L’assassinat de Charlie Kirk et l’incendie du Reichstag

Publié le 12 septembre 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

Pourquoi les faits divers survenus aux États-Unis (dont l’assassinat récent de Charlie Kirk) occupent-ils autant d’importance dans nos médias au point de faire les manchettes pendant plusieurs jours consécutifs ?

Qu’on les mentionne chez nous — comme c’est le cas pour d’autres faits divers survenus ailleurs — cela compréhensible puisque c’est le rôle de nos médias de nous informer de ce qui se passe à travers le monde.

Mais pourquoi nos médias déploient-ils autant de ressources journalistiques pour rendre compte des moindres détails de l’enquête policière à ce sujet ? Les curieux peuvent toujours consulter les médias américains; ils en parlent à longueur de journée.

L’asservissement volontaire de nos médias à l’actualité américaine entraine l’américanisation de nos mentalités. Si nous ne voulons pas devenir le 51e État des USA, il faudra que nos médias cessent de se comporter comme de simples relais des préoccupations de nos voisins du Sud.

Chaque année, aux États-Unis, des milliers de personnes sont assassinées en raison de la prolifération des armes dans ce pays. À la différence que Charlie Kirk a été tué pour ses opinions politiques.

Dans ce sens, il serait tentant de comparer son meurtre à celui de Martin-Luther King. Mais associer les deux serait une erreur.

La disparition tragique du premier martyr du mouvement MAGA (Kirk) est utilisée par l’administration Trump de la même manière que l’incendie du Reichstag l’a été par le gouvernement allemand en 1933.

Rappelons qu’à la suite de cet incendie, l’adoption d’un décret présidentiel constitua une des étapes décisives de la mise en place de la dictature nazie.

La guerre culturelle qui a cours aux États-Unis a débuté bien avant l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Mais elle atteint son apogée depuis son retour au pouvoir.

Actuellement, toute la Droite américaine — qui, en réalité, est une Extrême droite — accuse unanimement la ‘Gauche radicale’ d’être la véritable responsable de cet assassinat.

Il est à craindre que ce fait divers puisse servir de prétexte pour museler toute opposition au mouvement MAGA sur les médias sociaux. Et ce, avec d’autant plus d’empressement qu’ils appartiennent aux oligarques qui sont les piliers du régime Trump.

Ne pas anticiper cette attaque frontale contre les libertés civiques américaines est typique de nos médias; ceux-ci ne voient jamais plus loin que le bout de leur nez. Mais réfugiés dans l’univers vertueux qui est le leur, on peut anticiper qu’ils ne manqueront pas de s’en surprendre et de s’en scandaliser.

Références :
Charlie Kirk’s shocking killing sets the stage for a dangerous federal crackdown
Incendie du Reichstag
Le meurtrier présumé de Charlie Kirk a été arrêté, confirme le FBI

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’entente tarifaire entre la Malaisie et les États-Unis

Publié le 5 août 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

La Malaisie est un pays du Sud-est asiatique peuplé de trente-cinq-millions d’habitants. Son PIB — de 1,2 mille-milliards de dollars (le triple de celui du Québec) — le place au trentième rang mondial.

Le gouvernement malaisien a conclu hier une entente tarifaire avec l’administration Trump. Sa comparaison avec l’entente intervenue plus tôt avec la Commission européenne permet de comprendre ce à quoi la guerre tarifaire américaine voulait aboutir.

En vertu de son entente à elle, la Malaisie accepte que ses exportations vers les États-Unis soient taxées à hauteur de 19 %, (comparativement à 15 % pour les exportations européennes).

Ce taux (19 %) est exactement celui qui sera imposé à toutes les grandes économies de la région, soit l’Indonésie, la Thaïlande et les Philippines. Par contre, le tarif imposé au Vietnam est légèrement supérieur (20 %).

Non seulement la Malaisie renonce-t-elle à répliquer par des contre-tarifs, mais elle réduira ou abolira ses tarifs existants à l’encontre de 98,4 % des biens américains. Ce à quoi l’UE semble également avoir consenti.

De plus, la Malaisie réduira ses barrières non tarifaires (notamment celles reliées à l’attribution des contrats publics), et cessera d’exiger que les médias sociaux contribuent financièrement à un fonds d’État.

Toutefois, les semiconducteurs et les médicaments génériques malaisiens, déjà exemptés des taxes douanières américaines, continueraient de l’être.

D’autre part, le gouvernement malaisien s’engage à ce que la pétrolière qu’il possède (Petronas) achète annuellement pour 3,4 milliards$ de gaz fossile liquéfié des États-Unis.

En 2016, la Malaisie s’est engagée à réduire ses gaz à effet de serre en signant l’Accord de Paris sur le climat. L’entente tarifaire intervenue hier vise à faire en sorte que les pétrolières américaines soient protégées du virage écologique de la Malaisie (et de l’UE) en leur assurant d’un niveau plancher de ventes internationales.

En somme, si la Malaisie et l’UE réduisent leur consommation de gaz fossile, cette baisse devra se faire aux dépens de pays producteurs comme le Qatar ou la Russie, mais pas aux dépens des États-Unis.

Et si les autres pays producteurs décident de baisser leurs prix en raison de leur surproduction, les gazières américaines ne seront pas obligées de réduire les leurs, assurées du marché captif créé par Trump en Europe et en Asie.

D’autre part, la Malaisie s’engage à ce que ses producteurs de semiconducteurs, son industrie aérienne et ses centres de données achètent pour 150 milliards$ d’équipements américains au cours des cinq prochaines années.

Cela comprend l’achat déjà conclu de soixante avions de Boeing à Malaysia Airlines, au cout de 19 milliards$.

Références :
Liste des signataires de l’accord de Paris sur le climat
Malaysia
Malaysia agrees to boost tech, LNG purchases from U.S. as part of trade deal
Malaysia’s US tariff deal comes with US$240 billion price tag

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La capitulation de la Commission européenne face à Trump

Publié le 30 juillet 2025 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Dirigée par Ursula von der Leyen, la Commission européenne est le ‘Conseil des ministres’ de l’Union européenne (UE).

Sous la menace de sanctions économiques, la Commission a finalement consenti dimanche dernier à un accord douanier avec les États-Unis.

Cet accord, qui doit ultérieurement être ratifié par les 27 pays membres de l’UE, prévoit trois choses :
• l’UE consent à ce que Washington impose une taxe de 15 % à tous produits européens qui entrent aux États-Unis,
• au nom des pays membres, l’UE s’engage à acheter pour 750 milliards$ de combustibles fossiles américains au cours des trois prochaines années, et
• l’UE promet d’investir 600 milliards$ de plus dans l’économie américaine.

La taxe de 15 %

Précédemment, l’administration Trump avait imposé un tarif douanier de 4,8 % à l’Europe, auquel s’était ajoutée une surtaxe de 10 %.

En tant que pays souverain, les États-Unis sont libres d’imposer des taxes à l’importation à tous les pays avec lesquels ils ne sont pas liés par des traités de libre-échange.

De son côté, en tant qu’entité étatique, l’UE est également libre de répliquer par ses propres taxes à l’importation.

La nouveauté de cette entente, c’est que l’UE accepte la pénalité imposée à ses entreprises exportatrices et renonce à répliquer par des contre-tarifs.

L’achat d’hydrocarbures américains

La Commission européenne souligne que l’achat de gaz fossile liquéfié (et, secondairement, de pétrole) en provenance des États-Unis lui permettra de remplacer ses importations de gaz russe.

Puisque la demande mondiale de gaz fossile s’accroit, la Russie écoulera donc facilement son gaz sur les marchés internationaux.

Ce que Mme von der Leyen oublie de dire, c’est que le gaz fossile russe était le moins cher au monde. L’UE peut bien acheter pour 750 milliards$ de gaz liquéfié américain, mais elle obtiendra considérablement moins de combustible pour cette somme. Si cela est insuffisant, l’UE devra se procurer le reste ailleurs.

Dans tous les cas, augmenter le cout d’acquisition de son énergie nuit à la compétitivité de l’industrie lourde européenne. Et en augmentant sa dépendance à l’égard des États-Unis, l’Europe accroit sa vassalisation à l’égard de Washington.

De plus, les contrats avec la Russie étaient libellés en euros alors que les achats aux États-Unis le sont en dollars américains. Dans l’éventualité d’une crise économique majeure, l’UE aurait conservé son pouvoir de payer son approvisionnement russe puisque l’UE a la main sur la planche à billets.

D’autre part, l’UE a toujours soutenu que le gaz fossile était un combustible de transition vers les énergies renouvelables. C’est ainsi que depuis 2019, le Pacte vert européen prévoyait de mobiliser mille-milliards d’euros d’investissements publics et privés pour développer les énergies propres.

Le Pacte vert prévoyait donc une réduction de la consommation de combustibles fossiles par l’Europe.

L’entente intervenue entre l’administration Trump et la Commission européenne assurent les pétrolières américaines de la stabilité de la demande européenne d’hydrocarbures.

En conséquence, les commissaires européens devront s’assurer de l’échec temporaire de la transition écologique de l’Europe.

Les investissements garantis aux États-Unis

Une des grandes priorités de l’administration Trump est de rapatrier aux États-Unis une partie de la capacité industrielle délocalisée à l’Étranger au cours des quatre dernières décennies.

C’est ainsi que l’imposition de taxes à l’importation vise à motiver les entreprises étrangères à venir produire aux États-Unis ce qui est destiné au marché américain.

La Commission européenne fait valoir que garantir 600 milliards$ d’investissements aux États-Unis est anodin puisque cela correspond aux intentions actuelles de ses grands groupes industriels.

Toutefois, en garantissant de tels investissements, l’UE s’engage à subventionner son propre déclin économique si jamais l’administration Trump supprime ses tarifs de 15 % en raison de leurs conséquences inflationnistes.

Conclusion

En décembre 2022, j’avais qualifié la présidente de la Commission européenne de ‘tigresse de papier’. Dimanche dernier, sa capitulation devant Donald Trump en est une parfaite démonstration.

Dès la ratification de ce traité, Bruxelles acceptera la perte de sa souveraineté puisque ses engagements économiques (achats d’hydrocarbures, investissements garantis) sont libellés en dollars américains. Ce qui place l’Union européenne sous l’autorité des tribunaux des États-Unis en cas d’infraction à l’entente selon Washington. Comme une simple république bananière.

Plutôt que de taxer les géants de l’internet — qui sont les piliers du régime Trump — la Commission européenne a choisi la politique du moindre mal.

Ç’a aurait pu être pire’ disent les commissaires européens pour se justifier.

En effet, il y a toujours des défaites plus cuisantes…

Références :
EU and US announce trade deal: What you need to know
Guerre commerciale : ce que l’on sait de l’accord avec l’Union européenne
La consommation mondiale de gaz naturel atteint un record en 2024
Un plan de financement européen ambitieux pour une transition énergétique juste

Paru depuis : Investor confidence in EU drops after Trump’s Brussels trade deal (2025-08-04)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La taxe numérique et les degrés de l’assujettissement

Publié le 4 juillet 2025 | Temps de lecture : 9 minutes


 
Introduction

Pour convaincre les Canadiens de reporter au pouvoir le Parti libéral du Canada, les stratèges de ce parti ont choisi de commercialiser Mark Carney — un technocrate respecté de la finance mondialisée — comme le rempart du Canada contre Donald Trump.

Mais voilà qu’à peine élu, ‘Capitaine Canada’ a préféré jeter les gants plutôt que de livrer son premier combat contre le président américain.

La taxe sur les services numériques

Il y a quelques jours, les géants du Web devaient effectuer le premier versement d’une taxe d’équité fiscale intitulée ‘Taxe sur les services numériques’.

Celle-ci visait toutes les entreprises qui font affaire au Canada et dont les revenus mondiaux dépassent 750 millions d’euros par année, de même que les entreprises canadiennes offrant des services numériques dont les revenus dépassent 20 millions de dollars canadiens par année.

Au lieu d’interdire l’évitement fiscal qui permet aux grandes entreprises de ne pas payer leur juste part d’impôt en délocalisant leurs profits à l’Étranger, Ottawa avait choisi de s’attaquer spécifiquement aux géants de l’informatique. C’était un premier pas, nous disait-on.

Cette taxe devait rapporter 7,2 milliards de dollars sur cinq ans au fisc canadien. Ottawa l’a abandonné parce qu’elle suscitait la colère de Donald Trump.

Pourquoi ?

Les fondements de l’économie américaine

Selon la CIA World Factbook le secteur agricole compte pour 0,9 % du PIB américain, l’industrie manufacturière pour 17,6 % et les services pour 76,4 %.

Seulement 4 à 8 % des travailleurs américains œuvrent dans le secteur manufacturier. C’est le résultat d’un demi-siècle de mondialisation. Une mondialisation qui a consisté à délocaliser vers l’Asie des millions d’emplois occidentaux qui pouvaient être occupés ailleurs par une main-d’œuvre à moindre cout.

Face aux tarifs douaniers de Trump, les mesures de représailles d’Ottawa (limitées au secteur manufacturier américain) sont de la poudre aux yeux; ce n’est pas cela qui fait mal à l’économie américaine.

Ce qui ferait réellement mal, c’est de cibler le secteur tertiaire. Notamment la location de logiciels sur une base annuelle, l’hébergement infonuagique, la publicité sur les médias sociaux, le commerce électronique, la collecte et la vente des données personnelles, de même que les services de musique et de vidéos sur demande.

Les oligarques du Web sont les piliers de l’administration Trump. Les cibler équivaut à s’attaquer au cœur du régime.

Voilà pourquoi la taxe numérique du Canada irritait au plus haut point le président américain. D’autant plus que sa réussite aurait pu faire tache d’huile et inciter d’autres pays à imiter le Canada.

Pourquoi capituler ?

Pour obtenir l’abandon de la taxe sur les services numériques, Donald Trump n’a eu qu’à froncer les sourcils, c’est-à-dire de menacer de suspendre les négociations qui ont pour but d’aboutir à une version ‘améliorée’ de l’accord de libre-échange actuellement en vigueur (l’ACÉUM).

Au moment de sa signature, cet accord a été présenté comme le plus extraordinaire traité intervenu à ce jour. Mais en aout 2020, moins de deux mois après son entrée en vigueur, Donald Trump imposait une taxe à l’importation de 10 % sur l’aluminium canadien.

À l’égard des pays avec lesquels les États-Unis n’ont pas conclu de traité de libre-échange, Washington est libre d’imposer toutes les taxes à l’importation qu’il voudra.

Mais un traité de libre-échange a précisément pour but d’abolir les frais de douane sur les produits couverts par l’entente. Voilà pourquoi cela s’appelle un traité de libre-échange.

En imposant des taxes à l’importation comme il le fait présentement, Trump ne fait pas que violer un document qui a force de loi des deux côtés de la frontière; il viole le Droit international. En effet, tout traité entre deux ou plusieurs pays fait automatiquement partie du Droit international.

D’où la question : qu’est-ce qui justifie cet empressement canadien à négocier une nouvelle entente avec un chef d’État qui ne respecte jamais sa parole ? Par expérience, on peut anticiper que Donald Trump critiquera l’entente avant même que l’encre de sa signature ne soit sèche.

Évidemment, on peut toujours se dire que Donald Trump n’est pas éternel et que ses successeurs, au moins, respecteront cette nouvelle version de l’accord. Mais qu’est-ce qu’on en sait ? A-t-on oublié qu’un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ?

Pelleter l’espoir vers l’avant

Officiellement, Ottawa explique sa déconfiture par son désir de faire progresser les négociations commerciales avec les États-Unis.

En supposant que cette taxe nuirait à la poursuite de ces négociations, Ottawa aurait pu suspendre cette taxe au lieu de l’abolir. Ce faisant, cette suspension aurait constitué une épée de Damoclès au-dessus des négociateurs américains.

Ou le Canada aurait pu annoncer son intention de faire passer cette taxe à 4 %, à 5 %, à 10 % ou à plus. Quitte à retourner à 3 % pour donner à Donald Trump l’illusion d’une victoire.

Le fait que le Canada soit le vassal de son redoutable voisin est une réalité géopolitique indiscutable.

Mais il y a des degrés à la vassalisation.

Jusqu’ici, les dirigeants canadiens ne ménageaient pas leurs efforts pour que cette servitude ne soit pas trop évidente aux yeux de la population du pays.

Depuis l’élection de Mark Carney, notre pays ne cherche même plus à faire illusion. Ottawa veut convaincre le président américain que la plus grande ambition du gouvernement canadien est d’avoir l’honneur de ramper devant lui.

Donald Trump respecte les hommes forts qui sont capables de lui tenir tête poliment; Benyamin Netanyahou, Recep Tayyip Erdoğan, Mohammed ben Salmane, Vladimir Poutine et Xi Jinping.

En cédant aux désidératas de Trump sans chercher à obtenir la moindre contrepartie, Ottawa se présente au loup trumpien comme l’agneau qui aspire à son sacrifice. La suite est prévisible.

La nouvelle politique industrielle du Canada

La relation que Trump désire établir entre le Canada et les États-Unis est de nature néocoloniale.

Pour l’administration Trump, le Canada doit se limiter à être un fournisseur de matières premières et un acheteur de produits finis américains. En somme, il s’agit de transformer le Canada en pays du tiers-monde. Tout au plus peut-il produire des biens qui n’entrent pas en concurrence avec des produits américains.

Tant que le Canada vend aux États-Unis des hydrocarbures, de l’électricité, des minéraux stratégiques et du bois d’œuvre, pas de problème.

Lors de son premier mandat, Trump avait imposé à Bombardier une taxe qui triplait le prix de vente de ses avions sur le marché américain afin de lui en interdire l’accès.

Le message pour le Canada était clair; « Moi, Donald Trump, interdis au Canada de faire concurrence aux piliers de mon économie.»

Lorsque le temps fut venu de sauver Bombardier de la faillite, Ottawa prêta au constructeur des millions de dollars pour soutenir la production d’avions d’affaires en Ontario (en concurrence avec le constructeur brésilien Embraer), mais presque rien pour la construction d’avions de ligne au Québec (en concurrence avec le constructeur américain Boeing).

Avec ses tarifs douaniers actuels, la deuxième administration Trump veut obliger le Canada à réorienter son économie en abandonnant la construction automobile et en se concentrant sur la production de matières premières et de ressources énergétiques.

Encore une fois, le message a été bien entendu; aussitôt Ottawa a adopté à toute vitesse la loi C-5 au sujet des grands projets d’infrastructures.

Cette loi vise à accélérer la construction de routes, d’infrastructures portuaires, de brise-glaces, de pipelines et de gazoducs.

Cette loi ne vise pas à favoriser la recherche et le développement au pays. Elle ne cherche pas à faire du Canada un leadeur technologique, mais plutôt un simple fournisseur de matières premières afin de satisfaire la gourmandise de la puissance industrielle au sud de nos frontières.

En somme, elle sert à construire l’État pétrolier canadien, au risque de déclencher le mal hollandais.

Celui-ci est un phénomène économique qui relie l’exploitation de ressources naturelles au déclin de l’industrie manufacturière locale. Ce phénomène est suscité par l’accroissement des recettes d’exportations des matières premières, qui, à son tour, provoque l’appréciation de la devise, ce qui finit par nuire à la compétitivité des exportations non gazières du pays.

Rester plus longtemps dans le Canada consiste donc à financer notre propre déclin industriel.

L’argument fédéraliste selon lequel, face à Trump, on est plus fort à dix qu’individuellement n’est plus valable quand le pays est dirigé par une élite politique mondialiste dont l’ambition n’est plus que d’être les intendants régionaux de l’impérialisme américain.

Références :
Accord Canada–États-Unis–Mexique
« Carney a décidé de plier »
Grands projets d’infrastructure : C-5 devient loi
La guerre russo-ukrainienne et la vassalisation de l’Europe
Maladie hollandaise
Que signifie la fin de la taxe sur les services numériques?
United States – The World Factbook

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Trump et la naissance du nationalisme ‘postnational’

Publié le 22 avril 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Au cours d’une entrevue au New York Times, Justin Trudeau déclarait en 2015 :

Il n’y a pas d’identité fondamentale, pas de courant dominant au Canada. Il y a des valeurs partagées : l’ouverture, le respect, la compassion, la volonté de travailler fort, d’être là les uns pour les autres, de rechercher l’égalité et la justice. Ce sont ces qualités qui font de nous le premier État postnational.

En somme, il n’existe pas de peuple canadien ni de nation canadienne, mais seulement un ensemble de personnes atomisées qui habitent un même territoire et qui partagent des valeurs universelles, c’est-à-dire des valeurs qui n’ont rien de strictement ‘canadiennes’.

Complètement détachées du territoire et de son histoire, ces personnes se regroupent sur les médias sociaux et forment des communautés virtuelles selon leurs affinités ou leurs centres d’intérêt.

La paix universelle

C’est en 1992 que le politicologue américain Francis Fukuyama publiait ‘La Fin de l’histoire et le Dernier Homme’. Dans cet essai, l’auteur prédisait que la fin de la guerre froide mènerait à la suprématie absolue et définitive de l’idéal de la démocratie libérale à travers le monde.

Au fur et à mesure que les pays créent et se soumettent à l’autorité d’institutions supranationales, celles-ci arbitrent les conflits et préviennent les guerres mieux que pourraient le faire les États eux-mêmes. D’où la redondance de ces derniers.

Deux décennies plus tard, quand Justin Trudeau proclame que le Canada est le premier pays postnational, il est parfaitement dans l’air du temps.

Le réveil des ‘ démons identitaires’


 
Dix autres années plus tard, comme les temps ont changé.

La guerre commerciale déclenchée par Donald Trump est illégale parce que contraire à l’esprit et à la lettre de l’ACÉUM. Pour s’en protéger, les travailleurs et les chefs d’entreprises canadiens ne peuvent pas compter sur les tribunaux de l’Organisation mondiale du commerce parce que leur fonctionnement est bloqué par Washington.

Ils ne peuvent compter que sur Ottawa et sur le gouvernement de leur province.

Les États-Unis ont envahi le Canada en 1775 et en 1812. Si l’imprévisible président actuel des États-Unis devait mettre en œuvre ses menaces d’annexion territoriale, il ne faudra pas compter sur l’Onu car seules les résolutions du Conseil de sécurité sont contraignantes. Or les États-Unis y ont droit de véto.

C’est sans doute pour cela que les Canadiens ont réalisé qu’ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes.

Et voilà donc que les ‘démons identitaires’, si longtemps combattus par les libéraux fédéraux et leurs valets québécois, refont surface.

Au cours de la campagne électorale qui s’achève, les chefs des formations politiques fédérales ont pris l’habitude d’annoncer les bonbons qu’ils nous promettent devant un grand drapeau du Canada. Si bien qu’on ne sait plus si on doit retenir l’immensité du drapeau ou la petitesse de ceux devant…

S’il a fallu quelques semaines pour que la notion d’État postnational vole en éclats, c’est qu’elle ne reposait sur pas grand-chose.

Quant à la redécouverte du nationalisme, elle sert bien les intérêts canadiens pour l’instant. Mais il faudra peu de chose pour qu’il se transpose au niveau québécois quand viendra le temps de décider si nous voulons prendre notre avenir en main ou demeurer à la merci d’un gouvernement central majoritairement composé à Ottawa de fonctionnaires unilingues anglais.

Références :
Définition d’un État postnational selon Deepseek
How Trump’s Canada threats dampened Quebec separatist movement – for now
La Fin de l’histoire et le Dernier Homme
Trudeau’s Canada, Again

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Pourquoi renégocier l’ACÉUM ?

Publié le 4 avril 2025 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Après treize mois d’intenses négociations, l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACÉUM) est entré en vigueur le premier juillet 2020 pour une durée de six ans.

Tout comme l’accord qui l’a précédé (l’ALÉNA), l’ACÉUM devait protéger les produits et services canadiens contre les taxes douanières américaines.

C’est ça, un accord de libre-échange.

Malheureusement, dès que cela ne leur convient plus, les États-Unis n’hésitent jamais à renier leur parole.

En voici quelques exemples.

La Crise des missiles à Cuba

En 1962, les États-Unis jugèrent intolérable que la Russie installe des missiles hostiles dans leur cour arrière, soit à Cuba. Washington instaura alors un blocus maritime contre l’ile et menaça de faire sombrer tout navire russe qui s’approcherait des côtes cubaines.

Cette crise fut résolue par un accord en vertu duquel la Russie retirait ses missiles antiaméricains de Cuba en contrepartie de quoi les États-Unis retiraient leurs missiles antirusses de la Turquie.

Bien des années plus tard, après que la poussière de cette crise fut retombée, les États-Unis redéployèrent leurs missiles en Turquie, faisant de ce pays le plus important dépositaire de leurs ogives nucléaires hors du territoire américain.

Par la suite, ces missiles furent rapprochés de Moscou en les redéployant en Roumanie, une décennie après l’adhésion de ce pays à l’Otan.

Et le but de l’adhésion éventuelle de l’Ukraine à l’Otan était de les rapprocher encore davantage. D’où la guerre russo-ukrainienne.

La réunification de l’Allemagne

En 1990, les États-Unis s’étaient engagés verbalement à ne pas élargir l’Otan vers l’est en contrepartie du consentement russe à la réunification de l’Allemagne.

Techniquement, cette promesse n’a pas été faite par l’Otan (qui n’était pas signataire de l’accord), mais par les États-Unis. Ce qui revient au même puisque ceux-ci ont droit de véto sur l’élargissement de l’Alliance.

Longtemps, les États-Unis ont nié avoir pris un tel engagement. Mais dans leurs mémoires publiés depuis, les diplomates présents lors de ces négociations ont confirmé la véracité de cette promesse américaine.

La Convention contre la torture

Lorsque les dirigeants d’un pays signent un traité, celui-ci doit être ratifié (ou confirmé) par le parlement de ce pays.

Les États-Unis ont signé la Convention de l’Onu contre la torture en 1988 et l’ont ratifiée en 1994.

Toutefois, à la suite des attentats du 11 septembre 2001, l’administration de G.W. Bush a signé en 2002 trois mémorandums qui autorisaient la torture à la base militaire de Guantánamo.

L’accord sur le nucléaire iranien

En 2015, les États-Unis signaient l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien à la suite d’une longue négociation lors de laquelle toutes les parties avaient consenti à des compromis.

Mais trois ans plus tard, Donald Trump annonce la décision des États-Unis de sortir de cet accord, c’est-à-dire de rétablir les sanctions contre l’Iran tout en exigeant que l’Iran respecte le compromis qu’il avait accepté en échange de la levée de ces sanctions.

L’Accord de Paris sur le climat

En 2016, les États-Unis ont signé cet accord.

Quatre ans plus tard, sous la première administration Trump, ils s’en sont retirés. Sous l’administration de Joe Biden (qui lui a succédé), ils l’ont réintégré en 2021 avant de s’en retirer de nouveau en 2025, à l’arrivée au pouvoir de l’administration Trump-II.

Dans ce cas-ci, les États-Unis n’ont pas renié leur parole puisque l’accord prévoyait qu’un pays puisse s’en retirer.

Mais ce chachacha démontre qu’on ne peut jamais se fier aux États-Unis.

Conclusion

En février dernier, dans le texte Déchiffrer Donald Trump, nous écrivions :

Donald Trump est obsédé par le déficit de la balance commerciale américaine.

À ses yeux, les États-Unis se comparent à une compagnie dont les dépenses sont supérieures à ses revenus. Or il sait qu’en pareil cas, l’entreprise se dirige vers la faillite.

Il s’attaque donc à tous les pays — amis ou non — dont la balance commerciale est excédentaire à l’égard des États-Unis.

Dans certains milieux, on n’a pas encore compris que l’époque de la mondialisation heureuse du commerce international est révolue… du moins pour l’instant.

L’aveuglement des politiciens canadiens est tel qu’ils s’imaginent qu’une nouvelle entente commerciale mettra fin aux barrières tarifaires alors que l’ACÉUM (encore en vigueur) avait précisément pour but de les empêcher.

En d’autres mots, une entente de libre-échange avec les États-Unis, ça ne donne rien tant que Donald Trump est au pouvoir.

En effet, si Trump n’hésite pas à violer l’ACÉUM qu’il a lui-même signé, pourquoi respecterait-il une autre entente du même genre ?

Dring ! Dring !

Références :
Accord Canada‒États-Unis‒Mexique (ACEUM)
Accord de Paris sur le climat
Accord de Vienne sur le nucléaire iranien
Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants
Crise des missiles de Cuba
« L’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’est »
Renouvellement de l’ACEUM : Ottawa peaufine sa stratégie
Torture aux États-Unis

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La première joute diplomatique de Trump à l’Onu

Publié le 26 février 2025 | Temps de lecture : 6 minutes


 
En première période

Il y a quatre jours, l’Ukraine et les États-Unis soumettaient à l’Assemblée générale de l’Onu deux résolutions concurrentes.

Première débattue fut la résolution ukrainienne.

Depuis le début de ce conflit, l’Ukraine fait adopter annuellement une résolution qui condamne l’invasion de la Russie dans ce pays.

Longue de 22 paragraphes, cette résolution reprend l’ensemble des reproches occidentaux contre la Russie à ce sujet.

En vain, les États-Unis ont fait pression sur l’Ukraine pour qu’elle retire sa résolution. Aux yeux de Donald Trump, celle-ci reflète l’esprit de confrontation qui caractérisait l’administration de son prédécesseur et de laquelle il désire s’éloigner en vue d’une désescalade du conflit.
 

 
Au final, la résolution ukrainienne a été adoptée par 93 voix pour (dont le Canada et tous les membres de l’Union européenne), 18 voix contre (dont les États-Unis et la Russie) et 65 abstentions (dont la Chine et l’Inde).

En deuxième période

Puis vint le tour de la résolution américaine. Proposée par les États-Unis et appuyée par la Géorgie, cette résolution se lit comme suit :

Le Conseil de sécurité…
– déplorant les tragiques pertes en vies humaines qu’a causées le conflit entre la Fédération de Russie et l’Ukraine,
– réaffirmant que l’Organisation des Nations Unies a pour but premier, comme l’énonce la Charte des Nations Unies, de maintenir la paix et la sécurité internationales et de régler les différends par des moyens pacifiques,

…demande instamment qu’il soit mis fin au conflit dans les plus brefs délais et plaide pour une paix durable entre l’Ukraine et la Fédération de Russie.

Normalement, au sein d’un organisme comme l’Onu, se prononcer en faveur de la paix devrait faire consensus.

Intitulée ‘Une Voie vers la paix’, la nouvelle résolution américaine marque un changement d’époque; Donald Trump veut pacifier l’Europe afin de passer à autre chose.

La toute première étape qui mène à la paix est l’abandon du langage guerrier; ce n’est plus le temps des reproches, des rancœurs et des accusations.

Mais le Canada et les pays européens voient les choses autrement. Pour eux, cesser de battre le tambour de la guerre est un recul. Aussi se sont-ils employés à amender la résolution américaine au point d’en trahir l’esprit.

Les États-Unis, qui s’étaient opposés aux amendements européens, ont fini par s’abstenir de voter en faveur de leur propre texte.

Amendée, celle-ci a finalement été adoptée avec 93 voix pour, 8 voix contre et 73 abstentions. Ce qui constitue un autre revers diplomatique pour l’administration Trump.

En troisième période

Puis, le débat s’est déplacé en après-midi au Conseil de sécurité de l’Onu. Les États-Unis y présentaient le même texte que celui qu’ils avaient introduit plus tôt dans la journée à l’Assemblée générale.

Précisons que les résolutions de l’Assemblée générale sont dites ‘non contraignantes’. En clair, ce sont des vœux pieux. Seules les résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu font partie du Droit international.

Ce qui veut dire que les deux buts comptés lundi dernier dans le filet de Washington ne comptent pas. Ce sont comme des buts comptés lors d’une séance d’entrainement.

Échaudés par leur expérience plus tôt à l’Assemblée générale, les États-Unis avaient savoir qu’ils opposeraient leur droit de véto à tout amendement à leur résolution.

Faisant fi de la menace américaine, les pays européens membres du Conseil (le Danemark, la France, la Grande-Bretagne, la Grèce et la Slovénie) ont proposé les mêmes amendements qui, cette fois-ci, se sont heurtés au véto… russe.

Au Conseil de sécurité, la résolution américaine fut adoptée par 10 voix pour et 5 abstentions (tous alliés européens des États-Unis).

C’est la première fois que le Conseil de sécurité se prononce au sujet de la guerre en Ukraine depuis son déclenchement.

Conclusion

Pour la première résolution américaine de l’ère Trump à l’Onu, la nouvelle administration américaine avait choisi de soumettre une courte résolution qui invitait essentiellement l’Assemblée générale de l’Onu à se prononcer en faveur de la paix en Ukraine.

L’humiliation subie par Washington à l’Assemblée générale est l’œuvre d’alliés militaires menacés par Washington d’une guerre économique.

Ces pays semblent avoir oublié que Donald Trump est jaloux du prix Nobel que Barak Obama a reçu en 2009. Il ambitionne d’en recevoir un pour le récompenser d’avoir mis fin à la guerre en Ukraine et d’avoir pacifié l’Europe.

En cas de réussite, même si la Fondation Nobel devait décider de ne pas le nobéliser, l’Histoire, elle, s’en souviendra.

Donald Trump pardonne facilement à ces ennemis lorsque ceux-ci font amende honorable en lui baisant les mains.

Mais il est probable qu’il se rappellera longtemps de l’humiliation que le Canada et ses alliés européens lui ont fait subir futilement à l’Assemblée générale de l’Onu.

De la part de pays dont le Plan A consiste à tout miser en vue d’une victoire toujours plus lointaine de l’Ukraine et qui n’ont pas prévu de Plan B, on peut se demander à quoi servent ces enfantillages dans les antichambres de l’Onu…

Références :
At UN, Georgia Breaks with EU, Ukraine, Backs Toned Down U.S. Resolution on War
L’ONU rejette la résolution américaine qui demande la fin de la guerre en Ukraine sans mentionner l’agression russe
Résumé de géopolitique mondiale (1re partie)
Résumé de géopolitique mondiale (2e partie et fin)
Ukraine : après trois ans de guerre totale, l’ONU théâtre de divergences dans l’alliance transatlantique
Ukraine : Washington propose à l’ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit
Ukraine: trois ans exactement après l’invasion par la Russie, le Conseil de sécurité adopte une première résolution demandant la fin du conflit dans les plus brefs délais

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Déchiffrer Donald Trump

Publié le 21 février 2025 | Temps de lecture : 10 minutes

Introduction

Le 3 février dernier, la couverture du Journal de Montréal a fait le tour du monde.

Imaginer que l’homme le plus puissant du monde soit stupide, voilà ce qui peut faire du bien à ceux qui sont frustrés par ses décisions, mais cela n’aide personne à comprendre la logique qui l’anime, si logique il y a.

La géographie condamne les Québécois à partager leur sort avec Donald Trump. Et le meilleur moyen de rendre cette promiscuité supportable est d’anticiper ses attentes pour mieux s’y préparer.

Le quotient intellectuel de Trump

Personne ne connait le QI du président américain.

Un indice nous en est donné par le fait qu’il a réussi son admission à l’école Wharton de l’Université de Pennsylvanie. C’est une des écoles de commerce les plus prestigieuses au monde. Et conséquemment, une des maisons d’enseignement les plus sélectives des États-Unis.

Précisons qu’il en est sorti avec un baccalauréat en économie et en anthropologie.

Le vocabulaire du citoyen Trump

Dans un article paru la semaine dernière dans La Presse, Marie-France Bazzo écrit que 62 % des mots utilisés par Trump sont monosyllabiques.

Cette information est capitale; la clé de la compréhension de Trump est qu’il lit peu. Ce qui fait qu’il n’a pas de vocabulaire. Or on ne peut pas développer une pensée complexe à partir d’un vocabulaire limité.

En contrepartie, c’est un excellent communicateur. À preuve : il a réussi à convaincre la majorité des Américains de voter pour lui. Ce qui l’aide, c’est justement qu’il utilise des mots simples et familiers que tout le monde comprend.

Les obsessions présidentielles

Si l’absence de vocabulaire est essentielle à la compréhension de la personne qu’est Donald Trump, les politiques apparemment irrationnelles de son administration deviennent beaucoup plus cohérentes si on émet l’hypothèse que le président des États-Unis est obsédé par quatre préoccupations majeures : la dette du gouvernement américain, son déficit courant, le déficit de la balance commerciale du pays et la menace chinoise à l’hégémonie américaine.

La dette du gouvernement américain

Le déficit accumulé du gouvernement des États-Unis s’élève à plus de 33,4 mille-milliards de dollars, soit environ 121 % de son PIB.

Cet endettement nuit à la justification de la réduction des recettes fiscales (au profit des riches) à laquelle Trump entend procéder.

Jusqu’en 1971, le dollar américain était adossé à l’or. Cela signifie que chaque fois que la Banque fédérale américaine imprimait un billet de banque, elle s’assurait de détenir son équivalent en or.

À l’époque, le PIB américain était de 1,16 mille-milliards de dollars (en dollars courants). En 2023, il était de 27,72 mille-milliards$, soit 24 fois plus.

Pour soutenir les échanges commerciaux, il est normal que la masse monétaire augmente au fur et à mesure que s’accroit le PIB.

Malheureusement, depuis que le dollar américain n’est plus adossé à l’or, les États-Unis se sont servis de la planche à billets pour éponger leurs déficits; au lieu de multiplier la masse monétaire de 24 fois, ils l’ont augmentée de 30 fois, soit six fois plus que nécessaire.

La partie qui sommeille dans les réserves de devises des banques centrales à travers le monde s’élève à elle seule à 6,8 mille-milliards de dollars, soit 24,8 % du PIB américain.

Ce qui fait que les États-Unis sont le pays le plus endetté au monde (en montant absolu) et un des plus endettés en pourcentage de son PIB (après l’Ukraine, le Japon, le Soudan, Singapour et la Grèce).

Non seulement les réserves d’or du Trésor américain sont inférieures à la masse monétaire en circulation, elles sont même inférieures à la dette officielle des États-Unis.

Ce qui signifie que si tous les créanciers du gouvernement américain se présentaient demain pour être payés en or, les États-Unis seraient alors en défaut de paiement.

Voilà pourquoi la dédollarisation de l’économie mondiale est une menace existentielle à l’hégémonie américaine.

Le déficit budgétaire du gouvernement américain

En 2024, le déficit budgétaire du gouvernement américain fut le troisième plus élevé de son histoire, à 6,4 % du PIB.

Le moyen le plus logique de réduire la dette d’un gouvernement, c’est de dégager des surplus budgétaires. Ce qui est impossible sans une réingénierie de l’État américain.

C’est ce à quoi s’applique présentement Elon Musk.

L’abolition de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) est la première étape de cette réingénierie.

Faire appel à l’empathie de Donald Trump — si cette vertu existe chez lui — pour lui faire réaliser que cela condamne à la famine des millions de miséreux à travers le monde n’y changera rien.

Pareillement, on pourrait invoquer le fait que l’USAID est une partie importante du Soft Power des États-Unis et que l’abolition de l’Agence laisse le champ libre à la Russie et à la Chine pour courtiser les pays du Sud Global. Trump le sait déjà.

Mais cette décision est un choix politique; le gouvernement américain n’a plus les moyens de consacrer autant d’argent à combattre la misère dans le monde.

On peut anticiper qu’une autre étape de cette réingénierie sera la fermeture de nombreuses bases militaires américaines et le rappel de la majorité des cent-mille soldats américains stationnés dans une Europe pacifiée grâce à lui.

Cela entraine une réduction de la puissance militaire des États-Unis.

Encore là, les protestations des analystes et des experts n’y changeront rien. Dès son premier mandat, Donald Trump a fait pivoter la politique étrangère des États-Unis vers le Pacifique. Or ce basculement implique qu’on abandonne des bases militaires devenues superflues.

De la même manière, on peut s’attendre à ce que plusieurs mesures sociales dont bénéficie le peuple américain passent à la déchiqueteuse.

Dans un autre ordre d’idée, Donald Trump semble s’entendre très bien avec d’autres dirigeants autoritaires. L’explication facile est que le président américain est un être narcissique qui voit en eux des alter ego.

Mais on peut aussi avancer l’hypothèse que les États-Unis ne peuvent plus assurer seuls le respect de l’ordre mondial et qu’ils jugent nécessaire de partager implicitement cette responsabilité avec les puissances qui en sont capables.

La volonté de réduire de manière draconienne le déficit du gouvernement américain par le moyen de décrets présidentiels soulève une question fondamentale; le président des États-Unis en a-t-il le pouvoir constitutionnel ? C’est une question à laquelle les tribunaux américains auront à répondre.

Toutefois, par le moyen de la ‘procédurite’, les avocats ont transformé l’appareil judiciaire des États-Unis en machine à sous au profit de leur caste sociale. Et ce, en contrepartie d’une lenteur extrême. Conséquemment, un jugement définitif à ce sujet pourrait prendre des mois, voire des années. À l’issue de quoi les tribunaux risquent d’être placés devant le fait accompli.

D’où la vitesse avec laquelle Elon Musk réduit la taille de l’État américain.

Le déficit commercial des États-Unis

Donald Trump est obsédé par le déficit de la balance commerciale américaine.

À ses yeux, les États-Unis se comparent à une compagnie dont les dépenses sont supérieures à ses revenus. Or il sait qu’en pareil cas, l’entreprise se dirige vers la faillite.

Il s’attaque donc à tous les pays — amis ou non — dont la balance commerciale est excédentaire à l’égard des États-Unis.

Il le fait par le biais de tarifs douaniers.

Depuis des années, Donald Trump fait campagne contre les taxes et les impôts (qu’il promet de réduire ou d’abolir). Voilà pourquoi son administration préfère aujourd’hui parler de ‘tarifs’ (douaniers) et non de ‘taxe à l’importation’.

Toujours dans le but de réduire le déficit commercial des États-Unis, Donald Trump entend imposer aux pays vassaux des États-Unis le paiement d’un tribut sous forme d’achats obligatoires d’armements américains.

La menace chinoise à l’hégémonie américaine

L’économie américaine est la plus importante au monde, suivie par celle de la Chine. En 2023, leurs PIB ont été respectivement de 27,7 mille-milliards de dollars et de 17,8 mille-milliards$, loin devant l’Allemagne, en troisième place, avec un PIB de 4,5 mille-milliards$.

L’écart entre les deux se rétrécit d’année en année puisque le taux de croissance de l’économique chinoise est supérieur à celui des États-Unis (environ 5,0 % vs 2,8 % en 2024).

Bref, à moins d’un bouleversement inattendu, la Chine redeviendra la première puissance économique du monde, une place qu’elle a perdue dans la deuxième moitié du XIXe siècle.

Pour les États-Unis, cette perspective est inacceptable.

La guerre commerciale voulue par Trump contre la Chine est d’un autre niveau que celle qu’il compte déclencher contre les pays ‘amis’.

Même si le marché américain était complètement fermé aux produits chinois, si la Chine devenait la première puissance économique mondiale grâce à son commerce avec le reste du monde, ce serait pareil aux yeux de Trump.

Il y a cinq ans, le géopoliticologue Guillaume Pitron prédisait :

«…on bascule dans un monde où c’est la Chine qui va être capable de fabriquer les technologies vertes. Et c’est ce qu’elle fait; elle fabrique la majorité des panneaux solaires. Elle fabrique la majorité des batteries des voitures électriques aujourd’hui.

Elle fabriquera demain la majorité des voitures électriques.»

Or un des moyens de retarder l’émergence de la Chine au titre de première puissance mondiale, c’est justement de retarder le basculement vers les énergies vertes en prolongeant l’âge d’or des hydrocarbures… peu importe les conséquences climatiques.

Conclusion

Le but du présent texte n’est pas de faire aimer Trump, mais de déchiffrer ses grandes orientations politiques.

Son agressivité à l’égard de l’élite intellectuelle de son pays vient du complexe d’infériorité qu’il ressent face à ceux qui tiennent un discours articulé contre lequel il est incapable de rivaliser.

Si on juge Donald Trump à ses actes plutôt qu’à ses déclarations, notre hypothèse est que quatre préoccupations — la dette du gouvernement américain et son déficit courant, de même que le déficit commercial du pays et la menace chinoise à l’hégémonie américaine — seront les grands thèmes de son administration.

Références :
Chine : la croissance économique tombe à 5% en 2024, l’un des plus faibles taux en trois décennies
Currency Composition of official Foreign Exchange Reserves
Dette publique des États-Unis
Leçon de grammaire
Le déficit budgétaire des États-Unis atteint 6,4% du PIB
Les conséquences géostratégiques du basculement vers les énergies vertes
L’inculture de Donald Trump
L’or et la Banque centrale du Canada
PIB ($ US courants)
Quels sont les pays les plus endettés en 2024 ?
Qu’est-ce que l’USAID, l’agence visée par Trump et Musk ?
Wharton School

Paru depuis : Moody’s prive la dette des États-Unis de son triple A (2025-05-16)

Complément de lecture : Johann Chapoutot, historien : « Ce sont les libéraux autoritaires qui ont porté les nazis au pouvoir »

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Un tournant majeur dans la guerre en Ukraine

Publié le 19 février 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

Le 12 février dernier, lors d’un appel téléphonique, Donald Trump et Vladimir Poutine se sont entendus pour entamer incessamment des pourparlers en vue de mettre fin à la guerre en Ukraine.

Depuis, les dirigeants européens ont appris qu’à la table des négociations, l’Occident parlera d’une seule voix. Et cette voix sera celle de Donald Trump.

En clair : les ténors de l’administration Trump excluent toute participation de l’Europe aux pourparlers.

Le grand problème de l’Union européenne (UE), c’est qu’elle s’est peinturée dans le coin. Elle n’a pas anticipé le bouleversement de la politique étrangère qu’occasionnait l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.

Plus précisément, la diplomatie de l’UE a été confiée le 27 novembre dernier à Kaja Kallas. À l’époque où celle-ci était première ministre d’Estonie, elle s’était fait remarquer par sa rhétorique particulièrement belliqueuse à l’égard de la Russie.

Depuis qu’ils ont adhéré à l’Otan, les chihuahuas baltes sont protégés par le bouledogue américain. Enhardis par cette protection, ils n’ont cessé de japper contre la Russie et de réclamer des sanctions de plus en plus sévères contre elle alors qu’eux n’y ont contribué que de manière marginale.

Le basculement de la politique étrangère des États-Unis vers l’Asie, décidé par Donald Trump dès son premier mandat, nécessite que son pays pacifie le continent européen afin de passer à autre chose.

En s’entêtant à poursuivre cette guerre coute que coute, l’Europe s’est disqualifiée comme partenaire des États-Unis en vue de régler le conflit.

En catastrophe, Emmanuel Macron a décidé de réunir de manière informelle à l’Élysée les principaux chefs d’État européens en vue de discuter de la situation en Ukraine.

Malheureusement pour lui, le concert des impuissants n’enterrera jamais la voix des deux grandes puissances qui menaient cette guerre jusqu’ici et qui ont décidé de faire cesser ce carnage.

Au final, Ursula von der Leyen aura peut-être droit à un joli strapontin derrière les vrais négociateurs et Volodymyr Zelinsky signera là où les États-Unis lui diront de signer.

Références :
Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron annonce des nouvelles réunions organisées en France ce mercredi
Guerre en Ukraine : Trump et Poutine lancent les négociations de paix, mais sans les alliés
Kaja Kallas
Lâchés par Trump, les Européens cherchent la parade face à Poutine
L’intégrale du discours de Vance à Munich en anglais et en français !

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à la guerre russo-ukrainienne, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La tentation groenlandaise de Trump

Publié le 1 février 2025 | Temps de lecture : 7 minutes
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Introduction

Contrairement à ce qu’on pense généralement, Charles Chaplin n’était pas juif.

À l’époque du tournage du Great Dictator (ci-dessus), ses amis l’avaient supplié : « Ne fais pas un film qui se moque d’Hitler: c’est sur nous, les Juifs, qu’il se vengera

La réaction européenne

Depuis que Donald Trump a fait savoir qu’il veut annexer une partie du royaume de Danemark, on aurait pu s’attendre à ce que l’Europe se dresse contre le président américain.

Après tout, l’Union européenne (UE) s’est mobilisée quand la Russie a envahi l’Ukraine (qui n’est pas membre de l’Union). Comment justifierait-elle son indifférence face à une invasion du royaume de Danemark qui, lui, est membre de l’UE ?

Après une conversation téléphonique orageuse (et demeurée secrète) avec Trump, la présidente danoise a entrepris une brève tournée des capitales européennes.

De manière générale, les dirigeants européens se partagent en deux camps.

Il y a ceux qui en appellent au respect des frontières sans oser préciser ce qu’ils feraient si Trump passait à l’acte.

Et il y a ceux qui refusent de croire que Trump est sérieux. Ceux-ci préfèrent donc faire le mort en attendant que les envies de Trump lui passent.

Techniquement, les dirigeants de l’Union européenne (UE) pourraient invoquer que si le Danemark ‘continental’ est membre de l’Union — et, conséquemment, a le droit d’être protégé par elle — ce n’est pas le cas du Groenland qui s’est retiré de l’UE en février 1982.

À l’Otan, la présidente danoise s’est fait dire que l’Alliance atlantique s’en lave les mains.

En juillet 1974, la Turquiye (membre de l’Otan) s’est emparée de 38 % de l’ile méditerranéenne de Chypre qui, jusque-là, appartenait en totalité à la Grèce (également membre). L’Otan ne s’en est pas mêlée.

Ici la victime ne pouvait pas menacer de quitter l’Otan puisqu’en pareil cas, l’agresseur aurait toute l’Otan de son côté. Donc la Grèce a rongé son frein.

Le Danemark ferait de même s’il était attaqué par les États-Unis.

Une occasion unique

Du premier mandat de Donald Trump, au-delà des déclarations incendiaires, il reste peu de chose. Exception faite de la mise au point des vaccins à ARN messager, de la remise en question des droits des femmes et des minorités, et du pivotement de la politique étrangère américaine vers le Pacifique.

Même si son second mandat devait être une suite de conflits commerciaux stériles, Donald Trump passera à l’histoire s’il annexe (ou achète) le Danemark.

La superficie de son pays passerait alors de 9 631 419 km² à 11 797 505 km², soit une augmentation de 22,5 %.

Or Donald Trump est dans une situation idéale pour ce faire.

En temps normal, les pays européens n’ont déjà pas la puissance militaire pour s’opposer à une invasion américaine au Groenland.

À l’occasion de la guerre en Ukraine, ils ont épuisé une bonne partie de leurs réserves d’armement en approvisionnant généreusement Kyiv.

Pour les remplacer, les armes sophistiquées qu’ils achètent proviennent à 80 % des États-Unis : c’est de l’armement que le Pentagone peut inactiver à distance lorsque des pays clients décident de s’en servir contre ses soldats.

Bref, les pays de l’UE sont faits comme des rats.

Arrivant à peine à s’approvisionner cet hiver en hydrocarbures, ils ne peuvent se permettre d’indisposer un fournisseur comme les États-Unis. Un fournisseur qui a l’audace de les menacer de sanctions s’ils ne consentent pas à accroitre leur vassalisation.

L’eldorado groenlandais

Toutes les puissances hégémoniques salivent à l’idée d’annexer n’importe quel territoire qu’ils croient plein de richesses.

Contrairement à ce qu’on dit partout, le potentiel minier du Groenland est largement inconnu. Mais avec ses 2 166 086 km², le territoire de l’ile doit nécessairement receler plusieurs filons intéressants.

Sur une année, la moyenne des températures est de +5°C en Alaska et de -21°C au Groenland. Annexé par Trump, le Groenland deviendrait le meilleur endroit aux États-Unis pour installer des fermes de minage de cryptomonnaie, des centres de données et des serveurs dédiés à l’intelligence artificielle.

Parce que la puissance de calcul des ordinateurs augmente lorsque la température baisse.

La population du Groenland est composée à 98 % d’Inuits. Ceux-ci sont très majoritairement hostiles à l’annexion de leur pays aux États-Unis.

Mais les États-Unis n’ont pas eu besoin de la permission des Canadiens pour nous envahir en 1812 (et d’échouer à nous conquérir).

Ils n’ont pas eu besoin non plus de la permission des Cubains pour envahir l’ile en 1898; il a suffi de la mystérieuse explosion d’un navire américain dans le port de La Havane pour qu’ils invoquent leur droit à la légitime défense.

Or, qui sait la perfidie dont les Groenlandais seraient capables pour provoquer la colère de Trump…

Contrer une menace surfaite


 
Parmi les arguments invoqués par Donald Trump pour annexer le Groenland, il y a la nécessité de protéger le monde libre contre la présence croissante de la Russie et de la Chine dans l’Arctique.

Ce que les agences de presse pro-occidentales négligent de dire, c’est que cette présence accrue est limitée à l’Arctique russe, habituellement le long de la rive arctique de la Fédération de Russie.

Une proportion appréciable du territoire de celle-ci se trouve au-delà du cercle polaire. Le développement économique de cette région nécessite des injections de capitaux. Ce qui, en soi, n’a rien de répréhensible.

Quant à elle, la Chine cherche à améliorer les installations portuaires russes qui sont susceptibles d’accueillir sa marine marchande le long de la Route polaire de la soie.

Cette route maritime est importante pour la Chine puisque c’est la seule qui ne soit pas contrôlée par les États-Unis.

Aux yeux de Washington, il est intolérable que la Chine puisse tenter d’échapper à sa domination. D’où l’idée de menacer la Route polaire de la soie en construisant de nouvelles bases militaires au nord du Groenland.

Une menace à la paix

Indépendamment du fait que l’annexion américaine légitimerait l’expansionniste d’autres puissances, cela menacerait la paix mondiale.

Une des grandes leçons de l’Histoire, c’est qu’il faut éviter que des pays ennemis soient voisins. Comme il est imprudent, au réveillon du temps des Fêtes, de placer côte à côte deux beaux-frères qui se détestent.

Dans le cas des pays ennemis, il est toujours préférable qu’ils soient séparés par des pays-tampons lorsque cela est possible.

C’est une leçon que Washington a ignorée en manipulant le peuple ukrainien de manière à lui faire croire qu’il était dans son intérêt de devenir un ennemi militaire de son redoutable voisin. Avec les conséquences qu’on sait.

C’est une erreur que les États-Unis veulent répéter au Groenland. En agrandissant leur territoire au plus près de la Russie, ils augmentent le risque d’une guerre mondiale.

Références :
Acquisitions territoriales des États-Unis
«Grave et potentiellement très dangereux» : entretien «houleux» entre le Danemark et Donald Trump, qui veut racheter le Groenland
Guerre canado-américaine de 1812-1815
Invasion turque de Chypre
La nouvelle Théorie des dominos
La géopolitique de l’Arctique
Le climat à Alaska, États-Unis
Le climat à Groenland
Occupation américaine de Cuba

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Écrit par Jean-Pierre Martel