La ‘faille Vaillancourt’ et les ‘brownies’ libéraux

Publié le 25 novembre 2025 | Temps de lecture : 3 minutes


 
À la fin de 2010, le débuté Serge Ménard (du Bloc Québécois) avait révélé avoir été l’objet d’une tentative de corruption de la part de Gilles Vaillancourt, alors maire de Laval.

Le Code criminel fédéral interdisait la tentative de corruption d’un député ou d’un fonctionnaire. Mais la loi ne prévoit rien lorsqu’on tentait de soudoyer une personne qui n’a pas encore été choisie pour représenter son parti.

Le 4 décembre 2010, nous demandions donc que cette ‘faille’ soit corrigée.

Mais neuf ans plus tard, nous écrivions :

Copiée sur le modèle québécois, la loi fédérale au sujet du financement politique limite sévèrement l’importance des sommes d’argent qu’on peut offrir aux politiciens fédéraux. Pour Ottawa, le politicien nait le jour de son élection à titre de candidat à une élection fédérale.

Avant d’être choisi représentant d’une formation politique, le candidat à l’investiture de son parti peut accepter toutes les contributions qu’on peut lui faire. C’est la faille ‘Vaillancourt’, dénoncée sur ce blogue en 2010, mais qui n’a toujours pas été colmatée.

Depuis 2019, un ministre libéral — Bill Morneau, ministre fédéral des Finances — a démissionné dans la foulée du scandale de WE Charity.

Son patron, le premier ministre du Canada, continuait d’exiger que chaque candidat libéral rapporte des dizaines de milliers de dollars de financement politique à son parti.

Or on sait, par expérience, qu’obliger les ministres à se ‘prostituer’ pour la caisse du parti mène à de la corruption politique.

Malgré cela, le Parti libéral fédéral a continué ses petites magouilles habituelles… jusqu’au jour où tout cela éclate au visage de sa succursale québécoise

Lorsqu’un homme politique quitte son poste ministériel à Ottawa pour diriger le Parti libéral du Québec, cela est excellent pour ce parti puisque le ‘transfuge’ possède déjà une solide expérience politique.

Mais quand celui-ci amène avec lui à Québec sa garde rapprochée — c’est-à-dire des personnes qui ont développé une culture politique étrangère à la nôtre — cela est une transposition risquée (ou Rizqy).

La nouvelle selon laquelle un billet brun de cent dollars (surnommé ‘brownie’ en anglais) était versé à chaque personne qui votait pour Pablo Rodriguez lors de la course à la chefferie québécoise du Parti libéral, rend plus urgent de donner suite à notre demande d’il y a quinze ans.

Références :
Corruption fédérale : les voyages forment la vieillesse
Corruption : la faille « Vaillancourt » doit être colmatée
Corruption libérale : chassez le naturel…
L’argent comptant et la corruption du Parti libéral du Québec
L’argent de la corruption libérale
Ottawa, nid de corruption

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La dangerosité de la Russie pour un Québec libre

Publié le 24 novembre 2025 | Temps de lecture : 7 minutes

Introduction

Le ministre Christopher Skeete est le ministre québécois des Relations internationales et de la Francophonie. Implicitement, c’est le ministre des Affaires étrangères du gouvernement de la CAQ.

Dès son retour du sommet du G20 tenu récemment en Afrique du Sud, il a contacté le Journal de Québec pour réagir à la publication, la veille, du fascicule intitulé ‘Le Québec qui prend sa place dans le monde’, premier chapitre du Livre bleu du Parti québécois.

Chauffé à bloc par les propos alarmistes qu’il a entendus au G20, le ministre a déclaré que l’indépendance laisserait le Québec vulnérable contre la Russie.

« Le jour après un ‘Oui’, on n’est plus membre de l’Otan. Et l’Otan, c’est la seule défense qu’on aurait contre l’agression russe, notre voisin au nord.

Il faudrait demander la permission au Canada pour être membre de l’Otan et ils ont le droit de véto […] Je ne pense pas que ça va leur tenter de dire oui tout de suite.»

Québec et Russie : deux pays distants

Après l’indépendance du Québec, le Canada ainsi amputé partagera une frontière commune avec la Russie dans l’Arctique. Mais pas le Québec. Parce que le Québec ne s’étend pas autant vers le nord.


 
À l’aide de Google Earth, on peut mesurer la distance entre les côtes de la Russie et celles du Québec; c’est plus de quatre-mille kilomètres.

C’est presque quatre fois la distance entre Berlin et la frontière russe et le double de la distance avec Paris.

En fait, la Russie et le Québec sont aussi éloignés l’un de l’autre que le sont la Russie et le Maroc.

Attaques vs invasion

Distinguons ici entre frappes militaires et invasion militaire.

Dans le cadre d’une Troisième Guerre mondiale qui nous opposerait à la Russie, il existe en sol québécois des cibles que la Russie chercherait absolument à détruire.

Au premier rang desquels se trouvent nos barrages hydroélectriques. Parce que leur destruction handicaperait sérieusement la capacité des États de la Nouvelle-Angleterre (que nous alimentons) à soutenir l’effort de guerre américain.

Mais pour ce faire, la Russie n’a pas besoin d’envahir le Québec; il lui suffit d’utiliser quelques-uns de ses missiles intercontinentaux.

Envahir le Québec, cela veut dire des bottes russes foulant notre territoire. Concrètement, ce sont des milliers de soldats qui parcourraient en avion ou en bateau les quatre-mille kilomètres qui séparent la Russie du Québec.

Une fois cela fait, tout ce dont l’Armée rouge pourrait s’emparer, ce sont des iglous, des traineaux à chiens et des maisons en contreplaqué. Pour piller quelque chose de plus substantiel, cette armée devra ensuite parcourir tout le Québec du nord au sud.

