Fizgibbon et le parc automobile du Québec

17 août 2023

Introduction

Un bon ministre de l’Économie doit d’abord penser en termes macroéconomiques.

Plus tôt cette semaine, M. Fitzgibbon a déclaré que pour atteindre la carboneutralité, le Québec devrait réduire de moitié son parc automobile, peu importe qu’il s’agisse de voitures à essence que de voitures électriques.

Dans une perspective planétaire

Ce que la plupart des Québécois ne réalisent pas, c’est que là où l’électricité est produite par des centrales au charbon (comme en Alberta et dans beaucoup de pays européens) ou par des centrales nucléaires (comme en France ou en Ontario), les voitures électriques, indirectement, y carburent respectivement au charbon et à l’isotope radioactif.

En réalité, le Québec est un des rares endroits au monde où on produit uniquement de l’électricité ‘verte’.

Or du strict point de vue environnemental, carburer au charbon est pire que faire le plein d’essence.

Quant aux voitures électriques, personne ne calcule l’empreinte environnementale non seulement de la fabrication de ces véhicules lourds (en raison de leur imposante batterie), mais également en raison des métaux toxiques que renferment leurs piles électriques et qui, éventuellement dans les cimetières de voitures, migreront lentement vers les nappes phréatiques.

En somme, on ne sauvera pas la planète en fabriquant des voitures électriques; on passera simplement de la pollution de l’air à la pollution des sols… jusqu’à ce que le recyclage de leurs batteries soit généralisé.

Puisqu’encore aujourd’hui, on peine à recycler une chose aussi simple que du papier ou du verre, on pourrait attendre plus longtemps qu’on pense pour voir un recyclage à 100 % du contenu des batteries de nos voitures.

L’exemple finlandais

Pays de 5,4 millions d’habitants, la Finlande a investi des sommes considérables dans l’électrification des transports collectifs.

L’efficacité de son réseau est telle que le nombre de véhicules dans ce pays est de 4,95 millions d’unités (dont 2,85 millions de voitures), alors qu’au Québec, il est de 8,49 millions d’unités (dont 5,59 millions de voitures).

C’est 627 véhicules en Finlande par mille personnes, comparativement à 1 000 véhicules par mille personnes au Québec.

Pour l’ile de Montréal, cette différence équivaut à faire disparaitre 694 000 véhicules qui y encombrent les rues.

Pour l’ensemble du Québec, c’est comme enlever 3,1 millions de véhicules des routes.

Dans le cas précis des automobiles, par mille de population, il y 49 % moins d’autos en Finlande qu’au Québec. Ce qui prouve que le souhait du ministre Fitzgibbon — une réduction de moitié du parc automobile québécois — est possible sans coercition… à la condition d’offrir en contrepartie du transport en commun fiable, économique et sécuritaire.

Mais cela nécessite des dizaines de milliards de dollars d’investissements publics, comme l’a fait la Finlande pendant quarante ans.

Au final, l’électrification du transport en commun profite évidemment à ses utilisateurs. Mais il profite peut-être plus à ceux qui ne l’utilisent pas puisqu’il réduit les embouteillages, la congestion routière et la rage au volant.

Revenons au Québec

De 1990 à 2020, le Québec a réduit ses émissions de GES en dépit d’une croissance de sa population de 23 % et d’une hausse de son PIB de 67 %.

La baisse de 13,2 % des émissions de GES observée au Québec au cours de cette période est principalement attribuable à la diminution des émissions du secteur de l’industrie et du secteur du chauffage résidentiel, commercial et institutionnel.

Au contraire, le secteur des transports a augmenté ses émissions de 36,8 % pour atteindre 42,8 % de toutes les émissions québécoises en 2020.

Toutefois, ce secteur comprend les automobiles, les camions légers, les véhicules lourds (autobus, camions, tracteurs, etc.) et les autres (motocyclettes, véhicules au propane et au gaz fossile).

Cliquez sur l’image pour l’agrandir

Définies comme était des véhicules légers d’au plus 3 900 kg — ce qui est le cas même des véhicules utilitaires — les automobiles (en jaune, ci-dessus) ne représentent que 28,0 % des GES émis par le secteur des transports, lui-même responsable de 42,8 % de la production québécoise de GES.

En somme, les autos émettent 12,0 % des GES québécois.

Pour atteindre nos objectifs climatiques, rien ne doit être épargné. Ce qui fait que même douze pour cent, c’est trop.

Mais aussi controversée qu’elle soit, la déclaration du ministre est en deçà de la vérité; même si plus aucune voiture à essence ne roulait au Québec demain matin, cette mesure réduirait instantanément les GES de 12 %. Lorsqu’on lui ajoute la réduction de 13 % réalisée jusqu’ici, cela ferait un total de 25 %.

Le Québec serait alors loin de ses engagements climatiques, soit de réduire ses GES de 37,5 % par rapport avec leur niveau de 1990.

Conclusion

Au Québec, on ne construit pas de voitures et on ne raffine pas de pétrole.

Chaque fois qu’on achète une voiture ou qu’on fait le plein d’essence, c’est de l’argent qui sort de nos poches pour enrichir les régions du monde qui produisent des voitures, des pièces automobiles, des pneus, ou de l’essence.

En somme, favoriser l’achat ou l’utilisation des automobiles (peu importe lesquelles), c’est saigner l’économie du Québec.

Par contre, le Québec est un producteur important de matériel destiné au transport en commun, qu’il s’agisse de wagons de métro ou d’autobus.

Développer l’économie du Québec, c’est favoriser la production de biens et de services québécois et leur exportation à l’Étranger. C’est comme ça qu’on développe l’économie nationale.

Aussi souhaitable que soit un investissement massif du Québec dans le transport en commun, l’atteinte de nos cibles environnementales nécessite un changement radical de toutes nos habitudes de consommation.

Le ministre Fitzgibbon l’a bien compris et on doit le féliciter pour sa franchise.

Références :
Fitzgibbon insiste, il faudra réduire considérablement le parc automobile québécois
GES 1990-2020
La ‘batterification’ des transports
Le derrière miraculeux de la ministre
Le transport en commun finlandais : le matériel roulant
Pierre Fitzgibbon

Parus depuis :
The Urban Mobility Scorecard Tool: Benchmarking the Transition to Sustainable Urban Mobility (2023-08-25)
La demande des véhicules électriques dépasse les prévisions d’Hydro-Québec (2024-01-29)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les lacunes sécuritaires du Réseau express métropolitain (REM)

15 août 2023

Introduction

Quand le gouvernement libéral de Philippe Couillard a confié à la Caisse de dépôt et placement le soin de réaliser un système de trains légers desservant la région métropolitaine, il l’a fait en présumant que l’argent achète tout.

On savait que la Caisse n’avait aucune expérience dans la planification urbaine ni dans la conception de matériel roulant.

Mais le gouvernement libéral était convaincu qu’avec la somme colossale de ses actifs, la Caisse ne se priverait pas pour consulter, moyennement rémunération, tous les experts dont elle aurait besoin pour réaliser son mandat… au plus faible cout possible.

En février 2021, quand deux firmes d’architectes refusèrent d’être associées à la construction du REM de l’Est, on aurait dû comprendre que l’argent n’achète pas tout… ou du moins, pas toujours.

