Le projet de loi libéral au sujet de la neutralité de l’État (2e partie : laïcité vs neutralité religieuse)

Publié le 12 juin 2015 | Temps de lecture : 3 minutes

La laïcité de l’État

Un État laïc est doté d’une administration qui prend des décisions et qui rend des services sans tenir compte des convictions religieuses de ses citoyens.

Cet État prend soin de faire en sorte que le citoyen qui s’adresse à lui afin d’obtenir un service ne puisse pas deviner l’appartenance religieuse de ses officiers ou de ses représentants.

Depuis un demi-siècle au Québec, la religion a été reléguée à la sphère domestique. C’est devenu une affaire personnelle, intime, qui ne regarde personne d’autre.

Mais la religion n’a pas complètement évacué la sphère publique. Nombreux sont ceux qui arborent aujourd’hui des signes extérieurs plus ou moins manifestes de leur foi; broches et pendentifs en forme de symboles religieux, voile islamique, kippa, etc.

En apparence, un État ne peut être 100% laïc que s’il institue une surveillance et des moyens répressifs afin d’empêcher toute manifestation extérieure de la foi de ses représentants.

Afin d’éviter d’avoir à constituer une « police de la laïcité », certains pays ont choisi de n’interdire que les signes les plus évidents d’appartenance religieuse.

Dans les faits, cela signifie s’attaquer à la tenue vestimentaire de certaines femmes musulmanes.

Au Québec, le mouvement dans ce sens a culminé avec la présentation du projet de Charte de laïcité du Parti québécois (critiquée sur ce blogue) et abandonnée depuis.

La neutralité religieuse de l’État

Être neutre, c’est être indifférent.

La neutralité, c’est vivre et laisser vivre. C’est permettre à n’importe qui d’être différent tant qu’il n’essaie pas d’obliger les autres à devenir comme lui.

La neutralité religieuse de l’État consiste donc à laisser à chacun la liberté de vivre sa religion comme il l’entend… du moment que cela ne porte pas atteinte aux droits des autres de vivre selon leurs principes à eux.

Dans le cadre de la neutralité religieuse, le citoyen n’a pas à renier sa foi — ni aux manifestations extérieures de celle-ci — avant de donner ou de recevoir un service public.

Ce laisser-faire intentionnel signifie que les employés de l’État reflètent la diversité de la Nation; plusieurs pigmentations de la peau, des sexes différents, des croyances religieuses diverses, des tenues vestimentaires variées, des colorations capillaires semblables à ce qu’on voit dans la rue, et des accents qui reflètent les manières régionales de parler, etc.

Au Québec, le concept de la neutralité de l’État est promu par le Parti libéral et s’est concrétisée par le projet de loi No 62.

Présenté il y a deux jours, ce projet fait l’objet d’une vive controverse. Malgré cela, il s’agit d’un projet de loi avec lequel, en dépit de quelques réserves, je suis d’accord pour les raisons que nous verrons dans les textes suivants de cette série.

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Écrit par Jean-Pierre Martel