La vaccination au stade Olympique : à éviter

17 décembre 2021
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S’il vous est possible de prendre rendez-vous ailleurs, évitez la vaccination au stade Olympique de Montréal.

Partout au Québec, le protocole élaboré par les autorités sanitaires prévoit l’obligation pour chaque personne de retirer le masque qu’elle porte afin d’en enfiler un neuf, fourni gratuitement.

À Cowansville, par exemple, la file d’attente se trouve à l’extérieur du centre de vaccination. Et c’est à l’extérieur, plus précisément à l’entrée, qu’un préposé offre un masque neuf à l’aide d’une pince.

Parfois, pour prendre un peu d’avance, ce préposé remonte dans la file plutôt que de rester à la porte. Dans tous les cas, le changement de masque s’effectue à l’extérieur, au grand air.

Ce n’est pas le cas au stade Olympique.

Après avoir fait la file dans un large couloir intérieur relié au métro, on franchit une porte. Et c’est là, dans un passage de quelques mètres de large — toujours à l’intérieur — que les gens sont obligés de retirer leur masque pour en mettre un neuf.

Pendant quelques secondes, à visage découvert, chaque personne respire quelques-unes des gouttelettes respiratoires laissées par les centaines ou les milliers de personnes qui l’ont précédé à cet endroit précis, dont quelque-uns sont nécessairement des porteurs asymptomatiques du virus.

Actuellement, le taux de positivité au Covid-19 est d’environ 5 % pour la région de Montréal. De plus, la proportion des contagions causées par le variant Omicron est d’une personne sur cinq.

Donc, sur cent Montréalais, quatre sont actuellement atteints par le variant Delta et un est atteint par l’Omicron. Et parmi ces gens, une proportion inconnue est constituée de porteurs asymptomatiques.

Le 6 avril 2021, je devais recevoir ma première dose de vaccin au stade Olympique. Mais j’ai rebroussé chemin parce qu’on m’obligeait de retirer mon masque N95 pour mettre un simple masque de procédure. J’ai plutôt choisi de me faire vacciner en pharmacie.

Les pharmaciens n’obligent le changement de masque qu’aux gens qui se présentent avec des masques non sécuritaires. C’est ainsi que je n’ai pas eu à retirer le mien.

Ce matin, j’avais de nouveau pris rendez-vous au stade Olympique afin de recevoir ma troisième dose. J’espérais que les choses s’étaient améliorées.

Cette fois, mon masque était un N99. En somme, la crème de la crème.

Mais j’ai de nouveau rebroussé chemin après qu’on ait exigé que je le retire afin de me conformer ‘au protocole’.

Lorsque les autorités sanitaires révisent leurs procédures, jamais on ne demande l’avis des préposés afin de découvrir les problèmes qu’ils ont rencontrés dans l’accomplissement de leurs tâches.

Seuls les cadres sont consultés. L’opinion d’un ‘vulgaire’ préposé n’intéresse personne.

Ceci étant dit, si un préposé a pris l’initiative de rapporter un problème, on en tiendra compte si le cadre a fait remonter l’information jusqu’au sommet de la pyramide décisionnelle. Sinon, on n’en entend jamais parler.

Voilà pourquoi j’en parle publiquement. Parce que huit mois après le 6 avril, rien n’a changé.

Faire changer de masque à tout le monde est un risque inutile. Comme les millions de risques inutiles auxquels la Santé publique a soumis la population en déconseillant le port du masque pendant des mois.

En réalité, seules les personnes qui se présentent avec des masques non sécuritaires (les masques à valve, ceux abimés, ceux tricotés en Phentex™, etc.) devaient être obligées de changer de masque.

Et même dans ces cas, jamais dans un espace clos.

Au stade Olympique, la Santé publique devrait embaucher deux préposés de plus dont la tâche serait de déceler, dans la file d’attente, les porteurs de masques inadéquats.

Lorsqu’un changement serait nécessaire, un préposé devrait retenir la place de la personne concernée dans la file d’attente, tandis que l’autre l’accompagne à l’extérieur pour le changement de masque.

Voilà comment on fait les choses correctement.

Compte tenu de la contagiosité fulgurante des plus récents variants du Covid-19, cette faille dans le protocole sanitaire devrait être corrigé dans les plus brefs délais.

D’ici là, évitez si possible la vaccination au stade Olympique.

Références :
État de la situation – ile de Montréal
La première vaccinée du Canada a contracté la COVID-19
Le N95 protège mieux que le masque médical, selon une experte des aérosols

Paru depuis :
Le CSSDM autorise le port du masque N95 à la demande du ministère (2022-01-18)

Postscriptum du 21 décembre 2021 : Dans les deux pharmacies Pharmaprix où j’ai reçu mes trois doses de vaccin, on n’oblige les gens à changer de masque que s’il est sale ou inadéquat. Je présume que dans toutes les pharmacies du Québec, on fait preuve d’autant de jugement.

Ceci étant dit, comme à Cowansville, on peut aller dans un des centres de vaccination mis sur pied par la Santé publique. Mais absolument pas dans ceux où on oblige tout le monde à retirer son masque ailleurs qu’au grand air.

Donc n’hésitez pas à rebrousser chemin et à prendre rendez-vous dans une pharmacie s’il s’avère que la Santé publique vous oblige à changer de masque dans un endroit clos, comme c’est le cas au stade Olympique.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


En présentiel ou en personne ?

15 décembre 2021

Selon le dictionnaire Larousse, présentiel se dit d’un enseignement ou d’un apprentissage qui s’effectue sur place. Sinon, ce serait du téléenseignement ou une formation à distance.

L’avantage du mot ‘présentiel’ est qu’il possède son adjectif (ex.: une formation présentielle, un atelier présentiel) alors qu’une formation personnelle n’a pas le même sens.

Pour l’instant, la plupart des dictionnaires restreignent l’utilisation de présentiel à l’enseignement et à un stage. Mais l’usage du mot tend à se généraliser.

C’est ainsi qu’on parle d’assister à un spectacle ‘en présentiel’ alors qu’il serait plus simple de dire ‘en personne’.

Effectivement, ‘en personne’ se dit de toute activité (sans exception) à laquelle on participe sur place, dans les lieux physiques où elle se déroule.

On distinguera l’artiste sur scène (et non ‘en présentiel’) de celui qui apparait en direct par vidéoconférence.

De la même manière, une allocution sera télévisée en direct ou en différé.

Doit-on écrire ‘présentiel’ ou ‘présenciel’ ?

Voyons les règles grammaticales.

Une soixantaine d’adjectifs se terminent par le son ‘-siel’.

Si on exclut les mots ou les adjectifs qui proviennent du monde informatique, les adjectifs en ‘-siel’ se divisent en deux groupes : ceux qui se terminent par ‘-ciel’ et les autres qui se prononcent pareil mais qui s’écrivent ‘-tiel’.

Une première règle exige que les mots se terminant par ‘-cie’ (ex.: superficie) ou par ‘-ice’ (ex.: artifice, cicatrice’, office), donneront des adjectifs en ‘-ciel’. Exemples : superficiel, artificiel, cicatriciel et officiel. Tous avec des ‘c’.

La deuxième règle veut que si un mot se termine par les lettres ‘-tie’ (ex.: partie), par ‘-ant’/‘-ent’ (ex.: confident, dément, résident) ou par ‘-ance’/‘-ence’ (ex.: essence, référence, substance), l’adjectif se terminera généralement (mais pas toujours) par ‘-tiel’. Exemples : partiel, confidentiel, démentiel, résidentiel, essentiel, référentiel, substantiel.

Dans plusieurs cas, cette règle s’explique par l’origine du mot. Par exemple, le mot ‘confidence’ vient du latin confidentia. Tout comme ‘confident’ vient de l’italien confidente. Il était donc normal que l’adjectif ‘confidentiel’ s’écrive avec un ‘t’.

À cette deuxième règle, il n’y a que trois exceptions ; circonstanciel, révérenciel et tendanciel.

Voilà pourquoi on devrait écrire ‘présentiel’ avec un ‘t’.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Un conte de Noël ministériel pour 2021

14 décembre 2021

La semaine avait mal commencé.

Mon café tout juste infusé, j’entamais la lecture des grands titres des journaux sur mon iPad quand je reçois le texto suivant sur mon téléphone : ‘Qu’est-ce tu fais ? Tu ne lis pas tes courriels ?

Un coup d’œil rapide à ma messagerie et je découvre, horrifié : ‘Réunion URGENTE de la cellule de crise au bunker à 7h45 lundi matin.

Le café d’une main et la mallette de cuir noir de l’autre, j’arrive d’un pas rapide au bunker.

En ouvrant la porte, tous les regards se tournent vers moi. Cette grande table allongée aux micros dressés que j’ai déjà vue cent fois m’apparait ce matin comme un monstrueux millepattes renversé sur le dos.

Je salue tout le monde en hochant discrètement de la tête.

— « On n’est pas au PQ, monsieur Martel; les réunions commencent à l’heure, ici à la CAQ » me fait remarquer le premier ministre.

— « Oui, je suis désolé. C’est juste que… euh… que je m’excuse » répondis-je en m’assoyant, piteusement.

— « Poursuivez » dit à voix basse le premier ministre au Dr Arruda.

— « Alors comme je disais, on m’informe que les règles sanitaires du Québec sont contournées. On a déjà des directives au sujet des restaurants, des salles d’exercice, des salles de spectacle, etc. Mais on n’avait pas pensé aux étables.»

— « Aux étables…» répète un des participants.

— « Oui aux étables. On a appris que durant le temps des Fêtes, il y a des gens qui se réuniront clandestinement dans des étables.»

— « J’imagine que ces réunions, ce sont des espèces de raves…» demande la ministre de la Culture.

— « On ne sait pas. Tout ce qu’on sait, c’est qu’une famille qui n’est pas connue des policiers planifie une réunion internationale dans une étable déjà sous surveillance électronique.»

— « On attend combien de personnes à cette rencontre internationale ? » demande le ministre du Tourisme, de la chasse et de la pêche.

— « Cette famille accueillera au moins trois personnes venues d’Arabie. Les policiers sont convaincus que ce sont évidemment des terroristes, à en juger par là d’où ils viennent.»

— « Doux Jésus ! Des terroristes ! » s’exclame la ministre des Ainés.

— « Selon nos informations, les explosifs pourraient être cachés dans des cargaisons d’or, d’encens, et de myrrhe transportées par des chameaux.»

— « Des chameaux au Québec ! On aura tout vu.» fait remarquer, toujours aussi perspicace, le ministre de l’Agriculture.

— « Excusez-moi de nous interrompre. Vous avez bien dit que ces trois visiteurs étrangers arriveront d’Arabie ? » demande le ministre de l’Économie.

— « Oui, c’est exact » répond lentement le Dr Arruda.

— « Alors je pense qu’on devrait être très prudent. Je suis en discussion avec le Fonds souverain d’Arabie saoudite en vue de la construction d’une usine de transformation du mazout saoudien en engrais biologique. Tout cela fera partie de notre plan qui vise à ce que l’économie du Québec soit complètement verte d’ici le 300e anniversaire de la fondation de la CAQ, en 2311.»

— « Pour tout de suite…» intervient le Dr Arruda « …l’important à retenir est que cette rencontre pourrait se transformer en évènement superpropagateur du variant Omicron.»

En entendant ‘variant Omicron’, tous les participants se lèvent et se ruent vers les sorties. Mais les portes sont verrouillées.

— « C’est moi qui ai la clé » dit d’un air taquin le premier ministre en la montrant du bout des doigts.

Alors que les ministres reprennent leur place, Simon Jolin-Barette demande : « Mais le fédéral, ne peut-il pas arrêter ces gens-là aux frontières ? » provoquant aussitôt le rire de tous ses collègues.

— « Cré farceur » dit tendrement M. Legault à voix basse. Puis, haussant le ton : « Poursuivez Horacio.»

— « Dans cette étable, ni le père ni la mère ne portent de masque. On ne connait pas leur statut vaccinal. L’endroit n’est même pas équipé d’un détecteur de CO₂.»

— « Franchement, c’est scandaleux ! » s’exclame le ministre de l’Éducation.

— « Le plus jeune des suspects est un nouveau-né qui, dans cette étable non chauffée, dépendra de l’haleine chaude d’un bœuf pour maintenir sa température corporelle.»

— « Encore un cas de maltraitance parentale ! Ça ne finira donc jamais ? » demande, indigné, le ministre Lacombe. « Est-ce qu’on peut entendre ce qu’en pense le ministre de la Famille ? »

— « C’est que… c’est toi le ministre de la Famille » dit M. Legault.

— « Ah oui ? Mais depuis quand ? Pourquoi suis-je toujours le dernier à être informé ? »

— « Si je peux me permettre de poursuivre…» intervient le Dr Arruda, «…je dois préciser qu’entre le boeuf et le nouveau-né, on ne respecte pas la distance sanitaire. Malheureusement, on ignore tout de la transmission possible du Covid-19 entre les bovidés et nous. Imaginez si le bœuf tousse dans la main du bébé, que l’enfant ne se lave pas les mains, et qu’il se gratte le postérieur…»

— « Puisqu’un des problèmes c’est que l’étable est chauffée à l’haleine de bœuf, pourquoi ne pas accorder une subvention gouvernementale pour qu’on y installe un four à bois ? » demande le ministre du Développement régional.

— « C’est délicat…» intervient son collègue des Relations internationales. « Qui dit chauffage au bois, dit bois à débiter. Et qui dit bois à débiter, dit tronçonneuse. Or qui sait ce que peuvent faire des envoyés d’Arabie saoudite avec une tronçonneuse…»

— « Oui, mais on fait quoi, là ? » demande une voix.

— « J’ai tout prévu » poursuit le Dr Arruda « On va envoyer de nos enquêteurs sur place. Soyez sans crainte, tout cela demeurera strictement confidentiel; la grille d’évaluation, dès que complétée, s’auto-détruira automatiquement. Jamais on n’en trouvera la moindre trace…»

— « C’est mon idée, vous savez » dit fièrement le ministre de la Santé.

— «…De plus, il sera défendu aux inspecteurs de pénétrer dans l’étable » ajoute le Dr Arruda.

— « Mais si vous faites ça, vos inspecteurs ne trouveront jamais rien ? » demande la ministre de l’Enseignement supérieur.

— « Laissez-moi vous dire que si nos enquêtes épidémiologiques étaient capables de trouver quoi que ce soit, ça se saurait. Dans ce cas-ci, il leur sera défendu d’entrer dans l’étable parce nous ignorons son taux de contamination. Or si c’est comme en zone rouge, nos inspecteurs ne sont pas équipés pour se protéger adéquatement.»

La ministre de la Sécurité publique se lève : « J’ai une meilleure idée. Je prends les hélicoptères de la Sécurité du Québec, la brigade anti-émeute de la ville de Montréal équipée de bombes assourdissantes et de projectiles à mortalité réduite, et je vous règle ça en deux minutes, mes amis.» dit-elle en se frottant les mains.

— « De calme, Mme Guilbault. Assoyez-vous.» dit le premier ministre.

Finalement, le Conseil des ministres n’arrivant pas à s’entendre, Marie et Joseph, de même que leur petit Jésus, passèrent la Noël en famille. Tel que prévu.

Les rois-mages ne se sont pas présentés; la pollution atmosphérique ayant caché l’étoile qui les guidait.

Mais dans l’étable, malgré le froid et malgré la faim, on passa un long moment de bonheur.

Car au fond, rien ne vaut le temps passé avec les gens qu’on aime…


Complément de lecture : Le derrière miraculeux de la ministre

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : la nécessité d’une enquête au sujet de Santé publique du Québec

13 décembre 2021
Mesures sanitaires recommandées au cours de la première vague

À la lumière d’aujourd’hui, presque tout ce que dit le Dr Arruda dans ce clip vidéo est faux :
• l’utilité du masque n’est pas limitée aux personnes symptomatiques ou aux travailleurs de la Santé qui œuvrent auprès d’eux,
• tousser dans son coude et se laver les mains ne sont pas les meilleurs moyens de lutter contre la transmission du Covid-19,
• en avion, ces deux mesures sont nettement insuffisantes,
• il est faux de croire que le Covid-19 n’atteint sévèrement que les personnes en mauvaise santé,
• même s’il existe des facteurs contributifs, il est également faux de prétendre que la durée de la maladie dépend de la condition physique préalable de la personne atteinte,
• il est faux de dire que le décès par le Covid-19 est limité aux personnes prédisposées,
• mais il est vrai qu’en absence de vaccin et de traitement curatif, la majorité des personnes atteintes guériront d’elles-mêmes.

La Santé publique, limace décisionnelle

On ne connait pas la date de la publication de ce clip vidéo.

Évidemment, il est facile de critiquer des mesures sanitaires anciennes à la lumière de ce qu’on sait aujourd’hui. Mais qu’en était-il autrefois ? En somme, y a-t-il déjà eu un temps où cela semblait vrai à la lumière des études publiées jusque-là ?

La réponse est non; il n’y a jamais eu l’ombre d’une preuve scientifique qui justifiait ces affirmations sauf la dernière.

La seule différence entre ce que nous savions au tout début de la pandémie et aujourd’hui, c’est qu’autrefois on ne savait pas si c’était vrai et qu’aujourd’hui on sait que c’est faux.

Prenons l’exemple du masque.

Le 10 avril 2020, je publiais le texte ‘Covid-19 : la nécessité du port du masque’. Ce texte était appuyé par plusieurs études scientifiques probantes.

De nos jours, la Santé publique est également de cet avis. Mais à quel moment s’en est-elle rendu compte ?

En juin 2020, la Santé publique ne recommandait pas le masque à la population en général. Sauf dans les situations où il lui était impossible de respecter la distance sanitaire. En somme, deux mois plus tard, si elle connaissait l’existence de ces études, elle choisissait encore de les ignorer.

En novembre 2020, en prévision du temps des Fêtes, elle ne recommandait toujours pas le port du masque lors des rassemblements. C’est pourtant plus de sept mois après que la science eut démontré formellement l’efficacité du port du masque.

Bref, il y a un écart inacceptable entre le moment de la publication d’études scientifiques et leur prise en compte par les autorités sanitaires au Québec.

Les éclaireurs de la littérature scientifique

Dans le jargon militaire, on appelle éclaireurs, les personnes envoyées en reconnaissance pour préciser la position des troupes ennemies.

Dans le cas de la guerre sanitaire contre le Covid-19, on peut se demander si les autorités sanitaires ont constitué des groupes de lecture chargés de dépouiller la littérature scientifique et d’informer formellement les décideurs quant aux plus récentes découvertes médicales.

Normalement, chaque journée aurait dû commencer par une revue des études scientifiques publiées la veille et un résumé de leurs conclusions.

À la cellule de crise constituée pour conseiller le premier ministre, ou aux réunions où on décidait des politiques sanitaires, prévoyait-on un temps pour la présentation des plus récentes découvertes scientifiques ? De plus, a-t-on demandé aux ‘éclaireurs’ si les mesures qu’on s’apprêtait à prendre étaient de nature à s’avérer efficaces compte tenu de ce qui se faisait déjà ailleurs ?

Des enquêtes trop limitées

Le gouvernement de la CAQ a ordonné la tenue de trois enquêtes au sujet de la réponse québécoise au Covid-19; l’enquête de la Protectrice du citoyen, l’enquête du Bureau du coroner, et l’enquête de la Commissaire à la Santé.

Malheureusement, ces trois enquêtes sont limitées à l’hécatombe survenue en CHSLD (l’équivalent québécois des Ehpads français).

