La campagne électorale au Québec : le mercredi 15 août 2012

Publié le 16 août 2012 | Temps de lecture : 5 minutes


 
Le Parti libéral propose dix heures de bénévolat en 5e année du primaire

En fait, l’annonce du Parti libéral comprenait deux volets :
• dix heures de bénévolat obligatoire à la cinquième année du primaire et
• un cours d’entreprenariat en 4e et 5e années.

Le bénévolat obligatoire est inscrit au programme scolaire de l’Ontario et de certains états américains. Quant au cours d’entreprenariat, il vise à favoriser l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs. Dans ce dernier cas, il s’agit d’une promesse faite également par la CAQ le 10 août dernier.

Référence : Charest jette les gants le premier

Pauline Marois veut électrifier le transport

Concrètement, d’ici 2020, le PQ promet :
• de créer 300 kilomètres de voies réservées pour les autobus et le covoiturage dans la région de Montréal,
• de prolonger la ligne bleue du métro vers l’Est, de l’arrondisement de Rosemont à l’arrondissement d’Anjou, et
• de prolonger le train de l’Est vers Mascouche.

Le PQ fait donc sien les projets de développement de la Société de transport de Montréal (STM), annoncé dans son plan stratégique de décembre 2010.

Pour financer ces promesses, ce parti modifierait le plan québécois d’investissement en transport déjà en place jusqu’en 2016 en déplaçant une partie des sommes prévues pour le transport routier (près de 16 milliards$) au profit du transport en commun (qui ne devait recevoir que 3 milliards$).

Il peut sembler étonnant que le rapport des déboursés actuellement prévues d’ici 2016 (16 vs 3 milliards$) soient si défavorables au transport en commun mais on doit comprendre qu’il est difficile de départager quelle partie de l’amélioration du système routier profite aux automobiles et quelle partie profite au transport en commun (autobus et taxis). La réalité est donc un peu plus nuancée que ce que suggèrent ces chiffres.

Ce qu’on doit retenir, c’est que le PQ entend promouvoir le transport en commun. Le Québec n’a pas le choix.

Historiquement, le Québec a toujours dégagé d’importants surplus dans ses échanges internationaux. En 2004 — soit un an après l’arrivée au pouvoir de M. Charest — pour la première fois de son histoire, le Québec s’est retrouvé avec un déficit commercial de 600 millions. Puis, avec un déficit de 6 milliards en 2005, 17 milliards en 2008, et 12 milliards en 2009. En 2010, ce déficit fut de 16,4 milliards, soit 5% du PIB.

Une partie importante de ce déficit est lié aux importations d’hydrocarbures. En effet, les importations de pétrole et de gaz ont passées de sept milliards$ en 2000 à 18 milliards$ en 2008, soit une augmentation de près de 257% en huit ans seulement, en dépit des politiques vertes du gouvernement québécois.

Or un déficit commercial, c’est de l’argent qui quitte le Québec pour aller créer des emplois ailleurs. Il n’y a qu’une manière de stopper cette hémorragie, c’est de développer le transport en commun.

Références :
Transports : quand le PQ s’inspire de plans stratégiques existants
Vers un choc économique

La CAQ veut que l’État gère tous les fonds de pension obligatoires

Les Québécois épargnaient 12% de leurs revenus en 1993, alors que cette proportion qui est tombée à 2% l’an dernier. Le chef François Legault a dénoncé le faible taux d’épargne des Québécois.

Ce que la CAQ oublie de dire, c’est que les taux d’intérêt réel étaient de 4,43% en 1993, et de -0.3% en 2010. Pour stimuler l’économie en dépit de la stagnation des revenus du citoyen moyen, les gouvernements ont favorisé son endettement. En d’autres mots, dans notre société de consommation, on a stimulé l’économie actuelle grâce à des revenus dépensés d’avance.

Mais la conférence de presse de la CAQ portait moins sur l’épargne en général et plus spécifiquement sur l’épargne-retraite.

Afin de remédier au fait que les Québécois n’épargnent pas assez en vue de leur retraite, le gouvernement libéral a permis la création des Régimes volontaires d’épargne-retraite (RVER). Ce programme, qui entrera en vigueur en janvier, oblige chaque employeur ayant au moins cinq employés à créer, d’ici à 2015, un fonds auquel lui-même ne sera pas tenu de cotiser. Dans la formule actuelle, les fonds seront confiés à des gestionnaires privés.

Un gouvernement caquiste confierait plutôt la gestion du régime à la Régie des rentes du Québec. La CAQ estime que les frais de gestion des sociétés d’État québécoises sont quatre fois moins élevés que ceux des gestionnaires de fonds privés. Si un travailleur épargne 4% de son salaire pendant 35 ans, cette seule différence de frais se traduirait par une économie supplémentaire de 35 000$ en vue de sa retraite.

Il est plaisant d’entendre la CAQ reconnaître que, dans certains domaines, l’État peut être plus efficace et moins coûteux que l’entreprise privée. Cela nous change du discours monolithique de la Droite québécoise pure et dure.

Références :
Les Québécois doivent épargner davantage, dit Legault
Taux d’intérêt réel en 1993

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Écrit par Jean-Pierre Martel