Faits divers No 27

Publié le 21 juillet 2016 | Temps de lecture : 6 minutes
Le Huard canadien

Quel artiste n’aimerait pas qu’une de ses œuvres soit reproduite à un milliard d’exemplaires.

C’est le cas de Robert-Ralph Carmichael, décédé le 16 juillet dernier. Cet Ontarien a conçu la pièce canadienne courante de 1$, surnommée ‘le Huard’.

Ses initiales, RRC, apparaissent à droite, vers le milieu de la pièce.

Originellement en bronze électroplaqué sur du nickel, ce bronze est plaqué sur du fer depuis 2012 afin de réduire les couts de production.

Références :
Le concepteur du huard canadien est mort
Pièce de 1 dollar canadien


 
Prenant l’avion pour la première fois, une passagère chinoise a eu la surprise de sa vie. Alors que les autres passagers prenaient possession de leurs sièges, cette cinquantenaire a voulu aller à la toilette.

Mais dès l’ouverture de la porte, un bruit assourdissant s’est fait entendre, provoquant la panique à bord.

Après évacuation d’urgence de l’Airbus A321 de la China Southern Airline, on a expliqué à la passagère comment reconnaitre la porte de la toilette de celle de la sortie de secours…

Après plusieurs heures de retard, les passagers ont été réadmis à bord, sauf cette vieille dame à qui on a confisqué le passeport et la carte d’embarquement.

Référence : Chine : elle confond la porte des toilettes avec celle… de l’avion


 
Le Taj Mahal est un mausolée de marbre blanc construit par l’empereur moghol Shâh Jahân en mémoire de son épouse (morte en 1619).

Les cendres crématoires dispersées dans une rivière à proximité constituent un engrais pour les algues qui y prolifèrent et une source de phosphore pour un insecte très particulier.

Celui-ci menace le monument par ses déjections vertes et noires qui enlaidissent sa façade. Malheureusement, à la longue, le brossage quotidien abime les fragiles arabesques qui décorent le monument.

Pendant des siècles, cet insecte était la proie des poissons de la rivière. Mais celle-ci est devenue tellement polluée que les poissons ne peuvent plus y vivre. D’où la prolifération des insectes.

Référence : Insect poo turning the Taj Mahal green


 
De 2011 à 2014, la proportion de personnes qui se définissent comme ‘sans religion’ est passée de 25% à 48,5% en Angleterre et au Pays de Galles.

Le 51,5% des personnes ‘croyantes’ se répartissent entre 19,8% d’Anglicans, 8,3% de Catholiques, 15,7% d’autres confessions chrétiennes (protestantes, notamment) et 7,7% de religion autre que chrétienne.

En Écosse, la proportion de personnes qui se définissent comme ‘sans religion’ est passée de 40% à 52% entre 1999 et 2016.

Au contraire, en 2011 en Ulster, seulement 7% des citoyens déclarent être non chrétiens ou sans religion.

Il est à noter qu’une personne ‘sans religion’ n’est pas nécessairement athée; elle peut être déiste, c’est-à-dire admettre l’existence d’une divinité sans adhérer à des dogmes et une religion en particulier. D’où le paradoxe d’être croyant tout en étant sans religion.

Référence : People of no religion outnumber Christians in England and Wales – study


 
Dans le canton suisse allemand de Bâle-Campagne, le refus de deux élèves musulmans, âgés de 14 et de 15 ans, de serrer la main de leur institutrice a provoqué un scandale.

Ce refus était invoqué par des raisons religieuses.

Toutefois, selon Saïda Keller-Messahli (présidente du Forum pour un islam progressiste), « le refus de serrer la main d’une femme est un des symptômes de l’Islam politique qui veut la séparation des sexes dans tous les domaines de la vie publique, qui veut le foulard pour les filles, qui veut voiler les femmes et leur assigner une place secondaire dans les mosquées et dans l’espace public

Les autorités du canton ont donc décidé d’imposer une amende de 6 000$ aux parents ou aux responsables d’élèves qui qui refuseront de se conformer à la nouvelle directive.

Référence : Suisse: poignée de main obligatoire, peu importe la religion


 
François Hollande, le président de la République française, est toujours bien coiffé.

Dans son édition du 13 juillet 2016, le journal Le Canard enchaîné révélait que depuis le 16 mai 2012, le coiffeur personnel du chef de l’État est rémunéré 2 473 euros (3 555$Can) par semaine pour accomplir sa tâche.

Il est à la disposition du président 24 heures sur 24, sept jours par semaine. Il le recoiffe tous les matins et autant de fois que nécessaire, notamment à chaque prise de parole publique.

Référence : Le coiffeur de François Hollande payé 9 895 euros brut par mois depuis 2012


 
Durant la saison froide, une rencontre sportive ne peut avoir lieu au stade olympique de Montréal si la neige accumulée sur le toit dépasse trois centimètres. C’est peu.

Lorsqu’on conçoit un bâtiment, il faut que le toit soit capable de supporter cinq fois la quantité de neige qui pourrait s’y accumuler. À Montréal, pour un toit plat, il faut prévoir dix mètres de neige puisqu’il est fréquent que l’hiver laisse deux mètres de neige.

Mais le Stade olympique — dont le toit est courbe — a été conçu pour soutenir seulement trente centimètres de couverture neigeuse.

Références :
La neige menace les débuts locaux de l’Impact
Le stade, toujours mal aimé


 
Le point d’exclamation a été créé en 1399 par le Florentin Coluccio Salutati (créateur également des parenthèses). Ce signe de ponctuation apparait donc plus d’un demi-millénaire après le point d’interrogation, né lui aussi en Italie.

Dans leur traité La ponctuation ou l’art d’accommoder les textes, les auteurs Olivier Houdart et Sylvie Prioul écrivent :
« Le point d’interrogation avait été inventé, dans un contexte de recul intellectuel, comme une aide à la lecture des textes du passé; l’admiratif — c’est le nom donné originellement au point d’exclamation en France — est né lors d’une période d’essor des idées, qui réclamait des signes neufs pour s’exprimer.»

Références :
Coluccio Salutati
Sus au point d’exclamation!


Liste de tous les faits divers (des plus récents aux plus anciens)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 30mm F/2,8 Macro — 1/80 sec. — F/5,6 — ISO 320 — 30 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La planète Hong Kong

Publié le 20 juillet 2016 | Temps de lecture : 1 minute

Voici The Allegory of the Cave de la firme Visual Suspect.

Réalisateur : Yannis Biliris
Productrice : Gwendoline Biliris (de Visual Suspect)
Musique : Dexter Britain (c’est la finale de The Time to Run).

