Voyage à La Havane — Vingt-et-unième jour

Publié le 20 novembre 2012 | Temps de lecture : 7 minutes

Aujourd’hui c’est ma dernière journée à La Havane et j’ai décidé de me faire plaisir.

Sur ma carte détaillée de la ville (publiée par International Travel Maps), il y aurait un jardin botanique à environ trois km au sud du cimetière Christophe-Colomb. J’aimerais y faire de la photographie infrarouge.

Les chauffeurs de taxi officiels à La Havane sont très honnêtes (comme le sont généralement les Cubains eux-mêmes).

Contrairement à ce que disent les guides de voyage, ils n’utilisent que rarement leur compteur. Mais au moment d’embarquer dans leur véhicule, si vous leur demandez à l’avance le prix d’à peu près n’importe quel trajet dans la capitale cubaine, ce sera entre cinq et huit pesos. Pour l’aéroport (situé à plusieurs dizaines de km), ce sera un prix fixe de vingt pesos.

À une seule occasion. j’ai utilisé une de ces vieilles bagnoles américaines, et le prix demandé était compétitif.

Ce dimanche matin, il y a peu de taxis disponibles au Parc central. À une de ces vieilles bagnoles qui font office de taxis, je désigne sur ma carte l’endroit où je désire aller. Combien ? 50 pesos. Je pars à rire. À un autre taxi, c’est 30 pesos. Ce devrait être sept ou huit pesos.

Comme ils semblent s’être passé le mot, je décide de prendre un car d’HabanaBusTour. Celui-ci me transportera dans les environs de ce jardin botanique pour cinq pesos et je ferai le reste en taxi pour cinq autres pesos.

Effectivement, il me débarque au Parque Almendares (ou Parc des amandiers). Ce parc est situé à un km au nord de l’endroit où je désire aller. J’en profite pour visiter ce parc.


 
Le site est ombragé et agréable. Quelques manèges font la joie des enfants. Les adultes peuvent louer un canot afin de naviguer sur la Rivière aux amandiers, sous les ombrelles que les amoureux auront pris soin d’apporter afin de se protéger du soleil et se soustraire aux regards indiscrets.

Je prends un taxi pour effectuer le reste du trajet. Toutefois, pour s’y rendre, le taxi emprunte la rue 49c. Celle-ci longe la Rivière aux amandiers à travers un bois charmant où du lierre omniprésent grimpe aux troncs et tombe en cascade des branches.

Tout y est vert. Même les feuilles mortes au sol sont dissimulées sous un tapis de verdure.

Puisque la 49c ne possède qu’une seule voie dans chaque direction, je n’ose dire au chauffeur de s’arrêter. Mais je crains que le jardin botanique soit moins plaisant à découvrir.

Effectivement, arrivé à destination, il n’y a pas de jardin botanique. À la place, c’est le Parque Forestal (ou Parc forestier). Il s’agit d’une forêt sauvage, sans sentier à emprunter, dans laquelle je devrais marcher péniblement dans les broussailles et surtout, où je risquerais de me perdre.

Je rebrousse donc chemin et entame ma visite du Bosque Almendares. À noter : « bosque » — qui ressemble à bosquet mais signifie plutôt bois — se prononce boké.


 
Ce bois est un des endroits les plus agréables de la ville. Aucun guide de voyage n’en parle pour une simple et bonne raison; ce lieu perdrait tout son charme si des milliers de touristes y venaient quotidiennement.

Ne cherchez pas de meilleur endroit pour oublier le bruit et la pollution de la capitale cubaine.

Sur ses rives, quelques Cubains pèchent à ligne ou au filet. Au moment de ma visite, deux personnes y avaient apporté une poule dans le but de la sacrifier à un rite d’origine africaine. Mais à part eux et un autre promeneur, j’étais seul.


 
Au milieu du bois, le restaurant El Lugar (ce qui signifie Le Lieu) offre une soupe au poulet savoureuse, une tranche de porc délicieuse (accompagnée de riz blanc) et deux petits verres de vin rouge quelconque pour 10,50 pesos.

À l’arrière, des xiphophores nagent dans les bassins d’eau du jardin.

Je reviens ensuite là où j’avais débarqué d’un car d’HabanaBusTour. Après quinze minutes d’attente, j’en prends un autre pour me rendre au Centro Cultural San José. Il s’agit d’une foire d’artisanat aménagée dans les hangars d’anciens quais maritimes.


 
La marchandise qu’on y offre résume à cet endroit tout ce que les boutiques de souvenirs de la ville peuvent offrir. En plus, on trouve de superbes coffrets faits à la main, destinés à entreposer les précieux cigares cubains.

Mais je n’étais pas venu pour cela. Je souhaitais y dépenser les pesos qu’il me reste. Passer des vacances à La Havane, c’est tellement économique qu’on peut se permettre une dernière folie avant de quitter cette ville.

Ma dernière folie devait prendre la forme d’une aquarelle, une sérigraphie ou une eau-forte parmi celles disponibles au fond et sur les côtés de cette foire. Mais elles n’ont pas la qualité de celles qu’on trouve sur la rue Obispo, ni dans les diverses galeries d’Art de la ville. Si bien que je suis revenu avec une chemise en lin à dix pesos.

Je prends le repas du soir sur le Prado : une généreuse assiette de saumon fumé et un expresso, le tout pour huit pesos.


 
Ma dernière chance de dépenser mes pesos était un récital d’havanaises donné par la soprano Johana Simón au Palacio de los Matrimonios (soit au Palais des mariages).

Mais ce concert remarquable est gratuit. La soprano est tantôt une tragédienne, tantôt une soubrette coquine, tantôt une diva qui entonne un air de bravoure à décoiffer un chauve. Le récital d’une heure se termine à 19h. J’en profite pour photographier encore une fois l’intérieur de ce palais merveilleux.


 
Tout près, je visite la nouvelle annexe de l’Hôtel Parque Central. Cette annexe est située à l’arrière de celle qui donne sur le parc. À ma connaissance, c’est le plus bel hôtel de La Havane.

Je me commande un mojito, ce cocktail emblématique de La Havane, à base de rhum, de citron vert (appelé limette au Québec) et de feuilles de menthe fraîche. Des cinq mojitos que j’ai bus au cours de ce voyage, celui-ci est le meilleur. Selon le barman, cela viendrait du rhum très âgé utilisé dans sa fabrication (coût : 4,25 pesos).

Je rentre faire mes valises en vue du départ à 4h du matin pour l’aéroport.

À demain pour un sommaire.

Détails techniques : Lumix GH1 (modifié pour faire de la photographie infrarouge), objectif Lumix 14-45 mm (les deux premières photos), et Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35 mm F/2,8 (les quatre autres photos)
1re photo : 1/60 sec. — F/3,8 — ISO 100 — 17 mm
2e  photo : 1/400 sec. — F/6,3 — ISO 125 — 14 mm
3e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 640 — 22 mm
4e  photo : 1/100 sec. — F/3,2 — ISO 200 — 12 mm
5e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 4000 — 35 mm
6e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1600 — 27 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel