- Sommaire :
- La CAQ baisserait les impôts en mettant à la porte 7 000 fonctionnaires (le 7 août)
- Intervention surprise de Me Lussier contre Jacques Duchesneau (le 7 août)
- Jean Charest propose un crédit d’impôt pour la rénovation verte (le 7 août)
- Le pseudo-scandale diffusé par Radio-Canada (le 8 août)
- Parti libéral : soins dentaires gratuits et divulgation des temps d’attente des médecins spécialistes (le 8 août)
- La CAQ promet un congé parental rémunéré de cinq jours par année (le 8 août)
La CAQ baisserait les impôts en mettant à la porte 7 000 fonctionnaires
Un éventuel gouvernement caquiste éliminerait dans un premier temps la taxe santé qui a été adoptée par le gouvernement Charest. Cette taxe, actuellement de 200$ par personne, est imposée à tous les contribuables, indépendamment de leur revenu.
Une fois la taxe santé éliminée, soit au bout de deux ans, un gouvernement de la CAQ baisserait l’impôt sur le revenu de 100$ par année, par contribuable, lors des trois années subséquentes.
Les bénéficiaires seraient les couples dont le revenu annuel total est de moins de 100 000$ — ai-je bien compris : la limite est de 50 000$ de revenu moyen par personne mariée ? — et les célibataires qui gagnent annuellement moins de 100 000$. Donc, vive le célibat !
Cette mesure, dont le coût est estimé à 1,8 milliards$, serait financée par des compressions budgétaires : en tout, 7 000 fonctionnaires seraient mis à la porte.
Depuis vingt ans, les partis qui aspirent à prendre le pouvoir nous promettent des baisses d’impôts financées par une réduction de la fonction publique. La terminologie utilisée varie selon les époques; on parlera de « couper dans le gras », de « réingénierie gouvernementale » et maintenant de « faire le ménage ». C’est un peu facile.
La dernière fois qu’un chef de parti a fait une telle promesse — c’était M. Charest en 2003 — ce dernier, après avoir essayé vainement, a dû se résoudre, en désespoir de cause, à utiliser les sommes provenant de la péréquation fédérale pour réaliser sa promesse électorale.
À l’heure actuelle, le Québec compte 25 fonctionnaires provinciaux et municipaux par mille habitants vs 28 pour l’Ontario ce qui, dans ce dernier cas, correspond aussi à la moyenne canadienne.
Sur ce blogue, j’ai déjà eu l’occasion de critiquer sévèrement ce genre de promesse simpliste.
Un des problèmes majeurs du gouvernement québécois, c’est qu’il manque de gens compétents. Cette pénurie découle du fait qu’on a cru longtemps qu’il n’était pas essentiel pour l’État de disposer de ses propres experts. Certains croyaient qu’il était beaucoup plus avantageux de recourir au privé et de faire appel de manière ponctuelle aux serviteurs de l’État, en cas de besoin.
Le résultat, c’est que dans de nombreux secteurs économiques, par manque d’expertise, l’État québécois est à la solde d’intérêts privés.
On a donc trop coupé. On a trop coupé dans l’enseignement, dans les hôpitaux, dans les infrastructures, bref, dans à peu près tous les secteurs de compétence provinciale. Si bien que nos hommes politiques font de leur mieux, entourés de conseillers dont les plus brillants sont en nombre insuffisant. Les décisions ministérielles reflètent donc la médiocrité de l’expertise à leur disposition…
Si on juge les idéologies par leurs résultats, la conclusion est claire : continuons à priver l’État de ressources et nous devrons accepter la médiocrité de nos gouvernements comme la conséquence de nos choix.
Le gouvernement Charest a reconnu implicitement la faillite de sa « réingénierie gouvernementale » en embauchant massivement de nouveaux fonctionnaires au Ministère des transports après l’effondrement du Tunnel Ville-Marie, causée directement par les décisions malheureuses adoptées par ce ministère.
Et voilà la Coalition avenir Québec qui reprend le flambeau libéral à sa manière. Mon Dieu que ça fait pitié…
La CAQ peut financer toutes ses promesses électorales simplement en mettant la hache dans le gaspillage des fonds publics représenté par le Plan Nord (40 à 63 milliards$) et la réfection de la centrale nucléaire Gentilly-2 (deux milliards$ officiellement, mais en réalité probablement le double ou le triple). Et j’en passe.
Références :
Lisée JF. Comment mettre la droite K.-O. en 15 arguments. Montréal: Stanké, 2012 (p. 63).
Fonction publique : coupe-t-on encore dans le gras ?
François Legault promet 500$ de réduction d’impôt par contribuable sur cinq ans
Le néo-libéralisme du ministère des Transports
Tunnel Ville-Marie : Sam Hamad et Anne-Marie Leclerc doivent démissionner
Intervention surprise de Me Lussier contre Jacques Duchesneau
Depuis l’annonce de la candidature de M. Duchesneau, le Parti libéral cherche plus que jamais à le discréditer. Le tâcheron de cette sale besogne est aujourd’hui Me Sylvain Lussier, procureur-chef de la Commission Charbonneau.
Il ne s’agit pas ici d’une confidence imprudente ébruitée par un journaliste en manque de scoop, mais plutôt d’une charge délibérée puisque Me Lussier s’est déplacé expressément dans les studios de Radio-Canada pour la faire.
Me Sylvain Lussier, un libéral notoire, a cru bon intervenir dans la campagne électorale pour reprocher publiquement à Jacques Duchesneau d’avoir décrit les mécanismes de la corruption gouvernementale sans préciser de noms, lors de son témoignage devant cette commission.
Contrairement à ce que font les gouvernements lorsqu’ils veulent inciter les gens à témoigner, le gouvernement Charest n’a pas cru bon garantir l’immunité aux témoins de la commission.
Conséquemment, si M. Duchesneau avait commis l’imprudence de préciser les noms des coupables de la corruption au Québec, il croulerait aujourd’hui sous le poids des procès pour diffamation, un moyen commode de faire taire les personnes qui parlent trop.
J’inviterais donc Me Lussier à mettre autant d’énergie à combattre la corruption au Québec qu’il en met à s’attaquer aux rares et précieux témoins de sa commission.
Complément de lecture : Me Sylvain Lussier, procureur-chef à la Commission Charbonneau : un choix judicieux ?
Jean Charest propose un crédit d’impôt pour la rénovation verte
Le Parti libéral désire instaurer un nouveau crédit d’impôt en vertu duquel l’État subventionnerait partiellement les travaux relatifs à l’isolation, à l’étanchéisation des fondations et des portes et fenêtres, au système de chauffage ou à la conservation de l’eau.
Le gouvernement rembourserait 20% des dépenses supérieures à 1 000$. Pour toucher l’aide maximale de 3 000$, les travaux devraient s’élever à 17 000$.
Environ 35 000 ménages pourraient bénéficier de cette mesure fiscale, applicable seulement aux résidences principales. La mesure serait en vigueur pendant une seule année et coûterait 50 millions$.
Le pseudo-scandale diffusé par Radio-Canada
L’actualité politique d’aujourd’hui est dominé par un « scandale » révélé par les journalistes de l’émission Enquête de Radio-Canada.
En résumé, il s’agit d’un ex-dirigeant du syndicat FTQ-Construction, sous surveillance policière en 2009 et dont la filature a été mystérieusement suspendue — par un ordre venu d’en haut — après que ce dirigeant syndical ait murmuré quelques mots à l’oreille du Premier ministre lors d’une rencontre avec des représentants autochtones.
C’est mince. C’est très mince.
Soyons francs : Monsieur Charest n’est pas un enfant de cœur. Au gouvernement fédéral, il a dû démissionner en 1990 comme Ministre d’État à la Condition physique et au Sport amateur pour avoir tenté de faire pression sur le juge Macerola au sujet d’un procès contre l’entraineur Marc Saint-Hilaire. De plus, devenu Premier ministre du Québec, il a perverti le mécanisme de nomination des juges en soumettant les recommandations du Ministère de la Justice aux desiderata de ses conseillers politiques et des collecteurs de fonds de son parti. Finalement, il a créé une commission d’enquête sur la corruption dans l’industrie de la corruption qui, originellement, n’avait même pas le pouvoir de contraindre des personnes à témoigner, soulevant ainsi l’indignation du Barreau du Québec.
Donc, Monsieur Charest n’est pas reconnu pour son respect du processus judiciaire. Mais l’accusation d’être intervenu auprès des hauts dirigeants de la Sécurité du Québec pour faire interrompre une filature repose sur aucune preuve directe. C’est de diffammation à l’état pur. Qui a donné l’ordre ? Où sont les preuves ?
Conséquemment, il est inacceptable que Radio-Canada révèlent ce pseudo-scandale en manchette, en pleine campagne électorale.
D’ailleurs, entre nous, avons-nous besoin de cette « preuve » supplémentaire pour nous faire une idée de la corruption du gouvernement sortant ?
Références :
Jean Charest
La « patente à gosses » de M. Charest
L’utilité de la Commission Bastarache
Parti libéral : soins dentaires gratuits et divulgation des temps d’attente des médecins spécialistes
Présentement, dix ans est l’âge maximal pour recevoir gratuitement des soins dentaires de base (ce qui exclut l’orthodontie). S’il est réélu, M. Charest promet que cet âge maximal serait porté à seize ans. Le coût de cette mesure est estimé à 58 millions$ par année
Autre promesse : s’il est réélu, Jean Charest ferait en sorte qu’on publierait sur un portail Web le temps nécessaire afin d’obtenir un rendez-vous chez chaque médecin spécialiste. Cela permettrait au public de choisir un spécialiste dont les délais d’attente sont plus courts.
Référence : Jean Charest veut élargir la couverture des soins dentaires
La CAQ promet un congé parental rémunéré de cinq jours par année
François Legault promet un congé payé de cinq jours par année à tous les parents d’enfants de moins de 6 ans pour leur permettre de répondre à leur obligation parentale. Actuellement, les normes du travail prévoient qu’un parent puisse s’absenter dix jours par année, mais à ses propres frais.
Le chef de la CAQ déclare : « Pendant longtemps, on a eu au Québec des familles où seulement un des deux parents travaillait. Aujourd’hui, dans beaucoup de familles, les deux parents travaillent. Il arrive que des jeunes soient malades et qu’un des deux parents doive s’absenter du travail.»
Le coût de cette mesure est évalué à 350 millions de dollars, à la charge des employeurs.
Référence : Cinq congés payés pour les parents d’enfants de moins de six ans, promet Legault