La folie guerrière d’Ottawa

Publié le 5 décembre 2025 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

La décision du Canada de consacrer un certain pourcentage de son PIB à des dépenses militaires est souvent justifiée au nom de ses ‘obligations’ internationales.

En réalité, que ce soit 2 % (en 2014) ou 5 % (de nos jours), ces pourcentages sont des engagements volontaires pris par le Canada à l’Otan. Mais ce ne sont pas des obligations.

C’est ainsi que l’armée de l’Islande — pays de 343 500 habitants et membre de l’Otan depuis 1949 — est forte de 250 soldats et dispose d’un budget militaire proche de 0 % de son PIB.

Jamais un pays n’a été expulsé de l’Alliance atlantique parce qu’il n’en faisait pas assez : on lui fait des reproches lors des sommets de l’Otan et on le gronde sur la place publique. Mais un pays fort, sûr de lui, sait se tenir droit et ignorer les pressions qui s’exercent sur lui.

On apprend aujourd’hui qu’Ottawa a décidé d’acheter pour 3,7 milliards de dollars de bombes aux États-Unis, dont quelques milliers d’ogives haut de gamme.

Ces obus sont compatibles avec l’un et l’autre des modèles de chasseurs-bombardiers dont le Canada espère se doter.

Il existe bien une manufacture d’obus au Québec, à Salaberry-de-Valleyfield. Mais l’annonce d’aujourd’hui ne la concerne pas.

Pour guerroyer à travers le monde

L’administration Trump a décidé de changer le nom de son ministère de la Défense à celui de ‘ministère de la Guerre’. Le Canada devrait en faire autant.

Le Canada est un des très rares endroits au monde qui, par leur situation géographique, sont peu ou pas menacés par le risque d’une invasion étrangère, exception faite d’une improbable invasion américaine.

Ce qui ne veut pas dire que le Canada est immunisé contre des calamités d’une guerre.

C’est ainsi qu’au cours d’une Troisième Guerre mondiale, il est certain que des cibles stratégiques situées au Canada seront bombardées par des missiles intercontinentaux tirés par des pays hostiles (Corée du Nord, Chine ou Russie).

Pour s’en prémunir, le Canada a besoin de missiles antimissiles (ou missiles sol-air).

On ne connait pas en détail la ‘liste d’épicerie’ du ministère de la Défense, mais il ne semble pas que le Canada ait jugé bon s’en doter.

Ce que le Canada cherche à obtenir, c’est plutôt ce dont il aura besoin pour assister les États-Unis dans leurs aventures guerrières à travers le monde. En somme, pour bombarder d’autres pays.

Et, théoriquement, pour nous protéger quand tout le reste du globe aura été conquis et qu’il ne restera plus que le Canada à soumettre.

Dans le cas des bombes américaines que nous achetons, elles pourraient également être données à des pays tiers (comme l’Ukraine)… en espérant qu’elles se rendent au front.

Se protéger d’une réédition de la Deuxième Guerre mondiale

Depuis plusieurs décennies, Ottawa s’équipe de capacités militaires dont il a besoin pour mener à l’Étranger des guerres de type insurrectionnel. C’est-à-dire des guerres où le Canada et ses alliés ont préalablement pris le contrôle de l’espace aérien du pays attaqué.

Mais le Canada n’a pas tiré les leçons de la guerre russo-ukrainienne et ne s’est pas demandé de quoi il a besoin pour participer à une guerre moderne.

Ce dont il espère se doter, c’est de l’équipement semblable à celui dont il s’est servi au cours de la Seconde Guerre mondiale; des chasseurs-bombardiers, des chars d’assaut, des obus, et ainsi de suite.

Au XXIe siècle, acheter cela, c’est l’équivalent d’acheter des sabres pour la cavalerie canadienne.

Conclusion

Le débat autour des achats militaires du Canada esquive une question fondamentale; s’agit-il de la meilleure manière de dépenser l’argent des contribuables ?

En effet, l’achat d’armements est un choix politique. Dans la mesure où les revenus de l’État ne sont pas illimités, notre choix est entre des investissements utiles — écoles, hôpitaux, construction domiciliaire, infrastructures (dont le transport en commun), adaptation aux changements climatiques — ou des dépenses certainement bénéfiques pour nos alliés militaires mais qui ne servent à rien pour nous et qui comportent très peu de retombées économiques.

Références :
Hausse des dépenses militaires : la fabrication du consentement
La dangerosité de la Russie pour un Québec libre
Le Canada achète pour 3,7 milliards $ de bombes aux États-Unis
Munitions et équipement militaire : General Dynamics renforce sa position au Québec

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

Un commentaire

| Course aux armements, Géopolitique, le prix du fédéralisme, Politique canadienne | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Les collabos du colonialisme canadian (3e partie) : Mark Miller, le pire ennemi du Québec à Ottawa

Publié le 3 décembre 2025 | Temps de lecture : 11 minutes

La tricherie libérale de 1995

L’ancien ministre fédéral de l’Immigration, Sergio Marchi, révélait récemment que dans l’année qui a précédé le référendum de 1995, Ottawa avait mis sur pied un stratagème secret appelé Opération citoyenneté.

Celle-ci visait à accélérer le traitement des demandes de naturalisation des demandeurs domiciliés au Québec afin de leur permettre de voter au référendum. Et ce, en sachant que ces néoQuébécois ont tendance à être reconnaissants au gouvernement canadien de les avoir accueillis au pays.

Selon l’ex-ministre, le premier ministre canadien d’alors lui aurait dit :

« Écoute, je sais que nous avons toujours des arriérés des demandes de citoyenneté, mais fais de ton mieux pour les faire avancer parce que le référendum approche et les gens veulent voter.»

Au cours du mois précédant le référendum, une armée de fonctionnaires basés en Nouvelle-Écosse travaillait jour et nuit afin d’accélérer le traitement des dossiers.

Si bien qu’au cours des quatre semaines précédant cette consultation populaire, Ottawa a naturalisé 11 500 personnes, soit le quart des naturalisations de toute cette année-là.

Selon Jean-François Lisée, les certificats remis aux nouveaux citoyens étaient accompagnés d’une lettre du ministre les invitant à défendre la démocratie tout en contribuant à l’édification d’un Canada fort et uni.

Le résultat, c’est que le ‘Non’ au référendum de 1995 a gagné de justesse, avec 50,58 % des voies, soit un écart de 54 000 votes avec le ‘Oui’.

Le déluge migratoire actuel

En janvier 2020, lors de la course à la chefferie du Parti Québécois, le candidat Paul Saint-Pierre-Plamondon (PSPP) annonce que sous sa direction, un gouvernement du PQ procèdera à un nouveau référendum au cours de son premier mandat. Le 9 octobre 2020, il est élu à la tête de ce parti.

Le 14 février 2022, Ottawa rend publique son intention de doubler le nombre d’immigrants qu’il accueille, passant d’une moyenne de 250 000 à 500 000 personnes par année.

Sans s’y préparer par une stimulation de la construction domiciliaire et l’augmentation de la capacité d’accueil des services publics, le Canada se propose donc de devenir le pays dont les niveaux d’immigration sont parmi les plus élevés au monde (hormis les pays voisins de zones de guerre).

En réalité, cette politique est déjà en vigueur au moment de son annonce.

En effet, dès l’année qui suit l’élection de PSPP, le Canada accueille un nombre record de résidents permanents, passant de 184 606 en 2020 — en deçà de la moyenne de 250 000 en raison de la pandémie — à 405 000 en 2021, à 431 000 en 2022, à plus de 465 000 en 2023, et enfin à 483 591 résidents permanents en 2024.

Au départ, environ la moitié de ces immigrants choisissent de s’établir au Québec. Ce qui aggrave chez nous la pénurie du logement et met à dure épreuve la fourniture des services de l’État (écoles, hôpitaux, garderies, etc.).

Totalement inconscient de la stratégie politique du fédéral, la CAQ se contente, dans un premier temps, de quêter de l’argent à Ottawa. Une demande à laquelle le fédéral finira par consentir.

Mais dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, l’argent n’achète pas tout.

Incapable de résoudre la crise, le gouvernement de la CAQ supplie ensuite le ministre Miller de mieux répartir cet afflux entre les provinces.

En mai 2024, Ottawa crée un comité de travail pour étudier la demande du Québec. En juillet, le ministre Miller se dit prêt à coordonner le transfert volontaire et en arriver à une répartition proportionnelle en fonction de la population de chaque province. Mais en septembre, c’est la douche froide : le ministre annonce qu’il n’y a pas réussi à obtenir un consensus entre les provinces.

Pendant que Marc Miller étire le temps, les résidents permanents installés au Québec décrochent des emplois et prennent racine. Ceux en région apprennent le français et s’intègrent parfaitement bien alors que les autres, restés dans la grande région montréalaise, contribuent à son anglicisation.

Rappelons que dès le début du déluge migratoire, plus précisément le 4 novembre 2021, le ministère de l’Immigration annonçait sa décision d’embaucher, dans ses bureaux de Montréal, plusieurs agents unilingues anglais afin d’accélérer le traitement des dossiers des demandeurs d’asile anglophones.

Pendant ce temps, le fédéral verse des sommes importantes au gouvernement de la CAQ comme Israël donne des millions$ à l’Autorité palestinienne pour qu’elle accepte sans rouspéter la colonisation israélienne en Cisjordanie.

Marc Miller et le déclin du français

À la suite d’un récent mini-remaniement ministériel, Marc Miller s’est retrouvé à la tête de l’ancien ministère du Patrimoine, renommé ministère de la Culture et de l’Identité canadiennes.

À peine nommé, il accorde une entrevue au quotidien Le Devoir. À cette occasion, il déclare en avoir ras le bol du débat sur le déclin du français, qu’il considère comme étant trop politisé.

Précisons que la politisation consiste à donner à un sujet une dimension politique. Évidemment, l’avenir d’un peuple est toujours politique. Comment pourrait-il en être autrement ?

À maintes reprises dans le passé, Marc Miller a déclaré que le français au Québec était menacé, c’est-à-dire subissait une menace, notamment face à l’océan anglophone nord-américain qui nous entoure.

Contrairement à ce qu’on peut lire dans certains journaux, Marc Miller a toujours nié que la menace dont on vient de parler produise des effets concrets, c’est-à-dire que Montréal s’anglicise. Tout au plus reconnait-il que certains indices le laissent penser… mais ne l’ont pas convaincu.

Voilà pourquoi, lors de l’entrevue au Devoir, le nouveau ministre a réitéré son aveuglement et refusé de parler d’un déclin global du français au Québec, évoquant plutôt un déclin « à certains égards ».


 
L’extinction d’un peuple ne se fait jamais du jour au lendemain. Elle est toujours précédée d’une phase intermédiaire de bilinguisation familiale (ici en rouge) au cours de laquelle ce peuple adopte la mentalité et les coutumes de son colonisateur.

Après vingt ans d’immobilisme gouvernemental et des décennies d’érosion judiciaire de la Loi 101, le Québec est entré en ‘louisianisation’. Au dernier recensement, tous les voyants clignotaient au rouge.

C’est ce que nie Marc Miller.

À juste titre, le premier ministre du Québec l’a accusé de répandre des conneries.

Le ministre de l’Identité

Au cours de l’entrevue, Marc Miller a également déclaré :

« Comme Québécois, je suis assez tanné de ce débat qui est généralement identitaire et électoraliste.»

Sous Justin Trudeau, le gouvernement libéral aurait voulu que les Canadiens se définissent d’abord et avant tout par leur identité de genre et par leur identité sexuelle parce que l’une et l’autre sont individuelles. Ce qui permet d’atomiser les citoyens d’un État ‘postnational’.

L’identité voulue par Ottawa pouvait également se définir en fonction de l’appartenance à des groupes ‘racisés’ parce que cette identité est tribale.

Alors qu’au contraire, l’identité linguistique est collective. Elle définit les peuples, contrairement au genre, au sexe ou à la couleur de la peau.

Or quand les francoQuébécois se définissent par leur langue et considèrent tout le reste comme secondaire, cela pave la voie à leur affirmation nationale.

C’est cela que Marc Miller combat.

Le ministre de la propagande fédérale

Dès la nomination de Marc Miller à titre de ministre fédéral de la Culture, l’establishment artistique s’en est réjoui, voyant en lui une personne capable de défendre leurs intérêts contre les géants technologiques américains.

C’est oublier bien vite qu’un des premiers gestes d’apaisement du premier ministre canadien face à Trump fut d’abandonner la taxe numérique.

Alors non, ce n’est pas pour combattre les GAFAM que Marc Miller a été choisi.

Hier à la Chambre des communes, le premier ministre du Canada a déclaré :

« On va défendre la langue française avec les plus grands investissements dans le secteur culturel de l’histoire du Canada.»

Voilà ce qui annonce le deuxième volet de la stratégie fédérale en vue du référendum; la promotion du fédéralisme canadien. Ce qui constitue, soit dit en passant, un objectif parfaitement légitime.

Et ce volet, tout comme le premier, sera une responsabilité de Marc Miller. C’est ça, la véritable raison de sa nomination (un peu accidentelle).

Pour l’aider à cette tâche, le fédéral utilisera son pouvoir dépenser pour mobiliser tout ce que le Québec compte de communicateurs et d’artistes talentueux.

Et c’est sans doute parce que PSPP a bien compris la stratégie fédérale qu’il a tenté de rendre toxique la fréquentation de Marc Miller.

Ceux qui y voient un saut d’humeur du chef péquiste n’ont rien compris. PSPP veut que les artistes qui prêteront leur talent à la cause fédérale soient conscients qu’ils travailleront dans le mauvais sens de l’Histoire.

Conclusion

Marc Miller est le général Wolf des angloQuébécois.

Après avoir orchestré un déluge migratoire qui est le prélude à une naturalisation massive des demandeurs d’asile (de la région montréalaise, spécifiquement), le voilà qui sera responsable du plus grand investissement culturel de l’histoire du Canada.

L’éthique politique du Parti libéral étant ce qu’elle est — particulièrement quand le régime colonial canadian est en danger — on peut s’attendre à ce que Marc Miller utilise tous les moyens à sa disposition pour parvenir à ses fins.

Voilà pourquoi j’espère que l’Assemblée nationale du Québec n’hésitera pas à exiger sa démission dès maintenant.

Références :
Anglicisation de Montréal depuis quinze ans
100 millions de Canadiens d’ici 2100 : Ottawa dit non à l’« Initiative du siècle »
Demandeurs d’asile : le ministre Marc Miller fustige les « nonos conservateurs »
Demandeurs d’asile : Ottawa estime en faire assez pour le Québec
Demandeurs d’asile: Ottawa prêt à «coordonner les transferts»
Denmark’s ‘zero refugee’ policy drives down asylum admissions to record low
Évolution récente de la politique d’immigration du Canada
Jean Chrétien avait donné l’instruction d’accélérer les demandes de citoyenneté avant le référendum de 1995
Le Canada a accueilli 431 000 résidents permanents en 2022, un record
Le multiculturalisme ou le tribalisme des sociétés anglo-saxonnes
Le projet du groupe de pression torontois Century Initiative
Les libéraux accusés d’avoir «truqué» le résultat du référendum de 1995 par le Bloc
L’unilinguisme anglais à Immigration Canada
Marc Miller se dit «tanné» du débat sur le déclin du français
Mark Carney et le colonialisme canadian
Parti québécois: Paul St-Pierre Plamondon promet un référendum dans un premier mandat
Québec menace Ottawa de couper les vivres aux demandeurs d’asile
Une partie du milieu culturel manque de loyauté envers le Québec, dit le chef du PQ

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

Postscriptum du 4 décembre 2025 : Rétractation de Marc Miller au sujet du déclin du français.

En réponse à une question du député conservateur Joël Godin qui reprochait à Marc Miller ses propos de la veille qui ont fait scandale, ce dernier a finalement déclaré : «…effectivement, le français est en déclin partout au Canada.»

C’est la première fois qu’il admet, implicitement, que le français est en déclin au Québec, sans préciser toutefois que cela est préoccupant.

Référence : Débats de la Chambre des communes – Le mardi 2 décembre 2025

Laissez un commentaire »

| le prix du fédéralisme, Politique canadienne | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La dangerosité de la Russie pour un Québec libre

Publié le 24 novembre 2025 | Temps de lecture : 7 minutes

Introduction

Le ministre Christopher Skeete est le ministre québécois des Relations internationales et de la Francophonie. Implicitement, c’est le ministre des Affaires étrangères du gouvernement de la CAQ.

Dès son retour du sommet du G20 tenu récemment en Afrique du Sud, il a contacté le Journal de Québec pour réagir à la publication, la veille, du fascicule intitulé ‘Le Québec qui prend sa place dans le monde’, premier chapitre du Livre bleu du Parti québécois.

Chauffé à bloc par les propos alarmistes qu’il a entendus au G20, le ministre a déclaré que l’indépendance laisserait le Québec vulnérable contre la Russie.

« Le jour après un ‘Oui’, on n’est plus membre de l’Otan. Et l’Otan, c’est la seule défense qu’on aurait contre l’agression russe, notre voisin au nord.

Il faudrait demander la permission au Canada pour être membre de l’Otan et ils ont le droit de véto […] Je ne pense pas que ça va leur tenter de dire oui tout de suite.»

Québec et Russie : deux pays distants

Après l’indépendance du Québec, le Canada ainsi amputé partagera une frontière commune avec la Russie dans l’Arctique. Mais pas le Québec. Parce que le Québec ne s’étend pas autant vers le nord.


 
À l’aide de Google Earth, on peut mesurer la distance entre les côtes de la Russie et celles du Québec; c’est plus de quatre-mille kilomètres.

C’est presque quatre fois la distance entre Berlin et la frontière russe et le double de la distance avec Paris.

En fait, la Russie et le Québec sont aussi éloignés l’un de l’autre que le sont la Russie et le Maroc.

Attaques vs invasion

Distinguons ici entre frappes militaires et invasion militaire.

Dans le cadre d’une Troisième Guerre mondiale qui nous opposerait à la Russie, il existe en sol québécois des cibles que la Russie chercherait absolument à détruire.

Au premier rang desquels se trouvent nos barrages hydroélectriques. Parce que leur destruction handicaperait sérieusement la capacité des États de la Nouvelle-Angleterre (que nous alimentons) à soutenir l’effort de guerre américain.

Mais pour ce faire, la Russie n’a pas besoin d’envahir le Québec; il lui suffit d’utiliser quelques-uns de ses missiles intercontinentaux.

Envahir le Québec, cela veut dire des bottes russes foulant notre territoire. Concrètement, ce sont des milliers de soldats qui parcourraient en avion ou en bateau les quatre-mille kilomètres qui séparent la Russie du Québec.

Une fois cela fait, tout ce dont l’Armée rouge pourrait s’emparer, ce sont des iglous, des traineaux à chiens et des maisons en contreplaqué. Pour piller quelque chose de plus substantiel, cette armée devra ensuite parcourir tout le Québec du nord au sud.

Pourquoi donc la Russie se donnerait-elle cette peine ? Quand il lui suffit de s’étirer le bras vers l’ouest pour piller des palais extraordinaires, des musées où abondent des œuvres d’art, et des banques centrales européennes où sont entreposés des tonnes de lingots d’or et des milliards de dollars en devises.

La vérité, c’est que le Québec est parmi les derniers endroits au monde que la Russie envahirait dans le cadre d’une Troisième Guerre mondiale.

Lorsqu’on pense que depuis trois ans, la Russie peine à faire la conquête de l’Ukraine, il faut beaucoup d’imagination pour croire que l’Armée rouge sera bientôt à nos portes.

Et si une guerre éclate, ce ne seront pas les pays européens qui viendront nous ‘sauver’ puisqu’ils seront trop occupés à leur propre défense.

Le Canada ne nous protègera pas non plus

Lorsqu’on regarde le matériel militaire dont le Canada compte se doter au cours des prochaines années, il n’y a rien qui nous protège réellement.

Par exemple, pour empêcher la destruction de nos barrages par des missiles supersoniques russes, avons-nous besoin de chars d’assaut ? Avons-nous besoin de brise-glaces ? Avons-nous besoin de sous-marins nucléaires ? Avons-nous besoin de chasseurs-bombardiers F-35 ou Gripen qui, dépêchés en toute hâte, arriveront trop tard ?

Ce dont le Québec a besoin, c’est premièrement un bon système de détection. Or les États-Unis auront tout intérêt à nous prévenir immédiatement après qu’une menace se pointera le nez.

Et deuxièmement, le Québec aura besoin d’un grand nombre de missiles sol-air déployés près de nos barrages et près des cibles potentielles d’attaques russes.

Or Ottawa n’a rien prévu à ce sujet parce que l’équipement dont il veut se doter servira à guerroyer à l’Étranger.

En premier lieu, cet armement servira à protéger les pays baltes qui, comme des chihuahuas, ne cessent jamais de japper contre le bouledogue russe depuis qu’ils font partie de l’Otan.

Et deuxièmement, cet armement servira à défendre des pays d’Europe occidentale dirigés par des chefs d’État très impopulaires qui battent le tambour de la guerre dans l’espoir de rallier leur population autour d’eux.

Pour réellement nous protéger en vue d’une Troisième Guerre mondiale, nous devons compter sur nos propres moyens.

Et compter sur nos propres moyens, c’est éviter de remettre notre sort entre les mains de nos amis Canadians qui, évidemment, penseront toujours à eux avant nous.

Références :
Quelles entreprises vont profiter des 82 milliards $ pour la défense du Canada?
Un Québec indépendant serait vulnérable face à la Russie, dit le ministre Christopher Skeete

Post-scriptum

Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, Ottawa rationnait le sucre sur le marché canadien. Chaque province se voyait attribuer un quota.

Le quota pour l’Ontario dépassait largement les besoins de cette province alors que le quota du Québec, immuable, était trop bas.

En conséquence, les confiseries québécoises devaient cesser leur production à l’issue de la quantité de sucre qui leur était allouée.

À l’époque, mon grand-père Elzéar Martel avait fondé à Joliette une petite confiserie à son nom. Avant la guerre, il s’était lié d’amitié avec un collègue franco-ontarien. La guerre venue, ce dernier avait du sucre très au-delà de ses besoins.

Pour faire respecter ses quotas injustes, Ottawa postait des soldats à la frontière entre le Québec et l’Ontario afin de combattre la contrebande interprovinciale (essentiellement de l’Ontario vers le Québec).

Or son fils (c’est-à-dire mon père) avait appris que la nuit, le pont reliant Hull à Ottawa était laissé sans surveillance, particulièrement en fin de semaine.

Chaque samedi soir, mon père utilisait donc un camion non identifié afin de se rendre chez cet ami ontarien et en revenir avant la levée du jour.

Le résultat, c’est que la population de Joliette a connu diverses privations au cours de cette guerre. Mais n’a jamais été privée de friandises.

Tout cela pour dire qu’en vue d’une Troisième Guerre mondiale, sortons de ce pays de merde pendant qu’il en est encore temps.

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

2 commentaires

| 2018-202X (années Legault), le prix du fédéralisme, Politique canadienne, Politique québécoise | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


L’indépendance du Québec : Ottawa panique (1re partie)

Publié le 20 novembre 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Hier, à son arrivée au caucus libéral fédéral, un député représentant une circonscription de Laval peuplée majoritairement de citoyens bilingues a déclaré :

Si le Québec se sépare, comme le Parti québécois veut le faire, qui va protéger le Québec s’il ne fait plus partie du Canada ?
[…]
Ça va faciliter la tâche pour que Donald Trump vienne avec son armée, avec sa gang, prendre le contrôle du Québec
.

Un bouclier de carton

Depuis des décennies, les États-Unis sont le principal fournisseur du Canada en matière d’armement.

Les entreprises américaines ont toujours été libres d’effectuer du démarchage directement auprès des plus hauts gradés de l’armée canadienne. Si bien que ceux-ci sont devenus des évangélistes de l’industrie militaire américaine.

Le problème est de deux ordres.

Premièrement, les armes qu’achète le Canada auprès des États-Unis sont conçues pour être utilisées lors de conflits asymétriques, comme en Afghanistan et en Syrie, où les puissances occidentales avaient la maitrise des airs et bombardaient des cibles au sol dont l’armement était beaucoup moins sophistiqué.

À l’opposé, dans un conflit où l’ennemi du Canada acquiert rapidement la maitrise de notre espace aérien, ce dont le Canada a besoin, ce sont des missiles sol-air analogues à ceux que l’Ukraine utilise pour détruire les chasseurs-bombardiers russes et obliger la Russie à bombarder l’Ukraine à partir du territoire qu’elle contrôle.

Et contre les chars d’assaut américains, ce dont le Canada a besoin, ce sont des drones.

Ce qui nous amène à un deuxième problème.

Les armes les plus puissantes que la Canada achète aux États-Unis sont celles que le Pentagone peut inactiver à distance. C’est le cas des chasseurs-bombardiers F-35.

Et ce sont ces armes qui, pour fonctionner, nécessitent des données de géolocalisation fournies par les États-Unis. Comme c’est le cas des missiles antimissiles américains.

Bref, la protection actuelle du Canada contre l’envahissement improbable des États-Unis est un bouclier de carton.

La meilleure défense du Canada serait celle utilisée par la Russie pour lutter contre l’armée napoléonienne, c’est-à-dire une politique de terre brulée.

En clair, c’est la destruction de tous les oléoducs et de tous les champs pétroliers albertains, de même que de toutes les lignes de transmission électriques du Québec vers les États-Unis.

Dans ce dernier cas, nous n’avons pas besoin du Canada pour ce faire; un Québec indépendant peut très bien le faire lui-même. Et ce, beaucoup plus rapidement.

Parce que, face à une telle perspective, Ottawa hésitera toujours par crainte que l’Alberta déclenche son propre référendum en faveur de son indépendance.

Voilà pourquoi, un Québec libre de ses choix sera toujours plus prompt à défendre ses intérêts que s’il attend après que les mandarins de l’État canadien aient soigneusement pesé le pour et le contre de leurs décisions sur l’unité du pays.

Pour terminer, remercions le député Angelo Iacono de nous avoir donné une occasion de traiter de ce sujet… tout en l’invitant à travailler à ce que son gouvernement achète dorénavant des armes européennes plutôt que celles d’un pays qui nous menace et qui nous livre une guerre commerciale.

Références :
Indépendance du Québec : un député libéral fédéral craint une invasion américaine
Quand des soldats américains ont envahi le territoire canadien

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

Laissez un commentaire »

| le prix du fédéralisme, Politique canadienne | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Les lentilles canadiennes empoisonnées au défoliant avant la récolte

Publié le 13 novembre 2025 | Temps de lecture : 1 minute

Ce sont nos amis italiens qui nous avaient appris que le blé canadien était empoisonné au glyphosate avant la récolte.

Maintenant, grâce à nos cousins français, on apprend que les lentilles canadiennes sont empoisonnées soit au glyphosate ou soit au diquat (un défoliant toxique interdit en Europe).

Paru depuis : La concentration d’herbicides dans des lentilles canadiennes dépasse les normes (2025-11-28)

Complément de lecture : Encore et toujours plus de glyphosate

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

4 commentaires

| le prix du fédéralisme, Politique canadienne, Pollution | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Mark Carney et le colonialisme canadian

Publié le 19 octobre 2025 | Temps de lecture : 8 minutes

Introduction

Lorsque j’ai lu la nouvelle ce matin sur Facebook, j’ai cru à un canular. Selon celle-ci, le fédéral aurait annoncé une subvention de dizaines de millions de dollars afin de favoriser l’accès des angloMontréalais aux services de santé dans leur langue.

Comme si la santé était un domaine de compétence constitutionnelle fédérale.

Lorsque j’ai retrouvé la source journalistique de cette nouvelle — Henri-Paul Raymond, de la station de radio FM103,3 — je n’y croyais toujours pas.

C’est seulement après avoir trouvé le communiqué émis mercredi dernier par Santé Canada que je me suis rendu à l’évidence; le fédéral donnera 52 millions sur cinq ans pour améliorer les services de santé dispensés en anglais au Québec.

Cette somme sera versée au Community Health and Social Services Network (CHSSN) et à l’université McGill.

L’accès linguistique aux soins de santé au Canada

En 2022, une étude de l’université d’Ottawa rapportait que des communautés francophones hors Québec se plaignaient que l’offre de services de santé en français y était minime, voire inexistante.

L’inverse — la difficulté des angloQuébécois d’être servis dans leur langue — ne se rencontrait que dans des régions rurales et éloignées des centres urbains québécois, là où presque personne ne parle anglais.

En février 2023, une directive mal écrite du ministère de la Santé du Québec (aussitôt corrigée) avait soulevé des inquiétudes infondées quant au droit des angloQuébécois de recevoir des soins de santé dans leur langue.

Un quiproquo qu’une députée fédérale s’est empressée d’utiliser à des fins démagogiques.

Cette controverse avait été l’occasion pour de nombreux francoMontréalais de témoigner de leur difficulté à se faire servir en français dans les hôpitaux anglophones de la métropole.

D’autre part, depuis la pandémie, Ottawa a fait entrer au Québec plus d’un demi-million d’immigrants dont la majorité ne parle pas français.

Cette immigration massive aggrave la crise du logement, la pénurie de places dans les écoles et, dans le cas qui nous intéresse, l’attente de soins dans nos hôpitaux. Si cette immigration s’avère généralement positive en région pour y soulager les pénuries de main-d’œuvre, les inconvénients à Montréal l’emportent amplement sur les avantages.

Les millions que versera Ottawa à Montréal ont pour but de favoriser l’accès aux soins en santé de tous les locuteurs anglophones, dont cette majorité de néoQuébécois qui ne parle pas français.

Ces derniers seront à même de comparer la bienveillance dont ils seront l’objet lorsqu’ils iront dans les hôpitaux anglophones (dont le CUSM, tout neuf) avec la désorganisation qui règne dans les hôpitaux francophones en raison de leur sous-financement et qui, dans certains cas, tombent littéralement en ruine.

Ce qui devrait les disposer favorablement à l’assimilation à l’anglais, langue de l’excellence à leurs yeux.

La Loi fédérale sur les langues officielles, instrument du colonialisme canadian

Selon le point de vue, il y a deux manières de considérer les angloQuébécois.

La première consiste à les voir comme la plus importante minorité ethnique du Québec. La deuxième les voit plutôt comme l’annexe québécoise de la majorité anglo-canadienne.

Appelé à se prononcer à ce sujet, le Comite des droits de la Personne de l’ONU statuait en 1993 :

To summarize, the United Nations Human Rights Committee ruled […] that Quebec’s English community does not qualify for protection as a minority language group, because it forms part of the Canadian English-speaking majority.

En d’autres mots, les Québécois anglophones ne peuvent pas être considérés comme une minorité linguistique dans le contexte canadien où ils sont majoritaires.

Depuis toujours, Ottawa soutient le contraire. Sa loi sur les langues officielles trace un parallèle artificiel entre, d’une part, les minorités francophones hors Québec et d’autre part, la minorité anglophone au Québec.

Ottawa feint d’ignorer que la plus importante minorité du Canada, c’est nous, les francoQuébécois et que la langue menacée au Canada, c’est le français et non l’anglais.


 
Les recensements de Statistique Canada sont formels; l’anglais progresse inexorablement au Québec depuis plus de deux décennies.

En dépit de cela, c’est l’anglais qu’Ottawa protège au Québec.

Combattre les efforts de francisation du Québec

Le moteur qui a justifié l’adoption de la Canadian constitution de 1982, c’est l’adoption de la Loi 101 cinq ans plus tôt par le Québec.

Cette dernière proclamait la préséance de certains droits collectifs — notamment, ceux nécessaires à la pérennité de la langue française au Québec — sur certains droits individuels, dont celui de s’assimiler au groupe linguistique de son choix.

Pour contrer cela, les idéologues fédéraux ont rédigé une constitution qui consacre, au contraire, la suprématie absolue des droits individuels.

De la même manière, Ottawa a adopté la loi C-13 peu de temps après l’adoption de la loi 96, une loi québécoise destinée à renforcer (mollement) la Loi 101.

Alors que la loi 96 exige que les entreprises opérant dans les champs de compétence fédérale soient soumises à l’obligation d’obtenir un certificat de francisation, la loi fédérale sabote cette obligation en leur laisser le choix entre l’assujettissement à la législation québécoise ou à la législation fédérale.

Au premier coup d’œil, ce choix est anodin puisque les principes de la loi 96 se retrouvent, identiques, dans la loi C-13. La différence est dans leur application.

À Ottawa, les fonctionnaires sont majoritairement unilingues anglais. En effet, la fonction publique s’y divise en trois groupes ethniques; les Anglophones unilingues et, secondairement, les Francophones bilingues et les Anglophones bilingues.

Bref, ce sont des gens qui ont en commun la connaissance de l’anglais et conséquemment, qui travaillent en anglais. Voilà pourquoi aucun des quatre millions de Québécois francophones unilingues n’a la moindre chance d’être embauché par le plus important employeur du pays. Cette discrimination existe depuis toujours et constitue un tabou dont personne ne parle.

Pour donner l’impression du contraire, l’État canadien se dote d’une façade ministérielle où les Francophones occupent une place bien évidente.

Revenons à la loi C-13.

Lorsqu’une entreprise choisit de se soumettre à la loi fédérale, les plaintes formulées à son endroit seront traitées par cette fonction publique majoritairement anglophone. Comment peut-on s’imaginer sérieusement qu’elle fera preuve de zèle dans la défense du français au Québec ?

Parallèlement à l’adoption de ces lois dont le but est de contrer les efforts à assurer la pérennité du français au Québec, Ottawa finance, par le biais de son Programme de contestation judiciaire, la contestation juridique de toutes lois québécoises visant à défendre le français.

Conclusion

L’adoption d’une nouvelle constitution en 1982 par l’ethnique dominante du pays — à la suite d’une séance ultime de négociation à laquelle le Québec n’a pas été invité — est l’expression ultime de l’assujettissement colonial du Québec à l’ethnie dominante du pays.

Dans peu de temps, les Québec auront à décider s’ils remettent de nouveau leur sort entre les mains d’une machine étatique opérée majoritairement par des unilingues anglais.

C’est-à-dire par des gens qui jugent le Québec au travers du prisme de leurs préjugés nourris par des quotidiens qui ne manquent jamais une occasion de nous dénigrer.

Puissent les Québécois faire cette fois-ci le bon choix…

Références :
Anglicisation du Québec : l’omelette de la loi 96
Décision de l’Onu
Incapables d’être soignés en français : peu de patients portent plainte
L’accès aux soins de santé des communautés de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM) au Canada : une recension des écrits
La députée Romanado annonce des millions en services santé
La façade ministérielle de l’État canadien
Le gouvernement du Canada améliore l’accès aux
services de santé pour les communautés
anglophones en situation minoritaire du Québec

Le témoignage de Mme Lambropoulos justifie une enquête policière
Un premier ministre indigne

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

Laissez un commentaire »

| le prix du fédéralisme, Politique canadienne | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Mark Carney, le serviteur assumé du 1 %

Publié le 20 juillet 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Pendant treize ans, dans les bureaux de Goldman Sachs situés à Londres, Tokyo, New York et Toronto, Mark Carney a été banquier d’affaires.

Puisque le rôle d’un banquier d’affaires consiste principalement à œuvrer dans les opérations de fusion et d’acquisition de grandes entreprises internationales, on peut présumer que ce fut son cas.

De plus, en tant que coresponsable chez Goldman Sachs de la gestion des crises liées aux dettes souveraines, il aida la Russie (sous Boris Eltsine) à traverser sa crise financière de 1988.

Les conflits d’intérêts de Mark Carney

En réaction aux menaces tarifaires de Donald Trump. Mark Carney avait évoqué, au cours de la campagne électorale, la possibilité, pour le Canada, de résilier le contrat d’achat des chasseurs-bombardiers F-35.

Leur acquisition est le pire contrat militaire de l’histoire militaire du Canada. En effet, ce contrat ne comporte aucun transfert technologique, et des retombées économiques insignifiantes pour notre pays. Une fois élu, on n’en a plus entendu parler.

Et pour cause.

Le 11 juillet dernier, le Bureau du commissaire aux conflits d’intérêts révélait que Marc Carney possédait des investissements (qualifiés de ‘notables’) dans Lockheed Martin, le fabricant des F-35.

Cet investissement fait partie des 569 entreprises dans lesquelles Mark Carney possède des intérêts. La liste est tellement longue qu’elle fait quinze pages.

Le 29 juin dernier, Mark Carney décidait d’abolir la Taxe sur les services numériques, sous le prétexte que cela permettra de relancer les négociations en vue d’un nouvel accord avec Donald Trump que le premier ministre espère avantageux pour le Canada.

Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras.

Cette taxe devait rapporter annuellement plus de deux-milliards de dollars au fisc canadien.

Le rapport du Commissaire aux conflits d’intérêts nous apprend que Mark Carney a ainsi fait ce cadeau aux entreprises dans lesquelles il possède des investissements majeurs : Alphabet (maison mère de Google), Apple, Amazon, Meta (Facebook), Nvidia et Microsoft.

Ces deux-milliards$ qu’auraient payés ces géants de l’internet, ce sont des milliards$ que vous et moi n’aurions pas eu à débourser pour financer les services de l’État.

La société de fiducie, paravent de l’hypocrisie

Pour pallier les conflits d’intérêts, la loi oblige le premier ministre à confier ses investissements à une société de fiducie sans droit de regard.

‘Sans droit de regard’, cela signifie que les fiduciaires sont libres de faire fructifier ce capital comme ils l’entendent, sans en aviser le premier ministre.

Il n’est pas rare que les politiciens obligés de le faire confient leur argent à une société privée de fiducie, formée de leurs amis les plus proches.

Tout ceci est une farce.

Une des raisons qui incitent les chefs d’État à réduire les taux d’imposition des entreprises et à leur permettre de délocaliser leurs profits dans des paradis fiscaux, c’est que cela profite aux investisseurs.

Or plus les investisseurs s’enrichissent, plus ils spéculent à la bourse. Et plus ils spéculent, plus cette spéculation pousse les indices boursiers à la hausse. Et plus ceux-ci augmentent, plus la fortune en fiducie des décideurs publics augmente.

Conclusion

Comme ces PDG qu’une compagnie internationale déplace d’une filiale à une autre, le nouveau premier ministre du Canada occupa successivement la direction de la banque du Canada, puis celle de la banque d’Angleterre. Comme si ces deux pays étaient de simples succursales de l’Empire américain.

Le nouveau premier ministre du Canada est un technocrate de la finance mondialisée qui n’appartient pas à notre monde. Conséquemment, il s’entoure de ministres et de conseillers qui lui ressemblent; des millionnaires ou des gens en voie de le devenir…

Références :
« Carney a décidé de plier »
Google, Amazon, Meta: voici les grosses compagnies dans le portefeuille de Mark Carney
La taxe numérique et les degrés de l’assujettissement
Mark Carney
Mark Carney at Goldman Sachs: What did he do there?

3 commentaires

| Économie, le prix du fédéralisme, Politique canadienne | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


L’espionnage d’Ottawa dans nos vies n’a pas de limite

Publié le 11 juillet 2025 | Temps de lecture : 4 minutes


 
Introduction

En légalisant l’homosexualité au Canada en 1969, le premier ministre Pierre-Elliott Trudeau déclarait :

L’État n’a rien à faire dans les chambres à coucher de la nation.

Depuis, les temps ont changé.

L’espionnage ‘passif’ du Canada

Depuis les révélations d’Edward Snowden en 2013, on sait que les cinq pays à majorité anglo-saxonne — les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, l’Australie et la Nouvelle-Zélande — ont mis sur pied un système de surveillance qui épie tous les courriels, tous les textos et toutes les conversations téléphoniques au monde.

Non pas qu’un espion écoute en direct chacune de nos conversations téléphoniques, mais qu’elles sont toutes stockées sur d’immenses serveurs et qu’elles seront écoutées si les autorités jugent approprié de faire enquête sur une ou plusieurs personnes parmi nous.

Ce système est opéré par les États-Unis. Et le Canada a consenti à l’espionnage américain de ses citoyens. Mais même si le Canada avait refusé son consentement, les États-Unis le feraient pareil.

De plus, la loi américaine autorise Washington à demander secrètement l’accès à toutes les données (y compris les données biomédicales) hébergées sur un serveur situé aux États-Unis ou qui appartient à une entreprise américaine.

Encore là, même si le Canada s’y opposait, cela ne changerait rien.

L’espionnage actif du Canada

Depuis janvier 2019, la Loi sur la statistique permet à Statistique Canada de recueillir automatiquement, et sans leur consentement, les informations bancaires de 500 000 Canadiens. Ces informations comprennent l’identité, le solde bancaire et les transactions effectuées.

Une fois le système rodé, il sera étendu à l’ensemble de la population canadienne.

Puisque cette collecte vise, officiellement, à aider les entrepreneurs à étoffer leurs plans d’affaires, on peut présumer que cette collecte ne vise pas seulement à savoir le total d’une transaction commerciale, mais le détail de ce qui a été acheté.

Dans tous les cas, ces informations ne seront pas anonymisées.

D’autre part, la semaine dernière, on apprenait que le recensement de 2026 comprendra de nouvelles questions.

Plus précisément, toute personne inscrite au recensement et âgée de quinze ans ou plus sera obligée (sous peine de sanctions) de révéler à l’État son orientation sexuelle.

La personne devra choisir entre se déclarer hétérosexuelle, lesbienne ou gaie, bisexuelle ou pansexuelle, ou pourra apporter les précisions nécessaires dans un espace prévu à cet effet.

Il existe une multitude de sondages qui permettent de connaitre assez précisément le pourcentage des différentes préférences sexuelles de la population.

De plus, par nos clics sur les médias sociaux, par les textes ou les vidéos ce qu’on choisit de consulter, les services de renseignements ont une idée vague de nos préférences sexuelles. Mais ce n’est pas une preuve formelle.

Par le biais du recensement, Ottawa veut des noms et il veut des aveux. Des aveux obtenus sous la menace des sanctions prévues par la loi contre ceux qui refusent de répondre aux questions du recensement. En somme, il veut savoir qui couche avec quoi (à défaut de savoir avec qui).

On est donc aux antipodes de l’époque où on croyait que ce qui se passait dans les chambres de la nation ne regardait pas l’État.

Malheureusement, en apposant une étoile jaune au dossier étatique des bénéficiaires des politiques d’ÉDI (Équité, Diversité et Inclusion), on donne à des régimes moins bienveillants qui pourraient suivre tous les outils pour les persécuter.

De plus, contrairement à la Canadian Constitution — cette constitution adoptée par le Canada anglais sans le Québec en 1982 — la Charte québécoise des droits et libertés de la personne reconnait explicitement le droit à la vie privée.

Son article 5 se lit comme suit :

5. Toute personne a droit au respect de sa vie privée.

En violant ce droit, Ottawa donne aux Québécois une raison de plus de vouloir l’indépendance du Québec.

Références :
CLOUD Act
L’affaire Alstom
Bill omnibus (Trudeau)
Edward Snowden
Informations bancaires: Statistique Canada veut rassurer les citoyens
L’espionnage de l’État canadien n’a pas de limite
Recensement 2026 : de nouvelles questions pour mieux comprendre les Canadiens

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

Détails de la photo : Droits appartenant à Stokkete. Photo distribuée par la banque d’images Onepixel.

Un commentaire

| Espionnage, le prix du fédéralisme, Politique canadienne, Sécurité | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La taxe numérique et les degrés de l’assujettissement

Publié le 4 juillet 2025 | Temps de lecture : 9 minutes


 
Introduction

Pour convaincre les Canadiens de reporter au pouvoir le Parti libéral du Canada, les stratèges de ce parti ont choisi de commercialiser Mark Carney — un technocrate respecté de la finance mondialisée — comme le rempart du Canada contre Donald Trump.

Mais voilà qu’à peine élu, ‘Capitaine Canada’ a préféré jeter les gants plutôt que de livrer son premier combat contre le président américain.

La taxe sur les services numériques

Il y a quelques jours, les géants du Web devaient effectuer le premier versement d’une taxe d’équité fiscale intitulée ‘Taxe sur les services numériques’.

Celle-ci visait toutes les entreprises qui font affaire au Canada et dont les revenus mondiaux dépassent 750 millions d’euros par année, de même que les entreprises canadiennes offrant des services numériques dont les revenus dépassent 20 millions de dollars canadiens par année.

Au lieu d’interdire l’évitement fiscal qui permet aux grandes entreprises de ne pas payer leur juste part d’impôt en délocalisant leurs profits à l’Étranger, Ottawa avait choisi de s’attaquer spécifiquement aux géants de l’informatique. C’était un premier pas, nous disait-on.

Cette taxe devait rapporter 7,2 milliards de dollars sur cinq ans au fisc canadien. Ottawa l’a abandonné parce qu’elle suscitait la colère de Donald Trump.

Pourquoi ?

Les fondements de l’économie américaine

Selon la CIA World Factbook le secteur agricole compte pour 0,9 % du PIB américain, l’industrie manufacturière pour 17,6 % et les services pour 76,4 %.

Seulement 4 à 8 % des travailleurs américains œuvrent dans le secteur manufacturier. C’est le résultat d’un demi-siècle de mondialisation. Une mondialisation qui a consisté à délocaliser vers l’Asie des millions d’emplois occidentaux qui pouvaient être occupés ailleurs par une main-d’œuvre à moindre cout.

Face aux tarifs douaniers de Trump, les mesures de représailles d’Ottawa (limitées au secteur manufacturier américain) sont de la poudre aux yeux; ce n’est pas cela qui fait mal à l’économie américaine.

Ce qui ferait réellement mal, c’est de cibler le secteur tertiaire. Notamment la location de logiciels sur une base annuelle, l’hébergement infonuagique, la publicité sur les médias sociaux, le commerce électronique, la collecte et la vente des données personnelles, de même que les services de musique et de vidéos sur demande.

Les oligarques du Web sont les piliers de l’administration Trump. Les cibler équivaut à s’attaquer au cœur du régime.

Voilà pourquoi la taxe numérique du Canada irritait au plus haut point le président américain. D’autant plus que sa réussite aurait pu faire tache d’huile et inciter d’autres pays à imiter le Canada.

Pourquoi capituler ?

Pour obtenir l’abandon de la taxe sur les services numériques, Donald Trump n’a eu qu’à froncer les sourcils, c’est-à-dire de menacer de suspendre les négociations qui ont pour but d’aboutir à une version ‘améliorée’ de l’accord de libre-échange actuellement en vigueur (l’ACÉUM).

Au moment de sa signature, cet accord a été présenté comme le plus extraordinaire traité intervenu à ce jour. Mais en aout 2020, moins de deux mois après son entrée en vigueur, Donald Trump imposait une taxe à l’importation de 10 % sur l’aluminium canadien.

À l’égard des pays avec lesquels les États-Unis n’ont pas conclu de traité de libre-échange, Washington est libre d’imposer toutes les taxes à l’importation qu’il voudra.

Mais un traité de libre-échange a précisément pour but d’abolir les frais de douane sur les produits couverts par l’entente. Voilà pourquoi cela s’appelle un traité de libre-échange.

En imposant des taxes à l’importation comme il le fait présentement, Trump ne fait pas que violer un document qui a force de loi des deux côtés de la frontière; il viole le Droit international. En effet, tout traité entre deux ou plusieurs pays fait automatiquement partie du Droit international.

D’où la question : qu’est-ce qui justifie cet empressement canadien à négocier une nouvelle entente avec un chef d’État qui ne respecte jamais sa parole ? Par expérience, on peut anticiper que Donald Trump critiquera l’entente avant même que l’encre de sa signature ne soit sèche.

Évidemment, on peut toujours se dire que Donald Trump n’est pas éternel et que ses successeurs, au moins, respecteront cette nouvelle version de l’accord. Mais qu’est-ce qu’on en sait ? A-t-on oublié qu’un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ?

Pelleter l’espoir vers l’avant

Officiellement, Ottawa explique sa déconfiture par son désir de faire progresser les négociations commerciales avec les États-Unis.

En supposant que cette taxe nuirait à la poursuite de ces négociations, Ottawa aurait pu suspendre cette taxe au lieu de l’abolir. Ce faisant, cette suspension aurait constitué une épée de Damoclès au-dessus des négociateurs américains.

Ou le Canada aurait pu annoncer son intention de faire passer cette taxe à 4 %, à 5 %, à 10 % ou à plus. Quitte à retourner à 3 % pour donner à Donald Trump l’illusion d’une victoire.

Le fait que le Canada soit le vassal de son redoutable voisin est une réalité géopolitique indiscutable.

Mais il y a des degrés à la vassalisation.

Jusqu’ici, les dirigeants canadiens ne ménageaient pas leurs efforts pour que cette servitude ne soit pas trop évidente aux yeux de la population du pays.

Depuis l’élection de Mark Carney, notre pays ne cherche même plus à faire illusion. Ottawa veut convaincre le président américain que la plus grande ambition du gouvernement canadien est d’avoir l’honneur de ramper devant lui.

Donald Trump respecte les hommes forts qui sont capables de lui tenir tête poliment; Benyamin Netanyahou, Recep Tayyip Erdoğan, Mohammed ben Salmane, Vladimir Poutine et Xi Jinping.

En cédant aux désidératas de Trump sans chercher à obtenir la moindre contrepartie, Ottawa se présente au loup trumpien comme l’agneau qui aspire à son sacrifice. La suite est prévisible.

La nouvelle politique industrielle du Canada

La relation que Trump désire établir entre le Canada et les États-Unis est de nature néocoloniale.

Pour l’administration Trump, le Canada doit se limiter à être un fournisseur de matières premières et un acheteur de produits finis américains. En somme, il s’agit de transformer le Canada en pays du tiers-monde. Tout au plus peut-il produire des biens qui n’entrent pas en concurrence avec des produits américains.

Tant que le Canada vend aux États-Unis des hydrocarbures, de l’électricité, des minéraux stratégiques et du bois d’œuvre, pas de problème.

Lors de son premier mandat, Trump avait imposé à Bombardier une taxe qui triplait le prix de vente de ses avions sur le marché américain afin de lui en interdire l’accès.

Le message pour le Canada était clair; « Moi, Donald Trump, interdis au Canada de faire concurrence aux piliers de mon économie.»

Lorsque le temps fut venu de sauver Bombardier de la faillite, Ottawa prêta au constructeur des millions de dollars pour soutenir la production d’avions d’affaires en Ontario (en concurrence avec le constructeur brésilien Embraer), mais presque rien pour la construction d’avions de ligne au Québec (en concurrence avec le constructeur américain Boeing).

Avec ses tarifs douaniers actuels, la deuxième administration Trump veut obliger le Canada à réorienter son économie en abandonnant la construction automobile et en se concentrant sur la production de matières premières et de ressources énergétiques.

Encore une fois, le message a été bien entendu; aussitôt Ottawa a adopté à toute vitesse la loi C-5 au sujet des grands projets d’infrastructures.

Cette loi vise à accélérer la construction de routes, d’infrastructures portuaires, de brise-glaces, de pipelines et de gazoducs.

Cette loi ne vise pas à favoriser la recherche et le développement au pays. Elle ne cherche pas à faire du Canada un leadeur technologique, mais plutôt un simple fournisseur de matières premières afin de satisfaire la gourmandise de la puissance industrielle au sud de nos frontières.

En somme, elle sert à construire l’État pétrolier canadien, au risque de déclencher le mal hollandais.

Celui-ci est un phénomène économique qui relie l’exploitation de ressources naturelles au déclin de l’industrie manufacturière locale. Ce phénomène est suscité par l’accroissement des recettes d’exportations des matières premières, qui, à son tour, provoque l’appréciation de la devise, ce qui finit par nuire à la compétitivité des exportations non gazières du pays.

Rester plus longtemps dans le Canada consiste donc à financer notre propre déclin industriel.

L’argument fédéraliste selon lequel, face à Trump, on est plus fort à dix qu’individuellement n’est plus valable quand le pays est dirigé par une élite politique mondialiste dont l’ambition n’est plus que d’être les intendants régionaux de l’impérialisme américain.

Références :
Accord Canada–États-Unis–Mexique
« Carney a décidé de plier »
Grands projets d’infrastructure : C-5 devient loi
La guerre russo-ukrainienne et la vassalisation de l’Europe
Maladie hollandaise
Que signifie la fin de la taxe sur les services numériques?
United States – The World Factbook

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

Un commentaire

| Économie, le prix du fédéralisme, Politique canadienne | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Hausse des dépenses militaires : la fabrication du consentement

Publié le 29 juin 2025 | Temps de lecture : 13 minutes


 
La priorité absolue à la Défense

L’opportunité d’accroitre les dépenses militaires du Canada fait consensus au sein de la classe politico-médiatique du pays. Si bien qu’aux dernières élections fédérales, les partis politiques ont unanimement promis d’accroitre le budget de la défense du Canada.

Le résultat, c’est que le parti qui forme aujourd’hui un gouvernement à Ottawa peut prétendre qu’il possède le mandat populaire d’aller de l’avant à ce sujet puisque le peuple a voté pour, n’ayant pas le choix.

Conséquemment, le premier ministre Mark Carney annonçait récemment que le Canada atteindra l’ancienne cible de 2 % recommandée par l’Otan dès cette année, et la nouvelle cible de 5 % d’ici 2035.

Au final, c’est plus de 150 milliards de dollars qui seront dépensés chaque année pour la Défense nationale. Cela représente une ponction fiscale de quinze-mille dollars dans les revenus annuels d’une famille moyenne de deux adultes et de deux enfants.

Même si Ottawa possède toute la légitimité nécessaire pour dépenser une telle somme, il suffit de consulter les forums de discussion de nos médias électroniques pour constater que cette nouvelle course aux armements est loin de faire consensus.

Exception faite de l’Alberta qui, en raison des redevances pétrolières, nage dans les surplus budgétaires, les gouvernements provinciaux peinent à s’acquitter de leurs obligations.

Si bien qu’une partie de la population s’oppose à ce que la priorité d’Ottawa soit là et pas ailleurs.

La fabrication du consentement

Pour consentir aux sacrifices qui seront nécessaires aux nouvelles dépenses militaires, Ottawa doit susciter l’adhésion de la population canadienne.

Pour y parvenir, il peut compter sur deux moyens. Premièrement, exposer exclusivement la population au discours alarmiste de l’Otan. Et deuxièmement, faire miroiter des retombées économiques intéressantes.

Le lavage des cerveaux

Depuis des années, Ottawa a transformé le Téléjournal de Radio-Canada en organe de propagande de l’Otan.

Depuis deux décennies, le grand responsable de l’information internationale y est François Brousseau, un journaliste maccartiste qui voit la menace communiste jusque dans sa soupe.

Par conséquent, tous les ‘experts’ invités au Téléjournal à s’exprimer au sujet des dépenses militaires canadiennes n’exposent que la nécessité de les augmenter.

De manière analogue, sur le site web de Radio-Canada, on ne trouve que des reproches au sujet de l’insuffisance de nos dépenses militaires, associés aux dangers de cette ‘imprudence’. Cette propagande va jusqu’à l’invraisemblance.

L’organisme Inuit Tapiriit Kanatami est une ONG bidon entièrement financée par le gouvernement fédéral et dont le siège social est situé… à Ottawa.

Radio-Canada publiait récemment un texte destiné à nous convaincre que le plus grand souci des Inuits, ce n’est pas l’épidémie de tuberculose qui frappe leurs communautés. Ce n’est pas la pauvreté ni la violence conjugale qui y sévit. Ce n’est pas la fonte rapide des banquises sur lesquelles les mamans phoques nourrissent leurs petits. Ce n’est pas les ours polaires qui, en nombre croissant, rôdent près des habitations des Inuits. Non, leur grande peur, c’est l’invasion arctique de la Russie.

Pourtant, la plus courte distance entre les côtes russes et celles du Québec dépasse 3 600 km. C’est la distance entre Montréal et Vancouver.

La Russie peut certainement envoyer des missiles qui détruiraient nos barrages hydroélectriques. Ce qui handicaperait l’économie du Québec pendant des années. Mais pour nous envahir, elle doit y envoyer des soldats, des chars d’assaut, créer des lignes d’approvisionnement, etc.

Après avoir parcouru les 3 600 km, tout ce dont l’Armée rouge pourra s’emparer, ce sont des iglous, des maisons préfabriquées et des traineaux à chiens. Si Moscou veut s’emparer de quelque chose de plus substantiel, son armée devra ensuite traverser tout le Québec du nord au sud.

En somme, le Québec est le seul endroit au monde où le risque d’une invasion (autre qu’une improbable invasion américaine) est nul. Ce risque n’est pas que faible; il est nul. N-U-L. Comme dans zéro.

Selon un sondage récent, près de la moitié des 18-34 ans seraient en faveur de l’indépendance du Québec.

Il ne fait aucun doute que l’urgence de quitter le Canada leur apparaitra encore plus évidente le jour où ils réaliseront que demeurer au sein du Canada plus longtemps revient à assumer éventuellement la dette croissante et colossale que nous leur laisserons.

L’aide sociale aux fabricants d’armement

Pour ‘vendre’ l’augmentation des dépenses militaires canadiennes, on fait miroiter la possibilité que des entreprises québécoises puissent décrocher de juteux contrats. Et ce, en plus des retombées économiques qui se répercuteront dans l’ensemble de l’économie québécoise.

Les contrats du ministère de la Défense

L’armée canadienne n’a jamais donné au Québec sa juste part des contrats militaires. Il y a quelques années, c’est le critique libéral en matière de Défense qui avait involontairement révélé le pot aux roses lors de l’étude d’un contrat mineur que le ministre de la Défense Marcel Masse devait accorder au Québec.

Pourquoi devrions-nous investir dans une province alors qu’elle pourrait bientôt faire sécession du Canada ?” avait demandé le critique libéral. Ce à quoi le ministre conservateur avait répondu : “Pour l’instant, les Québécois paient des taxes. Si nous les punissons pour une indépendance qu’ils ne font pas, ils sont aussi bien de la faire puisqu’au moins, ils en retireraient les avantages, ce qu’ils n’ont pas en restant dans le Canada.

Voilà pourquoi, par exemple, Ottawa a utilisé toute une série de prétextes pour éviter de donner des contrats maritimes au chantier Davie.

De plus, on doit se rappeler qu’après avoir versé en 2009 près de 13,7 milliards$ à GM et Chrysler pour les sauver de la faillite, lorsque c’est l’industrie aéronautique québécoise qui s’est retrouvée en difficulté, Ottawa a consenti à Bombardier un prêt remboursable de 372,5 millions$ — trois pour cent de 13,7  milliards$ — dont les deux tiers à la condition que ce constructeur aérien maintienne ses activités en Ontario (où sont construits ses avions d’affaires Global 7000).

Si Bombardier décidait de produire des avions militaires, il faudrait que l’avionneur les fabrique en Ontario pour qu’Ottawa l’aide à cette fin.

Troisième exemple. En vue d’une installation au Canada, la compagnie Oerlikon avait envisagé plusieurs sites, dont Saint-Jean-sur-Richelieu.

Lorsqu’André Bissonnette — député conservateur de la circonscription et ministre d’État affecté aux Petites entreprises — avait appris que la candidature de sa ville avait été rejetée, il s’était discrètement informé auprès de la compagnie pour connaitre la ou les raisons de ce rejet.

Or tous ces motifs de rejet étaient inexacts; au contraire, Saint-Jean-sur-Richelieu possédait tous les atouts souhaités par le constructeur. Grâce à son influence, Oerlikon finit par s’établir dans cette ville.

Furieux que le député québécois ait empêché Oerlikon de s’établir ailleurs (comme ils le lui conseillaient), les fonctionnaires fédéraux se sont vengés en déclenchant une enquête de la Gendarmerie royale contre le député sous l’accusation fallacieuse d’avoir spéculé sur les terrains achetés par le constructeur, accusation dont André Bissonnette fut complètement innocenté par les tribunaux.

À partir de ces exemples, imaginer que le Québec obtiendrait dorénavant sa juste part des contrats militaires fédéraux relève du jovialisme.

La sous-traitance de l’armée américaine

Qu’il s’agisse d’une participation canadienne à la construction d’un système antimissiles nord-américain (surnommé Dôme d’or) ou de l’achat de matériel militaire américain, le Canada ne peut pas compter sur Washington pour que des entreprises d’ici bénéficient de contrats de sous-traitance.

Pour que cela se fasse, il faudrait que Donald Trump favorise l’intégration nord-américaine de l’industrie de l’armement. En d’autres mots, que les compagnies canadiennes fabriquent des obus ou des composants, ou procèdent à l’assemblage final des systèmes antimissiles, par exemple.

Comme c’est le cas de l’industrie automobile nord-américaine où le Canada fabrique des pièces détachées, ou assemble certains modèles de voitures.

Au contraire, Donald Trump sabote l’intégration économique canado-américaine par des taxes à l’importation dont le but est de forcer les fournisseurs canadiens à délocaliser leur production aux États-Unis.

Et on veut nous faire croire qu’il ferait l’inverse dans le cas de l’industrie de l’armement ?

Envers le Canada et les autres pays de l’Otan, Donald Trump ordonne le paiement d’un tribut comme l’exigeait Rome des peuples de son Empire. Le président américain veut que la protection militaire de son pays ait un prix.

Ce qui est parfaitement légitime. Tous les citoyens paient des impôts qui servent à financer la police et l’armée. Washington veut qu’il en soit de même de la protection militaire qu’il assure à ses vassaux.

Les retombées économiques

Toute dépense de l’État occasionne des retombées économiques. Prenons un exemple.

Lorsqu’Ottawa attribue un milliard de dollars à la construction domiciliaire, cette somme est injectée intégralement dans l’économie canadienne. Mais chaque dollar sert plusieurs fois.

Les entrepreneurs en construction qui bénéficient des contrats gouvernementaux dépensent l’argent reçu du gouvernement à payer leurs ouvriers et à acheter des matériaux.

D’une part, les fabricants de ciment, de bois d’œuvre, de portes et fenêtres prennent l’argent des entrepreneurs (reçu du gouvernement) pour renflouer leurs stocks.

Et les ouvriers dépensent leurs salaires — versés par leurs employeurs à partir de l’argent des contrats gouvernementaux — pour nourrir les membres de leur famille et les loger, pour chauffer le domicile conjugal, pour acheter du matériel scolaire, du lait maternisé ou des couches pour bébé. Etc.

Et l’épicier qui leur vend des aliments utilise l’argent que ceux-ci dépensent pour rémunérer leurs propres employés et renflouer ses stocks auprès de ses fournisseurs. Et ainsi de suite.

En moyenne, chaque dollar dépensé génère près de trois dollars de retombées économiques. En d’autres mots, les retombées économiques des contrats gouvernementaux sont habituellement comprises entre 270 % à 300 %.

Selon Ottawa, l’achat des chasseurs-bombardiers F-35 par le Canada représente des retombées économiques de l’ordre de dix-milliards de dollars. Cela semble beaucoup.

Toutefois, il faut dépenser 45 milliards$ pour en retirer un bénéfice de dix-milliards$ (22 %).

L’acquisition des chasseurs-bombardiers F-35 par notre pays est le plus mauvais contrat militaire de l’histoire du Canada.

Mais il y a toujours pire. Selon toute vraisemblance, le financement canadien au ‘Dôme d’or’ américain n’occasionnera aucune retombée économique ou presque; ce projet pharaonique n’est qu’un stratagème d’extorsion totalement inutile contre les missiles supersoniques russes.

Conclusion

Alors que de partout résonne le tambour de la guerre, que faut-il au Canada pour se défendre dans l’éventualité d’une Troisième Guerre mondiale ? Voilà la première question à se poser.

La seconde concerne le cout des moyens qui nous seraient alors nécessaires.

Si on en juge par les guerres actuelles, ce dont le Canada a besoin, ce sont des drones autonomes mus par intelligence artificielle (comme ceux utilisés par Israël dans la bande de Gaza), des missiles sol-sol et sol-air (qui empêchent l’ennemi d’acquérir la suprématie aérienne), un système de géolocalisation satellitaire qui détermine précisément les cibles à atteindre, et des missiles supersoniques qui rendent toute défense inutile.

Au lieu d’être le Neville Chamberland des temps modernes et d’acheter de la camelote américaine démodée avant même d’être produite, Mark Carney devrait se tenir debout et dire que le Canada a déjà tout ce dont il a besoin pour pallier une invasion militaire qui n’arrivera pas et que la meilleure manière de prévenir la guerre est l’intégration économique avec les pays dont nous cultivons, au contraire, l’animosité.

Au Québec, les hôpitaux tombent en ruine, les écoles manquent de place, la crise du logement sévit, aucun projet de transport en commun n’a été initié par la CAQ depuis sept ans, l’adaptation aux changements climatiques est un fiasco et Montréal s’anglicise sous l’effet du déluge migratoire voulue par Ottawa.

Le danger qui guette le Canada ne vient pas de l’Étranger; il vient de l’intérieur. Quand la dette que nos gouvernements auront accumulée nécessitera à la fois une hausse importante des impôts et la privatisation des services dont on nous promettait la gratuité, il y a lieu de craindre une instabilité sociale contre laquelle les militaires canadiens, armés jusqu’aux dents, seront impuissants.

Références :
« Dôme d’or » : Carney dit être intéressé, mais…
Dépenses militaires : le Canada atteindra la cible de l’OTAN dès cette année, dit Carney
Du beurre ou des bombes: faut-il se ruiner pour l’OTAN?
L’Alberta dégage un surplus de 8,3 G$ en 2024-2025
La façade ministérielle de l’État canadien
La géopolitique de l’Arctique
L’augmentation des dépenses militaires du Canada
Le Canada s’engage à plus que doubler ses dépenses militaires d’ici à 2035
Le colonialisme économique ‘canadian’
Le Québec en position stratégique pour le réarmement de la défense canadienne
Le sabotage de la vente d’hélicoptères québécois par le ministre fédéral François-Philippe Champagne
Les miettes dorées du F-35
Les miettes fédérales au chantier maritime Davie
Le TVA Nouvelles demeure numéro 1 au Québec
Les Inuit pressent Ottawa de sécuriser l’Arctique
L’OTAN doit se calmer le pompon
Trump dit que l’adhésion du Canada au « Dôme d’or » coûtera 61 milliards de dollars
Un nouvel engouement des jeunes pour la souveraineté

Paru depuis : Pour augmenter leurs dépenses militaires, les pays européens tentés de réduire l’Etat-providence (2025-09-30)

4 commentaires

| le prix du fédéralisme, Politique canadienne | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel