Créée en mars 2011, l’Unité permanente anticorruption (UPAC) a eu des années pour enquêter sur ceux qui ont mis en place le système bien huilé de corruption qui prévalait à l’époque du gouvernement de Jean Charest.
À la suite de la création de l’UPAC, le montant des contrats d’infrastructures a baissé de 30 %. Seulement pour 2013, le ministère des Transports aurait économisé 240 millions$.
Si la simple existence de l’UPAC a calmé la gourmandise des soumissionnaires qui faisaient affaire avec l’État, ce corps policier a eu moins de succès contre ceux qui ont mis en place le système de corruption lui-même.
Après avoir pillé le Trésor public, les Libéraux reprirent le pouvoir avec Philippe Couillard. Toutefois, les temps avaient changé : on en était rendu au temps d’assainir les finances publiques. Ce qui voulait dire sabrer notre filet de protection sociale.
Donc on ruine d’abord les finances de l’État en graissant la patte des amis du pouvoir, puis on refile la facture aux gens comme vous et moi.
Six ans après la création de l’UPAC, Yves Francoeur, président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal, expliquait que l’impuissance apparente de l’UPAC provenait d’un verrou mis en place pour bloquer la mise en accusation des élus du Parti libéral du Québec.
En octobre 2017, ce blogue qualifiait de show de boucane le témoignage percutant de Robert Lafrenière en commission parlementaire au cours duquel il avait lui-même traité de ‘bandits’ les fuiteurs des enquêtes policières.
Un an plus tard, nous précisions au sujet de l’accusation d’Yves Francoeur :
[On doit] soupçonner que ce ‘verrou’ a pris soin d’insérer une fêlure qui plombera toutes les enquêtes intentées contre le couple Bibeau-Charest, c’est-à-dire celles qui visent le sommet de l’État québécois.
Effectivement, l’enquête à ce sujet a été close le 28 février 2022 sans qu’aucune accusation soit portée.
Aujourd’hui, on apprend que le mode opératoire du verrou libéral était de fuiter des renseignements de manière à justifier l’annulation des procédures par les tribunaux.
Ce qui explique que dès son entrée en fonction, le nouveau directeur de l’UPAC n’avait pas eu d’autre choix que d’abandonner les poursuites, vouées à l’échec en raison des fuites soigneusement orchestrées par ses prédécesseurs.
Alors que les coupables s’en tirent avec la présomption d’innocence, on ne doit pas perdre de vue que leur impunité est un scandale. Un scandale qui entache la réputation de notre système de justice.
En mars 2008, alors qu’il était ministre du gouvernement Charest, Philippe Couillard a prononcé un exposé d’une vingtaine de minutes dans les bureaux montréalais de SNC-Lavalin.
Son auditoire ? Une seule personne : Saadi Kadhafi. C’était le troisième fils du dictateur libyen. Déjà important financier du terrorisme international, le père Kadhafi commanditera l’attentat de Lockerbie (qui fera 270 morts en Grande-Bretagne) à la fin de cette année-là.
Bref, des gens très respectables.
Cet exposé s’inscrivait dans le cadre d’une série de cours privés organisée spécialement pour lui par la firme d’ingénierie.
Mais pourquoi donc un ministre auquel vous et moi n’avons pas accès en dépit du fait que nous le payons plus de 150 000$ par année, accepte-t-il de donner gratuitement un cours à un fils de dictateur ?
Pour comprendre cette sollicitude, il faut savoir que sous le gouvernement de Jean Charest, il existait une relation incestueuse entre le gouvernement libéral et les firmes d’ingénierie.
Celles-ci étaient les seules entreprises exemptées des règles concernant le démarchage auprès de l’appareil de l’État. En d’autres mots, elles avaient un accès illimité et non documenté aux antichambres ministérielles.
À cette époque, chaque ministre devait rapporter 100 000$ par année à la caisse du Parti libéral du Québec.
Or, dans bien des cas, les activités de financement étaient livrées ‘clé en main’ par des firmes d’ingénierie.
Ces dernières trouvaient les locaux, embauchaient les traiteurs pour les hors-d’œuvre et les boissons, s’occupaient des invitations et assuraient aux participants l’accès privilégié au ministre.
À l’issue de la soirée, la firme d’ingénierie donnait à l’attaché politique du ministre une enveloppe brune contenant la liste des employés des compagnies présentes, employés qui auraient versé la somme maximale permise par la loi à la caisse du Parti libéral. Le tout accompagné d’une pile de chèques ou d’une liasse de billets de banque.
En somme, si les ministres parvenaient à atteindre l’objectif de financement exigé d’eux, c’était souvent grâce aux firmes d’ingénierie.
Évidemment, quand l’une d’entre elles vous demandait un petit service, on ne disait pas non.
En mars 2008, Philippe Couillard avait secrètement décidé de quitter la politique. Cette décision ne sera connue qu’au moment officiel de sa démission, sept mois plus tard.
Ceux qui quittent la politique trouvent facilement du travail lorsqu’ils sont avocats. Mais pour d’autres, le retour au privé est plus difficile.
Les firmes d’ingénierie ont l’habitude de permettre à certains d’entre eux de traverser plus facilement le désert qui suit généralement leur changement de carrière.
Au minimum, on les nomme au Conseil d’administration d’une compagnie du groupe. Évidemment, les jetons de présence qu’ils reçoivent alors ne suffisent pas à maintenir le niveau de vie qu’ils avaient comme ministres, mais c’est mieux que rien.
Les ex-ministres capables d’exercer une influence sur le gouvernement sont traités aux petits ognons; il n’est pas rare qu’on les embauche à titre de vice-président quelque part dans la hiérarchie de la compagnie afin que cette influence serve l’entreprise.
Dans le cas de Philippe Couillard, on sait qu’à sa sortie du gouvernement, plus précisément de 2009 à 2011, il est devenu conseiller du prince titulaire du poste de ministère de la Santé en Arabie saoudite
Or la dictature de ce pays est un des principaux clients de SNC-Lavalin.
Est-ce que la firme d’ingénierie a joué un rôle dans cette nomination ? On l’ignore, mais il est probable qu’elle n’y ait pas été étrangère.
Bref, ces vingt petites minutes de bénévolat pour SNC-Lavalin ont probablement été le meilleur investissement à vie de Philippe Couillard.
Toute cette histoire nous ramène à l’époque où les plus grands serviteurs de l’État étaient assujettis à de vulgaires collecteurs de fonds et servaient de paravents au pillage du Trésor public par des intérêts privés.
Et parmi cette pourriture morale qui gangrenait l’État québécois, voilà qu’un des plus importants ministres du gouvernement libéral en était rendu à être le tuteur privé du fils d’un dictateur.
C’est le gouvernement de Jean Charest qui a nommé un certain nombre de collecteurs de fonds du Parti libéral à la direction de la Société immobilière du Québec (SIQ).
En 2010, des faits troublants quant à la gestion du parc immobilier de la SIQ ont justifié l’ouverture d’une enquête par l’Unité permanente anti-corruption (UPAC).
Neuf ans plus tard, après un contrôle de qualité sur l’ensemble des dossiers qui trainent, l’UPAC a estimé, dans ce cas-ci, que les conditions n’étaient pas réunies pour aller de l’avant et pour demander qu’une plainte soit portée devant les tribunaux.
Soulignons que l’UPAC ne déclare pas que son enquête prouve l’innocence des accusés ni qu’elle les croit coupables mais que ses preuves sont insuffisantes à en faire la preuve.
Elle affirme simplement que les conditions n’étaient pas réunies pour lui donner l’assurance raisonnable de l’emporter dans l’éventualité où des accusations seraient portées devant les tribunaux.
Ce qui peut signifier que son contrôle de qualité a révélé des vices de forme qui plombent l’enquête à ce sujet et qui assombrissent considérablement ses chances de l’emporter.
Une issue prévisible
Si la classe politique du Québec se dit surprise et déçue par l’abandon des procédures à ce sujet, cela ne me surprend pas.
Dans le texte intitulé ‘La démission du commissaire de l’UPAC et la soupe chaude’, j’écrivais il y a un an :
Je m’attends donc à ce que tous les dossiers qui trainent à l’UPAC depuis des années connaissent dans les prochains mois un grand déblocage en raison du changement de gouvernement. Un déblocage qui sera stoppé net quand toutes ces causes seront abandonnées pour vice de forme.
Qu’est-ce qui justifiait cette sombre prédiction ?
La leçon du cas de Guy Ouellette
L’article 10 de la Canadian Constitution exige qu’en cas d’arrestation, tout citoyen soit informé des motifs qui la justifie dans les plus brefs délais.
À l’époque de l’arrestation du député Guy Ouellette, l’UPAC affirmait que l’opération visait à sécuriser des éléments de preuve. Toutefois, l’UPAC s’est obstinée à cacher quelles étaient précisément les actions criminelles qu’aurait commises Guy Ouellette dans cette affaire.
Ce déni de ses droits constitutionnels constituait un vice de forme qui rendait impossible toute condamnation devant les tribunaux (en supposant que le député ait été fautif). D’où l’abandon des procédures huit mois plus tard.
Mais dans le cas du député, le but de l’arrestation n’était pas de le faire condamner, mais de le museler en l’empêchant de se défendre d’une accusation dont il ignorait la nature et de le rendre inapte à siéger à toute commission parlementaire devant laquelle l’UPAC pourrait être convoquée, l’ancien patron de l’UPAC et lui étant à couteaux tirés.
Le fiasco de l’affaire Ouellette aurait dû faire soupçonner à la classe politique québécoise que les méthodes de l’UPAC étaient au moins occasionnellement illégales, voire anticonstitutionnelles.
Mais les députés ont préféré l’aveuglement et par conséquent, expriment aujourd’hui leur surprise… feinte ?
Conclusion
L’impuissance totale de l’UPAC à faire sanctionner la corruption sous le gouvernement de Jean Charest — contrairement à son bilan remarquable contre la corruption municipale — vient du fait qu’un ‘verrou libéral’ a plombé toutes les enquêtes relatives au Parti libéral du Québec en y ajoutant des vices de forme qui, au final, rendent impossible la condamnation des coupables.
L’abandon de l’enquête au sujet de la SIQ sous le motif vague d’un vice de qualité en est le signe annonciateur.
On doit donc s’incliner devant le génie machiavélique de ce ‘verrou libéral’, dont on me permettra de taire le nom.
Pour terminer, je tiens à préciser que je n’ai jamais eu confiance dans l’ancien commissaire de l’UPAC (nommé par le gouvernement de Jean Charest). Toutefois, le nouveau commissaire, nommé à l’unanimité par l’Assemblée Nationale, jouit de ma confiance la plus totale.
Sa décision d’abandonner cette enquête (et les autres abandons qui suivront) est la conséquence inéluctable de ce qui s’est passé avant lui. Il n’y est pour rien.
Le 27 avril 2017, Yves Francoeur, président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal, déclarait à la radio qu’il existait un verrou mis en place pour bloquer la mise en accusation de deux élus du Parti libéral du Québec.
Ces allégations extrêmement graves ne concernent que le cas de ces deux personnes. Toutefois, cela a suffi à alimenter les rumeurs selon lesquelles un tel verrou expliquerait l’absence de condamnation des élus libéraux qui ont trempé dans le système de corruption de l’État québécois mis en place au début des années 2000 et qui a fonctionné pendant près d’une décennie.
Origine de la corruption sous Jean Charest
La commission Charbonneau a révélé que l’assujettissement des ministres à rapporter 100 000$ par année à la caisse du Parti libéral du Québec (PLQ) s’est soldé par un vaste pillage du Trésor public. Ce système permettait à des entrepreneurs de gonfler le cout des contrats d’infrastructures moyennant le paiement d’une modeste contribution à la caisse du PLQ.
L’obligation de rapporter annuellement 100 000$ créait une relation d’assujettissement du ministre à la caisse du Parti libéral du Québec plutôt qu’à la nation. La contribution de l’entrepreneur était d’autant plus appréciée que sans elle, le ministre se trouvait relégué au rang de simple député.
Toutefois, à l’époque de la commission Charbonneau, les personnes impliquées dans l’attribution des contrats se sentaient surveillées. Conséquemment, le montant des contrats d’infrastructures a baissé de 30%. Seulement pour 2013, le ministère des Transports aurait économisé 240 millions$.
Les dessous de la corruption sous Jean Charest
On appelle ‘extras’ les dépassements de cout autorisés. C’est le principal mécanisme par lequel s’opérait la corruption sous le gouvernement Charest. Voici comment on procédait.
À la suite d’un appel d’offres gouvernemental, un entrepreneur soumettait l’offre la plus basse en vue de réaliser le projet. Évidemment, il obtenait le contrat.
Toutefois, en cours de réalisation, le ministère exigeait des modifications au devis. L’entrepreneur aurait pu s’y opposer en invoquant les couts supplémentaires que cela entraine.
Mais voilà, ces changements étaient justement le prétexte qu’attendait l’entrepreneur pour faire gonfler la facture, lui qui avait parfois soumissionné à perte dans le but d’obtenir un contrat, confiant de pouvoir se reprendre avec les extras.
En renégociant ce contrat — qui ne pouvait pas être confié à quelqu’un d’autre en raison de l’avancement des travaux — le ministère, complice dès le départ de cet entrepreneur, payait à prix d’or les changements apportés au projet.
Les artisans de la corruption sous Jean Charest
Ce système nécessitait la collaboration d’un grand nombre de complices.
Les collecteurs de fonds devaient s’assurer que les entrepreneurs étaient bien récompensés par l’obtention de contrats publics contrepartie de leur contribution à la caisse du parti.
Des hauts fonctionnaires devaient trouver le prétexte qui justifiait une modification au devis permettant de charger les extras.
Dans d’autres cas, les directeurs de projet s’employaient à scinder l’ouvrage en contrats plus petits de manière à ce qu’ils passent sous le seuil au-delà duquel un appel d’offres est exigé par la loi. Par la suite, on accordait de gré à gré ces petits contrats à des entrepreneurs amis.
C’est ainsi que le gouvernement Charest a triplé le nombre de contrats accordés sans appel d’offres.
Les firmes d’ingénierie orchestraient la collaboration de différents fournisseurs spécialisés (plomberie, peinture, électricité, etc.) parmi ceux qui faisaient partie du ‘gang’.
De l’UAC à l’UPAC
Afin d’éviter de mettre sur pied une commission d’enquête sur l’industrie de la construction, le premier ministre Jean Charest créait en février 2010 une équipe multidisciplinaire spéciale appelée Unité anticollusion au ministère des Transports du Québec (UAC), dirigée par Jacques Duchesneau.
Très tôt, l’UAC suscite le mécontentement et la grogne. Ses policiers posent beaucoup de questions. Beaucoup trop.
Afin de mater Jacques Duchesneau, le gouvernement Charest décide, en mars 2011, de créer une Unité permanente anticorruption (UPAC), plus vaste, dirigé par Robert Lafrenière, lui aussi opposé à la tenue d’une commission d’enquête.
Le 14 septembre 2011, la publication du rapport dévastateur de Jacques Duchesneau a l’effet d’une bombe.
Le scandale est tel que Jean Charest se voit forcé, cinq jours plus tard, de mettre sur pied une commission d’enquête à ce sujet.
Mais Jean Charest est furieux. Exactement deux semaines après la révélation du rapport Duchesneau, ce dernier est finalement congédié par Robert Lafrenière.
Entre l’UPAC et la Commission Charbonneau
Telle que créée originellement, la commission Charbonneau n’avait pas de dents; elle ne pouvait contraindre personne à témoigner.
Après de nombreuses protestations, Jean Charest est forcé d’accroitre les pouvoirs de la commission Charbonneau.
Mais, rappelle-t-il, la commission devra prendre soin de ne pas nuire aux enquêtes de l’UPAC, une mise en garde que répètera Robert Lafrenière.
En d’autres mots, faites bien attention à ce que vous allez révéler.
Déjà en avril 2013, j’accusais publiquement la commission Charbonneau de se trainer les pieds plutôt que d’aborder enfin la corruption de l’État québécois.
Effectivement, à la remise du rapport de la commission le 24 novembre 2015, nous savions tout de la corruption municipale de Montréal et de celle d’un syndicat de la construction.
Mais au sujet de celle de l’État québécois, la commission ne nous apprenait rien de plus que ce qui se trouvait déjà dans le rapport Duchesneau, dévoilé quatre ans plus tôt.
Le blocage
Le système organisé de corruption de l’État mis en place par Jean Charest n’a donné suite à aucun procès. Créée en mars 2011, l’UPAC a eu six ans pour punir ceux qui ont pillé le Trésor public et surtout, ceux qui ont mis en place un système bien huilé de corruption de l’État québécois qui a opéré durant les années 2000.
La seule action concrète est une accusation-surprise contre Nathalie Normandeau à la veille du renouvèlement de mandat de Robert Lafrenière, assurant ainsi le prolongement de son mandat.
Le 24 avril 2017, des fuites policières révélaient que Jean Charest et le grand argentier ‘bénévole’ du PLQ, Marc Bibeau avaient été sous enquête de l’UPAC. De plus, ces fuites précisaient quelques informations — la plupart anodines mais quelques-unes incriminantes — obtenues par l’UPAC.
Trois jours plus tard, Yves Francoeur, président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal, faisait à la radio la déclaration dont il a été question au début de ce texte.
Un tsunami de rumeurs a alors déferlé sur la classe politique. De nombreux éditorialistes ont alimenté les doutes quant à l’intégrité des organismes chargés de sanctionner la corruption au Québec.
Indigné par ces révélations, le gouvernement libéral actuel a souligné l’importance de respecter les institutions.
S’il est vrai que l’autorité s’impose, le gouvernement semble oublier que le respect, lui, se mérite.
Il est donc vain d’ordonner le respect envers les institutions. La seule manière d’assurer le respect des institutions, c’est en prouvant au public que celles-ci font leur travail.
La réaction de la DPCP
Lorsque l’UPAC collige suffisamment de preuves de malversations et devient convaincu de la culpabilité de suspects, il transmet leur dossier à la Direction des poursuites criminelles et pénales (DPCP). C’est la DPCP qui est responsable de porter plainte devant les tribunaux.
Depuis six ans, l’UPAC n’a transmis qu’un seul dossier à la DPCP au sujet de la corruption au niveau du gouvernement québécois, soit celui de Mme Normandeau et de ses complices présumés.
Si ce dossier avait bien trainé quelques mois à la DPCP, il a finalement abouti grâce à des changements de responsables à la faveur d’une réorganisation administrative.
Un des analystes politiques les plus respectés au Québec est le chroniqueur Michel David du Devoir. Le 4 mai dernier, alors que les spéculations allaient bon train quant à savoir à quel niveau se trouvait le ‘verrou libéral’, ce journaliste donnait à sa chronique le titre ambigu de La loi de Murphy (qui est le nom de famille de la directrice de la DPCP). Certains y ont vu une manière subtile de pointer un doigt accusateur dans la direction de la DPCP.
La plainte concernant Mme Normandeau stagne depuis un an. Le 7 mai, la DPCP a décidé de sauter l’étape de l’enquête préliminaire qui devait débuter le 5 juin prochain. Cela signifie que les accusés iront directement en procès, peut-être dès cette année.
La DPCP n’a pas justifié cette décision exceptionnelle. Mais il y a lieu de croire que l’accélération des procédures est sa réponse à l’exaspération croissante du public à ce sujet.
Cet organisme ne pouvait manifester plus clairement et de manière plus convaincante son désir d’aller rapidement au fond des choses.
Le seul reproche que j’adressais au DPCP est le suivant.
Si on exclut le cas précis de l’ancien ministre Tony Tomassi, et les présents insignifiants — quelques bouquets de fleurs et des billets de concert — il faut réaliser que la corruption de l’État sous Jean Charest a peu profité personnellement à ses ministres; elle a profité à des entrepreneurs amis et à des collecteurs de fonds. L’un de ces derniers pouvait même exercer ses activités de financement ‘bénévolement’ tant les bénéfices qu’il en retirait étaient importants.
Aujourd’hui Nathalie Normandeau n’en serait pas réduite à faire de la radio si elle s’en était mise plein les poches. En somme, elle n’a pas les moyens de payer des avocats pendant des années à retarder les procédures contre elle. Mais en portant des accusations à la fois contre elle et contre six coaccusés richissimes, on lui permet de se placer sous l’aile protectrice des autres accusés qui, eux, auront les moyens de retarder sa cause.
Pensons que les dates de comparution et de procès devront tenir compte des disponibilités de sept avocats (celui de Mme Normandeau et des six coaccusés), ce qui retarde d’autant le procès.
En dépit de cette réserve, s’il y a un verrou, je ne crois pas qu’il se trouve à ce niveau. À mon avis, les yeux doivent se tourner vers l’UPAC.
La réaction de l’UPAC
Pour lever les soupçons de verrou à l’UPAC, son directeur a témoigné récemment en commission parlementaire.
De son témoignage, je retiens trois choses. En ordre décroissant d’importance, ce sont :
• Les procédures dilatoires
Robert Lafrenière a affirmé que des procédures dilatoires utilisées par les avocats de Marc Bibeau — grand argentier ‘bénévole’ de M. Charest à l’époque où ce dernier était premier ministre — avaient empêché jusqu’en février 2017 l’UPAC d’accéder à des preuves-clés d’une enquête débutée en 2013.
Cette enquête porte sur des malversations relatives à trois entreprises appartenant à Marc Bibeau.
Doit-on comprendre que des procédures dilatoires ont paralysé toutes les enquêtes de l’UPAC concernant la corruption de l’État québécois autres que celles qui ont abouti à l’accusation contre Mme Normandeau ?
Ce n’est pas ce qu’a dit Robert Lafrenière. Mais en mettant de l’avant le cas très précis de cette enquête, le directeur de l’UPAC s’en sert comme d’une muléta pour détourner notre attention.
Qu’en est-il de toutes les autres enquêtes ? Pourquoi n’aboutissent-elles pas ?
• Une enquête peut durer neuf années
Lorsque des enquêteurs se butent à l’omerta de tous les comploteurs, leur enquête peut effectivement être très longue.
Mais sur le nombre considérable de personnes qui ont participé au pillage du Trésor public sous Jean Charest, on compte probablement déjà un certain nombre de repentis.
La commission Charbonneau a misé sur un petit nombre de témoins-vedettes (Lino Zambito et Ken Pereira) pour faire avancer ses travaux.
Sur les dizaines (si ce n’est pas des centaines) d’entrepreneurs impliqués, je ne peux pas croire qu’il n’y ait aucun repenti prêt à témoigner.
Le cas de chacun de ces repentis peut faire l’objet d’une plainte différente.
En effet, il n’est pas nécessaire de porter une plainte encyclopédique qui regroupe tous les comploteurs; après un certain nombre de condamnations individuelles à des peines d’emprisonnement, les langues se délieront et cette pyramide s’effondrera d’elle-même.
Conséquemment, l’excuse d’une ‘enquête peut prendre neuf ans’ ne tient pas debout.
• Le ‘fuiteur-bandit’
Les mots les plus durs employés par Robert Lafrenière au cours de son témoignage sont à l’égard du ‘fuiteur’ qui a révélé des éléments de preuve que le directeur de l’UPAC juge lui-même sans importance.
J’aurais préféré que le directeur de l’UPAC réserve sa désapprobation la plus vive à l’égard de ceux qui ont mis en place un pillage du Trésor public qui a couté des centaines de millions$ aux contribuables.
Conclusion
Les contribuables attendent — avec une impatience qui frise l’exaspération — la sanction des responsables de la corruption sous Jean Charest.
Si j’en juge par des écrits anciens, les collecteurs de fonds du PLQ ne sont pas les premiers à qui on offre de l’or, de l’encens et de la myrrhe; vouloir être dans les bonnes grâces des puissants de ce monde est un réflexe vieux comme la Terre.
Mais Jean Charest n’est pas l’Enfant-Jésus.
Les êtres humains étant ce qu’ils sont, on trouve des malversations dans tous les gouvernements qui ont précédé celui de Jean Charest. Mais le système de financement politique qu’il a mis en place a connu un succès qu’il n’avait peut-être pas prévu lui-même. Ce qui ne veut pas dire qu’on doit éviter de sanctionner un pillage du Trésor public qui a couté des centaines de millions aux contribuables.
Depuis six ans, des policiers font enquête à ce sujet, rédigent leur rapport et le soumettent. Puis d’autres policiers font leur enquête à eux, rédigent leur rapport et le soumettent. Ils sont suivis d’autres policiers qui font leur enquête, rédigent leur rapport et le soumettent. Et ainsi de suite.
Et qu’arrive-t-il ? À peu près rien. On comprend donc leur exaspération; six ans de paralysie n’est pas normal.
La très grande majorité des observateurs politiques ont favorablement été impressionnés par le témoignage du directeur de l’UPAC en commission parlementaire. Ce n’est pas mon cas.
Je lui reconnais un grand talent de communicateur et beaucoup d’adresse.
Mais entre Eliot Ness et Jacques Lafrenière, il y a le même écart qu’entre les actes de l’un et les paroles de l’autre.
Combien nous faudra-t-il d’années, de décennies ou de siècles à attente silencieusement par respect pour les institutions ?
J’ignore où se trouve le ‘verrou’ qui empêche l’UPAC d’agir mais il me faudra plus qu’une belle pirouette en commission parlementaire pour susciter mes applaudissements.
L’opinion favorable selon laquelle le gouvernement Charest a bien géré l’économie québécoise est tellement ancrée dans l’esprit des Québécois, que le Parti libéral aurait été très certainement reporté au pouvoir mardi dernier s’il n’avait pas subi la concurrence d’un autre parti fédéraliste (la Coalition avenir Québec).
Pourquoi un si grand nombre d’électeurs préfèrent-ils voter pour un parti corrompu à l’os ? Tout simplement parce qu’ils croient qu’ils y ont personnellement intérêt.
La corruption représente toujours une injustice envers l’entrepreneur honnête et un gaspillage des fonds publics parce qu’elle limite la concurrence au bénéfice des contributeurs à la caisse du parti au pouvoir. Toutefois, pour de nombreux électeurs, ce jugement moral défavorable ne fait pas le poids devant des considérations pragmatiques.
Lorsqu’un parti au pouvoir est en mesure de prouver aux contribuables qu’ils deviendront riches s’ils acceptent de fermer les yeux sur des petites pratiques moralement discutables, beaucoup d’entre eux préféreront ne pas s’en offenser.
En somme, contrairement au scandale des commandites, la corruption libérale a été commercialisée comme un mal bénéfique à chacun d’entre nous. Comme s’il s’agissait de payer des honoraires nous permettant de bénéficier de l’expertise de gestionnaires hors du commun. On doit donc reconnaître ici le génie des stratèges libéraux.
Le silence étonnant du Parti québécois
À aucun moment important de la campagne électorale, le Parti québécois n’a critiqué le bilan économique du gouvernement Charest. Comme si le PQ lui-même était d’accord pour reconnaître que le Parti libéral avait fait un bon travail. Or la perception qu’ont les électeurs du bilan économique des Libéraux était la clé du pouvoir pour le PQ.
Seule la CAQ a présenté l’envers de la médaille. Mais sa voix n’a pas été entendue parce qu’elle ne fut relayée par personne. De plus, j’ai été estomaqué d’entendre le président de cette formation politique faire tout un drame d’une paire de billets de spectacle donné par un entrepreneur véreux à une ministre libérale alors que par exemple, un contributeur à la caisse du parti libéral a obtenu sans appel d’offres une série de contrats totalisant 360 millions$ — vous avez bien lu : un tiers de milliards$ sans appel d’offres — pour obtenir 120 place pendant 25 ans dans un foyer pour personnes âgées situé dans la région de Québec.
Madame Marois a bien souligné qu’en tant que ministre des Finances d’un gouvernement péquiste, elle avait présenté en 1999 un budget qui dégageait un surplus de 500 millions$. Mais qu’en est-il du bilan global du gouvernement Charest ? Pas un mot de la part du PQ.
Si le PQ est incapable de dire fièrement que la croissance économique du Québec a dépassé la moyenne canadienne au cours de neuf des dix dernières années du gouvernement péquiste de Lucien Bouchard et de Bernard Landry, qui le dira ?
Par contre, si le PQ ne souligne pas que sous les Libéraux de Jean Charest, la croissance économique du Québec a été inférieure à la moyenne canadienne de 2003 à 2008, comment les Québécois l’apprendront-ils ? Et la belle performance de 2008 à 2011 dont se vante M. Charest (4,7% au Québec vs 3,5% pour l’ensemble du pays), qui dira que cet avantage d’un pour cent sur trois ans (0,3% annuellement) n’a pas été suffisant pour réparer les dommages subis de 2003 à 2008 ? Pas le PQ, apparemment.
Pourtant, c’est ce qui a fait chuter le Québec du quatrième rang canadien en 2003, à l’avant-dernier rang du pays actuellement (devant l’Île-du-Prince-Édouard) quant au revenu disponible par personne (comme le soulignait si justement la CAQ).
Au cours de la récente crise économique, la Caisse de dépôt et de placement a perdu 25% de la valeur de ses actifs, comparativement à 18,4% pour la moyenne des grandes caisses de retraite canadiennes. C’est une perte de 40 milliards$ de nos épargnes en vue de notre retraite. Cette perte colossale, apparemment, n’émeut pas le PQ.
Lorsque la Parti libéral a pris le pouvoir en 2003, le portefeuille de la Caisse comprenait 20% d’actions québécoises (si ma mémoire est bonne). En 2007-2008, cette proportion avait chuté à 12%. Des milliards$ de nos épargnes servaient à créer des emplois ailleurs qu’au Québec. Pourquoi ? Parce que la caisse préférait spéculer sur les rendements extraordinaires du « papier commercial » plutôt que ceux plus faibles des entreprises d’ici. Au moment de la crise, la Caisse possédait à elle seule le tiers de tous les titres toxiques détenus au Canada (13 milliards$ sur 30 milliards$). Je ne peux pas croire que le PQ n’y voit pas matière à scandale et si oui, pourquoi elle n’a pas cru bon le rappeler aux électeurs.
Conclusion
Du strict point de vue économique, le gouvernement Charest est le plus incompétent que le Québec ait connu depuis quarante ans. Mais en l’absence de critiques à ce sujet, un nombre appréciable d’électeurs ont pensé qu’il était dans leur intérêt de voter pour le Parti libéral. Conséquemment, le PQ a été élu à la tête d’un gouvernement minoritaire.
Tout comme le Parti libéral en 2008, le Parti Québécois a été porté hier au pouvoir par une minorité de l’électorat. Il y a quatre ans, Jean Charest avait recueilli 42,8% des voix : hier Pauline Marois a obtenu 31,9% des voix.
Lorsqu’on tient compte du taux de participation (57,4% en 2008 et 74,6% hier), le Parti libéral avait formé un gouvernement majoritaire avec l’appui de 24,6% des personnes aptes à voter, alors que le Parti québécois formera un gouvernement minoritaire grâce à 23,8% de la population adulte.
PQ
PLQ
CAQ
QS
etc.
2012 – Pourcentage des votes
31,9%
31,2%
27,1%
6,0%
3,8%
2012 – Pourcentage de l’électorat
23,8%
23,2%
20,2%
4,5%
2,8%
2008 – Pourcentage des votes
35,2%
42,8%
16.4%
3,8%
1,9%
2008 – Pourcentage de l’électorat
20,2%
24,6%
9,4%
2,2%
1,1%
Note : dans le tableau ci-dessus les données dans la colonne de la CAQ sont celles de la CAQ (en 2012) et de l’ADQ (en 2008).
Diriger un gouvernement minoritaire, ce n’est pas ce que souhaitait le PQ, mais c’est la meilleure chose qui pouvait lui arriver dans le contexte actuel.
Le PQ stagne aux alentours de 33% dans les intentions de vote dans toutes les élections générales depuis une décennie. Tout au long de la récente campagne électorale, le PQ a fait du surplace. On peut même dire que sans la CAQ, le Parti libéral aurait été réélu hier soir.
La raison est simple. La grande majorité des Québécois sont en faveur du maintien du Québec au sein de la fédération canadienne. Les mois qui viennent sont une occasion pour le PQ d’apprivoiser les Québécois, très majoritairement fédéralistes, donc méfiants à l’égard d’un parti indépendantiste.
Parce que le talon d’Achille du PQ, c’est l’empressement. Si le PQ s’était retrouvé à la tête d’un gouvernement majoritaire, ses militants les plus ardents l’auraient pressé à s’engager dans des réformes controversées qui auraient handicapé sa réélection au scrutin d’après.
Mais un gouvernement minoritaire est un gouvernement condamné à se faire aimer. S’il est vrai que ses adversaires politiques ont intérêt à ce qu’il se trompe, ils n’ont pas intérêt à voter en faveur de ses erreurs.
Il est donc prévisible que les projets de loi adoptés l’Assemblée nationale seront des mesures aimables, susceptible de rallier malgré eux les adversaires politiques du gouvernement.
Ce gouvernement n’imposera le bâillon que pour les raisons pour lesquelles cette mesure draconienne a été conçue, soit pour faire taire une minorité bruyante qui fait obstacle à l’intérêt national et à la volonté du peuple.
Un allié libéral de mauvais gré
Le sort de ce gouvernement minoritaire péquiste sera facilité par une opposition officielle décapitée. Tant que le Parti libéral n’aura pas trouvé un successeur à M. Charest (battu dans son propre comté), cette formation politique n’a pas intérêt à provoquer la chute du gouvernement et conséquemment, à déclencher des élections précipitées.
Le Parti libéral devra condamner les mesures gouvernementales… tout en votant pour elles à chaque fois que le gouvernement transformera le projet de loi en une motion de confiance. Rappelons qu’un projet de loi se transforme en motion de confiance lorsque le gouvernement menace à l’avance de démissionner si un projet de loi devait être rejeté par l’Assemblée nationale.
On peut imaginer la frustration des députés libéraux au cours des mois qui viennent à chaque fois que cela se produira.
S’il est habile, le gouvernement actuel s’empressera à accorder l’immunité aux personnes qui voudront témoigner à la Commission Charbonneau (sur la corruption dans l’industrie de la construction). Jusqu’ici, les témoins qui nomment des personnes ou des entreprises à cette Commission, s’exposent à être poursuivies pour diffamation. Avec un projet de loi qui garantit l’immunité des témoins, les langues se délieront.
Pour favoriser l’adoption d’un tel projet de loi, le gouvernement Marois pourra compter sur l’appui de la Coalition avenir Québec (deuxième parti d’opposition), heureuse de contribuer au déclin du Parti libéral et d’augmenter ainsi sa popularité à ses dépens.
D’ici à ce que Mme Marois se sente suffisamment confiante pour déclencher de nouvelles élections afin d’obtenir un mandat majoritaire, le gouvernement péquiste pourra donc compter sur une opposition officielle qui collaborera officieusement avec elle par dépit.
La CAQ, un trésor à piller
Aucun parti politique n’a le monopole des bonnes idées. Le PQ serait sage de regarder attentivement les promesses électorales de ses rivaux pour y voir des mesures à adopter.
Je l’ai dit et je le répète : la promesse de la CAQ de donner un médecin de famille à chaque québécois est une de ses bonnes idées.
Il est inconcevable que le quart de la population québécoise soit privé de l’accès à des soins de première ligne et, conséquemment, doive choisir entre endurer son mal ou attendre des heures pour être soigné à l’urgence d’un hôpital ou dans une clinique sans rendez-vous. La promesse de la CAQ respecte un droit fondamental : celui du droit à la santé.
L’idée de forcer chaque médecin à prendre en charge un nombre fixe de 1 000 patients était simpliste mais l’intention de fond était louable. En réalité, il faut que l’État s’entende avec la corporation professionnelle et les syndicats de médecins pour augmenter la charge de travail moyenne des omnipraticiens de manière à ce que tout le monde ait accès à un médecin de famille, prévoir un pourcentage minimal de rendez-vous consacrés aux urgences et adopter des mesures accessoires — plus précisément la délégation d’actes — qui permettent d’alléger la tâche des médecins et d’éviter d’allonger les délais pour obtenir un rendez-vous.
Bref, réaliser les meilleures promesses des partis rivaux est un moyen de les priver de munitions lors d’un prochain scrutin et de diminuer les raisons de voter pour eux.
Mme Marois pourrait aussi songer à la possibilité de répéter le coup d’éclat du Premier ministre Robert Bourassa qui, en 1970, avait nommé Jean Cournoyer, ministre du travail quelques mois plus tôt dans le gouvernement d’un parti rival, à ce même poste dans son propre cabinet nouvellement élu.
La Première ministre pourrait donc offrir un poste ministériel à certaines vedettes caquistes. Ceux-ci auront le choix entre réchauffer les bancs de la deuxième opposition officielle et souffrir de son manque de visibilité ou, dès maintenant, travailler au progrès du Québec dans un gouvernement d’union nationale.
S’ils sont en nombre suffisant, ces transfuges pourraient même donner au PQ ce qui lui manque pour former un gouvernement majoritaire.
Conclusion
Privés du mandant de s’aventurer dans des réformes importantes, les gouvernements minoritaires représentent des gouvernements faibles, condamnés à se faire aimer du peuple ou à disparaitre.
Pour diriger l’État en dépit des pièges qui leur tendent leurs ennemis, ces gouvernements doivent faire preuve d’habilité et de diplomatie afin d’unir la population derrière eux et ainsi faire hésiter ceux qui voudraient replonger le Québec dans une nouvelle élection.
De tous les partis politiques, le PQ est celui qui possède le plus de gens dont l’intelligence, l’habilité et la ruse sont capables de lui permettre de naviguer dans les eaux tortueuses d’un gouvernement minoritaire.
Les mois qui viennent s’annoncent donc très intéressantes pour ceux qui s’intéressent à l’actualité politique au Québec.
Détails techniques de la photo : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 40-150mm R — 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 2000 — 150 mm
Lorsque le Parti québécois a été élu pour la première fois en 1976, les Québécois francophones étaient sous le choc d’un fait divers qui avait passionné l’opinion publique.
Dans les mois qui avaient précédé cette élection, on avait appris que la Canadian Air Transport Security Authority (c’est-à-dire la régie fédérale des transports aériens) avait émis une directive interdisant à un pilote et à un contrôleur aérien, tous deux francophones, de se parler en français entre eux. Les contrevenants s’exposaient à des pénalités et, ultimement, au congédiement. Je crois comprendre que, de nos jours, cette pratique est universelle : les communications dans le transport aérien international se font toujours en anglais, même en France. Je compte sur les lecteurs européens de ce blogue pour me corriger si je me trompe.
Mais à l’époque, ce sujet déchaînait l’opinion publique. Si bien que le PQ était alors porté au pouvoir sur la vague du mécontentement que cette « discrimination » provoquait.
Depuis quarante ans, la proportion de citoyens favorables à l’indépendance du Québec oscille entre le tiers et le quart de la population. Si le PQ a gagné plusieurs élections depuis ce temps, c’est que cette formation politique garantissait à chaque fois que le scrutin portait exclusivement sur sa compétence à gouverner et qu’elle promettait que tout projet d’indépendance serait soumis spécifiquement à l’approbation ou au rejet populaire.
En 1995, 49,5% des Québécois finissaient par voter « oui » à une question référendaire alambiquée, à la suite d’une période intense de propagande et de propos rassurants à l’effet qu’un « oui » ne donne le feu vert qu’à un processus de négociation qui, en cas d’échec donnerait suite à un deuxième référendum, décisionnel cette fois-là.
Depuis une décennie, le PQ stagne aux alentours de 33% dans les intentions de vote de toutes les élections générales.
Cette fois-ci, les sondages indiquent que le PQ est en tête tout simplement parce que le vote fédéraliste, très majoritaire, est divisé entre la CAQ et le Parti libéral en décomposition. Si les électeurs n’avaient le choix qu’entre le PQ et le Parti libéral, une majorité de Québécois voteraient probablement libéral en se bouchant le nez.
À l’heure actuelle, le PQ a fait le plein de tous les indépendantistes qui, par choix ou par dépit, votreront pour cette formation politique. À quelques jours du vote, le quart des électeurs sont indécis. Mais qui sont-ils ?
Ils sont fédéralistes, n’ont pas suivi les débats télévisés, sont peu instruits et craignent le changement.
Une minorité d’entre eux sont indécis parce que cela est dans leur nature. Dès leur réveil, on les imagine hésitants entre se lever ou rester couchés. Alors on peut imaginer le choix déchirant que sera pour eux d’aller voter.
Quant au reste, ils ont le profil du fidèle électeur libéral qui ne s’est pas encore résigné à changer de parti et qui se déclare indécis parce qu’il a honte d’avouer sa préférence. Si tel est le cas, on peut deviner que dans l’isoloir, ils auront tendance à voter pour le parti le plus près idéologiquement du Parti libéral, soit la CAQ. En effet, la CAQ, c’est le Parti libéral javellisé.
D’ici au scrutin, le Parti Québécois n’a pas grand chose à gagner à poursuivre ses appels à l’unité des indépendantistes : depuis quarante ans, il est impossible de prendre le pouvoir en ne s’appuyant que sur le vote indépendantiste.
Si Mme Marois veut devenir la première Première ministre, il lui faudra élargir sa base électorale aux fédéralistes et souligner ce que tout le monde devrait savoir — mais sur lequel Mme Marois n’a pas beaucoup insisté — soit qu’un vote péquiste est simplement un vote en faveur d’un gouvernement compétent et responsable. Si elle échoue, cette élection pourrait lui réserver des désagréables surprises.
En effet, il faut se méfier des sondages qui répartissent le vote des indécis comme s’ils allaient voter comme le reste de la population. Après les appels au vote caquiste d’à peu près tous les quotidiens du Québec (sauf Le Devoir), les indécis pencheront certainement plutôt vers la CAQ.
Les indécis qui songent à voter pour le Parti québécois constituent probablement moins du cinquième de l’ensemble de ceux qui hésitent encore. Mais dans la présente élection, chaque vote compte.
Motiver ceux qui pourraient voter péquiste à passer à l’acte est d’autant plus facile que s’il est élu, le PQ sera certainement à la tête d’un gouvernement minoritaire, c’est-à-dire d’un gouvernement dont les politiques seront mises en échec à chaque fois qu’elles ne réussiront pas à rallier l’un ou l’autre des deux autres grands partis que sont la CAQ et le Parti libéral.
Cette présence « rassurante » pourrait bien motiver certains indécis à voter péquiste mardi prochain si Mme Marois a l’habilité d’utiliser cet argument.
Plus tôt cette année, lors d’une élection partielle, le Parti Québécois a ravi le bastion libéral d’Argenteuil avec seulement 35% des votes; c’est le résultat de la fonte de la majorité libérale par la Coalition avenir Québec (33% PLQ et 21% CAQ).
Dans l’ensemble de la province, la CAQ a gagné de nombreux partisans en grugeant la clientèle libérale. De fait, qui peut dire la différence entre la « réingénierie de l’État », promise en 2003 par les Libéraux, et la promesse actuelle de la CAQ de « faire le ménage » dans l’appareil de l’État ? Idéologiquement, la CAQ, c’est le Parti libéral javellisé.
Or ce dernier est en mauvaise posture. L’autobus de monsieur Charest se dirige pleine vitesse vers le mur bétonné de la réprobation populaire. Ses thèmes néo-duplessistes de la peur des Carrés rouges et de l’anarchie sont tombés à plat avec une rentrée scolaire sans incident. Le Plan Nord, cette idée pharaonique de transformer la toundra québécoise en goulag nordique au prix de 40 à 63 milliards$ n’a pas suscité l’enthousiasme populaire non plus. Avec des minières si ouvertement empressées à faire transformer le minerai à l’étranger et conséquemment, à ne créer que le minimum d’emplois au Québec, la population ne perçoit ces compagnies que comme de gros citrons à presser.
Le Parti libéral conserve de nombreux appuis dans la communauté anglophone, reconnaissante pour l’application imperceptible de la Loi 101, la légalisation des écoles passerelles, et les cours d’anglais aux immigrants alors que les cours de français leur ont été supprimés (sauf en entreprise).
La région de Québec était aussi un bastion libéral. Il semble acquis que la CAQ y fera une percée importante en surfant sur la rhétorique hostile à l’État que diffusent depuis des années les influenceurs radiophoniques de la vieille capitale. En 2008, le Parti libéral y avait gagné presque tous les comtés avec 39,5% des votes. Présentement, 46% des électeurs de cette région s’apprêtent à voter pour la CAQ. Un véritable tsunami politique mettra donc à la retraite tous (ou presque tous) les députés libéraux de la région.
Partout au Québec, les rats quittent le navire libéral. D’anciens organisateurs politiques suggèrent de voter pour la CAQ afin d’empêcher la prise du pouvoir par le Parti Québécois. D’ici au scrutin, la CAQ pourrait encore grandir aux dépens du Parti libéral. Avec seulement 7% de votes de plus, grugés dans les intentions de vote libéral — en d’autres mots, avec 35% des votes comme dans Argenteuil — la CAQ pourrait former le prochain gouvernement du Québec.
Mais la véritable surprise pourrait venir d’ailleurs.
Les 23 et 24 août dernier, une maison de sondage a analysé les intentions de vote selon l’âge. Les résultats démontrent que les retraités préfèrent le Parti libéral. Par contre, les vieux Indépendantistes sont toujours fidèles au Parti Québécois. Quant aux autres, ils se répartissent à peu près de la même manière sauf pour les jeunes électeurs : 30 à 33% voteront PQ, 32% voteront pour la CAQ, et 23 à 25% voteront pour le PLQ.
Le quart des électeurs de 18 à 24 ans ont l’intention de ne voter pour aucun des trois principaux partis politiques. C’est énorme. Les jeunes savent bien que ces partis marginaux — Québec Solidaire, Parti vert et Option nationale — n’ont aucune chance de former le prochain gouvernement mais ils s’apprêtent à voter pour eux parce qu’ils veulent encourager des formations politiques aux idées neuves, près des leurs.
D’ici au scrutin, tous les partis politiques chercheront à rallier les indécis. La tâche du PQ sera plus ardue : ce sera de convaincre les jeunes qui souhaitent voter pour des partis marginaux — il ne s’agit pas d’indécis, donc ce sera plus difficile — qu’ils doivent sacrifier ce vote au nom de la stratégie électorale : voter « inutilement » pour l’un ou l’autre de ces partis favorise l’élection de la CAQ plutôt que le PQ. Si le PQ échoue à les convaincre, nous aurons un gouvernement caquiste. S’il réussit, ce sera un gouvernement péquiste. C’est aux jeunes de choisir.
Sous le thème de « Promouvoir les aliments du Québec », monsieur Jean Charest a présenté ses engagements agricoles, évaluées à plus de 44 millions$ sur cinq ans :
• 10 millions pour prolonger le Plan de la relève agricole pendant cinq autres années,
• 15 millions$ sur cinq ans pour promouvoir le réseau de marchés publics,
• 13 millions$ sur trois ans pour subventionner l’achat d’équipements et l’appui de services d’experts par le secteur de la transformation alimentaire,
• 6 millions$ supplémentaires sur trois ans afin de soutenir l’innovation et la commercialisation des produits de la pêche maritime, et
• perte de revenu non-précisée pour relever de 750 000$ à un million$ l’exonération fiscale d’impôts sur les gains en capital lors d’un transfert familial d’une entreprise agricole.
La CAQ augmentera les pouvoirs patronaux des municipalités
Estimant que les syndicats municipaux sont trop puissants, la CAQ propose de rétablir l’équilibre des forces entre les villes et les employés municipaux en donnant aux municipalités un pouvoir législatif approprié, ainsi qu’une marge de manœuvre accrue en matière de relations de travail.
François Legault propose de créer une charte des municipalités afin de définir les pouvoirs qui pourraient être transférés aux municipalités, en échange de plus de transparence et d’imputabilité.
Le chef de la CAQ a promis également de créer un centre d’expertise pour Transports Québec et de relancer, grâce à un PPP (partenariat privé-public), le zoo de Québec afin d’en faire un site récréotouristique.
Les nouvelles dépenses promises par le Parti Québécois sont les suivantes :
• 388 millions$ au remboursement de la dette,
• 177 millions$ pour les 15 000 places supplémentaires en garderie,
• 119 millions$ de plus pour les soins à domicile des personnes âgées,
• 96 millions$ pour compléter le réseau de groupes de médecins de famille,
• 40 millions$ pour la création de 500 logements sociaux de plus par année,
• 37,5 millions$ pour financer le déploiement de l’internet à haute vitesse dans les régions où elle n’est pas encore disponible,
• 37,5 millions$ pour l’embauche de professeurs dans les écoles,
• 35 millions$ à des travaux forestiers,
• 30 millions$ pour des programmes de résidence d’artistes dans les écoles,
• 25 millions$ d’intérêts pour des emprunts du Fonds d’investissement régional,
• 20 millions$ pour ses maternelles dès l’âge de 4 ans dans les milieux défavorisés,
• 20 millions$ à la relève agricole,
• 16 millions$ pour améliorer l’accès à la justice,
• 15 millions pour augmenter la fréquentation d’élèves à des activités culturelles,
• 15 millions$ à l’identification des produits agricoles québécois et au développement d’appellations contrôlées québécoises,
• 13 millions$ d’intérêts pour le développement économique du centre du Québec (pour compenser pour la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2),
• 13 millions$ de plus pour le Conseil des arts et des lettres du Québec,
• 10 millions$ pour la mise sur pied d’un service de nouvelles à Télé-Québec,
• 8 millions$ de plus pour la Société de développement des entreprises culturelles,
• 5 millions$ pour augmenter le budget de l’Office de la langue française,
• 5 millions$ pour la promotion culturelle du Québec à l’étranger,
• 6 millions$ à l’indemnisation des victimes d’actes criminels,
• 5 millions$ au Plan de développement de la Gaspésie.
À cela s’ajoutent des pertes de revenus :
• 1 005 millions$ à l’abolition de la taxe santé,
• 150 millions$ pour l’annulation de la hausse des frais de scolarité (et des mesures compensatoires destinées à compenser pour cette hausse),
• 47 millions$ pour la non-indexation du tarif des garderies,
• 25 millions$ à un crédit d’impôt maximal de 500$ par enfant pour rembourser les frais d’activités sportives,
• 22 millions$ à un crédit d’impôt maximal de 500$ par enfant pour rembourser les frais d’activités culturelles.
Le cadre financier comporte de nouveaux revenus :
• 610 millions$ en taxant davantage les riches,
• 388 millions$ en haussant les redevances minières,
• 225 millions$ en taxant davantage les gains de capital,
• 140 millions$ en réduisant les crédits d’impôts pour dividendes.
Ce cadre financier repose sur une croissance anticipée de 1,4% annuellement pour l’économique québécoise pendant les cinq prochaines années. Même si ce taux est légèrement inférieur à celui sur lequel reposent les cadres financiers des partis rivaux, il est irréaliste, lui aussi, du moins dans un avenir prévisible compte tenu du ralentissement économique de nos principaux partenaires commerciaux (l’Ontario et les États-Unis).
Ayant oublié de programmer l’enregistrement du face à face entre monsieur Legault et madame Marois, je n’ai vu que la vingtaine de minutes d’extraits publiés sur le site du réseau TVA.
La confrontation semble avoir été intéressante quoique par moments, elle ressemblait trop à une discussion privée entre collègues qui se sont laissés voilà longtemps sur un différend non résolu.
Le Parti québécois a tort de discréditer la promesse de la CAQ d’offrir un médecin de famille à chaque personne. En elle-même, cette mesure — qui n’est pas si compliquée que cela à mettre en exécution — ne fait pas grand-chose si ce n’est de respecter un droit fondamental : celui du droit à la santé.
Il est inconcevable que le quart de la population québécoise soit privé de l’accès à des soins de première ligne et, conséquemment, doive choisir entre endurer son mal ou attendre des heures pour être soigné à l’urgence d’un hôpital ou dans une clinique sans rendez-vous.
Pauline Marois réplique en disant qu’on ne peut pas demander à des femmes médecins de sacrifier leurs obligations familiales sur l’autel de la volonté de l’État. De plus, au Québec, les médecins sont obligés de travailler à l’hôpital, ce qui diminue d’autant leur disponibilité pour leur cabinet privé.
À mon avis, ce ne sont pas là des arguments contre le droit fondamental à l’accessibilité aux soins médicaux de première ligne : c’est un argument contre le chiffre fixe de 1 000 patients par médecin. Dans les faits, la charge médicale devra être modulée en fonctions de critères à définir.
Quant au chef de la CAQ, il radote lorsqu’il répète ad nauseam qu’un gouvernement péquiste vivrait dans l’obsession d’organiser sournoisement un référendum sur la souveraineté du Québec. Le Parti québécois est un parti responsable qui a déjà été au pouvoir et a donné au Québec plusieurs des meilleurs gouvernements de son histoire.
La Loi sur la citoyenneté québécoise
Pauline Marois a déclaré qu’un gouvernement péquiste adopterait une loi en vertu de laquelle, certains droit fondamentaux — celui de financer un parti politique, d’adresser une pétition à l’Assemblée nationale ou d’être candidat aux élections québécoises, municipales et scolaires — serait nié à quiconque ne possédant pas une connaissance appropriée de la langue française.
Devant le tollé que cette nouvelle a provoqué, les dirigeants du Parti québécois ont corrigé la chef de ce parti en précisant que cela n’affecterait pas la minorité anglophone actuelle, ni les peuples autochtones.
Ainsi, tous les citoyens vivant sur le territoire du Québec au moment de l’adoption éventuelle de la loi obtiendraient automatiquement la citoyenneté québécoise. Toutefois les nouveaux arrivants devraient respecter certaines conditions pour avoir cette citoyenneté.
En somme, le PQ propose une nouvelle catégorie de personne habitant le Québec : le sans-papier. Celui-ci aura des droits moindres. Et pour gérer cette nouvelle classe de citoyens sans « citoyenneté québécoise », on embauchera des fonctionnaires qui évalueront chez le requérant, sa connaissance « appropriée » du français.
Lorsque des néoQuébécois parlant français supportent l’immigration de leurs vieux parents chinois, slaves ou autres, trop vieux pour apprendre notre langue, on fera donc de ces derniers des citoyens de deuxième classe.
Dans les pétitions en ligne du gouvernement québécois, on permettra au signataire de certifier qu’il possède bien la citoyenneté québécoise en cochant une case prévue à cette fin. Et pour éviter les accusations de fraude, les responsables devront prendre des moyens raisonnables pour empêcher qu’une telle pétition ne soit noyautée par des sans-papiers déclarant faussement posséder leur carte. Une simple recherche de noms de famille suspects pourrait suffire, rassurant ainsi les maires xénophobes de l’arrière pays.
Lors des campagnes de financement, les partis politiques devront exiger la présentation de la carte de citoyenneté avant d’accepter le chèque de quelqu’un. Pas de carte, pas de contribution. Celles reçues par la poste devront être accompagnées d’une photocopie de la carte de citoyenneté, à défaut de quoi le chèque devrait être retourné à l’expéditeur. On imagine que la proportion d’argent « sale » versé illégalement aux partis politique pourrait augmenter.
Les personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer se verront refuser le droit de voter si elles ont égaré leur carte de citoyenneté québécoise, comme ce sera le cas pour n’importe quelle autre personne qui l’aura perdue.
Les jeunes adultes qui auront négligé de demander leur carte de citoyenneté lors de leur majorité, se verront également refuser le droit de voter… à moins qu’on prévoie dans chaque bureau de vote, des officiers dotés du pouvoir d’accorder temporairement le droit de vote à ceux qui n’auraient pas leur carte.
En préambule, la Charte québécoise des droits et libertés déclare : « tous les êtres humains sont égaux en valeur et en dignité et ont droit à une égale protection de la loi ». Je vais donc être clair. Afin d’être fidèle à ce principe, je promets de déchirer cette « carte-de-république-de-banane » le jour où je la recevrai si jamais celle-ci m’accorde un statut discriminatoire par rapport à d’autres personnes qui aiment le Québec et qui aspirent à y vivre. Et si jamais ce geste me porte préjudice, je m’engage à en contester la constitutionnalité douteuse.
Pour terminer, je me demande si par hasard, le Parti Québécois aurait oublié que l’objectif cette campagne, c’est de nous débarasser d’un gouvernement pourri et non de diviser la province en vrais et en faux Québécois.