Le pronom ‘madame’ est-il sexiste ?

Publié le 7 mars 2024 | Temps de lecture : 2 minutes

Lors de la rédaction du texte publié hier sur ce blogue, j’ai appris qu’une experte en sécurité nationale (Stephanie Carvin) déteste, au point de se mettre en colère, lorsqu’on utilise le pronom ‘madame’ pour la désigner.

On aurait pu penser que c’est parce que cette personne possède une identité de genre masculine. Or les photos d’elle sur l’internet montrent que ce n’est pas le cas.

Une deuxième explication pourrait être culturelle. Puisque Stephanie Carvin écrit son prénom sans accent — contrairement à ce que j’ai écrit originellement hier — présumons qu’elle est anglophone.

Or il est courant chez les Anglophones de s’appeler entre eux par leurs prénoms. Même lorsqu’ils ne se connaissent pas. Pour nous, Francophones, cette fausse familiarité nous apparait vulgaire. Mais pas à leurs yeux. Donc, il est possible que Stephanie Carvin tienne mordicus à ce qu’on l’appelle ‘Stephanie’.

Une troisième explication est qu’elle aurait vu le film ‘Madame Claude’ sur Netflix et s’imagine qu’en français, le pronom ‘madame’ désigne la propriétaire d’un bordel. Ce qui est inexact.

Une dernière hypothèse est qu’elle partage le préjugé largement répandu selon lequel ce pronom est sexiste parce qu’il fait référence à l’état civil alors que le pronom ‘monsieur’ ne le fait pas.

Voyons ce qui en est.

Il suffit de consulter un dictionnaire pour réaliser que le pronom ‘madame’ possède plusieurs sens.

Il peut, en effet, servir à désigner une femme mariée. Mais il peut aussi désigner toute personne de sexe féminin au-delà de l’adolescence. Ce peut être également un titre donné à une femme adulte, mariée ou non, appartenant à la noblesse ou exerçant une fonction (madame l’Inspectrice). Etc.

C’est pareil pour le pronom ‘monsieur’. Il désigne une personne adulte de sexe masculin. Tout comme, en résumé, ‘madame’ désigne une personne adulte de sexe féminin.

Seul, le pronom ‘mademoiselle’ indique réellement l’état civil. Il désigne généralement une personne célibataire, de sexe féminin, peu importe son âge. Dans la mesure où ce pronom n’a pas d’équivalent masculin, on peut le considérer comme sexiste.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La cervelle inclusive

Publié le 18 février 2024 | Temps de lecture : 4 minutes

Le site de Radio-Canada publie aujourd’hui le texte ‘L’écriture inclusive sous la loupe de la science’ dont l’ambition est de présenter de manière factuelle les effets de l’écriture inclusive sur le cerveau.

Le texte soutient vaguement qu’en français, la règle selon laquelle le genre masculin l’emporte sur le genre féminin entraine des effets ‘cognitifs’.

Il est indéniable qu’en parlant constamment des camionneurs au masculin, on contribue au préjugé selon lequel il s’agit d’un métier d’hommes.

Toutefois, pour affirmer que l’écriture inclusive pallierait ce préjugé, il faut prouver, par exemple, que dans les pays anglophones (où la suprématie grammaticale du genre masculin n’existe pas), plus de femmes y font ce choix de carrière qu’au Québec. Malheureusement, cette preuve n’existe pas.


 
La majorité des gens parcourent un texte en le faisant lire silencieusement par leur petite voix intérieure. Conséquemment, certains procédés de l’écriture inclusive — exemples : les camionneur.euse.s ou les auteur.trice.s — nuisent à la lisibilité du français.

Si tous les manuels scolaires utilisaient ce procédé d’écriture, la réussite scolaire chuterait.

Il ne faut pas exagérer le pouvoir de la grammaire. Entre la représentation physique de la personne type qui exerce un métier et la manière d’écrire collectivement ses praticiens, il est probable que l’influence du cliché visuel l’emporte largement sur l’influence de l’écrit.

En conclusion, si on l’avait appelé autrement, l’écriture inclusive aurait rencontré beaucoup moins de succès. Mais à une époque où il est bon de paraitre bienveillant, l’écriture inclusive permet au loup de se présenter sous la toison de la brebis.

Complément de lecture : L’écriture inclusive

Postscriptum du 20 février 2024 : À la suite des commentaires très pertinents de madame Marsolais, je me rends compte que j’ai manqué de clarté au sujet de ma position au sujet de l’écriture inclusive.