Le mois dernier, la protectrice du citoyen publiait son rapport. On n’y trouve rien au sujet de la prise en considération de la science par les autorités sanitaires du Québec. Ce n’était pas son mandat.

La coronaire Géhane Kamel n’a pas non plus le mandat d’enquêter sur le fonctionnement interne de la Santé publique du Québec.

Quant à la Commissaire à la santé, son rôle sera d’évaluer la performance du réseau de la santé, spécifiquement (donc limitativement) pour la gestion des soins et de l’hébergement des ainés dans le cadre du Covid-19. Bref, rien qui l’autorise à enquêter sur les lacunes des autorités sanitaires.

Bref, ces trois enquêtes ne nous apprendront rien du mystère qui entoure l’adoption des mesures sanitaires par la Santé publique du Québec.

Est-ce que les autorités sanitaires du Québec feront mieux la prochaine fois ? Sauront-elles prendre les décisions appropriées si un virus complètement différent devait nous frapper un jour ?

En définitive, est-il normal qu’on doive attendre que celle-ci nous frappe pour le découvrir ?

Conclusion

Jusqu’ici, le Covid-19 a fait deux fois plus de morts (par million d’habitants) au Québec que dans les provinces anglophones du Canada.

Ce fiasco ne s’explique pas seulement par la fragilisation de nos établissements de Santé causée par la réforme Barrette et le sous-financement chronique des CHSLD.

Il s’explique également par le combat rétrograde de la Santé publique du Québec contre le port du masque, contre les tests de dépistage rapides, et contre les purificateurs d’air de type HEPA. Bref, contre tout ce qui aurait pu nous protéger.

En prévision d’une pandémie complètement différente qui pourrait survenir un jour, il nous faut mettre en place des mécanismes qui feront en sorte que les autorités sanitaires, même aussi incompétentes que celles d’aujourd’hui, seront encadrées de manière à prendre les meilleures décisions possible.

Pour instituer cela, il nous faut comprendre les lacunes actuelles et envisager les moyens d’y remédier.

Voilà pourquoi il faut instituer une enquête sur le fonctionnement interne de la santé publique du Québec.

Rétroactivement, lorsqu’on lit les textes publiés sur ce blogue au sujet de cette pandémie, il n’est pas normal que le citoyen Jean-Pierre Martel apparaisse mieux renseigné, scientifiquement, que ceux qui sont grassement payés pour nous protéger.

Références :
Covid-19 : la nécessité du port du masque
Covid-19 : l’OMS et les mesures sanitaires non prouvées
Histoire d’un fiasco – la lutte québécoise contre le Covid-19
La COVID-19 dans les CHSLD durant la première vague de la pandémie
Résumé des mesures à prendre contre le Covid-19
Une publicité déplorable

Parus depuis :
Il faut revoir le casting pandémique (2021-12-28)
Plus de 2 millions de Québécois auraient eu la COVID-19 depuis décembre (2022-02-09)
La santé publique cherchait comment justifier le couvre-feu, 6 heures avant l’annonce (2022-03-02)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les malheurs de l’Ukraine

11 décembre 2021

Depuis des décennies, Ukrainiens et Russes entretiennent une relation conflictuelle.

De tous les évènements qui ont jalonné l’histoire de ces deux peuples, le fiasco des politiques agraires sous Staline a marqué la rupture définitive entre eux, une rupture qui est demeurée clandestine jusqu’à l’éclatement de l’Union soviétique.

Au cours de l’Holodomor — c’est le nom d’une série de famines qui ont frappé l’Union soviétique de 1931 à 1933 — entre 2,6 et 5 millions de personnes sont mortes de faim, principalement en Ukraine.

Même si Moscou a toujours prétendu que cette famine a touché l’ensemble les régions agricoles de l’URSS (dont la principale était l’Ukraine), dans l’imaginaire collectif ukrainien, il s’agissait d’une tentative délibérée d’extermination massive dirigée contre eux.

Ce préjugé (fondé ou non) a été intensifié par les exécutions et les déportations de nationalistes ukrainiens au cours des purges staliniennes de 1937-1939.

Depuis l’indépendance de l’Ukraine en 1991, l’Ukraine et la Russie sont politiquement hostiles, mais économiquement liées.

Sans le gaz naturel russe, l’économie ukrainienne ne peut fonctionner. Mais comme le gazoduc alimentant l’Ukraine alimente également l’Europe occidentale, la Russie a préféré construire un gazoduc court-circuitant l’Ukraine afin de se donner les moyens de fermer le plus ancien si elle devait juger cela opportun.

La Russie est le principal partenaire commercial de l’Ukraine; 21 % des biens importés viennent de Russie et 12 % des exportations y sont destinées.

Le conflit ouvert entre les deux pays a fait chuter le PIB ukrainien des deux tiers depuis l’indépendance.

Pour tenter de sortir du marasme économique, l’Ukraine a tenté en vain d’adhérer à l’Union européenne. Ce qui a échoué, entre autres en raison de la corruption généralisée qui y règne.

En 2014, l’annonce par l’Ukraine de son intention (qui n’aura pas le temps de se réaliser) de retirer au russe son statut de langue officielle en Crimée (peuplée à 65,3 % de russophones) a aussitôt provoqué l’indépendance de celle-ci et son rattachement à la Russie.

En réaction à l’annexion russe de la Crimée, l’Ukraine a adopté en septembre 2020 une nouvelle stratégie de sécurité nationale qui prévoit le développement d’un partenariat en vue de l’adhésion de ce pays à l’Otan.

Pour la Russie, cela est totalement inacceptable.

En tant que pays souverain, l’Ukraine est libre d’adhérer à n’importe quelle organisation internationale. Tout comme Cuba, tout aussi souverain, était libre d’acheter des missiles russes en 1962.

Ce qui n’a pas empêché le président Kennedy d’imposer un blocus maritime à Cuba et de menacer la Russie de faire sombrer tout navire qui s’approcherait des côtes cubaines. Ce à quoi la Russie finira par renoncer.

Les États-Unis ne pouvaient pas accepter qu’on installe des missiles ennemis dans leur cour arrière. C’est pareil pour la Russie; d’autant plus que les frontières ukrainiennes sont à 458 km de Moscou alors que Cuba est à 1 860 km de Washington.

Les prédécesseurs de Vladimir Poutine n’ont rien fait pour empêcher la politique d’encerclement de la Russie à laquelle l’Otan procède depuis l’effondrement de l’Union soviétique.

Presque toutes les anciennes républiques soviétiques d’Europe sont maintenant membres de l’Otan; les pays baltes (Estonie, Lettonie, et Lituanie), de la Pologne, de la République tchèque, de la Slovaquie, de la Hongrie, de la Slovénie, de la Roumanie, de la Bulgarie et de l’Albanie.