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La végétalisation de l’ile de Surtsey

Publié le 19 juillet 2016 | Temps de lecture : 3 minutes

Naissance de l’ile

Située à 32km des côtes islandaises, l’ile de Surtsey est née d’une éruption volcanique qui a commencé à 130 mètres sous le niveau de la mer aux alentours du 10 novembre 1963, a atteint la surface le 14 novembre 1963, s’est poursuivie durant quatre ans. Elle s’est terminée le 5 juin 1967. Toute activité volcanique a cessé depuis.

Surtsey vient de Surt, le dieu du feu, de la forge et des volcans dans la mythologie islandaise.

Sous l’effet de l’érosion des vagues et du vent, la superficie de cette ile noire a diminué; elle est passée de 2,65km² à sa naissance, à 1,41km² aujourd’hui. Plus ronde à l’origine et en forme de figue depuis, c’est l’ile la plus au sud de l’Islande.

La première décennie

La première phase de végétalisation dure une décennie. Elle débute avant même la fin de l’activité volcanique alors qu’apparait la première plante au printemps de 1965.

Durant cette phase, des graines, des bactéries, des moisissures et des champignons sont charriés principalement par la mer et accessoirement par les vents.

Riches en minéraux, les cendres volcaniques de Surtsey sont toutefois pauvres en azote et en phosphore, deux éléments essentiels à la croissance des plantes.

Ce handicap est partiellement compensé par les bactéries et les champignons qui possèdent la propriété de fixer l’azote, c’est-à-dire de transformer l’azote de l’air en nitrate.

Une douzaine de variétés de lichens, plusieurs variétés de champignons, environ 70 espèces de mousses et quelques plantes composent la toundra clairsemée qui apparait sur l’ile durant cette période.

La deuxième décennie

En raison de la pauvreté du sol, seules deux nouvelles espèces de plantes apparaissent de 1975 à 1985, portant le total à seulement 21 variétés de plantes.

La troisième phase

De 1985 à 1995, le nombre de plantes double, passant de 21 à 44. En 2007, elles sont au nombre de 64.

On doit cette explosion à l’installation d’une colonie de goélands dans la partie sud de l’ile vers 1986. Cette colonie a rapidement atteint plusieurs centaines de membres en quelques années. De nos jours, ils sont au nombre de 700.

Leur guano est un puissant fertilisant. Leurs plumes et leurs fientes apportent des graines venues d’ailleurs.

De plus, dès l’origine de l’ile, le vent avait amené de loin des semences très légères qui doivent cette légèreté au fait qu’elles ne possèdent pas grand réserve nutritive. Incapables de s’implanter en raison de la pauvreté du sol, elles étaient dormantes jusqu’ici.

Mais une fois le sol devenu moins hostile, ces semences dormantes depuis 20 à 25 ans se mettent à germer.

De nos jours, la toundra de l’ile couvre le quart de la surface du littoral et seulement 5% des étendues de gravier. Toutefois près des colonies d’oiseaux, cette couverture atteint de 40 à 100%, ce qui montre bien le rôle indispensable des oiseaux.

Au total, après un demi-siècle de végétalisation, les chercheurs estiment que les oiseaux ont transporté 75% des graines, le vent 16% et l’océan 9%, renversant la tendance des premières décennies de l’évolution de la vie sur l’ile.

Références :
Cossette-Civitella A. Surtsey, la roche devenue jardin en 50 ans. Quatre-temps 2016; vol. 40 no 2: 26-30.
Surtsey

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les pions du terrorisme

Publié le 17 juillet 2016 | Temps de lecture : 9 minutes

Déséquilibré, lâche, barbare : les qualificatifs négatifs attribués au responsable de l’attentat de Nice ne manquent pas.

Comme beaucoup d’autres avant lui, il ne s’agit pas d’une personne particulièrement religieuse. C’était un adulte possédant des antécédents de petite criminalité, et qui a basculé soudainement dans le terrorisme.

En somme, il s’est converti.

Au moment où ces lignes sont écrites, on n’a pas élucidé comment cette transformation s’est opérée.

Dans des cas antérieurs, c’est toujours le même scénario.

Au départ, c’est un petit vaurien. Il s’agit d’un jeune homme condamné pour des délits mineurs qui possède un trait fondamental : c’est un être asocial.

Il n’a pas d’empathie pour ses victimes et c’est toujours un conjoint dominateur, parfois violent. Son estime de soi est très faible.

Ses condamnations judiciaires successives, au lieu de modifier son comportement, renforcent son sentiment d’être rejeté par la société.

C’est alors qu’il fait la rencontre d’un catalyseur. Souvent imam sunnite autoproclamé, celui-ci va transformer son interlocuteur en petit artisan du terrorisme. Cette transformation peut, au minimum, se faire en quelques semaines.

Le premier contact s’amorce sur un sujet de discussion aussi futile que la météo ou la dernière victoire d’un club sportif.

Le catalyseur est un caméléon. Il possède le même accent, le même vocabulaire, adopte le même langage corporel, répète les mêmes gestes et possède la même attitude que son interlocuteur. Ce mimétisme sert à l’apprivoiser. Inconsciemment, ce dernier découvre alors un alter ego; ils sont faits pour s’entendre.

À cette étape, il n’est pas certain qu’ils se reverront. En fait, le catalyseur est un recruteur qui sème à tout vent dans l’espoir de trouver éventuellement des adeptes.

Puis ils se revoient par la fréquentation des mêmes lieux.

Au fil des rencontres, leur relation s’approfondit, basée sur le respect mutuel. Peu à peu, le catalyseur utilise sa supériorité intellectuelle pour susciter une légère admiration qui servira à assujettir subtilement son interlocuteur sauvage.

Et quand la confiance s’est installée, alors commence le processus de radicalisation.

Abordant les questions religieuses, le message du catalyseur se résume ainsi : « Dieu est grand. C’est Lui qui t’a fait comme tu es. Tous les autres te disent que tu n’es pas normal. C’est faux. Tu es l’œuvre de Dieu. Et cette colère qui t’habite, cette colère qui persiste malgré la désapprobation de tous, elle ne peut s’éteindre parce qu’elle est voulue par Dieu. C’est elle qui te rend unique à Ses Yeux. Il la maintient vivante en toi en dépit de tout. Parce que cette rage est le moteur des grands projets que Dieu a conçus pour toi.»

Vous devinez le reste. Dès que l’interlocuteur devient d’accord avec cette prémisse, il est converti.

Strictement parlant, ce n’est pas la religion ni l’idéologie qui pousse la recrue à se convertir. C’est le besoin psychologique de sens.

Après un attentat, il est normal de dénigrer le terroriste. On pense que ce mépris dissuade ceux qui songent à commettre un geste semblable. Il n’en est rien. Auprès de ceux qui ont déjà commencé à se radicaliser, ces reproches font grandir le statut de martyr du terroriste, incapable parce que mort de se justifier auprès de ses accusateurs.

Il est temps qu’on réalise que les artisans d’un attentat terroriste ne sont que des pions.

Le terrorisme est une bizness. Il l’est parce qu’habituellement il coute cher. Si l’attentat de Nice est économique — le prix minime de la location d’un camion — c’est une exception à cette règle. D’habitude, il faut une équipe de comploteurs, payer leurs loyers, leur armes, leurs déplacements internationaux, et ainsi de suite.

Pensez que les terroristes du 11 septembre 2011 ont suivis des cours de pilotage pendant des mois et ont vécu à la charge de commanditaires qu’on n’a jamais trouvés en raison de l’obstruction systématique et du manque de collaboration de l’Arabie saoudite à l’enquête américaine.

Les révélations de Wikileaks nous ont appris justement que l’Arabie saoudite est la plaque tournante du financement du terrorisme international. Conséquemment, le renversement de la dictature saoudienne résoudrait à la source ce problème.

Les pays occidentaux n’en ont pas l’intention, non seulement en raison des lucratifs contrats militaires que la dictature saoudienne leur accorde, mais parce que l’Arabie saoudite est un élément-clé de la grande géostratégie d’isolement de la Russie.

En effet, ce pays finance, en bonne partie, le renversement des régimes alliés de Moscou. Voilà pourquoi il est intouchable tant que les pays occidentaux poursuivront cette stratégie au Moyen-Orient.

Mais entre l’Arabie saoudite et les pions qui effectuent la sale besogne, il y a une foule d’intermédiaires. Le problème est qu’on ne fait rien contre eux également.

On ne le fait pas parce que ces derniers agissent sous le couvert de la religion.

Or la religion, pour un pays comme les États-Unis, c’est sacré. Ce l’est parce que ce pays est peuplé de millions de descendants d’immigrants ayant fui des persécutions religieuses.

Dans le texte Le prosélytisme de l’Arabie saoudite, nous avons vu comment celle-ci propage son idéologie haineuse.

Il y a deux jours, dans les pages du Figaro, le philosophe Pascal Bruckner en appelle à l’État pour qu’il s’attaque à ceux qui combattent le peuple français sur le territoire de la république; isolement des islamistes, neutralisation préventive des terroristes potentiels, expulsion des imams radicaux, et fermeture des mosquées douteuses.

Je cite cet essayiste non pas parce que je partage toutes ses suggestions mais parce qu’il exprime une opinion très répandue.

Fermer des mosquées jugées douteuses, ouvre la porte à tous les abus. Lorsqu’on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Sous la pression populaire, les autorités locales s’engageraient dans une croisade antimusulmane alimentée de soupçons qu’on voudra bien répandre.

Ce qu’il faut au Québec, c’est la solution autrichienne.

Les autorités de ce pays ont constaté que tous les pays musulmans ont à leur solde un clergé qui émet des avis juridiques conformes aux besoin de l’État et sa conception du bon Islam.

Par contre, dans n’importe quel pays démocratique, il y a péril lorsque le clergé du pays est inféodé à une puissance étrangère hostile à la démocratie et aux droits de la personne.

Voilà ce qui a incité l’Autriche à agir.

En février 2015, ce pays a adopté une loi destinée à éviter des dérives radicales en réduisant notamment l’influence étrangère sur les mosquées et sur l’enseignement religieux dans ce pays.

Selon cette loi, les associations musulmanes autrichiennes devront être agréées. Et pour l’être, elles devront véhiculer une approche positive envers la société et l’État.

Cette exigence rejoint la suggestion exprimée par Marc Laroche — détenteur d’un diplôme d’études supérieures en sciences des religions — exprimée dans l’édition de novembre 2015 de L’Action nationale :

Ne délivrer un permis de construction ou de location de tout lieu faisant office de lieu de culte que si les responsables de groupes religieux ou idéologiques s’engagent par écrit à ce qu’aucun passage incitant à la violence grave contenu dans leurs textes référentiels n’y soit professé.


Par la suite, s’il est démontré qu’un tel groupe contrevient à cet engagement, il sera condamné pour terrorisme et dissout. Et ses biens, meubles et immeubles seront confisqués par l’État.

Sans être totalement hostile à cela, je doute que cet accroc à la liberté d’expression soit strictement nécessaire.

Moins controversées sont les autres dispositions autrichiennes selon lesquelles les imams devront être formés en Autriche grâce à un cursus théologique dispensé dans une université du pays. Pour ce faire, il leur faudra maitriser l’allemand. De plus, les frais de construction et de fonctionnement des institutions confessionnelles, y compris les salaires, ne pourront plus être financés depuis l’Étranger.

De nombreux attentats terroristes islamistes ont été commis dans différents pays européens : à ce jour, aucun n’a été commis en Autriche.

Au Québec, afin d’éviter qu’on contourne ces exigences, on devrait interdire en plus le financement par des mécènes canadiens possédant une double citoyenneté ou par des institutions situées dans d’autres provinces canadiennes à moins qu’elles répondent aux exigences québécoises.

En contrepartie, afin d’éviter de condamner des communautés musulmanes à la clandestinité, il serait interdit aux municipalités de s’opposer à la construction de mosquées qui respectent leurs règles d’urbanisme.

Cela ne peut se faire sans invoquer la clause dérogatoire de la Canadian Constitution de 1982. Celle-ci a été écrite à une époque où le radicalisme religieux existait mais n’était pas la menace qu’il est devenu. Voilà pourquoi il est indispensable d’invoquer cette clause, justement prévue, entre autres, pour pallier à l’impondérable.

Le gouvernement québécois actuel s’y refuse pour des raisons idéologiques. Conséquemment, rien de concret n’a été fait ici pour prévenir la radicalisation religieuse. Espérons qu’il agira avant qu’il ne soit trop tard.

Références :
Guerre du Golfe
La France cherche les coupables
L’Autriche adopte une nouvelle loi pour encadrer l’islam
Pascal Bruckner: «Mener la guerre à l’intérieur de façon préventive»
Une « radicalisation très rapide », cela s’appelle une conversion
WikiLeaks cables portray Saudi Arabia as a cash machine for terrorists

Paru depuis :
Pour un nouvel islam de France (2016-08-02)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Résumé de géopolitique mondiale (2e partie et fin)

Publié le 16 juillet 2016 | Temps de lecture : 7 minutes

Introduction

Précédemment, nous avons vu la première stratégie militaire utilisée par l’Occident en vue d’une guerre éventuelle contre la Russie. C’est l’encerclement; il consiste retourner contre elle ses anciennes républiques soviétiques.

Dans ce volet-ci, nous verrons le deuxième moyen utilisé : c’est l’isolement, c’est-à-dire la privation d’alliés parmi les producteurs de pétrole.

Toujours dans la perspective d’un conflit armé avec la Russie, l’Occident veut lui rendre plus difficile l’accès à des hydrocarbures hors de son territoire.

Au Maghreb, au Proche et au Moyen-Orient, la Russie comptait quatre pays alliés — la Libye, la Syrie, l’Irak et l’Iran — tous, à des degrés divers, producteurs de pétrole.

Le premier à tomber fut l’Irak.

L’Irak

Déclenchée officiellement en mars 2003, la guerre en Irak avait pour but de libérer le pétrole irakien de l’embargo international dont il était l’objet, d’inonder les marchés mondiaux afin d’en faire baisser le prix, et ce au profit des économies énergivores comme l’économie américaine.

L’invasion et l’occupation militaire de l’Irak avaient également pour but de priver la Russie d’un de ses alliés.

Cette guerre éclair débute le 20 mars 2003 et se termine le 1er mai suivant. Recherché, Saddam Hussein est arrêté en décembre 2003 et exécuté trois ans plus tard.

Et de un.

La Libye

Après la Tunisie en décembre 2010 et l’Égypte le mois suivant, le Printemps arabe gagne la Libye (le pays entre les deux) en février 2011.

Mais au lieu d’abandonner le pouvoir comme ses homologues de Tunisie et d’Égypte, le dictateur libyen s’accroche et écrase brutalement les révoltes.

Afin d’aider les insurgés, les chasseurs-bombardiers de l’OTAN entrent en action le 19 mars 2011. Ils détruisent les défenses aériennes du pays, des chars d’assaut et des véhicules blindés, de même que des dépôts de munition.

Dans les régions sous le contrôle des rebelles, la France parachute des lance-roquettes, des fusils d’assaut, des mitrailleuses et missiles antichars Milan.

Le dictateur libyen meurt le 20 octobre 2011. Les opérations de l’OTAN cessent dix jours plus tard. Depuis, le pays est livré au chaos et à l’anarchie.

Et de deux.

La Syrie

Après l’échec du Printemps arabe, la guerre en Syrie s’est transformée en guerre par procuration où des mercenaires étrangers — équipés et financées par l’Arabie saoudite, la Turquie et le Qatar — combattent le régime de Bachar el-Assad en vue de le remplacer par un régime islamiste.

Au début, les pays occidentaux se réjouissaient à l’idée de se débarrasser d’un troisième allié russe en si peu de temps.

Mais dès juillet 2012, les services de renseignements informaient les dirigeants américains des véritables enjeux, refroidissant d’autant leurs ardeurs à renverser le dictateur syrien.

Pendant cinq ans, les 10 600 frappes américaines bombarderont l’État islamique de manière à limiter son expansion territoriale sans toutefois chercher à l’anéantir, et ce de manière à faire perdurer l’insécurité qui amène les pays voisins à multiplier les achats d’armements en Occident.

Mais l’intervention russe à la fin de 2015 marque un tournant dans cette guerre. Pour Poutine, il devenait important de stopper la politique d’isolement de la Russie et de démonter — sur le tard il est vrai — que son pays n’abandonne pas ses amis.

D’autre part, aveuglée par son désir de renverser Bachar el-Assad, la Turquie a longtemps été un lieu de transit et un refuge pour les djihadistes qui voulaient combattre en Syrie. Mais à coucher avec des guêpes, on finit toujours par se faire piquer. À la suite de plusieurs attentats terroristes, Erdoğan a soudainement réalisé le risque sécuritaire que ces barbares comportaient pour son propre pays.

S’il est impossible de prévoir le sort de Bachar el-Assad lui-même, il semble bien son régime brutal sortira victorieux de cette guerre, ce qui maintiendra l’alignement du pays avec la Russie.

Pour l’instant, c’est une victoire militaire occidentale mitigée dans la mesure où la Russie — si elle conserve toutes ses bases militaires en Syrie — n’a toutefois pas accès aux champs pétroliers du pays, sous contrôle de l’État islamique.

Et de deux et demi.

L’Iran

Depuis la fin de l’embargo décrété par l’ONU contre l’Iran (en raison de son programme nucléaire), l’Arabie saoudite est furieuse.

Elle veut le déclenchement d’une guerre ‘préventive’ contre ce pays, c’est-à-dire l’attaquer avant qu’il n’ait eu le temps de se remettre des sanctions internationales.

Mais le président Obama a ordonné à l’Arabie saoudite de s’entendre avec ses voisins (ce qui vise spécifiquement l’Iran).

Ce message a été très mal reçu par la dictature saoudienne.

Conséquemment, l’Arabie saoudite a multiplié les rumeurs d’achats d’équipement militaire français, histoire de dire aux Américains : « Voyez l’argent que vous pourriez perdre si vous ne cédez pas à notre volonté.»

Entretemps, la dictature saoudienne ronge son frein dans l’attente du choix du prochain président américain.

En cas de guerre avec l’Iran, il est certain que la Russie sera derrière ce pays. Si les États-Unis se laissent entrainés dans un conflit déclenché en dépit de leur interdiction formelle, concrètement cela veut dire que l’armée américaine se battra contre l’armée russe au Moyen-Orient. En d’autres mots, c’est le déclenchement de la Troisième Guerre mondiale.

D’autre part, l’Iran étant plus peuplé que la Libye, la Syrie et l’Irak réunis, l’Europe acceptera-t-elle d’être entrainée malgré elle dans un conflit qui créera des millions de réfugiés supplémentaires qui frapperont à ses portes ?

Si ce n’est le souhait d’aucun pays occidental, peut-être serait-il sage de cesser de vendre des armes aux pays qui s’y préparent, notamment l’Arabie saoudite, championne mondiale de l’achat d’armements.

Conclusion

La stratégie occidentale qui consiste à priver la Russie de ses alliés se solde par une réussite partielle; c’est l’effondrement de l’État libyen et l’émergence d’un nouvel État irakien.

Le réveil tardif de la Russie sonne toutefois le glas de la poursuite de cet stratégie d’isolement.

L’affaiblissement stratégique de la Russie s’accompagne de l’affaiblissement politique de l’Union européenne, profondément divisée au sujet de l’attitude à adopter face à la plus importante crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale. Une crise qui résulte directement de la stratégie militaire occidentale au Moyen-Orient.

Références :
Comment la géopolitique du pétrole explique la crise en Irak
Contestation en Arabie saoudite en 2011
Declassified Department of Defense Report (2012-07-30)
Économie de l’Irak
Guerre d’Irak
Intervention militaire de 2011 en Libye
L’Arabie saoudite, championne du monde des achats d’armements
L’éclipse russe de la Syrie
Le Rafale a-t-il réellement une chance en Arabie Saoudite ?
Libye: La France a parachiuté des armes aux insurgés
Printemps arabe
Rafale : le contrat avec le Qatar pour la vente de 24 chasseurs est effectif
Relations entre l’Iran et la Russie
Soulèvement bahreïni
The Obama Doctrine

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Résumé de géopolitique mondiale (1re partie)

Publié le 14 juillet 2016 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Le rôle des dirigeants militaires d’un pays est de se préparer au pire. Or le pire, c’est la guerre.

Comparée à celle d’un pays ennemi, la dangerosité de groupements terroristes est insignifiante. Les attentats du 11 septembre 2001 ont fait près de trois-mille victimes : une guerre en ferait des millions.

De tous les pays hostiles à l’Occident, la Russie est de loin celui qui dispose du plus grand arsenal militaire.

Contre elle, l’Occident a utilisé deux stratégies complémentaires;
• aux frontières de la Russie, retourner les anciennes républiques soviétiques contre elle et,
• dans le cas de ses alliés militaires plus distants, susciter des insurrections qui y renverseraient les régimes en place.

L’encerclement européen

Presque toutes les anciennes républiques soviétiques d’Europe sont maintenant membres de l’OTAN.

C’est le cas des pays baltes (Estonie, Lettonie, et Lituanie), de la Pologne, de la République tchèque, de la Slovaquie, de la Hongrie, de la Slovénie, de la Roumanie, de la Bulgarie et de l’Albanie.

Depuis un demi-siècle, ces pays vivaient dans la crainte d’une invasion soviétique. Elles se sont donc empressées de se mettre sous la protection de l’OTAN dès que cela fut possible.

Cet encerclement n’est pas passé inaperçu.

Les autorités russes prétendent que le président russe Mikhaïl Gorbatchev n’avait consenti à la réunification de l’Allemagne qu’après avoir obtenu l’assurance que l’OTAN ne chercherait pas à s’étendre vers l’Est.

Du côté occidental, cette prétention est démentie; jamais une telle garantie n’a été donnée à la Russie.

La question de savoir qui dit vrai est purement académique. Il est clair que la Russie ne peut pas accepter d’être encerclée de pays voisins qui pointent leurs canons contre elle.

De manière analogue, le président américain John-F. Kennedy ne pouvait pas accepter que l’Union soviétique déploie ses missiles à Cuba. Le blocus militaire américain, lors de la crise des missiles, était donc compréhensible.

Mais les anciennes républiques soviétiques ne sont pas des iles.

En profitant de la faiblesse de la Russie, après l’effondrement du bloc soviétique, pour militariser contre elle ses anciennes républiques satellites, l’OTAN est aujourd’hui en position de force, au prix d’un accroissement de la tension diplomatique entre la Russie et l’Occident.

Plus que jamais, la Russie est déterminée à stopper cet encerclement. Et de toutes les anciennes républiques soviétiques qui n’ont pas encore adhéré à l’OTAN, la plus importante est l’Ukraine.

Le conflit ukrainien

La Russie n’a pas de moyens d’empêcher un pays voisin de rejoindre l’OTAN autrement qu’en cherchant à déstabiliser son économie et en cherchant à faire en sorte qu’il soit dirigé par un gouvernement qui lui soit fidèle.

Voilà pourquoi l’Ukraine est aujourd’hui au bord de la guerre civile.

Les Ukrainiens ‘de souche’ nourrissent un fort ressentiment à l’égard de la Russie.

La collectivisation des terres agricoles prévue par le premier plan quinquennal soviétique (en 1928, sous Staline) a provoqué un exode rural massif, une perte de productivité et conséquemment, des famines en 1931-1933 qui se sont soldées par six à huit-millions de morts, dont plus de 2,6 millions en Ukraine.

En Ukraine, on désigne ces famines sous le nom d’Holodomor, c’est-à-dire d’extermination par la faim.

De plus, les purges staliniennes de 1937-1939 ont fait également des millions de morts parmi les nationalistes ukrainiens, exécutés ou envoyés vers des camps de travail soviétiques.

Par ailleurs, depuis la création du Bloc soviétique, des millions de Russes se sont établis en Ukraine et sont aujourd’hui des citoyens de ce pays. Ceux-ci nourrissent un fort sentiment d’appartenance à leur mère patrie.

Finalement, l’économie ukrainienne est très intégrée à celle de la Russie.

Les importations en provenance de la Russie et des ex républiques soviétiques d’Asie — membres de la Communauté des États indépendants (CÉI)  — représentent environ les quatre dixièmes des importations ukrainiennes. Il s’agit notamment du gaz naturel russe, dont dépend l’économie ukrainienne pour fonctionner.

Les exportations ukrainiennes se répartissent presque également entre la CÉI, l’Europe occidentale, l’Asie (particulièrement la Chine), et le reste du monde.

Donc en dépit du ressentiment d’une partie de son peuple, l’Ukraine est condamnée pour l’instant à demeurer dans le giron russe, que cela lui plaise ou non.

Ce qui n’empêche pas les pays occidentaux de faire miroiter des promesses qu’ils ne peuvent tenir, afin de déstabiliser la Russie.

Références :
Famines soviétiques de 1931-1933
Ukraine
Ukraine, les masques de la révolution

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les noms des Québécois

Publié le 12 juillet 2016 | Temps de lecture : 5 minutes

Il y a des modes pour tout.

Si les noms de famille révèlent la lignée héréditaire, ce n’est pas le cas des prénoms, laissés au choix des parents.

Selon les peuples, les critères de sélection varient.

Il n’y a pas si longtemps au Québec, on donnait souvent au nouveau-né le prénom d’un ainé admiré dans le clan familial (celui d’un grand-père, par exemple). C’était souvent un prénom secondaire apparaissant sur le certificat de naissance, mais rarement utilisé dans la vie de tous les jours.

Dans un pays comme le Vietnam, c’était la dernière chose à faire. Par respect, personne d’autre ne portait ce prénom jusqu’à la mort du patriarche. Pour éviter que si, en grandissant, ce nouveau-né se transforme en adulte peu recommandable, il entache le prestige que l’ainé a créé autour de son nom.

Chez les Slaves et les Scandinaves (deux sociétés patriarcales), chaque personne reçoit un prénom, suivi d’un deuxième qui est celui spécifique du père.

En Russie Boris, fils d’Alexandr, s’appellera Boris-Alexandrovitch. Et Kira, fille de Gueorgui (c’est-à dire Georges), s’appellera Kira-Gueorguievna.

Il y a des siècles, le Suédois Andreas, fils de Karl, s’appelait Andreas Karlsson avant que Karlsson ne devienne un nom de famille au lieu de n’être qu’une signe de filiation permettait de distinguer cet Andreas des autres.

En Europe, l’admiration pour une vedette de cinéma (Alain pour Alain Delon), une chanteuse populaire (Céline pour Céline Dion), ou un athlète célèbre, a multiplié le nombre des nouveau-nés portant le même prénom.

Finis donc les Télesphore, les Alphonse, et les Ovide. Et disparue (croit-on) la honte d’être stigmatisé à cause de son prénom, comme le chantait si bien Fernandel au sujet d’Ignace… à moins, évidemment, que les prénoms populaires aujourd’hui deviennent la risée des générations futures.

Au Québec, depuis 1980, les dix prénoms masculins les plus populaires sont (en ordre décroissant) : Alexandre, Maxime, Samuel, Mathieu, Jonathan, Gabriel, David, Olivier, Simon et Nicolas. Comme aux États-Unis, la mode masculine est aux personnages bibliques, ce qui révèle de la montée du sentiment religieux chez les jeunes parents.

Et pour les amateurs des tendances les plus récentes, le palmarès de 2015 est le suivant : Thomas, William (et non son équivalent français, soit Guillaume), Jacob, Liam, Félix, Nathan, Samuel, Logan (qui signifie trou en Écossais), Alexis et Noah (soit Noé en anglais).

Ici on perçoit l’influence des séries télévisées américaines et des personnages de jeux vidéos.

Chez les fillettes, c’est différent. Oubliez les diminutifs de prénoms masculins (Claudette, Pierrette, Yvette, etc.) et les prénoms qui suggèrent l’image d’une femme passive. Les dix prénoms féminins les plus populaires depuis 1980 sont : Stéphanie, Catherine, Jessica, Émilie, Audrey, Julie, Valérie, Mélissa, Sarah et Mélanie.

Et le dernier cri, en 2015, c’est Emma, Léa, Olivia, Alice, Florence, Zoé, Chloé, Béatrice, Charlotte, et Rosalie. Alors qu’on dénombrait 1 877 nouvelles Stéphanie en 1988, leur nombre a chuté à 19 en 2013, soit beaucoup moins que le nombre de Rainettes faux-grillon dont le gouvernement canadien a ordonné la protection environnementale.

Pour ce qui est des noms de famille, les choses étaient simples.

En 1981, la législation québécoise a permis aux femmes de donner leur nom de famille à leurs enfants. Les mères célibataires ont donc pu éviter d’attribuer à leur enfant le nom de famille du géniteur qui avait abandonné ses responsabilités.

Mais cela a surtout permis à de nombreux couples de donner un nom de famille composé de celui du père et de la mère. Perçue comme une victoire féministe, cette évolution a connu son apogée en 1992, où 22% des enfants ont été appelés ainsi.

Cette tendance a connu de nombreux obstacles. Les boites de saisie lors de l’inscription électronique ayant souvent un nombre maximal de caractères, les enfants concernés se sont retrouvés avec des documents (des passeports, par exemple) sur lesquels leur nom est épelé différemment que sur leur certificat de naissance.

Plus le nom est long, plus grandes sont les chances de se tromper en l’épelant. Après trois erreurs, votre carte de crédit est inactivée.

De plus, à long terme, il fallait prévoir la progression de la longueur des noms de famille des enfants quand les parents aux noms de famille composés s’épousent entre eux. Par exemple, lorsque Tremblay-Massicotte épouse Lamontagne-Bouchard, est-ce que leurs enfants porteront quatre noms, leurs petits-enfants huit noms et leurs petits-petits-enfants seize noms, et ainsi de suite ?

Bref, cela ne mène nulle part. Peut-être serait-il plus sage que les fillettes adoptent le nom de famille de leur mère et les garçons, celui de leur père.

De nos jours, à peine dix pour cent des familles choisissent un nom de famille composé pour leurs enfants.

Références :
Combien de personnes s’appellent comme vous?
Les 5 prénoms les plus populaires
Les noms de famille composés en voie de disparition
Liste des prénoms les plus donnés en France

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Être condamné dans une langue qu’on ne comprend pas

Publié le 11 juillet 2016 | Temps de lecture : 7 minutes

Introduction

Un article de La Presse paru vendredi dernier a remis dans l’actualité une histoire qui remonte à 2013.

Il s’agit du cas d’un avocat de la défense qui a protesté parce qu’une cause entièrement plaidée en français a abouti à un jugement écrit en anglais.

Tout cela revient dans l’actualité parce que cet avocat vient d’être condamné par le Comité de discipline de son ordre professionnel pour avoir osé protester à ce sujet.

Les détails

Jacques Caya exerce le métier de conseiller en sécurité financière. En 2009, il a été condamné sous divers chefs d’accusation par la Chambre de la sécurité financière.

En 2013, il perd également une cause qui l’oppose à l’Autorité des marchés financiers. Cette condamnation est portée en appel devant la Cour Supérieure du Québec, une cour où tous les juges sont nommés par le gouvernement fédéral.

C’est là que les choses se gâtent.

L’appel est entendu en avril 2014 par la juge fédérale Karen Kear-Jodoin. Celle-ci est bilingue mais est beaucoup plus familière avec l’anglais.

En effet, c’est en anglais, sa langue maternelle, que cette juge rend presque tous ses jugements. Elle doit au ministre fédéral Rob Nicholson, unilingue anglais, sa promotion à la magistrature.

Devant la Cour supérieure, lors de l’audition de la cause en question, tous les avocats sont francophones et le procès se déroule exclusivement en français. L’appelant — qui est l’accusé en première instance — est unilingue français.

À la fin des procédures, la juge Karen Kear-Jodoin informe les avocats des deux parties qu’elle rendra son jugement en anglais. L’avocat de M. Caya est absent et est représenté par une collègue qui négligera d’en informer son confrère.

En janvier 2015, par un courriel rédigé en anglais, la secrétaire de la juge anglophone informe l’avocat de la défense que le jugement a été finalement rendu. C’est en prenant connaissance de ce jugement de huit pages que celui-ci découvre qu’il est rédigé en anglais.

Ce dernier s’empresse d’écrire une lettre de protestation à la juge Karen Kear-Jodoin, avec copie conforme au juge en chef de la Cour supérieure.

Celui-ci porte l’affaire à l’attention du syndic du Barreau qui fait alors condamner l’avocat protestataire par son Comité de disciple en mai 2016 pour défaut de soutenir l’autorité des tribunaux.

Contrairement aux avocats, vous et moi ne sommes pas obligés de faire des courbettes à un magistrat lorsqu’il manque de jugement.

Au Québec, il y a une multitude de secrétaires juridiques qui sont également traductrices. Au lieu, comme elle l’a fait, d’avoir engagé une secrétaire anglophone plus ou moins bilingue, si la juge Karen Kear-Jodoin avait embauché une secrétaire parfaitement bilingue, personne ne soupçonnerait les lacunes de son français écrit.

De plus, c’est un grossier manque de jugement que d’accepter d’entendre une cause dans une langue dont on ne maitrise pas toutes les subtilités.

Le conformisme juridique face au colonialisme canadian

En 1760, aucun juge de la Nouvelle-France récemment conquise n’était familier avec le Common Law. C’est pourtant le cadre juridique anglais qui s’appliquait dorénavant dans les affaires criminelles de la colonie. Le nouveau pouvoir colonial fut donc obligé de nommer urgemment des juges anglais pour traiter des affaires criminelles courantes.

Voilà pourquoi le conquérant a imposé à ses nouveaux sujets le droit du juge de rendre ses décisions dans la langue de son choix puisque ces nouveaux juges ne parlaient pas français.

Chez un peuple conquis militairement — comme ce fut notre cas en 1760 — tout jugement rendu dans la langue du conquérant est une offense aux yeux du conquis et le rappel de son assujettissement.

De constitution en constitution, cette situation perdure depuis.

Le British North America Act de 1867 permettait également aux tribunaux de rendre un jugement dans la langue de leur choix.

Et ce droit discrétionnaire a été reconduit par la Canadian Constitution, adoptée en 1982 par l’ethnie dominante du Canada à l’issue d’une séance ultime de négociation à laquelle le Québec n’a pas été invité. Tout comme une colonie ne décide pas de la manière avec laquelle le pouvoir colonial exerce son autorité sur elle.

Dans les faits, aucun juge ne condamne un Anglophone en français. Mais à l’inverse, jusqu’au XXe siècle, il était fréquent que des tribunaux canadiens condamnent en anglais des Francophones. Heureusement, de nos jours, cela est devenu très rare.

Le jugement de la magistrate Karen Kear-Jodoin est donc un cas exceptionnel. Mais il tire son importance du fait qu’il est révélateur de l’état d’assujettissement du peuple francoQuébécois à l’ordre colonial canadien.

Dans la majorité des pays, le droit d’être jugé dans sa langue est considéré comme un droit fondamental. En d’autres mots, il s’agit d’un droit de la personne.

L’accusé, surtout s’il perd sa cause, doit comprendre pourquoi il est condamné. Peut-on lui garantir une justice équitable lorsqu’il lui est facile d’imaginer que le tribunal n’a pas très bien compris la preuve présentée devant lui ? La crédibilité du système juridique exige le respect de ce droit fondamental. Lorsque les deux parties parlent une langue différente, la primauté devrait aller à celle de l’accusé.

Mais ce n’est pas le cas au Canada, où prime le droit constitutionnel du juge : cette primauté est un reliquat du passé colonial du pays.

En dépit de l’indélicatesse de l’avocat contestataire, le syndic du Barreau n’était pas obligé de soumettre son cas devant son Comité de discipline. Mais il a préféré rappeler à l’ensemble de la profession juridique son statut de subalterne à l’ordre colonial canadien.

Et pour pallier à cela, la Charte québécoise de la langue française (la Loi 101) prévoit que tout jugement rendu par un tribunal soit traduit gratuitement en français ou en anglais, à la demande d’une partie. Voilà pourquoi l’avocat de M. Caya a finalement obtenu une traduction gratuite du jugement après en avoir fait la demande.

Toutefois, on doit se rappeler que ces frais de traduction, à la charge des contribuables, ne seraient pas nécessaires dans bien des cas si les tribunaux respectaient nos droits fondamentaux au lieu d’être bafoués par des magistrats qui, comme la juge Karen Kear-Jodoin, incarnent le colonialisme canadien.

Références :
Décision de la Chambre de la sécurité financière
Français au tribunal: plainte contre le juge en chef
Judgment by the Honourable Karen Kear-Jodoin
La nomination de Rob Nicholson aux Affaires étrangères critiquée à Québec
Le juge en chef de la Cour supérieure clarifie ses motifs
Lettre de Me Allali
Un avocat sanctionné après s’être plaint d’avoir reçu un jugement en anglais
Une décision en français svp

Parus depuis :
Les faux procès (2016-07-14)
L’article controversé de la loi sur la neutralité religieuse est suspendu (2017-12-02)
Être compris par le juge dans sa langue officielle : la Cour suprême devra se prononcer (2022-10-07)

Pour consulter les textes de ce blogue consacrés au prix à payer pour l’appartenance au Canada, veuillez cliquer sur ceci

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| 2014-2018 (années Couillard), Justice, Langue française, le prix du fédéralisme | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Festival de jazz de Montréal — le 9 juillet 2016 (fin)

Publié le 10 juillet 2016 | Temps de lecture : 3 minutes

Aujourd’hui, c’est une journée froide et pluvieuse, ce qui est extrêmement rare à Montréal à ce temps-ci de l’année.

Même si la pluie a cessé plus tôt dans la journée, la lourdeur du temps fait en sorte que les foules sont moins nombreuses en cette soirée de clôture du festival.

Endrick & The Sandwiches

À mon arrivée sur le site, vers 19h50, le groupe Endrick & The Sandwiches entamait leur dernière chanson sur la scène Bell.

Sattas

Dès 20h, à quelques pas de là, la scène Turkish Airlines mettait en vedette le groupe turc reggae Sattas.

Misses Satchmo

Pendant ce temps, Misses Satchmo présentait son cocktail jazzy-swing sur la scène RioTinto alors que…

Carlos Placeres

…le Québécois Carlos Placeres entrainait son auditoire sur ses rythmes de son pays natal, Cuba.

West Trainz

Le grand spectacle de clôture était de celui de West Trainz sur la scène TD.

Alors que le guide complet du festival indiquait clairement que ce spectacle débutait à 21h30, le petit dépliant (que presque tout le monde traine sur soi) suggérait plutôt un début à 21h. Ce qui fait que beaucoup de personnes (dont moi) ont eu l’impression que le spectacle débutait avec trente minutes de retard.

Je vous avoue que le début lent de ce spectacle m’a laissé sur ma faim. Après vingt minutes, j’ai été voir…

Dunwayne Burnside et ses musiciens

…les dix dernières minutes du blues de Dunwayne Burnside. Ce que j’ai entendu m’a fait regretter de ne pas être venu là plus tôt.

The Darcys

De 22h à 23h, sur la scène Turkish Airlines, le duo torontois The Darcys offrait sa musique pop pendant que résonnaient au loin les feux d’artifice de l’Internationale des feux Loto-Québec.

Fait à noter : Ce groupe fut le seul à avoir pris la peine d’apporter avec lui et de meubler la scène d’un décor. Un peu kitch, celui-ci était formé d’éléments en plastique rappelant les tropiques (ananas, et palmiers), de même qu’un petit cactus et un Flamand rose en néon.

Ailleurs sur le site, des ouvriers s’attelaient déjà à démanteler les scènes extérieures afin de libérer cette partie du centre-ville et lui permettre de retrouver ses activités habituelles.

Pour conclure, le Festival de jazz de Montréal est probablement le plus important festival de musique au monde du point de vue de l’affluence.

Créé en 1980, il présente depuis plusieurs années quelque trois-mille artistes provenant d’une trentaine de pays, organise environ 650 concerts (dont 450 gratuits) et attire près de deux-millions de visiteurs.

Pour ceux qui habitent des contrées lointaines et qui ne peuvent s’y rendre, mes reportages photographiques visent à les rapprocher, par la magie de l’internet, de cette grande fête amicale et divertissante.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8
1re photo : 1/100 sec. — F/2,8 — ISO 400 — 40 mm
2e  photo : 1/125 sec. — F/3,2 — ISO 800 — 50 mm
3e  photo : 1/160 sec. — F/3,2 — ISO 640 — 73 mm
4e  photo : 1/80 sec. — F/3,2 — ISO 320 — 40 mm
5e  photo : 1/100 sec. — F/3,2 — ISO 800 — 40 mm
6e  photo : 1/160 sec. — F/3,2 — ISO 1250 — 73 mm
7e  photo : 1/100 sec. — F/3,2 — ISO 640 — 40 mm


Cliquez sur 2016, 2015, ou 2012 pour consulter les reportages photographiques de l’édition du Festival de jazz de cette année-là.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Festival de jazz de Montréal — le 8 juillet 2016

Publié le 9 juillet 2016 | Temps de lecture : 4 minutes

Je suis arrivé sur le site vers 19h40. Il ne me reste que vingt minutes pour papillonner d’un site à l’autre.

Arianna Neikrug

Ma première destination est le Club jazz du Casino de Montréal qui accueille l’Américaine Arianna Neikrug, lauréate de la quatrième édition de la The London Souls.

The London Souls

Je m’attarde ensuite à la place Heineken pour deux raisons.

D’abord parce que le soliste de The London Souls possède la manie de chanter devant un micro haut perché qui lui cache une partie du visage. Et aussi en raison du fait que ce que j’entends de ce groupe new-yorkais est original, plaisant et, avouons-le, assez bon.

Ce qui fait que j’ai manqué le troisième spectacle du triplet de cette plage horaire.

Face-T

À 20h, c’est le tour de Face-T de faire vibrer la scène Turkish Airlines de leur musique reggae dansante.

The Brooks and Friends

Je m’esquive vers 20h10 pour être certain d’être admis à un spectacle gratuit au Métropolis qui débute à 20h30 : c’est un hommage à Prince rendu par le groupe The Brooks and Friends.

Mais dès les premières notes, je quitte les lieux en raison d’un volume sonore à déchirer les tympans; si j’avais voulu qu’on me crie après, je me serais marié…

…(je blague, évidemment).

Adrian Raso et Fanfare Ciocarlia

J’ai donc quitté les lieux pour me trouver aux premières loges du grand spectacle de la soirée, soit Devil’s Tale avec Adrian Raso et Fanfare Ciocarlia mettant en vedette la musique gitane.

Mais là encore, dès les toutes premières notes, je me précipite au loin en raison d’une sonorisation trop forte. Même au fond de la place des Festivals, le volume sonore est excessif pour moi.

Black Denim

Je me réfugie donc au Club jazz du Casino de Montréal, où Black Denim présente du hip-hop, ce qui est inhabituel sur cette scène. Puis je vais lire un magazine à l’écart sur un banc.

À 22h, la programmation du festival offre un triplet de spectacles concurrents.

Antoine Chatenet et Nicolle Rochelle, de Ginkgoa

D’abord Ginkgoa sur la scène RioTinto. Ces Français forment probablement le meilleur groupe de swing au monde.

Je les avais vus l’an dernier. Ils ont gagné en maturité et en assurance. Leur spectacle est encore meilleur.

Nicolle Rochelle

Nicolle Rochelle est une bête de scène. Oubliez la fillette à qui on a enseigné à séduire et à être gentille.

Sur scène, son langage corporel est sucessivement celui d’une adolescente égoïste, d’une jeune femme capricieuse, d’une épouse tyrannique, et d’une courtisane vénéneuse.

En un mot, ahurissante.

Antoine Chatenet

Antoine Chatenet est le beau gosse. J’ai résisté à la tentation de vous le présenter comme tel pour vous suggérer le très bon musicien qu’il est.

Corentin Giniaux

Corentin Giniaux déteste être photographié. Ça se sent. L’an dernier, il s’esquivait au fond de la scène dès que je dressais mon appareil photo. Cette année, il est moins farouche.

C’est un clarinettiste exceptionnel sans lequel Ginkgoa perdrait beaucoup de son âme.

Après quarante minutes, le devoir m’appelle.

Carlos Placeres

Je quitte les lieux pour capter les derniers instants du concert de musique cubaine du Montréalais Carlos Placeres sur la scène Hyundai…

Wasiu

…et le hip-hop de Wasiu sur la scène Turkish Airlines.

Delgres

À 23h, c’est la reprise du spectacle gitan d’Adrian Raso et Fanfare Ciocarlia. J’en profite donc pour photographier le trio français Delgres et rentrer chez moi.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8
  1re photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 250 — 60 mm
  2e  photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 3200 — 50 mm
  3e  photo : 1/100 sec. — F/2,8 — ISO 320 — 40 mm
  4e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 2000 — 40 mm
  5e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 400 — 40 mm
  6e  photo : 1/100 sec. — F/2,8 — ISO 500 — 40 mm
  7e  photo : 1/100 sec. — F/2,8 — ISO 800 — 45 mm
  8e  photo : 1/160 sec. — F/2,8 — ISO 800 — 79 mm
  9e  photo : 1/200 sec. — F/2,8 — ISO 4000 — 79 mm
10e  photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 400 — 64 mm
11e  photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 1000 — 64 mm
12e  photo : 1/160 sec. — F/2,8 — ISO 1000 — 67 mm
13e  photo : 1/160 sec. — F/2,8 — ISO 1250 — 60 mm


Cliquez sur 2016, 2015, ou 2012 pour consulter les reportages photographiques de l’édition du Festival de jazz de cette année-là.

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Écrit par Jean-Pierre Martel