Course à la chefferie : pourquoi tant d’argent ?

22 octobre 2012


 
Les militants du Parti libéral ont récemment précisé les règles du financement de la course à la chefferie de ce parti : il faut effectuer un dépôt sécurisé de 50 000$ (38 500 €) et respecter une limite de dépenses de 600 000$ (462 000 €).

S’il s’agissait du Parti Québécois ou de la CAQ, ces montants seraient différents mais dans le même ordre de grandeur. D’où la question : pourquoi les partis politiques fixent-ils des critères hors de portée du commun des mortels ?

Le dépôt sert à s’assurer du sérieux de chaque candidat et diminuer le risque de discrédit que comporterait une course dans laquelle un candidat présenterait un programme électoral extravagant. Ce dépôt se veut donc dissuasif.

Quant à la limite des dépenses, il s’agit d’une somme maximale. Théoriquement, on pourrait devenir chef en ne dépensant rien. Dans les faits, toute course à la chefferie est d’abord une course à l’argent. Cela ne veut pas dire que celui qui en possède le plus sera nécessairement le gagnant, mais il est absolument certain que celui qui n’en a pas du tout sera parmi les perdants.

Pour réussir, il faut embaucher des gens qui motiveront des bénévoles à vendre des cartes de membres du parti, noyauter les assemblées régionales afin que les délégués soient acquis à votre candidature, payer l’hébergement, le transport et la belle vie aux délégués qui vous sont favorables, payer les macarons, banderoles, affiches tape-à-l’œil qui donneront l’impression que vos supporteurs sur le parquet du congrès sont beaucoup plus nombreux qu’ils ne le sont en réalité (afin d’attirer les opportunistes qui seraient tentés de se ranger du bord du gagnant), etc.

Toute cette machine coûte cher.

Ajoutez-y les conseils de faiseurs d’image, quelques slogans accrocheurs, une stratégie de marketing qui vous permet de faire les manchettes sans avoir à vous prononcer sur quoi que ce soit et voilà, vous avez la recette gagnante, surtout si vous êtes photogénique et de ce fait, avez gratuitement accès à la couverture des magazines « people ».

Finalement, contraindre les journalistes à analyser sociologiquement l’engouement pour votre candidature plutôt que de parler de votre programme électoral anémique, et voilà votre réussite assurée.

Mais qu’arriverait-il si toute dépense importante (ex.: le transport et l’hébergement des délégués, la tenue des débats contradictoires) étaient à la charge du parti ? Si la limite maximale était dérisoire (quelques milliers de dollars) et si tout financement illégal entrainait la disqualification du candidat, que perdrait-on ? Essentiellement, le « glamour » de la campagne à la chefferie et, dans une certaine mesure, l’intérêt pour l’événement.

En contrepartie, qu’y gagnerait-on ? On éviterait qu’avant même leur accession à la tête d’un parti, les candidats sont déjà redevables au pouvoir occulte de l’argent.

Si on regarde attentivement les travaux de la Commission Charbonneau, ce qui est étonnant, c’est que les sommes impliquées qui bénéficient aux politiciens eux-mêmes sont dérisoires : un bouquet de roses et quelques billets de concerts. Personne ne se laisse corrompre pour si peu.

En réalité, quand le candidat doit se soucier du financement de sa campagne, quand chaque ministre doit rapporter au parti 100 000$ par année au cours d’événements de levée de fonds organisés en son nom, cela l’oblige à servir de façade aux collecteurs de fonds.

Or ceux-ci sont d’autant plus efficaces qu’ils donneront l’impression aux donateurs que leur contribution s’accompagnera éventuellement de marques de reconnaissance de la part du bénéficiaire. Leur efficacité sera même maximale si ce parti possède la réputation d’être loyal et généreux à l’égard de ses financiers.

Bref, on touche à la cause de la corruption gouvernementale.

Références :
100 000 $ par ministre
Course à la direction du PLQ : les règles sont fixées

Paru depuis : Parti libéral du Québec – Où est le renouveau? (2012-10-16)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’attentat terroriste au Métropolis : un crime quelconque ?

11 octobre 2012

On apprend ce matin que le responsable de l’attentat terroriste au Métropolis fait présentement face à seize chefs d’accusation dont principalement :
• meurtre prémédité contre Denis Blanchette,
• trois tentatives de meurtre (contre Dave Courage, un civil présent sur les lieux, et un policier),
• possession de matériel incendiaire et
• incendie criminel.