Pourquoi donc la Russie se donnerait-elle cette peine ? Quand il lui suffit de s’étirer le bras vers l’ouest pour piller des palais extraordinaires, des musées où abondent des œuvres d’art, et des banques centrales européennes où sont entreposés des tonnes de lingots d’or et des milliards de dollars en devises.

La vérité, c’est que le Québec est parmi les derniers endroits au monde que la Russie envahirait dans le cadre d’une Troisième Guerre mondiale.

Lorsqu’on pense que depuis trois ans, la Russie peine à faire la conquête de l’Ukraine, il faut beaucoup d’imagination pour croire que l’Armée rouge sera bientôt à nos portes.

Et si une guerre éclate, ce ne seront pas les pays européens qui viendront nous ‘sauver’ puisqu’ils seront trop occupés à leur propre défense.

Le Canada ne nous protègera pas non plus

Lorsqu’on regarde le matériel militaire dont le Canada compte se doter au cours des prochaines années, il n’y a rien qui nous protège réellement.

Par exemple, pour empêcher la destruction de nos barrages par des missiles supersoniques russes, avons-nous besoin de chars d’assaut ? Avons-nous besoin de brise-glaces ? Avons-nous besoin de sous-marins nucléaires ? Avons-nous besoin de chasseurs-bombardiers F-35 ou Gripen qui, dépêchés en toute hâte, arriveront trop tard ?

Ce dont le Québec a besoin, c’est premièrement un bon système de détection. Or les États-Unis auront tout intérêt à nous prévenir immédiatement après qu’une menace se pointera le nez.

Et deuxièmement, le Québec aura besoin d’un grand nombre de missiles sol-air déployés près de nos barrages et près des cibles potentielles d’attaques russes.

Or Ottawa n’a rien prévu à ce sujet parce que l’équipement dont il veut se doter servira à guerroyer à l’Étranger.

En premier lieu, cet armement servira à protéger les pays baltes qui, comme des chihuahuas, ne cessent jamais de japper contre le bouledogue russe depuis qu’ils font partie de l’Otan.

Et deuxièmement, cet armement servira à défendre des pays d’Europe occidentale dirigés par des chefs d’État très impopulaires qui battent le tambour de la guerre dans l’espoir de rallier leur population autour d’eux.

Pour réellement nous protéger en vue d’une Troisième Guerre mondiale, nous devons compter sur nos propres moyens.

Et compter sur nos propres moyens, c’est éviter de remettre notre sort entre les mains de nos amis Canadians qui, évidemment, penseront toujours à eux avant nous.

Références :
Quelles entreprises vont profiter des 82 milliards $ pour la défense du Canada?
Un Québec indépendant serait vulnérable face à la Russie, dit le ministre Christopher Skeete

Post-scriptum

Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, Ottawa rationnait le sucre sur le marché canadien. Chaque province se voyait attribuer un quota.

Le quota pour l’Ontario dépassait largement les besoins de cette province alors que le quota du Québec, immuable, était trop bas.

En conséquence, les confiseries québécoises devaient cesser leur production à l’issue de la quantité de sucre qui leur était allouée.

À l’époque, mon grand-père Elzéar Martel avait fondé à Joliette une petite confiserie à son nom. Avant la guerre, il s’était lié d’amitié avec un collègue franco-ontarien. La guerre venue, ce dernier avait du sucre très au-delà de ses besoins.

Pour faire respecter ses quotas injustes, Ottawa postait des soldats à la frontière entre le Québec et l’Ontario afin de combattre la contrebande interprovinciale (essentiellement de l’Ontario vers le Québec).

Or son fils (c’est-à-dire mon père) avait appris que la nuit, le pont reliant Hull à Ottawa était laissé sans surveillance, particulièrement en fin de semaine.

Chaque samedi soir, mon père utilisait donc un camion non identifié afin de se rendre chez cet ami ontarien et en revenir avant la levée du jour.

Le résultat, c’est que la population de Joliette a connu diverses privations au cours de cette guerre. Mais n’a jamais été privée de friandises.

Tout cela pour dire qu’en vue d’une Troisième Guerre mondiale, sortons de ce pays de merde pendant qu’il en est encore temps.

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Stratégie industrielle du Québec : la panne d’idée de François Legault

Publié le 19 novembre 2025 | Temps de lecture : 6 minutes

Introduction

Sous le thème de l’avenir énergétique du Québec, le premier ministre du Québec participait la semaine dernière à l’émission Une époque formidable, animée par Stéphane Bureau.

À cette occasion, François Legault y est apparu charmeur et en pleine possession de ses moyens. Au cœur du débat, il y a notamment déclaré :

L’intelligence artificielle a besoin de centres de données. Les centres de données ont besoin d’électricité. Et il n’y en a pas aux États-Unis.

Le prochain siècle va être le siècle de l’énergie. Ça risque (sic) d’être le siècle du Québec. Parce qu’on a […] cette batterie, cette expertise d’Hydro-Québec que les autres n’ont pas.
[…]
Ce qu’on veut, […] c’est doubler la capacité [de nos barrages hydroélectriques] pour attirer plus, entre autres, de centres de données.

En premier lieu, il faut noter la constance de son point de vue à ce sujet; dès 2021, le gouvernement de la CAQ annonçait son désir de faire du Québec l’eldorado des centres de données.

D’autre part, après sept ans au pouvoir, François Legault n’a pas encore compris que, tout comme les fermes de minage de cryptomonnaie, les centres de données entrainent très peu de retombées économiques.

Ils ont besoin de main-d’œuvre au moment de la construction de leurs bâtiments. Mais une fois cela complété, ils sont hautement automatisés et donc, fonctionnent tout seuls ou presque.

Et puisque ces entreprises délocalisent leurs profits vers des paradis fiscaux, ils ne représentent pas une source intéressante de revenus pour l’État. Bref, fiscalement, c’est du bois mort.

De toute évidence, le premier ministre semble ignorer que c’est aux États-Unis, pourtant si pauvres en énergie selon lui, que se construisent les plus colossaux centres de données destinés à l’IA.

Ce qui devrait nous obliger à remettre en question le modèle de développement économique du Québec reposant un peu trop sur l’abondance de nos ressources hydroélectriques.

Colossus 2

Pour nous convaincre de la futilité des ambitions de la CAQ, il suffit de s’intéresser au cas du centre de données Colossus 2, construit plus tôt cette année à la frontière entre le Tennessee et le Mississippi.

On y trouve l’équivalent de cent-mille ordinateurs. À elle seule, l’usine a besoin d’une puissance de 1,2 gigawatt d’électricité, soit près de la moitié de la puissance combinée des centrales Manic-5 et Daniel-Johnson.

Puisque ni le Tennessee ni le Mississippi n’étaient en mesure de l’alimenter, Colossus 2 s’est doté de sa propre centrale thermique alimentée au gaz fossile. Le cout de cette infrastructure représente le cinquième du budget de construction de l’usine.

Il y a une décennie, le climat nordique du Québec et de l’Islande en faisait des lieux de prédilection pour l’implantation de centres de données.

Mais de nos jours, la densité des microprocesseurs dans une usine d’IA est telle que le simple refroidissement à l’air ne suffit plus. Il faut donc toute une canalisation d’eau froide qui vient les refroidir au plus près.

Environ le tiers de l’énergie nécessaire au fonctionnement de l’usine sert à climatiser ses microprocesseurs, c’est-à-dire à dissiper la chaleur produite par les deux autres tiers.

Pour ce faire, l’usine a besoin de 49 millions de litres d’eau par jour.

Puisque cela dépasse la capacité des usines d’épuration des villes environnantes, plutôt que de puiser dans les nappes phréatiques (qu’il aurait aussitôt asséchées), Colossus 2 a fait œuvre utile en se dotant de filtres — plus précisément, des plus grands bioréacteurs à membrane de céramique au monde — afin de traiter les eaux usées de la ville de Memphis.

Pourquoi pas le Québec ?

La question fondamentale à se poser est la suivante : alors que l’électricité du Québec est moins chère que celle de n’importe quel État américain, et même moins chère que celle produite par une centrale thermique au gaz fossile, pourquoi donc cette usine a-t-elle été construite à la jonction du Tennessee et du Mississippi.

Je n’ai pas de certitude à ce sujet.

Mon hypothèse est que pour les géants industriels qui investissent dans l’IA, celle-ci est une ressource stratégique qui sera aussi indispensable à l’avenir que l’électricité l’est aujourd’hui.

À la différence qu’une source d’énergie comme l’électricité peut être stockée dans des batteries. Par contre, on ne peut pas faire des réserves d’IA.

Ce qui signifie que toute interruption de services d’un centre d’IA entraine des conséquences immédiates et irréversibles. Bref, la fiabilité du fonctionnement de Colossus 2 est une priorité absolue.

Voilà pourquoi l’usine fonctionne partiellement en autarcie en contrôlant son approvisionnement en électricité, en eau et en refroidissement, et surtout en faisant en sorte qu’elle ne sera jamais exposée aux conséquences d’un arrêt de travail.

S’établir dans un État américain où le taux d’imposition est faible, où la population conservatrice est hostile à la syndicalisation et où la législation est répressive à l’égard des syndicats est sans doute plus avantageux aux yeux des dirigeants libertariens de l’usine que le prix de l’électricité dans une province canadienne où les lois anti-briseurs de grève sont les plus sévères en Amérique.

Au Québec, Amazon n’a pas hésité à fermer un centre de distribution de colis parce que ses employés se sont syndiqués. On peut donc penser que mettre la clé dans la porte d’un centre de données représentant un investissement de 50 milliards de dollars est une décision qu’aucun patron libertarien ne veut avoir à prendre.

À l’heure où les géants de l’informatique se perçoivent comme des entités supranationales, capables de mettre à genoux n’importe quel État, la priorité pour eux est de ne dépendre de personne, quitte à payer plus cher pour une énergie qui, de toute manière, est refilée à une clientèle captive.

Conclusion

Miser des centaines de millions de dollars sur la filière batterie était un pari risqué. Pour des raisons qui, largement, ne dépendent pas du premier ministre, cela s’est avéré un échec cuisant.

Pour redorer son blason, le premier ministre revient avec cette idée de faire du Québec l’eldorado des centres de données. C’était déjà une mauvaise idée autrefois.

Malheureusement, si le vin s’améliore en vieillissant, le vinaigre demeure toujours du vinaigre.

Complément de lecture : L’électricité accordée aux centres de données : du gaspillage ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Nickel : la CAQ se laisse emplir par Glencore

Publié le 9 novembre 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

D’abord hausser la norme

Il y a plus d’une décennie, des analyses effectuées sur la poussière qui se déposait sur le quartier ouvrier de Limoilou (situé près du port de Québec) révélaient que cette poussière contenait du nickel, un métal dont les sels sont cancérigènes.

En 2013, le gouvernement du Parti Québécois adoptait une norme maximale de 14 nanogrammes de nickel par mètre cube d’air. C’était la norme la plus sévère au monde. On était l’époque où les gouvernements étaient fiers de dire qu’ils protégeaient leur population.

Mais cette époque est révolue.

En 2022, Glencore — la minière qui transborde le nickel dans le port de Québec — a demandé que la norme québécoise soit assouplie prétextant être victime de discrimination puisqu’ailleurs dans le monde, les minières rivales sont assujetties à des normes moins rigoureuses.

Si le gouvernement de la CAQ était autre chose que la carpette sur laquelle les grandes multinationales s’essuient les pieds, il aurait répondu diplomatiquement qu’il est prêt à répondre favorablement à la demande de Glencore… À LA CONDITION que Glencore lui fasse la preuve irréfutable que cette hausse sera sans conséquence sur la santé des résidents de Limoilou.

Au lieu de cela, la CAQ a accepté d’avoir le fardeau de la preuve et a simplement commandé une petite revue de la littérature.

Malheureusement, il n’y a pas suffisamment d’études pour qu’on puisse en conclure quoi que soit quant à l’innocuité d’une hausse à 70 ng de nickel par mètre cube.

À défaut de preuves scientifiques, la CAQ aurait pu présumer que plus on respire un sel cancérigène, plus c’est néfaste. Mais c’était beaucoup lui demander…

Même haussée, la norme est impossible à respecter selon Glencore

À la suite d’un énième constat d’infraction délivré en octobre 2024 par le ministère de l’Environnement, Glencore a mandaté la firme de génie-conseil AtkinsRéalis de réaliser une étude de faisabilité.

Selon Radio-Canada, cette étude avait pour but d’évaluer la possibilité d’enfermer le processus de transbordement à l’aide d’un couvercle adapté à la configuration du navire chargé de recevoir le minerai de nickel.

Glencore utilise actuellement un système de nébulisation afin de minimiser la quantité de poussières toxiques soulevées à cette occasion.

Malheureusement, ce moyen est plutôt inefficace surtout par temps chaud, alors que les fines gouttelettes de bruine s’évaporent aussitôt.

Par ailleurs, tout le monde sait qu’une voiture qui roule à vive allure sur une route en terre battue ne soulève plus de poussière après une averse.

De la même manière, si le minerai était arrosé lors du transbordement, l’eau laverait les grosses pierres de leur poussière et cette poussière de minerai s’accumulerait au sol sous forme de boue que le vent ne pourrait plus emporter au loin.

Puisque l’étude de faisabilité d’AtkinsRéalis ne le suggère pas, est-il possible que le mandat confié par Glencore lui interdisait strictement d’émettre cette suggestion ?

Il est possible de consulter en ligne cette étude (c’est la première référence ci-dessous). Malheureusement, son avant-propos m’interdit de révéler l’information qu’elle contient.

Je me limiterai à dire que la réponse à cette question — AtkinsRéalis était-il libre de recommander l’arrosage du minerai à la place de la nébulisation — se trouve à la page 14 du rapport, au septième critère de l’étude.

Est-ce que le ministère de l’Environnement du Québec se laissera leurrer par l’étude commandée par Glencore ?

C’est à suivre…

Références :
Étude de préfaisabilité d’AtkinsRéalis
Le MELCCFP signifie une ordonnance à l’entreprise Glencore Canada Corporation
Mine Raglan
Nickel : Glencore n’a pas de solution pour couvrir ses cales, conclut une étude
Nickel : la science a le dos large

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La CAQ permettra à Montréal et à Québec de spéculer à la bourse

Publié le 5 novembre 2025 | Temps de lecture : 2 minutes

Introduction

Conformément à sa manie d’imiter l’Ontario, le gouvernement de la CAQ permettra aux deux plus grandes villes du Québec d’investir leurs liquidités sous forme d’actions inscrites en bourse.

Les économies des villes

Le quotidien La Presse écrit : « Que ce soit pour planifier la réfection d’infrastructures, de nouveaux projets ou l’achat de terrains, bon nombre de municipalités ont mis de côté d’importantes sommes au fil du temps.»

En plus, on doit savoir qu’à Montréal, le paiement des taxes municipales peut se faire en un versement (le 3 mars) ou en deux versements (le 3 mars et le 2 juin).

Ce qui signifie qu’au début de juin, la ville a encaissé tout ce qui lui sera nécessaire pour gérer la ville jusqu’à l’année fiscale suivante.

Cette année, ses revenus seront d’environ sept-milliards de dollars.

Les leçons de l’Histoire

Lors de la crise financière de 2007-2008, l’indice Dow Jones chutait de 36,83 %.

Cela signifie que si la ville de Montréal avait reçu le pouvoir de spéculer à la bourse il y a vingt ans, les Montréalais auraient été soumis en 2007-2008 à une cure d’austérité sans précédent puisque la loi interdit aux municipalités de faire un déficit.

Conclusion

La CAQ ne voit jamais plus loin que le bout de son nez.

Lorsqu’elle est arrivée au pouvoir, l’État québécois nageait dans les surplus budgétaires et les surplus d’électricité. En sept ans de pouvoir, la CAQ a gaspillé l’un et l’autre.

Au lieu d’obliger les villes à maintenir la prudence dont elles font actuellement preuve, la CAQ veut leur ouvrir toutes grandes les portes de la spéculation boursière.

Comment peut-on être à ce point imprévoyant ?

Références :
Budget 2025 et PDI 2025-2034 de Montréal
Crise financière mondiale de 2007-2008
Le Fonds des générations ou Quand l’État spécule à la bourse
L’or et les indices boursiers
Montréal et Québec pourront investir en Bourse
Payer son compte de taxes

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Corridor du Nord

Publié le 1 octobre 2025 | Temps de lecture : 4 minutes
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Le Corridor du Nord est une voie ferrée destinée à relier Port Saguenay au réseau canadien de chemins de fer. Sur la carte ci-dessus, c’est la ligne grasse violette qui se termine par une flèche.

Cette voie ferrée existe déjà en bonne partie; il ne lui manque qu’un tronçon de 160 km (laissé en blanc sur la carte).

Une fois complété et mis à niveau, ce corridor servirait à acheminer du minerai principalement ontarien vers ce port en vue d’une exportation vers les marchés internationaux.

Que ce soit le défunt projet de gaz fossile (connu sous le nom de GNL-Québec) ou ce projet-ci, l’un et l’autre ne peuvent pas se réaliser sans augmentation de la navigation dans le fiord du Saguenay dont l’embouchure correspond à la pouponnière des bélougas du Saint-Laurent.

Précisons que ces mammifères marins ne constituent pas une espèce menacée à travers le monde puisqu’une importante colonie existe dans l’Arctique russe. Toutefois, le troupeau québécois (d’environ 880 spécimens) est un reliquat de l’époque glaciaire qui est prisonnier de l’environnement très particulier qui règne là où les eaux profondes et froides du Saguenay se déversent dans le Saint-Laurent.