L’automatisation intégrale

Pour réduire au maximum leurs frais d’exploitation, les trains du REM n’ont pas de conducteurs. À leur place, des opérateurs, réunis quelque part dans une salle de contrôle, coordonnent à distance le va-et-viens des trains du réseau.

Quant à la sécurité, elle est assurée par des caméras de surveillance. Encore ici, la Caisse ne connait rien dans la sécurité mais elle présume (à tort) que les caméras de surveillance réduisent ou préviennent les méfaits.

Les limites de la vidéosurveillance

Les caméras de surveillance enregistrent de l’information qui, dans la presque totalité des cas, sera détruite avant d’avoir été vue.

C’est seulement lorsqu’on découvre, par d’autres moyens, qu’un méfait a été commis qu’on voudra passer en revue les enregistrements pour essayer de découvrir quand et par qui le méfait a été commis.

Leur utilité est donc généralement limitée à expliquer à postériori ce qui est arrivé.

La tempête sur la 13

Joyau technologique du ministère des Transports, le Centre de gestion intégré de la circulation est l’organisme chargé de surveiller en temps réel les axes routiers de la région de Montréal grâce à un vaste réseau chargé de recueillir de l’information et près de quatre-cent-cinquante (450) caméras.

Parmi les voies de circulation sous sa protection, il y a la 13. Tracée en direction nord-sud, cette autoroute est une voie rapide qui dessert l’aéroport Montréal-Trudeau.

En mars 2017, une importante tempête de neige s’abat sur le sud-est du Québec. Cette nuit-là, environ trois-cents automobilistes sont demeurés coincés dans leur véhicule sur la 13 pendant douze heures.

Ceux qui appelaient au 9-1-1 se faisaient dire de ne pas s’inquiéter et que de l’aide était en route pour leur porter secours. Tout cela était faux.

Lorsque les secours sont finalement arrivés, personne n’était mort de froid. Miraculeusement.

Les voyageurs oubliés dans le REM

À la fin du mois dernier, après une sortie au cinéma du Quartier Dix30, Michel-André Grégoire et son épouse ont pris le REM vers minuit à la station Du Quartier.

Mais au lieu de filer vers la station Panama, annoncée au micro par une voix robotisée, le train s’est plutôt dirigé en sens inverse et est rentré au garage pour la nuit.

Le couple Grégoire n’était pas seul puisqu’une troisième personne (un touriste vénézuélien) s’y trouvait également.

Les trois passagers n’ont pas cherché à se dissimuler; ils étaient donc parfaitement visibles sur les écrans des caméras de surveillance. Mais personne ne les a vus.

Et si on ne les a pas vus, c’est qu’aucun préposé n’est chargé de surveiller ces écrans.

C’est seulement après que Mme Grégoire a utilisé le système d’interphone du REM pour signaler leur présence qu’on leur a envoyé du secours.

Sinon, ils y auraient passé la nuit.

Un scénario probable

Permettez-moi de faire une petite prédiction; d’ici quelques semaines, les wagons du REM seront victimes de leurs premiers actes de vandalisme.

Puisque les malfaiteurs n’ont pas besoin de moi pour avoir des idées malveillantes, voici comment ils pourraient procéder.

Un soir de semaine, deux graffiteurs pénètrent à une station de la Rive-Sud peu achalandée. Ils sont seuls dans leur wagon. Les deux portent un masque. Ce qui n’est pas anormal puisque la pandémie au Covid-19 n’est pas terminée. En raison des capuchons qui les recouvrent, il est impossible de les reconnaitre.

Environ vingt secondes avant d’arriver à la station suivante, ils sortent des bonbonnes de peinture et dessinent leur tag sur les murs intérieurs du wagon.

À l’ouverture des portes, ils les franchissent promptement pour s’enfuir.

En raison de l’odeur de solvant, une des personnes qui embarquent à cette station ou à la suivante se sert de l’interphone pour rapporter le méfait.

La préposée signale la chose à son supérieur.

Celui-ci s’empresse d’appeler les autorités policières. Or qu’entend-il ?

Eh bien, il entend : “Votre appel est important pour nous. Afin de conserver…

Finalement, il joint un agent.

Mais il appelle à Brossard, la municipalité où se trouve la station de départ des malfaiteurs… alors que le méfait a été commis sur le territoire de l’Ile-des-Sœurs (qui relève d’un autre corps policier).

Après avoir appelé la station de police appropriée, on ordonne que des patrouilleurs soient dépêchés à la station Panama.

Et pendant que nos deux acolytes mangent leur poutine en marchant et en riant, ils voient passer les autos de police — gyrophares allumés et sirènes assourdissants — se diriger à toute vitesse vers le lieu du crime…

Références :
Cafouillage sur l’A-13 : les systèmes de vigie et d’alerte n’ont pas fonctionné
Deux firmes d’architectes tournent le dos au REM
Montreal’s new REM line takes wrong turn, leaves passengers stranded in the garage
The British Big Brother

Paru depuis : L’utilité des caméras urbaines du SPVM remise en doute (2023-09-18)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Jean-François Roberge, le défenseur indécis de la langue française au Québec

5 août 2023

Dès sa nomination, le ministre Jean-François Roberge a déclaré vouloir lancer un grand chantier au sujet des moyens à prendre pour pallier le déclin du français au Québec

En réalité, ce que le ministre appelle ‘chantier’ n’est qu’une série de consultations. Or on consulte lorsqu’on ne sait pas quoi faire ou qu’on manque d’idées.

Cela révèle qu’avant de prendre le pouvoir, la CAQ n’avait pas sérieusement réfléchi à ce sujet et ne sait toujours pas quoi faire six ans plus tard.

Ce matin, sous le titre ‘Loi 96 sur le français : un frein au commerce international ?’, le quotidien La Presse nous apprend que le site transactionnel de la librairie britannique Black Library refusait d’accepter les commandes provenant du Québec.

Et pourquoi donc ? Parce que la loi 96 de la CAQ l’oblige à créer une version française de son site web afin de desservir la clientèle d’ici, comme le fait Amazon, par exemple. Ce qui n’en vaut pas la peine pour elle, selon la librairie britannique.

Informé de ce cas particulier par La Presse, le ministre s’est dit prêt à examiner le dossier. Deux semaines plus tard, le ministre est encore en réflexion.

C’est pourtant simple.

Black Library n’est pas un éditeur. C’est simplement une librairie; celle-ci vend — de manière non exlusive — des titres imprimés par d’autres.

Sans hésiter, le ministre aurait dû répondre que les Québécois incapables de se procurer un livre en particulier auprès de ce libraire n’ont qu’à l’acheter d’un libraire d’ici.

Ce qui est très bon pour l’économie du Québec.

Cette librairie — tout comme Amazon — vend aussi des figurines de plomb fabriquées par Games Workshop. Craignant d’être accusé de manquer d’empathie pour ce collectionneur québécois qui avait l’habitude de se procurer ses bibelots de Black Library (et pas ailleurs), le ministre hésite; doit-il défendre le français ou risquer que la belle collection du gars soit à jamais inachevée ?

Face à ce dilemme shakespearien, on n’aimerait tellement pas être à la place du pauvre ministre Roberge…

Un autre cas cité par l’article est celui d’une cliente québécoise des animaleries Pet Smart dont il existe plusieurs boutiques en Amérique du Nord, mais pas au Québec. Or celles-ci refusent également de vendre ici.

Le chat de cette étudiante ne mange que de la nourriture humide de marque Dr. Elsey’s vendue par Pet Smart.

De toute l’histoire millénaire des félins sur Terre, on ne rapporte aucun cas de chat mort de faim par défaut de trouver de la nourriture molle de marque Dr. Elsey’s.

Après avoir miaulé tout son soul, cette chatte finira bien par accepter ce qu’on lui offrira plutôt que de crever de faim.

Mais ce serait de la cruauté animale. Alors le ministre hésite; doit-il affamer pendant quelques heures ce petit animal poilu vulnérable, ce chaton tant aimé ?

Plus sérieusement, on peut se demander si ce ministre et son parti possèdent la motivation qu’il faut pour réellement arrêter la louisianisation du Québec, notamment dans la région montréalaise.

Dans un autre ordre d’idée, l’article de La Presse pose, à partir de ces cas, la question de l’extraterritorialité de la loi 96. Selon l’avocat Vincent de l’Étoile, cette loi entraverait des transactions internationales.

Ceci est un faux problème.

Lorsqu’un bien est offert sur l’internet, l’offre de vente peut provenir de partout à travers le monde.

Mais l’acceptation de l’offre se fait lorsque le client appuie sur le bouton ‘J’achète’ (ou l’équivalent). En somme, la vente s’effectue sur l’ordinateur du client québécois, le cas échéant.

Selon un sondage électronique de la firme Angus Reid effectué entre le 30 mai et le 3 juin dernier, seulement vingt pour cent des Québécois croient à l’importance de s’attaquer en priorité au déclin du français.

À ces derniers, le message est clair; ne comptez pas sur la CAQ pour répondre à vos préoccupations autrement que par de gentils messages écrits par des firmes de relations publiques.

Pour la CAQ, il y aura toujours un prétexte pour ne pas défendre le français.

Références :
Il faut s’attaquer au déclin du français
Le ministre Roberge et la défense homéopathique du français
Loi 96 sur le français : un frein au commerce international ?
Une librairie anglaise cesse de vendre à ses clients québécois

Parus depuis :
Loi 96 sur la Langue française : le ministre Roberge ne compte pas faire de modifications (2023-08-23)
Ottawa a versé des milliards pour l’anglais au Québec (2023-11-27)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’anglicisation du Québec et la Caisse de dépôt et placement

19 juillet 2023

Les terrains du Royal Victoria

Depuis la fermeture de l’hôpital Royal Victoria en 2015 et le transfert de ses activités dans le Centre universitaire de santé McGill (beaucoup plus à l’ouest), le site de l’ancien hôpital est devenu un objet de convoitise en raison de sa vue imprenable sur le centre-ville de Montréal.

Puisque le terrain est du domaine public, il intéresse la Société québécoise des infrastructures, responsable de la mise en valeur de tout le patrimoine immobilier de l’État.

Mais il intéresse aussi la ville de Montréal (qui aimerait agrandir le parc du mont Royal), de même que l’université McGill (qui souhaite l’agrandissement de son campus).

Dernièrement, le bras immobilier de la Caisse de dépôt et placement (Ivanhoé Cambridge) a flairé la bonne affaire.

Il a décidé de promouvoir la construction de tours résidentielles étudiantes destinées à remplacer six bâtiments situés immédiatement à l’ouest et au nord du pavillon central de l’ancien hôpital.

Déjà la Caisse a obtenu que soit formé un comité tripartite réunissant Ivanhoé Cambridge, la Société québécoise des infrastructures et le gouvernement (probablement le ministère des Finances).

De plus, le gouvernement de la CAQ versera à la Caisse une somme de dix-millions$ qui servira préparer un rapport destiné à étayer le projet et à en estimer les couts.

Le comité est formé comme si le gouvernement avait déjà décidé de la vocation future du site puisqu’aucun usage autre que celui de résidence universitaire ne sera envisagé.

De plus, c’est dix-millions$ que McGill n’aura pas à dépenser pour concevoir et préciser son projet de résidence. L’université épargnera également des frais de démarchage puisqu’au sein du comité tripartite, la Caisse sera toute vouée à la promotion de leurs intérêts communs.

Pourtant, la question fondamentale à se poser est la suivante; est-il souhaitable que le site du Royal Victoria tombe entre les mains de McGill ?

La machine assimilatrice à l’anglais

L’assimilation linguistique s’opère principalement par le biais du marché du travail et de l’école.

Dans le premier cas, l’exigence abusive du bilinguisme par les entrepreneurs et commerçants entraine une ‘louisianisation’ de la région montréalaise qui mène ultimement à l’extinction du peuple francoQuébécois.

Si la Loi 101 oblige les francoQuébécois et les néoQuébécois à fréquenter l’école publique française au primaire et au secondaire, cette loi est muette au post-secondaire, c’est-à-dire au niveau des Cégeps et des universités.

Cet oubli s’est avéré regrettable puisqu’au fil des ans, ceux-ci sont devenus d’importantes machines assimilatrices.

Le cas de McGill

De loin, McGill est la plus riche université du Québec.

Son campus est déjà plus vaste que celui de n’importe quelle autre université québécoise. En plus d’une réserve financière de 1,7 milliard$ accumulée dans ses fondations, et en plus de ses biens évalués à 4,9 milliards$, McGill possède des revenus annuels de 1,4 milliard$, soit le cinquième du budget de la ville de Montréal.

En 2019, le gouvernement libéral de Philippe Couillard dérèglementait complètement les frais de scolarité imposés aux étudiants internationaux. Depuis ce temps, les universités québécoises sont libres de facturer ce qu’elles veulent à ces étudiants.

À McGill, selon les facultés, l’étudiant étranger doit débourser en frais de scolarité une somme comprise entre seize et vingt-quatre-mille dollars par année. Or ils sont 11 053 à le faire.

Pour l’ensemble des universités anglaises du Québec — McGill, Concordia et Bishop — c’est 16 368 personnes.

Pour profiter de cette manne, McGill peut compter sur la complicité du ministère fédéral de l’Immigration.

Ce dernier approuve 92 % des demandes de requérants étrangers pour étudier à l’université McGill. Par contre, il refuse la moitié des demandes pour étudier à l’université Laval. Le pourcentage des refus grimpe même à 72 % dans le cas des établissements scolaires francophones lorsqu’il s’agit de demandeurs provenant d’Afrique.

Si bien que dans l’ensemble du réseau universitaire, la moitié des étudiants étrangers au Québec sont inscrits au réseau anglais, soit bien au-delà de la proportion des Anglophones au Québec.

Quant aux fonds de recherche, les trois principaux organismes subventionnaires d’Ottawa — l’Institut de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada ainsi que le Conseil de recherches en sciences humaines — refusent depuis 30 ans presque toutes les demandes de subvention rédigées en français.