Il n’y a pas si longtemps, il suffisait à un adolescent de porter un petit carré rouge pour qu’il soit soupçonné de favoriser la violence et l’anarchie. Mais aujourd’hui, si un homme d’affaires, membre de la Chambre de commerce de sa région, tente de tuer 2 000 personnes pour susciter la crainte à l’égard d’une minorité linguistique, il ne vient à l’esprit de personne que ce pourrait être un acte terroriste.

Rappelons que l’accusé s’était présenté à l’arrière de la salle de spectacle du Métropolis en possession de cinq armes à feu, dont un revolver et une arme longue. Après avoir tué un homme de 48 ans et blessé gravement un deuxième, âgé de 27 ans, l’accusé a ensuite allumé un incendie derrière le Métropolis — où étaient réunis 2 000 sympathisants péquistes — avant de prendre la fuite à pied.

Même s’il est possible que d’autres accusations soient ajoutées, il me semble étonnant que son intention de tuer le maximum de personnes parmi la foule présente au Métropolis ne soit pas un motif suffisamment sérieux pour porter une accusation à ce sujet.

Donnons le bénéfice du doute aux procureurs de la poursuite et supposons qu’on manque d’éléments prouvant ses intentions, hors de tout doute raisonnable.

Si le Code criminel est, à juste titre, très exigeant quant à la preuve nécessaire pour obtenir une condamnation, il serait étonnant que la Loi antiterroriste (adoptée en 2001 par le gouvernement fédéral de M. Harper) fasse dans la dentelle. Je n’ai pas lu cette loi mais je serais très étonné qu’un terroriste qui manque son coup ou qui y renonce au dernier moment, soit relâché tout simplement parce qu’on ne peut pas prouver son intention criminelle.

Dans le cas du terroriste au Métropolis, les avocats de la poursuite semblent donc considérer qu’il ne s’agit là que d’un crime ordinaire. D’où la question : Que faut-il pour qu’un acte terroriste soit considéré comme tel ?

Est-ce tout simplement inconcevable qu’un homme d’affaires puisse être un terroriste ?

Y a-t-il un seuil quant au nombre de victimes potentielles au-delà duquel un attentat peut alors être considéré comme un acte terroriste ? Pourquoi une foule de 2,000 personnes n’est pas suffisante ?

Est-ce que seuls des Arabes ou des Musulmans sont qualifiés pour commettre des actes terroristes ? Au moment de son arrestation, si l’accusé avait crié « Allah est grand. Mort aux impies », est-ce que cela aurait fait de lui un vrai terroriste ?

Un Chrétien blanc qui n’aurait que l’intention anodine de faire fuir ailleurs les itinérants de Montréal en tuant quelques-uns d’entre eux, serait-il un terroriste ou un préposé à la lutte à la pauvreté ?

En somme, je ne comprends pas pourquoi on refuse d’appeler les choses par leurs noms. Nous avons affaire à quelqu’un qui s’est présenté à l’arrière d’une salle de spectacle pour y tuer par balle le plus de personnes possible et y faire bruler vif le reste. Or, selon ce que je lis, tout cela se résumerait au meurtre de Denis Blanchette, aux blessures de Dave Courage, et à la résistance à son arrestation ?

En criant : « Les Anglophones se réveillent », se peut-il, tout à fait par hasard, qu’il ait voulu faire peur à ceux qui lui semblaient hostiles à sa communauté linguistique ? Si oui, c’est quoi le terrorisme ?

Pendant ce temps, le quotidien fédéraliste La Presse excuse le meurtre de Denis Blanchette en embellissant son assassin d’une aura romantique; c’est simplement, dit ce journal, un amoureux du Canada à l’âme troublée.

Références :
Attentat du Métropolis: 16 chefs d’accusation contre Richard Henry Bain
Denis Lortie
Loi antiterroriste
Tuerie de l’École polytechnique de Montréal
Un amoureux du Canada à l’âme troublée

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Sauver Gentilly-2 : un combat perdu d’avance

22 septembre 2012

Moins de 24 heures après son entrée en fonction à titre de Première ministre, Mme Pauline Marois a annoncé la fermeture de Gentilly-2, la seule centrale nucléaire en opération au Québec.