Tout comme les défunts projets de GNL-Québec et d’Énergie Est, le Corridor du Nord est une initiative visant à faire du Québec un simple lieu de transit de matières premières en vue de leur exportation.

Le projet entrainerait la création d’emplois temporaires au moment de la construction des infrastructures qui lui sont nécessaires, mais très peu d’emplois une fois complétées; il s’agira d’emplois peu qualifiés où la simple exigence serait de savoir lire et écrire.

Si ce projet se retrouve sur la liste fédérale des projets d’intérêt national, c’est qu’elle apparait sur la ‘liste d’épicerie’ d’une ou de plusieurs provinces. Et puisque, selon Radio-Canada, les premiers ministres canadien et québécois se disent très emballés par le projet, on devine que le projet est sur la liste du Québec.

Pour aller de l’avant, le projet a besoin d’un ou de plusieurs investisseurs qui n’accepteront d’y participer à la condition que les gouvernements supérieurs subventionnent grassement le projet.

D’où la question : quelle est la stratégie industrielle de la CAQ ?

À coup de centaines de millions de dollars, est-ce que cette stratégie consiste à attirer au Québec des géants industriels qui délocaliseront leurs profits réalisés au Québec dans des paradis fiscaux et qui embaucheront ici une main-d’œuvre non qualifiée dont la CAQ découragera la syndicalisation afin qu’elle coute le moins cher possible au grand capital international ?

Est-ce d’attirer au Québec des industries énergivores qui viennent ici simplement pour obtenir de l’électricité en deçà du prix coutant actuel et qui s’installeraient ailleurs s’ils étaient soumis au prix que vous et moi payons ?

Si la stratégie industrielle de la CAQ consiste à développer une économie de haut savoir, la CAQ aurait intérêt à nous expliquer en quoi le Corridor du Nord est de nature à atteindre cet objectif.

Pour l’instant, ce projet possède toutes les apparences d’une tiers-mondialisation de l’économie du Québec. Et ce, à nos frais.

Référence : Projets d’intérêt national : Ottawa et Québec intéressés à prioriser le Corridor du Nord

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les 965 millions$ gaspillés par la CAQ dans Nemaska Lithium

Publié le 19 septembre 2025 | Temps de lecture : 8 minutes

La filière batterie

On appelle intégration verticale la stratégie industrielle qui consiste, pour une entreprise, à posséder ou à contrôler les diverses étapes de la production ou de la distribution de ses biens ou de ses services.

Par exemple, le constructeur automobile qui achète l’entreprise qui fabrique les parebrises qui équipent ses voitures procède à une intégration verticale en plaçant ce fournisseur sous son autorité.

La création de ‘grappes industrielles’ par le gouvernement du Québec obéit à la même logique.

Cette stratégie consiste à susciter la création (ou à attirer chez nous) les ‘chainons manquants’ nécessaires à une intégration verticale volontaire qui va (idéalement) de l’extraction de la matière première au produit fini sans que toute cette chaine de production appartienne aux mêmes intérêts financiers.

La ‘filière batterie’ est une grappe industrielle que le gouvernement Legault a créée à partir d’un noyau fort, Hydro-Québec, auquel se sont greffées diverses entreprises.

Cette grappe industrielle comprend les éléments suivants :
Hydro-Québec, producteur étatique d’hydroélectricité.
Nemaska Lithium, dont nous reparlerons dans quelques instants.
Northvolt, une jeune pousse aujourd’hui en faillite, dans laquelle le Québec a investi 470 millions$ dans le capital-actions de la maison mère suédoise et un prêt de 240 millions$ destiné à acheter le terrain sur lequel devait être construite son usine québécoise (fermée avant d’avoir été complétée).
EcoPro BM, fabricant de matériaux de cathodes dont la maison mère sud-coréenne s’est placée à l’abri de ses créanciers. La succursale québécoise jouissait d’un prêt de 322 millions$ de Québec.
Ultium CAM, producteur des matériaux nécessaires à la fabrication des cathodes (auquel le gouvernement a accordé un prêt de 150 millions$). Sa maison mère sud-coréenne a été créée en 1968.
Solutions énergétiques Volta, dont la compagnie mère sud-coréenne, créée en 1959, fut la première à développer des feuilles de cuivre pour batterie. La filiale québécoise a reçu un prêt de 150 millions $ du gouvernement québécois.
La compagnie électrique Lion, un fabricant d’autobus scolaires à essence depuis 2008 mais dont le virage électrique s’est avéré désastreux. Dans les opérations financières qui ont permis à Lion d’éviter de peu la faillite, le gouvernement a perdu 227 millions $.
Taiga Motors, un constructeur québécois de motoneiges et de motomarines électriques, fondé en 2015, qui a évité la faillite grâce à son rachat par Vita Power. Québec a perdu 18 millions $ dans l’opération.

Dès novembre 2023, l’économiste Frédéric Laurin critiquait sévèrement la stratégie industrielle du gouvernement à ce sujet. Son principal reproche était l’absence d’activités d’innovation et de R et D puisque les investissements annoncés ne concernaient que des usines d’assemblage ou d’extraction minière.

Mais la CAQ a préféré croire les démarcheurs de l’industrie qui faisaient miroiter d’extraordinaires retombées économiques pour le Québec si l’État et ses sociétés investissaient massivement dans ce domaine.

Les limites de la spéculation

Depuis la création du Fonds des générations, l’État québécois a pris la détestable manie de spéculer en bourse avec l’argent du peuple.

Cette manie est illustrée par le cas de Nemaska Lithium. La CAQ y a investi 965 millions de dollars. Ce qui en fait son plus important investissement à ce jour, toutes catégories confondues.

Minée par les retards et les dépassements de couts, Nemaska Lithium, autrefois cotée en Bourse, s’était placée à l’abri de ses créanciers à la fin de 2019.