Si bien que dans les universités anglaises du Québec, l’argent du fédéral coule à flots. En 2017-8, c’est 302 millions$ qu’Ottawa a versés à McGill, soit bien plus que les 184 millions$ à l’Université de Montréal ou les 177 millions$ à l’université Laval.

Au Québec, Ottawa verse 2 663$ par étudiant anglophone à plein temps et 1 430$ pour un étudiant francophone à plein temps.

Le résultat, c’est que les Cégeps et universités anglaises ont 56 % plus d’argent pour former chacun de leurs étudiants. Cela signifie des classes plus spacieuses, des laboratoires mieux équipés, et plus de moyens pour favoriser la réussite des travaux de recherche.

Les Cégeps anglais

Après avoir été scolarisés en français au primaire et au secondaire, une proportion croissante de jeunes francoQuébécois font leurs études post-secondaires en anglais.

De 2010 à 2015, dans les Cégeps anglais du Québec, la proportion de nouveaux étudiants dont la langue maternelle n’est pas celle de Shakespeare est passée de 55,8 % à 61,5 %.

Parmi ceux-ci, les jeunes francophones représentaient 24,5 % (en 2010) et 31,3 % (en 2015) des nouvelles inscriptions.

Nonobstant le cas des étudiants internationaux et celui des jeunes Québécois issus de l’immigration, près du tiers des sommes alloués par le gouvernement de la CAQ à l’éducation post-secondaire sert à angliciser des adolescents francophones.

Chez les adolescents de langue maternelle française qui ont entrepris un parcours scolaire destiné à les mener à l’université — en somme, ceux qui ne sont pas inscrits à un DEC technique — 80 % de ceux qui font leurs études collégiales en anglais s’inscrivent à une université anglaise alors que ce pourcentage est de 13 % chez ceux qui ont fait leurs études collégiales en français.

Chez les adolescents dont la langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais, la situation est similaire (respectivement 91 % et 18 %).

En somme, le Cégep anglais constitue un choix de vie définitif; la plupart des adolescents inscrits à un Cégep anglais espèrent travailler en anglais à la suite de la remise de leurs diplômes.

Cela s’explique facilement. Les détenteurs d’une formation collégiale ou universitaire seront plus à l’aise, pour le reste de leur vie, de s’exprimer en anglais dans leur domaine de compétence puisque les termes techniques, les concepts et les notions apprises l’auront été dans cette langue.

Dans son premier rapport annuel, le nouveau commissaire à la langue française note que l’utilisation de l’anglais par les francoQuébécois et les néoQuébécois est liée au fait d’avoir étudié dans un Cégep ou dans une université anglaise.

L’assimilation linguistique prend combien de temps ?

Dans le cas des immigrants, on croit généralement que l’assimilation (appelé également ‘transfert linguistique’) prend trois générations.

La première génération est celle des nouveaux arrivants, attachés à leur culture d’origine, mais qui tentent de leur mieux de refaire leur vie en apprenant la langue de la société d’accueil.

La deuxième génération est celle de leurs enfants. Ceux-ci ont appris tôt la langue des parents, mais sont devenus bilingues après leur passage à l’école publique.

La troisième génération est celle des petits-enfants qui n’utilisent sommairement la langue des grands-parents que lorsqu’ils les rencontrent. Une langue qu’ils oublient peu à peu après leur décès.

Est-ce que ce modèle s’applique au contexte québécois ?

En 2009, plus de 3 200 étudiants provenant principalement de sept Cégeps de l’ile de Montréal ont répondu à un questionnaire comptant plus de quarante questions et portant leurs comportements linguistiques.

Pour ce qui est de leurs préférences cinématographiques, les collégiens anglophones ne sont pas intéressés par les films en français (d’ici ou d’ailleurs), peu importe la langue de leurs études.

Toutefois, autant chez les collégiens francophones qu’allophones, l’intérêt pour le cinéma en français chutait de manière importante chez ceux qui fréquentent les Cégeps anglais.

Ce phénomène se retrouvait également (mais avec une chute d’intérêt moindre) quant aux émissions de télévision.

On peut présumer que ce qui était vrai pour la télévision en 2009 est probablement vrai de nos jours pour les sites internet.

Les auteurs de cette étude concluaient que la fréquentation d’un Cégep anglais est fortement corrélée avec l’utilisation prédominante de l’anglais dans l’ensemble des situations quotidiennes.

Une fois diplômés, une bonne partie de ceux qui fréquentaient les Cégeps ou les universités anglaises sont devenus indifférents à être servis dans une autre langue que le français.

En d’autres mots, ils se désolidarisent des francoQuébécois unilingues qui sont victimes de discrimination à l’embauche, ceux-ci étant vus comme des pleurnichards qui n’ont qu’à apprendre l’anglais.

Les quelques années qui sont nécessaires pour effectuer des études post-secondaires en anglais ne sont pas suffisantes pour transformer un étudiant francoQuébécois en angloQuébécois.

Mais cette formation anglaise est associée à une propension plus grande à écouter par la suite des films en anglais, à assister à des spectacles en anglais, à lire des livres en anglais, à consulter des quotidiens anglais, et à écouter les actualités en anglais.

Sans compter qu’une partie de ses amis seront des collègues anglophones dont on a fait connaissance au cours des études post-secondaires.

Bref, à s’exposer à l’idéologie qui prévaut chez les angloCanadiens, on en vient peu à peu à penser comme un angloQuébécois, au fur et à mesure que son vocabulaire en français — de moins en moins utilisé — se rétrécit au point qu’on devient plus à l’aise de s’exprimer dans la langue de Shakespeare.

N’est-ce pas ce qu’on appelle l’assimilation ?

Le travail estival des étudiants internationaux

Au cours de leurs études, les étudiants internationaux doivent assurer leur subsistance.

Lorsqu’on tient compte des millions de touristes que le Québec accueille chaque année, les dizaines de milliers d’étudiants internationaux ne représentent pas une proportion importante de la demande de biens et services en anglais.

Toutefois, près de la moitié (44 %) des étudiants étrangers travaillent ici durant leurs études. Beaucoup viennent pourvoir des postes dans des secteurs aux prises avec des difficultés de recrutement comme la restauration et l’hébergement.

En raison de la délivrance parcimonieuse de visas par Ottawa, la majorité d’entre eux ne parlent pas français. Sur le marché du travail, ceux-ci s’ajoutent donc à tous ces jeunes angloQuébécois unilingues réticents (ou même opposés) à apprendre notre langue.

Si bien qu’à l’Office québécois de la langue française, on assiste à une explosion des plaintes reliées à la langue de service.

La solution à ce problème est simple; elle consiste à imposer une connaissance minimale du français à tous ceux qui fréquentent les établissements scolaires post-secondaires au Québec.

À défaut de cette mesure, augmenter la capacité d’accueil des étudiants internationaux par l’université McGill, c’est multiplier les cas où on sera incapable de nous servir dans notre langue, ici même, dans notre propre pays.

Conclusion

Revenons maintenant à la Caisse de dépôt et placement.

Depuis le gouvernement libéral de Philippe Couillard, la Caisse est devenue l’État dans l’État.

En lui donnant carte blanche pour mettre en œuvre le plus important projet québécois de transport en commun depuis un demi-siècle, les Libéraux ont confié ce projet à des gens parfaitement incompétents en urbanisme et en transport en commun.