Celle-ci est composée de différents procédés d’écriture auxquels j’adhère sauf quant au plus ostentatoire d’entre eux, soit l’écriture woke (ex.: ‘Les bâtisseur·euse·s culturel·le·s montréalais·e·s’).

Or c’est précisément sur ce procédé (le plus controversé) que l’article paru sur le site de Radio-Canada a le plus insisté comme exemple modèle d’écriture inclusive.

Dans une émission qui se voulait la synthèse scientifique des études à ce sujet, comment a-t-on pu passer sous silence l’effet de l’écriture woke sur la lisibilité du français.

Prenant fait et cause pour les travaux du professeur Gygax, l’émission prétend que l’emploi de l’écriture inclusive est nécessaire afin d’éviter des biais cognitifs, notamment « l’activation de la représentation androcentrique du monde par le cerveau.»

Au cours de mes études universitaires, je ne me rappelle pas qu’on m’ait parlé de la présence, au niveau du cerveau, d’un centre de la représentation androcentrique du monde dont l’activation (sic) conduirait à des problèmes cognitifs.

Bref, cette émission est un plaidoyer idéologique indigne de la rigueur scientifique habituelle de cette émission.

Peut-on comprendre le découragement du néoQuébécois confronté aux textes écrits de la sorte, lui qui aimerait apprendre le français, mais dont tout l’entourage répète que l’anglais est tellement plus facile à apprendre ?

Si on craint pour la pérennité du français au Québec, il faudrait cesser de creuser notre propre tombe. Ce n’est pas l’écriture woke seule qui y parviendra, mais c’est une pelleté de terre de trop.

Complément de lecture : L’écriture woke et la lisibilité du français

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’écriture woke et la lisibilité du français

Publié le 12 juillet 2022 | Temps de lecture : 2 minutes


 
À la lecture d’un manuel scolaire écrit en woke (comme ci-dessus), pouvez-vous imaginer la difficulté de l’écolier à qui le professeur demanderait d’en faire la lecture à voix haute ?

Pouvez-vous comprendre le découragement du néoQuébécois confronté aux textes écrits de la sorte, lui qui aimerait apprendre le français, mais dont tout l’entourage répète que l’anglais est tellement plus facile à apprendre ?

L’écriture woke est à la mode. C’est le plus ostentatoire des procédés d’écriture regroupés sous le nom d’écriture inclusive.

Justement parce qu’elle donne l’air (parait-il) inclusif, les publicistes de la Banque Nationale ont choisi d’écrire cette publicité de cette manière.

Mais cette banque, est-elle aussi inclusive qu’elle voudrait nous le faire croire ?

D’un côté, de nombreuses personnes ‘issues de la diversité’ composent son personnel d’entretien, c’est-à-dire ceux qui vident ses corbeilles et qui nettoient ses chiottes. De plus, on peut observer un grand nombre de préposés de toutes les carnations possibles aux comptoirs de ses succursales.

Mais tout cela, c’est au bas de l’échelle. Qu’en est-il des postes décisionnels, des postes vraiment payants ?

Malheureusement, ça se gâte…

Le Conseil d’administration de la Banque Nationale est composé de 15 personnes, soit 6 femmes et 9 hommes.

On n’y compte qu’une seule personne dont la peau est très pigmentée (Macky Tall). Aucune personne aux traits asiatiques. Aucun Latino-américain. Aucun Autochtone. Aucun transsexuel (quelle horreur !). Etc.

Alors que le gouvernement du Québec dépense des sommes importantes pour lutter contre l’anglicisation de Montréal, voilà que ce club sélect composé presque exclusivement de ‘Blancs’ de bonne famille s’efforce de compliquer l’apprentissage de notre langue.

Références :
L’écriture inclusive
Membres du Conseil d’administration de la Banque Nationale

Parus depuis :
L’autre «grand remplacement» (2022-10-07)
Une murale en hommage à Yannick Nézet Séguin (2022-10-16)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’origine de l’expression : s’en laver les mains

Publié le 18 avril 2022 | Temps de lecture : 3 minutes
Ecce Homo (1871), d’Antonio Ciseri

Introduction

Ponce Pilate était le représentant plénipotentiaire de Rome en Judée à l’époque où celle-ci était une colonie romaine.

C’est devant lui qu’on amena Jésus de Nazareth afin qu’il le juge.

Selon trois des quatre évangélistes, on l’accuse d’avoir provoqué une émeute à proximité du Temple de Jérusalem, émeute au cours de laquelle de nombreux étals de marchands furent renversés.

Les vendeurs du Temple

À l’époque, beaucoup de pèlerins venaient au Temple dans le but d’offrir un animal en sacrifice.

Mais certains d’entre eux trouvaient plus pratique de l’acheter sur place que de l’apporter de chez eux. De plus, tout animal qui tombait malade en cours de route était jugé impropre au sacrifice.

Or justement, certains marchands offraient de petits animaux en parfaite santé, prêts à être utilisés.

D’autre part, au Temple de Jérusalem, les offrandes en espèces ne pouvaient pas inclure de la monnaie romaine, celle qui avait cours légal en Judée.

Pourquoi ? Parce qu’elle était frappée à l’effigie de l’empereur de Rome. Aucune pièce de monnaie à la gloire d’un monarque n’était acceptée.

Certains des marchands étaient des agents de change permettant de se procurer des pièces d’or ou d’argent respectueuses de la rectitude religieuse.

D’autres étals offraient tout simplement des breuvages et des collations aux passants.

Bref, ces marchands et le Temple vivaient en parfaite symbiose.

N’étant pas familiarisé avec les us et coutumes de la capitale, Jésus avait été scandalisé par cette bruyante foire commerciale, irrespectueuse du caractère sacré des lieux.

Après sa violente colère (qui avait incité ses fidèles à l’émeute), les grands prêtres du Temple se sont empressés d’arrêter ce fauteur de troubles.

Mais n’ayant pas le pouvoir de le mettre définitivement hors d’état de nuire, ils référèrent Jésus à Ponce Pilate, seul autorisé à imposer la peine de mort.

Une ruse qui échoue

L’interrogatoire devant Ponce Pilate ne s’étant pas révélé concluant, ce dernier décide d’utiliser une ruse plutôt que d’innocenter Jésus et ainsi provoquer la contrariété des autorités religieuses qui insistent pour qu’il le condamne.

La coutume voulait qu’à Pâque, on gracie un prisonnier. Il offre donc à la foule réunie devant son palais de gracier soit Jésus ou Barabbas (un accusé de meurtre). D’avance, Ponce Pilate est persuadé du résultat.

Mais cette foule est celle réunie par les autorités religieuses. Elle comprend de nombreux marchands qui ont subi d’importantes pertes à l’occasion de cette émeute.

À la grande surprise du procureur romain, la foule réclame que Barabbas soit gracié et que Jésus périsse.

Surpris et dégouté par la réaction de la foule, Ponce Pilate décide malgré lui de livrer Jésus au supplice de la croix tout en se lavant publiquement les mains afin de symboliser qu’il se dégage de toute responsabilité dans cette décision qu’il prend à contrecœur.

Voilà l’origine de cette expression.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le verbe caviarder

Publié le 7 mars 2022 | Temps de lecture : 2 minutes

Lorsque le journaliste Thomas Gerbet de Radio-Canada a invoqué la loi d’accès à l’information afin d’obtenir une copie de l’avis des experts sanitaires qui justifiait (selon la CAQ) le couvre-feu décrété en décembre 2021, voici le document de deux pages que le gouvernement lui a fait parvenir.
 

 
Le verbe caviarder est apparu en France dans les années 1890 pour décrire ironiquement la censure tatillonne pratiquée en Russie depuis l’empereur Nicolas Ier (qui régna sur son pays de 1825 à 1855).

À l’époque, en plus de confisquer les imprimés — ce qu’on faisait dans les cas graves, comme dans beaucoup d’autres pays — la censure russe avait la particularité d’obliger les imprimeurs, dans les cas ‘legers’, à recouvrir d’un enduit noir — aussi noir que le caviar — le moindre passage d’un article ou d’un livre qui déplaisait aux autorités. Une tâche longue et fastidieuse.

Dans ce pays, la crainte de la censure était telle qu’on s’est abstenu de plaisanter à ce sujet. Si bien que même aujourd’hui, il n’y a pas de traduction littérale de ce verbe français.

Parmi les équivalents russes, soit barrer, biffer, éditer ou censurer, c’est évidemment ce dernier qui s’en rapproche le plus.

En anglais, on ne retrouve pas cette allusion au caviar. Le verbe se dit ‘to redact’ et l’adjectif caviardé se traduit par ‘blacked’ (c’est-à-dire noirci).

Le verbe caviarder est un des milliers d’exemples qui illustrent la richesse du français.

Références :
Caviardage excessif : la FPJQ redemande une refonte de la loi d’accès à l’information
Définitions de « caviarder »

Paru depuis : Demande d’accès à l’information — Pas de réponse avant 2028 à la Défense nationale (2024-08-19)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Caméra vs appareil-photo

Publié le 14 février 2022 | Temps de lecture : 2 minutes

En latin, camera veut simplement dire ‘chambre’.

Depuis l’Antiquité, on connaissait le phénomène optique créé dans une chambre maintenue dans l’obscurité lorsqu’on perce une petite ouverture dans un de ses murs; sur le mur opposé, on peut voir l’image inversée de ce qu’on verrait si on regardait directement à travers le trou.

Une telle pièce était appelée camera obscura (ou chambre noire).

L’image ainsi projetée n’est pas une image fixe; c’est une vue animée de ce qui se passe à l’extérieur.

Voilà pourquoi, en français, le mot ‘caméra’ désigne un appareil qui enregistre une image mobile, c’est-à-dire un film, une émission de télévision, un clip vidéo, etc.

Ce qui enregistre une image fixe est plutôt appelé ‘appareil-photo’. Le mot peut s’écrire avec ou sans trait d’union. Au pluriel, seul ‘appareil’ prend un ‘s’. On écrira donc ‘des appareils-photo’.

Par contre, en anglais, le mot camera désigne autant une movie camera (littéralement, ‘caméra de film’), une video camera ou une photo camera.

De nos jours, à part les professionnels de l’industrie cinématographique, presque plus personne n’utilise une caméra dédiée; on prend la caméra de son téléphone multifonctionnel. Celle-ci sert à la fois d’appareil-photo et de caméra proprement dite.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Y aller mollo

Publié le 29 janvier 2022 | Temps de lecture : 1 minute
Prendre la vie mollo

Mollo vient de l’adjectif latin ‘mollis’.

Au premier siècle avant notre ère, on l’utilise pour qualifier ce qui est délicat, doux, flexible, mou, souple ou tendre.

C’est également du latin ‘mollis’ que proviennent, en français, mou (et son féminin molle), mollesse, molleton (et ses dérivés comme molletonné), etc.

Vas-y mollo veut donc dire y aller doucement, sans se fatiguer ou sans se presser.

Dans l’argot italien, on utilise le verbe ‘mollare’ pour dire abandonner, au sens de laisser tomber.

L’entraineur qui dit « Mollo, les gars » donne l’ordre de ralentir le rythme.

On raconte que chez les marins, aller à la molle eau s’employait lorsqu’on décidait d’emprunter une barque pour gagner la rive, alors que l’eau est plus calme qu’en haute mer.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/640 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 34 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


En présentiel ou en personne ?

Publié le 15 décembre 2021 | Temps de lecture : 3 minutes

Selon le dictionnaire Larousse, présentiel se dit d’un enseignement ou d’un apprentissage qui s’effectue sur place. Sinon, ce serait du téléenseignement ou une formation à distance.

L’avantage du mot ‘présentiel’ est qu’il possède son adjectif (ex.: une formation présentielle, un atelier présentiel) alors qu’une formation personnelle n’a pas le même sens.

Pour l’instant, la plupart des dictionnaires restreignent l’utilisation de présentiel à l’enseignement et à un stage. Mais l’usage du mot tend à se généraliser.

C’est ainsi qu’on parle d’assister à un spectacle ‘en présentiel’ alors qu’il serait plus simple de dire ‘en personne’.

Effectivement, ‘en personne’ se dit de toute activité (sans exception) à laquelle on participe sur place, dans les lieux physiques où elle se déroule.

On distinguera l’artiste sur scène (et non ‘en présentiel’) de celui qui apparait en direct par vidéoconférence.

De la même manière, une allocution sera télévisée en direct ou en différé.

Doit-on écrire ‘présentiel’ ou ‘présenciel’ ?

Voyons les règles grammaticales.

Une soixantaine d’adjectifs se terminent par le son ‘-siel’.

Si on exclut les mots ou les adjectifs qui proviennent du monde informatique, les adjectifs en ‘-siel’ se divisent en deux groupes : ceux qui se terminent par ‘-ciel’ et les autres qui se prononcent pareil mais qui s’écrivent ‘-tiel’.

Une première règle exige que les mots se terminant par ‘-cie’ (ex.: superficie) ou par ‘-ice’ (ex.: artifice, cicatrice’, office), donneront des adjectifs en ‘-ciel’. Exemples : superficiel, artificiel, cicatriciel et officiel. Tous avec des ‘c’.

La deuxième règle veut que si un mot se termine par les lettres ‘-tie’ (ex.: partie), par ‘-ant’/‘-ent’ (ex.: confident, dément, résident) ou par ‘-ance’/‘-ence’ (ex.: essence, référence, substance), l’adjectif se terminera généralement (mais pas toujours) par ‘-tiel’. Exemples : partiel, confidentiel, démentiel, résidentiel, essentiel, référentiel, substantiel.