Alors que le cadre financier des promesses électorales du Parti Québécois prévoyait une somme de 13 millions$ consacrée au développement économique du centre du Québec afin compenser pour la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2, c’est plutôt une somme de 200 millions$ que Mme Marois a décidé d’allouer à cette fin.

Considérations sanitaires

Cette semaine, le documentaire Gentilly or not to be provoquait une controverse relativement à la sécurité du nucléaire. En substance, le film prétend que la population qui habite à moins de plusieurs kilomètres d’une centrale nucléaire court un risque accru de développer des cancers.

Malgré le fait qu’il soit impossible de bloquer la radioactivité d’une centrale nucléaire, il est très douteux que la population environnante soit à risque.

Il est vrai qu’une paroi de plomb épaisse de 15 cm ne bloque que 50% des rayons gamma. Donc toute la centrale est radioactive et sa radioactivité est proportionnelle à la durée de son exploitation.

Toutefois, l’exposition à la radioactivité diminue avec le carré de la distance. En d’autres mots, lorsqu’on multiplie par 2 la distance d’exposition, on diminue de 4 fois la radioactivité. À 3 fois la distance, on a le 9e de la radioactivité. À 1 km, c’est un million de fois plus faible. À 2 km, c’est quatre millionièmes, etc.

En somme, une femme enceinte qui habite à 1 km de Gentilly-2 reçoit un million moins de radioactivité que n’importe quel employé de la centrale.

D’autre part, il n’existe pas de seuil sécuritaire. Théoriquement, toute radioactivité est néfaste. Toutefois, on doit prendre en considération le bombardement naturel que subit la Terre (d’origine cosmique) : nous sommes bombardés naturellement par une faible quantité de radioactivité. Sur mon compteur Geiger, ce dernier enregistre une dizaine de rayons gamma à la minute, ici même à Montréal.

Qu’une centrale ajoute un rayon gamma à l’heure, cela ne change pas grand-chose. Donc au-delà d’une certaine distance, la radioactivité d’une centrale devient insignifiante.

Considérations économiques

En 2009, l’électricité produite par la fission nucléaire ne constituait que 2,35% de tous les approvisionnements d’Hydro-Québec. Alors que le coût moyen de production d’Hydro-Québec s’élevait à 2,14 cents par kilowatt-heure (kwh) en 2010, un responsable de la division nucléaire d’Hydro-Québec affirmait en 2005 que le coût de production à la centrale de Gentilly-2 s’élevait à 6 cents le kwh — environ trois fois plus — soit d’avantage que le prix de vente au secteur industriel et à peine moins que le tarif résidentiel. En somme, Gentilly-2 n’est pas rentable et ne l’a jamais été.

Lorsqu’on prend en considération, non pas l’électricité de nos vieux barrages des années 1970, mais l’énergie qui sera produite par les barrages futurs d’Hydro-Québec, cette énergie reviendra à environ 10 cents du kwh. C’est davantage que le prix de ce qui est produit par Gentilly-2. Donc, sous cet angle, Gentilly-2 serait rentable (et même compétitive avec l’éolien, notamment).

Malheureusement, cela ne prend pas en considération les milliards$ que coutera la réfection de Gentilly-2, ce qui aura pour effet de faire augmenter considérablement les coûts unitaires de production du nucléaire au Québec.

On estime officiellement à 1,9 milliards$ le coût de réfection de cette centrale. Dans les faits, on s’attend à ce que la facture soit beaucoup plus élevée. Déjà, pour la seule année fiscale 2011-2012, l’État québécois (par le biais d’Hydro-Québec) a gaspillé 850 millions$ — soit presque autant que les revenus de la taxe santé — pour réparer cette centrale alors que presque rien n’a encore été fait.

Dernièrement on a rénové la centrale Point-Lepreau au Nouveau-Brunswick, une centrale CANDU en tous points semblable à Gentilly-2. Prévue à 1,4 milliards$, cette rénovation coûtera finalement au moins 2,4 milliards$, soit 1 milliard$ de plus que prévu.

Il faut savoir qu’Énergie atomique de Canada (ÉACL) a vendu tous ses réacteurs nucléaires ontariens à la firme québécoise SNC-Lavallin pour la modeste somme de 15 millions$. Dans les faits, les 1 200 membres du personnel d’ÉACL sont devenus des employés de SNC-Lavalin. Cette firme de génie-conseil a donc à son emploi à peu près tous les grands experts canadiens dans le domaine nucléaire.

Si le gouvernement Marois avait décidé de briser sa promesse électorale et décidé de rénover Gentilly-2, qui pensez-vous aurait obtenu le contrat de réfection de cette centrale ? La seule compagnie québécoise compétente dans ce domaine spécialisé, soit SNC-Lavalin.

Après avoir commencé les travaux, si cette firme devait informer l’État qu’on doit lui accorder des centaines de millions$ de plus pour effectuer d’autres travaux à la centrale nucléaire, travaux non-prévus dans l’appel d’offres, quel fonctionnaire pourra juger si ces travaux sont essentiels ou non ? Comment l’État aurait pu argumenter avec les plus grands experts du pays ?

Donc SNC-Lavalin aurait pu réclamer autant de rallonges qu’elle aurait voulu : l’État n’aurait pas eu d’autre choix que de payer ou de risquer une catastrophe nucléaire si elle avait ignoré les demandes successives de la firme de génie-conseil. Bref, la réfection de Gentilly-2 aurait été un grand bar ouvert.

Considérations politiques

Le syndicat des employés de la centrale mène depuis quelques jours une campagne contre la décision gouvernementale de fermer Gentilly-2. Les employés de cette centrale sont en bonne partie des diplômés universitaires extrêmement compétents. Ils reçoivent des salaires élevés qui sont amplement mérités. Toutefois, en travaillant pour une centrale nucléaire non-rentable, ce sont des assistés sociaux de luxe.

Il est inutile de prolonger la vie de Gentilly-2. Depuis toujours, cette centrale produit de l’électricité à un coût supérieur aux autres installations d’Hydro-Québec et cet écart s’accentuerait si on devait assumer les coûts de sa rénovation. Quant aux coûts de sa fermeture, ils seront encore plus élevés si nous attendons : plus une centrale nucléaire est en opération, plus elle est contaminée.

Les régions administratives de la Mauricie et du Centre du Québec représentent une population de près d’un demi-million de personnes. Si les élites locales veulent transformer Gentilly-2 en centrale privée, et rénover cette centrale à leurs frais — soit une dépense qui pourrait atteindre la somme de trois milliards$ — ou si SNC-Lavalin veut ajouter Gentilly-2 à sa collection actuelle de centrales nucléaires, pas de problème. Mais on pense que les contribuables vont continuer de payer pour cet éléphant blanc, on se trompe.

Conclusion

Après le Plan Nord, Gentilly-2 devait être le plus important gaspillage des fonds public du gouvernement de Jean Charest. Puisque celui-ci a été répudié, il faut féliciter le gouvernement de Mme Marois d’avoir promptement pris une décision qui non seulement rencontre le vœux de l’immense majorité des Québécois, hostiles au nucléaire, mais correspond à une saine gestion des finances publiques.

Références :
Faut-il réparer Gentilly-2 ?
Fermeture de Gentilly-2 – Le PQ défend une «sage» décision
Gentilly-2: des coûts imprévisibles
La campagne électorale au Québec : le jeudi 16 août 2012
La campagne électorale au Québec : les 23 et 24 août 2012
Le PQ veut toujours procéder au déclassement de Gentilly-2
Marois annule la hausse des droits de scolarité et ferme Gentilly-2
Réfection de la centrale Gentilly-2 – 275 millions bien embêtants pour le ministre Gignac

Parus depuis :
Hydro recommande de fermer Gentilly-2 (2012-09-29)
Gentilly-2 : remettre les pendules à l’heure (2012-10-11)
La fermeture de Gentilly-2 est inévitable, dit Vandal (2013-01-29)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Abus de téléphonie à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ)

13 septembre 2012

Il y a quelque temps, j’ai reçu un avis de convocation pour le renouvellement de mon permis de conduire. La photo sur mon ancien permis a été prise il y a quatre ans et voilà pourquoi je dois prendre un rendez-vous.

Sur cet avis, on m’invite à communiquer à la SAAQ en composant le 514-873-7620. Si vous désirez obtenir un permis plus (qui sert également de pièce d’identité pour traverser la frontière américaine en automobile, en train ou en autobus), voici les douze étapes à franchir.

Pour finalement parler à un être humain, il vous faudra environ cinq minutes que vous passerez à écouter 33 options parmi lesquels vous aurez à choisir :
• au menu principal, le choix de la langue (2 possibilités)
• au sous-menu, cinq choix possibles
• au sous-sous menu, six choix possibles
• au sous-sous-sous menu, deux choix possibles
• au sous-sous-sous-sous-menu, quatre choix possibles
• au sous-sous-sous-sous-sous-menu, quatre choix possibles
• au sous-sous-sous-sous-sous-sous-menu, trois choix possibles
• au sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-menu, deux choix possibles
• au sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-menu, vous aurez à taper votre numéro de téléphone
• au sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-menu, deux choix possibles
• au sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-menu, vous aurez à taper le numéro de dossier qui apparait sur l’avis de convocation
• au sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-menu, troix choix possibles.

À l’avant-dernière étape, il vous faudra donc taper votre numéro de dossier. Celui-ci débute toujours par la première lettre de votre nom de famille. Sur un téléphone à clavier, vous avez ces touches qui indiquent la correspondance entre des lettres (ex. : A B C) et une touche correspondante (ex. : le « 1 » dans ce cas-ci).

Non seulement ce n’est pas le cas sur les téléphones portables, mais dans le cas du mien, celui-ci n’accepte que des chiffres. J’ai beau taper « M » (pour Martel), le téléphone ne fait rien. Pendant ce temps, le système vocal de la SAAQ s’impatiente : devant votre mutisme apparent, il insiste pour obtenir une réponse. Pendant ce temps, une imagette sur votre téléphone vous signale que la pile est passée de « pleinement chargée » à « chargée aux deux tiers ».

Sachez qu’à la place, pouvez taper n’importe quel chiffre et finalement, lorsque vous parlerez à un préposé, vous pourrez corriger l’erreur.

Ma suggestion à la SAAQ est simple. Déterminez les principales raisons pour lesquelles les gens vous appellent. Parmi les milliers d’appels quotidiens, est-ce possible que très peu contactent la SAAQ au sujet du remisage de leur voiture ? Si c’est effectivement peu fréquent, pourquoi en faire un des cinq choix du premier sous-menu ?

Si, comme je le pense, la très grande majorité des personnes appellent pour obtenir ou renouveler leur permis de conduire, la marche à suivre pourrait se faire en quatre étapes :
• le choix de la langue,
• l’option de l’obtention ou du renouvellement du permis (taper 1), les coordonnées de la SAAQ (taper 2) et autres raisons (taper 3),
• la saisie du numéro de téléphone,
• la saisie du numéro de dossier (sauf la première lettre).

De plus, si peu importe les choix effectués par l’appelant, on aboutit aux mêmes préposés, pourquoi obliger des millions de personnes à écouter annuellement des dizaines d’options possibles (dont la presque totalité ne s’applique pas à leur cas) et obliger les préposés à lire toutes les options choisies alors qu’il est beaucoup plus simple d’écouter ce que les gens ont à dire ?

Se parler et s’écouter les uns les autres, c’est probablement extrêmement démodé. J’en conviens. Mais cela a très bien fonctionné pendant des millénaires. Alors pourquoi ne pas continuer quelques années de plus ?

À mon avis, la téléphonie est probablement la seule technologie au monde où l’inefficacité triomphe systématiquement. Je ne serais pas surpris d’apprendre que l’absentéisme lié à la maladie entraine moins d’heures de travail perdues annuellement que tout ce temps à écouter des choix de réponses et à naviguer dans la hiérarchie complexe des menus et sous menus de certains systèmes téléphoniques.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La responsabilité de l’attentat terroriste au Métropolis

11 septembre 2012
Funérailles de Denis Blanchette

Préambule

À l’époque où j’étudiais à l’université de Montréal, je m’étais assis un jour à la table d’un de mes professeurs. Ce dernier — dont je ne me rappelle plus du nom — avait les traits et la peau pigmentée des peuples du sous-continent indo-pakistanais.

Nous avions été rejoints par un de ses amis. Très tôt, ce dernier s’était lancé dans une tirade hostile à mon égard, me reprochant — en tant qu’Occidental blanc — d’avoir profité et d’être complice (donc responsable) de l’impérialisme anglais qui avait tant humilié, pillé, et torturé son peuple.

Étudiant, j’étais plutôt nationaliste. Il m’apparaissait donc étonnant qu’on puisse m’accuser des méfaits de l’impérialiste britannique. Estomaqué par l’accusation, je n’avais rien trouvé à lui répondre : pour moi, l’incident se résumait à un manque de politesse, de la part d’une personne frustrée.

Dès cette époque et depuis ce temps, j’ai toujours refusé de porter quelque responsabilité que ce soit dans les méfaits commis par des inconnus avec lesquels je partage certaines caractéristiques. Ce n’est pas parce que je suis homme, blanc, et francophone, que je mérite d’être blâmé par un crime commis par un autre homme, un autre blanc ou un autre francophone. Lui c’est lui, et moi c’est moi.

Voilà pourquoi j’ai toujours été complètement imperméable au discours de certaines féministes à l’effet que tous les hommes seraient des irresponsables, des violeurs potentiels, et des abuseurs-nés. Et j’ai toujours fait la sourde oreille à ceux qui voudraient me convaincre que je suis complice de tous les abus contre lesquels je ne m’élève pas.

C’est donc avec un manque total de sympathie que j’ai lu les thèses de ceux qui cherchent à trouver des responsabilités collectives à l’attentat terroriste au Métropolis.

C’est la faute des autres

Dans mon billet du 7 septembre, j’ai déjà parlé de la thèse stupide d’un ex-ministre libéral à l’effet que les Péquistes « ont couru après ».

D’autre part, sous le prétexte que le tireur au Métropolis était non seulement anglophone, mais se prétendait être le bras armé du réveil des Anglophones, certains y voient une responsabilité de ces derniers ou de leurs institutions. À mon avis, une telle accusation relève de la chasse aux sorcières.

C’est ainsi que la Société Saint-Jean-Baptiste blâme les média canadiens-anglais de diffuser des commentaires haineux de lecteurs qui ne se gênent pas de faire des parallèles entre le mouvement indépendantiste et les mouvements fascistes, voire néo-nazis. Malheureusement, la SSJB elle-même est bien connue pour ses excès langagiers comme l’accusation lancée à tous les députés québécois au gouvernement fédéral d’être des « traîtres ».

Et puisqu’il y a probablement aussi des déséquilibrés chez les partisans de l’indépendance du Québec, que dirait la SSJB si l’attentat avait été perpétré par l’un d’eux contre un rassemblement libéral ou caquiste ?

C’est de notre faute

À l’autre extrémité du spectre des opinions, ils y a les « auto-flagellateurs » c’est-à-dire ceux qui croient que nous portons tous la responsabilité de cet attentat.

Le philosophe Nicolas Lévesque déclare : « Le délire de cet homme n’aurait pas pris cette forme-là si le Québec était une société où on pouvait vraiment discuter. Nous sommes tous responsables : les intellectuels qui n’osent prendre leur place, les médias qui ont abandonné les idées, les gouvernements, les universités, les Québécois qui n’osent plus discuter à table.»

Prétendre que tout le monde est responsable, cela revient à dire que personne ne l’est véritablement.

Si la responsabilité de tous les crimes sur Terre sont la faute des collectivités humaines dans lesquels ces crimes sont perpétrés, les criminels sont alors des marionnettes dont les comportements ne sont que la conséquence d’un avilissement dont toute la société est responsable. Et leurs victimes ne sont que les cibles aléatoires de leurs bourreaux.

Quelle conception masochiste du monde…

Conclusion

Pour moi, les choses sont simples. Il y a une cible : un rassemblement de sympathisants péquistes. Il y a un tueur, un mort et un blessé. C’est tout. Si d’autres attentats surviennent, on cherchera des similitudes, des causes communes et des solutions. Mais pour l’instant, on ne cherchera pas à tirer des lois générales d’un fait particulier.

Les média anglophones ne sont pas responsables. Les Anglophones du Québec ne sont pas responsables. La société québécoise n’est pas responsable. Je ne suis pas responsable et vous ne l’êtes pas non plus. Pour l’instant, seul le tueur l’est. Dans quelle mesure est-il lui-même responsable de ses actes ? C’est ce que son procès nous révélera.

Au-delà du tueur, tout au plus pourra-t-on blâmer les lacunes de la protection de Mme Marois par la Sécurité du Québec.

Références :
Attentat au Métropolis: la SSJB pointe les médias anglophones
L’aveuglement partisan d’un imbécile
Lettre – Nous ne sommes pas tous responsables
«Nous sommes tous responsables» de l’attentat du Métropolis

Paru depuis : Au Métropolis, une police de pee-wee (2022-12-02)

Détails techniques de la photo : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 40-150mm R — 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 108 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’aveuglement partisan d’un imbécile

7 septembre 2012
Funérailles de Denis Blanchette

Il y a des jours où je me rends compte que je ne devrais pas consulter les journaux.

Je suis furieux. Je viens de lire les commentaires de l’ex-ministre libéral Serge Simard relativement à la tuerie au Métropolis.

L’ex-ministre, qui s’est déjà fait remarqué pour avoir félicité le maire de la ville de Saguenay pour ses propos xénophobes, a accusé le Parti Québécois d’être responsable de la mort cette semaine de Denis Blanchette au Métropolis.

Sa déclaration exacte est : « Les derniers mois, on a cultivé la violence et certains partis à l’Assemblée nationale ont favorisé la violence. Ça, c’est regrettable parce que, regardez qu’est-ce que ça fait; ça amène des individus qui ont des difficultés mentales à poser des gestes semblables à ceux qui ont été posés.»

Si nous avions affaire ici à un partisan péquiste qui avait tenté de faire bruler vif des centaines de partisans libéraux, je comprendrais la réaction de l’ex-ministre. Mais ce n’est pas le cas. Pas plus que la tuerie à l’Assemblée nationale en 1984 n’était causée par un Indépendantiste.

Puisque l’ex-ministre y fait allusion, parlons de la violence de la crise étudiante. Ce conflit social est né d’une hausse substantielle des frais de scolarité décrétée dans le dernier budget du gouvernement Charest.

Cette mesure ne découle pas d’une promesse électorale explicite. Il ne s’agit donc pas d’un choix de société — c’est-à-dire d’un mandat que le peuple a confié au Parti libéral, réélu sur la base de cette promesse — mais simplement d’un choix budgétaire.

Peu importe la valeur et la pertinence de cette décision, un choix budgétaire n’est qu’un choix budgétaire. Rien ne justifie que l’État s’entête et provoque un chaos social à moins que la survie de la Nation passe absolument par la mise en œuvre de cette mesure, ce qui n’est pas le cas ici.

Le Parti libéral a été élu en 2008 par 42% des votes exprimés lors d’un scrutin dont le taux de participation n’était que de 57%; conséquemment, seulement 24,6% des citoyens adultes ont donc voté pour cette formation politique (comme 23,8% de ces derniers ont voté pour le PQ mardi dernier).

Aveuglé le succès de sa stratégie électorale et heureux d’être enfin majoritaire à l’Assemblée nationale, le gouvernement Charest a oublié l’essentiel : la faible caution populaire qui le privait de l’autorité morale de chambarder quoi que ce soit.

Plutôt que de reculer — comme il l’a fait dans le dossier aujourd’hui oublié de la privatisation du Mont-Orford — le gouvernement s’est entêté et à répondu à la bruyante désobéissance civile des étudiants en déchaînant les pouvoirs répressifs de l’État.

Loin de moi l’idée d’excuser les méfaits commis à l’occasion des protestations étudiantes. Mais le gouvernement Charest porte une lourde part de responsabilité dans le climat social qui s’est installé au Québec depuis quelques temps.

Même le port symbolique d’un petit carré de tissus coloré représentait à ses yeux un geste subversif et un acte violent. Et dans sa rhétorique belliqueuse, l’État s’en prenait verbalement — non pas aux Témoins de Jéhovah et aux Communistes, comme sous le gouvernement de Maurice Duplessis — mais aux « Carrés rouges » et aux anarchistes. Sans le pouvoir rassurant des tribunaux, le Québec aurait reculé 60 ans en matière de droits civiques.

C’est donc pour moi un sujet de scandale qu’un ex-ministre xénophobe, répudié par ses électeurs, ait l’audace de tenter d’excuser un acte terroriste commis une fois de plus par un défenseur armé de l’unité canadienne, et tente de récupérer cet attentat à des fins politiques par un raisonnement aussi tortueux que faux.

Références :
Affaire de la privatisation du Mont-Orford
Attentat au Métropolis : la SSJBM met en cause la presse anglophone
Denis Lortie
Serge Simard salue le courage du maire Jean Tremblay

Sur le même sujet : La responsabilité de l’attentat terroriste au Métropolis

Détails techniques de la photo : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 40-150mm R — 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 108 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel