La campagne électorale au Québec : le mardi 14 août 2012

15 août 2012


 
Charest : 395 millions$ pour des infrastructures dans la région de Québec

S’il est réélu, monsieur Charest promet de dépenser 395 millions$ pour des infrastructures dans la région de Québec.

On consacrera 95 millions$ aux infrastructures de proximité — un stade de soccer, deux gymnases, une piscine et un centre communautaire — et 200 millions$ au prolongement de la promenade Samuel-de-Champlain, qui longe le fleuve Saint-Laurent, l’amenant jusqu’aux chutes Montmorency.

Référence : Charest dit «oui» aux demandes d’infrastructures de Labeaume (quotidien Le Soleil)

Le PQ propose une charte de la laïcité

Enfin une promesse qui ne coûtera pas cher.

À une cinquantaine de kilomètres d’Hérouxville — dont le code de vie à l’intention des néoQuébécois avait fait grand bruit en 2007 — madame Marois promet l’adoption d’une Charte de la laïcité.

Tout comme la Charte de la langue française (connue sous le nom de Loi 101), un gouvernement du Parti québécois adopterait une super loi destinée à affirmer la neutralité religieuse de l’État et la suprématie de l’égalité entre les femmes et les hommes.

La liberté de religion ne pourrait plus être invoquée pour enfreindre l’égalité hommes-femmes, ni pour nuire au bon fonctionnement des institutions publiques et parapubliques. Ainsi, on ne pourrait plus (pour des motifs religieux) refuser de payer une contravention sous le prétexte que celle-ci a été délivrée par une policière.

En vertu de cette charte, les employés de l’État ne pourraient pas porter de signes religieux ostensibles, comme le hijab ou le turban. Ils ne devraient pas non plus accommoder un usager qui refuserait de se faire servir par une personne du sexe opposé. Réciter la prière avant l’ouverture d’un conseil municipal ne serait pas toléré non plus.

J’inviterais le PQ à la prudence à ce sujet.

La France possède déjà une législation qui interdit à tout représentant de l’État auprès de citoyens (cela va du fonctionnaire au professeur d’école) d’afficher des signes ostentatoires d’appartenance religieuse.

Dans ce pays, les principes fondamentaux qui soutiennent l’État sont hérités de la Révolution française. Lors de cette révolution, on abolissait non seulement la monarchie, mais également la religion. C’est ainsi qu’une église pouvait devenir un « Temple à l’Amour filial », à moins de déchoir en entrepôt de munition ou de céréales. C’est donc sans hésitation qu’on a détruit les vitraux de la basilique Saint-Denis (qu’on n’a jamais retrouvés) parce qu’on avait besoin de plomb pour faire des balles.

Le Québec est différent. Nous sommes régis par une constitution à l’anglaise, où les droits individuels ont beaucoup plus d’importance. Interdire les signes ostentatoires d’appartenance religieuse, c’est un euphémisme pour permettre le petit crucifix doré porté en pendentif mais interdire les signes de modestie musulmane, beaucoup plus visibles. En somme, il s’agit d’une mesure discriminatoire déguisée qui révèle les contradictions internes d’une société déchirée à ce sujet. Avec une constitution différente, la France peut se le permettre, pas le Québec.

À mon avis, le principe qui doit nous guider, c’est « vivre et laisser vivre ». Si quelqu’un est coiffé d’un turban ou d’une calotte juive, cela ne me regarde pas. Tant que cette personne n’exige pas que moi aussi, je porte sa coiffure, je ne vois pas où est le problème.

Pour certains, la neutralité de l’État exige qu’on ne puisse pas deviner l’appartenance religieuse de ses représentants. Pour moi, cette neutralité peut s’affirmer d’une autre manière, soit en laissant la liberté de chacun de vivre sa religion comme il l’entend, du moment que cela ne porte pas atteinte aux droits des autres de vivre selon leurs principes à eux. C’est donc une autre forme de neutralité : en n’intervenant pas.

En d’autres mots, les employés de l’État reflèteraient la diversité de la Nation. Cela signifie plusieurs pigmentations de la peau, des personnes de sexes différents, des croyants de diverses dénominations religieuses, des tenues vestimentaires variées, des colorations capillaires semblables à ce qu’on voit dans la rue, et des accents linguistiques qui reflètent mon pays. Voilà comment l’État peut être neutre sans imposer une homogénéité artificielle.

Malgré tout, afin de refléter les limites de notre propre tolérance, il serait interdit aux serviteurs de l’État d’être masqués lorsqu’ils exercent leurs fonctions. De plus, la croix au sommet du Mont-Royal resterait là, de même que les grands crucifix qui décorent déjà nos routes de campagne. Quand au crucifix de l’Assemblée nationale (qui date des années 1930), à part les députés, tout le monde ignorait son existence avant qu’on fasse un drame de la possibilité qu’il soit retiré. Il devrait donc être confié à un musée, tant il s’est avéré inefficace à guider nos élus dans la voie de l’éthique et de l’intégrité…

Références :
La prière publique aux assemblées municipales
Le PQ propose une charte de la laïcité

Paru depuis :
Charte de la laïcité – Quand un séparatiste se sépare (2012-09-22)

Le scandale des propos que François Legault n’a pas tenus

À table dans la maison d’un citoyen, sous le regard des caméras de télévision, le chef caquiste a déclaré : « Si les Asiatiques sont très travaillants, puis que nous, on se dit qu’on veut faire la belle vie, on va mal se réveiller.»

Ces propos anodins ont soulevé une tempête médiatique. Les adversaires politiques de M. Legault se sont offensés qu’il traite ainsi, selon eux, les jeunes de paresseux. Malheureusement, strictement parlant, ce n’est pas ce qu’il a dit.

Précisant sa pensée, le chef caquiste déclare : « C’est un blâme à l’égard des valeurs que nous, parents, transmettons à nos enfants.(…) Au Québec, on ne valorise pas assez l’éducation et l’effort.»

C’est vrai. Les études ont démontré que la principale raison qui explique que le taux de décrochage soit plus élevé dans les milieux défavorisés, est d’ordre culturel; on y sous-estime grandement la valeur de l’enseignement supérieur. « Oh, je connais plein de personnes qui ont des diplômes longs comme le bras et qui sont en chômage quand même.»

En réalité, le taux de chômage chez les détenteurs de baccalauréat est moindre que celui de la population en général. Mais, dans les milieux défavorisés, on se plait à soutenir le contraire, peut-être pour minimiser inconsciemment sa propre responsabilité dans sa condition socio-économique.

Parmi les parents néoquébécois, au contraire, on est convaincu de l’importance de la compétence pour réussir. Ceux-ci sont d’importants motivateurs dans la réussite scolaire de leurs enfants.

Selon le recensement de 2011, 35% des Québécois détiennent un diplôme professionnel ou collégial (le 2e taux le plus élevé au pays) et 20% possèdent un diplôme universitaire (le 4e rang canadien), soit une diplomation totale de 55% (deux points de plus que la moyenne canadienne). Toutefois, dans le cas précis de la diplomation universitaire, le taux est plus élevé parmi les néoCanadiens que dans la population canadienne en général.

L’exemple donné par François Legault est donc juste et approprié. Il faut toutefois éviter de généraliser son reproche à l’ensemble des étudiants.

Quant à «…nous, parents…», j’y vois davantage une figure de style qui consiste à s’auto-blâmer afin de ne heurter la susceptibilité de personne. Bref, une tempête dans un verre d’eau.

Référence :
Effort à l’école : Legault fait la leçon aux parents; Marois et Charest le rabrouent

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Écrit par Jean-Pierre Martel