Nostálgica

Publié le 30 novembre 2012 | Temps de lecture : 2 minutes

 
Le mot nostálgica existe en portugais mais n’existe pas en espagnol. Le nom de cette vidéo vient de nostálgico (l’adjectif nostalgique en espagnol) auquel les deux dernières lettres ont été remplacés par la première et la dernière lettre de Cuba.

Au début de mes vacances à La Havane à l’automne de 2012, j’avais refusé de céder à la facilité de photographier des vieilles voitures américaines des années 1950. Cela me semblait paradoxal de faire de ces voitures étrangères des représentantes de l’âme cubaine.

En dépit de leur statut minoritaire, on en compte environ 60 000 dans l’ensemble du pays, ce qui en fait le plus important musée à ciel ouvert de vieilles bagnoles au monde.

Au huitième jour de mes vacances, je me suis souvenu que mon appareil photo — l’Olympus OM-D e-m5 — est doté de logiciels de traitement de l’image qui confèrent un style particulier aux photos ainsi traitées. Un de ces styles fait penser aux cases des bandes dessinées.

Le résultat obtenu au premier essai m’a tellement plu que j’ai décidé de créer tout un diaporama basé exclusivement sur les photos de ce style.

En voici le résultat.


Voir aussi :
Liste des diaporamas du premier voyage à La Havane
Liste des diaporamas du second voyage à La Havane

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à La Havane — Sommaire (fin) : considérations touristes

Publié le 27 novembre 2012 | Temps de lecture : 15 minutes


La sécurité

Comme tous les pays qui ont grandement besoin des devises apportées par les touristes, Cuba ne peut pas se permettre d’être perçu comme un pays dangereux. Il y a des malfaiteurs dans tous les pays, mais vous avez beaucoup moins de chance d’en être victime à Cuba qu’aux États-Unis, par exemple.

À l’intersection située près de la maison où j’habitais, une nuit vers minuit, un groupe de jeunes ont fait du vacarme. Dans les deux jours qui suivirent, des jeunes policiers furent postés à cette intersection. Bref, pour moi qui suis très respectueux des lois des pays dans lesquels je voyage, la présence policière ne m’inquiète pas : elle me rassure.

Au cours de ce voyage, je n’ai pas fait preuve de discrétion dans l’utilisation d’objets dispendieux qui auraient pu attirer la convoitise des voleurs. Dans les parcs de La Havane, j’utilisais deux appareils photos (un pour la couleur et l’autre pour l’infrarouge). À plusieurs reprises au restaurant, on pouvait me voir tapant du texte sur mon iPad ou mon netbook. Le soir, dans les rues mal éclairées de la capitale cubaine, je marchais toujours accompagné de cet appareil. J’ai visité des coins de la ville où les touristes vont rarement. Pourtant, en aucun cas, je ne me suis senti menacé. Sauf à une occasion très particulière.

Cette fois-là, c’est quand j’ai suivi un entraineur et ses trois jeunes boxeurs dans une partie de la ville que je ne connaissais pas encore, à une heure où il ferait bientôt nuit, alors que j’avais aucune chance d’éviter une raclée s’ils avaient voulu m’en donner une. Et pourtant les choses se sont très bien passées.

Donc, La Havane est une ville très sécuritaire.

Les moyens de transport

La capitale cubaine n’a pas de métro. Elle dispose d’un bon réseau de transport par autobus, habituellement bondés, et donc l’extérieur est parfois d’une saleté inimaginable.

Les taxis sont omniprésents. S’ils sont libres, les chauffeurs offrent leurs services dès qu’on passe à proximité de leur véhicule. Contrairement à ce que disent les guides de voyage, les chauffeurs utilisent rarement leur compteur. Voilà pourquoi je suggère de toujours demander à l’avance le prix du trajet, avant même d’embarquer dans le taxi. Ce prix varie toujours de cinq à huit pesos, sauf pour l’aéroport (20 pesos) et des distances hors de l’ordinaire.

Choisissez de préférence un taxi qui vous semble en bon état de fonctionnement. Dans de rares occasions, vous pourriez avoir à respirer l’odeur d’essence mal brulée qui entre par les trous du plancher de la carrosserie.


 
Les cars d’HavanaBusTour sont propres, efficaces et peu coûteux : 5 pesos pour une journée. C’est un moyen pratique d’entrevoir la ville, pour le touriste qui n’est dans la capitale que pour peu de temps. Sur le dessus du car, il vente beaucoup. Donc si vous avez un couvre-chef, il doit être solidement fixé. Dans tous les cas, la crème solaire est indispensable.


 
Des calèches sont disponibles au Parc central et près de la Place d’Armes. Je n’en ai pas vu stationnées ailleurs.


 
Les vélotaxis se rencontrent beaucoup dans la Vieille ville. Leur suspension est insuffisante à amortir les chocs. Or la chaussée de ce quartier est en très mauvais état. Prenez-les si vous avez envie d’en faire l’expérience. Autrement, sachez que c’est une façon lente et inconfortable de se transporter.


 
Une particularité de la Havane, ce sont les cocotaxis. Je ne les ai pas essayés donc je ne peux pas vous en parler.

L’internet

À La Havane, les touristes accèdent au web dans les grands hôtels, qu’ils y logent ou non. Dans tous les cas, ces hôtels offrent la location d’un ou de quelques ordinateurs connectés à l’internet. En plus, certains hôtels offrent une connexion sans fil (Wi-Fi) à ceux qui ont leur propre ordinateur ou ardoise électronique : certains jours, ce réseau est en panne et vous devrez alors vous résigner à louer un ordinateur.

Le coût de la connexion varie. Le moins cher, c’est à l’hôtel Parc central. Pour la location d’ordinateur, c’est cinq pesos par tranche de trente minutes : dès la 31e minute, c’est le tarif d’une heure qui s’applique (dix pesos). Si les textes à expédier sont longs (des reportages, par exemple), on a intérêt à taper le texte à l’avance et à l’apporter sur une clé USB.

Dans le cas de la connexion sans fil, on vous vend des cartes, bonnes pour soixante minutes. À l’instar d’une carte de loterie instantanée, chaque carte possède des cases à gratter qui révèlent un code d’accès et un mot de passe exclusifs. La facturation se fait à la minute; par exemple, si vous l’utilisez dix minutes, il vous en reste cinquante. La carte est bonne durant un mois après son activation et est valable partout. L’hôtel Parc central les vend huit pesos.

La connexion internet est extrêmement lente. Éviter Internet Explorer de Microsoft, incapable de faire face à une telle lenteur. Chrome (de Google) et Firefox s’acharneront à tenter la connexion peu importe le temps que cela prend. Simplement pour que WordPress accepte finalement mon mot de passe et me reconnaisse comme auteur, cela prenait environ trois minutes.

La sollicitation

À La Havane, le touriste est harcelé à tout bout de champ par trois types différents de sollicitation.

Il y a d’abord les taxis. L’offre de taxi dépasse de beaucoup la demande. Donc, dès que vous passez à proximité d’un taxi, s’il est libre, le chauffeur vous offrira ses services. Même chose pour les vélotaxis.

Le deuxième type de sollicitation, ce sont les « têteux ». Ils constituent une partie infiniment petite de la population cubaine. Mais puisqu’ils « tètent » les touristes à la journée longue, on a l’impression qu’il y en a beaucoup.

Durant mon voyage, ils procédaient à peu près tous de manière identique. On m’abordait en me disant :
Happy holiday, my friend. Where are you from ? (Joyeuses Fêtes, mon ami. D’où viens-tu ?)
From Canada.
Ah, from Canada. That’s a very cold country. From which city ? (Ah, du Canada. C’est un pays très froid. De quelle ville ?)
From Montréal.
Ah, from Montreal…

Et la suite, c’est qu’il a eu un parent, un ami, une connaissance, qui a déjà habité à Montréal. Après deux ou trois phrases de plus, cela se terminait par quelque chose du genre :
Ma femme vient d’avoir un bébé et elle est trop pauvre pour acheter du lait, etc. etc.

Après quelques jours, dès qu’on m’abordait, je disais (avant même le début de la sollicitation) No gracias (non merci), ce qui était généralement suffisant à éloigner cette personne.

Ce refus est encore plus expéditif dans le cas des Cubaines à la recherche d’un mari puisqu’elles sont moins insistantes. Ces filles n’ont pas l’air de prostituées. Elles ressemblent plutôt à une voisine de palier.

Au dernier soir de ma visite, alors que je rentrais faire mes bagages, celle qui m’a abordé près du restaurant Floridata était de toute beauté; parfaitement maquillée, particulièrement jolie, elle avait l’air d’une vedette de cinéma. Elle est venue directement à moi en m’abordant vers l’arrière, du côté gauche. Dès que j’ai entendu son Ola, je me suis retourné pour lui répondre mon No gracias coutumier. Mais en la voyant, j’ai perdu tous mes moyens et j’ai finalement baragouiné mon refus (presqu’en bégayant) alors qu’une voix intérieure me disait : Mais tu es fou : regarde-là…

En acceptant cette sollicitation, le pire qui peut vous arriver, c’est qu’elle vous amène dans un petit bar peu fréquenté où un barman complice vous chargera vos consommations à un prix excessif. Mais vous pourriez juger que cela vaut le prix d’une escorte, dans le cas où vous apprécieriez sa présence.

Le troisième type de sollicitation, ce sont tous ces guides ou gardiens de musée qui créeront des interdits factices (pas le droit de photographier ceci ou pas le droit d’entrer là) dans l’unique but de vous offrir le privilège de les transgresser, à la suite de quoi ils vous demanderont une petite contribution pour leur femme qui vient d’avoir un bébé et qui…

La bouffe

La Havane n’est pas une capitale gastronomique. La restauration y est très abordable mais toutes les viandes y sont hyper-cuites. Attendez-vous à avoir des fibres sèches de poisson, de poulet ou de bœuf entre les dents à l’issue des repas.

Mais contrairement à Prague — où on mange tout aussi mal — il n’y a pas de cure-dents aux tables. Donc vous devez absolument apporter votre soie dentaire dans la capitale cubaine et, préférablement, l’apporter avec vous lorsque vous visitez la ville. J’ai utilisé pendant trois jours le même dernier 20 cm de soie dentaire que je conservais précieusement.

À l’occasion, vous trouverez un endroit où on mange bien. Retournez-y le plus souvent possible et ne perdez pas votre temps à chercher mieux. Durant mon voyage à La Havane, j’ai perdu trois kilos, ce qui ne m’est jamais arrivé dans mes voyages précédents.

Si vous voyagez en groupe, vous avez de bonnes chances d’expérimenter la lenteur du service dans certains restaurants cubains. À moins que l’arrivée de votre autobus au restaurant ait été prévue dans le plan quinquennal du Parti communiste cubain, il est possible que le personnel ne soit pas plus nombreux qu’entre les repas pour faire face à cette affluence.

Je n’ai connu cette lenteur qu’à une seule occasion, probablement parce que la serveuse m’avait oublié. Durant mon voyage, je n’ai jamais hésité, à la fin du repas, à prendre mon assiette et à l’apporter à la caisse pour régler l’addition.

Rappelez-vous que dans un pays communiste, il n’y a pas (théoriquement) de maitres, ni de valets. Donc si votre serveuse est occupée à regarder des vidéos musicaux à la télévision depuis quinze minutes, ne vous impatientez pas contre elle. Si vous voyagez seul ou en couple, faites comme moi. À la caisse, si vous prenez la peine de laisser un généreux pourboire (15 à 20%, sur une addition minime de 4 à 8 pesos), votre brusquerie sera pardonnée. Dans tous les cas où j’en ai fait l’expérience, le personnel semblait amusé de voir un touriste agir de la sorte.

Le bruit

La Havane est une ville grouillante d’activités. Et cette animation s’exprime par le bruit. Lorsqu’on marche dans une rue non-commerciale, si on n’entend pas la radio ou la télévision jouée à tue-tête, c’est que les propriétaires sont absents, décédés, ou qu’ils écoutent clandestinement la télévision américaine.

Tout comme chez nous, les maisons possèdent une sonnerie électrique. Mais à La Havane, elle ne fonctionne pas. On a donc l’habitude de crier le nom de l’habitant lorsqu’on veut entrer chez lui. On pourrait cogner à la porte si on était certain de pouvoir couvrir le son de la télévision. Donc on crie. Et si on est présent, on ouvre ses volets et on crie à l’invitée de bien vouloir entrer, comme dans un bon film italien.

Chaque jour de semaine, les vendeurs de fruits et légumes — ognons, ail, tomates, ignames ou malanga, piments, avocats et plantains — les aiguiseurs de couteaux, et autres petits métiers ambulants annoncent leur service en criant dans les rues étroites de la ville.

À l’aller ou au retour de l’école, les écoliers se chamaillent.

Et tous les conducteurs de voitures klaxonnent pour dire aux piétons de se tasser à leur passage.

Le soir, les ados s’agglutinent devant l’entrée d’un ami pour discuter et passer le temps au son de la musique.

Bref, c’est bruyant. Mais la vie est bruyante. Pour les gens allergiques au bruit, rien de mieux qu’une petite place au Cimetière Christophe-Colomb : la vue du marbre de Carrare y est splendide.

L’argent

À l’exception de la location de chambre dans les grands hôtels, les cartes de crédit ne sont acceptées nulle part à La Havane. Tout se fait en argent comptant. Puisqu’on ne peut pas se procurer de l’argent cubain à l’extérieur de ce pays, il vous faudra apporter des devises étrangères.

L’argent américain est l’objet d’une surtaxe de 10% et l’argent canadien n’est pas disponible dans tous les bureaux de change. Il est donc préférable d’apporter autant d’euros que vous pourriez avoir besoin durant votre séjour.

À votre arrivée à l’aéroport, aux bureaux de change de la ville, et à l’aéroport en quittant le pays, vous aurez l’occasion d’échanger vos euros pour de l’argent cubain ou vice-versa.

Cuba a deux monnaies différentes : la Monnaie Nationale (ou MN, destinée au peuple cubain) et le Peso convertible (ou CUC, pour les touristes). Cette dernière vaut 24 fois plus que la précédente. De nombreux produits n’ont qu’un seul prix (à l’épicerie, notamment), ce qui veut dire que vous paierez 24 fois le prix que paie un Cubain. Sachez que c’est un mode de redistribution de la richesse. Mais cela oblige les petits commerçants à maintenir deux comptabilités parallèles.

Ceci étant dit, même 24 fois plus cher, vivre dans la capitale cubaine est économique.

Le détail de mes dépenses pour ce voyage de trois semaines à La Havane est le suivant :
Assurance-maladie : 85 €
Transport aérien : 500 €
Hébergement (21 nuits) : 491 €
Œuvres d’Art : 78 €
Souvenirs : 12 €
Sept spectacles : 109 €
Publication sur le blogue : 80 €
Tout le reste (nourriture, admissions, transport, etc.) : 930 €
Pour un total de 2 295 €.

Cela revient approximativement à 100 € par jour. Pour ce prix, j’ai droit à tous les musées, le transport en taxi à volonté, des groupes de musiciens qui jouent gratuitement dans un grand nombre de restaurants, et une ville où la surveillance policière me protège très bien des malfaiteurs.

Pour les Cubains eux-mêmes, une telle somme représente une fortune puisque le salaire mensuel moyen à Cuba est actuellement d’environ 15 € (19$). Si j’exclus le billet d’avion et l’assurance-maladie, j’ai donc dépensé par jour à La Havane autant que ce qu’un Cubain gagne en moyenne en cinq mois de travail. On comprend donc l’importance de l’industrie touristique pour ce pays.

