Universitaires syriens réduits à la misère en Turquie

19 septembre 2016

Introduction

En matière de nouvelles internationales, peu de quotidiens sont suffisamment riches pour embaucher leurs propres correspondants à l’Étranger.

Nos médias se contentent généralement d’être les clients d’agences de presse dont ils reproduisent aveuglément les communiqués. Voilà pourquoi ils répètent les mêmes clichés.

Un des rares quotidiens occidentaux à posséder une véritable signature journalistique et éditoriale est The Guardian de Londres.

On y apprend ce matin que la Turquie bloque la sortie de son territoire des réfugiés syriens qualifiés.

Réfugiés ‘de ville’ et réfugiés ‘de camp’

Sur les millions de Syriens que la Turquie a accueillis, seulement le huitième vit dans des camps de réfugiés installés le long de la frontière syrienne.

La grande majorité vit donc dispersée dans des villes turques, dont 350 000 à Istanbul.

Les réfugiés ‘de ville’ habitent des appartements souvent insalubres qu’ils partagent à plusieurs familles et qu’ils louent à la semaine. Les loyers sont augmentés arbitrairement d’une semaine à l’autre par les propriétaires turcs qui les exploitent.

Puisque la Turquie délivre au compte-goutte les permis de travail aux réfugiés ‘de ville’, environ 40% d’entre eux chôment. Les autres tirent des revenus du travail au noir : ils reçoivent souvent une rémunération équivalente au huitième ou dixième de ce que reçoit un Turc effectuant un travail équivalent.

Dans presque tous les cas, les réfugiés ‘de ville’ obtiennent une rémunération insuffisante à combler leurs dépenses. Lorsque leurs économies atteignent un seuil critique, ceux-ci sont forcés à l’exil.

La ‘contrôlite’ d’Erdoğan

Chaque pays possède ses propres critères en matière d’immigration.

Pour des raisons sécuritaires, le Canada a choisi de n’accueillir que des réfugiés apparaissant sur les listes du Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies

De leur côté, les États-Unis ont une grille d’évaluation où les réfugiés syriens sont évalués davantage comme des immigrants que comme des demandeurs d’asile. Les considérations humanitaires (un handicap physique ou mental, par exemple) comptent moins que l’employabilité et, plus généralement, l’aptitude à s’adapter à la vie américaine.

En principe, la Turquie devrait être indifférente à toutes ces considérations.

Mais la ‘contrôlite’ dont sont atteintes les autorités turques n’a apparemment pas de limite.

Alors que leur venue avait été approuvée par les États-Unis (entre autres), plus de mille diplômés universitaires ou travailleurs surqualifiés syriens ont été empêchés de quitter la Turquie par décision des autorités de ce pays.

Pour se justifier, ces derniers déclarent que les réfugiés les plus vulnérables doivent être aidés avant les autres.

Pourtant, les réfugiés surqualifiés dont il est question sont réduits au chômage en Turquie.

Jusqu’ici, les considérations humanitaires n’ont pas empêché la Turquie d’être l’artisan (avec l’Arabie saoudite et le Qatar) de la pire crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale.

La destruction minutieuse de l’État syrien et l’appui aveugle aux mercenaires qui travaillent à créer une république islamiste en Syrie sont autant de faits qui rendent suspecte la décision turque de s’acharner à réduire à la mendicité les réfugiés syriens les plus talentueux.

Références :
La sélection des réfugiés syriens au Canada
Le terrorisme judiciaire d’Erdoğan
Turkey blocks Syrian refugees from resettlement in the US – for having degrees


Compléments de lecture :
L’ABC de la guerre syrienne (1re partie)
L’ABC de la guerre syrienne (2e partie)
L’ABC de la guerre syrienne (3e partie)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La Turquie et les réfugiés syriens : incohérences européennes

9 février 2016

Carte de la Syrie
 
Le 3 février dernier, l’Union européenne adoptait un fonds d’aide de trois-milliards d’euros destiné aux réfugiés syriens en Turquie. Cette somme a été promise à la condition que la Turquie travaille à freiner la crise migratoire vers l’Europe.

À cette occasion, le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, a déclaré : « L’argent que nous mettons sur la table va directement bénéficier aux réfugiés syriens en Turquie. Il aidera notamment à améliorer leur accès à l’éducation et à la santé.»

Comme si les réfugiés quittaient la Turquie parce qu’ils ne sont pas satisfaits de l’éducation qu’y reçoivent leurs enfants…

Sur les 2,7 millions de Syriens que la Turquie a accueillis, seulement le huitième vit dans des camps de réfugiés installés le long de la frontière syrienne.

La grande majorité vit donc dispersée dans des villes turques.

Ils habitent des appartements souvent insalubres qu’ils partagent à plusieurs familles et qu’ils louent à la semaine. Les loyers sont augmentés arbitrairement d’une semaine à l’autre par les propriétaires turcs qui les exploitent.

Officiellement, ils sont interdits de travail. Dans les faits, environ 60% des familles syriennes en Turquie tirent des revenus du travail au noir. Ceux qui travaillent obtiennent une énumération insuffisante à combler leurs dépenses. Lorsque leurs économies atteignent un seuil critique, les réfugiés sont forcés à l’exil.

Dans ce contexte, confier à la Turquie la sous-traitance de la sécurité frontalière de l’Europe est un peu illusoire et on voit mal comment la Turquie pourra respecter ses engagements. Rusé, ce pays presse l’Europe de lui verser l’argent. Et pas fous, les commissaires européens attendent des résultats avant de payer.

Depuis novembre dernier, l’entrée en guerre de la Russie a bouleversé la situation dans l’ouest de la Syrie, le fief de Bachar el-Assad.

Comparable à du gruyère, ce fief était troué de poches aux mains de milices islamistes appuyées par l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie.

Les bombardements russes ont permis, pour la première fois depuis des années, la reconquête d’une partie du territoire par l’armée gouvernementale.

Comme tout bombardement en zone urbaine, ceux de la Russie causent des pertes civiles et poussent à l’exil une partie de la population.

Des milliers de Syriens frappent donc aux portes de la Turquie. Si ce pays est très accueillant à l’égard des Turkmènes syriens (dont la Turquie a toujours rêvé d’annexer le territoire), elle l’est maintenant moins pour les autres minorités linguistiques de Syrie.

Face aux 30 000 réfugiés syriens bloqués à la frontière turque, des pays européens (dont l’Allemagne) ont pressé la Turquie pour qu’elle leur ouvre ses portes.

Cette intervention a irrité les dirigeants turcs.

« Vous demandez à la Turquie de contenir le flux de réfugiés vers vos pays et maintenant vous nous appelez à ouvrir grand notre frontière aux réfugiés. Vous nous prenez pour des idiots ? » s’est emporté lundi le vice-premier ministre, Yalçın Akdoğan.

M. Akdoğan a tout à fait raison.

Obliger ce pays à ouvrir ses frontières à tout réfugié syrien, c’est incohérent. Cela se justifie par les bons sentiments creux qu’affichent des politiciens européens soucieux de leur image publique.

Mais dans les faits, il n’y a pas d’issue à la crise migratoire sans paix.

Et si on veut laisser l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie soutenir la rébellion islamiste, il faut ériger des murs, des murs et encore des murs, ce qui signifie la fermeture des frontières.

Il est impossible pour la Turquie de respecter ses engagements à endiguer le flot migratoire sans cela.

Toute guerre est cruelle. Dans ce cas-ci, la fermeture des frontières est devenue un remède boiteux à un gâchis inqualifiable dans une partie du monde que nos gouvernements ont mis à feu et à sang sous de beaux grands principes.

Références :
Ankara et Berlin vont faire appel à l’OTAN
Crise migratoire : pas d’issue sans paix
Erdoğan, le premier ministre turc, est une nuisance
La Turquie redoute d’avoir jusqu’à 600 000 nouveaux réfugiés syriens
L’UE d’accord sur un fonds de 3 milliards pour la Turquie

Paru depuis :
Syrian refugees in Turkey are pawns in a geopolitical game (2016-02-15)
From war to sweatshop for Syria’s child refugees (2016-05-06)


Compléments de lecture :
L’ABC de la guerre syrienne (1re partie)
L’ABC de la guerre syrienne (2e partie)
L’ABC de la guerre syrienne (3e partie)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Crise migratoire syrienne et morale chrétienne

22 novembre 2015
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La plupart des Chrétiens ont perdu de vue ce que signifient concrètement les principes religieux auxquels ils adhèrent.

