent, plus cette spéculation pousse les indices boursiers à la hausse. Et plus ceux-ci augmentent, plus la fortune en fiducie des décideurs publics augmente.

Conclusion

Comme ces PDG qu’une compagnie internationale déplace d’une filiale à une autre, le nouveau premier ministre du Canada occupa successivement la direction de la banque du Canada, puis celle de la banque d’Angleterre. Comme si ces deux pays étaient de simples succursales de l’Empire américain.

Le nouveau premier ministre du Canada est un technocrate de la finance mondialisée qui n’appartient pas à notre monde. Conséquemment, il s’entoure de ministres et de conseillers qui lui ressemblent; des millionnaires ou des gens en voie de le devenir…

Références :
« Carney a décidé de plier »
Google, Amazon, Meta: voici les grosses compagnies dans le portefeuille de Mark Carney
La taxe numérique et les degrés de l’assujettissement
Mark Carney
Mark Carney at Goldman Sachs: What did he do there?

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Écrit par Jean-Pierre Martel