La vie culturelle

La Havane est une ville extraordinaire. On y trouve un grand nombre de musées, principalement dans la Vieille ville, souvent rudimentaires mais dont quelques-uns sont exceptionnellement riches.

Mais le cœur de la capitale cubaine, ce sont ses bars et ses restaurants à la tombée du jour.

Les Cubains forment un peuple très créatif et cette créativité trouve toute son expression dans la pratique de la musique latino-américaine. Motivés par la nécessité ou le plaisir, beaucoup de Cubains forment de petits ensembles qui jouent le soir dans des restaurants ou des bars, parfois devant aussi peu qu’une poignée de touristes.

Leur savoir-faire est excellent : cette musique coule de source dans leurs veines depuis toujours. Évidemment on peut se lasser de certains classiques qu’on entendra mille fois (Bésame Mucho, notamment), mais il faut comprendre que cette musique est destinée aux touristes. Les Cubains eux-mêmes s’intéressent plutôt aux clips musicaux en espagnol qu’ils voient à la télé et dont certains pourraient devenir ces classiques de demain que les touristes réclameront nostalgiquement.

La capitale cubaine est une des deux ou trois meilleures villes au monde pour voir du ballet. Toutefois, la promotion de la musique classique et du ballet est inexistante à Cuba.

Dans mes guides de voyage, on me parle de cahiers culturels dont je n’ai pas vu un seul exemple durant les trois semaines passées à La Havane.

Aux salles de spectacle, ne croyez pas pouvoir emporter un imprimé de ce qui est prévu durant les jours suivants et ne comptez pas sur un employé pour vous dire ce qui est à l’affiche au-delà de la fin de semaine qui vient. Le reste est une surprise. Si vous êtres chanceux, le programme de la semaine sera affiché près du guichet et vous pourrez le prendre en note ou le photographier.


Pour lire les comptes-rendus du premier ou du deuxième voyage à La Havane, veuillez cliquer sur l’hyperlien approprié.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à La Havane — Sommaire (2e partie) : Les quartiers touristiques

Publié le 24 novembre 2012 | Temps de lecture : 9 minutes

Toutes les grandes métropoles sont bien davantage que la somme de leurs quartiers touristiques : de manière analogue, La Havane est majoritairement constituée de quartiers dont aucun guide de voyage ne parle.

Ceux qui sont jugés dignes d’intérêt se sont développés vers l’ouest, à partir de la Baie de La Havane, le long de la mer (ou pour être plus juste, le long du détroit de Floride).

Ce sont successivement (et chronologiquement) : la Vieille ville, le Prado, le Centro, le Vedado et Miramar. Et le bord de mer a un nom : c’est le Malecón.

La Vieille ville


 
La partie la plus ancienne est donc la Vieille ville. Celle-ci s’est développée à partir de quelques places situées dans la partie orientale du quartier : la Vieille place, la Place de la Cathédrale St-Christophe, la Place St-François-d’Assise et la plus ancienne de toutes, la Place d’Armes. Parmi elles, seulement cette dernière a été végétalisée : toutes les autres sont purement minérales.

Tout comme les bâtisses de Montréal sont postérieures à 1850 — à l’exception de quelques rares immeubles sur la rue Notre-Dame — les immeubles de la capitale cubaine ont généralement été construits après cette date.

À la différence de Montréal, La Havane possède de très nombreux édifices en pierre qui font exception à cette règle et qui remontent, dans certains cas, jusqu’à la fondation de la ville, au début du XVIe siècle.

Autre différence fondamentale : durant la plus grande partie de son histoire, Montréal a été une ville dont le développement économique a été décidé par des Protestants, alors que pour la capitale cubaine, c’était des Catholiques.

Or, les pays catholiques ne redoutent pas l’ornementation — et, dans le cas des pays méditerranéens, l’ornementation ostentatoire — alors que les pays protestants (surtout calvinistes) la jugent futile.

La Havane est donc une ville où les détails architecturaux foisonnent. Et ce, d’autant plus facilement que, comme Prague (mais contrairement à Paris), il s’agit de moulures (facile à reproduire) et non de pierre de taille.

Le quartier le plus riche (du point de vue décoratif) est très certainement celui de la Vieille ville. Mais c’est le quartier le plus endommagé par le temps.

Ses rues en damier sont dans un état lamentable. Le pavé était en briques (comme dans le Vieux-Montréal). Mais au lieu de le réparer au fur et à mesure qu’il s’endommageait, on a préféré le recouvrir d’asphalte de mauvaise qualité qui s’est abîmé encore plus vite. Bref, c’est un mélange de trous plus ou moins comblés de débris de construction, de briques et d’asphalte sur différents niveaux.

Ses rues relativement étroites (5 mètres) sont bordées de maisons qui, restaurées, feront de La Havane la ville la plus extraordinaire et la plus riche d’Amérique latine.

Depuis que le tourisme est devenu une priorité nationale (et la source la plus importante de devises étrangères), les autorités du pays ont investi massivement pour accroitre l’offre touristique, surtout dans la Vieille ville.

C’est donc là qu’on trouve la très grande majorité des musées et des galeries d’Art. La majorité de ces musées sont un peu rudimentaires. Mais d’autres sont exceptionnels, à l’image des œuvres d’Art amassées par les gouverneurs espagnols et, plus tard, par les magnats du sucre et du tabac, notamment.

Si La Havane est très loin d’être une capitale gastronomique, ses restaurants sont le cœur de la vie culturelle de la capitale cubaine.

Le soir, partout on y joue de la musique. Souvent dans un minuscule bar ou dans un petit café, devant une assistance constituée parfois de seulement cinq ou six clients, un orchestre joue de la musique latino-américaine de haut niveau.

Les Cubains sont un peuple très créatif et cette créativité trouve toute son expression dans la pratique musicale.

Le meilleur guide de voyage qui traite de la Vieille ville est celui (en anglais) entièrement consacré à ce quartier : Bermüder L (éditrice). Old Havana in Your Hands – Tourist Guide. Escandon Ediciones. Seville. 2012.

Le Prado


 
Au moment de leur création au début du XIXe siècle, les Champs-Élysées étaient situés dans la périphérie occidentale de l’agglomération parisienne (presque en pleine campagne). Ce fut pareil pour le Prado, construit immédiatement à l’ouest de la Vieille ville.

Dès la destruction des remparts, les familles les plus fortunées de Cuba voulurent se construire un palais sur le Prado, une large promenade bordée de chaque coté par des voies de circulation à sens unique.

Et comme sur le Ring de Vienne, l’État voulu y construire ses immeubles d’apparat, plus précisément le Gran Teatro et le Capitolio (siège du gouvernement à l’époque).

Au sud, le Prado se termine par la fontaine de l’Indienne, entièrement en marbre blanc d’Italie.

C’est avec le Prado que les nouveaux riches de la capitale cubaine ont fait en sorte que la ville s’est entichée du marbre le plus beau et le plus cher au monde, celui de Carrare. C’est à qui en utiliserait le plus : planchers, escaliers, salles de bain, bref on en voit partout dans les palais situés hors de la Vieille ville.

Et lorsqu’un de ces palais s’écroule ou qu’il est ravagé par un incendie, ses magnifiques parquets de marbre sont recyclés. L’escalier qui menait à ma chambre, dans une maison typiquement prolétarienne de la Vieille ville, était en marbre de Carrare, récupéré d’un chantier de démolition.

Mais si les dirigeants du pays ont restauré de nombreux palais de la Vieille ville, le travail ne fait que commencer au Pardo.

Le Palacio de los Matrimonios (soit au Palais des mariages) a retrouvé son éclat d’origine. Lors de ma visite, on terminait le rafraichissement de la façade du Musée de la révolution (dont on s’affairait à nettoyer l’intérieur). Les deux pavillons du Musée des Beaux-Arts ont encore bonne prestance. L’étape suivante semble être le Capitolio (justement fermé pour réparation). L’immense salle de bal du Gran Teatro — dont le sol est en… (devinez quoi) — attend sa restauration.

Pour l’instant, les autres édifices du Prado sont en pauvre état. Toutefois, dès que l’embargo américain sera levé, il est probable que tous les couturiers, bijoutiers et parfumeurs internationaux se battront pour avoir une vitrine le long du Prado et celui-ci redeviendra le quartier luxueux qu’il fut déjà.

Il y plusieurs larges avenues à La Havane mais la voie la plus empruntée (après le Malecón) est le Prado. Parce que la capitale compte beaucoup de vieilles voitures et de vieux autobus (dont le catalyseur a rendu l’âme il y a longtemps), c’est, de loin, l’endroit le plus pollué de la ville. En particulier devant le Gran Teatro, le Prado pue.

Le Centro


 
Le quartier immédiatement à l’ouest du Prado, est le Centro. C’est un quartier populaire dont les rues commerciales sont grouillantes d’activité.

On y trouve peu de sites touristiques. C’est un quartier dont les maisons sont semblables à celles qu’on voit dans la Vieille ville (postérieures à 1850), mais espacées par des rues plus larges et surtout en bien meilleur état.

Et parce que les touristes y vont moins, on y trouve peu de boutiques et de galeries d’Art qui leur sont destinées.

Le Vedado


 
Le Vedado est un beau quartier de La Havane, avec ses rues encore plus larges qu’au Centro, bordées de maisons de style, principalement à un, deux ou trois étages.

En comparaison avec les quartiers dont on a parlé précédemment, ce qui distingue le Vedado, ce sont les arbres. On en trouve évidemment au Prado. Mais dans la Vieille ville, il y en a peu. Et dans le Centro, ils sont concentrés dans des parcs. Toutefois, au Vedado, ils sont tout naturellement le long des rues.

De plus, entre la rue et le trottoir, il y a une bande de terrain (plus ou moins large) recouverte de verdure. Et quand les trottoirs y sont abîmés, c’est à cause des racines des arbres.

On y trouve quelques sites touristiques et le quartier est traversé du nord au sud par deux beaux boulevards plaisants décorés de statues d’héros nationaux.

Miramar


 
Miramar est le quartier « américain » de La Havane; il s’est développé au XXe siècle sous les dictateurs cubains soutenus par Washington.

C’est le quartier des ambassades, principalement concentrées le long d’une même rue. Le reste du quartier est encore plus végétalisé que le Vedado et les rues y sont encore plus larges.

À l’exception des bâtisses officielles, les maisons des rues secondaires font très penser aux maisons des habitants de la Floride. Parce que c’est le quartier touristique le plus récent, c’est celui le moins abîmé par le temps.

Le Malecón


 
Le bord de mer de La Havane, s’appelle Le Malecón. Mais ce n’est pas une plage. Ce rivage est exclusivement rocailleux, balayé par la mer. La baignade y est interdite.

Afin d’aménager cette rive de 12 km de long, on a élevé un mur sur lequel de puissantes vagues viennent frapper. Du côté de la ville, on a remblayé le terrain de manière à ce que le sol soit à la hauteur de ce mur.

Et sur ce remblai, on a créé une voie rapide et un large trottoir sur lequel les Havanais viennent flâner ou pêcher.


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à La Havane — Sommaire (1re partie) : Considérations sanitaires

Publié le 22 novembre 2012 | Temps de lecture : 5 minutes


 
Pour éviter la diarrhée du voyageur, on recommande de ne boire que le contenu de bouteilles d’eau que vous ouvrez vous-mêmes, d’éviter les crudités et les glaçons. Tout cela est très facile à dire mais dans les faits, pour apprécier Cuba, il vous faudra prendre des risques… et les assumer.

Les Mojitos — ces cocktails à base de menthe fraîche, de rhum et de jus de lime — contiennent tous de la glace et de l’eau, deux interdits. À vous de choisir : la sécurité ou le plaisir…

La restauration


 
Comme partout au monde, faites preuve de discernement dans le choix de vos restaurants. Si ce que vous voyez a l’air sale, imaginez ce que vous ne voyez pas…

Dans la photo ci-dessus, les éviers du restaurant Colon (adjacent au Gran Teatro) ne sont pas connectés à l’eau courante.

Et comme presque partout à La Havane, on ne jette pas le papier hygiénique souillé dans la cuvette de la toilette mais plutôt dans la petite poubelle qu’on voit ici dans le coin de la pièce.

La raison, c’est que le papier hygiénique est rare et qu’on utilise souvent du papier journal à cette fin, ce qui bloque les toilettes : donc on prend l’habitude de jeter le papier utilité dans cette poubelle. Celle-ci est évidemment vidée plusieurs fois par jour.

Et comme les journaux du pays publient souvent les discours de Fidel Castro, les Cubains se plaisent à dire que Fidel a visité de bien curieuses parties de son peuple…

La collecte des ordures

Nulle part à La Havane, il n’y a de collecte des ordures aux maisons; les citoyens apportent et déposent leurs déchets dans des bacs placés un peu partout dans la ville.

C’est ce qui explique pourquoi si peu de consommateurs apportent leurs propres sacs réutilisables à l’épicerie : on préfère se voir remettre un sac de plastique neuf qui servira à tapisser l’intérieur des petites poubelles domestiques, dont celle de la toilette (changée, selon le besoin, plusieurs fois par jour).

La diarrhée du voyageur


 
Du côté Est de la baie de La Havane, un peu avant la Fortaleza de San Carlo de la Cabaña, il y une jolie hutte qui offre aux passants du jus de canne à sucre.

La fabrication de cette boisson est fascinante. On insère une tige de canne à sucre dans un broyeur. On en extrait le jus qu’on passe ensuite dans un tamis afin d’en retirer les grosses fibres. Puis on ajoute du jus de lime et de l’eau. Pour l’avoir essayée au seizième jour de mon voyage, je peux vous dire que cette boisson est délicieuse.

Le lendemain, je suis demeuré dans ma chambre parce que je ne me sentais pas très bien. Tôt le surlendemain, j’ai eu une diarrhée foudroyante.

Je ne crois pas que la contamination provienne de la tige de canne à sucre mais plutôt du broyeur qu’on ne désinfecte probablement jamais.

Les moustiques

La crème « Great Outdoors » de Watkins contient 28,5% de DEET. Cette préparation n’est pas trop grasse et conséquemment, ne donne pas l’impression désagréable de se huiler le corps. Mais je n’aime pas les crèmes insecticides.

Cela me déplait d’imaginer que chaque fois que je me touche, mes doigts se couvrent de produits chimiques que j’ingurgiterai après avoir touché un aliment.

Au début, j’appliquais de la crème seulement aux parties du corps à découvert, soit les bras, le cou et la tête (sauf la région buccale).

Mais au Jardin botanique national (visité le quinzième jour de mon voyage), je me suis fait piqué à deux endroits sur le mollet gauche. L’inflammation couvrait une zone d’un diamètre de 1,5 cm. Et sans une puissante crème à la cortisone, je me serais gratté au sang et je n’aurais pas dormi de la nuit.

J’ai cru qu’il s’agissait de morsures de termites puisque je m’étais approché de gros nids de ces insectes dans le but de les photographier.

Mais après deux autres piqures dans la même partie du corps dans les jours suivants — alors que j’étais demeuré en ville — j’en suis venu à la conclusion que je devais appliquer de la crème insecticide également des genoux aux chevilles, même si je portais toujours des pantalons. Résultat : plus aucune nouvelle piqûre pour le restant du voyage.


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à La Havane — Vingt-et-unième jour

Publié le 20 novembre 2012 | Temps de lecture : 7 minutes

Aujourd’hui c’est ma dernière journée à La Havane et j’ai décidé de me faire plaisir.

Sur ma carte détaillée de la ville (publiée par International Travel Maps), il y aurait un jardin botanique à environ trois km au sud du cimetière Christophe-Colomb. J’aimerais y faire de la photographie infrarouge.

Les chauffeurs de taxi officiels à La Havane sont très honnêtes (comme le sont généralement les Cubains eux-mêmes).

Contrairement à ce que disent les guides de voyage, ils n’utilisent que rarement leur compteur. Mais au moment d’embarquer dans leur véhicule, si vous leur demandez à l’avance le prix d’à peu près n’importe quel trajet dans la capitale cubaine, ce sera entre cinq et huit pesos. Pour l’aéroport (situé à plusieurs dizaines de km), ce sera un prix fixe de vingt pesos.

À une seule occasion. j’ai utilisé une de ces vieilles bagnoles américaines, et le prix demandé était compétitif.

Ce dimanche matin, il y a peu de taxis disponibles au Parc central. À une de ces vieilles bagnoles qui font office de taxis, je désigne sur ma carte l’endroit où je désire aller. Combien ? 50 pesos. Je pars à rire. À un autre taxi, c’est 30 pesos. Ce devrait être sept ou huit pesos.

Comme ils semblent s’être passé le mot, je décide de prendre un car d’HabanaBusTour. Celui-ci me transportera dans les environs de ce jardin botanique pour cinq pesos et je ferai le reste en taxi pour cinq autres pesos.

Effectivement, il me débarque au Parque Almendares (ou Parc des amandiers). Ce parc est situé à un km au nord de l’endroit où je désire aller. J’en profite pour visiter ce parc.


 
Le site est ombragé et agréable. Quelques manèges font la joie des enfants. Les adultes peuvent louer un canot afin de naviguer sur la Rivière aux amandiers, sous les ombrelles que les amoureux auront pris soin d’apporter afin de se protéger du soleil et se soustraire aux regards indiscrets.

Je prends un taxi pour effectuer le reste du trajet. Toutefois, pour s’y rendre, le taxi emprunte la rue 49c. Celle-ci longe la Rivière aux amandiers à travers un bois charmant où du lierre omniprésent grimpe aux troncs et tombe en cascade des branches.

Tout y est vert. Même les feuilles mortes au sol sont dissimulées sous un tapis de verdure.

Puisque la 49c ne possède qu’une seule voie dans chaque direction, je n’ose dire au chauffeur de s’arrêter. Mais je crains que le jardin botanique soit moins plaisant à découvrir.

Effectivement, arrivé à destination, il n’y a pas de jardin botanique. À la place, c’est le Parque Forestal (ou Parc forestier). Il s’agit d’une forêt sauvage, sans sentier à emprunter, dans laquelle je devrais marcher péniblement dans les broussailles et surtout, où je risquerais de me perdre.

Je rebrousse donc chemin et entame ma visite du Bosque Almendares. À noter : « bosque » — qui ressemble à bosquet mais signifie plutôt bois — se prononce boké.


 
Ce bois est un des endroits les plus agréables de la ville. Aucun guide de voyage n’en parle pour une simple et bonne raison; ce lieu perdrait tout son charme si des milliers de touristes y venaient quotidiennement.

Ne cherchez pas de meilleur endroit pour oublier le bruit et la pollution de la capitale cubaine.

Sur ses rives, quelques Cubains pèchent à ligne ou au filet. Au moment de ma visite, deux personnes y avaient apporté une poule dans le but de la sacrifier à un rite d’origine africaine. Mais à part eux et un autre promeneur, j’étais seul.


 
Au milieu du bois, le restaurant El Lugar (ce qui signifie Le Lieu) offre une soupe au poulet savoureuse, une tranche de porc délicieuse (accompagnée de riz blanc) et deux petits verres de vin rouge quelconque pour 10,50 pesos.

À l’arrière, des xiphophores nagent dans les bassins d’eau du jardin.

Je reviens ensuite là où j’avais débarqué d’un car d’HabanaBusTour. Après quinze minutes d’attente, j’en prends un autre pour me rendre au Centro Cultural San José. Il s’agit d’une foire d’artisanat aménagée dans les hangars d’anciens quais maritimes.


 
La marchandise qu’on y offre résume à cet endroit tout ce que les boutiques de souvenirs de la ville peuvent offrir. En plus, on trouve de superbes coffrets faits à la main, destinés à entreposer les précieux cigares cubains.

Mais je n’étais pas venu pour cela. Je souhaitais y dépenser les pesos qu’il me reste. Passer des vacances à La Havane, c’est tellement économique qu’on peut se permettre une dernière folie avant de quitter cette ville.

Ma dernière folie devait prendre la forme d’une aquarelle, une sérigraphie ou une eau-forte parmi celles disponibles au fond et sur les côtés de cette foire. Mais elles n’ont pas la qualité de celles qu’on trouve sur la rue Obispo, ni dans les diverses galeries d’Art de la ville. Si bien que je suis revenu avec une chemise en lin à dix pesos.

Je prends le repas du soir sur le Prado : une généreuse assiette de saumon fumé et un expresso, le tout pour huit pesos.


 
Ma dernière chance de dépenser mes pesos était un récital d’havanaises donné par la soprano Johana Simón au Palacio de los Matrimonios (soit au Palais des mariages).

Mais ce concert remarquable est gratuit. La soprano est tantôt une tragédienne, tantôt une soubrette coquine, tantôt une diva qui entonne un air de bravoure à décoiffer un chauve. Le récital d’une heure se termine à 19h. J’en profite pour photographier encore une fois l’intérieur de ce palais merveilleux.


 
Tout près, je visite la nouvelle annexe de l’Hôtel Parque Central. Cette annexe est située à l’arrière de celle qui donne sur le parc. À ma connaissance, c’est le plus bel hôtel de La Havane.

Je me commande un mojito, ce cocktail emblématique de La Havane, à base de rhum, de citron vert (appelé limette au Québec) et de feuilles de menthe fraîche. Des cinq mojitos que j’ai bus au cours de ce voyage, celui-ci est le meilleur. Selon le barman, cela viendrait du rhum très âgé utilisé dans sa fabrication (coût : 4,25 pesos).

Je rentre faire mes valises en vue du départ à 4h du matin pour l’aéroport.

À demain pour un sommaire.

Détails techniques : Lumix GH1 (modifié pour faire de la photographie infrarouge), objectif Lumix 14-45 mm (les deux premières photos), et Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35 mm F/2,8 (les quatre autres photos)
1re photo : 1/60 sec. — F/3,8 — ISO 100 — 17 mm
2e  photo : 1/400 sec. — F/6,3 — ISO 125 — 14 mm
3e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 640 — 22 mm
4e  photo : 1/100 sec. — F/3,2 — ISO 200 — 12 mm
5e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 4000 — 35 mm
6e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1600 — 27 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à La Havane — Vingtième jour

Publié le 18 novembre 2012 | Temps de lecture : 4 minutes


 
À deux jours de mon départ, je crois avoir vu à peu près toutes les attractions touristiques de la ville. Afin de récapituler le tout et de voir si j’ai oublié quelque chose, je prends un car d’HabanaBusTour, c’est-à-dire un de ces autobus qui effectuent en boucle un circuit des attractions majeures de la ville. Tarif : cinq pesos.

L’autobus se rend un peu plus loin que l’Aquarium national, dans le quartier de Miramar. Sur le chemin du retour, je vois le Parque Zoológico (littéralement, le Parc zoologique). L’ayant aperçu au dernier moment, je débarque à l’arrêt suivant, deux km plus loin.

En me rendant au zoo, je rencontre un cimetière chinois. Contrairement au Cimetière Christophe-Colomb — dont les sépultures sont presque toutes en marbre blanc importé d’Italie — celles de ce cimetière-ci sont en matériaux plus pauvres.

La plupart des tombes ressemblent à des cercueils rectangulaires blancs déposés sur le sol, chapeautés d’une mince pierre tombale.


 
L’admission au zoo est de deux pesos. Il héberge une bonne variété d’animaux. Mais il est mal entretenu.

Les alligators et crocodiles préfèrent se reposer sur l’herbe que de nager dans l’eau verte et opaque à leur disposition. Le postérieur de certains singes est taché de matières fécales. Les cages des gros oiseaux sont moches. Bref, tout semble gris et poussiéreux.

Mais les enfants s’y amusent et le zoo dispose de quelques manèges qui font la joie les petits.

Vers 16h, je prends un taxi pour la Place St-François-d’Assise puisque je me rappelle qu’un concert de musique classique se donne à tous les samedis soirs dans l’église du même nom, à 17 ou 18h.

En fin de compte, c’est à 18h. Il est 16h45 : j’ai donc 1h15 pour prendre le repas du soir.

Je me rends au Jardin del Oriente, à quelques pas. Mais 50 minutes après y avoir mis les pieds, je n’ai reçu que ma soupe. Je prends l’initiative d’approcher un responsable pour lui signaler que j’ai un concert qui commence dans 20 minutes.

Cette intervention est fructueuse : sept minutes plus tard, on m’apporte le mets principal que je dévore rapidement. Une soupe, un steak de porc (délicieux et cuit à point) et un verre de vin : 6,6 pesos.


 
Ce soir, c’est le concert de clôture du 10e Festival national de musique de chambre. À l’affiche : le Trio Rachmaninov (de Moscou) interprète le Trio en mi bémol majeur de Franz Schubert et le Trio No 2 (dit élégiaque) en ré mineur de Rachmaninoff.


 
À la fin de la représentation, j’en profite pour revoir les quelques œuvres religieuses exposées dans cette ancienne église (c’est maintenant une salle de concert).

Cette exposition, vue au 4e jour de ma visite à La Havane, m’avait laissé indifférent. Étrangement, avec l’éclairage du soir, les œuvres exposées dans l’église m’ont davantage plu cette fois-ci.

Ci-dessus, il s’agit d’un crucifix du XVIIIe siècle, en ivoire, créé à Madère. Il mesure environ 25 cm.


 
N’ayant pas pris de repas du midi aujourd’hui et ayant sauté le dessert au souper, je décide d’aller prendre une tasse de chocolat chaud au Musée du chocolat, sur la rue Mercaderes.

En m’y rendant, je visite la Casa del Bonsai, que je n’avais pas encore vue, également située sur la même rue. Cette boutique offre un bel assortiment de ces arbres miniatures.

Après le chocolat (qui termine très bien la journée), c’est la rentrée pour transférer mes photos dans mon netbook et faire dodo.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35 mm F/2,8 (première et dernière photos) et objectif M.Zuiko 40-150 mm R (les trois autres photos)
1re photo : 1/320 sec. — F/6,3 — ISO 200 — 12 mm
2e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 500 — 150 mm
3e  photo : 1/100 sec. — F/4,1 — ISO 1250 — 40 mm
4e  photo : 1/200 sec. — F/5,0 — ISO 5000 — 92 mm
5e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 5000 — 21 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à La Havane — Dix-neuvième jour

Publié le 17 novembre 2012 | Temps de lecture : 5 minutes

Aujourd’hui, c’est ensoleillé avec passage nuageux. Le ciel se couvrira en après-midi et il pleuvra très légèrement vers 16h.

Pour les Havanais, le 16 novembre est un jour particulier : c’est l’anniversaire de la fondation de la ville en 1519, commémoré de nos jours de deux manières distinctes.

Au Templete, une longue file d’attente s’étend sur tout un côté de la Place d’Armes. Chaque personne viendra faire trois fois le tour d’un fromager qui se dresse à deux mètres de celui à l’ombre duquel une première messe a été dite en 1519.

À la cathédrale St-Christophe, une file presque aussi longue remplit le côté gauche de la nef. Une estrade aménagée spécialement permet à chaque personne de toucher les pieds et de se recueillir quelques instants devant la statue de Saint Christophe, au fond du transept de gauche.

Puis je prends le taxi pour le Musée national des arts décoratifs, malheureusement fermé.


 
En rebroussant chemin pour visiter une petite église aperçue en taxi, je passe devant l’Alliance française de Cuba. On y donne des conférences et y monte des expositions. Un casse-croute dessert un patio situé à l’arrière.

Sur un babillard, on recrute de jeunes Cubains francophones afin de monter un spectacle marquant le lancement d’un nouveau CD de Mireille Mathieu (célébrant le 50e anniversaire de la mort d’Édith Piaf).

Sur le même babillard, on offre en vente (en espagnol) une Peugeon (sic) en bonne condition… de roulement si c’est une voiture, ou de vol si c’est un oiseau.


 
À deux rues se trouve la Maison de l’Union nationale des écrivains et artistes de Cuba. C’est un endroit charmant, baigné de verdure, dont l’escalier en tire-bouchon est décoré d’un très beau vitrail Art nouveau.


 
Je suis nul dans les danses latines. Et c’est parce qu’il a peu de sites touristiques dans le Vedado (un quartier agréable par ailleurs) que je me suis résigné à visiter le Museo de la Danza, à cinq rues de l’Alliance française.

Surprise : ce musée est entièrement consacré au ballet. On y trouve des chorégraphies notées — puisque le ballet possède son propre système de notation — des programmes originaux qui ont marqué l’histoire de cette discipline, des costumes, des photos dédicacées des plus grands danseurs du XXe siècle, des affiches, des croquis de décors et de costumes, des coiffes de la ballerine et chorégraphe Alicia Alonso, et les décorations et honneurs que celle-ci a reçus (dont le titre d’officier de la Légion d’honneur, en 2003).

Je soupçonne que la cécité dont est affligée Mme Alonso l’aurait convaincu de se départir de ses trésors personnels en vue de la création de ce musée.


 
Quatre rue plus au nord, est situé l’Hôtel Riviera, un des hauts-lieux de la pègre cubaine avant la Révolution.

L’hôtel a assez bien vieilli. J’y prends un club-sandwich (excellent) pour moins de quatre pesos convertibles.

À proximité, je visite les Galerias de Paseo (soit les Galeries de la promenade), le premier endroit de La Havane où je vois que la marchandise est en libre-service.

Jusqu’ici, tout ce que j’ai vu, ce sont des magasins où la marchandise est derrière un comptoir (à l’exception des gros électro-ménagers).

Afin de permettre aux clients d’observer cette marchandise de près et d’en savoir le prix sans avoir à le demander, le comptoir qui sépare le client du vendeur est généralement vitré et montre un exemplaire de chaque produit.

Aux Galerias de Paseo, ce n’est pas le cas. Le choix semble relativement varié mais la marchandise est essentiellement bas-de-gamme.

En face, je visite l’hôtel Meliá Cohiba, ouvert en 1995. En dépit de la jeunesse relative de l’édifice, le revêtement extérieur de l’hôtel — en ciment de mauvaise qualité — a été endommagé par l’air salin du détroit de Floride.

Cela est dommage puisqu’on a, au contraire, mis beaucoup de soin à aménager le lobby plutôt luxueux de cet hôtel.

Sur le chemin du retour, je visite l’église Ste-Catherine-de-Sienne avant de m’engouffrer dans un taxi pour la maison (où mes hôtes me reçoivent à souper).

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35mm F/2,8
1re photo : 1/320 sec. — F/6,3 — ISO 200 — 21 mm
2e  photo : 1/200 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 15 mm
3e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1250 — 12 mm
4e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 2000 — 19 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à La Havane — Dix-huitième jour

Publié le 16 novembre 2012 | Temps de lecture : 4 minutes

Aujourd’hui, le temps est gris. Une fine pluie tombera de manière intermittente.


 
La journée commence par une visite du Gran Teatro. Pour y avoir assisté à plusieurs spectacles de ballet, j’en connais déjà la salle principale, relativement sobre, qui contraste avec l’extérieur exubérant de l’édifice.

