La légalisation forcée des écoles passerelles

15 octobre 2010
© 2010 — Image tirée du site de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal

Le 22 octobre 2009, la Cour suprême du Canada se prononçait contre la loi 104 (interdisant les écoles passerelles), tout en prolongeant son application pendant une année afin de laisser le temps au gouvernement du Québec de présenter une solution alternative.

Le gouvernement Charest se traîna les pieds jusqu’à la toute dernière journée de la session, en juin dernier, pour présenter la solution tant attendue, soit le projet de loi 103 (qui permet l’accès à l’école publique anglaise à ceux qui n’y ont pas droit en vertu de la Loi 101).

En supposant que le gouvernement ait été dans l’impossibilité de présenter plus tôt ce projet de loi, qu’est-ce qui l’empêchait de prolonger la session parlementaire ?

Rien. Mais plutôt que de débattre d’un sujet aussi important que l’avenir de la langue française au Québec, M. Charest s’est plutôt employé cet été à sa guérilla judiciaire contre Me Bellemare.

Si bien qu’aujourd’hui le gouvernement invoque l’urgence d’éviter un vide juridique pour imposer le bâillon à l’opposition et forcer l’adoption de son projet de loi.

Si monsieur Charest mettait autant de soin et d’énergie à défendre le français qu’il en met à garnir des coffres de son parti, il rallierait sans doute plus de personnes à sa cause.

Lundi soir prochain, le 18 octobre 2010, de 18h à 20h, se tient une manifestation-spectacle, au coin des rues McGill et Sherbrooke à Montréal, contre le projet de loi 103 (qui aura probablement été adoptée de force plus tôt dans la journée).

Références :
Jugement de la Cour suprême du Canada
Le bâillon lundi pour la loi 103 – Le gouvernement invoque l’urgence pour éviter un vide juridique

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La défense du français et le peur de la réprobation internationale

29 septembre 2010

Je ne connais pas de peuple qui pratique la politique de la cafétéria en matière linguistique. En France, l’école publique est française. En Italie, elle est italienne. En Allemagne, elle est allemande. En Belgique et en Suisse, c’est selon la région linguistique ou le canton dans lequel on s’établit. Même dans les provinces anglophones du Canada, l’accès à l’école française est limité là où le nombre le justifie. Or cela n’est jamais justifié ailleurs que là où les minorités françaises sont déjà présentes. Bref, la cafétéria linguistique, c’est une vue de l’esprit.

Pourtant, certaines personnes invoquent la crainte d’un vote de blâme de l’ONU pour justifier leur appui au projet de loi 103 du gouvernement Charest. Mais d’où vient donc cette crainte ?

L’ONU est une grosse boite dans laquelle siègent quotidiennement des dizaines de comités. Ces comités adoptent annuellement des milliers de résolutions et de rapports. On y distribue les votes de félicitation ou les votes de blâme aussi facilement qu’on distribue de café chez Tim Horton. Et parmi ces milliers de résolutions, le Québec a été blâmé — par un comité de l’ONU dont plus personne ne se rappelle du nom — pour avoir invoqué la clause nonobstant de la constitution canadienne afin de limiter l’affichage commercial anglais au Québec. Big deal !

En réalité, ce vote reflète l’activité diplomatique du gouvernement fédéral canadien (opposé à cette législation québécoise) et l’absence de représentation du Québec à l’ONU. C’est tout. Évidemment tous les blogueurs hostiles au Québec s’en sont donné à coeur joie mais tout ce grenouillage n’a pas d’importance. Si nous avons le choix entre recevoir un vote de blâme d’un comité de l’ONU ou disparaitre comme peuple, je ne vois pas comment on peut hésiter.

Incidemment, rappelons que le Canada, lui, est critiqué pour son refus de signer la Déclaration des droits des peuples autochtones, ce qui n’empêche pas M. Harper de dormir.

Le Québec a déjà fait l’expérience du libre choix de la langue. En effet, en 1969, le gouvernement québécois de l’Union nationale (un parti politique aujourd’hui disparu — devinez pourquoi) adoptait une loi qui laissait aux parents le libre choix de la langue d’enseignement de leurs enfants.

Le résultat fut que les immigrants au Québec choisirent massivement d’envoyer leurs enfants à l’école anglaise. Je ne les blâme pas : à leur place, j’aurais fait pareil. Les Québécois francophones ont alors réalisé que s’ils ne voulaient disparaitre comme peuple, ils devaient cesser de financer, par le biais de l’école publique anglaise, leur propre extinction. D’où la loi 101.

Ceux qui soutiennent le projet de loi 103 au nom de la liberté et de l’ouverture d’esprit me font penser à ces personnages de film qui chantent des cantiques et sèment des pétales de rose en se rendant à l’arène où ils seront dévorés par les lions.

Références :
Le français en péril — Premier de trois volets
Le français en péril — Deuxième de trois volets
Le français en péril — Les solutions

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Écrit par Jean-Pierre Martel