Si bien que la Caisse n’a rien vu de mal à proposer que son REM de l’Est surgisse de terre au centre-ville de Montréal comme le serpent monstrueux d’une bande dessinée de Marvel Comics.

Et parce que les dirigeants de la Caisse ne sont rien d’autre que de simples gestionnaires de capitaux, l’attribution du contrat de construction des wagons du REM s’est fait sur la seule base du prix, sans tenir compte des retombées économiques (généralement neuf fois supérieurs au cout d’un contrat).

Une erreur qu’aucun ministre de l’Économie compétent n’aurait commise.

Après ses récents déboires financiers et l’humiliation subie en se voyant éjectée — Dieu merci — du projet du REM de l’Est, la Caisse se mêle maintenant du dossier délicat de la vocation des bâtiments inoccupés de l’ancien hôpital Royal Victoria.

Essentiellement, ce dossier est politique puisque la question est de savoir s’il est approprié d’alimenter la machine assimilatrice anglaise de McGill dans un contexte marqué par le déclin du français au Québec.

Or, fidèle à ses habitudes, la Caisse entend faire cheminer secrètement ce nouveau dossier auprès des plus hautes instances de l’État québécois. Comme le cheval de Troie de McGill auprès du ministère des Finances.

Il est temps que le gouvernement québécois remette la Caisse à sa place en l’obligeant à se mêler de ses affaires.

Références :
Après le REM, la Caisse s’attaque aux logements étudiants
Au Québec, les universités anglaises sont favorisées
Caisse de dépôt : le poids du Québec fond
Des « répercussions importantes » sur la vitalité du français
‘Dutch by default’: Netherlands seeks curbs on English-language university courses
Étudiants étrangers: «International Cegep Corp.»
La Caisse de dépôt prend-elle trop de risques?
Langue française : explosion des plaintes à l’OQLF l’an dernier
Le coût des études universitaires au Québec en 2023 pour étudiants étrangers
Hôpital Royal Victoria
Le chef des risques de la Caisse annonce sa retraite après le fiasco des cryptomonnaies
Le « déclin lent et irrémédiable » du français en sciences au Canada
Le défilé des Rhodésiens
Les bonis à la Caisse sont-ils mérités?
Les cégeps français à Montréal : le début de la fin ?
L’indice Québec 30 et la CDPQ
Permis d’études pour étudiants étrangers : la moitié des demandes pour le Québec refusées par Ottawa
Peut-on encore croire CDPQ Infra ?
Quotas ethniques, discrimination et prix du fédéralisme
Rapport d’activités 2022-2023 – Commissaire à la langue française
Sans l’indépendance, pas d’avenir pour le français comme langue nationale
Une analyse des comportements linguistiques des étudiants du collégial sur l’ile de Montréal
Universités anglophones: 200 M$ par année pour angliciser le Québec

Parus depuis :
Quand le prix d’un logement nuit aux études (2023-08-21)
Montréal octroie 6,3 M$ à un OBNL pour le logement étudiant (2023-09-20)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’immigration au Québec : enfin de bonnes décisions !

30 mai 2023

La connaissance du français, un prérequis

La ministre québécoise de l’Immigration annonçait jeudi dernier la nouvelle politique migratoire de son gouvernement. En quelques mots, il s’agit d’une politique digne de ce nom.

Sa mesure phare ? Il sera dorénavant obligatoire d’avoir une connaissance adéquate du français avant d’immigrer au Québec. Sauf dans le cas des réfugiés, vu l’urgence de leur situation.

Le qualificatif ‘adéquat’ signifie que la connaissance du français sera modulée en fonction des métiers auxquels le requérant pourra postuler en raison de son expertise; en somme, il devra connaitre ce qui lui sera nécessaire pour vivre au Québec et travailler dans notre langue.

Ce faisant, la CAQ s’inspire de la Grande-Bretagne. Dans ce pays, l’immigrant ne peut pas mettre le pied sur le sol britannique s’il n’a pas déjà la connaissance de l’anglais. De manière conséquente, un citoyen britannique ne peut pas faire venir son conjoint de l’Étranger si cette personne ne parle pas l’anglais.

Lentement, cette mesure permettra de renverser l’anglicisation de Montréal si et seulement si la CAQ associe cette mesure à d’autres destinées à faire du français la langue du travail au Québec et à bloquer l’accès aux CÉGEPs anglophones à ceux qui ne devraient pas y avoir droit.

L’intention de la CAQ de hausser les seuils d’immigration — à l’exclusion des travailleurs temporaires — a attiré beaucoup d’attention.

Entre la cible péquiste d’accueillir trente-cinq-mille néoQuébécois par année et le double préconisé par le Parti libéral du Québec, tout est acceptable puisqu’aucune étude n’a déterminé la capacité d’intégration du Québec.

Deux choses sont certaines.

Premièrement, lorsqu’une pénurie de main-d’œuvre est ponctuelle, l’immigration est un excellent moyen de la corriger. Cela consiste à faire appel à l’Étranger pour combler des besoins que le marché intérieur n’arrive pas à corriger de lui-même.

Mais cela n’est plus vrai lorsque la pénurie est généralisée. Comme c’est le cas actuellement, puisque tout effet positif de l’arrivée d’un néoQuébécois est contrebalancé par la pression qu’il exerce en raison de l’ensemble des biens et des services qu’il requiert.

Et deuxièmement, dès que la connaissance du français est un prérequis à l’immigration au Québec, on pallie automatiquement la menace existentielle représentée par l’immigration massive anglophone voulue sournoisement par Ottawa.

L’échec du programme Arrima

Élaboré par le Parti libéral et adopté par la CAQ huit mois après son accession au pouvoir, le programme Arrima était voué à l’échec.

Son principe était pourtant séduisant; il s’agissait d’arrimer (d’où son nom) l’immigration au Québec aux besoins du marché.

En réalité, il s’agissait plutôt de limiter le ‘cheptel’ migratoire à une évaluation technocratique des besoins du marché.

Cela reposait sur une illusion; l’aptitude à prévoir rigoureusement les besoins futurs d’une économique dont le rythme de transformation s’accélère.

Les délais à l’immigration, qui se calculent en années au fédéral, font en sorte que les compétences utiles que possède le requérant pouvaient ne plus être celles recherchées lorsqu’il est finalement accepté au pays.

Concrètement, ajoutez la pandémie au Covid-19, la délocalisation industrielle vers l’Amérique du Nord causée par les sanctions contre la Russie, la course à décarboner l’économie occidentale et le résultat est que, soudainement, les besoins de main-d’œuvre surgissent de partout.

En réalité, dans le contexte actuel, n’importe quel locuteur francophone qui est à la fois intelligent et débrouillard est le bienvenu au Québec.

D’où la nécessité d’abolir la lourdeur bureaucratique du programme Arrima.

Malheureusement, la décision cavalière de l’ex-ministre de l’Immigration du Québec de détruire dix-huit-mille dossiers en attente d’une décision — plutôt que de retourner ces précieux documents à leurs expéditeurs — afin de forcer ces derniers à soumettre de nouveau leur demande par la voie du système Arrima a durablement terni la réputation du Québec à l’Étranger.

Le programme d’expérience québécoise

Créé en 2010, le Programme de l’expérience québécoise visait à offrir une voie rapide à l’immigration au Québec pour des étudiants étrangers et des travailleurs temporaires.

Toutefois, une décennie plus tard, dans le but d’atténuer son succès, l’ex-ministre de l’Immigration du Québec avait décidé d’exiger douze ou dix-huit mois d’expérience québécoise aux étudiants étrangers qui désiraient demeurer ici à la fin de leurs études. Dans le cas des travailleurs temporaires, l’expérience exigée était de 36 mois.

Cette exigence caquiste, combinée à la discrimination du ministère fédéral de l’Immigration à l’égard des étudiants francophones — particulièrement s’ils sont africains — a fait chuter la fréquentation des établissements scolaires francophones dans les régions du Québec où ces étudiants compensaient une baisse de fréquentation résultant de la diminution de la natalité.

Le résultat de la politique coloniale d’Ottawa est que 44 % des demandes qu’il accepte au Québec le sont pour des personnes qui veulent étudier dans les universités anglophones.

En plus d’abolir la nécessité d’avoir accumulé une expérience pratique pour tous les étudiants étrangers, la CAQ pallie la discrimination fédérale en exigeant à ceux qui fréquentent les établissements anglophones d’avoir également étudié en français à plein temps pendant trois ans à un niveau secondaire ou postsecondaire.

Quant aux travailleurs temporaires peu qualifiés (comme les travailleurs agricoles) qui voudraient profiter du Programme d’expérience québécoise, ils devront posséder une maitrise intermédiaire (niveau 5 sur 12) du français.

Francisation Québec

Pour terminer, le gouvernement de la CAQ crée un droit d’apprendre le français.

À cette fin, il mettra sur pied un guichet unique d’apprentissage du français — sans obligation de réussite — ouvert à tous, néoQuébécois ou non.

La formation prodiguée pourra l’être en salle de cours, en usine ou en ligne.

Conclusion

Après cinq ans d’errance, la CAQ s’est finalement dotée d’une politique migratoire digne de ce nom.

Pour ce faire, elle s’est largement inspirée du Parti Québécois. Or ça tombe bien; le PQ possède le meilleur programme politique à ce sujet.

À mes amis péquistes qui se désolent de voir la CAQ ‘voler’ leurs meilleures idées en matière d’immigration, consolez-vous en pensant qu’une politique linguistique nationale comprend évidemment un volet migratoire, mais également un volet sur la langue de travail, sur la langue de l’enseignement et, dans une moindre mesure, au sujet de la langue d’affichage.

Bref, la CAQ a encore des croutes à manger avant d’égaler le PQ.

De plus, pensez qu’il ne peut y avoir de référendum gagnant au sujet de l’indépendance du Québec sans refrancisation préalable de Montréal. Puisque le PQ tient absolument à cette mauvaise idée qui consiste à organiser un référendum dès son premier mandat alors que cela serait prématuré, la CAQ, dans le fond, prépare le terrain à l’accession au pouvoir du PQ et à l’organisation d’un référendum gagnant.

Références :
Étudiants étrangers : les préférences canadiennes
Immigrants francophones « Évitez le Québec »
Immigrants’ spouses ‘must speak English before entering UK’
Immigration : l’appel du patronat entendu par François Legault
Immigration : l’illusion des prophéties
La Grande démission aux États-Unis
Le gouvernement Legault a terni la réputation du Québec, accuse l’opposition
Le PQ et la francisation des immigrants
Pénuries de main-d’œuvre, immigration et âge de retraite
Québec éliminera 18 000 dossiers d’immigration non traités
Québec lance son guichet unique de services en francisation
Québec songe à accueillir plus de 60 000 immigrants en 2027
Révision des programmes d’immigration: Québec modulera les exigences de français
Six éléments à retenir des annonces de Québec en immigration

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Journée des Patriotes de 2023

24 mai 2023



 
Chaque lundi précédant le 25 mai est à la fois l’anniversaire officiel du monarque du Canada (célébré au Canada anglais) et la Journée nationale des Patriotes (célébrée au Québec).

Dans ce dernier cas, c’est la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) qui organise les célébrations depuis des décennies.

À Montréal, la SSJB invitait les citoyens à une marche qui partait du parc Wilfrid-Laurier et qui se terminait au parc Molson, situé à deux kilomètres. Une marche à laquelle quelques centaines de personnes ont participé.



 
J’y suis allé à la fois par conviction politique et dans le but de compléter ma banque d’images de dirigeants politiques québécois.

Dans le cas de Paul St-Pierre-Plamondon, voilà deux photos puisque je n’arrive pas à décider celle que je préfère.

Cliquez sur l’image pour l’agrandir

À midi (ou presque), la foule s’est mise en marche vers le parc Molson sous protection policière.



 
Après le mot de bienvenue de la SSJB, sa présidente, Marie-Anne Alepin, a passé la parole à l’animatrice de l’évènement, la comédienne Sophia St-Jean.

Véronique Hivon, patriote de l’année 2021-2022

L’ex-ministre Véronique Hivon s’est illustrée par son doigté lors des débats au sujet de la loi sur les soins en fin de vie (surnommée loi sur l’aide à mourir). Elle fut la première invitée à s’adresser à la foule.

Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec Solidaire

Suivirent François Limoges (maire de l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie), le chef du Parti Québécois, le co-porte-parole de Québec Solidaire, et une députée de la Coalition Avenir Québec.

Alors que les représentants du PQ et de QS ont vanté les mérites des Patriotes de 1837-1838 et ont souligné l’importance de leur combat, la représentante de la CAQ a préféré promouvoir les mesures (à mon avis, homéopathiques) qui ont été entreprises par son gouvernement pour défendre le français. Ce qui lui a valu quelques huées.

Le tout s’est terminé par le discours des représentants de l’aile jeunesse du PQ, de QS et de la CAQ.

Pour ceux qui aimeraient en savoir davantage au sujet des Patriotes de 1837-1838, je vous invite à consulter le texte (à la fois bref et excellent) du journaliste Maxime Pedneaud-Jobin de La Presse. Pour ce faire, on cliquera sur le lien ci-dessous.

Complément de lecture : Les patriotes, vrais vainqueurs de l’histoire

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8
1re photo : 1/2500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
2e  photo : 1/640 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 40 mm
3e  photo : 1/1000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
4e  photo : 1/640 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 55 mm
5e  photo : 1/1600 sec. — F/3,5 — ISO 200 — 48 mm
6e  photo : 1/640 sec. — F/3,5 — ISO 200 — 150 mm
7e  photo : 1/800 sec. — F/3,5 — ISO 200 — 150 mm
8e  photo : 1/640 sec. — F/3,5 — ISO 200 — 150 mm
9e  photo : 1/800 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 125 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Défense du français : les tergiversations de la CAQ

23 mai 2023

L’éveil de François Legault

Le 10 mai, le premier ministre François Legault annonçait son intention de faire en sorte que pour immigrer au Québec (en dehors des programmes humanitaires ou du regroupement familial), il sera obligatoire d’avoir une bonne connaissance préalable de la langue française.

C’est une mesure qui fait partie du programme du Parti Québécois (PQ) depuis 2017 et que nous avons défendue sur ce blogue à plusieurs reprises.

Depuis plus d’une semaine, à l’Assemblée nationale, le premier ministre reproche au Parti Libéral et au PQ de ne pas l’avoir fait lorsqu’ils étaient au pouvoir.

Le premier ministre pourrait également adresser ce reproche à son propre parti puisque celui-ci ne l’a pas fait non plus depuis qu’il est au pouvoir; en effet, nous en sommes encore qu’à l’étape des bonnes intentions gouvernementales.

Le reproche qu’adresse le premier ministre au PQ sert à détourner l’attention du fait que la politique migratoire du PQ, qui date de 2017, est cinq ans d’avance sur lui.

Mais vaut mieux tard que jamais.

La lenteur de la CAQ à défendre le français

Le gouvernement de René Lévesque est entré en fonction le 25 novembre 1976. Il a présenté la Loi 101 le 27 avril suivant. Et celle-ci fut adoptée le 26 aout 1977, soit neuf mois après sa prise du pouvoir.

Cette promptitude reflétait l’importance que René Lévesque attachait à assurer la pérennité du français au Québec.

François Legault est entré en fonction le 18 octobre 2018. Sa loi 96 — qui renforce timidement la Loi 101 — a été présentée le 13 mai 2021 et fut adoptée le 24 mai de l’année suivante, soit 42 mois plus tard. Ce manque d’empressement dit tout.

Mais un demi-siècle après l’adoption de la Loi 101, il est possible que les choses aillent tellement mieux qu’il n’est pas nécessaire de s’empresser de renforcer la Loi 101.

Qu’en est-il exactement ?


 
Le recensement de 2021 révélait que l’importance démographique des Francophones décline au Québec depuis quinze ans. De plus, depuis cinq ans, le pourcentage des familles montréalaises où se parlent les deux langues officielles du pays a été multiplié par dix.

Le milieu familial est là où naissent et grandissent les Québécois de demain. Or cette bilinguisation familiale est une étape intermédiaire vers la ‘louisianisation’ du Québec.

Pendant ce temps à Ottawa…

Parallèlement, le gouvernement fédéral ouvrait toutes grandes les vannes de l’immigration; plus d’un-million de néoCanadiens ont été accueillis en 2022 et deux-millions de dossiers sont en attente d’approbation au ministère fédéral de l’Immigration.

Au rythme actuel, la population canadienne comptera cent-million de citoyens en 2100.

À Québec, on suppute

À la suite des dernières élections québécoises, la défense du français a été confiée au ministre Jean-François Roberge. Depuis, ce dernier a lancé un ‘grand chantier’ à ce sujet.

Malheureusement, ce que le ministre appelle ‘chantier’ n’est pas un lieu où on construit à partir d’un plan préétabli.

Ce qu’il appelle ‘chantier’ est un lieu où on s’assoit pour discuter. En somme, c’est un chantier assis. Parce qu’après avoir dormi cinq ans sur la défense du français, la CAQ s’est redressée et elle est maintenant assise. C’est un progrès.

Pendant qu’on s’active à Ottawa, le gouvernement actuel songe. Il suppute. Il évalue en regardant le train fédéral passer.

Et le premier ministre se vante d’avoir découvert une idée qui, effectivement, est excellente. Mais elle n’est pas de lui. Pour l’instant, c’est une idée qu’il songe à mettre en application éventuellement. Un jour, peut-être.

À moins d’y renoncer entretemps… Qui sait ?

Références :
Anglicisation du Québec : l’omelette de la loi 96
Le ministre Roberge et la défense homéopathique du français
Le PQ et la francisation des immigrants
Quelles seront les réformes de Québec en immigration?

Paru depuis : Ottawa a versé des milliards pour l’anglais au Québec (2023-11-27)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le troisième lien est mort

29 avril 2023

Le troisième lien était un projet de tunnel sous-fluvial destiné à relier Lévis à la ville de Québec. Un projet promis dès 2017 par le Parti libéral, puis repris par la Coalition Avenir Québec.

L’abandon de ce projet est une mauvaise nouvelle pour ses supporteurs et ceux qui se sont fait élire en le promettant. Mais cela ne change rien au fait qu’il s’agissait d’un gouffre financier.

On peut donc être reconnaissant au gouvernement actuel d’avoir finalement débranché ce projet autoroutier du respirateur qui le maintenait artificiellement en vie.

À la place d’un ‘bitube’ — c’est à dire de deux tunnels monodirectionnels de sens opposés — la CAQ promet maintenant un monotube bidirectionnel qui serait réservé exclusivement au transport en commun.

Si le bitube coutait dix-milliards$, le monotube ne peut pas couter moins que la moitié de cette somme. Toutefois, contrairement au bitube autoroutier, ce monotube pourrait bénéficier d’un cofinancement (à hauteur de 40 %) par Ottawa. Ce partage des couts le rend donc plus économique à réaliser pour le gouvernement du Québec.

Alors imaginons que le trajet Québec-Lévis par autobus attire une clientèle justifiant une desserte toutes les 15 minutes, que fera-t-on du monotube durant les quatorze minutes restantes ?

Et même si c’était aux cinq ou aux deux minutes, la question demeure la même; le monotube doit-il demeurer vide la nuit et la grande majorité du jour, soit plus de 90 % du temps ?

J’entends déjà ceux qui demanderont qu’on ‘optimise’ l’utilisation du monotube en l’ouvrant également à la circulation automobile.

Voilà pourquoi Ottawa ne croira pas aux nouvelles intentions caquistes, cette fois de construire un tunnel sous-fluvial réservé au transport en commun. Cela n’arrivera pas.

En somme, le troisième lien est mort.

Le message aux habitants de Lévis est simple : si vous décidez de travailler à Québec, vous aurez à choisir entre déménager dans cette ville ou parcourir un détour de près de 20 km soir et matin.

Oubliez l’idée que les contribuables de tout le Québec financeront un éléphant blanc pour vous faire plaisir. En somme, revenez-en !

D’autre part, au Québec, on ne construit pas de voitures et on ne produit pas de pétrole. Chaque fois qu’on achète une voiture ou qu’on fait le plein d’essence, c’est de l’argent qui sort de nos poches pour enrichir les régions du monde qui produisent des voitures, des pièces automobiles, des pneus, ou de l’essence.

En somme, favoriser l’achat ou l’utilisation des automobiles, c’est saigner l’économie du Québec.

Par contre, le Québec est un producteur important de matériel destiné au transport en commun, qu’il s’agisse de wagons de métro ou d’autobus.

Développer l’économie du Québec, c’est favoriser la production de biens et de services québécois et leur exportation à l’Étranger. C’est comme ça qu’on développe l’économie nationale.

Si la CAQ veut se présenter comme un gouvernement pragmatique voué au développement économique, il n’a pas d’autre choix que de miser sur nos forces et non favoriser l’achat de biens étrangers.

Ce qui, dans ce cas-ci, sera très bon pour la planète…

Références :
Deux tunnels, 6,5 milliards et étalement urbain
Le ministre Bonnardel coute cher
Troisième lien entre Québec et Lévis

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le bâillement du ministre Lacombe

21 avril 2023
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Les ministres Christian Dubé (à la Santé, ici au centre de l’image) et Mathieu Lacombe (à la Culture et aux Communications, ici à droite) sont parmi mes ministres caquistes préférés.

Mercredi dernier, à l’Assemblée nationale, le député Vincent Marissal (de Québec Solidaire) s’inquiétait qu’à l’issue de l’importante réforme que désire entreprendre le ministre de la Santé, la voix des usagers pourrait ne pas être mieux entendue qu’actuellement.

Pendant que le ministre Dubé tentait de rassurer l’opposition, le ministre Lacombe a d’abord essayé de se distraire en vérifiant le contenu de son pupitre.

Mais on fait assez vite le tour du contenu du pupitre d’un ministre de la Culture à la CAQ; quelques secondes suffisent.

Alors il a bien fallu qu’il se mette à écouter la réponse de son collègue à la Santé. Une réponse qu’il a, de toute évidence, jugée très intéressante…

Pour réellement apprécier la réponse du ministre Dubé, il est recommandé de l’écouter en regardant la traductrice pour les malentendants.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Bravo M. Charest !

7 avril 2023

Du point de vue de l’évolution des mœurs politiques, l’époque du gouvernement libéral de Jean Charest a correspondu à une régression.

La commission Bastarache a révélé que sous ce gouvernement, le critère le plus important auquel devait correspondre un avocat qui voulait être nommé juge était sa contribution à la caisse électorale du Parti libéral du Québec (PLQ).

Sous Jean Charest, l’État québécois a triplé le nombre de contrats accordés sans appel d’offres. Le truc utilisé était de scinder les travaux en plusieurs sous-contrats, ce qui permet à chacun d’eux de se trouver sous le seuil au-delà duquel la loi exige des appels d’offres.

À la fin de son régime en 2012, le budget du ministère des Transports consacré aux infrastructures avait quadruplé. C’est ce qui permettait au premier ministre d’affirmer que son gouvernement investissait quatre ou cinq fois plus en infrastructures que le Parti québécois.

En réalité, le Québec n’investissait pas quatre fois plus : il dépensait quatre fois plus. Ce n’est pas la même chose.

Mais revenons en 2011.

Pressé de toutes parts de créer une commission d’enquête sur la corruption dans l’industrie de la construction — commission qui sera créée quand même un peu plus tard — le gouvernement Charest décide plutôt, en mars 2011, de créer une Unité permanente anticorruption (UPAC) dirigée par un homme de main opposé lui aussi à une commission d’enquête.

Entretemps, la fuite d’un rapport dévastateur (le rapport Duchesneau) oblige M. Charest à créer le 19 octobre 2011 cette commission d’enquête, dirigée par la juge France Charbonneau.

La commission Charbonneau devait être dépourvue de pouvoirs. Il lui était même interdit d’adresser des reproches à qui que ce soit.

Il faudra l’intervention de l’ordre professionnel des avocats du Québec (le Barreau) pour que M. Charest accorde à cette commission le pouvoir de contraindre à témoigner.

La commission Charbonneau a révélé que l’assujettissement des ministres à rapporter 100 000$ par année à la caisse du PLQ s’est soldé par un vaste pillage du Trésor public.

Ce système permettait à des entrepreneurs de gonfler le cout des contrats d’infrastructures moyennant le paiement d’une modeste contribution à la caisse du PLQ.

Toutefois, à l’époque de la commission Charbonneau, les personnes impliquées dans l’attribution des contrats se sentaient surveillées. Conséquemment, le montant des contrats d’infrastructures a baissé de 30 %. Seulement pour 2013, le ministère des Transports a économisé 240 millions$.

Si l’UPAC s’est avérée efficace à démasquer la corruption municipale et à faire condamner les coupables, ses enquêtes relatives à la corruption gouvernementale trainèrent en longueur bien après la défaite électorale de Jean Charest en 2012.

Le 27 avril 2017, Yves Francoeur, président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal, déclarait à la radio qu’il existait un verrou mis en place pour bloquer la mise en accusation d’élus du PLQ.

En octobre 2018, à la suite de la victoire électorale de la CAQ et la démission ‘surprise’ de Robert Lafrenière, j’écrivais sur ce blogue :

Le fiasco de l’affaire Ouellette doit nous faire soupçonner que ce ‘verrou’ a pris soin d’insérer une fêlure qui plombera toutes les enquêtes intentées contre le couple Bibeau-Charest, c’est-à-dire celles qui visent le sommet de l’État québécois.

Je m’attends donc à ce que tous les dossiers qui trainent à l’UPAC depuis des années connaissent dans les prochains mois un grand déblocage en raison du changement de gouvernement. Un déblocage qui sera stoppé net quand toutes ces causes seront abandonnées pour vice de forme.

C’est alors qu’on prendra conscience du génie machiavélique du ‘verrou libéral’.

En mai 2022, lorsque le successeur de Jean Lafrenière à la tête de l’UPAC annonça sans surprise l’abandon de toutes les enquêtes contre Jean Charest, on apprenait que le mode opératoire du verrou libéral était justement de fuiter des renseignements de manière à justifier l’annulation des procédures par les tribunaux.

Coïncidence ou non, ces fuites ont cessé dès que Robert Lafrenière a démissionné de l’UPAC. Mais le mal était fait.

À la suite de l’abandon des procédures, les tribunaux n’ont jamais reconnu l’innocence de Jean Charest, si tel est le cas, puisqu’ils ont été dans l’impossibilité d’entendre la preuve recueillie contre lui.

Profitant de la présomption juridique d’innocence, il en a profité pour intenter une poursuite contre l’UPAC et le gouvernement du Québec.

Plus tôt cette semaine, la Cour supérieure du Québec lui a accordé 385 000$ en raison du dommage causé à sa réputation par la divulgation illégale de ses renseignements personnels lors des enquêtes de l’UPAC.

Disons-le franchement; avant même la divulgation de ces renseignements par l’UPAC, la réputation de M. Charest dans l’opinion publique ne valait pas cher la tonne.

Grâce au verrou qu’il a nommé, l’ancien premier ministre semble bien avoir pu tirer profit des failles qui ont plombé les enquêtes contre lui et rendu impossible sa mise en accusation.

Donc bravo, M. Charest, vous nous avez bien eus. Une fois de plus…

Références :
Corruption : le ‘verrou’ libéral
Dur contre les étudiants, mou contre la corruption et le gaspillage
L’abandon de l’enquête à la Société immobilière du Québec
La démission du commissaire de l’UPAC et la soupe chaude
L’argent comptant et la corruption du Parti libéral du Québec
Le congédiement de Jacques Duchesneau ou la vengeance de M. Charest
Le néo-libéralisme du ministère des Transports
Le partenariat public privé (PPP) et la corruption libérale
Le système judiciaire et la corruption libérale
Le ‘verrou libéral’ et l’impunité des puissants
Trafic d’influence au gouvernement Charest
Québec est condamné à verser 385 000 $ à Jean Charest

Note : © Photo de Jean Charest par le quotidien Le Devoir

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Écrit par Jean-Pierre Martel