Pendant un demi-siècle, ces pays ont vécu dans la crainte d’une invasion soviétique. Elles se sont donc empressées de se mettre sous la protection de l’Otan dès que cela fut possible.

L’Ukraine veut faire de même.

Toutefois, une Ukraine militairement inoffensive correspond à un impératif stratégique pour la Russie. Et toutes les sanctions occidentales appliquées dès le lendemain d’une invasion russe ne sont rien en comparaison avec la possibilité d’un anéantissement nucléaire de la Russie par des missiles de l’Otan une fois que celle-ci les aura déployés en Ukraine.

Si Poutine laisse l’Ukraine adhérer officiellement à l’Otan, ce sera trop tard; toute agression militaire russe contre ce pays déclencherait automatiquement une guerre mondiale. Car le principe fondamental de l’Otan, c’est tous pour un, un pour tous (à la manière des Trois mousquetaires).

Or les membres fondateurs de l’Otan (les États-Unis et l’Europe occidentale) sont eux-mêmes inquiets des automatismes prévus par le traité de l’Otan. Puisque ce sont des automatismes semblables qui ont déclenché la Première Guerre mondiale à la suite d’un fait divers; l’assassinat politique d’un hériter de la couronne autrichienne à Sarajevo.

Parlons franchement; une invasion russe en Ukraine n’a pas la même importance que l’invasion de l’Allemagne par la Russie. Mais pour le traité de l’Otan, c’est pareil.

En somme, la Russie doit agir avant l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan.

S’il est vrai que la puissance militaire russe est de 5 à 10 fois inférieure à celle des États-Unis, elle est amplement suffisante pour transformer l’Ukraine en champ de ruines.

L’administration Biden a intérêt elle-même à donner à Poutine les garanties qu’il exige. À défaut de quoi, les États-Unis risquent l’humiliation comme ce fut le cas quand l’intervention russe en Syrie a fait sortir le conflit de son enlisement, après des années de piétinement américain.

Pour les États-Unis, le pire moment pour entrer en guerre contre la Russie, c’est maintenant.

Non pas qu’il la perdrait, mais ils s’y enliseraient. Et ce, pour trois raisons majeures.

Premièrement, en nombres absolus, la force ouvrière américaine est celle qui a été la plus décimée par le Covid-19. De plus, la menace de l’apparition d’un variant exceptionnellement virulent qui échapperait à la protection des vaccins actuels fait en sorte que ce n’est pas le temps, actuellement, de faire la guerre.

Deuxièmement, pour encore quelques mois, les ports américains qui donnent sur la côte du Pacifique sont débordés. Les États-Unis éprouvent donc de sérieuses difficultés d’approvisionnement en temps de paix; imaginez en temps de guerre.

Et dernièrement, les États-Unis ont délocalisé en Chine une partie importante de leur capacité industrielle. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la Chine sera heureuse de soutenir l’effort de guerre américain (et russe) parce que plus les Américains s’épuisent à faire la guerre, plus vite elle accèdera au rang de première puissance mondiale.

Au-delà des capacités guerrières indéniables de leur pays, les Américains ont encore frais en mémoire leur défaite militaire en Afghanistan. L’idée de recommencer aujourd’hui en Ukraine devrait susciter très peu d’enthousiasme.

Tout cela, Poutine le sait; de tous les chefs d’État, c’est le plus expérimenté et le plus rusé.

Or il n’a pas besoin de déclencher une guerre avec l’Ukraine; il lui suffit de lui faire peur pour obtenir sa promesse de ne jamais adhérer à l’Otan.

Et si l’Ukraine refuse, Poutine n’a qu’à annexer les provinces russophones (et consentantes) de l’Ukraine. Une annexion que la population de ces provinces sera heureuse de valider par référendum. Comme la population de la Crimée l’a fait en 2014.

Et si l’Ukraine résiste toujours, Poutine n’a qu’à paralyser l’économie ukrainienne, totalement à sa merci.

Il n’a donc pas besoin d’y déclencher la guerre. Mais si l’Ukraine l’y oblige, Poutine fera en Ukraine ce qu’il a fait en Tchétchénie…

Or justement, avec la montée du prix des hydrocarbures, il en a les moyens.

Pourquoi ne l’a-t-il pas fait plus tôt ? Justement parce que c’est un chef d’État froid, dépourvu d’impulsivité, et qui choisit toujours d’obtenir ce qu’il veut avec le moins d’efforts.

Mais si on le pousse à bout, prenez garde…

L’Ukraine devra donc renoncer à son intention d’adhérer à l’Otan ou en subir les conséquences.

L’Ukraine ne doit pas se faire d’illusion; la stratégie américaine consiste à inciter la Russie à l’envahir afin d’effrayer les anciennes républiques soviétiques et de leur vendre des armes.

Références :
Annexions : Crimée vs Palestine
Crise des missiles de Cuba
Relations avec l’Ukraine
Résumé de géopolitique mondiale (1re partie)
Ukraine
What sanctions could the US hit Russia with if it invades Ukraine?

Paru depuis :
Plus grosse affaire d’achat d’armes de son histoire: La Pologne achète 250 chars américains (2022-04-05)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Stade de baseball à Montréal : un projet à cout nul pour l’État ?

10 décembre 2021
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Lorsque des fonds publics sont consacrés à un projet qui rapportera à l’État autant d’argent qu’il y a investi, cela est qualifié de ‘projet à cout nul’.

Par exemple, le PQ a mis sur pied le réseau québécois de garderies publiques (les Centres de la petite enfance ou CPE).

Cette mesure sociale a substantiellement fait augmenter le taux de participation des femmes au marché du travail. Et l’impôt sur le revenu payé par ces travailleuses, de même que celui payé par les éducatrices en CPE, a généré pour l’État québécois des revenus plus grands que les sommes investies.

La création des CPE est donc un exemple de mesure sociale à cout nul.

Depuis des mois, le millionnaire Stephen Bronfman fait pression sur le gouvernement de François Legault pour que l’État québécois lui verse entre cent et trois-cent-millions de dollars pour la construction d’un stade de baseball à Montréal.

Un des arguments du promoteur est que ce stade génèrerait de l’emploi. Et même, des emplois payants.

Effectivement. Mais des emplois payants pour qui ? Pour les Québécois qui vendront de la malbouffe au salaire minimum ou pour ces mercenaires multimillionnaires qui porteront les couleurs de Montréal ?

Un autre argument concerne l’impôt payé au fisc.

Le grand patron, Stephen Bronfman, cache son argent dans des paradis fiscaux. N’importe quel joueur de baseball peut s’incorporer (comme le font déjà de nombreux médecins québécois) et faire comme M. Bronfman.

Quant aux retombées économiques, toutes les études prouvent que le sport professionnel en génère très peu.

Finalement, promet-on, le stade paiera de l’impôt foncier et des taxes sur la vente des produits qu’achèteront les partisans.

C’est vrai.

Mais est-ce que cela en vaut la peine et surtout, est-ce que c’est le rôle de l’État d’utiliser l’argent des contribuables à soutenir des assistés sociaux corporatifs ?

Si ce projet est rentable, M. Bronfman n’aura aucun mal à réunir les capitaux qu’il lui faut pour construire son stade.

S’il quête de l’argent, c’est parce que cela ne l’est pas. Or le danger, c’est que l’État mette le doigt dans un engrenage sans fin où il doit constamment mettre plus d’argent pour ne pas tout perdre l’argent investi jusque-là.

En somme, M. Bronfman est le bienvenu à Montréal. Nous serons heureux de construire les routes et les trottoirs qui mèneront à son stade. Et puisqu’on n’est jamais trop riche, parait-il, nous lui souhaitons de le devenir davantage.

Mais ni la ville, ni le Québec, ni le Canada ne devrait verser un sou dans cette entreprise. Nos gouvernements ont des priorités plus pressantes.

À l’heure où le Québec doit réinvestir massivement dans nos établissements de santé, dans notre réseau scolaire, dans nos centres de la petite enfance, dans l’électrification du transport en commun, dans le logement social et dans une colossale réorganisation économique pour pallier les changements climatiques, est-ce bien le temps d’investir pour construire un autre stade Montréal ?

Montréal compte déjà les stades suivants :
• le CEPSUM (5 400 places),
• le complexe Claude-Robillard (13 000 places),
• le stade Concordia (6 000 places),
• le stade Uniprix (12 000 places),
• le stade Olympique (65 245 places),
• le stade Percival-Molson (25 000 places),
• le stade Saputo (20 801 places).

Peut-être M. Bronfman pourrait aménager dans l’un d’eux. Et comme le bernard-l’ermite, le quitter pour un plus grand au fur et à mesure de la croissance du marché du baseball à Montréal.

Au cours de son existence, jamais le bernard-l’ermite ne construira de coquille pour s’abriter; il utilise des abris existants, et passe de l’un à l’autre selon ses besoins. Il est le modèle du développement du futur.

Pour sauver la planète, il faut dépasser l’étape du simple recyclage et aller au-delà, c’est-à-dire passer à l’étape de la consommation minimaliste, où les seuls biens matériels qu’on consomme sont ceux qui nous sont essentiels.

Ce stade de baseball représente des centaines de milliers de tonnes de béton et des milliers de tonnes d’acier, de verre et d’autres matériaux qu’il faudra produire et assembler. Tout cela pour construire un stade vide plus de 90 % du temps.

La plus belle décision que peut prendre M. Bronfman, c’est de renoncer à ce projet écologiquement arriéré.

Références :
À coût nul, vraiment ?
Stade de baseball : est-ce que le problème, c’est Stephen Bronfman?
Une manche corsée entre Legault et Nadeau-Dubois

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Défense du français : la CAQ est molle

8 décembre 2021

Radio-Canada révèle aujourd’hui la décision du gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) de créer un programme destiné à favoriser l’immigration d’unilingues anglais dans les secteurs de l’intelligence artificielle, des technologies de l’information et des effets visuels.

En vertu de ce programme, le Québec accueillera annuellement environ 300 personnes dispensées de l’obligation d’apprendre le français. On présume qu’il en sera ainsi des autres membres de leur famille.

Les entreprises qui voudront se prévaloir de ce programme devront s’engager à leur verser un salaire annuel de plus de 100 000$.

Or il s’agit de secteurs industriels qui jouissent déjà de crédits d’impôt qui subventionnent la création d’emploi.

En définitive, nous paierons en partie les salaires versés à ces riches angloQuébécois unilingues. Ceci est un autre exemple du financement de l’anglicisation du Québec avec l’argent des contribuables francophones.

De manière générale, la CAQ a considérablement réduit l’immigration de Francophones depuis son accession au pouvoir. En exigeant que ceux-ci refassent leur demande auprès de son nouveau système informatique appelé Arrima, la CAQ a même décidé de détruire les documents originaux qui lui avaient été soumis plutôt que de les retourner aux demandeurs.

Une belle façon de les décourager de venir au Québec.

Par contre, dans ce cas-ci, la CAQ veut favoriser la création d’emplois payants pour des unilingues anglophones venus d’ailleurs.

Et plutôt que d’aider nos diplômés à acquérir de l’expérience, on importera des gens qui ne comprendront jamais la culture québécoise, qui se sentiront toujours étrangers chez nous, et qui se serviront du Québec comme tremplin d’une carrière internationale, heureux de nous quitter afin de faire profiter les autres de l’expertise qu’ils auront développé ici à nos frais.

Adopté en première lecture (il en faut trois), le projet de loi 96 de la CAQ — destiné à renforcer la Loi 101 — est très décevant au chapitre de l’immigration, de la langue d’enseignement et de l’affichage commercial.

Théoriquement, le seul point fort de ce projet de loi est de soumettre toutes les moyennes entreprises aux dispositions de la Loi 101… à la condition que l’État ne distribue pas les certificats de francisation comme des bonbons.

Cette loi n’est même pas adoptée que déjà la CAQ lui perce des trous…

Qui peut croire au sérieux de la CAQ quant à la défense du français ?

Références :
Anglicisation du Québec : l’omelette de la loi 96
François Legault on boosting the birth rate, curbing immigration and ‘bonjour/hi’
Immigration : un arrimage chaotique
Le gouvernement Legault veut favoriser l’immigration de certains anglophones

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Covid-19 et les réunions du temps des Fêtes

7 décembre 2021
Se protéger de la contagion des autres est plus simple qu’on pense…

Introduction

Au cours d’une réunion familiale, l’idéal est que tout le monde soit vacciné. Toutefois, même lorsque cela fait consensus, la grande majorité des familles comptent actuellement des membres dont l’immunité est sub-optimale.

Qu’il s’agisse des tout-petits (pour lesquels il n’existe pas encore de vaccin), des enfants de 5 à 11 ans qui n’auront pas eu le temps d’être doublement vaccinés, et des nombreux adultes dont l’immunité a commencé à perdre de sa vigueur.

Et surtout, on doit se rappeler que les personnes parfaitement immunisées contre le Covid-19 ‘classique’ peuvent quand même attraper ses variants les plus récents — comme s’il s’agissait d’une grippe saisonnière dans bien des cas — et les transmettre à d’autres.

Le masque

Le Covid-19 s’attrape en respirant les gouttelettes respiratoires d’une personne contagieuse. Or celle-ci se transforme en ‘fontaine à Covid’ dès qu’elle parle, crie, chante, tousse ou éternue.

Le port du masque est la meilleure manière de bloquer l’émission des gouttelettes respiratoires émises par celle-ci.

Mais après deux ans de pandémie, il arrive qu’on rencontre des gens qui portent des masques dont l’aspect témoigne qu’il est porté depuis beaucoup trop longtemps. Par exemple, des masques chirurgicaux dont la surface s’effiloche.

Puisqu’il est indélicat d’en faire la remarque, les personnes qui ont l’intention de recevoir pour le temps des Fêtes devraient commander dès maintenant des masques N95 afin de les placer bien à la vue dans le vestibule ou l’entrée de leur domicile.

D’eux-mêmes, les invités qui ont de vieux masques se feront un plaisir de se procurer un masque bien meilleur que celui qu’ils possèdent.

L’aération

Favorisez le renouvèlement de l’air ambiant en ouvrant légèrement quelques fenêtres. Quitte à placer des chaufferettes à proximité, pour le confort de vos invités frileux.

Laissez allumée votre hotte de cuisine, de même que celle de votre salle de bain.

Si vous possédez un ou plusieurs purificateurs d’air de type HEPA, faites-les fonctionner là où l’air est stagnant.

Le niveau sonore

Plus une personne contagieuse parle fort, plus elle émet des gouttelettes respiratoires.

En temps de pandémie, on devrait éviter toute musique d’ambiance. Ceci dans le but d’éviter que les invités aient à hausser la voix pour être entendus.

Cette année, se sont donc les rires de vos invités qui serviront de musique d’ambiance.

Minimiser le temps à visage découvert

Quitte à devancer l’heure du repas, évitez de servir des boissons, des croustilles et des amuse-gueules au cours de la soirée. Ce qui obligerait vos invités à retirer leur masque.

Ceux qui désirent griller une cigarette, ou boire une bière ou un verre de vin, devaient être invités à le faire sur votre balcon ou à l’extérieur.

À table, ce sera différent. Les invités devraient y être dispersés ou par groupes réunissant des gens qui habitent habituellement sous le même toit.

Conclusion

Aux siècles passés, il y a eu des épidémies récurrentes (de peste ou de choléra, par exemple). Mais dans toute l’histoire de l’humanité, il n’est jamais arrivé qu’une pandémie se soit maintenue en boucle pendant un grand nombre années.

En d’autres mots, l’époque dans laquelle nous vivons aura une fin.

De nos jours, on peut espérer l’apparition d’un variant extrêmement contagieux, mais totalement dépourvu (ou presque) de la virulence du Covid-19, y compris chez les non-vaccinés.

Puisque les pays riches promettent des vaccins aux pays pauvres sans tenir leurs promesses, c’est un virus comme cela qu’il nous faudrait pour varioliser rapidement le Tiers-Monde et provoquer ainsi la fin de cette pandémie.

D’ici là, il nous faut maintenir le cap, être prudents, et faire preuve de créativité pour éviter les occasions de nous contaminer.

Ne lâchons pas.
 

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La Vieille Ville de Prague (2e partie, version II)

5 décembre 2021
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Introduction

Le quartier de la Vieille Ville de Prague est limité au sud par le boulevard Národní (ou boulevard National). Celui-ci dessine un arc de cercle qui se poursuit brièvement par la rue 28 Října (ou rue du 28 Octobre), puis la rue Na Přikopě (ou rue Sur la Tranchée), et finalement par le boulevard Revoluční (qui borde le quartier à l’est).

À l’époque où Prague était une ville fortifiée, son urbanisme était simple.

Il y avait d’abord ce qui correspond au centre-ville, présenté dans un diaporama précédent.

Depuis des siècles, c’est la partie du pouvoir politique, des avis et des exécutions publiques, de la perception des taxes sur la marchandise étrangère, des palais nobiliaires, des ambassades, et des artisans (imprimeurs, joailliers, ébénistes, sculpteurs, etc.).

Et il y avait la partie résidentielle. Il y avait aussi des commerces. Mais au lieu de boutiques artisanales et de métiers spécialisés, c’est là que le peuple achetait son pain des boulangers et faisait ses emplettes au marché: celui des producteurs agricoles, de même que celui du bois (ou du charbon).

On y trouvait également de modestes églises paroissiales, enrichies au fil des siècles par les dons de mécènes.

C’est cette autre partie ancienne de Prague que ce diaporama vous invite à découvrir.

Avant que chaque maison de Prague ne soit dotée d’un numéro d’immeuble, elle portait un surnom, choisi par son propriétaire. Et pour simplifier la tâche des messagers chargés d’acheminer le courrier, chaque maison, même les plus modestes, possédait une enseigne représentant ce surnom. Le diaporama en présente quelques-unes parmi celles qui ont traversé le temps.

De Liliová à la chapelle de Bethléem

La vidéo débute sur la rue Liliová (ou rue du Lys). On y voit :
• le restaurant Au Serpent doré (à l’intersection avec Karlova),
• une vue générale de cette rue (à 0:07),
• le portail du Liliová 13 (du 0:08 à 0:11),
• celui du magasin d’antiquités Mucha (à 0:13),
• l’extrémité sud de cette rue.

Après un détour sur la rue U Dobřenských (à 0:17), nous voici sur la place Betlémské (de 0:18 à 0:23), puis à la chapelle de Bethléem (de 0:24 à 0:29).

Construite de 1391 à 1394 — et reconstruite presque à neuf après la Deuxième Guerre mondiale — cette chapelle fut, de 1402 à 1415, le lieu de prédication de Jan Huss.

Ce recteur de l’université de Prague (la première d’Europe centrale) établit les bases grammaticales de la langue tchèque, normalisa son orthographe, et fit de son université une maison d’enseignement principalement tchèque (et non allemande).

Convoqué en 1415 au concile de Constance par l’antipape Jean XXIII, il y fut brulé comme hérétique pour s’être opposé à la corruption de l’Église catholique romaine.

Pour les Tchèques, Jan Huss fait figure de héros national, représentant leur conflit contre l’oppression catholique, impériale et germanique.

Des églises Saint-Gilles à Saint-Martin-dans-le-Mur

À quelques minutes de marche plus au nord, on trouve l’église Saint-Gilles.

Construite au XIVe siècle, cette cathédrale catholique devint un lieu de culte hussite au siècle suivant. L’église fut confisquée par ordre de l’empereur et confiée aux Dominicains en 1626. Ceux-ci en refirent la décoration intérieure dans le style baroque.

Son plafond est décoré de l’œuvre Triomphe des Dominicains sur l’hérésie de Václav-Vavřinec Reiner (à 0:43).

En descendant sur la rue Husova jusqu’à son extrémité sud, on rencontre (de 0:55 à 0:57) la sculpture L’homme suspendu (1997) de l’artiste provocateur David Černý. L’homme représenté ici est Sigmund Freud.

Après un petit détour sur la rue Vejvodova (de 0:59 à 1:03), nous descendons Na Perštyně pour y voir :
• le portail cubiste de La Maison syndicale, construite de 1920 à 1922 (à 1:05),
• le portail de la Maison aux nounours, construite vers 1614 (à 1:07), et
• l’entrée au numéro 2 (à 1:09).

En tournant sur la rue Martinská, nous y voyons l’ancienne église gothique Saint-Martin-dans-le-Mur. Celle-ci tire son nom du fait qu’elle fut partiellement incorporée aux fortifications que la ville érigea au XIIIe siècle sur le parcours du boulevard Národní actuel.

Elle fut le premier lieu de culte où les fidèles communiaient sous les deux espèces (pain et vin consacrés). Or cette coutume fut un des fondements du culte hussite.

De Skořepka au Théâtre des États

Sur la rue Skořepka, à l’intersection de Na Perštyně, on peut voir ce magnifique édifice de style néorenaissance, construit en 1885 par Antonín Wiehl. Sa façade en briques et en pierre de taille est soulignée par une longue frise en terre cuite au premier étage et décorée de sgraffites au dernier étage (créés par Mikoláš Aleš).

La rue Skořepka débouche à l’Est sur la place de Marché au charbon ou Uhelný Trh (de 1:21 à 1:30).

Le côté oriental de cette place triangulaire donne naissance à trois rues parallèles, dont la rue Rytířská (de 1:31 à 1:40).

À mi-chemin, celle-ci croise la rue Na Můstku où nous apercevons
l’enseigne de la Maison de Samuel (à 1:41) et l’enseigne de la Maison aux deux colombes blanches (à 1:43).

Et de la rue Na Můstku, on fait un petit détour sur la rue Provaznická pour y voir l’enseigne du 13 de cette rue (à 1:45).

Une des deux autres rues qui partent de la place du Marché au charbon est le boulevard Havelská. Depuis le Moyen-Âge il s’y tient un marché de fruits et de fleurs (de 1:47 à 1:51).

À l’est, cette rue mène à l’église Saint-Gall ou Kostal sv. Havel (de 1:51 à 1:55). Construite vers 1340, cette église fut baroquisée au XVIIIe siècle. Sa façade convexe, de Giovanni Santini-Aichel, est décorée de statues de Ferdinand Brokof.

Si on poursuit notre randonnée plus à l’est, on atteint le Théâtre des États (de 2:01 à 2:19).

Avant d’y entrer, notons qu’à la gauche de cet édifice se trouve le Karolinium, construit en 1348. L’oriel qu’on voit à 1:59 est tout ce qui reste de l’édifice originel.

Construit de 1781 à 1783 par Antonín Haffenecker pour le mécène František-Antonín Nostic-Rieneck, le Théâtre des États est une salle de concert presque intacte depuis sa création.

C’est là qu’eut lieu la première mondiale de l’opéra Don Giovanni de Mozart en 1787. Puisqu’on y présente toujours cet opéra (parmi d’autres productions), il est vivement conseillé aux mélomanes qui visitent Prague d’acheter des billets pour y voir cet opéra. D’autant plus que l’acoustique de cette salle est phénoménale.

Le diaporama se termine par un aperçu de certains édifices sur Ovocný Trh, une rue qui se termine à l’est sur la rue Celetná.

Détails techniques : Ce diaporama est composé de 73 photos prises avec un appareil Canon Powershot G6.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le fromage de Jean-Paul Riopelle

2 décembre 2021
Vent traversier (1952)
Autriche III (1954)
Œuvres récentes

Né à Montréal, Jean-Paul Riopelle est un des plus grands peintres du XXe siècle.

Le Musée des Beaux-Arts de Montréal (MBAM) possède quelques-unes de ses œuvres marquantes.

Il avait l’occasion d’acquérir d’un seul coup près de 75 toiles exceptionnelles que divers collectionneurs — dont principalement Michael Audain — étaient prêts à lui donner à la condition que le musée construise une nouvelle aile destinée de les recevoir.

À l’époque où Nathalie Bondil dirigeait le MBAM, le musée projetait donc d’ajouter un étage supplémentaire à un bâtiment ancien situé immédiatement à l’ouest de son pavillon principal.

Entièrement recouverte de verre, cette aile devait donner accès à une vue impressionnante sur le mont Royal.

Il était prévu que les travaux commenceraient cette année pour se terminer deux ans plus tard, lors du centième anniversaire de naissance du peintre et du 75e anniversaire de la publication du manifeste Refus global.

Mais voilà qu’à la suite de la bisbille au MBAM, après avoir congédié Mme Blondil, les nouveaux dirigeants du musée ont invoqué la perte de revenus occasionnée par la pandémie pour annoncer, en novembre 2020, non pas le report de la construction, mais l’annulation pure et simple du projet.

Pourtant, le gouvernement Legault était prêt à financer le tout à hauteur de dix-millions de dollars, soit la moitié du cout de construction de la nouvelle aile.

Âgé de 84 ans, le principal donateur, Michael Audain, est pressé par le temps. Dès l’annulation du projet, il avait été très clair auprès des journalistes de La Presse quant à ses intentions :

Nous allons chercher dans les prochains mois un endroit approprié pour nous assurer que l’œuvre de Jean-Paul Riopelle soit adéquatement portée à la connaissance d’un large public d’ici et de l’étranger.

Comme ce fromage que le corbeau laisse tomber en annonçant l’annulation du projet, le Musée national des beaux-arts du Québec, en fin renard, s’est empressé de le saisir et héritera donc du travail diplomatique effectué par Mme Blondil auprès des collectionneurs privés.

Plus tôt aujourd’hui, le premier ministre François Legault annonçait que c’est à Québec que l’on construira un écrin pour recevoir ce ‘fromage’ d’une valeur de cent-millions de dollars.

Références :
Dons de 100 millions en œuvres de Riopelle
Le MBAM écarte la construction de l’aile Riopelle

Paru depuis :
Le 100e anniversaire de Riopelle en cinq saisons (sur le refus du MBAM de célébrer cet évènement)

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Écrit par Jean-Pierre Martel