Le gouvernement Legault a participé à sa relance en devenant propriétaire de la moitié de l’entreprise, transformée en société à capital fermé.

L’argent investi par l’État québécois représente la moitié du capital-actions de l’entreprise. L’autre moitié est détenue par la minière Rio Tinto.

Nemaska Lithium possède une mine de lithium à Whabouchi, à 300 km de la baie James. Son minerai sera transporté à ses installations de Bécancour où il sera concentré et transformé en hydroxyde de lithium. Cette deuxième usine ouvrira ses portes d’ici 2026.

Toutefois, d’autres investissements seront nécessaires. En effet, Rio Tinto prévoit qu’à maturité, le projet aura nécessité des investissements de 3,6 milliards de dollars.

En supposant que la CAQ laisse la minière investir seule l’argent complémentaire pour pousser ce projet maturité, la CAQ aura investi deux-millions de dollars pour chacun des 500 emplois qui seront créés.

Au contraire, si le gouvernement du Québec veut demeurer propriétaire à 50 %, il devra débourser 800 millions de plus (soit la moitié des 3,6 milliards$ nécessaires). Ce qui fera que l’État québécois aura déboursé 3,6 millions$ pour chaque emploi créé.

Y a-t-il une limite à cette folie ?

Demandons-nous quel sera le retour sur cet investissement.

Comme toutes les minières canadiennes, Nemaska Lithium détournera ses profits vers des paradis fiscaux. En d’autres mots, même si le gouvernement québécois demeurait propriétaire à 50 %, l’entreprise ne lui déclarera que des profits faméliques, le reste ayant été détourné ailleurs.

Le seul moyen pour l’État de récupérer son investissement, c’est par l’impôt payé par les employés de l’entreprise. D’où les deux questions suivantes.

Premièrement, combien faudra-t-il d’années avant que chaque travailleur de Nemaska Lithium ait payé deux-millions$ d’impôts ?

Et deuxièmement, pendant combien d’années utilisera-t-on encore du lithium dans les batteries des voitures électriques ?

La domination chinoise

L’Agence internationale de l’énergie a été créée sous les auspices de l’OCDE. Son plus récent rapport annuel indique qu’à lui seul, le marché chinois représente 11 des 17 millions de voitures électriques vendues dans le monde en 2024.

Des six millions restants, les constructeurs chinois en fabriquent 62 %. Et ce, en dépit des taxes douanières imposées par une bonne partie des pays occidentaux.

Le plus important fabricant chinois de voitures électriques porte le nom de BYD. Fondé en 1995, il s’agissait au départ d’un fabricant de batteries.

Mais en 2003, il a fait l’acquisition d’un carrossier au bord de la faillite. Et c’est depuis que BYD fabrique avec succès des autos… dans les usines les plus robotisées de l’industrie.

Ses 120 000 ingénieurs (le dixième de sa main d’œuvre) déposent 45 brevets par jour, loin devant la concurrence occidentale. Si bien que l’entreprise possède environ 60 % de tous les brevets relatifs à la voiture électrique.

Indépendamment du professionnalisme de Northvolt, cette compagnie était condamnée à un retard technologique impossible à rattraper… à moins d’adopter des technologies chinoises et conséquemment, à payer aux entreprises chinoises des droits d’utilisation de leurs brevets. Ce qu’on lui aurait rapidement reproché.

Cette domination technologique est le fruit d’un choix politique. Pendant que les pays occidentaux investissement massivement afin de conserver leur suprématie militaire, la Chine investit des sommes tout aussi considérables afin d’accentuer sa suprématie économique en temps de paix.

On ne sera donc pas surpris d’apprendre que des chercheurs chinois ont mis au point une batterie où le sodium remplace le lithium. Normalement, il faudra moins d’une décennie pour voir apparaitre des voitures équipées de telles batteries.

À partir de son inauguration (idéalement) en 2026, on doit donc anticiper le rapide déclin de Nemaska Lithium dès l’apparition des batteries au sodium jusqu’à sa faillite, un peu plus tard, soit bien avant que les investisseurs aient récupéré les 3,6 milliards injectés dans l’entreprise.

Dans la guerre économique qui oppose la Chine aux pays occidentaux, la mise au point de la batterie au sodium est prioritaire puisque par ce moyen, la Chine affaiblit ses rivaux. Des rivaux qui auront investi des sommes colossales à financer un développement économique basé sur une technologie sans avenir.

Références :
120 000 ingénieurs, 45 brevets déposés… par jour ! Comment le chinois BYD va balayer la concurrence dans l’électrique
Du sable dans l’engrenage chez Nemaska Lithium
Filière batterie au Québec
François Legault doit-il revoir son approche?
Global EV Outlook 2025
Intégration verticale
La Compagnie électrique Lion
Le Fonds des générations ou Quand l’État spécule à la bourse
Lion électrique ressuscitée par un groupe d’investisseurs du Québec
Northvolt
Pendant ce temps en Chine : la construction automobile
Québec investit encore dans Nemaska Lithium, portant le total à près de 1 milliard $
Troisième arrêt pour un projet phare
Une critique économique du mode de développement de la filière batterie au Québec
What EV market share do Chinese OEMs have overseas?

Parus depuis :
Deux gros projets de la filière batterie tombent à l’eau à Bécancour (2025-10-16)
Filière batterie : Lithion Technologies se protège de ses créanciers (2025-10-30)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Notre-Dame de la Laïcité

Publié le 2 septembre 2025 | Temps de lecture : 6 minutes
Place d’Armes

Introduction

La prière de rue est une prière collective effectuée dans l’espace public par les pratiquants d’une même religion.

En France, dans de petites municipalités, des prières de rue ont été organisées en raison du refus des autorités locales d’accorder les permis nécessaires à la construction d’une mosquée.