Essentiellement, la visite guidée permet de voir en plus la grande Salle de bal qui, malgré qu’elle soit un peu défraîchie, a conservé beaucoup de son panache.


 
La rumeur courait déjà mais en me rendant à l’hôtel Saratoga pour acheter un billet, c’est officiel : la Manufacture royale de cigares Partagás a cessé ses opérations pour une période indéfinie.


 
Puis je remonte le Prado afin de visiter un de ses rares édifices ouverts au public, soit le Palacio de los Matrimonios (la Palais des mariages), érigé en 1914.

Récemment restauré, le palais a retrouvé une splendeur originellement partagée par un bon nombre d’édifices construits le long du Prado et qui explique le prestige autrefois attaché à cette promenade.


 
À deux rues, dans le quartier du Centro, je visite ensuite le Musée José Lezama Lima, consacré à cet écrivain, et situé là où il demeura pendant 49 ans.

Le musée permet de visiter un appartement typique de l’époque, avec ses murs blancs et son mobilier d’origine en bois foncé. Mais ce lieu a ceci de particulier : on y a conservé la majorité des œuvres d’art que l’auteur collectionna, offrant ainsi une mini-rétrospective de l’art cubain moderne.

J’en profite pour arpenter deux rues commerciales typiques du quartier du Centro, soit la rue piétonne San Rafael et l’avenue Simon-Bolivar (ou avenue de la Reine).


 
Devant l’Iglesia de Sagrado Corazón de Jesus (ou église du Sacré-Coeur), une foule se presse devant un magasin. Se frayant un chemin, des clientes en sortent avec une ou plusieurs douzaines d’oeufs.


 
La plupart du temps, les taxis que j’empruntais pour revenir des quartiers du Centro et du Vedado passaient sur l’avenue Simon-Bolivar et donc, devant l’église du Sacré-Cœur. Or celle-ci n’est jugée digne d’intérêt par aucun des deux guides de voyages que j’ai amenés avec moi.

Par curiosité, j’y suis allé. Quelle surprise; c’est une des deux plus belles églises que j’ai vues jusqu’ici à La Havane.

Couronnant les colonnes, les chapiteaux décrivent des scènes bibliques taillées dans une pierre noire. Et surtout, cette église possède des vitraux remarquables.


 
Doté d’une maîtrise exceptionnelle du clair-obscur, le créateur des vitraux utilise la couleur pour disposer les personnages sur différents plans : les sujets principaux, toujours au premier plan, sont dotés d’une riche palette de couleurs saturées, alors que les personnages secondaires se perdent derrière eux dans la grisaille.


 
Puis je saute dans un taxi pour me rendre à l’université.
Dans la partie centrale du campus, les pavillons de style néo-classique sont assez près les uns des autres, regroupés autour d’un îlot de verdure. Je ne suis pas certain que ce soit tout à fait une attraction touristique.


 
Au début du quartier de Vedado se trouve le Museo Napoleónico, installé dans une magnifique villa de style florentin construite en 1928. On y présente la collection extraordinaire amassée par Julio Lobo, un magnat du sucre et un fervent admirateur de l’empereur.

Parmi des meubles français et italiens de style empire, on trouve, entre autres, une montre de poche ayant appartenue à Napoléon, une de ses dents, une mèche de cheveux, et l’original de son masque mortuaire.

Dans le cas du masque, le dernier médecin de l’empereur, le Corse Francesco Antommarchi, a pris sa retraite dans la capitale cubaine, emportant dans ses bagages son précieux trésor (qui fut acquis par Lobo quelques années plus tard).

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35mm F/2,8
1re photo : 1/640 sec. — F/8,0 — ISO 200 — 35 mm
2e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 23 mm
3e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1600 — 12 mm
4e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 5000 — 12 mm
5e  photo : 1/320 sec. — F/5.6 — ISO 200 — 25 mm
6e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 2500 — 22 mm
7e  photo : 1/160 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 23 mm
8e  photo : 1/200 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 20 mm
9e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1250 — 12 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à La Havane — Seizième et dix-septième jours

Publié le 15 novembre 2012 | Temps de lecture : 6 minutes

Depuis mon arrivée à La Havane, il a plu une nuit. Aujourd’hui il pleuvra cet avant-midi alors que le reste de la journée sera partiellement nuageux. Au programme : les deux forts construits à l’Est de la Vieille ville, de l’autre côté de la baie.

Fondée en 1519, La Havane devint le port le plus important d’Amérique dans les décennies qui suivirent.

À l’origine, c’était simplement une base logistique pour la conquête du continent. Mais à partir du moment où les Espagnols pillaient les richesses du Nouveau monde pour les ramener en Espagne, La Havane prit une importance stratégique.

En effet, sur le chemin du retour, les convois en provenance du Mexique et du Pérou passaient par le golfe de Floride et s’arrêtaient dans cette ville à chaque printemps pour y faire provision avant d’entamer leur traversée de l’Atlantique.

Cela attira la convoitise des pirates. En 1555, la ville fut pillée par le corsaire français Jacques de Sores.

Conséquemment, en 1577, on édifia le Castillo de la Real Fuerza (le Château de la force royale). En 1586, ce fort fut suffisant pour protéger la ville des attaques de l’Anglais Francis Drake.

Mais on pouvait bombarder la ville de la rive opposée. Consciente du danger, l’Espagne prit alors les grands moyens. De 1589 à 1630, la couronne espagnole ajouta deux forts supplémentaires, un de chaque côté de l’entrée de la baie de La Havane.

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Du côté de la ville, c’était le Castillo de San Salvador de la Punta (ou Château Saint-Sauveur de la pointe, fermé au public) et de l’autre côté de la rive, le Castillo de los Tres Reyes del Morro (ce qui signifie le Château des trois rois du promontoire). C’est ce dernier qu’on aperçoit en fin de journée, vu du Malecón.


 
Il ne semble pas que le Castillo de los Tres Reyes del Morro possède une entrée principale accessible par un pont-levis. L’accès se fait par une petite porte qu’on peut voir dans le coin inférieur gauche de la photo ci-dessus. À droite, ce sont les étals des marchands d’artisanat et de souvenirs.


 
Je présume donc que les canons ont été hissés dans le fort par un système de poulies.


 
De nos jours, ces canons sont recouverts d’une gaine métallique peinte en noir qui masque la rouille sous-jacente. Cette rouille a fait gonfler le métal et rendu les canons inopérants.


 
À l’origine, les canons pointaient dans toutes les directions afin de protéger la ville d’attaques de toutes parts.

Puisqu’il n’y avait pas de système d’égouts, des cabinets d’aisance sont aménagés sur les remparts, de manière à ce que les déjections tombent à l’extérieur du fort.

On prenait vite l’habitude de faire ses besoins assis puisque le vent du large a tendance à remonter par l’ouverture de ces cabinets et à asperger le visage du soldat qui urinerait debout (ce qui m’est arrivé).

Le tarif de l’admission au château est le même pour les touristes (en pesos convertibles) que pour les Cubains (en monnaie nationale). Puisque celle-ci vaut 24 fois moins, les Cubains paient donc le 24e.

Dans différentes salles du château, on a aménagé des expositions thématiques : sur l’électrification du phare (ajouté en 1845), sur les expéditions de Christophe Colomb (qui a découvert Cuba en explorant le sud de l’île seulement), sur la conquête anglaise de La Havane en 1762, etc.

En 1761, l’Espagne signait un traité d’alliance avec la France (en guerre avec la Grande-Bretagne depuis 1756). Lorsque l’Espagne entra en conflit armé avec l’Angleterre, l’émissaire qui devait annoncer la nouvelle aux autorités de La Havane fut capturé par les Anglais, si bien que la ville fut totalement prise de surprise le 6 juin 1762, vers 10h du matin, lorsqu’apparut à l’horizon une flotte de plus de 200 vaisseaux anglais équipés de 2292 canons et peuplés de 25 000 soldats. À ce jour, c’était la plus grande flotte de guerre à traverser l’océan Atlantique.

Pour y faire face, La Havane disposait de dix navires, de 1 200 canons et d’une garnison de 10 000 hommes.

L’investissement massif mis en œuvre pour capturer La Havane — qu’on peut comparer avec les ressources beaucoup moindres dont disposait le général Wolfe pour conquérir la ville de Québec — illustre l’importance stratégique de la capitale cubaine à l’époque.

L’année suivante, un traité de paix signé entre l’Espagne et l’Angleterre redonnait Cuba aux Espagnols en échange de la Floride (colonie espagnole jusque-là).

Parmi les moyens de renforcer les défenses de La Havane, les Espagnols décidèrent de protéger la ville d’un mur de 1,4 mètre d’épaisseur, de dix mètres de haut et de 4,8 km de long.


 
De plus, dès la fin de l’occupation anglaise et ce, jusqu’en 1774, on construisit une deuxième forteresse du côté opposé de le baie, soit la Fortaleza de San Carlo de la Cabaña. Celle-ci est construite sur le promontoire de Cabaña, duquel les Anglais avaient bombardé le Castillo de los Tres Reyes del Morro et la ville.


 
Cette forteresse est immense, mesurant 0,7 km par 2,3 km. À chaque soir à 21h, des fantassins costumés aux couleurs de l’Espagne tirent un coup de canon. Originellement, cette coutume visait à annoncer la fermeture des portes de la ville.

Pendant la période coloniale, la forteresse servit de baraquement pour quelques milliers de soldats. Ce fut une prison et un lieu de torture avant la révolution et finalement, le quartier-général de Che Guevara.


 
De nos jours, on y trouve deux restaurants (complètement déserts au moment de ma visite), un exposition d’armes et armures, une chapelle, quelques missiles russes, un minuscule musée de la torture, et un musée dédié à Che Guevara (photo de son bureau ci-dessus).

Après avoir marché tout cela, le lendemain (17e jour du voyage) fut une journée complète de repos, occupée à dormir et à rédiger le présent texte tout en mangeant de la crème glacée.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 40-150 mm R (première photo) et objectif Lumix 12-35 mm F/2,8 (les autres photos)
1re photo : 1/640 sec. — F/9,0 — ISO 200 — 96 mm
2e  photo : 1/320 sec. — F/6,3 — ISO 200 — 14 mm
3e  photo : 1/500 sec. — F/7,1 — ISO 200 — 26 mm
4e  photo : 1/250 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 12 mm
5e  photo : 1/500 sec. — F/7,1 — ISO 200 — 29 mm
6e  photo : 1/500 sec. — F/7,1 — ISO 200 — 24 mm
7e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 16 mm
8e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 17 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à La Havane — Quinzième jour

Publié le 13 novembre 2012 | Temps de lecture : 5 minutes

Au cours de mes préparatifs en vue de ce voyage pour La Havane, j’avais voulu voir un film cubain qui avait connu un grand succès international dans les années 1970, soit « Fraises et chocolat ». Or ce film n’a jamais été réédité en DVD ou s’il l’a été, est épuisé et est devenu introuvable sur l’internet.


 
Ce matin je suis allé dans deux magasins afin de voir s’il serait disponible dans la capitale cubaine. L’un de ces deux magasins est « La Moderna Poesia », situé dans un imposant édifice Art déco de la rue Obispo.

Les vitrines du magasin annoncent qu’on y vend livres, CD et DVD. En réalité, l’intérieur, assez vaste, est presque vide. Parmi la marchandise disponible, il n’y a pas ce film.

J’en profite pour acheter plutôt le CD « Vincentico Valdés y su Orquesta » dans la série « Les voix du siècle » à 3 pesos (le prix fixe pour les enregistrements cubains), et le CD du « Stabat Mater » de Pergolèse, dirigé par Vincent Dumestre à 2,15 pesos (le prix fixe pour les œuvres classiques enregistrés par des groupes étrangers).


 
Je prends le repas du midi au restaurant El Floridita. C’était l’endroit préféré de l’écrivain américain Esnest Hemingway lors de ses séjours dans la capitale cubaine.

Si vous cliquez sur la photo ci-dessus afin de voir la version à haute résolution, le monsieur qui semble parler à la dame en rose au centre de l’image, c’est une statue de bronze de l’écrivain.

Puis je prends le taxi pour me rendre au Jardin botanique national, situé à quelques dizaines de km de la capitale. La course en taxi monte à 20 pesos convertibles. Le chauffeur m’offre de revenir me chercher à la fermeture, à 16h30.

Le guide de voyage de l’éditeur Ulysse consacré à La Havane mentionne que ce jardin botanique est ouvert tous les jours. Toutefois, à notre arrivée, mauvaise nouvelle : il n’est ouvert que du mercredi au dimanche (nous sommes un lundi). En somme, c’est fermé.

Mais on m’offre de me permettre de visiter le Jardin botanique quand même, accompagné pendant deux heures d’une guide parlant anglais, sans frais supplémentaire autre que le coût de l’admission, soit 4 pesos. Et plutôt que de retourner à La Havane et de revenir à 16h30, le chauffeur m’attendra.

À noter : lorsque vous dites aux Cubains « Je me sens traité comme un roi », ils ne réagissent pas. Mais si vous leur dites « Je me sens traité comme Fidel Castro », ils partent à rire.

Mais revenons au jardin botanique. Créé à l’initiative justement de Fidel Castro, il accueille une grande variété de plantes tropicales et subtropicales de différents continents.


 
La visite débute par les serres. Celles-ci sont de forme triangulaire et ne sont pas fermées. Si elles l’étaient, au gros soleil, la température intérieure serait étouffante.

Elles font partie de ce mouvement architectural révolutionnaire cubain qui consistait à repenser l’architecture moderne, parfois totalement inadapté au climat tropical ou subtropical.


 
Ce jardin botanique couvre 6 km², dont une bonne partie est occupée par deux forêts : de pins et de palmiers. Dans cette dernière, entre autres, on trouve une variété de palmier royal natif de Cuba, d’apparence identique à l’espèce floridienne, mais beaucoup plus résistante.

Le jardin héberge un exemplaire de la faune originelle de Cuba, avant sa transformation sous l’effet de l’agriculture coloniale. Tout comme celui de Vienne, le Jardin botanique national est dirigé par des chercheurs universitaires.

Il y a très peu de fleurs (et conséquemment peu de papillons). Celles qui y poussent suffisent à nourrir une petite colonie d’oiseaux-mouches.

À l’heure convenue, mon taxi m’attend. Nous partons alors pour un lieu entièrement minéral, soit la Place de la Révolution.


 
Celle-ci est dominée par le Monument à José Martí (1853-1895), écrivain et poète national dont les écrits ont nourri la Révolution cubaine. La tour de 140 mètres sert également de relai pour les communications et de perchoir à de grands oiseaux.


 
La place est entourée de différents édifices publics : au Nord par les bureaux du redoutable ministère de l’Intérieur (ci-dessus), à l’Ouest par le Théâtre national (fermé pour rénovation), et à l’Est par deux immeubles : celui du ministère de la Défense et celui de la Bibliothèque nationale (dont le vestibule contient une petite exposition de livres anciens et où se trouve également l’original de l’attestation médicale du décès de Napoléon Bonaparte).

Détails techniques : Lumix GH1 (transformé pour prendre des photos infrarouges), objectif Lumix 14-45 mm (3e et 4e photos), Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35 mm F/2,8 (les autres photos)
1re photo : 1/400 sec. — F/7,1 — ISO 200 — 12 mm
2e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 3200 — 12 mm
3e  photo : 1/40 sec. — F/5,2 — ISO 100 — 29 mm
4e  photo : 1/250 sec. — F/7,1 — ISO 200 — 29 mm
5e  photo : 1/500 sec. — F/8,0 — ISO 200 — 27 mm
6e  photo : 1/640 sec. — F/8,0 — ISO 200 — 31 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel