La végétalisation de l’ile de Surtsey

Publié le 19 juillet 2016 | Temps de lecture : 3 minutes

Naissance de l’ile

Située à 32km des côtes islandaises, l’ile de Surtsey est née d’une éruption volcanique qui a commencé à 130 mètres sous le niveau de la mer aux alentours du 10 novembre 1963, a atteint la surface le 14 novembre 1963, s’est poursuivie durant quatre ans. Elle s’est terminée le 5 juin 1967. Toute activité volcanique a cessé depuis.

Surtsey vient de Surt, le dieu du feu, de la forge et des volcans dans la mythologie islandaise.

Sous l’effet de l’érosion des vagues et du vent, la superficie de cette ile noire a diminué; elle est passée de 2,65km² à sa naissance, à 1,41km² aujourd’hui. Plus ronde à l’origine et en forme de figue depuis, c’est l’ile la plus au sud de l’Islande.

La première décennie

La première phase de végétalisation dure une décennie. Elle débute avant même la fin de l’activité volcanique alors qu’apparait la première plante au printemps de 1965.

Durant cette phase, des graines, des bactéries, des moisissures et des champignons sont charriés principalement par la mer et accessoirement par les vents.

Riches en minéraux, les cendres volcaniques de Surtsey sont toutefois pauvres en azote et en phosphore, deux éléments essentiels à la croissance des plantes.

Ce handicap est partiellement compensé par les bactéries et les champignons qui possèdent la propriété de fixer l’azote, c’est-à-dire de transformer l’azote de l’air en nitrate.

Une douzaine de variétés de lichens, plusieurs variétés de champignons, environ 70 espèces de mousses et quelques plantes composent la toundra clairsemée qui apparait sur l’ile durant cette période.

La deuxième décennie

En raison de la pauvreté du sol, seules deux nouvelles espèces de plantes apparaissent de 1975 à 1985, portant le total à seulement 21 variétés de plantes.

La troisième phase

De 1985 à 1995, le nombre de plantes double, passant de 21 à 44. En 2007, elles sont au nombre de 64.

On doit cette explosion à l’installation d’une colonie de goélands dans la partie sud de l’ile vers 1986. Cette colonie a rapidement atteint plusieurs centaines de membres en quelques années. De nos jours, ils sont au nombre de 700.

Leur guano est un puissant fertilisant. Leurs plumes et leurs fientes apportent des graines venues d’ailleurs.

De plus, dès l’origine de l’ile, le vent avait amené de loin des semences très légères qui doivent cette légèreté au fait qu’elles ne possèdent pas grand réserve nutritive. Incapables de s’implanter en raison de la pauvreté du sol, elles étaient dormantes jusqu’ici.

Mais une fois le sol devenu moins hostile, ces semences dormantes depuis 20 à 25 ans se mettent à germer.

De nos jours, la toundra de l’ile couvre le quart de la surface du littoral et seulement 5% des étendues de gravier. Toutefois près des colonies d’oiseaux, cette couverture atteint de 40 à 100%, ce qui montre bien le rôle indispensable des oiseaux.

Au total, après un demi-siècle de végétalisation, les chercheurs estiment que les oiseaux ont transporté 75% des graines, le vent 16% et l’océan 9%, renversant la tendance des premières décennies de l’évolution de la vie sur l’ile.

Références :
Cossette-Civitella A. Surtsey, la roche devenue jardin en 50 ans. Quatre-temps 2016; vol. 40 no 2: 26-30.
Surtsey

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