À Clichy-la-Garonne, pendant huit mois, des Musulmans ont organisé des prières devant la mairie afin de protester contre la fermeture d’une mosquée. Cette dernière avait été fermée entre autres parce qu’on y avait trouvé des tracts appelant à tuer des Juifs… alors qu’il s’agissait d’un coup monté puisque les tracts avaient été placés là par un militant anti-islam.

De plus, en 2020, des Catholiques avaient pris l’habitude de se réunir à l’extérieur de leurs églises afin d’y prier au grand air, contournant ainsi la rigueur des mesures sanitaires décrétées en début de pandémie.

Les prières de rue sont devenues un sujet d’actualité au Québec depuis que sont organisées hebdomadairement des manifestations pro-palestiniennes devant la basilique Notre-Dame de Montréal à l’issue desquelles une partie des protestataires procèdent à une prière musulmane.

Ce qui a provoqué (évidemment) la controverse.

Si bien que le 28 aout dernier, le premier ministre a dévoilé son intention d’adopter une loi interdisant les prières de rue.

La provocation

L’organisation d’une manifestation pro-palestinienne devant une synagogue pourrait être interprétée comme une provocation.

Mais ici, le lieu de culte concerné est catholique.

Dans la mesure où le pape Léon XIV lui-même en appelle à la fin du conflit à Gaza, les manifestations de la Place d’Armes rejoignent essentiellement la position du Vatican.

Quant à savoir si une prière musulmane dite en face d’une église catholique constitue un sacrilège, rappelons que le Vatican a organisé de nombreuses rencontres œcuméniques au cours desquelles prêtres, imams et rabbins priaient ensemble.

L’espace public n’est pas une mosquée, dit-on

D’abord et avant tout, l’espace public est un milieu de vie.

Or, de toutes les activités humaines, la prière est sans doute une des plus anodines. Prier n’a jamais tué personne.

Mais on ne compte plus les morts causées par l’intolérance à l’égard des minorités religieuses, ethniques et sexuelles.

Le meilleur conseil qu’on peut donner à ces bonnes âmes scandalisées par la prière de rue des Musulmans, c’est de prier à leur tour… de préférence en silence.

Le prosélytisme

Il ne suffit pas de voir des gens prosternés ‘à la musulmane’ pour avoir envie d’adhérer à cette religion afin de pouvoir se prosterner comme eux.

Le prosélytisme, c’est plutôt ces Témoins de Jéhovah qui distribuent des tracts pour nous annoncer la fin du monde et l’urgence de nous convertir au plus vite à leur secte.

Si leur prosélytisme n’a rien d’illégal, il devrait en être de même de la prière de rue de quelques Musulmans.

La laïcité bien relative de l’espace public québécois

L’espace public comprend les places (comme la Place d’Armes), mais également les parcs et les rues.

On trouve une rue Notre-Dame dans probablement toutes les municipalités du Québec, exception faite de celles qui n’en ont qu’une, généralement appelée ‘rue Principale’.

Sur les 1 108 municipalités du Québec, plus de la moitié portent des noms à consonance religieuse, c’est-à-dire des noms de saints ou de fêtes religieuses (comme l’Assomption).

Comme ailleurs dans le monde, l’espace public québécois est un reflet de notre histoire. Voilà pourquoi la laïcité québécoise est un compromis qui s’accommode d’un passé où la ferveur religieuse faisait partie de notre identité.

Laïcité et apostasie

La laïcité de l’État ne concerne que les institutions étatiques.

Elle interdit l’exhibition de symboles religieux amovibles dans les lieux appartenant à l’État (comme l’ex-crucifix de l’Assemblée nationale). Et elle interdit à certains employés de l’état de porter des symboles religieux ostentatoires.

Jamais la laïcité n’a eu pour but d’obliger les citoyens à renoncer à leurs convictions religieuses ni à cesser de prier, tant dans l’intimité de leur domicile que publiquement.

Les processions religieuses — à la Vierge, à sainte Anne, au Christ-Roi, à saint Jean-Baptiste — ont longtemps fait partie de la culture populaire québécoise.

Si ces manifestations ont disparu, ce n’est pas parce que Québec s’est tourné vers la laïcité. C’est parce que les églises se sont vidées dans les années 1960. Conséquemment, les recettes de la dime dominicale ne suffisaient plus à financer toutes les activités des paroisses, les obligeant à une cure d’austérité responsable de la disparition des processions religieuses.

On peut donc anticiper que le renouveau actuel de la religiosité en Occident finisse par atteindre le Québec, ravivant ainsi l’idée d’organiser de nouveau des processions religieuses.

C’est sans doute ce qui explique que Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal, a publié une lettre ouverte dans laquelle il déclare : « Certaines propositions récentes visant à interdire la prière en public soulèvent de sérieuses inquiétudes quant au respect des libertés fondamentales dans une société démocratique.»

On doit donc conclure qu’en voulant interdire la prière de rue, M. Legault est plus catholique que le pape.

Références :
Appel à tuer les Juifs : le curieux document du maire de Clichy
Évangélisation de rue
Gaza : Léon XIV appelle à mettre fin immédiatement à la « barbarie » de la guerre
La CAQ va légiférer pour interdire les prières de rue
Les prières de rue, pas forcément liées à un manque de lieux de culte
Les prières de rue sont-elles illégales en France ?
Les prières de rue sont-elles légales?
Les « saints lieux » au Québec
Prière de ne pas exagérer
Prière de rue
Prières en public : « Il est où, le problème? »

Parus depuis :
Le Québec est un État laïc? Vraiment? (2025-09-04)
Texas attorney general wants students to pray in school… unless they’re Muslim (2025-09-07)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 25mm F/1,2 — 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 2500 — 25 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Collège LaSalle et les charognards du peuple francoQuébécois

Publié le 25 août 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

Les mécanismes de l’assimilation

L’anglicisation de Montréal s’opère par trois moyens.

Premièrement par des flux migratoires qui dépassent largement notre capacité d’intégration.

Deuxièmement par un marché de l’emploi où la connaissance de l’anglais est exigée illégalement pour des postes où cette connaissance n’est pas essentielle.

Et troisièmement par le financement public des études post-secondaires en anglais effectuées par des étudiants francophones.

Le PQ vs la CAQ

Les programmes électoraux du PQ et de la CAQ sont très différents quant au financement des études post-secondaires.

Pour le PQ, si un étudiant francophone veut faire ses études en anglais, il est libre de le faire, mais totalement à ses frais.

Toutefois, s’il veut que l’État subventionne ses études, il doit les effectuer en français. En somme, l’école gratuite au Québec, c’est celle en français.

Tout comme l’école gratuite en Allemagne est celle en allemand. Celle en Italie, c’est en italien. Et ainsi de suite.

La seule exception, c’est le droit des angloQuébécois d’accéder à des études publiques dans leur langue. Un droit que le PQ entend respecter, même après l’accession du Québec à l’indépendance.

Toujours un peu molle quand vient le temps de défendre le français, la CAQ a préféré une solution de ‘compromis’.

Ce compromis, ce n’est pas de combattre l’anglicisation au Québec, mais de le plafonner à son niveau actuel. Ce qui est une manière de le pérenniser.

Malheureusement pour elle, ce que la CAQ est en train de découvrir, c’est que l’anglicisation n’est pas seulement un phénomène qui menace la survie du peuple francoQuébécois; c’est aussi une industrie. Et une industrie payante.

C’est ainsi qu’un collège privé s’obstine à violer une loi qu’il juge contraire à ses intérêts.

Dura lex sed lex

Ces jours-ci, le Collège LaSalle se plaint des pénalités (qu’il juge abusives) pour avoir violé la loi québécoise qui exige la limitation de l’accès des étudiants francophones aux études post-secondaires en anglais.

Si le Collège LaSalle est miné par des pénalités, c’est qu’il s’agit d’un multirécidiviste qui a longtemps fait fi de la loi, tant que ses finances le lui permettaient. Maintenant que les pénalités croissantes minent sa survie, il implore la pitié.

Pour être respectée, une loi doit être dissuasive. Et pour l’être, elle doit faire mal à ceux qui l’enfreignent.

La disparition du Collège LaSalle serait un signal fort pour ces maisons d’enseignement supérieur (Cégep et universités) qui, à Montréal, font partie de la machine assimilatrice à l’anglais.

Le petit Collège LaSalle est donc le canari dans la mine.

Références :
L’anglicisation du Québec et la Caisse de dépôt et placement
Quotas linguistiques : le torchon brûle entre Québec et le Collège LaSalle

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Hôpital Maisonneuve-Rosemont : relier par navette l’hôpital au stationnement du Stade olympique

Publié le 8 mai 2025 | Temps de lecture : 3 minutes


Treillis métallique retenant les briques et cadres de fenêtre pourris

Présentement, très peu de choses me scandalisent autant que l’état de décrépitude de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR). D’autant plus que le gouvernement de la CAQ n’a pas cessé de gaspiller les fonds publics depuis qu’il est au pouvoir.

Si j’ai évité d’aborder ce sujet jusqu’ici, c’est que je ne comprenais pas pourquoi la première étape de la réfection de cet hôpital était la construction d’un stationnement étagé.

C’est seulement ce matin que j’ai appris pourquoi. Beaucoup de personnes viennent y travailler en automobile. Or l’agrandissement du complexe hospitalier proprement dit se fera aux dépends du stationnement actuel. En d’autres mots, il faut d’abord détruire l’ancien stationnement pour agrandir HMR.

Résultat : c’est dans dix-huit mois, lorsque ce nouveau stationnement sera complété, qu’on pourra enfin débuter la réfection de l’hôpital.

Pourtant, il y a une solution qui permettrait de débuter le tout dès maintenant; par navette, relier temporairement l’hôpital au stationnement souterrain du Stade olympique. Sous-utilisé, celui-ci se trouve à 3,5 km.

En inactivant le feu de circulation à l’intersection des rues Viau et de Marseille (sauf au début et à la fin des matchs de soccer au stade Saputo), on pourrait assurer une navette aux dix à quinze minutes à la fois aux travailleurs et aux patients qui voudraient se rendre à l’hôpital en voiture.

Et par la même occasion, on pourrait également instaurer un tel service entre la station de métro l’Assomption, distante de seulement un kilomètre, qui serait reliée à l’hôpital aux cinq à dix minutes.

Voici les investissements nécessaires.

En premier lieu, il faut acheter quatre minibus comme ceux qui relient les clients des hôtels du centre-ville à l’aéroport de Montréal; deux reliant HMR au stationnement du stade, et deux autres le reliant à la station de métro. Ces minibus se relayeraient continuellement jour et nuit.

Entrée de l’urgence

À l’hôpital, ils s’arrêteraient à la porte de l’hôpital, et non à un débarcadère. Et ce, afin d’éviter que leurs passagers aient à marcher sous la pluie ou dans la neige.

En deuxième lieu, il faut embaucher douze conducteurs pour assurer un service continuel jour et nuit.

Cout l’implantation : deux à trois-millions de dollars. Cout récurrent : le salaire des chauffeurs et l’essence.

Le tout peut même se faire à cout nul en abolissant l’intermédiaire inutile et couteux qu’est Santé Québec.

Avec les 90 millions $ que Québec vient de débloquer, la presque totalité de cette somme pourrait donc être utilisée pour débuter dès maintenant la réfection du complexe hospitalier proprement dit.

Référence : Hôpital Maisonneuve-Rosemont : Québec s’engage à livrer le nouvel hôpital, l’opposition sceptique

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectifs M.Zuiko 40-45 mm R (1re et 2e photo) et Lumix 14-45 mm (3e photo)
1re photo : 1/400 sec. — F/4,7 — ISO 200 — 78 mm
2e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 45 mm
3e  photo : 1/400 sec. — F/3,7 — ISO 200 — 16 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel