L’attentat terroriste au Métropolis : un crime quelconque ?

11 octobre 2012

On apprend ce matin que le responsable de l’attentat terroriste au Métropolis fait présentement face à seize chefs d’accusation dont principalement :
• meurtre prémédité contre Denis Blanchette,
• trois tentatives de meurtre (contre Dave Courage, un civil présent sur les lieux, et un policier),
• possession de matériel incendiaire et
• incendie criminel.

Il n’y a pas si longtemps, il suffisait à un adolescent de porter un petit carré rouge pour qu’il soit soupçonné de favoriser la violence et l’anarchie. Mais aujourd’hui, si un homme d’affaires, membre de la Chambre de commerce de sa région, tente de tuer 2 000 personnes pour susciter la crainte à l’égard d’une minorité linguistique, il ne vient à l’esprit de personne que ce pourrait être un acte terroriste.

Rappelons que l’accusé s’était présenté à l’arrière de la salle de spectacle du Métropolis en possession de cinq armes à feu, dont un revolver et une arme longue. Après avoir tué un homme de 48 ans et blessé gravement un deuxième, âgé de 27 ans, l’accusé a ensuite allumé un incendie derrière le Métropolis — où étaient réunis 2 000 sympathisants péquistes — avant de prendre la fuite à pied.

Même s’il est possible que d’autres accusations soient ajoutées, il me semble étonnant que son intention de tuer le maximum de personnes parmi la foule présente au Métropolis ne soit pas un motif suffisamment sérieux pour porter une accusation à ce sujet.

Donnons le bénéfice du doute aux procureurs de la poursuite et supposons qu’on manque d’éléments prouvant ses intentions, hors de tout doute raisonnable.

Si le Code criminel est, à juste titre, très exigeant quant à la preuve nécessaire pour obtenir une condamnation, il serait étonnant que la Loi antiterroriste (adoptée en 2001 par le gouvernement fédéral de M. Harper) fasse dans la dentelle. Je n’ai pas lu cette loi mais je serais très étonné qu’un terroriste qui manque son coup ou qui y renonce au dernier moment, soit relâché tout simplement parce qu’on ne peut pas prouver son intention criminelle.

Dans le cas du terroriste au Métropolis, les avocats de la poursuite semblent donc considérer qu’il ne s’agit là que d’un crime ordinaire. D’où la question : Que faut-il pour qu’un acte terroriste soit considéré comme tel ?

Est-ce tout simplement inconcevable qu’un homme d’affaires puisse être un terroriste ?

Y a-t-il un seuil quant au nombre de victimes potentielles au-delà duquel un attentat peut alors être considéré comme un acte terroriste ? Pourquoi une foule de 2,000 personnes n’est pas suffisante ?

Est-ce que seuls des Arabes ou des Musulmans sont qualifiés pour commettre des actes terroristes ? Au moment de son arrestation, si l’accusé avait crié « Allah est grand. Mort aux impies », est-ce que cela aurait fait de lui un vrai terroriste ?

Un Chrétien blanc qui n’aurait que l’intention anodine de faire fuir ailleurs les itinérants de Montréal en tuant quelques-uns d’entre eux, serait-il un terroriste ou un préposé à la lutte à la pauvreté ?

En somme, je ne comprends pas pourquoi on refuse d’appeler les choses par leurs noms. Nous avons affaire à quelqu’un qui s’est présenté à l’arrière d’une salle de spectacle pour y tuer par balle le plus de personnes possible et y faire bruler vif le reste. Or, selon ce que je lis, tout cela se résumerait au meurtre de Denis Blanchette, aux blessures de Dave Courage, et à la résistance à son arrestation ?

En criant : « Les Anglophones se réveillent », se peut-il, tout à fait par hasard, qu’il ait voulu faire peur à ceux qui lui semblaient hostiles à sa communauté linguistique ? Si oui, c’est quoi le terrorisme ?

Pendant ce temps, le quotidien fédéraliste La Presse excuse le meurtre de Denis Blanchette en embellissant son assassin d’une aura romantique; c’est simplement, dit ce journal, un amoureux du Canada à l’âme troublée.

Références :
Attentat du Métropolis: 16 chefs d’accusation contre Richard Henry Bain
Denis Lortie
Loi antiterroriste
Tuerie de l’École polytechnique de Montréal
Un amoureux du Canada à l’âme troublée

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Écrit par Jean-Pierre Martel