La campagne électorale au Québec : les 5 et 6 août 2012

Publié le 10 août 2012 | Temps de lecture : 8 minutes


 
Jacques Duchesneau passe à la CAQ

La nouvelle circulait déjà depuis deux jours. C’est aujourd’hui que la Coalition avenir Québec (CAQ) lâche une véritable bombe politique : Jacques Duchesneau, symbole de la lutte anti-corruption au Québec, se présente sous la bannière de cette formation politique.

Avec l’arrivée de deux candidats vedettes — le Dr Gaétan Barrette (Président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec) et Jacques Duchesneau — l’équipe ministrable de la CAQ se renforce considérablement. De plus, ce parti acquiert ainsi une crédibilité nouvelle dans l’opinion publique.

Pour le Parti libéral, c’est une catastrophe. L’ex-policier passerait le reste de la campagne électorale à réciter l’annuaire du téléphone, que sa simple apparition sur nos écrans de télévision suffirait à raviver le souvenir des accusations de corruption qui pèsent lourdement sur le gouvernement sortant.

Quant au Parti québécois, la remontée prévisible de la CAQ dans les intentions de vote brouille les cartes : la Coalition n’est plus seulement le refuge d’électeurs libéraux qui ont honte de leur parti et d’anciens partisans du parti disparu de Mario Dumont (l’ADQ) : la Coalition avenir Québec séduira aussi un nombre accru d’électeurs francophones — surtout parmi les moins nationalistes — qui cherchent une alternative au régime corrompu de M. Charest et qui, autrement, auraient voté pour le PQ.

Selon les explications fournies par M. Duchesneau lui-même, il semble que la déclaration de M. Charest, en début de campagne, de s’attribuer une note de 8 sur 10 dans la lutte contre la corruption a piqué au vif M. Duchesneau et l’a convaincu, impulsivement, de sauter dans l’arène politique.

On peut présumer que la charge stupide de l’avocate du PQ contre M. Duchesneau à la Commission Charbonneau, n’est pas étrangère au choix de ce dernier de se présenter sous la bannière de la CAQ plutôt que celle du PQ.

Si le Parti québécois devait prendre le pouvoir à l’issue de la présente élection, Mme Marois pourrait songer à la possibilité de répéter le coup d’éclat du Premier ministre Robert Bourassa qui, en 1970, avait nommé Jean Cournoyer, ministre du travail quelques mois plus tôt dans le gouvernement d’un parti rival, à ce même poste dans son propre cabinet nouvellement élu.

Références :
Jean Charest ouvre la porte de la CAQ à Duchesneau
Jean Cournoyer

M. Charest subventionnera des garderies d’entreprise

M. Charest annonce qu’un gouvernement libéral aidera les entreprises qui voudront créer des garderies sur place au bénéfice de leurs employés. Et ce, au tarif maximal de 8$ par jour pour les utilisateurs.

De manière générale, le tarif quotidien des garderies, actuellement à 7$, sera indexé à l’augmentation du coût de la vie. Rappelons que le coût véritable d’une place en garderie subventionnée est de l’ordre de 37$.


 
Le Parti libéral accordera 100$ aux familles pour l’achat de matériel scolaire

Jean Charest promet de doubler le budget du programme qui permet aux enfants d’obtenir de l’aide pour faire leurs devoirs; ce budget passera donc de 20 à 40 millions$.

De plus, il a annoncé que les parents québécois recevront 100$ par enfant pour l’achat de matériel scolaire, une mesure dont le coût total est évalué à 45 millions$ annuellement.

M. Charest déclare : « C’est un montant qui sera déboursé à chaque année, au mois d’août, pour aider et appuyer les familles qui préparent la rentrée scolaire de leurs enfants, pour tous les enfants du primaire qui sont dans le réseau public. C’est un montant d’argent qui sera non imposable. Ça va rejoindre environ 450 000 enfants.»

À mon avis, il s’agit d’une très bonne mesure. Toutefois, on peut faire mieux.

À la place, j’aurais plutôt favorisé l’édition électronique des manuels scolaires. Je sais qu’il s’agit d’une question délicate pour les maisons d’édition québécoises. Toutefois si le gouvernement subventionnait plutôt le téléchargement des manuels scolaires obligatoires, à partir d’un portail gouvernemental unique, on épargnerait des tonnes de papier, on s’assurerait de retombées économiques à 100% pour le Québec — puisque les sommes seraient versées à des auteurs et des éditeurs québécois et non à l’achat de crayons-feutres de Chine — et on soulagerait encore plus le fardeau financier des familles; en effet, à aux seuls, les manuels scolaires coûtent une fortune.

Référence : Charest promet 100 $ aux familles pour la rentrée

Le Parti québécois indécis quant au gisement pétrolier Old Harry


 
De passage aux Îles-de-la-Madeleine, Pauline Marois a déclaré qu’un gouvernement péquiste serait prêt à renoncer à exploiter la portion québécoise du site pétrolier Old Harry, situé dans le golfe du Saint-Laurent. La chef péquiste préfère attendre les résultats de l’évaluation environnementale en cours avant de trancher définitivement.

J’appelle cela parler pour ne rien dire : veut-on ou ne veut-on pas développer Old Harry ?

Ce gisement chevauche la frontière qui sépare deux provinces : le Québec et Terre-Neuve. Cette dernière permet déjà l’exploitation de ce gisement et en retire des millions$ en redevances. Le Québec n’a pas le choix : renoncer à exploiter la portion québécoise du gisement équivaut à donner le monopole d’Old Harry à Terre-Neuve. Lorsque l’Humanité sera passée aux énergies renouvelables, il sera trop tard pour tirer profit de ce qui dort chez nous au fond du golfe, loin des nappes phréatiques d’eau potable.

La CAQ favorisera sans hésitation l’exploitation pétrolière au Québec

Un éventuel gouvernement caquiste affecterait la totalité des redevances gazières et pétrolières au remboursement de la dette. La CAQ espère ainsi ramener progressivement la dette québécoise (49,9% de son PIB) au niveau des autres provinces les plus endettées, la Nouvelle-Écosse (35,3%) et l’Ontario (35,0%).

M. Legault déclare : « On ne peut pas se permettre le luxe, au Québec, de ne pas regarder l’exploitation pétrolière. C’est peut-être la chance ou jamais de rembourser la dette qu’on a, une dette qui est la plus importante de toutes les provinces canadiennes.»

Rappelons que les deux principaux gisements pétroliers du Québec sont situés respectivement sur l’Île d’Anticosti (40 milliards de barils) et dans le Golfe du Saint-Laurent (« Old Harry », 6 milliards de barils). Globalement, une faible partie du pétrole québécois (environ 10%) peut être extrait.

Le chef de la CAQ étudierait également les moyens d’accélérer le processus d’évaluation environnementale menant à l’approbation des projets de ressources naturelles. En d’autres mots, on veut que les environnementalistes se tiennent tranquilles.

Finalement, on créerait un Fonds de développement des ressources naturelles de cinq milliards$, qui serait administré par la Caisse de dépôt et placement du Québec pour permettre à l’État d’acquérir une participation dans les projets miniers et pétroliers québécois.

Références :
CAQ: le pétrole pour s’attaquer à la dette
Quand François Legault spécule sur le pétrole

Le Plan de développement économique présenté par Québec Solidaire

Cette formation politique présentait aujourd’hui son Plan de développement économique. Celui-ci prévoit la création de 166 000 nouveaux emplois, propose de développer un réseau de trains électriques express, de prolonger le métro de Montréal, de créer 40 000 nouvelles places en garderie, et de construire 50 000 nouveaux logements sociaux. Entre autres, Québec solidaire entend financer ce plan de 1,5 milliard$ par une redevance sur l’eau payée par les utilisateurs industriels de cette ressource.

Depuis 2011, les entreprises qui utilisent beaucoup d’eau — les embouteilleurs et sociétés minières — paient une redevance de 70$ par million de litres d’eau utilisé, soit sept millièmes de sous (0,00007$) par litre d’eau. Cela rapporte annuellement la modeste somme de 9 millions$. Québec solidaire propose de faire passer cette redevance à 5 000$ par million de litres, soit un demi sous du litre.

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Écrit par Jean-Pierre Martel