Erdoğan, le premier ministre turc, est une nuisance

Publié le 26 novembre 2015 | Temps de lecture : 4 minutes

Mardi le 24 novembre 2015, un avion russe a été abattu par l’aviation turque. Cet avion avait survolé l’espace aérien turc pendant 17 secondes. C’est la première fois en près de cinquante ans qu’un pays membre de l’OTAN abat un avion russe.

Selon le quotidien britannique The Guardian, Recep Tayyip Erdoğan, le premier ministre turc, aurait lui-même donné l’ordre d’abattre cet avion.

Éjecté, un des deux pilotes a été tué dans sa descente par des rebelles en Syrie, ce qui prouve que l’avion russe a bien été abattu au-dessus du territoire syrien et non au-dessus du territoire turc.

En somme, la Turquie a prétexté un bref survol de son territoire pour poursuivre l’avion russe au-delà de ses frontières alors que ce pays voisin, la Syrie, n’a jamais demandé à la Turquie de défendre son espace aérien.

Carte de la Syrie
 
Le gouvernement légitime de la Syrie, c’est celui de Bachar el-Assad. Ce dernier a été réélu en 2014, à la suite d’un scrutin tout aussi critiquable que celui qui a dernièrement reporté au pouvoir Erdoğan en Turquie.

Devant l’Assemblée générale de l’ONU, le représentant de la Syrie est l’ambassadeur nommé par Bachar el-Assad.

Bref, en vertu du droit international, Bachar el-Assad est le chef de l’État syrien.

Depuis le début de la guerre en Syrie, l’aviation turque a survolé plusieurs fois le territoire syrien pour y effectuer des bombardements.

Est-ce que la Turquie en a reçu l’autorisation du gouvernement de Bachar el-Assad ? Non, puisque la Turquie est ennemi de ce régime.

La prochaine fois que des avions turcs violeront l’espace aérien syrien, la Russie aura donc le droit de les abattre à la demande du gouvernement légitime de la Syrie.

Poutine est très rancunier, c’est vrai, mais il n’est pas stupide.

Il sait que si des chasseurs-bombardiers russes partent abattre des avions turcs entés illégalement dans l’espace aérien syrien, les Russes pourraient tomber dans un guet-apens tendu par la coalition, dirigée par des pays de l’OTAN (hostile à la Russie).

Évidemment, un tel guet-apens placerait l’Humanité au bord d’une troisième guerre mondiale. Ni lui, ni l’Occident ne désirent courir un tel risque.

À partir de la base militaire russe établie sur la côte méditerranéenne de la Syrie, Poutine a donc décidé de déployer ses missiles antiaériens les plus sophistiqués. Dans les faits, ce sont des missiles de croisière spécialisés. Jamais ils ne ratent leur cible. Leur portée est de 400 km soit les deux-tiers de la Syrie.

Donc plutôt que de risquer d’envoyer des chasseurs-bombardiers, il se prépare à utiliser ces missiles contre les avions turcs qui violeront l’espace aérien syrien. Ce qui élimine tout risque de guet-apens… et de guerre mondiale.

Les membres de la coalition ne sont pas dupes. Ils voient bien que la Turquie, allié de l’État islamique, essaie de diviser l’Occident alors que nous sommes menacés par la barbarie.

Ils conseilleront donc à la Turquie de se tenir tranquille. Devenu clairement une nuisance, la Turquie est mise échec et mat par la Russie, au grand soulagement de tout le monde.

Références :
Avion abattu par la Turquie : riposte économique de Moscou
Avion russe abattu – Moscou dénonce une «provocation planifiée»
Les pilotes militaires turcs : un sens de l’honneur du niveau de celui de Daesh ?
Un avion russe est abattu par Ankara, provoquant une escalade des tensions
Washington «inquiet» du déploiement de missiles anti-aériens russes
Why did it take Turkey just 17 seconds to shoot down Russian jet?

Paru depuis :
Conflit en Syrie – La responsabilité de la Turquie (2015-12-07)

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4 commentaires à Erdoğan, le premier ministre turc, est une nuisance

  1. Pierre Pinsonnault dit :

    Sapristi, intéressante mais compliquée cette situation. Je n’aurais jamais pensé à cela tout seul. Merci bien M. Martel. Je vais lire plus avant pour comprendre pourquoi la Turquie favorise l’État islamique. Je ne l’aurais pas cru même si j’avoue ne pas connaître grand chose, sinon rien, à propos de cette région du globe. À ma décharge il me semble, à tort ou à raison, que bien d’autres, beaucoup plus connaissants, ont été surpris sinon choqués par l’attitude de la Turquie. Je verrai bien.

  2. sandy39 dit :

    Par une position stratégique de la Turquie, va t-on vers une désunion des pays de l’OTAN ?

    • Non, pour les pays membres, appartenir à l’OTAN comporte beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients.

      Mais les pays membres ne déclencheront pas une guerre mondiale parce que l’un d’entre eux, allié de l’État islamique (ÉI), sème les provocations.

      Tout au plus, les pays de l’OTAN se sont rangés officiellement derrière la version turque de l’incident (sans y croire vraiment).

      Le vieux réflexe de solidarité des membres de l’OTAN contre la Russie pousse malheureusement celle-ci à faire cavalier seul dans son combat contre l’ÉI.

      Triomphant, Erdoğan a donc réussi à diviser l’Occident, menacé par la barbarie de l’ÉI.

      Puisque la France semble s’être rangée derrière la stratégie militaire inefficace de la coalition anti-ÉI, le seul espoir qui nous reste de voir un pays réellement s’attaquer à l’ÉI, c’est la Russie.

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