Dans plusieurs cas, cette règle s’explique par l’origine du mot. Par exemple, le mot ‘confidence’ vient du latin confidentia. Tout comme ‘confident’ vient de l’italien confidente. Il était donc normal que l’adjectif ‘confidentiel’ s’écrive avec un ‘t’.

À cette deuxième règle, il n’y a que trois exceptions ; circonstanciel, révérenciel et tendanciel.

Voilà pourquoi on devrait écrire ‘présentiel’ avec un ‘t’.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les mots précédés par la syllabe co

Publié le 24 septembre 2021 | Temps de lecture : 1 minute

Formé de la fusion de co et de détenu, le mot codétenu désigne une personne qui est détenue en même temps et dans le même lieu qu’une ou plusieurs personnes.

Lorsque la syllabe co précède un mot français, ce préfixe exprime le concours, l’union ou la simultanéité.

Il en est ainsi de coaccusé, coacquéreur, coassocié, coassurance, coauteur, cobelligérant, coexistence, cogestion, copartage, copropriétaire, et ainsi de suite.

À l’origine, copain était celui avec lequel on partage le pain.

Mais cocu n’est pas celui avec lequel on partage quoi que ce soit; si tel était le cas, à la fois l’époux trompé et l’amant le seraient.

Le mot cocu vient plutôt du latin ‘cuculus’ qui veut dire coucou, cet oiseau qui laisse ses œufs dans le nid des autres.

Logiquement, le cocu devrait être l’amant. Mais l’évolution parfois ironique des mots en a décidé autrement…

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Au Devoir, l’écriture inclusive, c’est du sérieux !

Publié le 17 mai 2021 | Temps de lecture : 3 minutes

L’aspect le plus controversé de l’écriture inclusive est la ‘mitraille de points’. Par exemple, « Cher.e.s lecteur.rice.s »

Il y a un an, cette graphie était bannie sur ce blogue.

L’avis au sujet de ce bannissement se terminait ainsi : «…les lecteurs qui voudraient publier ici leurs commentaires sont les bienvenus. Mais à partir d’aujourd’hui, la correction des fautes de français s’étendra sans autre avis à la correction de la ‘mitraille de points’.»

Plutôt ce mois-ci, le ministère français de l’Éducation bannissait lui aussi la mitraille de points au motif qu’elle constitue un obstacle à l’apprentissage des élèves.

Ce matin, le quotidien Le Devoir publiait la lettre d’une lectrice dénonçant un cas de maltraitance survenu dans une cour de récréation.

Une institutrice insensible avait forcé un gamin de sept ans à choisir entre « Les gars d’un côté, les filles de l’autre ! ». Or l’enfant, qui s’estimait être un garçon-fille, a fondu en larmes.

L’autrice de cette dénonciation avait insisté pour que son texte soit publié en écriture inclusive, un vœu que Le Devoir a respecté.

Ce à quoi j’ai soumis le commentaire suivant, lui aussi en ‘écriture inclusive’.

Vive l’écritur.e inclusiv.e

Au lieu de demander qu’on sépare d’un.e coté.e le.s fille.s et de l’autre le.s garçon.s, on aurait dû.e demander d’avoir plusieur.s group.e.s de personne.e.s.: le.s fille.s à 100%, celles qui se sente.nt fille.s à 99% et ainsi de suite. Même chos.e pour le.s garçon.s.

Il faut cesse.r de binairise.r le genre. Le genre est un continuum.

Puis, on aurait subdivis.é.e.s le.s tranche.s de fille.s et le.s tranche.s de garçon.s selon leur.s orientation.s sexuel.le.s. Parce que là aussi, le.s chose.s ne so.nt pa.s binaire.s.

Mais le plus simple aurait été de cré.er un group.e pour chaqu.e personn.e, afin de souligner l’unicité de chaqu.e.s êtr.e.s humain.e.s.

Pour terminer, Le Devoir devrait permettre qu’on publie les textes en anglais; c’est tellement plus facile à lire…

Mais Le Devoir n’entend pas à rire au sujet de l’écriture inclusive.

Mon commentaire a donc été refusé.

Références :
L’écriture inclusive
«Je suis un garçon-fille, Madame!»
Le bannissement partiel de l’écriture inclusive sur ce blogue
L’«écriture inclusive» interdite à l’école française

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Écrit par Jean-Pierre Martel