Lorsqu’on prête l’oreille aux commentaires relatifs à la crise migratoire syrienne, on ne peut qu’être étonné par l’insensibilité de certains face à la misère humaine.

En écoutant tous ceux dont le discours se termine par « God bless America » et toutes ces grenouilles de bénitier qui s’agitent dans les médias sociaux, je constate qu’ils pratiquent une religion hypocrite, aux antipodes de ce que prêchait Jésus de Nazareth.

À ma connaissance, ce dernier n’a jamais mentionné l’importance de se méfier et de craindre les étrangers.

Au contraire, on m’a appris que si on pouvait résumer le Nouveau Testament en une seule phrase, celle-ci serait : « Aime ton prochain comme toi-même ».

Si on pouvait faire revenir Jésus de Nazareth sur Terre et lui demander conseil au sujet de l’accueil des réfugiés syriens, je ne peux pas imaginer une seule seconde que sa première réaction serait de se demander : « Oui, mais comment ça va couter ? »

L’argent, on en trouve toujours quand il est temps de faire la guerre. Je ne vois pas où est l’immensité de la tâche d’accueillir au Canada 0,1% de personnes de plus sur un territoire déjà peuplé de 30 millions de citoyens, tous descendants d’immigrants (si on tient compte que les peuples autochtones eux-mêmes descendent d’humains qui ont traversé le détroit de Béring en provenance d’Asie).

Pour terminer, j’inviterais les prêtres et pasteurs chrétiens à occuper davantage l’espace médiatique. Il est temps que l’Église rétablisse la morale dans le discours public. Faire la morale, n’est-ce pas démodé ? Oui. Mais l’Église a le devoir de porter le message chrétien en dépit des modes.

Parus depuis :
1000 Rabbis in Support of Welcoming Refugees (2015-12-02)
Jésus, ce réfugié (2015-12-27)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif PanLeica 25mm F/1.4 — 1/800 sec. — F/1,4 — ISO 200 — 25 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La sélection des réfugiés syriens au Canada

18 novembre 2015

Introduction

Ces jours-ci, s’il est un sujet qui est l’objet d’intenses débats au Québec comme en Europe, c’est celui de la ‘dangerosité’ des immigrants syriens.

À proximité d’un des trois terroristes qui se sont fait exploser à l’extérieur du stade de France, la police a trouvé un passeport syrien.

En soi, cela ne prouve rien.

Le passeport syrien

Au moment où ces lignes sont écrites, il n’existe aucune preuve que ce passeport était celui d’un de ces trois terroristes.

Et pourquoi l’un d’entre eux aurait-il transporté un passeport falsifié ou un passeport appartenant à quelqu’un d’autre ?

Selon l’État islamique, tout Musulman a le devoir d’immigrer au califat. En effet, celui-ci est le seul endroit au monde où le Musulman peut, selon l’ÉI, vivre l’Islam authentique, celui imaginé par le Prophète et régi par les règles qui prévalaient en Arabie à son époque.

Comme pour n’importe quelle armée, les combattants qui quittent ses rangs sont coupables de trahison.

Les citoyens qui abandonnent le califat et qui révèlent les raisons qui les motivent à aller vivre ailleurs, ne peuvent que nuire à l’image que s’est créée l’État islamique sur les médias sociaux. Il est donc interdit à ses citoyens d’émigrer.

Le meilleur moyen d’arrêter l’exode de ses citoyens, c’est de faire craindre que des terroristes se cachent parmi eux. Donc il est possible que ce passeport soit une ruse de l’État islamique.

Pour l’instant, si personne ne peut garantir qu’il est vrai, personne ne peut non plus garantir qu’il est faux.

D’où l’importance des mesures employées pour pallier au risque sécuritaire que comporte cette crise migratoire.

Le tamisage des réfugiés syriens

Presque trois millions de Syriens ont trouvé refuge principalement en Turquie et au Liban. Sur les 2,2 millions d’entre eux en Turquie, seulement 260 000 vivent dans des camps de réfugiés installés le long de la frontière syrienne.

Les 1,9 million de réfugiés syriens qui vivent en Turquie hors des camps habitent dans les villes du pays, dont 350 000 à Istanbul.

Le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies (HCR) visite régulièrement ces camps.

Le HCR n’a pas les effectifs qu’il lui faudrait pour faire le suivi des réfugiés qui se dispersent au sein de la société d’accueil.

Par conséquent, seuls ceux qui vivent depuis des mois ou des années dans des camps sont officiellement sur sa liste des demandeurs d’asile.

Ces demandeurs doivent fournir une série d’informations personnelles et détailler les raisons pour lesquelles ils craignent pour leur vie. Les employés du HCR, qui ont trié des milliers de demandes au fil des ans, ne retiennent que les plus vulnérables.

Peter Showler, ex-président de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, confirme : « Les dossiers des catégories à haut risque — un homme célibataire qui serait arrivé dans le camp il y a six mois d’une région où il y a des combats — ne sont même pas transférés pour que les ambassades les étudient à leur tour. »

Au Liban, où se trouvent 1,4 million de réfugiés (dans les camps et hors de ceux-ci), le HCR n’a transmis que 10 000 noms aux ambassades internationales. Cela représente 0.7% des réfugiés de ce pays.

Si l’État islamique voulait cacher des hommes parmi les réfugiés, il lui faudrait se priver de 140 combattants au front pour en avoir un seul inscrit sur la liste de l’ONU et, ce sans savoir s’il sera finalement accepté par un pays hôte.

S’il est facile de cacher des combattants parmi le flot des réfugiés qui forcent les portes de l’Europe, il est totalement inefficace d’essayer de passer par la filière de l’ONU.

Une fois recommandés par le HCR, ces demandeurs seront ensuite interrogés par un agent d’immigration du Canada. Un entretien d’une heure au cours duquel le fonctionnaire s’assure que le récit fourni au HCR tient la route.

Suivent les vérifications de la Gendarmerie royale du Canada, du Service canadien du renseignement de sécurité, et de l’Agence des services frontaliers, qui consultent leurs bases de données et celles des pays alliés.

Finalement, ceux qui réussissent ces tests sont soumis aux contrôles de médicaux du Québec. Ces tests visent à déceler les maladies contagieuses (la tuberculose et le sida, par exemple), de même que les problèmes de santé mentale.

Précisons que la découverte de tuberculose n’est pas un critère d’exclusion puisque cette maladie est traitable.

Références :
Baptême du feu
Crise migratoire : pourquoi maintenant ?
Il faut résister à la tentation de la méfiance
L’État islamique : un trou noir
Réfugiés syriens au Canada – Plus qu’un simple pèlerinage

Parus depuis : Migrants – L’échec du groupe État islamique (2015-11-21)
Fewer than 0.1% of Syrians in Turkey in line for work permits (2016-04-11)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Crise migratoire : les excuses sécuritaires de M. Harper

15 septembre 2015
« La Franchise de Stephen Harper » ( © 2015 — Frederick Hendy)

Introduction

Depuis le début de cette année, le Canada a accueilli 1 074 réfugiés syriens, soit en moyenne six réfugiés par jour.

Pressé par ses adversaires politiques de faire davantage, le premier ministre sortant a promis d’accélérer le processus de sélection et de revoir à la hausse le nombre d’immigrants autorisés à entrer au pays.

Et si on peut en juger par les promesses environnementales de M. Harper — constamment revues à la baisse — il y a peu d’espoir que M. Harper, s’il est réélu, réalise des promesses faites contre son gré.

Pour justifier la tiédeur de son gouvernement face à la crise migratoire, M. Harper a invoqué son souci de protéger la sécurité du pays et conséquemment, de s’assurer que des terroristes ne soient pas admis accidentellement au pays en profitant de cette crise.

Assumer le risque

Les pays européens, qui font face à des arrivées massives de demandeurs d’asile, renoncent aux vérifications préalables, ce qui ne les empêche pas de les commencer une fois les réfugiés arrivés.

Un haut responsable français de la lutte antiterroriste déclarait à l’Agence France-Presse que les djihadistes n’avaient pas besoin de se mêler aux réfugiés. Ils ont déjà des combattants occidentaux dans leurs rangs : ceux-ci peuvent prendre le premier avion à destination de leur pays d’origine sans demander l’asile puisqu’ils en sont déjà citoyens.

Quant aux autres combattants, s’ils ont besoin d’un passeport, les pétromonarchies qui les soutiennent se feront un plaisir de leur en fabriquer un faux gratuitement.

Selon Alain Chouet — ancien directeur du service de renseignements extérieurs français — si jamais l’État islamique veut se lancer dans une offensive de terreur internationale, il ne va pas envoyer ses soldats parmi les réfugiés.

Par mer, « il leur faudrait un mois pour arriver, avec une chance sur deux de se noyer… Du coup, la mission serait à l’eau. » ironise-t-il.

Le directeur du Centre français de recherches sur le renseignement, Éric Dénécé, abonde dans le même sens : « Le vrai problème, c’est que cela accroit encore le nombre de personnes à surveiller alors que les services sont déjà submergés par le nombre actuel de cibles. »

Des questions sans réponse

Face aux raisons douteuses invoquées par M. Harper pour justifier la lenteur du processus d’acceptation des réfugiés syriens, plusieurs questions demeurent sans réponse.

Qui sera responsable de vérifier les antécédents des requérants : le ministère fédéral de l’Immigration ou les services de renseignements canadiens ?

Si on veut augmenter la cadence des personnes acceptées au pays bien au-delà de six par jour, il faudra embaucher de nouveaux fonctionnaires arabophones : où sont publiées les offres d’emploi ? En a-t-on fait l’annonce publique afin d’accélérer le processus de sélection ?

Lors d’une guerre, rien n’est plus facile que de prendre l’identité d’une personne décédée et de recommencer sa vie sous un nom d’emprunt.

Auprès de qui va-t-on vérifier les dires des demandeurs d’asile ?

Va-t-on vérifier la validité des passeports syriens auprès des fonctionnaires du gouvernement de Bachar el-Assad (que le Canada veut abattre) ? Qui nous assure de sa collaboration ?

Espère-t-on vérifier la validité des diplômes académiques en tentant de rejoindre les directeurs d’école, les doyens de faculté ou les professeurs du requérant, et ce dans un pays à l’intérieur duquel 8 à 12 millions de personnes sont déplacées, sans compter les millions qui vivent présentement dans des camps de réfugiés ?

Quand le chaos s’empare d’un pays, y rejoindre quelqu’un est souvent plus difficile qu’on pense.

Si on doit demander des références auprès d’ex-employeurs, qui nous dit que ces personnes ne sont pas complices d’un malfaiteur, voire d’un terroriste ?

Conclusion

Face à cette crise, le choix est donc entre deux manières de procéder.

Soit la manière pragmatique, adoptée dans le passé à chaque fois que notre pays a voulu soulager une crise migratoire, c’est-à-dire l’entrevue sommaire qui écarte arbitrairement le moindre témoignage suspect mais qui permet d’accepter un grand nombre de réfugiés apparemment sincères.

Ou soit la manière conservatrice, c’est-à-dire une longue enquête quasi policière, semée d’embûches, couteuse pour le contribuable, et inefficace quant aux résultats, dessinée à écarter un risque sécuritaire déjà très faible au départ.

Bref, les justifications de M. Harper ressemblent beaucoup à des excuses cousues de fils blancs.

Références :
Crise des réfugiés : Harper invoque l’importance de « protéger notre sécurité »
ÉI et Al-Qaïda n’ont pas besoin d’infiltrer les groupes de migrants, clament les experts
Le Canada rattrapé par ses missions militaires

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Écrit par Jean-Pierre Martel